Hirondelle de printemps. [Invasion Printanière]

- C’est tellement embêtant le printemps! Tu trouve pas?

Nuage de Salamandre soupira longuement à cette pensée tandis qu’il marchait sur les quelques rares îlots de neige à moitié fondue qui survivaient aux journées de plus en plus tempérées. Le jeune chat était en « chasse » avec Nuage de Crapaud pour trouver un repas aux anciens; malgré qu’il ne faisait guère attention à être discret.

- Hormis l’arrivée du beau temps et de l’abondance, c’est plutôt beurk. Y’a cette odeur d’humidité désagréable partout et de feuilles en décomposition. J’ai de la difficulté à croire que certains puissent apprécier le printemps. C’est vraiment juste l’idée de l’été qui nous attend au tournant qui les attire. Non?

- J’aime bien le printemps. Y’a des flaques d’eau partout qui regorge de petites bestioles. Tu peux être comme cela « vla-vla-vla » en leur bloquant le chemin à gauche puis à droite et de nouveau à gauche.

- Je ne trouve pas cela très amusant d’embêter des créatures…

- C’est pour cela que personne ne te trouve amusant Salamandre-! Tu as presque peur de marcher. À chaque pas tu t’excuses à la terre et à l’herbe.

- C’est pas vrai! Ne dis pas n’importe quoi.

Répliqua-t-il vivement avant de prendre une expression grognonne. Il savait bien que son frère n’avait pas entièrement tort, mais il n’était pas non plus obligé de présenter la chose en extrapolant à ce point. Nuage de Salamandre était vraiment incapable de se mentir à lui-même quand il était en sa compagnie. C’était assez exaspérant comme situation lorsque cela se produisait. Leurs relations, à l’image de celle de tous, n’étaient pas toujours basées sur une entente parfaite; ce qui ne les empêchait pas d’être là l’un pour l’autre. La raison l’emportant toujours, ils finissaient par se pardonner leurs accros sans qu’il y ait de dommage à leur orgueil respectif.

- C’est juste que je préfère marcher dans la neige. Je… Je n’aime pas beaucoup la texture du sol quand il est comme cela…

Un frisson parcouru l’entièreté de son corps longiligne à l’idée de patauger dans cet amas difficilement descriptible qui émettait des bruits humides à chaque pas à sa surface. Aussi longtemps qu’il le pourrait, il allait courir les zones enneigées afin de se déplacer, et ce malgré sa fraîcheur.

- Petite nature.

Il adressa un regard mécontent à Nuage de Crapaud, presque meurtrier, avant d’accélérer le pas pour être tranquille en agrandissant la distance entre eux. Tous deux devinrent alors silencieux; sorte de mutisme consensuelle pour éviter d’aggraver les pots cassés. Avec cette ambiance morne et sans chercher à s’y rendre précisément, ils arrivèrent en bordure d’une falaise abrupte. Au moins une vingtaine de petits cris aigus se faisait constamment entendre tout autour d’eux alors que des hirondelles voltigeaient ou construisaient leur nid à même la paroi rocheuse. Ce spectacle particulier qui se livrait à lui était presque étourdissant par l’infinité de mouvements et le bruit assourdissant qui était produit.

- Crapaud t’as vu! Ce sont ces oiseaux qu’on entendait au loin. C’est incroyable! Regarde leur nombre!

Il observait en alternance les individus qui se posaient au sol pour récolter de la boue afin de bâtir leur nid et ceux qui participaient en groupe à un ballet aérien des plus agiles. Perdu dans cette contemplation, il prit une minute avant de réaliser qu’il n’avait aucune réponse.

- Crapaud?

Nuage de Salamandre chercha son grand frère du regard et réalisa rapidement qu’il était parti; sûrement depuis leur mésentente. Il fit une moue coupable en se disant que c’était de sa faute en ayant réagi comme il l’avait fait. Il allait s’excuser une fois qu’il serait rentré au camp avec quelque chose pour les anciens; il le retrouverait sûrement là-bas. Avec un peu de chance, il serait peut-être en mesure d’attraper l’un de ces volatiles qui lui étaient inconnus. Ils ne semblaient pas trop compliqués puisqu’ils se posaient où les flaques de boue. En étant à couvert et avec un peu de rapidité… Il ne perdait rien à essayer et en bonus il en apprendrait possiblement davantage à leur sujet grâce au savoir des anciens. En soi, ce n’était pas trop mauvais comme planning. Il se mit donc à parcourir la longueur du mur pour trouver une flaque de boue visitée avec une cachette propice à proximité; ce faisant, il s’efforçait de rester à couvert sous les arbres.

Les falaise n'étaient sur les terres de personne. Elle étaient neutres. Et 'neutre', ça voulait dire que Nuage de Chardon avait le droit d'y trainer les pattes.

Il était vrai que ça n'expliquait pas pourquoi il avait jugé bon de vadrouiller aussi loin de ses terrains de pêche habituels. Les falaises étaient si loin de la rivière... Il n'y était allé qu'une ou deux fois, quand Goujon Tranquille lui avait fait visiter les environs, histoire qu'il se repère un peu mieux loin de chez eux.

Il n'avait même pas de vrai raison de se trouver ici. Il s'ennuyait. Il faisait beau. Personne ne lui avait donné quelque chose à faire ce matin, alors il s'était éclipsé, se disant qu'il ramènerait un truc à manger au camp pour justifier son absence. Ça passerait sans doute. Son mentor ne l'avait pas calculé de la journée, et puis, merde, il était grand, maintenant. Bien assez vieux pour être guerrier, et bien assez pour aller trainer ses puces un peu plus loin que d'habitude.

Quand il arriva aux falaises, et qu'il remarqua la masse piaillante d'oiseaux un peu partout, il se dit quand même qu'il n'avait rien à foutre ici.

C'était aussi le cas de l'autre chat présent, en fait. Un... Chat du clan de l'Ombre? Un jeune, sans doute un apprenti, il n'avait pas l'air bien gros. Et il parlait à...

Personne?

"Tu parles tout seul?"

La question surprit même Chardon - ce n'était pas son style, d'être le premier à parler, encore moins à un membre d'un clan rival croisé par hasard comme ça.

L'autre n’eut pas le temps de lui répondre qu'un cri strident vint lui vriller les tympans, et Chardon trouva tout juste le moyen de se baisser pour éviter la boule de plume lancée à toute vitesse qui lui frôla les oreilles. Furieuse de l'avoir raté, l'hirondelle repartir plus haut en lançant une série de piaillements indignés. Tout aussi courroucé, Chardon foudroya l'animal du regard. Un oiseau qui attaque un chat?? C'était le monde à l'envers !

"Putain ! Mais qu'est-ce qu'ils ont, ces piafs?"

Les oiseaux, ça n'était pas sa spécialité. On les chassait peu, au Clan de la Rivière. Nuage de Grenouille lui avait dit que chez elle, ils mangeaient des corbeaux. Et les corbeaux, c'était sacrément plus gros qu'une bête petite hirondelle. Peut-être que ce jeune chat en saurait plus que lui...

Spoiler:

Au miaulement provenant derrière lui, Nuage de Salamandre sursauta avant de se retourner vivement. Il ne reconnaissait en aucune façon cet individu au pelage hirsute ainsi qu’aux pattes et à la queue imposante. Il faisait assez mal bourru même du point de vue de quelqu’un provenant du clan de l’Ombre. Déjà, plusieurs signes lui criaient de se méfier, mais surtout cette voix… C’était un mâle? Pourtant… L’apprenti ne s’y trompait pas, il était bien d’une couleur qu’il avait uniquement vue chez des femelles. Il s’agissait définitivement d’un chat bien étrange. De son côté, il parlait peut-être « seul », mais il ne l’était pas vraiment non plus en y pensant bien. Il ne manquerait plus qu’il gagne également cette réputation hors de son camp; au sein des chats errants ou pires dans les autres clans. Il s’empressait donc de répondre à cette boule de poil massive quand, sans avertir, une des hirondelles piqua à l’encontre du matou. Les yeux du jeune chat devinrent ronds comme des bleuets à la vue de ce spectacle. Lui-même ne s’était pas du tout attendu à cela de la part d’un si petit oiseau.

