De l'autre côté du miroir [avec Petite Nuit] - abandon

Petite Nuit avait attendu son papa toute la journée, tout simplement parce qu'il lui avait confié un secret. En effet, un peu avant de partir pour sa mission secrète comme il l'avait appelée, il avait expliqué à sa tendre fille qu'il reviendrait avec un cadeau, pour elle. Oh, bien sûr, elle avait été heureuse de savoir qu'elle pourrait être gâtée. Et en même temps, elle redoutait ce dit-cadeau, comme si cela pourrait être quelque chose d'effrayant comme le sourire de Petite Glycine.

Alors, à l'entrée du clan, aux côtés d'Ecorce Brune qui avait bien voulu l'accompagner, elle eut un certain regain d'énergie en voyant son paternel arriver, boule de mousse à la gueule. Queue de Lézard était trempé, et pour autant extrêmement joyeux de confier cette balle emplie d'eau, lui expliquant qu'il s'agissait de « La meilleure eau du territoire. ». Ce n'était pas forcément vrai, et pourtant cela suffit à faire glousser la noiraude qui fut rapidement rapatriée à la pouponnière afin qu'elle n'attrape pas froid.

On la laissa sur le pas de la pouponnière, là où Petite Feuille semblait passer un mauvais moment en toute solitude. La fille biologique de Source de Secrets ne put que constater la scène, les oreilles couchées par la tristesse. Elle arrivait à analyser toutes ces émotions négatives qui traversaient la rouquine, et pas un seul instant l'idée de lui dire « Ça ira mieux demain. » ne lui traversa l'esprit. Ça ne ferait que la mettre dans l'embarras.

Elle s'approcha donc si doucement qu'on ne la remarqua point de loin. Sauf sa mère, qui l'encouragea à aller lui donner du baume au cœur, car elle voyait bien son manque d'assurance à cette approche. Elle ne le retira pas complétement, mais su le ralentir l'espace d'un instant. Savoir que sa génitrice était derrière elle face à sa démarche, lui donna un certain entrain dont elle n'avait jamais soupçonné l'existence.

Ainsi, elle se présenta face à son amie, sa sœur de lait avec sa boule de mousse dans la gueule qu'elle déposa doucement aux pattes de celle-ci. Elle la regarda, un poil intimidée, avant de se lancer doucement. « Un cadeau... Pour un gens que je n'aime. » expliqua-t-elle timidement, reprenant les mots de ses parents de façon un peu trop copier/coller. « Mon papa il a dit que c'est la meilleure eau. Peut-être que ça pourra soigner tes blessures du cœur ? » s'osa-t-elle à dire, sans penser à mal, puisqu'elle voyait bien la détresse de la frêle féline qui se tenait à ses côtés.

La détresse de Petite Feuille lui pesait, au point que ses oreilles se couchèrent naturellement de tristesse. Malgré son cadeau, celui qui lui avait réchauffé le cœur, la rouquine préférait la pluie et le froid. Sûrement trouvait-elle que les larmes lui siéent mieux, car elle assurait que tout allait bien sans même qu'elle en soit convaincue. A vrai dire, elle ne se croyait pas elle-même et préférait convaincre la noiraude qu'elle n'avait pas son importance. Mais, elle ne la prit pas aux mots. Etre aimé et avoir de l'attention lui semblait important, alors elle attendit sous la pluie : la fixant l'air maussade et le poil mouillé.

Cela surprenait sa camarade qui ne sembla pas comprendre et en laissa échapper quelques sanglots terribles. « 'Pas grave... » murmura Petite Nuit qui esquissa un demi sourire. Elle n'avait pas besoin de comprendre, juste de profiter du peu de consolation qu'elle pouvait lui offrir. Alors, dans un geste un peu désespérée, l'enfant se blottit contre son amie : la pluie l'ayant transie de froid en une fraction de seconde. « C'est mieux comme ça. » dit-elle rentrant toujours plus sa tête dans les épaules afin de conserver le maximum de chaleur, avant que les reines ne viennent les faire rentrer à la hâte.

Puis ayant enfin tâté le terrain, elle se lança. « Tu sais, moi aussi je pleure beaucoup, parce que c'est triste, que ça fait peur... Ou même parce que je suis contente. On dit que je suis une pleurnicheuse, mais maman dit que c'est normal de pleurer. Que ça fait du bien. » puis elle coula un regard auprès de la petiote « C'est comme Petite Bécasse qui'est contente avec des rires, moi j'ai besoin de larmes. » termina-t-elle, exprimant plus que maladroitement que chacun était différent.

Elle n'aurait su dire combien de temps elle l'avait scrutée, espérant peut-être un contact visuel avec la rouquine qui s'était toujours plus recroquevillée sur elle-même depuis le début de leur conversation. Elle ne fut pas à l'aise, jusqu'à la mention de son propre ressenti qui fit réaliser ce qu'elle attendait depuis plusieurs minutes. Yeux dans les yeux, Petite Nuit sentit une bouffée de chaleur dans ses énormes joues poilues, heureuse d'avoir su titiller l'intérêt de sa sœur de lait. Elle n'aimait pas réellement être le centre de l'attention, mais pour une personne, ça lui faisait un bien fou.

Surtout que Petite Feuille lui annonça être comme elle. Et ne plus se sentir seule restait une sentiment bien complexe pour les deux petiotes qui n'arrivaient toujours pas à en saisir le concept. Enfin, la noiraude le savait en surface, après tout, c'était elle qui lui avait fait part de son côté pleurnicheur qui n'était définitivement pas à éliminer. Alors... Oui, si elle aussi ne savait pas contrôler ses larmes qu'on lui reprochait si souvent : elles étaient semblables. Deux faces d'un même miroir. Similaires et complémentaires.

« Hm, hm. » indiqua la bicolore d'un signe de tête, confirmant les espoirs de la rousse, synonymes de délivrance. Car à peine l'annonce fut-elle faite, qu'elle voyait pour la première fois un joli sourire sur sa frimousse, mettant des étoiles pleins la tête à la fille de Source de Secrets. Car elle aimait son cadeau, elle l'en remerciait ! « De- de rien... ! » dit-elle nerveusement avant de reprendre « Si tu veux, je pourrais t'en faire d'autres. » mais lesquels ? Elle ne savait pas, elle ne la connaissait pas assez en détails pour cela. Mais son envie de bien faire prenait toujours le pas sur la raison. Quoique, elle avait peut-être déjà un cadeau, peu coûteux, mais qui pourrait faire l'affaire. « Hm... Si tu veux... Quand ça ira pas, ou quand ça ira, tu pourras pleurer 'vec moi ? Ça me dérange pas. » annonça-t-elle, ayant toujours trouvé ce moyen de pleurer comme... Libérateur de ses propres émotions.