L'alcool face à la rouille ! [pv Rusty] - abandon

✦ Chat domestique

Whisky & Rusty

L'alcool face à la rouille !

Parce qu'on pouvait ouvrir les fenêtres ? Whisky n'avait pas encore trouver le mécanisme pour y parvenir et il avait hâte d'avoir une démonstration du talent de Rusty en la matière. Connaître un chat aussi doué et qui avait tant d'expériences méritait qu'il s'y intéresse. Certes, le domestique avait tendance à apprécier les gens très vite, mais, eh, quel est le problème ? Ce n'était qu'un matou amical après tout !

Savoir que Rusty le voulait bien comme ami lui réchauffer le coeur, fait frémir ses moustaches et le pousse à ronronner de bonheur. Le solitaire-pas-si-solitaire faisait preuve de délicatesse avec lui, l'encourageant à parler quand une boule de poils se coinçait dans sa gorge et l'hésitant pas à approcher son visage de lui, Whisky était donc heureux de pouvoir le considérer comme un ami. Lui qui n'en avait quasiment pas dans son ancienne vie, se retrouvait à côtoyer des individus qui le poussaient à vouloir lier d'amitié.

Son nouvel ami se détourne pour observer la grille, lui parle de ses désirs, de ses petits nostalgies. La ville semble lui manquer, la tristesse maquille de nouveau son museau, inquiétant le domestique. La suite le laisse interdit. N'a-t-il pas parler de Soleil ? Mais il connaissait cette chatte ! Il se rappelle qu'elle-même lui avait parler de Rusty, mais il n'avait pas percuter que celui qu'il a en face de lui était le même. Pourtant, il vit ici. Il aurait dû le comprendre bien plus vite...

Il ne parle pas, laissant un silence de tristesse, de souvenirs, les englober. Il observe le vieux matou grimper sur son ami, Ollie et il ne peut pas s'empêcher de le voir comme un peu aigrie par la vie. Il lui a dit avoir eu beaucoup de bonheur, mais il n'en montre que les douleurs de son passé. Est-ce parce que Whisky lui rappelle trop sa vie d'avant ?

Quand Rusty lui glisse qu'au moindre problème, que s'il se trouvait dans de beaux draps, il pourrait venir ici, dans le verger. Whisky ne peut empêcher le ronron de remerciement de gonfler sa poitrine, de rire à la petite blague du vieux chat. Oui, il est vrai que la fenêtre risquait d'être un peu petite pour lui, mais, par un accès de vanité peut-être, il décide qu'il pourrait tenter de passer par là, la prochaine fois. Il s'approche des deux vieux frères avant de s'immobiliser à la question du félin. Il penche la tête, surprit, un peu dubitatif, avant de comprendre que peu de chats étaient aussi grands que lui. Lui qui se disait que ce n'était que les rares chats qu'il avait croisé qui étaient petit !

- Je crois que c'est à cause de ma race. J'ai un grand-père serval, un grand félin. Je ne l'ai que peu connu. miaule-t-il simplement, haussant limite les épaules, peu enclin à fanfaronner de sa taille.

Il s'approche de nouveau avant de pousser la patte sur Ollie. Il avait des roues, bien plus petites que les monstres et encore plus que celles de la petite chatte domestique Molly. Mais l'idée était la même, elle permettait de rouler facilement. Ici, dans l'herbe et la terre, cela risquait d'être difficile... Pourtant... Il s'amuse à essayer de le faire avancer, ses oreilles bougeant face à sa curiosité. Il lève la truffe, frôle ses moustaches à celle de Rusty, les yeux brillants, une idée venant de creuser sa petite cervelle.

- Viens avec moi, Rusty ! Allons promener Ollie sur les sols de mon quartier ! Et même du tien ! On lui fera faire la plus grande balade au monde ! Et tu pourras me montrer ton ancienne vie ! Je aiderais à porter Ollie, je suis fort et grand, il tiendra sur mon dos sans problème !

Il s'enhardit peut-être un peu vite, voir un peu trop, mais Whisky pense que le vieux Rusty mérite qu'on s'occupe de ses envies, qu'on écoute ses besoins. Le domestique est là pour le tirer de sa journée un peu trop commune et le pousser à franchir les limites qu'il s'est lui-même imposé, il se le promet, tout du moins. Pour le remercier d'être son ami, de lui avoir présenter Ollie, de lui avoir laisser sécher ses larmes. Sans gêne. Comme s'ils se connaissaient depuis toujours.

