Welcome to my World of Fun ► O. du Serpentaire - abandon

(Ce RP est la suite directe de celui là : https://propheties-begin.forumpro.fr/t536-a-darkness-approaches-a-time-is-coming-in-the-future-where-everything-you-care-about-will-change-until-then-i-ll-be-watching-you-rp-solo-rp-special

Il se passe un peu en dehors du camp, loin des oreilles indiscrètes. )






Etoile du Balbuzard n’est plus ! Nous étions en route pour la Pierre de Lune… Le vent était fort au-dessus de la falaise… Etoile du Balbuzard avançait, une toute petite partie de la falaise se détacha. Notre chef a sursauté, a profité qu’elle soit déconcentrée pour l’emporter ! J’ai tenté de la sauver mais tout s’est passé si vite ! Je ne suis qu’un moins que rien…

Éclat d’Obsidienne était en train de bouillonner. Elle avait bien vu le regard que lui avait lancé son frère avant de quitter le camp avec la à présent défunte meneuse. Il avait tout prévu depuis le début, c’était sûr. Il avait tué l’ancienne meneuse pour lui même devenir chef, c’était évident. La guerrière était triste (elle avait fait partie du groupe de femelles d’Etoile du Balbuzard) de cette perte, mais était encore plus horrifiée du crime de son frère. Autour d’elle, tout le monde était triste, pris de désarroi. Elle devait agir de même pour ne pas attirer l’attention sur elle : si elle était la seule à avoir l’air furieuse, les autres se poseraient des questions.
Le visage renfrogné, la noiraude s’écarta du groupe de félins et se mit dans un endroit reclus du camp d’où elle pouvait observer Œil du Serpentaire sans être vue. Il jouait bien son rôle ce monstre. Tout le monde lui mangeait dans la main, certains venaient même le rassurer en disant qu’il avait fait de son mieux. Un grondement sourd retentit dans la gorge de la femelle. Comment pouvaient-ils être aussi aveugles ? Ceci étant dit, elle-même faisait la même chose avec eux depuis des lunes donc bon. Il fallait croire que les individus du clan de l’Ombre étaient particulièrement stupides. Mais quand même, de là à ne pas voir que Œil du Serpentaire était une sale carne !

L’agitation du clan se calma est le matou tigré se retrouva seul. Éclat d’Obsidienne fit que son visage se détende un peu et arbore un petit sourire (pourtant le clan des Étoiles savait qu’elle n’en avait pas envie) avant qu’elle ne s’approche de lui. Elle ne savait toujours pas pourquoi elle jouait encore ce cinéma. Œil du Serpentaire savait bien qu’elle le détestait jusqu’à l’os. Mais elle le faisait sûrement pour que ses camarades de clan pensent toujours que le frère et la sœur entretiennent une relation parfaite.
Arrivée à deux pas du matou gris, elle lança de la voix la plus douce possible, mais avec des yeux que le mâle pourrait lire sans mal :
-Est-ce que tu vas bien mon frère ? Ne t’inquiète pas, tout va bien aller à présent. Viens, suis-moi, j’ai des choses à te dire.

Ses yeux glacés ne mentaient pas : elle était furieuse, mais ça, seul Œil du Serpentaire l’aurait vu. Et à en juger par l’air insupportable sur son visage, il avait l’air fier de lui. Mais ça, c’était tout à fait probable que ce soit l’imagination de Éclat d’Obsidienne qui lui joue des tours. Après avoir vérifié qu’il la suivait bien, elle sortit en trottant rapidement en dehors du camp. Quand elle fut arrivée suffisamment loin du camp à travers la pinède, elle s’arrêta et fit volte-face vers son frère. Au moins, si loin du camp, personne n’entendrait leur conversation, même si au fond, si quelqu’un venait à découvrir que Œil du Serpentaire était un meurtrier, ça ne serait pas si mauvais. Mais sans réellement savoir pourquoi, la guerrière noire ne voulait pas voir ça arriver. Après tout, même si c’était un monstre meurtrier sans aucune morale, il restait son frère.
Son regard presque gris envoyait des éclairs et son échine s’était hérissée. Éclat d’Obsidienne s’approcha lentement de son frère et cracha :
-Je suppose que tu es fier de toi hein ! Et puis personne ne se doute de rien ! Bravo !

Elle s’assit rapidement sur ses fesses, queue battant furieusement au sol, balayant les aiguilles qui s’y trouvaient. Elle était cependant toujours sur ses gardes, après tout on ne savait jamais : elle qui connaissait les sombres secrets de son frère, ce serait bénéfique pour lui de s’en débarrasser. Si il venait à l’attaquer, au moins, elle pourrait se battre elle aussi. Mais Éclat d’Obsidienne était bien trop furieuse pour penser aux conséquences de ses provocations. Elle continua :
-Et puis maintenant tu vas organiser ta petite tyrannie, c’est ça? *pause* Tu me dégoûtes.

Sa queue battait toujours, mais maintenant, son visage ne montrait plus trop de rage. Il était juste incroyablement froid et hostile. Elle avait hâte de voir la réaction de son imbécile de frère. Mais peu importe ce qu'il ferait ou dirait, ça la mettrait hors d'elle. L'issue serait la même de toute manière alors bon. Elle voulait juste voir à quel point son frère était vicieux.

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« A darkness approaches. A time is coming in the future where everything you care about will change. Until then, I'll be watching you ! »

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Les membres du clan s’agglutinaient autour de lui, tentant désespérément de réconforter le lieutenant. Œil du Serpentaire continuait son cirque, toujours plus extravagant. Et personne n’osait ouvrir les yeux, n’osait voir ce qu’était vraiment le Serpentaire. Car après tout, il avait toujours servi loyalement son clan, avait prouvé maintes fois qu’il était de loin l’un des guerriers les plus importants du Clan de l’Ombre. Il n’avait même pas besoin d’instaurer la terreur dans le cœur de ses pauvres félins ignorants, on lui mangeait déjà dans la patte, comme un toutou léchait les bottes de son bipède.
L’Œil du Serpentaire tenait à présent chaque ficelle qui représentait la vie des membres de l’Ombre. Il était le marionnettiste.


L’affolement se calma un peu, seules les reines et les anciens pleuraient encore. Le lieutenant se releva et ébroua son pelage. Il leva la patte et essuya les larmes qui coulaient de ses yeux. Des larmes remplies de grain de sable qu’il s’était mis dans les yeux pour pleurer plus facilement. Il s’avança, se préparant déjà à rentrer dans la tanière de l’ancienne meneuse. Il avait du ménage à faire. Mais c’était sans compter sur l’apparition d’Éclat d’Obsidienne. Le mâle gris charbon l’avait tout de suite vue lorsqu’il était rentré au camp. Elle n’avait pas participé au deuil, préférant s’éclipser dans un coin du camp. Elle essayait de paraître l’air triste, pour que les idiots du Clan ne remarquent rien, mais le matou était bien loin d’être idiot. Et il connaissait sa sœur sur le bout des pattes. Les mouvements frénétiques de sa queue l’avaient trahi.


« Est-ce que tu vas bien mon frère ? Ne t’inquiète pas, tout va bien aller à présent. Viens, suis-moi, j’ai des choses à te dire. »


Elle le fusilla du regard, tentant de lui montrer qu’elle ne rigolait pas, et qu’elle était très sérieuse. Œil du Serpentaire ne put que sourire devant l’attitude de sa sœur. Il n’avait pas l’habitude de la voir aussi farouche avec lui. Il la récompenserait bien assez tôt. Elle prit les devants, et ne l’attendit même pas. Elle quitta le camp en trottinant. Œil du Serpentaire la suivit, lentement, la tête et la queue basse pour calmer les soupçons. Son attitude enfantine avait réveillé quelques guerriers, qui se demandaient sûrement pourquoi la guerrière n’était pas abattue par la nouvelle. Il la suivit à travers la forêt, le voyage se fit sans un mot. Éclat d’Obsidienne gardait ses distances. Avait-elle peur ? Peur de mourir sous les griffes de son frère ? Mais savait-elle seulement qu’elle était la faiblesse du Serpentaire ? L’être qu’il ne pourrait pas tuer, malgré toutes les apparences ?

Elle s’arrêta et s’assit sur le sol épineux. Sa queue ne tenait toujours pas en place, preuve de sa colère. Elle tentait de paraître digne, mais voilà la vérité : Ses muscles tendus montraient bien qu’elles étaient sur ses gardes, la peur la domptait comme il domptait le Clan de l’Ombre.


« Je suppose que tu es fier de toi hein ! Et puis personne ne se doute de rien ! Bravo ! »


Ses paroles n’eurent comme seul effet de faire grandit le sourire du lieutenant. Oui il était fier. Son plan avait été parfait. La femelle grise n’avait pu se douter de ce qu’il allait se passer que grâce à l’attitude, au regard que lui avait fait son frère avant de partir. Sans cela, elle ne se serait doutée de rien.


