[Inondation] Nous nous reverrons mais pas encore...

Le Clan des Étoiles veillait silencieusement sur le camp, laissant les ombres de la nuit envelopper le cœur d'Orage d'Or. Le guerrier solitaire et robuste avait perdu sa fille bien-aimée, Nuit d'Orage, dans une tragédie près des marais. Les eaux sombres les avaient engloutis, emportant également sa demi-soeur, Griffe de Tortue, qui avait tenté désespérément de la sauver.

La nouvelle se répandit dans le camp, jetant une ombre de tristesse sur chaque félin. Orage d'Or apprit la nouvelle de la bouche de Feuille d'Aubépine, son ex-compagne avec qui il entretenait des relations tendues depuis longtemps. La communication entre eux était devenue froide et distante, mais la perte de leur fille semblait avoir brisé momentanément cette barrière.

Feuille d'Aubépine lui annonça la nouvelle avec des yeux empreints de tristesse et de compassion. Orage d'Or, d'ordinaire réservé et impassible, ressentit un coup au plus profond de son être. Il ne put s'empêcher de se replier sur lui-même, absorbé par la douleur de la perte.

La veillée funèbre de Nuit d'Orage fut empreinte de solennité. Les membres du Clan se rassemblèrent pour rendre hommage à la jeune guerrière qui avait trouvé la fin de son chemin beaucoup trop tôt. Les étoiles scintillaient dans le ciel nocturne, témoins silencieux de la tragédie qui avait frappé le clan.

Après la cérémonie, Orage d'Or se retrouva seul dans le camp, le poids de la perte pesant sur ses épaules. Il s'assit près du promontoire, les yeux rivés sur la lueur pâle de la lune. La solitude et le chagrin l'engloutirent, le laissant vulnérable malgré sa façade imperturbable.

Il restait là, une âme blessé par la perte soudaine de sa fille.. Il essayait toujours de le cacher quand, un congénère s'approchait trop il montrait les crocs. Certains du clan, pensaient que cela ne l'affectait pas.. comme d'habitude.. Il avait entendu plutôt pendant la cérémonie... "C'est un monstre même pour sa fille, il ne verse pas une larme" ou même "Il fait des enfants partout.. Mais, il s'en occupe même pas, faut voir le résultat... C'est un irresponsable sans cœur." Orage n'était pas là pour faire taire les rumeurs, car ça ne l'intéressaient pas ce que pouvais bien penser les autres de lui. La plupart des membres du clan ne l'aimaient pas et cela ne changerait pas du jour au lendemain de toute façon.

La nuit s'étendit, mais dans l'obscurité, il sentit quelqu'un s'approcher de lui... C'était Grassette Tremblante... Son odeur rassurante parcourait l'air, bien que le guerrier aimait sa présence. Ce soir était différent.. Il ne voulait pas qu'elle le voit "faible" et il se contenta de grogner à son approche.

Orage d'Or: Je vais bien et j'ai pas envie d'causer.. Va t'en...

Orage lui lança un regard froid et foudroyant, le genre à pas avoir envie de rire... Son visage lugubre et ses yeux dorés luisant de colère était masque pour effrayer les autres de s'approcher de lui..
Elle allait sûrement s'en aller elle aussi... à quoi bon être aimable de toute façon, il n'en avait pas le cœur.

Il ne voulait pas parler, il ne voulait pas exposer sa vulnérabilité aux autres. Mais la présence silencieuse de Grassette Tremblante lui offrait un réconfort discret, une épaule sur laquelle il pouvait se reposer sans avoir à ouvrir son cœur meurtri.

Orage d'Or l'observa alors qu'elle se couchait à ses côtés, silencieuse et patiente. Il sentit un élan de gratitude envers elle, qui comprenait son besoin de solitude tout en lui offrant sa compagnie silencieuse. Il fut toutefois très étonné... Pourquoi restait-elle malgré tout ? Pourquoi elle ne s'enfuyait pas comme les autres ?