D'ailleurs, dès qu'il prend cette décision, il pousse gentiment le vieux chat du museau pour qu'il s'éloigne de son squatte, puis il cherche à faire grimper celui-ci sur son dos. C'est plus difficile à faire qu'à dire, il est plutôt récalcitrant le bonhomme, mais il parvient, après un peu de persévérance et de contorsion, à le tenir en équilibre sur lui. Il ronronne de bonheur, malgré que l'engin qui de tomber à chaque pas. Qu'importe, il est prêt à l'aventure !

- Allons-y, Rusty ! Allons à l'aventure !

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Whisky !:

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▼ Solitaire

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Un serre-...val? Malheureusement pour Whisky, Rusty n'était pas de ces chats au savoir sauvage inné. Et malheureusement pour Rusty, aucune autre explication ne viendrait, car Whisky n'avait pas connu son grand-père serval. Rusty eut la pensée farfelue qu'un "serre-val" se disait de la même façon qu'on parlait d'une "clé-à-molette" et d'un "tournevis" (en se demandant bien ce que ce "val" pouvait "serrer"?) avant de se rappeler qu'ils étaient en train de parler de son grand-père, à Whisky, et que donc, forcément, il devait s'agir d'un chat!

Et c'est précisément lorsqu'il s'égara dans ces pensées que Whisky posa sa patte sur le dos d'Ollie, y appuyant son poids. Rusty rondit les yeux lorsqu'un tressaut des roues le fit basculer vers l'avant, s'évitant la chute en fléchissant les coudes.

— « Ah-- Mais Whisky, qu'est-ce que tu?--

Rusty se tourna à demi pour constater que derrière lui, le chat-serre-val poussait encore. Bien que le skateboard était sage dans l'herbe la force exercée sur sa queue fit s'avancer le skate encore un peu, les roues écrasant les herbes hautes devant. Et puis Whisky lui dit:

— « Viens avec moi, Rusty ! Allons promener Ollie sur les sols de mon quartier ! Et même du tien !

Bien qu'il était assit sur le skate il devait se trouver que le poids d'un vieil abyssin ne faisait, eh bien, pas le poids contre la force du savannah - Rusty était peut-être fort, et avait peut-être un gabarrit tout à fait modeste pour un solitaire endurci, Whisky avait non seulement les gènes mais la jeunesse et Rusty aurait pu jurer qu'il était peut-être aussi doué que lui au jeu du bâton-pointeur.

— « On lui fera faire la plus grande balade au monde ! Rien n'arrêterait Whisky. Et tu pourras me montrer ton ancienne vie !

Dévalèrent dans les yeux de ses pensées les images du quartier - le skatepart, le trottoir, la maison vide, la pluie, la fenêtre -- le canapé sur lequel il se couchait pour regarder les intempéries et Monsieur Sugaar qu'il avait invité à dormir sous le balcon du jardin pour l'en protéger--

— Je t'aiderais à porter Ollie, je suis fort et grand, il tiendra sur mon dos sans problème !
— Là? Maintenant??

C'est par automatisme (et un automatisme qui lui fit cliqueter de la langue, réveillant le souvenir latent du clicker ) que Rusty se leva d'Ollie pour en descendre, les yeux ronds devant Whisky qui s'était penché, les dents dans le nez d'Ollie, l'échine sortie par l'effort pour le soulever tout en se contorsionnant et--

— « Allons-y, Rusty ! Allons à l'aventure ! »

De gros et broussailleux sourcils blancs s'étaient froncés sur un visage assombri par un color-point.

L'herbe longue, moite et douce du verger lui piquait les pattes.

Sans doute parce-que son poil s'était soulevé.

— « N... Non! »

L'abyssin eut un mouvement de recul, maladroit, son coeur battant jusqu'à en faire pulser ses coussinets. Il ne sentait plus le vent dans ses oreilles; elles s'étaient entièrement plaquées sur sa tête. Sa gorge était sèche, l'air lui semblait chaud, déferlant autour de lui comme les volutes du feu des Landes et la fièvre conséquente. Il secoua sa tête, ferma ses yeux, pas seulement ceux de son corps mais ceux de ses pensées pour bloquer à tous les souvenirs de revenir.

