La pluie et la bruine ont cessés, mais le soleil n'est toujours pas là. [Puma] - Abandon

La pluie et la bruine ont cessés, mais le soleil n'est toujours pas là.

Parti sans un bruit, où plutôt sans faire de bruit. Souffles qui avaient cessés tout bonnement, cœurs qui ne battaient plus. Et un réveil froid, aux côtés de deux corps non moins froid. Privée de leurs chaleurs je me sentais seul, plus seul que jamais. Roc avait disparue, Papillon n'était plu non plus et voilà que mon père et mon oncle la rejoignait dans la toison argenté. Il me restait bien d'autres membres de la famille, Oreille pour ne citée qu'elle mais. Mais ce n'était pas ma portée, elle était plus vieille que moi elle ... Je grognais doucement dans mon coin. Je ne savais pas pourquoi mais, je n'arrivais pas à voir le soleil ce matin. J'avais besoin de quitter le clan, en claudiquant, comme toujours. Je me revoyais encore dire à Pluie Battante que ça ne me dérangeais pas d'être différent. Et s'était vrai ... En partie seulement. J'étais né comme ça, je ne savais pas vivre autrement. Mais quelque part, il y avait ce SI qui aujourd'hui parvenait à me tourmenter. Les choses auraient elles étaient différentes si j'avais été normal moi aussi ?

J'évaluais mal les distances, toujours, mais j'apprenais, je m'étais améliorer et quitter le camp n'était plus un obstacle en soit, même errer sur le territoire n'était plus tant que ça une épreuve. Oh certes, je fatiguais toujours plus vite que les autres, j'étais toujours à la traine et je devais faire avec une seule oreille. Mais je vivais. Alors que eux ... Eux ne bougeraient plus jamais. J'avais du leur dire adieux et fermer mon unique œil valide sur leurs dépouilles, puis les laisser se faire enterrer. J'avais pas eu la force d'aider les autres pour creuser. Alors j'étais partie me rouler en boule dans leurs nids. Une ultime fois respirer leurs parfum. Mais même ça, c'était plus que je ne pouvais en supporter. Alors voilà que j'étais venu au bord de la rivière, à regarder l'eau s'écouler, immuable. Rêvant peut-être de me laisser emporté, bercer par son chant rassurant ...

VRRRAOUUUM!

Le souffle du Monstre ébouriffe à nouveau le poil négligé du vétéran sans qu'il ne cille.

Quatorze.

Ses pupilles rondes quittent enfin l'asphalte sombre pour se lever vers le ciel. Le soleil est à présent bien haut; il serait peut-être temps de partir avant que cette habitude ne devienne officiellement une obsession.

Le mâle relève son arrière-train, s'étirant dans toute sa longueur. Ça fait des heures qu'il est assis là et sa colonne craque un peu, ses muscles se réveillent et il se fait bailler sans retenue.

Quatorze côté Ombre. Trois côté Tonnerre.

Le matou à la balafre se répète les chiffres pour ne pas les oublier. Il ne faudrait pas que tout ce temps passé ici en observation soit gâché.

Finalement, Cœur de Puma s'enfonce dans la forêt. Là, son pelage sombre se fond dans le décor et la couleur brun-roux qu'il arbore se perd parmi les troncs des longs arbres. Et même si le mâle passe tout près, il ne s'arrête pas au Camp. A la place, il se glisse jusqu'à l'orée du bois; celle qui donne sur les Rochers du Soleil. Il a traversé presque tout le territoire dans l'unique but de flâner sous les rayons chauffants de l'astre du jour. Oh, il a bien hésité à se détourner du doux chant de l'eau qui coule pour aller trouver réconfort parmi les longues tiges de cataires, près de la Ville…

Mais Cœur de Puma a dépassé cette étape.

Nuage de Rossignol vaut mieux que ça, pas vrai ?


