Une histoire de pomme (ft. Molly)

Elle commençait à s’habituer au rythme calme de la vie à la Tribu. Elle avait craint au début de ne pas être adaptée pour ce genre de quotidien en communauté. Elle n’avait pas vraiment eu de bonnes expériences passées de ses relations avec d’autres félins. A l’exception de son frère et de son tuteur. Mais pour le reste l’agressivité et la méfiance prédominaient dans ses échanges avec les inconnus. Elle essayait de corriger ce réflexe depuis qu’elle était arrivée à la Tribu. Ici tout le monde était serein, avec un lourd passé, en quête de repos. Montrer les crocs aurait été complètement inapproprié, et injustifié qui plus est. De mémoire, elle n’avait même pas le souvenir d'avoir assisté à une dispute depuis qu’elle avait mis les pattes dans le verger.

Elle était donc perdue dans ses pensées en train de contempler les pommiers quand l’une desdites pommes lui tomba sur la tête. Le choc interrompit immédiatement ses douces pensées et elle dû cligner des yeux plusieurs fois avant de percuter ce qui venait de lui arriver. En tournant la tête vers le fruit au sol elle constata qu’il n’était pas mûr, il n’avait donc pas pu tomber de lui même. Elle se leva et commença à tourner autour du pommier afin de trouver la source de cette attaque personnelle.

En plissant son œil performant en direction des feuillages elle découvrit la présence d’un perfide rongeur roux. Ah très bien. monsieur l’écureuil avait décidé de jouer au plus malin. Elle se dressa sur ses pattes arrière pour prendre appui sur le tronc de l’arbre, grognant en direction du malotru. Ce dernier ne se le fit pas dire deux fois et bondit en direction d’un autre pommier pour fuir la colère de la féline. Allez hop bon débarras. Il se prenait pour qui à venir lui balancer des fruits sur la tête. Elle l’observa déguerpir avec satisfaction. De toute façon, il aurait été bien trop compliqué qu’elle lui grimpe après dans le pommier, elle n’avait pas la dextérité nécessaire. D'ailleurs, elle n’avait jamais essayé de grimper dans un arbre à y réfléchir. Elle observa le tronc en face d’elle. Était-ce le moment d’essayer ?

UNE HISTOIRE DE POMME - LUNE 24 - AGE 40 L.


Encore une nuit à dormir contre la fourrure chaude et colorée de ma maman. Sa respiration me berçait, rythmait mon ronronnement. J'avais l'impression de vivre avec un groupe de chats sauvages comme ceux que maman me contait chatonne. "Mais ici, personne ne fait la guerre" avait dit Maman. Et surtout, pas de Bipèdes. Ils ne viendront plus m'enlever à ma douce maman, il n'y a plus leur Monstre pour manger mes pattes, il n'y a plus de mains imberbes qui veulent me toucher, me soulever, me manipuler. Quel bonheur. Je ne voulais plus quitter cet endroit. Après, il m'aurait été dur d'aller loin. Quand Morsure et son frère m'ont libérée avec Coeur Brisé du Monstre qui voulait me cuire vivante, on a du laisser mes pattes de Monstre là-dedans. Disons que je comptais plus sur sortir de là vivante sur le moment. Puis, sans Bipède, impossible de les mettre ou les enlever. Bref. inutiles. Je me déplaçais depuis en trainant mon arrière-train, ou un improvisant des petits bonds. Jamais très loin, je ne voulais pas me blesser. Parfois, des chats proposaient de me transporter, c'était vraiment gentil et c'était bien plus facile pour moi ! Mais j'étais encore trop.. gênée, pour demander de moi-même. Donc si personne ne me disait rien, je continuais à trainer, discrètement.

C'était la saison des Feuilles Nouvelles, et les arbres du verger dans lequel on habitait était en fleurs, voir déjà avec de petites pommes très vertes et très petites. Comme mes yeux un peu. Il faisait doux et je voulais prendre le soleil près des arbres, donc je me dérobais du nid de ma maman, qui me salua d'un "Fais attention à toi Petit Désert", nom que je savourais. Juste ma maman l'utilisait mais c'était parfait.