« Et puis maintenant tu vas organiser ta petite tyrannie, c’est ça ? Tu me dégoûtes. »


Un vent glacé souffla sur la forêt, le vent des humeurs de l’Obsidienne. Elle semblait enfin avoir maîtrisé sa rage, remettant son masque froid qu’elle abordait toujours lorsqu’ils étaient ensemble. Avait-elle blessé son frère ? Non. Il la dégoûtait, tout comme elle se dégoûtait elle-même. Sa vie la dégoutait. Mais c’était ça, d’être les enfants d’Œil du Loup. Ça gâchait la vie.


« Ma sœur, ma sœur, ma sœur… Ne joue pas la comédie, comme si tu ne t’attendais absolument pas à cette tournure des choses. Tu le savais, que je n’allais pas rester lieutenant bien longtemps. Alors si je te dégoûte autant, pourquoi ne pas avoir agit avant mmh ? »


Il s’approcha et colla son corps à celui de sa sœur. Son museau se frotta contre son oreille grise et il murmura :


« Ma petite tyrannie ? Je préfère notre tyrannie… Sois sage, travaillons en famille tu veux ? »

Le matou souriait à pleines dents. Sa sœur le regardait, la mine sombre : elle s’était attendue à une réaction comme celle là. Elle était furieuse. Il avait tué sa propre meneuse, celle qui avait confiance en lui. Eclat d’Obsidienne avait aimé aussi Etoile du Balbuzard, mais ce qui la révoltait c’est que son frère avait osé tuer à nouveau. Pendant toutes ces lunes, elle s’était méfiée de lui, mais au fond, elle s’était dit que ce jour là où il avait tué leur père, il avait été question de cas de force majeure, qu’au fond, il n’avait pas eu le choix. Que ça n’avait été qu’un malheureux concours de circonstances. Qu’il n’avait jamais voulu ça. Qu’il l’avait fait pour peu-importe-quelles-raisons, peut-être même pour protéger la noiraude ! Elle avait voulu y croire, pendant toutes ces lunes. Visiblement, elle avait eu raison de le détester, en disant qu’il risquerait de tuer un autre de ses camarades de clan. Et qui serait le suivant maintenant ? Elle-même ?
Ma sœur, ma sœur, ma sœur… Ne joue pas la comédie, comme si tu ne t’attendais absolument pas à cette tournure des choses. Tu le savais, que je n’allais pas rester lieutenant bien longtemps. Alors si je te dégoûte autant, pourquoi ne pas avoir agit avant mmh ?

Eclat d’Obsidienne serra la mâchoire pour s’empêcher de faire ou dire quoi que ce soit. Ces paroles mielleuses étaient insupportables. Pourquoi n’avait-elle pas agi ? Elle s’était souvent dite qu’elle allait faire quelque chose, n’importe quoi, pour empêcher son frère de faire des conneries. Pendant des nuits entières elle s’était retourné l’esprit pour trouver quelque chose. Révéler à tout le monde son secret ? Mauvaise idée : de 1, personne ne l’aurait crue et elle aurait risqué le bannissement ; de 2…. Ce deuxième point, elle l’assumait beaucoup moins. De 2, elle n’en avait pas vraiment envie. Et pour se convaincre, elle se disait que ce n’était pas parce que son père avait trahi son frère, et que son deuxième frère avait trahi son père, qu’elle devrait trahir elle-même ce deuxième frère. Elle avait depuis toujours eu une très haute estime de la famille, malgré les hauts et les bas de sa vie familiale. Et Œil du Serpentaire était le dernier. Son frère. Il partageait son sang. Il était son frère et le resterait toute sa vie. Et si Eclat d’Obsidienne pouvait soit complètement lui pardonner, soit complètement oublier, soit complètement le détester jusqu’à la fin de ses jours, ça l’aiderait énormément. Mais le problème était, elle en est absolument incapable.
Œil du Serpentaire vint s’asseoir à deux millimètres de sa sœur, fourrure contre fourrure. Elle réprima un frisson quand il se pencha pour murmurer dans son oreille :
Ma petite tyrannie ? Je préfère notre tyrannie… Sois sage, travaillons en famille tu veux ?