Une fois arrivé près de la rivière, l'animal au museau balafré s'étend sur le flanc, guettant silencieusement l'autre rive par curiosité -il sait que personne ne l'a suivi, mais peut-être que quelqu'un se cache ici.
Personne en vue jusqu'à ce qu'un matou au pelage clair pointe le bout de son nez sans même le remarquer.

« Hé ! » hèle-t-il alors. « Bonjour. »

Bah dis donc, ils oublient d'enseigner les bonnes manières à leurs gosses là-haut ou quoi ?!

Sourcils froncés, Cœur de Puma ne cache pas son indignation.

HRP:

Bonjour/Bonsoir:

La pluie et la bruine ont cessés, mais le soleil n'est toujours pas là.

Cela devenait rituel, s'assurer que personne n'avait besoin de lui, pas les chatons, qui avaient tellement grandis, ni les anciens et puis, s'asseoir où s'allonger là, au fil de l'eau, les avants se faisant caresser par la rivière tel un coup de langue paresseux qui revenait toujours, ne cessait jamais tout à fait. Vieux souvenir de quand on le lavait à grand coups de langue justement, vieux souvenir de quand il se sentait réellement en famille. Une voix féline fini quand même par le sortir de sa torpeur et il releva la tête, mais l'inconnu était du côté de son œil aveugle et il mit un temps à le percevoir vraiment, finissant par le fixer, sans réel réaction. Puis le bruit de l'eau, régulier fit place a un peu de lumière et il se redressa vivement.

- Oh oui, oui, Bonjour. Désolé, j'écoutais l'eau et ...

Et il y avait sa patte folle, cet angle impossible, il le réalisa. Il ne devait pas la montrer plus que nécessaire alors aussi vif qu'il s'était relever, il avança jusqu'à sentir l'eau de la rivière lui caresser le ventre. Là, apaisé par la caresse de l'eau, il s'égailla un peu.

- Je faisait pas attention, c'est pas bien je sais mais ... Je dois avoir de l'eau dans l'oreille ces derniers temps ...

Ce n'était pas faux. La rivière entière coulait dans ses oreilles, assourdissant son univers la plupart du temps. Oh il était bien présent, toujours aussi joyeux quand il était en présence des autres, mais un œil averti pouvait bien voir que dans l'unique bleu brillant qu'il possédait, l'éclat s'était terni. Une truite qui nageait paisiblement du prendre les pattes du jeune chat pour un obstacle car subitement, une des avants du félin fut fauché et il se retrouva entièrement dans l'eau, mais Lueur d'Espoir savait nager et même si un instant, il se demanda quoi, il remonta bien vite à la surface, fendant les flots. Sa négligence témoignait plus clairement encore qu'il avait la tête ailleurs. Il envisagea de gagner la rive de son côté de la frontière mais au lieu de ça, il fila vers la droite, vers le matou du Tonnerre, vers là où son œil valide le guidait. Il n'avait toujours pas vu son ainée qui le suivait. Il ne voyait que ce chat et finalement, il se moquait bien de ce qui pouvait arriver, c'est ainsi qu'il se hissa sur la berge, en plein territoire ennemi, trempée certes, mais révélant toutes ses lacunes en une seule fois.

La suite n'est pas beaucoup plus rassurante.

« Oh oui, oui, Bonjour. Désolé, j'écoutais l'eau et… répond alors l'intéressé alors que derrière lui, apparaît une seconde guerrière immaculée.
- C'est pas grave, fait alors le vétéran en retournant vaguement son salut de la tête à la nouvelle venue.
- Je faisais pas attention, c'est pas bien je sais mais… Je dois avoir de l'eau dans l'oreille ces derniers temps… »

Et puis, un SPLASH! retentit alors que le premier matou disparaît sous les flots. Toujours allongé sur le flanc, Cœur de Puma n'a pas l'air de trop s'en faire; ce sont des guerriers du Clan de la Rivière après tout. Et puis de toute façon, la féline blanche qui vient d'arriver est déjà derrière son camarade. Ce dernier ne se gêne pas pour rejoindre son côté de la rivière, d'ailleurs. Comme si les Rochers du Soleil étaient neutres.