- Que…

Il s’écrasa d’abord au sol pour rester à l’abri du branchage qui lui servait de cachette, cependant en voyant le nouveau venu pestiférer sur place il s’étira afin d’agripper son épaule pour ensuite le tirer vers le couvert du buisson. Il n’avait pas été des plus délicat se faisant et le tricolore n’avait pas une carrure lui permettant de se cacher facilement dans un espace si restreint; contrairement à la petite taille de l’ombreux. Quelques branches encore sèches s’étaient cassées au passage dans un craquement sonore. Elles ne verraient jamais la saison des nouvelles feuilles arriver.

- Reste pas planté là comme un gros bêta! Il va revenir.

Miaula-t-il avec mécontentement suivi par une moue exaspérée.

- Tu viens carrément de faire rater ma chasse. T’es fier de toi j’espère? Et, non, je ne me parlais pas seul. Je discutais avec mon frère avant qu’il parte sans l’annoncer. Je pensais qu’il était encore là.

Il fronça des sourcils tandis qu’il observait avec davantage d’attention le malotru. Son odeur lui disait quelque chose, malgré cela il ne parvenait pas à mettre la patte sur ce que c’était; ayant trop peu rencontré de félin en dehors des siens et ne participant pas vraiment aux patrouilles de l’aube pour le marquage.

- Tu restes toujours sur place quand tu te fais attaquer? C’est étonnant qu’il ne te manque pas des morceaux.

Encore un peu figé après l'attaque surprise, Nuage de Chardon ne réagit que par un grognement quand le chat inconnu vint l’attraper pour le tirer dans son abri, dans le couvert d'un petit buisson. Surpris, mais ayant suffisamment repris ses esprits pour se rendre compte qu'on le traitait d'idiot, l'apprenti trouva le moyen de grommeler:


"Oh ça va, eh. Je m'attendais pas à me faire attaquer par un piaf, c'est tout."

Se montrer agressif n'était pas spécialement dans son intérêt. Même si l'autre avait l'air contrarié d'avoir raté sa chasse, il l'avait quand même aidé à se mettre à l'abri. Chardon doutait d'avoir été réellement en danger, mais c'était déjà ça. Il aurait détester devoir fuir devant un si petit oiseau, ça aurait été terriblement humiliant. Aussi il prit un air un peu plus aimable pour continuer.

"Moi c'est Nuage de Chardon, de la Rivière. T'es du clan de l'Ombre, c'est ça?"

Ils étaient en terre neutre, se présenter ne fera sans doute pas de mal? Nuage de Chardon ne savait jamais sur quel pied danser, avec les membres des autres clans. Au moins, avec un chat furieux qu'on traine vers son territoire, il savait à quoi se tenir. Mais là, les falaises n'appartenaient à personne, et ce chat n'avait pas l'air franchement féroce.

Chardon huma quand même l'air, histoire de vérifier si le frère dont il avait parlé ne revenait pas sur ses pas, et n'en arrive à la mauvaise conclusion à les voir ensemble. C'était... Étrange, il ne sentait rien. Mis à part l'odeur étrange du clan de l'Ombre sur la fourrure du jeune chat en face de lui. Est-ce que son frère était parti depuis si longtemps que son odeur avait déjà disparue des falaises? Bizarre. Il avait eu l'air de dire qu'ils venaient de se quitter...

- La rivière?

Miaula-t-il avec une expression pensive tout juste après que le gros matou se soit présenté. Cela faisait plutôt sens au vu de son odeur qui lui rappelait celle du pelage humide, par temps de pluie, ainsi que l’arôme de l’asclépiade; dont les effluves étaient semblables à la vanille. Un mélange assez étrange qu’il ne trouvait pas forcément agressant, mais pas non plus très flatteur. Sa queue s’agita légèrement alors que sa truffe continuait d’inspecter avec curiosité le grand gaillard jusqu’à ce que celui-ci le questionne. L’espace d’une fraction de seconde, l’apprentie eut envie de répondre à la négative, cependant il se rectifia lui-même avant de le faire. Ce n’était définitivement pas son genre d’être malhonnête malgré que sa nature précautionneuse revenait au grand galop maintenant que son étonnement était chose du passé. Il joua de prudence et de vérité en optant pour une demi-réponse qui ne dévoilait pas son rang ni son clan; pour le peu que cela valait.

