[Inondation] Enfin à Cerfblanc | ft Grassette et Feulement

ENFIN A CERFBLANC - Lune 40 - Age 70 L.


Je ne savais pas combien de jours cela faisait depuis que j'étais sortie de cet enfer aquatique. Toute cette eau.. j'avais du en recracher des litres, assez pour re-remplir la rivière -même si elle était déjà assez remplie comme ça lors de mes derniers souvenirs-. Je trainais les pattes, comme tous les jours depuis que j'étais sur la terre ferme. Si respirer de l'eau et succomber dans les bras de ma protectrice avait été douloureux, être privée de ma force habituelle l'était encore plus. Mais comment pouvais-je prendre mon temps, à me reposer et à manger, alors que les miens étaient sur des terres si dangereuses ? Non, je devais les rejoindre. Et là, je rêvais du jour où j'allais remettre une patte juste sur les terres que je connaissais, peu importe chez qui je finissais. La queue ramassant la boue et la crasse derrière moi, j'enchainais les paysages inconnus, jusqu'à ce que.. cette odeur.. Piquante, sapin, humide à cause des marais mais je ne devais pas être moins humide pour le moment.. Les terres de l'Ombre ? E-Enfin ! J'approchais de mon but ! Mon cher clan, je n'étais plus qu'à un marais, un chemin du Tonnerre et une forêt de vous retrouver. Puis, traverser ce marais, ça ne devait pas.. être... si compliqué. Même si chacun de mes pas semblaient être absorbés par le sol. Ca me rappelait la fois où j'avais mis une patte dans ce territoire, apprentie, et que l'une des leurs m'avait arraché une oreille. Aha, on s'était bien défoulée ce jour là ! Je.. j'espérais retrouver un dixième de cette force ces derniers jours. Ca me servirait bien pour traverser ce marais.. et avant ça ce...nid puant de Bipèdes qui.. n'était.. pas confortable du tout. Non, vraiment.. vraiment un très mauvais endroit pour.... un... somme...

Etoile Déchirée
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Le territoire était sens dessus dessous. Il y avait des déchets à ne plus savoir quoi en faire, des arbres renversés et la boue était plus profonde que jamais. Y avait-il déjà eu une inondation si violente ? Grassette Tremblante avait beau se creuser les méninges, elle ne pouvait se souvenir d'un tel désastre. Le sol était jonché de proies mortes, qui commençaient déjà à pourrir.. c'était un vrai gâchis. 

Étoile Feulante était à ses côtés, les deux meneurs du clan de l'Ombre constataient l'ampleur des dégâts, mais bien qu'elle ne devrait pas, ses pensées se tournèrent vers les autres clans. Comment allait le Clan de la Rivière ? Est-ce que le Clan du Tonnerre avait été touché aussi ? Est-ce que la lande du Clan du Vent était intacte ou souffraient-ils comme eux ? Tant de questions qui resteraient, pour le moment, sans réponse. Il fallait sur son clan, et uniquement les siens.

Pourtant, alors qu'ils s'approchaient du Charnier, Grassette Tremblante constata une masse au loin : un félin au pelage gris qui trainait des pattes. De loin, il semblait mal en point, il ne manquait plus qu'à voir de près. La lieutenante désigna l'intrus d'un hochement de tête - son chef l'avait sans doute remarqué aussi - avant de presser le pas. Plus elle se rapprochait, plus le visage du félin lui revenait : c'était Étoile Déchirée.

Sans avoir le temps de miauler quoi que ce soit, Étoile Déchirée avait déjà sombré. La meneuse semblait en piteux état : son pelage était sale, rempli de feuilles et de petits débris, et ça donnait presque envie à Grassette Tremblante de la débarrasser de toutes ces cochonneries.. mais il s'agissait là d'une cheffe ennemie qui n'aurait pas hésité à lui en coller une si elle avait osé poser une patte en sa direction. Grassette Tremblante tourna la tête vers son chef, l'interrogeant du regard.

Splotch, splotch, splotch.

Le sol qui s'affaissait sous les pattes d'Étoile Feulante était gorgé d'humidité et d'immondices en tout genre. Là où l'eau ne montait pas jusqu’à son ventre, la boue s'attachait à sa fourrure et la couvrait d'une couleur brunâtre.

Les gros corbeaux qui survolaient d'habitude le ciel de l'Ombre s'agitaient au sol, heureux du festin qu'avait apporté l'inondation. Ils se savaient protégés des griffes des chats qui peinaient à évoluer sur leurs terres ravagées, accordant donc d'avantage attention aux cadavres de rongeurs qui traînaient dans le bourbier.