— « Je ne veux pas y retourner! »

Entendre sa propre voix se casser sur un refus aussi catégorique l'accabla de honte. Le vieux Rusty se sentit reculer dans l'herbe qui lui piquait, se sentit battre sa longue queue à ses jarrets. Y retourner signifiait--

— « Je... là tout de suite, c'est... Il avait une vie ici. Il avait la cabane, et les outils, et il avait Ollie, et il avait Trash et il avait Oeil Vert et son Amie-mosa et toute la Tribu du Soleil et il ne pouvait pas--

Ou plutôt, ça ne se faisait pas--

--Eh bien voilà.

Ça ne se faisait pas.

Le vieux Rusty mit une patte ferme dans l'herbe pour écraser les grands brins dessous (Bouquet de Muguet, Dents de Sabre, Monsieur Brasier, se rappeler de tous les chats qu'il aimait lui rappelait aussi de toutes ses nouvelles responsabilités: tiens, s'il s'était levé, c'était bien pour aller chasser...).

— « J-je te prierais de faire redescendre Ollie, Whisky. Euh, s'il te plaît... »

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✦ Chat domestique

Whisky & Rusty

L'alcool face à la rouille !

L'énergie de l'insouciance déborde du corps de Whisky, le pousse à ignorer sans méchanceté le pauvre Rusty tout déboussolé, du moins au début, ne remarquant pas sa détresse, son choc. Il est heureux de pouvoir lui montrer la ville, de découvrir un peu plus sur ce vieux chat et il ne peut s'empêcher de se demander s'il était comme lui, à être ami avec un chien, à porter le harnais. Peut-être qu'il a côté une Coca ? Une chatte qui feulerait à chaque fois qu'il passe, à le griffer s'il venait à insister ? Il a hâte de pouvoir savoir tout ça !

Le non de Rusty le stoppe net. Un simple mot donné avec la puissance du désespoir. Un cri qui sortait de la poitrail du vieux matou et qui fait s'arrêter nez le domestique. Celui-ci cligne des yeux, tourne la tête vers le solitaire, inquiet, une pointe de peur galopant dans sa gorge, son instinct lui demandant si le félin en face de lui n'allait-il pas lui sauter à la gorge pour son impertinence. Il le voit reculer, le poil hérissé, les oreilles plaquées sur la tête. Il ne comprend pas ce revirement, mais il préfère se soucier du pauvre être en peine que de se poser trop de questions. Quoique... A-t-il été trop vite ? Trop arrogeant peut-être ? A-t-il mal compris la demande du vieux matou ? Ne lui a-t-il pas dit penser y retourner ?

Apparemment non, Rusty le lui confirme. Il ne veut pas y retourner. Whisky tombe des nues. Il ne comprend toujours pas, mais si le vieux matou ne donne pas son accord... Il ne peut tout de même pas embarquer Ollie sans son propriétaire ! Il voulait tellement voir le chat sur son squat ! Le regarder dévaler la route, imiter les monstres et tutoyer les deux-pattes.

Il se retourne doucement, fait face au chat qu'il ne connait pas, qu'il aimerait apprendre à connaître. Il frémit à sa demande, à ce "s'il te plait" qui se voulait ferme, mais qui ne laissait pas de place au doute ; le matou avait peur. Il pose les yeux sur ses pattes, mal à l'aise, avant de jouer de ses muscles pour faire descendre Ollie de son dos. Il le fait délicatement pour ne pas choquer l'ami de Rusty, pour ne pas mettre en colère celui-ci, et perdre à jamais l'occasion de le voir rouler. Il hésite ensuite sur la marche à suivre, fait du sur-place avec ses coussinets, testant la terre et l'herbe.

- Désolé... Je... Je croyais bien faire...

Honteux, il s'assit au sol, la queue se collant à ses pattes arrières. Il sent Ollie contre son flanc et sa présence le rassure, étrangement. Cela lui donne la force de rechercher les réponses. Parce que Rusty lui en doit, après tout ! Il lui jette donc un regard au coin, un peu gêné, mais déterminé :

- Mais tu m'as dis que ça t'arrivait de vouloir y retourner. Je pensais... que tu aimerais y aller avec quelqu'un, plutôt que tout seul... Revenir dans des souvenirs douloureux sans être accompagné, c'est dur. Je voulais... être là pour t'épauler et te redonner un peu le sourire.

