Souffle le Vent | Puma / Bourgeon / Foudre / Lézard / Source

tombant en pleur du ciel, la pluie avait prit en intensité. Elle se glissait partout, entre les branches nues des arbres, sur l'herbe asséchée par l'hiver, entre les poils, jusque dans les os. Elle faisait craqueler la forêt par milles tambourinement dans une symphonie qui ne connaissait du rythme que la folie, qui glaçait le cœur.

Les jeunes pattes s'enfonçaient dans le sol à chaque pas, glissaient parfois dans la boue. L'équilibre était mit à mal : il trébuchait. Ses coussinets noirs, ses pattes crèmes, tout cela n'était plus que gris et brun, sale, collant et dégoulinant. La pluie ne lavait pas : elle incrustait.

Elle rendait le sang fluide et la douleur devenait un blizzard.

La silhouette déséquilibrée du chaton à peine sorti de la pouponnière s'avançait sur un chemin bien emprunté. La gueule entrouverte, produisant un souffle blanchâtre, de la vapeur. Ses yeux mi-clos lui donnait l'air épuisé et il n'avait de rouge que le museau et l'oreille.
Pourtant, il se déplaçait comme s'il fut à court de sang. Clopinait-il à cause de la douleur ? Ou bien de la souffrance plus profonde, plus interne, qui mugissait en lui ? Il ne saurait dire.

Nuage de Tempête n'avait jamais vraiment sut dire.

Et il ne savait plus vraiment où se trouvait le camp. S'il était encore loin, ou, au contraire, s'il en était proche. Il voulait s'allonger, faire une pause, mais ses pattes marchaient toutes seules. Peut-être qu'au fond, valait-il mieux qu'il ne s'arrête pas.

Il était tellement insignifiant.

Spoiler:

Souffle le Vent.

Nuage de Bourgeon coucha les oreilles, la bruine devenait pluie, mais pas de ces petites pluies douce qui vous trempe doucement, non, les gouttes tombaient plus fort. Bien trop fort pour que persiste le moindre fumet de gibier, lequel devait être bien plus intelligent que l'ensemble de sa patrouille qui s'obstiner à tenter de chasser. Elle tenta bien de proposer de rentré mais un regard froid et morose accueillit sa proposition. Même Arc-En-Ciel ne se serait pas obstinée autant à moins que le tas de gibier soit vide, or certes il n'était pas des plus garni mais tous auraient au moins une bouchée le soir venu non ? La tabby, s'éloigna, prétextant suivre une piste ...

De piste pourtant, elle n'avait guère, elle tâchait surtout de trouver une roncière où un de ces énormes bouquet de fougère capable de la mettre à l'abri le temps que l'orage passe. Où assez longtemps pour qu'on ne l'accuse en rien de rentrer bredouille de toute façon vu l'allure qu'elle aurait. Une allure encore pis que le jour où le Patron l'avait trouvée en ville. Pis encore que lors de cette journée d'entrainement avec Serp'Chat. La première, elle était revenue tel un gros arbuste, épines, feuilles et fleurs blanches comprises, et pour la seconde, elle aurait presque encore put sentir le goût de la terre en y songeant juste. Mais là, elle était juste ridicule, sa fourrure collant à ses flancs et ...

Un mouvement.

Nuage de Bourgeon plissa les paupières, dans l'espoir ridicule sans doute d'y voir entre les gouttes. S'était trop gros pour être du gibier, à moins que ... La tabby n'avait jamais vu de ces grosses proies et les lapins étaient rares sur leurs terres, toutefois, à la démarche de la silhouette, l'apprentie envisagea plutôt un de ce camarades. Mais un camarade qui n'arpentait pas leurs terres comme elle même en cet instant. Le pas était trop mécanique. La novice accéléra le pas sans réfléchir davantage, se rapprochant du félin, zigzaguant peut-être autant entre les troncs qu'entre les gouttes, même si clairement, elle n'arrivait guère à esquiver les secondes. Finalement, elle en était presque à pouvoir toucher la queue du chat quand elle put vraiment distinguée sa fourrure. Nuage de Tempête ! L'apprentie cria presque pour se faire entendre.