En recherche d'un meilleur point de vue, le meneur bondit sur l'une des nombreuses structures que la rivière avait balayée. L'odeur de l'homme s'y attachait encore, omniprésente dans les alentours du charnier.

Quel bordel.

Le paysage était simplement méconnaissable: les détritus, habituellement gardé par d'immense pièges de fer, avaient été éparpillés jusqu'à perte de vue. Au cœur du fouillis on ne discernait même plus un objet d'un autre, tous amassés dans un tableau indigeste de formes et de crasse. Entre deux reliefs, ce qu'il eut cru être un énième déchet se mouva.

La chatte tri-colore à ses côtés sembla remarquer l'étrange présence à son tour et sans mot dire prit l'initiative de s'en approcher. Un regard interrogateur fut échangé, puis enfin, Étoile Feulante finit par quitter son perchoir.

Était-ce bien... Déchirée?

Devant eux la meneuse de la rivière, loin de la féline audacieuse qu'elle représentait habituellement, respirait péniblement. Sa fourrure trempée collait à son corps couvert de saletés et à la voir on peinait à croire qu'elle n'avait pas encore rejoint les nombreuses carcasses qui jonchaient le territoire

Comment s'était-elle retrouvée si loin de chez elle? Le courant l'avait-elle emportée jusqu'ici? Était-elle seule?

Uh.

L'une des grosses pattes du mâle charcoal se dressa pour venir remuer le corps de la femelle tigrée.

" Déchirée? " l'appela t-il.

Que faire? Feulement n'était pas spécialement ravis à l'idée de ramener une étrangère chez lui, mais l'abandonner à son sort reviendrait probablement à faire naitre des hostilités entre leurs deux clans. Et puis, elle qui ne tenait plus sur ses propre pattes, quel mal pourrait-elle bien leur causer?

" Déchirée. "

Ses yeux d'ambre se plissèrent, perplexe, avant de se poser sur la mine de Grassette tremblante.

" Aide moi à la ramener au camp. Faudra envoyer une patrouille, voir si y'en a d'autres. "

Si la meneuse de la Rivière s'était échouée ici, combien des siens l'avaient suivi? Sa tribu semblait avoir été ravagée par le désastre, mais il supposait que la nouvelle n'était pas une surprise.

Mph, il espérait ne pas avoir à transformer son camp en un refuge improvisé.

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Déchirée ?

Déchirée.

Secouée par une énorme patte, pas le temps de faire la sieste plus longtemps. J'essayais d'ouvrir les yeux, encore coincée dans mon sommeil à cause de la fatigue accumulée. Mais si l'entente de mon nom -enfin la moitié de celui-ci- ne me donna pas assez d'inquiétude pour que je me réveille tout à fait, "ramener au camp" marcha totalement. Un râle sorti de ma gorge alors que mes pattes se mirent enfin en mouvement. Je les rassemblais sous moi et mes épaules donnèrent toute la force qu'elles avaient.

" Non... pas votre camp.. j'n'ai pas besoin d'aide... " miaulais-je d'une voix rauque.

Je n'avais pas besoin que mon clan soit redevable à un autre, surtout qu'on venait d'essuyer une catastrophe. Je ne savais même pas dans quel état ils étaient, et je ne pouvais pas leur mettre la pression de devoir quelque chose à d'autres chats. Etaient-ils à l'abri ? Avaient-ils à manger ? Avions nous des pertes ? Ces questions tournaient sans cesse dans ma tête. Une super chef ne laissait pas ce genre de chose arriver. Et j'étais une super chef. Et c'était arrivé. J'usais mes dernières forces pour enfin me tenir droite, assise, la tête sans doute un peu tombante vers l'avant, ma nuque n'ayant plus l'énergie de la tenir haute. Mes yeux papillonnaient, mais j'étais réveillée.

" J'vais très bien, je dois juste souffler... et je rentre chez moi. "

Si chez moi existait encore.

Etoile Déchirée
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"Sûrement" 

Une pierre deux coups, elle avait répondu aux deux ordres de son meneur, mais alors qu'elle s'approchait de la cheffe ennemie, se demandant comment elle arriverait à être d'une quelconque aide pour son imposant meneur, Étoile Déchirée poussa un râle avant de s'asseoir. Elle déclara qu'elle n'avait pas besoin d'aide, qui lui suffisait de reprendre son souffle et qu'elle allait bien, pourtant elle avait piètre allure et Grassette Tremblante le voyait très bien.