- Hum. Je suis Salamandre.

Il l’avait aidé sans penser un instant aux répercussions, négatives ou positives, de ses actes ni au côté intimidant du guerrier de par sa stature. Il n’aimait guère la situation dans laquelle il s’était mis. « Je suis trop bête. C’est pas croyable. Pourquoi je ne suis pas resté caché moi et qu’il se débrouille! ». Il observa longuement Nuage de Chardon tandis qu’il le jugeait. « C’est vraiment un apprenti…? Il est énorme! Normalement, c’est Nuage de Grenouille qui est dans ce genre d’histoire…». Il serra des crocs avant de jeter un coup d’oeil autour d’eux dans l’optique de partir quand il aurait une opportunité par une accalmie des hirondelles. C’est alors qu’il remarqua les innombrables insectes qui avaient envahi l’espace autour d’eux; le buisson les gardant à l’abri d’une partie de l’essaim.

- C’est quoi cette éclosion?! Il n’y en a jamais autant, normalement.

Il se secoua vivement pour chasser quelques insectes qui étaient à se promener sur lui, après avoir rejoint le coeur de leur cachette, puis il se lava dans un mouvement frénétique pour chasser la sensation. Alors qu’il s’était approché du bord de l’arbuste, il avait maintenant rebroussé chemin pour s’installer en son sein pour se garder de la myriade insectes. Il poussa un long soupir en silence : « Est-ce que je suis vraiment coincé ici avec lui le temps que ça se calme? ».

Salamandre, Salamandre...

Pourquoi est-ce que Nuage de Chardon trouvait ce nom familier? L'autre chat n'avait pas jugé de préciser un suffixe. Il s'imaginait que ça devait être Nuage de Salamandre, vu sa carrure. Il n'était ni bien grand ni bien épais, et vu son attitude, il avait peu de chance d'être bien un guerrier.

Nuage de Salamandre...

"T'es la frère de Grenouille?"

Cette illumination surprit presque Chardon - il avait oublié que, ce nom là, il l'avait effectivement entendu dans la bouche de Nuage de Grenouille. Bouche qui, honnêtement, balançait un tel volume d'information que c'était presque normal que ça lui soit sorti de la tête. Et puis... Ce chat là avait dit avoir un frère, non? Il ne se souvenait pas que Grenouille ai déjà mentionné avoir deux frères... C'était peut-être une coïncidence.

Comme le tourbillon de plumes plus loin avait redoublé d'intensité, Chardon jugea bon de reporter son attention sur les oiseaux furieux. Ils s'étaient mis à table, visiblement, et ça piaillait fort, ça fonçait de partout, une vraie nuée de boule de plumes qui remplissait le ciel.

"Y sont déréglés, ces piafs. Le printemps, ça rend les proies un peu dingues. En ce moment, chez nous, c'est les moustiques qui sont hors de contrôle. Y'en a partout."

Nuage de Chardon allait se plaindre des piqures quand il se souvint à qui il parlait. Ce n'était peut-être pas une très bonne idée, de partager les petits soucis de son clan avec un étranger appartenant à un clan adverse. Frère de Grenouille ou pas, pas question de faire passer le clan de la Rivière pour des faiblards qui plient devant trois pauvres piqures de moustiques.

C’est un regard étonné qui accueillit la question de Nuage de Chardon. Le matou ne lui disait rien, mais pourtant celui-ci connaissait visiblement sa soeur. Parmi l’ensemble de ce que sa frangine lui racontait elle lui aurait glisser un mot concernant un chat ballot du clan de la rivière qu’on s’imagine davantage couler à pic que nager avec élégance. D’ailleurs, Nuage de Salamandre se remit à l’épier avec une expression inquisitrice. Peut-être qu’il avait du sang de chat domestique en lui. Certains pouvaient se montrer très massifs pour leur âge et avoir des traits assez particuliers. Comme ce chat sans poil qu’il avait aperçu une fois. Les animaux habitant les nids des bipèdes étaient parfois aussi étranges que leur environnement.