Le vétéran se redresse, agacé par la situation. Mais soudain, c'est Louve des Bois qui débarque.

Non mais c'est quoi ce manège ?

« Il me semble que tu n’es plus chez toi. Qu’est-ce qui t’amènes sur notre territoire ? » s'inquisitionne son ancienne apprentie.

Cœur de Puma lui lance un regard lourd. C'est lui, le mieux placé pour poser des questions. Et puis, qu'est-ce qu'elle fait là de toute façon ?!

Une fois à hauteur de son acolyte, c'est la guerrière blanche qui se poste devant lui et répond, visiblement prise d'une vague de panique : « Ne… ne t'approches pas ! »

Cœur de Puma grommelle, sa queue fouettant l'air avec une irritation non-dissimulée. C'est quoi tout ce cirque, d'un coup ?! Jusqu'à ce qu'il intime à Louve des Bois de rester en retrait d'un mouvement ferme de la queue. Il était le décisionnaire, ici.

« Tout le monde se calme. » commence-t-il d'un ton autoritaire. « Louve des Bois est tout en droit de demander ce que vous venez faire sur notre berge. » Il souffle bruyamment du museau avant de poursuivre. « Alors je vous invite à rejoindre votre territoire avant que me prenne l'envie de signaler cette intrusion à vos supérieurs. Vos noms ? » Il marque une pause. « Ou à Pluie Battante, tiens. Ça lui ferait les pattes de savoir que ses camarades s'amusent à créer des tensions inutiles avec leurs voisins; de notre temps, du sang a été versé sur ses pierres. »

Les jeunes de nos jours, hein.

La pluie et la bruine ont cessés, mais le soleil n'est toujours pas là.

Espoir secoua la tête pour chasser l'eau de son pelage quand une voix plus fluide que celle du mâle allongé lui parvint, le faisant presque sursauté, il fixa alors la guerrière, levant sa patte folle pour la lui montrer. impossible de se montrer menaçant avec ça pas vrai ? Il était sur le point de répliquer d'ailleurs quand Griffe Blanche fut là, sous son museau à prendre sa défense, lui réchauffant le cœur aussi sec. Cependant, le jeune guerrier ne peut s'empêcher de sentir que sa sœur est aussi peu à son aise qu'un poisson hors de l'eau, heureusement, le vétéran tonnerreux lui semble plus calme, encore que ...

Et le matou était en droit de leur demander leur nom, enfin jusqu'à ce que ... Lueur d'Espoir poussa sa sœur du museau pour se retrouvé à ses côtés, il pivota doucement les oreilles de côté et souffla.

- Nous sommes justement les enfants de Pluie Battante, voici Griffe Blanche et je suis Lueur d'Espoir mais ... Sa voix se cassa un tant soi peu, pourtant le jeune chat releva la tête, son œil aveugle captant un instant les rayons du soleil pour montrer son handicape tendis qu'il poursuivait. Il, il a rejoint le clan des étoiles ... Le jeune félin baissa la tête, il ne voulait pas qu'on les chasses comme des malpropres et moins encore qu'on s'en prenne à Griffe Blanche à cause de lui, se collant au pelage trempée de cette dernière plus encore, il ajouta, sa patte folle et son oeil aveugle plus en évidence que jamais.

- J'ai juste rejoint la rive la plus proche, la seule qui m'étais visible, on va s'en aller ans faire d'histoire, vous, vous comprenez ?

Pluie n'était plus là et lui, et bien espoir était Espoir, le guerrier de la Rivière qui aux yeux des autres devaient avoir sa place dans le camp seulement. Sauf qu'il était guerrier, pas guérisseur. Et un instant, il songea à sa soeur, disparue elle aussi. sa gorge se serra davantage pourtant, son unique œil viable lui, tenait tête au vétéran. il ne laisserait personne cracher sur les siens où pis, sur la mémoire de son défunt père.