"Allons Étoile Déchirée, accorde-toi quelques minutes de repos, miaula-t-elle doucement. Depuis combien de temps marches-tu ?"  

Refuser d'être aidé, c'était monnaie courante chez les guerriers, à croire qu'ils s'étaient tous passés le mot pour être têtu. La lieutenante secoua la tête doucement, ce serait difficile de lui faire accepter quoi que ce soit, encore plus de la traîner jusqu'au camp, il fallait trouver un compromis, et c'était aux ombreux de le faire.

"Je pourrais te guider à travers notre territoire, quand tu iras mieux, et sur ces mots elle se tourna vers Étoile Feulante, si tu me le permets"

Le corps trempée de la chatte tigrée se mouva en saccade, poussant sur ses pattes affaiblis pour se redresser. Sa tête semblait lui peser des tonnes, oscillant tant elle peinait à la garder droite par-dessus ses épaules.

" Non... pas votre camp.. j'n'ai pas besoin d'aide... Miaula t-elle d'une voix rauque qui trahit sa fatigue, J'vais très bien, je dois juste souffler... et je rentre chez moi.
- Allons Étoile Déchirée, accorde-toi quelques minutes de repos, Depuis combien de temps marches-tu ? demanda alors doucement Grassette Tremblante, Je pourrais te guider à travers notre territoire, quand tu iras mieux, puis, elle pivota vers le male charcoal, si tu me le permets. "

Etoile Feulante coucha son regard sur la meneuse éprouvée, trouvant ses paroles irrationnelle, sinon complètement absurdes.

" Elle tient à peine debout. Déclara t-il avant de tourner son attention vers la pinède (devenue bourbier) qui les entouraient. Si on la laisse ici, les corbeaux vont la bouffer. "

Et si ce n'était pas les corbeaux, ce serait les rats, les tiques, les moustiques ou les sangsues.

ENFIN A CERFBLANC - Lune 40 - Age 70 L.


Les deux chats à la tête de l’Ombre ne semblaient pas vouloir insister à me ramener dans leur camp. Tant mieux, je ne voulais pas me prendre la tête avec eux, et encore moins me battre. D’abord car j’avais besoin de ma précieuse énergie, et puis parce que si je ne voulais pas que mon clan dépende du leur, je voudrais encore moins lancer une guerre vu l’état actuel de mon clan. Surtout que je ne savais pas dans quel état il était. J’avais confiance que Chardon Marbré avait pris soin d’eux mais est ce que d’autres chats avaient disparu comme moi ? Ça il n’en pouvait rien. Moi même je n’avais pas pu y échapper, alors qui aurait pu ?

Au moins, la lieutenante me proposa de m’accompagner jusque chez moi quand j’en serai capable. J’étirai mes membres endoloris par la précédente marche sans fin, si je n’avais pas une belle mine, ça ne voulait pas dire que j’étais incapable.

" Je sais encore où j’habite. Je vais faire de mon mieux pour me remettre sur pattes,.. je comprends que vous ne voulez pas d’un chat étranger.. sur vos terres en ces temps difficiles. "

Être enfin assise me permit de retrouver assez de force pour parler dans m’arrêter tous les trois mots. Je tentai de relever mieux ma tete, regardant mieux où je le trouvais. Ce n’était pas glorieux en effet. Étoile Feulante parlait de moi comme si j’étais absente. Comment ça, mangée par un bête oiseau ?

" Tu peux me parler en face, Étoile Feulante, mes oreilles ne sont pas remplies d’eau.. je t’entends. " grommelais-je

Qu’est ce que j’aurais fait si un membre d’un autre clan, voir un chef, se retrouvait sur mes terres après sa disparition ? J’aurais œuvré pour qu’il parte immédiatement, c’était sûr. Mais Feuille de Saule lui aurait essayé de me contredire et d’au moins soigner ce disparu qui a émergé sur nos terres. Un guérisseur hein. J’étais sûre que j’allais bien, mais s’ils ne voulaient pas me croire, peut être que l’entendre d’une autre bouche les convaincront.

" Si vous craignez tant pour ma santé.. sans doute que votre guérisseuse vous assurera que je vais bien et voilà, je pars juste après pour mon camp et .. on n’en parle plus. "

Plus vite ils sont satisfaits, plus vite je peux me reposer pour partir d’ici. Je venais de faire un énorme chemin, je n’allais pas m’arrêter si proche de mon camp !

Etoile Déchirée
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