Dans le calme de la soirée, alors que les étoiles s'allumaient une à une dans le ciel obscur, Orage d'Or se sentit un peu moins seul. Il savait que la route vers la guérison serait longue et difficile, mais il savait que le temps lui permettrait de surmonter la tempête qui faisait rage en lui.

Mais, il ne put s'empêcher de penser dans le silence funèbre de la nuit... a nouveau, pourquoi restait-elle à ses côtés ? Personne n'avait envie de rester près de lui... Jamais. C'était bien la première fois de sa vie, qu'on ne le laissait pas seul. Surtout, après qu'il est repousser la personne avec froideur...
Les questions tournoyaient dans son esprit comme des feuilles emportées par le vent.

Un mélange de confusion et de reconnaissance s'installa en lui. Il se demandait si elle avait un motif caché, une raison secrète pour rester à ses côtés. Peut-être était-ce par devoir, par obligation envers leur clan? Ou peut-être était-ce par compassion sincère, une véritable amitié qui la poussait à rester avec lui dans ces moments sombres?

Mais au fond de lui, Orage d'Or savait que cela ne pouvait être simplement par devoir. Il ressentait quelque chose de différent dans la présence de Grassette Tremblante, quelque chose de plus profond, quelque chose qui le perturbait et l'intriguait à la fois.

Orage d'Or se tourna vers la lieutenante à ses côtés. Son regard doré brillant dans la nuit rencontra le sien, empreint de curiosité et d'une certaine vulnérabilité qu'il avait du mal à reconnaître en lui-même.

Orage d'Or: Pourquoi tu es encore là ? Hein ? Pourquoi ne pars-tu pas comme les autres ?demanda-t-il d'une voix calme mais chargée d'émotions qu'il avait du mal à exprimer.

Il attendit, scrutant les yeux de Grassette Tremblante, cherchant des réponses dans leur profondeur. Et même s'il n'était pas sûr de ce qu'il voulait entendre, une part de lui espérait secrètement qu'elle resterait à ses côtés, même si elle n'avait aucune obligation de le faire.

Orage d'Or se tenait là, figé, observant Grassette Tremblante avec une intensité qu'il n'avait jamais ressentie auparavant.

Grassette Tremblante: Tu es mon ami, Orage d'Or, je ne pouvais pas te laisser seul dans cette douleur. Je t'apprécie sincèrement, tu sais ?

Ses paroles douces et réconfortantes pénétraient son être comme une brise fraîche dans une nuit étouffante. Il avait toujours admiré sa force intérieure, sa capacité à voir au-delà des apparences...
Pourtant, il était un guerrier habitué à garder ses émotions sous contrôle, à masquer ses tourments derrière un masque d'indifférence. La douleur de la perte de sa fille pesait lourdement sur lui cette nuit-là, ajoutant une couche supplémentaire de sombres nuages à son esprit déjà tourmenté. Il aurait aimé pouvoir partager cette douleur avec Grassette, mais il ne savait pas comment. Il se sentait incapable d'exprimer même un fragment de ce qu'il ressentait de ce terrible drame...

Grassette Tremblante: Tu te rappelles quand on s'est fait envahir par les oiseaux et les insectes ? Je pensais que c'était une véritable cata-, tous ces oiseaux qui piaillaient me faisaient mal aux oreilles, mais avec du recul, je suis contente que le Clan des Étoiles ait mis cette épreuve sur notre chemin, car c'est comme ça qu'ils nous ont rapprochés.

Le souvenir vivace de cette journée était à la fois plaisante et déplaisante. Le bruit des piafs perçant et celui d'une étrange osmose, qui s'était fabriqué entre eux dans l'atmosphère printanière de la pinède, lui avait laisser un drôle de gout. Il avait ressentis un lien fort pour elle, dès cette instant sans savoir ce que c'était, ni vraiment comprendre comment c'était arriver.

Grassette Tremblante: Beaucoup trop refusent d'ouvrir les yeux pour te voir, ils préfèrent rester aveugle. Pas moi. Je pense savoir qui tu es, et c'est pour ça que je reste à tes côtés et que je t'aime.

Il eut un petit moment silencieux avant qu'elle ne rajoute ..bien.