Je trainais doucement mon corps jusqu'aux arbres situés non loin, jusqu'à ce que je vois une des nouvelles venues de la Tribu. Enfin, nouvelle, arrivée peu après moi, mais maman ne la connaissait pas et son oeil en sang était intimidant. Je n'avais jamais chercher sa compagnie. De toutes façons, je rattrapais les lunes perdues avec ma maman. La tigrée semblait pas méchante pour autant, et ce jour-là, elle semblait même embêtée par quelque chose dans l'arbre. Juste deux pattes posées sur le tronc, elle ne bougea pas plus. Elle aimerait grimper ? Ah, si elle voulait, je savais à qui demander. Je m'approchai d'elle doucement.

" Ma maman dit que les chats du clan du Tonnerre savent très bien grimper ! C'était son clan, elle pourrait t'apprendre si tu lui demandes ! " expliquais-je de ma petite voix douce mais peu assurée.

Molly
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Elle se préparait à bander ses muscles pour se propulser vers la cime quand une petite voix retentit derrière elle. Merde c'est quoi ça. Elle plante ses griffes dans le tronc des surprise ce qui lui provoque une brève douleur. Elle a envie de prétendre qu'elle n'a rien entendu et disparaitre dans le pommier. Mais vu le manque de feuilles dans celui-ci en particulier et ses doutes quand à sa capacité à littéralement l'escalader. Peut-être pas une bonne idée. Sauf qu'elle a pas envie de parler à quelqu'un là. Elle était tranquille.

Elle jette un coup d'oeil vers l'intruse et son sang se glace en découvrant la demi-portion qui se trouve derrière elle. Vraiment une demi-portion. c'est un chat ça ? Elle en jamais vu dans cet état de vivant. Ca a un côté effrayant. Comme la gamine a fait pour venir jusqu'ici. est-ce qu'elle s'est... trainée... par terre... Ecarlate se sent terriblement gênée, c'est la première fois qu'elle voit l'infirme, elle ne savait même pas que ce ... chat faisait parti de la Tribu. Elle peut pas rester comme ça en tout cas, l'inconnue doit avoir vu qu'elle l'avait vu et c'est encore plus gênant de fixer un tronc de pommier que d'entamer la conversation avec elle.

- Le Clan du Tonnerre ?

Elle essaye de se rappeler de ce que la gosse lui a dit. Remarque si ça se trouve la petite a son âge mais comme elle est... hm petite, difficile d'évaluer précisément son nombre de lunes. Ecarlate s'est retournée pour lui faire face et doit lutter pour que son regard reste concentré sur le visage de l'inconnue au lieu de dériver vers ses pattes. Enfin son absence de pattes. Elle n'a pas l'air perturbé par son apparence en plus. Est-ce qu'elle a toujours été comme ça ? Est-ce qu'elle est née comme ça ? Comment c'est possible ? Elle a beaucoup de questions mais elles sont complètement déplacées et indiscrètes. Et pas besoin d'avoir reçu une éducation parentale pour s'en rendre compte donc elle garde bien sa gueule fermée.


- Je t'ai jamais vu, tu fais partie de la Tribu ? Tu étais au Tonnerre avec ta maman avant ? Elle demande pour que la conversation ne s'arrête pas et garder son attention rivée sur la tête de la chatte.

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La chatte tigrée resta un instant, griffe plantée dans l'arbre. Elle me fixa un moment, surprise. Je lui avais fait peur ? Je me mis en position assise, posée sur mes hanches et ma queue entourant mes pattes manquantes. Comme je vivais exclusivement avec ma maman dernièrement, pendant la saison des feuilles mortes et de la mauvaise saison, je n'étais plus habituée à croiser de nouveaux chats qui étaient inconnus à ma condition. Après, la féline se retourne et je vis ses griffes bleues. Que.. était-ce normal ? Maman ne m'avait jamais parlé de chats aux griffes bleues ? Rouges limites, à cause du sang des guerres, mais jamais bleu. ... Je préférais bleu, c'était moins effrayant. Puis elle avait déjà l'œil tout rouge. Toujours intimidant. Mon regard fuyait entre son œil blessé et ses griffes étonnantes. Il trouva enfin refuge sur le collier multicolore de la chatte et je soupirai mentalement. En plus, il était joli. Je préférais néanmoins les voir sur les autres que sur moi-même. Je repoussais un vague souvenir d'un nœud énorme et ridicule accroché à mon cou. Elle posa une question sur le clan du Tonnerre et ma maman. Mes oreilles se dressèrent, droites et intéressées.