- Oui, c’est ça. Tu la connais d’une assemblée?

Par réflexe envers l’anarchie qui les encerclait, il pressa son flanc contre celui de son compagnon d’infortune. Il s’en voulut intérieurement de se sentir aussitôt rassuré par la sensation de sa fourrure moelleuse et d’agir avec lui comme s’il s’agissait d’un frère d’armes. Cependant, les piaillements incessants qui avaient redoublé de volume, à cause de la nouvelle volée qui avait rejoint la première, écorchaient ses oreilles à en devenir sourd pour un moment. D’une certaine manière, ces volatiles étaient pires que le Chemin du tonnerre. Au moins, il connaissait le parcours des monstres vrombissant qui l’arpentait. Ici, rien n’était prévisible dans leur allée et venue.

- Les moustiques on s’y fait. On en a pratiquement à l’année sur mon territoire. Tu n’as qu’à te rouler dans de la citronnelle ou de la lavande. Mais des oiseaux comme ça… Je ne vois pas ce qu’on peut faire hormis attendre.

Il poussa un long soupir pour détendre sa respiration puis il jeta un coup d’oeil vers le ciel. Même les rapaces semblaient garder leur distance. Il se jura de ne pas s’y faire prendre à deux fois. De toute évidence, ce n’était pas seulement les forêts silencieuses qui recelaient des dangers.

- On a vraiment l’air de deux idiots… Pour le coup, on tient plus du lapin que du chat.

Dit-il avec amusement accompagné d’un léger frétillement de sa queue.

Ça, pour avoir l'air idiots...

C'était indigne d'un futur guerrier, de se terrer comme des lièvres affolés à la première bizarrerie. Et de fuir devant des piafs, quelle honte ! Nuage de Chardon était bien embêté - si sa fratrie entendait parler de ce ridicule épisode, Morsure se foutrait bien de lui. Et que dire de Grenouille et Croc, dans le clan de ce Salamandre? Eux aussi, ils adoraient rire lourdement à ses dépends. D'y penser lui hérissa le poil.

Ce qui finit de le hérisser, ce fût le contact avec la fourrure sombre de son compagnon d'infortune. Parce que Nuage de Salamandre s'était rapproché. Involontairement, sans doute. Ils étaient serrés, dans leur cachette, et si le matou de l'ombre n'était pas bien grand, Chardon avait commencé à chopper la carrure de ses illustres ancêtres depuis quelques lunes. Sans être immense, il occupait bien l'espace restreint.

Et donc, Salamandre avait finit collé contre son flanc.

C'était chaud. C'était doux. C'était tellement pas désagréable que le constat foudroya plus Chardon que tout les petits becs vicieux prêts à se planter dans sa truffe qui rodaient dehors. Qu'est-ce que-

"Tch, restes de ton côté," grommela-t-il en se décalant, sans trop non plus repousser l'autre. C'était... Rien. Personne n'aimait être collé par un étranger.

Passe à autre chose.

"On s'est rencontré à l'Assemblée, oui. Grenouille. Hum. Votre Nuage de Crocs est venu se perdre chez nous, quand j'étais chaton, on a..."

Hésitation. Est-ce que ça valait seulement encore le coup de partager cette anecdote? Déboussolé par le sentiment bizarre qui l'avait traversé après ce contact surprise, Chardon ne savait plus très bien si il avait laissé passer trop de temps entre la question de Salamandre et sa réponse. Tant pis, foutu pour foutu...

"Sympathisé, j'imagine."

En fait, Chardon ne savait toujours pas très bien comment leur espèce de relation avait pu se former, avec Croc, Grenouille... Escargot aussi, quelque part. Les deux apprentis du clan de l'Ombre avaient toujours l'air ravis, les rares fois où il se croisaient... Chardon ne comprenait pas vraiment... Mais quelque part, c'était un peu comme cette chaleur un peu plus tôt. Confus et pas désagréable.