Elle fronça les sourcils de nouveau. Comment ça en famille ? Il ne voulait pas lui demander son aide non plus ? Elle fit un pas d’écart et regarda son frère droit dans les yeux. Comment ça en famille ? Elle était complètement perdue. Eclat d’Obsidienne se mit à réfléchir à toute allure. Qu’est-ce qu’il voulait dire par là ? « Notre tyrannie » ?
La femelle noire écarquilla les yeux. Non, ce n’était pas possible. Son frère n’était pas suffisamment stupide pour lui offrir un poste de lieutenant pour le seconder, pas vrai ? La guerrière se mit même à se demander si elle avait bien entendu ses paroles. Elle devait halluciner. Tout cela n’avait aucun sens. Les deux chats se détestaient. Eclat d’Obsidienne lâcha alors :
-Et qu’est-ce qui te fait dire que j’ai envie de coopérer avec toi ?

Elle marqua une pause durant laquelle et souffla par le nez pour simuler un rire.
-Et mieux, pourquoi diable voudrais-tu que je sois à tes côtés, moi qui pourrais renverser ton règne avec quelques paroles bien placées ? *pause* Ça ne fonctionnera jamais : je te déteste, et on a aucunement confiance l’un en l’autre. Tu es un imbécile, Œil du Serpentaire, pour croire l’inverse.

Elle s'arrêta de parler et contempla son frère pendant de longues secondes. Sa queue se remit à battre doucement au sol, comme pour la forcer à mettre sa colère de côté en passant son énergie sur autre chose. Eclat d'Obsidienne lâcha enfin :
-Tu as cessé d'être de ma famille quand tu as tué Œil du Loup.

Mensonges, mensonges, que de mensonges. Elle savait bien que c'était faux, Œil du Serpentaire s'en douterait sûrement, et au final personne n'en croyait un mot. C'était probablement une vaine tentative de la part de la guerrière de se convaincre que le félin tigré n'était pas son frère. Pourtant, il l'était bien. Et plus que jamais. Et lui le savait.

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La femelle écarquilla les yeux, tout en fronçant les sourcils. Œil du Serpentaire recula un peu, pour pouvoir regarder sa sœur droit dans les yeux. Elle ne semblait pas vraiment comprendre ce qu’il venait de dire. C’était simple pourtant. Le mâle charbonneux avait choisi son lieutenant depuis bien longtemps. Et il n’avait pas vraiment eu besoin de réfléchir. Il aurait pu nommer le fidèle Ombre Silencieuse, qui n’était qu’un simple esclave, ou bien une des femelles de son précieux harem, comme Toile d’Araignée. Mais l’un ne serait jamais un bon chef, ayant besoin d’une figure divine et puissante pour vivre, et l’autre aurait certainement fait des erreurs rapidement, perdant le Clan en moins de temps qu’il ne faut pour dire « pigeon ». Éclat d’Obsidienne c’était donc imposé d’elle-même, étant la guerrière la plus puissante et intelligente du Clan de l’Ombre. Elle était loin d’être une menace pour le Serpentaire, qui pouvait très bien la tuer, tout comme il avait tué son père. Sa sœur était la proie parfaite.


« Et qu’est-ce qui te fait dire que je vais coopérer avec toi ? Et mieux, pourquoi diable voudrais-tu que je sois à tes côtés, moi qui pourrais renverser ton règne avec quelques paroles bien placées ? Ça ne fonctionnera jamais : je te déteste, et on a aucunement confiance l’un en l’autre. Tu es un imbécile, Œil du Serpentaire, pour croire l’inverse. »


Elle planta ses yeux bleus glaces dans ceux ambré et rouge de son frère. Elle s’efforçait de paraître digne et calme, de maîtriser les battements frénétiques de sa queue mais le Serpentaire pouvait sonder n’importe quelle âme, surtout celle de sa sœur.


« Tu as cessé d’être de ma famille quand tu as tué Œil du Loup »


Et il explosa de rire. Un rire incontrôlable, bruyant et gras. Il tomba en sol, se roula presque pour tenter de se calmer. C’était si pitoyable. La femelle grise était pitoyable. Alors voilà ce qu’elle essayait de faire ? Elle tentait de se convaincre qu’elle n’avait plus de famille ? Mais elle était bien trop fleur bleue pour ça, la dame était une sentimentale. Œil du Serpentaire se releva, et de sa patte gauche essuya les larmes qui lui coulaient des yeux.