Il grimace, se rappelant qu'ils ne se connaissaient que depuis peu, même pas une demie journée ! Et il se permettait d'être aussi... Envahissant ! Whisky frémit, se demandant si c'est pour cela que Coca ne voulait pas de lui dans la maison, parce qu'il se croyait tout permis. Il faudrait qu'il y réfléchisse, un jour. Mais pour l'heure, il préfère se rapprocher un peu de Rusty, abandonnant Ollie derrière, et il vient lui donner quelque coups de langues sur le front, cherchant à le rassurer, encore. A lui prouver qu'il ne va pas le forcer à faire quelque chose qu'il ne veut pas...

- Si tu préfères, on peut juste aller jusqu'à chez moi... Tu pourrais rencontrer Cookie. Il serait ravi de te voir, j'en suis persuadé !

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Whisky !:

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Et lentement, lentement, Whisky obtempéra à sa demande. Les yeux ronds et les larges oreilles pointées vers lui Whisky accepta de se plier, histoire de laisser deux roues à Ollie toucher la terre ferme, puis il fléchit ses jarrets et abaissa toute sa croupe en l'y déposant au complet. Ollie claqua dans la chute mais Ollie était robuste, et Rusty parvint à relâcher l'air qui s'était coincé dans sa gorge sèche, soulagé.

Devant lui, Whisky se mit à piétiner.

— « Désolé... Je... Je croyais bien faire... »

Et Rusty s'entendit à nouveau répéter ces mêmes-mots dans les oreilles de ses pensées. Trop entreprenant, trop insistant, trop emballé. Il n'osa regarder Whisky, baissant plutôt les yeux, et il vit la grande ombre du savannah qui le couvrait redescendre un peu avec le mouvement de s'asseoir.

Rusty devrait le rassurer, lui dire que ce n'était pas grave, ça ne faisait rien, que c'était juste un petit coup d'émotion, qu'il n'y avait rien à s'inquiéter et qu'il allait bien aller mais Rusty avait la langue complètement nouée.

— « Mais tu m'as dis que ça t'arrivait de vouloir y retourner.
— « O-oui, enfin, parfois!... d'admettre Rusty, car bien sûr qu'il avait envie d'y retourner, mais-
— « Je pensais... que tu aimerais y aller avec quelqu'un, plutôt que tout seul...

Il comprenait, bien sûr qu'il comprenait, sauf que-
— « Revenir dans des souvenirs douloureux sans être accompagné, c'est dur. Je voulais... être là pour t'épauler et te redonner un peu le sourire. »

Le vieux Rusty poussa un lourd soupir. Whisky... Whisky était si gentil. Il proposait de l'aider et voilà que Rusty réagissait exactement comme tout ces chats qu'il avait lui-même voulu aider. Il ne pouvait pas en vouloir à Whisky, Whisky était jeune.

Et il ne pouvait plus s'en vouloir de l'avoir lui-même été.

Ce qui le sortit de ces sombres nuages fut le contact direct d'une langue sur son front - l'abyssin sursauta et son poil se souleva à nouveau mais il se calma vite, ronronnant malgré lui, apaisé par la proximité de ce qui se trouvait à être, eh bien, un nouvel ami.

— « Si tu préfères, on peut juste aller jusqu'à chez moi... Tu pourrais rencontrer Cookie. Il serait ravi de te voir, j'en suis persuadé ! »

Ces mots redonnèrent un sourire au vieil abyssin, mais ils n'effacèrent en rien la tristesse, et la peur, et la honte subséquente de craindre autant.

— « Je ne sais pas... Je ne suis pas prêt... J'ai... Sa lourde tête s'appuya contre le poitrail du plus jeune, ne ressentant aucune cicatrisation sur sa peau, et Rusty repris son souffle en inspirant bien grand.
— J'ai toute ma vie ici, maintenant. La cabane, Trash, même Ollie - quand je suis parti je n'ai laissé aucun restes. Je... je ne voulais rien laisser derrière.

Y retourner, ce ne serait pas avouer le contraire?...

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✦ Chat domestique

Whisky & Rusty

L'alcool face à la rouille !

