En chemin vers l'avenir [pv. Vent du Nord] - abandon

Elle a mal aux pattes, mal au cœur, mal au corps, mal à la gorge. Elle a l'impression de brûler vive. Elle doit s'arrêter. Elle pousse un son rauque, entre le soupir et le grognement en se laissant tomber au sol. Sur le dos, les pattes en l'air, elle savoure le contact de l'herbe contre sa fourrure. La verdure lui offre une caresse apaisante, agitée par la brise du soir. Elle n'en revient pas d'avoir autant marché, depuis aussi longtemps. Quand elle a décidé de fuir, de quitter l'horreur, elle ne s'attendait pas à partir aussi loin de tout, du passé, de son histoire. Pourtant tout ça lui colle à la peau. Peu importe la distance qu'elle passe entre elle et son histoire, elle ne parvient pas à oublier. Ses oreilles s'agitent en entendant des petits pas de rongeurs dans les buissons. Presque comme un écho immédiat son ventre se met à gargouiller. Elle a faim mais elle est trop épuisée pour chasser. Tant pis, un jour de jeûne ne va pas la tuer. Elle ferme les yeux. Le repos, c'est tout ce qu'elle mérite.

Elle bat des cils, le sommeil semble l’avoir quitté. Un voile rouge assombrit sa vision, déformant les paysages qui l’entourent. Elle frissonne. Non, cela n’est pas normal, cela ne semble pas normal. Elle ne devrait pas voir comme cela. pas complètement. Elle ferme et réouvre les yeux. Son désespoir grandit tandis que la couleur pourpre ne disparaît pas. Elle se relève, trébuche en arrière, essayant de fuir sa propre vue. Non, ce n’est pas possible. Ce n’est pas la vérité. Au loin elle entend des murs, des chuintements de voix, son pelage est gonflé par la peur. Qui est là ? Qui vient pour elle ? Les odeurs du passé lui remontent en mémoire et dans les narines. elle tousse. Elle a l’impression d’avoir la gorge pleine de sable. La poussière de la fosse envahit sa vision, sa fourrure et sa gueule. Elle crache, re-tousse, continue à s’affoler. Et soudainement tout bascule.

Elle se réveille en sursaut, le poil encore hérissé par son cauchemar. Ce n’est pas la première nuit qu’elle passe ainsi, les nerfs à fleur de peau. Elle se donne un coup de langue sur l’épaule, comme pour se rassurer. Bientôt les fantômes du passé disparaîtront. Elle ne peut pas continuer à vivre éternellement comme cela, si ? Elle secoue la tête pour ne pas avoir à trouver de réponse à sa question. Son ventre gargouille, comme pour la ramener à la réalité de la veille. elle n’a toujours pas mangé. Elle a toujours faim. Elle soupira, peu motivée à chasser sachant ses compétences approximatives dans le domaine. Mais elle n’a pas le choix. il lui faut vivre. Pour elle, pour lui, pour eux. Pour tous ceux qui ne pourront jamais par la faute des bipèdes. Elle doit vivre.

Elle promène son regard à moitié vide sur le paysage environnant, à la recherche d’une proie visible mais rien ne semble se promener près de son lieu de repos. En même temps avec son sommeil agité cela ne serait pas étonnant qu’elle ait fait fuir toutes les proies à la ronde. elle renifle, un peu agacée, parce que cela signifie qu’elle va devoir marcher. Encore. Et pendant je ne sais combien de temps avant de retomber sur une âme qui vive. en espérant qu’il s’agira de gibier et pas d’un congénère. Elle a le poil tassé ou ébouriffé par endroits qui lui donne un air de vraie sauvage. Avec le reste de son allure elle fait peur. Pas plus mal. avec un peu de chance ça éloignera les curieux et découragera les prédateurs. Elle a la tête d’un chat qui va vous filer la maladie pour les jours à venir si vous croquez dedans.

Elle se met finalement en route parce que bon elle a faim et que c’est pas en attendant que la nourriture va venir à elle. D’ailleurs elle ne veut plus jamais que la nourriture vienne à elle. Cela lui rappellerait trop les bipèdes. Malgré son manque d’expertise dans le domaine et sa maladresse de débutante elle veut chasser. Elle veut devenir un vrai chat en fait. Enfin ce qu’elle imagine être un vrai chat. Est-ce que ça existe même un vrai chat ? C’est quoi un faux chat ? Toutes ces questions lui font mal au crâne alors elle secoue la tête et elle grogne. Et comme elle est encore un peu groggy de sa nuit agitée, elle n'avance pas très droit un court instant. Bon stop, se concentrer sur trouver à manger.

— … Qu’est ce qui vous est arrivé ?

Elle fit volte-face d’un geste, l’instinct de combat reprenant le dessus. Son corps s’orienta immédiatement vers le sol. Ses griffes se plantèrent dans l’herbe tandis que sa queue se gonflait, signe peu trompeur d’intimidation. D’où venait ce chat ? Comment avait-elle pu le rater ? Elle poussa un grondement sourd, incitant l’inconnu à ne pas s’approcher pendant qu’elle le jaugeait avec prudence. Enfin l’inconnue. Elle renifla à nouveau. oui c’était bien une femelle. Avec le poil bicolore et de vilaines cicatrices. Une bagarreuse ? Sa question n’allait pas dans ce sens. Elle était un peu perdue et perturbée par la situation alors elle préféra mettre les choses au clair rapidement. En plus, elle n'avait pas envie de se battre. Elle avait envie de manger.

- Bon déjà vous, vous bougez pas. C’est quoi ça d’arriver par derrière surprendre les gens comme ça. Personne vous a éduqué - Venant de quelqu’un qui n’avait reçu aucune éducation c’était un peu culotté mais bon ça personne le savait - ou quoi ? Ca ne concerne que moi “ce qui m’est arrivé” comme vous dites ? Vous voulez quoi ?