- Tempête ?! Ta patrouille était pas de l'autre côté ?!

Était il arriver quelque chose ? Sans réfléchir, elle vint se coller à son camarade, dans l'espoir de lui fournir autant un appuie que de l'entendre s'expliquer. Il n'avait pas l'air de vraiment savoir où il allait, alors ...

Des pas. Bam, Bam, Bam avec la pluie, cela faisait un orchestre étrange. Ils avaient quelque chose d'irréels, ces pas. Tempête les sentit à peine se rapprocher de lui. Il ne s'arrêta pas car il ne le pouvait pas, mais les pas ne mirent pas long à le rattraper.

« Tempête ?! Ta patrouille était pas de l'autre côté ?! » Il ne prit pas la peine de se tourner, ni même de la regarder. Sa voix, presque crier pour ne pas se laisser avaler par la fanfare pluvieuse, il la reconnaissait.

Nuage de Bourgeon, il ne savait pas trop quoi penser d'elle. Au fond, c'était peut-être mieux ainsi, que ce soit elle qui le trouve. Parce que, peut-être que s'il s'était agit de Glycine ou de Foudroyante, il se serait sentit trop honteux pour marcher.

Il sentit une pression contre son épaule et marcher lui sembla moins dur. Il se permit de fermer les yeux, se laissant complètement guider par sa cousine, maladroit.
Il ne vit pas les ronces des murailles du camp, ne sentit que l'absence momentanée de lumière avant qu'enfin son museau n'hume l'odeur rassurante de son foyer.
Quoi que la pluie cherchait à écraser ce fumet, il le percevait encore, là, tout autours de lui.

Souffle le Vent.

Source était arrivée si vite, mais déjà, Nuage de Bourgeon s'était décaler un peu. Et puis Lézard avait suivi et Puma et même Foudroyante et. Et elle ne se sentait pas à sa place là, sous les regards. Ils ne la voyaient pas elle pourtant. De toute façon, elle n'avait rien à leurs apprendre, aussi, elle veilla à simplement servir d'appui à Tempête tant qu'il en avait besoin. ce ne durerait pas. Ca ne dura pas.

Son cousin tituba, s'écartant et Nuage de Bourgeon se recula à son tour, pour s'écarter d'autant plus et partir s'asseoir quelques pas plus loin. Elle observait les autres. la colère sourde qui brillait dans le regard de Source Fleurie, Cœur de Puma qui voulait protéger Queue de Lézard, encore que Lézard n'en avait pas besoin mais. Et puis. Elle ferma les yeux et baissa le museau sous la pluie, laissant l'eau engloutir le reste. Les mots, les explications. Pour elle, il n'y avait plus que le bruit des gouttes sur les feuilles, sur les pelages. Ca, et une envie de filer retrouver son nid et Nuage du matin. Oui, elle n'avait aucune explication à donner elle. elle voulait juste s'assurer que son ami lui allait bien. Et ... Oui, son cousin était entre de bonnes pattes. Finalement, après un dernier regard, elle s'éclipsa sans un bruit. Au besoin, on viendrait la rechercher.

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Souffle le Vent

Lune 23 - 84 lunes

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Le cri perçant de Nuage de Bourgeon le met aussitôt en alerte et le rongeur qu'il s'apprêtait à déposer sur la pile de gibiers fait quelques acrobaties dans les airs, toujours pendu par la queue alors que le matou tourne la tête. Épaulé par la novice qui vient d'appeler à l'aide, il reconnaît tout de suite le blessé par sa fourrure grise familière.

Nuage de Tempête.