Rusty semblait effrayé, comme si un ennemi se cachait derrière un buisson et n'attendait qu'un instant de distraction pour lui sauter dessus. Whisky tente du mieux qu'il le peut de le rassurer, avec sa voix et en étant près de lui, en le touchant à peine. Le solitaire explique qu'il ne peut pas, n'y est pas près, il grimace, ne sachant quoi lui dire, là, tout de suite, pour lui remonter le moral. Lui qui pensait bien faire n'a fait que mettre les pattes dans le plat !

Le vieux chat pose sa tête contre son poitrail et Whisky le laisse faire, venant même un peu plus près pour qu'il enfouisse comme il faut son museau dans son poil court. Il l'écoute parler, ne comprenant qu'à moitié le problème. Ainsi, l'ancien domestique a fait en sorte de ne pas faire machine arrière en se détachant de TOUT ce qui pourrait lui rappeler sa vie d'avant, Ollie excepté. Ce qu'il a pu prendre avec lui, il l'a fait, le reste, il l'a effacé. Et le savannah lui demandait de déterrer ce qu'il préférait laisser enterrer, ce qu'il avait du mal à enfouir sous terre...

Whisky se met à lui lécher le dos, la nuque, le poil qu'il pouvait atteindre. Il laisse la question du solitaire tourner dans sa tête, laisse un peu de blanc entre eux deux, les seuls bruits venant de ses coups de langues et de la nature qui n'a pas cessé de vivre. Avait-il peur de se rattacher à ce qu'il avait oublié ? De retourner domestique dès qu'il aurait mis les pattes dans la ville ? D'abandonner sa vie actuelle comme il l'a fait pour son ancienne ?

- Mais... si tu n'as rien laissé derrière... Ce ne serait pas comme si tu allais visiter l'inconnu ? Comme je le fais quand je vais me promener par ici ?

Il ronronne doucement, laissant son corps vibrer contre la tête de Rusty avant de le forcer gentiment, avec une de ses pattes, à se redresser. Il frotte tendrement sa tête contre la sienne, joue contre joue, laissant parfois quelque coups de langues sur le poil un peu terne du matou. Le goût de poussière dans sa bouche le gêne un peu, mais il fait comme si de rien n'était.

- Tu as choisi ta vie, Rusty. Comme tu l'as dis, tu as tout ici. Une simple visite ne fera pas de toi un mauvais chat. Ca ne te poussera jamais à vouloir changer de nouveau de vie. Ca te prouvera peut-être même que ton choix de vivre dans le coin est la meilleure idée du monde !

Il sourit, jeune chat qui préfère voir le papy heureux que malheureux. Il n'a pas voulu lui faire du mal. Il aurait dû comprendre que la ville était une sorte de cauchemar pour le félin. Après tout, pourquoi serait-il parti s'il n'avait pas vécu de mauvaise chose ? Il pose son front contre celui du chat, les yeux fermés, voulant juste sentir sa chaleur contre son poil, soutenir la tête si lourde du matou.

- Si tu ne veux pas y aller aujourd'hui, ce n'est pas grave. On pourra toujours tenter un autre jour. Vu que j'aime cet endroit, je risque de repasser souvent...

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— Mais... si tu n'as rien laissé derrière... Ce ne serait pas comme si tu allais visiter l'inconnu ? Comme je le fais quand je vais me promener par ici ?

De broussailleux sourcils blancs s'étaient froncés sur un faciès marron. Pour que quelque chose soit inconnu, il ne fallait pas le connaître, or, Rusty se doutait - non, Rusty était persuadé que s'il mettait une patte sur le bitume, toute la carte des lieux lui reviendrait derrière les yeux. La carte des sentiers, la carte routière, routinière, le quartier...

Le ronronnement de Whisky se battit contre le bourdonnement de ses pensées, et le vieux Rusty se laissa toiletter sans mot dire. Il en avait besoin; loin étaient les jours où il se vantait du lustre dans son poil, où il sentait autre chose que le bois de la cabane et le moisi des couvertures sales de leur nid.

— Tu as choisi ta vie, Rusty. Comme tu l'as dis, tu as tout ici. Une simple visite ne fera pas de toi un mauvais chat. Ca ne te poussera jamais à vouloir changer de nouveau de vie. Ca te prouvera peut-être même que ton choix de vivre dans le coin est la meilleure idée du monde !

Rusty leva timidement son nez en grisaille. Whisky marquait un point important, et son optimisme était comme du jus de baies sur les plaies de l'âme, mais...

Il baissa les yeux, ses sourcils se fronçant tellement qu'ils creusaient son front d'une ride apparente, marquant son évident souci. Et s'il avait tort? Et si la ville avait tellement changé qu'il ne s'y retrouvait plus? Et s'il revenait sur ses pas et retrouvait des restes à garder mais qui, depuis le temps, avaient pourri sans lui?

Non, pire - et s'il retrouvait des choses qu'il avait laissé pourrir?

Comme une bouchée de vieux rat voulu remonter dans sa gorge, et Rusty, s'efforça à déglutir, malgré lui, toute l'amertume qu'il se gardait de montrer. C'était son amertume - c'était sa responsabilité à lui d'épargner à tout le monde son odeur. Whisky ploya le cou, posant son front contre le sien, et Rusty inspira son air, et accepta de fermer les yeux, et accepta de ne pas penser à ce qui lui collait aux dents et à sa langue, qu'il voulait claquer.

— Si tu ne veux pas y aller aujourd'hui, ce n'est pas grave. On pourra toujours tenter un autre jour. Vu que j'aime cet endroit, je risque de repasser souvent...
— Un... Un autre jour me semble plus raisonable, de tenter d'éviter le vieillard, tout en tentant un nouveau sourire, mais il secoua la tête en sentant sa poitrine se serrer sous les blessures d'antan. Sa queue tapa l'herbe, son dos eut un tressaut.

— ... Je ne veux pas y aller tout seul.

Ce que Whisky n'entendrait pas était plutôt "je ne veux plus jamais attendre dans une maison vide". Mais, et si depuis le temps, la maison s'était remplie?

Rusty n'aurait su dire comment cette pensée le faisait sentir.

HRP:

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✦ Chat domestique

Whisky & Rusty

L'alcool face à la rouille !

Un autre jour. Une promesse qu'ils se rencontreraient, qu'ils pourront partager encore un moment ensemble. Cette idée plait à Whisky et il se demande s'il ne pouvait pas revenir le lendemain. Non, trop tôt. Il se doit de lui laisser du temps pour y réfléchir. Pour digérer. Lui faire visiter la ville pouvait également attendre la troisième ou la quatrième rencontre, le domestique pouvait être patient. Il laisserait le matou attendre autant qu'il le voulait. Et s'il venait à y aller sans lui ? Tant qu'il ne partait pas seul, le savannah n'y trouverait rien à y redire.

Surtout que le vieux mâle lui confirme ne pas vouloir y aller seul. Un sentiment que le plus jeune ne connait pas vraiment, s'étant vite débrouillé pour se promener sans son ami Cookie, mais qu'il peut imaginer sans peine. Si son ami canidé venait à disparaître, il se sentir bien seul dans la maison, et ce, malgré la présence de Coca...

- Personne ne pourra te forcer à y aller seul. Et... s'ils essayent, je leur mords les flancs !

Il claque des dents pour illustrer son propos, s'étant un peu écarter du matou pour ne pas lui faire mal aux oreilles ou gripper ses poils par inadvertance. Il sourit joyeusement après ça, perdant sans doute toute crédibilité, lui qui n'a jamais levé la moindre griffe à l'encontre d'un autre chat. Cette simple idée le rempli d'effroi, il a tendance à être bien plus pacifique qu'agressif.

- Rusty ? Comment étaient tes deux pattes ?

Il l'observe, mi compatissant, mi curieux, ses grands yeux verts ne se détachant pas de ceux bleus du vieux mâles. Parler de son ancien chez lui ne risquerait-il pas de lui faire plus mal encore ? Ou en parler lui ferait du bien ? Whisky marche sur des oeufs, une sensation étonnante quand on discute avec un chat si sympathie que Rusty. Lui, il a l'habitude de ça face à Coca, à la maison, mais... C'était différent. Pour l'une, il ne voulait pas attiser sa colère, pour lui, il ne voulait pas raviver sa peine...

- Si tu ne veux pas en parler, je comprendrais... Je t'ai peut-être déjà trop embêté avec mes demandes et mes questions... Je suis désolé Rusty. Veux-tu que je te laisse tranquille ? miaule-t-il, la tête s'abaissant dans une mine triste, se sentant coupable d'embêter le pauvre mâle.

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