" J'ai rejoint la tribu au début de l'automne ! Mais avec le mauvais temps, ma maman préférait que je reste majoritairement à l'intérieur. "

Je ronronnais. Maman faisait vraiment très attention à moi et ça me comblait de bonheur.

" Et avant, je vivais chez les Bipèdes, jusqu'à ce que par chance, on me libère et que ma maman, Curieuse Pénombre, me retrouve et me ramène ici ! "

Je fis un petit signe de la tête.

" Oh ! Pardon, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Molly ! "

Maman n'aurait pas été contente de mon impolitesse.

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Elle sentit l'autre chatte aussi mal à l'aise qu'elle ce qui, étrangement, la rassura. Au moins elle n'était pas la seule à être gênée. Et puis la scène devait être bien bizarre d'un point de vue extérieur. Leur deux physiques atypiques réunis dans un champ de pommiers. Cela n'avait pas vraiment de sens. s'en était presque comique. Mais les raisons de leurs spécificités l'étaient bien moins. Enfin, dans son cas elle en était sûre. et dans le cas de la petiote elle s'en doutait. Maintenant qu'elle était revenue au même niveau que l'étrangère elle se fit la réflexion que la gamine n'était pas si petite que ça. En fait elles étaient presque de la même taille. Evidemment marcher à deux pattes ne facilitaient pas l'estimation de sa taille. Elles se faisaient face, assises par terre et l'interaction lui parut aussitôt moins gênante. Elle se détendit un peu.

" J'ai rejoint la tribu au début de l'automne ! Mais avec le mauvais temps, ma maman préférait que je reste majoritairement à l'intérieur. "

Elle se demanda si c'était lié à son infirmité. probablement. Si elle essayait de se mettre à la place de sa mère elle n'aurait pas voulu qu'il arrive un accident à sa fille. Dans le froid qui plus est. Elle aurait pu se perdre, ou tomber, ou avoir le bout des... moignons qui gèlent. La brève image d'illustration qui passa dans son esprit la fit frissonner. Elle se demanda comment la mère de la gamine gérait la situation. Cela n'avait pas l'air facile. Après ce n'était probablement pas la faute de la petiote et dans tous les cas c'était elle qui subissait le plus sa situation. Elle se permit un élan de curiosité :

Tu es... toute seule avec ta maman ? Elle hésita avant d'ajouter d'une voix douce. Elle a raison de faire attention à toi.

Elle aurait bien aimé elle avoir une maman pour veiller sur elle. L'idée lui serra le cœur. C'était étrange d'avoir une sensation de manque de quelqu'un qu'on avait jamais connu. Elle en parlait parfois avec son frère. une mère. Ils auraient tant aimé en avoir une pour les protéger, les sortir de l'enfer, veiller sur eux, les rassurer. Mais c'était l'autre qui s'était occupé d'eux. Pas trop mal. Pas avec une grande tendresse mais avec beaucoup de patience. Est-ce qu'elle pouvait le considérer comme son papa ? Elle n'était pas très sûre. Ce n'est pas comme ça qu'elle imaginait un papa en tout cas.

" Et avant, je vivais chez les Bipèdes, jusqu'à ce que par chance, on me libère et que ma maman, Curieuse Pénombre, me retrouve et me ramène ici ! Oh ! Pardon, je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Molly ! "

Les bipèdes. Son échine se hérisse. Elle en oublie complètement les autres informations. elle écoute mais elle n'entend pas. Il fait très noir tout d'un coup. Elle pourrait presque sentir l'odeur de la poussière du fonds du nid de bipèdes à nouveau. L'odeur de la peur et du sang, les cris au loin. Les grondements sourds. Elle est complètement déconnectée quand elle répond mécaniquement :

Ce sont eux qui t'ont fait ça ?

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Toutes deux assises, l'ambiance se relaxait un peu. Si la femelle avait de grandes griffes bleues et un oeil rouge, elle n'en était pas moins gentille. J'hochai de la tête affirmativement quand elle demanda si j'étais seule avec ma maman. Oui, il n'y avait qu'elle et moi dans notre famille. Enfin, c'était déjà mieux que juste moi, il y a quelques lunes de cela. Mon frère était sûrement quelque part, dans la ville, ou même une autre ville ? Moi-même j'avais tant été ballotée de Bipèdes en Bipèdes que je pensais être à l'autre bout du monde mais je n'avais jamais quitté les terres natales. Il en était peut-être de même pour mon frère. S'il avait de la chance, on le retrouvera. Mais j'ai déjà eu besoin d'énormément de chance pour arriver à la Tribu, je pense qu'elle était dorénavant totalement épuisée.