En une seconde, c'est la fourrure contrastée de Source Fleurie qui bondit auprès du jeune apprenti suivie par celle plus terne de Queue de Lézard. Happé par la réunion familiale improvisée, Cœur de Puma balance sa prise à côté du maigre tas et presse le pas vers son petit-fils, sa belle-fille et son fils. Sur son visage fermé, cette inquiétude qu'il ne quitte plus depuis des lunes.

Lorsqu'il arrive, le rouquin comprend que Source Fleurie a déjà posé la question. Car quand on voit la taille et la profondeur de la plaie sur un chaton de cet âge, il n'y en a qu'une qui vous passe la tête plus vite que les autres. Qui ?

Il perçoit immédiatement la tension que son fils tente de libérer dans son grognement et il insère alors son corps entre celui des deux parents, comme pour isoler la mère et son Nuage du père.
Queue de Lézard a peut-être grandi mais il n'en demeure pas moins son enfant et le corps du vétéran ne l'oublie pas, tant et si bien que sa position intrusive n'est rien d'autre qu'une vaine tentative de le protéger encore une fois des réponses que s'apprêtent à servir Nuage de Tempête.

Fourrure contre fourrure, il échange en silence un contact qui se veut rassurant avec le jeune père chamboulé. Posté derrière la guerrière bicolore, il donne plus de poids à la question restée en suspens.
Ses yeux eux, sont rivés sur les deux apprentis trempés. Lui est prêt à tout entendre.

Même en entendant l'appel de Nuage de Bourgeon, près de l'entrée de la Palissade, Étoile Foudroyante n'y crut pas vraiment.

Il pleuvait, ce jour-là, mouillant la neige en la rendant plus collante et sale que d'habitude - l'apprenti qu'elle escortait ne correspondait pas à l'image qu'il connaissait de son apprenti. Un éclair aux rayures noires et blanches se précipita vers l'entrée: c'était sa fille, Source Fleurie. Son poil se gonfla, plutôt que s'applatir sous la pluie.

Se joint à elle un autre chat - son compagnon, Queue de Lézard. Quand Coeur de Puma s'ajouta à la scène, Étoile Foudroyante fronça ses sourcils pour de bon, surtout en le voyant se frayer un chemin entre Source et Queue de Lézard pour maintenir ce-dernier en arrière.

Ce fut donc le premier à voir le meneur s'approcher, et le premier à se confronter à toute la confusion dans son regard.

L'expression méconnaissable dans celle du guerrier lui fit plisser les paupières. Étoile Foudroyante se hâta de contourner Coeur de Puma, puis Source, s'abaissant à la hauteur de Bourgeon pour apercevoir, en angle, la silhouette de Nuage de Glycine détaler en direction de l'antre de leur guérisseur.

Les goutelettes la masquait, mais d'aussi près il la sentit enfin.

L'odeur du sang.

De la peur.

Et après un reniflement, un seul coup d'oeil lui permit de comprendre toute l'histoire.

Les pupilles d'Étoile Foudroyante se rétrécirent dans ses yeux, faisant ressortir la couleur or dedans. Profitant du tumulte, il se hâta d'envoyer un coup de coude à Coeur de Puma.

Lorsqu'il capta son regard, il lui fit voir la sévérité dedans, puis, en zieutant vers le coin-haut, dirigea son regard à son oreille, guérie certes, mais poinçonnée par les canines d'une tyrante qui avait versé son sang.

Au même endroit que celui qui coulait dans le visage du blessé.

Il soutint quelques secondes de trop le regard de Coeur de Puma, refusant de regarder celui de Queue de Lézard ou de lui partager quoi que ce soit. Il longea plutôt la fourrure de sa fille, veillant à être son ancre dans toute cette tempête.

— Nuage de Tempête, il appela son apprenti. Ce n'était pas la première fois qu'il usait ces mots:

— Dis-nous ce qui s'est passé.