« Ma sœur ! Voilà bien longtemps que je n’avais pas rit comme ça ! Quand vas-tu enfin être honnête avec toi-même ? Ça te ferait du bien, je te l’assure ! Mais dit moi, qu’est-ce qui se serait passé après ? Si je n’avais pas tué Œil du Loup ? Dois-je te rappeler qu’il a tué notre frère ? Estimes-tu que Pic du Gerfaut n’avait pas le droit à une vengeance ? Tu sais tout aussi bien que moi que notre père n’aurait jamais pu avoir la punition qu’il méritait. L’exil ? La torture ? Tout ceci n’est que sottise pour lui. Tu sais ce qu’il voulait ? Continuer à vivre. Pour pouvoir continuer ses magouilles. Alors je l’ai tué. Voilà sa sentence. Une sentence que nous seuls, pouvions lui donner. Aurais-tu pu le faire ? Es-tu capable de tuer l’un de tes camarades ? Non. Alors je l’ai fait à ta place. Et comme punition, je reçois son héritage. Me voilà devenu un monstre. Alors ne dit pas que je te déteste. Au-delà des apparences je suis encore capable de ressentir des sentiments positifs. »


Il lâcha cette dernière phrase sur un ton de dégoût. Voilà que, peut-être, le Serpentaire avait une faiblesse. Sa sœur. Cette faiblesse pouvait-elle contrer son cœur de glace ?

Il se leva, et se détourna de sa sœur. La nuit tombait doucement, amenant le crépuscule de sang. Il se retourna pour dire ses quelques phrases :


« Ouvre les yeux Éclat d’Obsidienne. Le monde est parfois bien plus simple qu’on ne le pense. Je ne suis pas un imbécile. Juste un monstre complètement fou. Il est vrai, je n’ai pas confiance en toi. On ne peut avoir confiance en personne ici. Mais crois moi, le poste de lieutenant te convient mieux qu’à personnes d’autres. Je ne te demande pas de coopérer. Je ne te demanderais rien. Je prendrais les décisions seul, qu’elle te convienne ou non. »


Le voilà honnête. Complètement différent. L’ancien Œil du Serpentaire était revenu faire face à sa sœur. Ses paroles pouvaient paraître idyllique, Éclat d’Obsidienne croirait certainement qu’il s’agit d’un jeu d’acteur, comme il a l’habitude de le faire. Pourtant, il n’avait pas une seule fois mentit. Tout était vrai, tout était sincère. Sa langue brûlait et sa gorge le piquait. Il n’avait vraiment pas l’habitude d’être honnête.

Œil du Serpentaire éclata de rire. D’un rire franc et sans aucun effort pour le contrôler. Il se roula au sol, et Eclat d’Obsidienne dut s’écarter un peu pour ne pas qu’il lui roule dessus. Elle en avait marre. Elle perdait tout son calme devant son frère, alors qu’elle devrait être impassible devant tous ces agissements, comme elle se l’était promis il y a bien des lunes. Il y avait une chose qu’elle ne comprenait pas : elle était capable de faire son cinéma devant n’importe quel félin de n’importe quel clan, mais devant son frère, elle perdait tous ses moyens. Alors qu’il y avait bien un chat à berner à tout prix, et elle n’y parvenait pas. Insupportable. Si Eclat d’Obsidienne le pouvait, elle se donnerait un grand coup dans le crâne. Mais là elle ne pouvait pas. Œil du Serpentaire se releva, à bout de souffle, et essuyant une larme d’hilarité de ses yeux. La femelle noire inspira profondément pour essayer de reprendre une contenance –et surtout de ne pas exploser là tout de suite maintenant-, et son frère miaula :
Ma sœur ! Voilà bien longtemps que je n’avais pas rit comme ça ! Quand vas-tu enfin être honnête avec toi-même ? Ça te ferait du bien, je te l’assure ! Mais dit moi, qu’est-ce qui se serait passé après ? Si je n’avais pas tué Œil du Loup ? Dois-je te rappeler qu’il a tué notre frère ? Estimes-tu que Pic du Gerfaut n’avait pas le droit à une vengeance ? Tu sais tout aussi bien que moi que notre père n’aurait jamais pu avoir la punition qu’il méritait. L’exil ? La torture ? Tout ceci n’est que sottise pour lui. Tu sais ce qu’il voulait ? Continuer à vivre. Pour pouvoir continuer ses magouilles. Alors je l’ai tué. Voilà sa sentence. Une sentence que nous seuls, pouvions lui donner. Aurais-tu pu le faire ? Es-tu capable de tuer l’un de tes camarades ? Non. Alors je l’ai fait à ta place. Et comme punition, je reçois son héritage. Me voilà devenu un monstre. Alors ne dit pas que je te déteste. Au-delà des apparences je suis encore capable de ressentir des sentiments positifs.

