Bonjour ! Cette fois, j'ai le droit de rester ? [Pv Nuage de la Loutre] - abandon

— Qu-quoi ? Mais je... Je ne sais même pas me battre !
— Ha hah hah! Et ça veut sortir du camp??? ♡

Comment espérait-elle pouvoir rendre visite à ses "amis" si le moindre imprévu la tuerait sur le champ? Elle couina, et puis son corps se mit à se mouver. Par à-coups d'abord, car éprise de peur elle tentait de se débattre sous le joug du bengal, qui baissa les yeux sur un mouvement prometteur. Elle roula d'une épaule, fléchit le coude d'une patte, et tenta de lui envoya le coup mais sans appui au sol et sans élan Coup de Foudre l'intercepta du revers de la sienne, retournant le poignet pour abattre le sien contre la pierre.

— Je... Je n'y arriverais pas !

Privée de sa patte droite, l'étau se reserrait. Coup de Foudre inspira son air et avec le mouvement força au poil de son rachis de se soulever, juste un peu, pour se faire plus gros et plus imposant et surtout pour presser la plus jeune à s'habituer à sa peur.

À l'apprivoiser.

— C'est avec cette attitude que tu comptes te faire des amis partout ailleurs, De La Loutre?

Il se moquait; plus particulièrement, il la provoquait, délibérément, ses pupilles tellement larges dans ses yeux qu'elle ne devait plus rien voir que le reflet des siens dans son creux.

— Qu'es-tu prête à faire pour survivre?

Ton corps te crie à l'aide, mais il n'est capable de rien sans toi; arrête de te débattre, reprend ton air, réfléchis, et FRAPPE.

Il sortit la pointe de ses griffes dans le poignet retourné de la patte qu'il tenait, exerçant sur les fléchisseurs assez de pression pour la forcer à recourber les phalanges et à sortir les griffes qu'elle cachait dans leurs fourreaux.

Ce n'était pas qu'une question de frapper, c'était une question de savoir où, de connaître la structure d'un adversaire, de savoir les failles du système, de les retourner, de les exploiter; mais avant toute chose, un contact devait être initié. Avant toute chose, De la Loutre devait se départir complètement de cette pseudo-déférence qu'elle portait à son grand-père car là, présentement et tout de suite, il n'était pas son grand-père.

Il était la personnification de la Nature; il était le geôlier entre ses rêves, et la réalité.

La chemin serait long avant d'atteindre une parité entre les deux; peut-être même si long qu'il n'en verrait pas le début au bout de sa propre vie. Ce serait à la nouvelle génération de continuer de se battre pour lui. La nouvelle génération devra s'y prendre d'arrache-pattes; on ne changeait pas le monde qu'avec les mots.

Un premier coup de patte fut lancé. Toutes griffes dehors, l'apprentie-guerrière lui décocha un coup au poitrail qui fit baisser son nez au Bengal et chercher dans son poil ras la marque d'une blessure qui perdurerait, mais il n'y vit rien. Perplexe, il haussa haut les sourcils, baissa les yeux sur son adversaire en lisant tout de suite l'inquiétude dans les siens.

— Je... Ça va ? elle bredouilla.
— Pas mal, de répondre le bengal, soulignant son coup plutôt que de se soucier de la souche de son hésitation.

Il la relança du menton, ondulant sa queue derrière lui, reprenant ses aises dans sa position au-dessus, maintenant une patte sur un poignet et montant un postérieur sur le ventre de l'apprentie, exacerbant l'inconfort.

— Recommence. Ne regarde pas mes yeux, observe mon corps; comment il bouge? Qu'est-ce qui fait ma force? Tu veux me renverser, ou me déséquilibrer assez longtemps pour te déloger et t'enfuir.

T'a-ton enseigné à grimper aux arbres, De la Loutre?

Il faut vraiment qu'elle arrête de geindre comme ça c'est pas possible, de se grommeller intérieurement le bengal, pour qui le son avait fait comme un courant électrique dans le poil. Bien qu'il n'avait pas relâché l'apprentie, ses pensées courraient déjà bien loin de la scène, à la même vitesse que s'était enfui le domestique, plus tôt.

Vivement qu'il trouve quelqu'un sur qui vraiment se faire les dents. Dormir dans la tanière des guerriers, ça passait, mais depuis qu'Oeil du Tigre lui refusait l'accès à son nid, Coup de Foudre ressentait ce même manque lui grouiller sous la peau.

Heureusement, Coup de Foudre avait encore toute sa tête; l'apprentie, la fille de Bec, ne lui servirait pas de remplacement. Se concentrer sur la leçon lui permis de battre une oreille d'un côté avec le reste de ses envies moins louables.

Lorsqu'elle replia ses postérieurs sur son ventre il se fit violence de rester droit et dans la scène. C'était un bon appui - un adversaire lourd pouvait voir son poids se retourner contre lui lorsqu'on le repoussait au ventre. Elle défléchit les jarrets, et poussa, et Coup de Foudre campa les pattes de chaque côté de son adversaire en la réduisant à pousser de toutes ses forces sans parvenir à le déloger.

— Pas encore, d'ailleurs je ne sais pas me battre non plus !
— À ton avis je fais quoi? il se moqua, retenant à sa patte d'imiter l'apprentie et de la repousser. Il ne changea sa position qu'en libérant son ventre, retrouvant celle de plus tôt, retenant toujours son poignet droit sous ses griffes. Elle devait le déloger - elle n'en avait pas le choix.

— Je te vois paniquer, De la Loutre. Un renard aurait déjà ses dents dans ton cou. Le souvenir d'un renard mulottant au-dessus d'un chaton qui s'était sauvé de la pouponnière. Un battement d'oreille.

Je t'ai dit d'observer, avant de frapper.    Recommence.

HRP: