- Un tour (de piste) -
Comme ce qu'il attendait (le spectacle...?) tardait à venir, Babe finit par prendre les choses en main. Médusé, Chardon Marbré le regarda quitter leur cachette pour aller se poser en plein milieu de l'espèce de petite clairière de sable, à la vue de tous. Complétement exposé.
Et, pour couronner le tout, il se mit à hurler des idioties à son habituel rythme effréné.
Chardon se ratatina un peu plus sur le sol. Avec tout ce bordel, ils allaient finir par être découverts, c'était certain ! Les bipèdes faisaient drôlement plus de bruit dehors, et ils n'avaient pas l'air d'avoir été alertés pour l'instant, mais le danger d'être pris sur le fait était immense. Babe était-il donc écervelé au point de ne pas s'inquiéter de ça? Est-ce que ce que Chardon avait jusqu'ici attribué à de la crétinerie était en fait de la bravoure...?
Difficile de le voir comme un chat courageux quand il était vraisemblablement juste en train de jouer. Et, même si il ne comprenait pas trop tout ce qu'il baragouinait, Chardon arriva au moins à comprendre ce qu'il attendait de lui : qu'il le rejoigne, tout simplement.
Pas question.Et pourtant, il se redressa, et après avoir jeté un bref coup d’œil autour de lui, se faufila jusqu'à la piste. Toujours dans son rôle, Babe continuait à zigzaguer comme un écureuil pris dans les feux d'un monstre. Pas vraiment 'le chat le plus rapide du monde' comme il l'affirmait, mais il était plus vif que Chardon l'aurait cru.
Rapide, mais pas autant qu'un guerrier de la rivière.
Piqué par le jeu sans trop s'en rendre compte, Chardon se détendit brusquement, comme un ressort, au moment où son (
ami) passa un peu trop près de lui. Il manqua presque son coup, s'imaginant déjà s'écrasant sur le sol poussiéreuse pendant que sa cible rigolait, mais ses pattes finirent par atteindre l'épaisse broussaille noire devant lui. D'un petit coup (les griffes rentrées, bien sûr) derrière la tête, Chardon marquait un point. Il osa un léger sourire :
"Touché."