La mâchoire serrée, elle se retenait de ne pas lui sauter à la gorge. Le voici qui se présentait en sauveur de l’univers. Il avait accompli cette action pour le bien commun. Evidemment. Et en aucun cas pour assouvir ses envies de pouvoir. Evidemment. Et la prochaine étape serait de faire croire à Eclat d’Obsidienne qu’il lui avait sauvé la vie. Ben oui. Pourquoi s’arrêter là ? La guerrière siffla entre ses dents :
-Merci le clan des Etoiles d’avoir fait de mon frère un exécuteur de la justice absolue.

Le gros matou se dressa et vint se poster derrière sa sœur. Elle tourna la tête pour le suivre du regard, mais ne se retourna pas entièrement quand il fut hors de son champ de vision. La féline ouvrit grand ses oreilles pour entendre ce que son charlatan de frère avait à présent à lui dire.
Ouvre les yeux Éclat d’Obsidienne. Le monde est parfois bien plus simple qu’on ne le pense. Je ne suis pas un imbécile. Juste un monstre complètement fou. Il est vrai, je n’ai pas confiance en toi. On ne peut avoir confiance en personne ici. Mais crois moi, le poste de lieutenant te convient mieux qu’à personnes d’autres. Je ne te demande pas de coopérer. Je ne te demanderais rien. Je prendrais les décisions seul, qu’elles te conviennent ou non.

Eclat d’Obsidienne roula ses yeux glacés au ciel. Il avait raison, il était complètement fou, pas demeuré. Tout était certainement calculé dans son esprit, ce qui était insupportable, parce qu’il était encore plus doué pour caché son jeu que sa sœur. À croire que c’était un truc courant dans la famille.
Elle se retourna brusquement, braqua ses yeux dans ceux bicolores d’Œil du Serpentaire, et lâcha, d’un air exaspéré mais néanmoins teinté de moquerie :
-Mais quitte à choisir un lieutenant, pourquoi ne pas choisir quelqu’un qui te soutient ? Hein ? Ça serait nettement plus efficace pour toi. Non seulement tu peux ordonner tout ce qui te chante, mais en plus tu as un lieutenant qui est aussi dégénéré que toi. Je sais que tu as des groupies dans le clan. Pourquoi ne pas avoir pris l’un d’eux ? Parce que tu sais que je ne vais pas te laisser bousiller le clan tout entier sans rien faire. Du coup, ça va pas être sympa pour toi, tu sais.

Elle marqua une pause et le regarda intensément. En fait ce qui lui plairait le moins, ce serait d’être complice de ses fantaisies et d’être obligée de les soutenir. Il le savait. Et savait aussi que ça mettrait sa sœur hors d’elle. Mais ça l’amuserait de voir sa sœur continuer son cinéma devant le reste du clan. Oui, devenue sa lieutenante, si elle se mettait à le détester ouvertement devant tout le monde, les gens verraient bien que quelque chose n’allait pas et viendraient tous poser des questions. Et hors de question que ça arrive. Elle en avait conscience. Et lui avait conscience que sa sœur en avait conscience.
-Mais c’est vrai que m’énerver à chaque occasion est un cadeau divin pour toi, ça, je peux le concevoir. Mais par contre, je ne pense pas que ça te soit vraiment indispensable. J’aurais pensé que tu préfèrerais assurer la pérennité de ton règne tu vois. Tu me déçois un peu sur ce coup là.

Eclat d’Obsidienne avait réussi à regagner une contenance, et il fallait en profiter. En effet jusque là, c’était Œil du Serpentaire qui avait mené la danse, à coups de tirades interminables. C’était au tour de le femelle de parler.
-Tu dis ne pas vouloir me faire coopérer. Alors qu’est-ce que tu me veux ? Le but d’un lieutenant, c’est justement qu’il coopère. Donc qu’est-ce que tu espères obtenir en me nommant pour te seconder ? Juste la joie de pouvoir dire que la famille aura régné sur le clan de l’Ombre ?

Elle marqua une autre pause avant de continuer.
-Tu sais, il y a quelques lunes, j’aurais trouvé ça parfait qu’on soit tous les deux à la tête du clan. Comme on en parlait quand on était jeunes, tu te rappelles ? C’est dommage que tu soies devenu un gros con depuis.







(Voilà, fallait bien que Obsi se défende un peu :p)