Puis le problème principal là dedans, c'était les Bipèdes. Kidnappeurs de chatons. Ce mot, à peine prononcé, fit hérisser le poil de mon interlocutrice. Rapidement, d'un ton froid, elle me demanda si c'était eux la cause de mes pattes absentes. La question devait bien arriver. Cependant, elle était teintée de colère cette fois, contrairement à la tristesse et pitié habituelle. Tout comme maman était furieuse de voir qu'ils m'avaient privée de deux pattes, tout comme la brune tigrée semblait détester ces énormes cauchemars, je miroitai ces colères, pouvant enfin m'en libérer moi aussi.


" Eux et leur Monstre. " feulais-je.

Même si cela faisait des lunes, jamais je ne leur pardonnerai les malheurs de ma vie. Je relevai les yeux sur la féline qui était maquillée de malheur elle aussi.


" Ton œil... c'est eux aussi ? "

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" Eux et leur Monstre. "

le feulement la sortit de sa torpeur et elle se sentit aussitôt embarrassée d'avoir pu poser une telle question. Elles ne se connaissaient pas, la chatte handicapée aurait pu très mal le prendre. Comment avait-elle dit qu'elle s'appelait ? Ecarlate essaye de se reconcentrer sur le moment présent. Le nuage sombre qui s'était formé dans sa tête se dissipa un peu. Et elle se rendit compte que sa respiration s'était accélérée, elle la calma aussitôt. Prenant une grande inspiration, elle chassa les fantômes du passé de son esprit et se reconcentra sur la jeune femelle. Molly.

Pardon, désolée, je voulais pas- c'était indiscret excuse moi. Tenta-t-elle maladroitement de s'excuser. Elle avait plutôt l'impression d'empirer son cas.

" Ton œil... c'est eux aussi ? "

Elle sursauta. Bon au moins Molly ne semblait pas vexé. Avec son poil un peu gonflé elle avait un air déterminé qu'Ecarlate admira un court instant. L'infirme semblait davantage en colère que peinée. A choisir elle préférait un chat énervé qu'un chat triste donc c'était très bien comme ça. Elle chassa l'air de la queue comme pour chasser leurs douloureux souvenirs. Ainsi c'était donc bien les bipèdes, elle se demandait comment un telle chose avait pu se produire. quelles affreuses méthodes les bipèdes avaient utilisé pour priver cette pauvre chatte de ces pattes arrières. Mais elle avait posé assez de questions maladroites pour aujourd'hui. elle s'abstint d'un nouveau commentaire déplacé. C'était à son tour de parler du passé.

D'une certaine manière... oui... Elle hésita, ce n'était pas les bipèdes directement. Mais c'était leur faute. C'était eux qui les avait poussé à la mutilation d'autrui. J-je ne suis pas sûre que ce soit une histoire très agréable à raconter.

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Alors que l'ambiance s'était améliorée, nous revoilà tendue mais à cause de nos passés. La borgne s'excusa pour son indiscrétion. Je ressemblais mes pattes devant moi, lissant mon poil de torse d'un coup de langue ou deux. Je lui fis un sourire timide.

" Tu n'as pas à t'excuser, c'est de leur faute, pas la tienne. "

Et si sa question me fit feuler suite aux mauvais souvenirs, la mienne la vit battre de la queue vivement, comme pour chasser ces mêmes souvenirs. Nous étions donc toutes deux touchées par ces monstres. Au fond, ça faisait plaisir de parler à un chat qui n'était pas en mode "Oh mais mes Bipèdes ils sont si gentils avec moi, tu verras tu les aimeras aussi". Non. Jamais je n'y serai arrivé. Mon coeur était à ma maman. Et eux avaient mes pattes arrières. C'était déjà bien assez. L'oeil de la féline aussi, qui commenta que son histoire était peu chouette à conter. Je fis un geste de la tête, compréhensive. Moi-même, raconter mon histoire complète encore et encore n'était que synonyme d'ennui. Mais jamais je ne m'ennuierai de dire que les Bipèdes sont détestables.

" Je ne t'oblige pas à la raconter, mais si un jour, tu... tu voudrais m'en parler pour lâcher du lest, je serai à ton écoute. "

J'agitai les oreilles comme pour illustrer qu'elles étaient aptes à tout écouter.