L'air alourdi par la puanteur du sang et du goudron, sous une pluie qui battait terre et neige — il se sentait débouler dans la même scène. Sauf qu'on remplaçait Amour en Cage par Moustache Hirsute, Un Monstre par un autre, et Source Fleurie...

par lui.

Les idées de Nuage de Tempête étaient floues. Elle se battaient, comme une tornade, au fond de son crâne et dans son ventre, se levaient de gros nuages noirs. Il vit s'approcher autours de lui sa famille, sa mère d'abord, qui vient l'inspecter et puis, poser sur lui ses yeux sévères.
Ils l'étaient rarement, et sûrement ne l'étaient-ils pas envers lui, mais Nuage de Tempête se sentait trop honteux pour oser lever les siens. Et elle lui releva le menton du bout de la patte, le forçant à croiser, une demi seconde, son regard.

Puis, lui, il préféra regarder vers le sol, même si cela le contraignait à regarder étrangement vers le bas. Parce qu'au fond, il ne voulait pas voir l'inquiétude, la colère, et toutes ces émotions inutiles qu'il provoquait par son incompétences dans les yeux de sa mère.

« Qui ?
- Une enflure. Même pas digne d'être guerrier. » Gronda un autre félin en s'approchant à son tour, l'air furieux. Tempête reconnu son père et il retint mal une grimace. Il ne voulait pas le voir, lui. Qu'allait-il faire, au juste ?

Rien du tout. Comme d'habitude.

« Il doit payer. » Et, suite à ces paroles, c'est son grand-père, le Puma, pas la Foudre, qui vint se glisser entre sa mère et son père. Protecteur. Et puis, pas longtemps après, le bengal s'avança à son tour.

Nuage de Tempête posa sur lui des yeux anxieux, au départ, et puis, il serra la mâchoire. Il ne voulait pas que tout le monde se réunissent et s'il ne tolérait pas la présence de son père ici, c'était bien Etoile de Foudre la dernière personne qu'il voulait voir à présent.
Pas comme ça.

« Nuage de Tempête. » Il était devant lui, à côté de sa mère. « Dis-nous ce qui s'est passé. »

L'apprenti détourna le regard vers l'arrière. D'un geste vif, il se recula de quelques pas et tituba un peu. Il était trop fatigué pour se permettre se genre de coup de sang. Et, déjà, il sentait des larmes de colère l'assaillir. Qui ? Pourquoi ? Comment ?
Les mots s'éttoufaient dans sa gorge alors même qu'il savait qu'il devait répondre. Qu'il se devait d'apporter une explication ce sang qui s'accrochait à sa fourrure, à cette oreille à peine mutilée, à son corps meurtri et épuisé.

Il déglutit. Il le savait, au fond.
Qu'il le devait.

« Il n'a pas eut la gentillesse de me donner son nom, en fait, maman. » Souffla d'abord Tempête, agressif sans le vouloir, déjà sur la défensive. Il souffla, il ne se rendait pas compte que, tout à coup, sa respiration s'était accélérée. « C'était un chat du Vent, un- Un grand chat pour son clan. Il était noir. » Il plissa les yeux, tâchant de s'en souvenir au mieux. « Et un peu blanc. »

Et puis, il redressa un peu la tête, les oreilles basses. Il avisa les pattes de Foudre, d'abord.

« Nous étions à la frontière, tous les deux. Je lui ai dit de partir et il s'est moqué de toi. » Et son regard se releva vers celui de son mentor. Et il eut soudainement peur de ce qu'il allait y voir. Autant qu'il craignait la réaction de sa mère face à sa propre stupidité.
Alors, il se mura dans la froideur.

« Je lui ai dit d'arrêter. Alors, il m'a attaqué, en fait. J'ai- J'ai eut le temps de rien. Mais je vais bien- Je... Je suis juste fatigué en fait. » Et il tourna le regard vers sa mère, le visage mué d'une nouvelle grimace. Celle d'un enfant prit en faute. « Je suis désolé je-... Je vais bien, maman. »