" On doit s'épauler, entre chats ! "

Même si littéralement, je serai une très mauvaise option si quelqu'un voulait s'appuyer sur moi. Mon regard se détacha de la femelle pour observer l'arbre plus orné de jeunes fruits que de feuilles.

" Du coup, ton escalade ? Tu veux essayer ? Quoique maman doit s'être rendormie pour le moment, la leçon devra attendre. Je sais juste que ça demande de fortes pattes avant ! "

Je fixai les miennes, plutôt musclées au final, malgré le reste de mon corps fin et délicat. Elles devaient me tracter tous les jours après tout.

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" Tu n'as pas à t'excuser, c'est de leur faute, pas la tienne. "

Elle lui lança un regard qu'elle espéra reconnaissant. C'était gentil de sa part que la jeune chatte essaye de la rassurer. Ecarlate avait la sensation que cela aurait plutôt dû être l'inverse. Elle était contente de rencontrer quelqu'un qui avait vécu des événements semblables à eux chaotiques de son enfance. C'était triste mais aussi réconfortant. De ne pas se sentir seule.

" Je ne t'oblige pas à la raconter, mais si un jour, tu... tu voudrais m'en parler pour lâcher du lest, je serai à ton écoute. "
Merci. Souffla timidement la chatte tigrée.
" On doit s'épauler, entre chats ! "

Elle hocha la tête, oui elle était aussi de cet avis. C'était pour cela qu'elle avait accepté de rejoindre la Tribu. De fréquenter à nouveaux d'autres chats. Dans un cadre bien plus calme qu'autrefois cependant. Une brise printanière vint lui chatouiller les narines. La douce odeur des pommes l'accompagnait. Elle vit Molly lever les yeux vers les arbres et elle l'imita.

" Du coup, ton escalade ? Tu veux essayer ? Quoique maman doit s'être rendormie pour le moment, la leçon devra attendre. Je sais juste que ça demande de fortes pattes avant ! "

Elle hésita un court instant mais la perspective de se rétamer devant la jeune chatte ne l'intéressait guère. Autant s'éviter une humiliation, elle appréciait bien l'infirme mais pas au point de se tourner en ridicule devant elle. Elle percuta subitement qu'elle ne s'était toujours pas présentée.

Je pense que je vais m'abstenir. Elle réfléchit avant de poursuivre. Mais j'irais demander à ta maman je pense.

Elle se tourna ensuite à nouveau vers Molly et ajouta avec un petit sourire.

Au fait je ne me suis pas présentée. Je m'appelle Ecarlate.

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La féline conclut qu'elle escaladera avec l'aide de ma maman. Sage décision ! Il n'y avait pas de meilleure manière d'apprendre quelque chose que ma maman l'enseignant. Je pense qu'en plus, ma maman était triste de ne pas pouvoir m'apprendre l'escalade, vu qu'il me manquait la moitié de ce qui était nécessaire. Mais j'avais quand même appris à ses côtés comment faire un nid avec des tiges et de la mousse, comment déplumer un oiseau, ou l'histoire de mes ancêtres claniques. Et j'avais encore plein de choses à découvrir. Notamment les autres chats de la Tribu, je ne connaissais personne hormis maman, Aurore qui avait accueilli ma maman puis Flair qui m'avait retrouvée avec maman. Il y avait plus de chats que cela, notamment plein de chats du.. Vent ? il y a deux lunes. Là, j'appris que la chatte borgne s'appelait Ecarlate. Je lui souris.

" Ravie de te rencontrer, Ecarlate ! "

Bon, si il n'y avait pas d'escalade, que pourrions nous faire ? Disons que je n'étais pas la meilleure compagnie pour juste faire une balade, ou aller chasser. Maman avait parlé qu'on allait sans doute aider les nouveaux venus avec les chatons qui venaient de naitre. Des chatons, je n'en avais pas vu depuis des saisons. Etaient-ils mignons ? Et.. peut-être qu'Ecaralte faisait parti de ces chats venus du Vent ?

" Tu connais d'autres membres de la Tribu ? Maman m'a raconté qu'il y a deux lunes, deux puis trois chats sont arrivé du clan du Vent et que leurs chatons venaient de naitre. Tu les connais ? Ou bien tu les as déjà vus ? "

Ma queue s'enroula d'enthousiasme.

" J'ai hâte de voir les chatons, j'en ai pas vu depuis beaucoup de lunes ! "

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