Orage leva un sourcil d'incompréhension.
Etrangement il fut silencieux, c'était bien la première fois qu'il n'eut pas envie d'ouvrir sa grande gueule pour parler franchement et sans détour. Ce n'étais pas son genre d'agir ainsi, mais il ne savait plus quoi dire... Le silence semblait chargé et lourd, tout comme l'ambiance froide de la nuit. Grassette touchait la zone sensible, celle qu'il n'aimait pas ouvrir... Car à chaque fois, qu'il ouvrait cette porte, on lui faisait du mal en retour... Avait-il vraiment envie de lui donner la clef ? De ne pas refermer cette porte pour elle ? Il ne savait pas... Il avait peur... Peur de cette douleur et de ce qu'il ressentait en cet instant pour elle. Un feu ardent dansait derrière cette porte... Car il l'aimait.
Mais, était-il vraiment prêt à lui avouer en cette nuit funèbre ? Non pas encore... Ce n'étais pas vraiment le bon moment.

Perdu dans ses pensées, il se rendit compte que Grassette avait détourné son regard, cherchant refuge dans sur une feuille sur le sol. Une partie de lui voulait lui parler, lui avouer ce qu'il ressentait. Mais une autre partie, la partie habituée à la solitude et à l'isolement, s'y refusait, craignant le rejet et la douleur qui pourraient suivre.

Finalement, il prit une profonde inspiration et s'approcha plus près jusqu'à ce que leurs fourrures se touchent, son cœur battant fort dans sa poitrine. Il posa doucement sa patte sur la sienne.

Orage d'Or: Merci petite Fleur... murmura-t-il, sa voix à peine plus haut qu'un souffle dans la nuit silencieuse.

Orage d'Or: ... d'être rester à mes côtés. Ta présence est vraiment réconfortante et... il semblerait que j'avais besoin de ça... Moi aussi je t'aime bien. Tu es bien la seule à me voir comme ça, ma défunte mère et les autres du clan ne seraient pas de ton avis... Comment leur en vouloir ? Je n'ais pas sus protéger ma fille.

Ses mots étaient rares et empreints d'une vulnérabilité inhabituelle. Cette confession était difficile pour lui, cela lui demandait d'être vulnérable et faible... Mais, avec Grassette il se sentait assez en confiance pour se confier à elle.

Orage d'Or sentit son cœur se serrer alors que Grassette partageait ses propres tourments avec lui. Il était rare qu'il se trouve dans une telle position, celle où il se retrouvait à écouter et à être écouté. Habituellement, il était celui que les autres fuyaient, mais cette fois-ci, c'était différent. Grassette était là, à lui offrir son soutien et sa compréhension, et cela le touchait au plus profond de son être.

Il baissa les yeux vers la patte de Grassette, sentant une chaleur réconfortante se propager en lui à travers ce contact. Elle était là, à ses côtés, prête à partager son fardeau. Malgré sa réticence habituelle à s'ouvrir aux autres, il se sentait étrangement en sécurité avec elle.

Son regard se perdit dans celui de Grassette, cherchant en vain une réponse à ses tourments. Il voulait croire en ses mots, en cette certitude qu'il aurait sacrifié sa vie pour sa fille s'il en avait eu l'occasion. Mais au fond de lui, il ne pouvait s'empêcher de ressentir ce poids écrasant de culpabilité, ce sentiment d'impuissance qui le consumait peu à peu.

Un frisson parcourut son échine tandis qu'il se laissait submerger par le flot de souvenirs douloureux. Les images de sa fille, jouant joyeusement chaton dans le camp, se mêlaient à celles de sa disparition tragique, emportée par les eaux tumultueuses de l'inondation. Il aurait tout donné pour revenir en arrière, pour changer le cours des événements, mais il savait que c'était impossible... Et dans les yeux de Grassette il vit un océan de chagrins et de regret..

Orage d'Or: Je... Je suis désolé pour toi, Petite Fleur. Mais, tu ne doit pas t'en vouloir.. Il arrive souvent des évènements qui nous dépassent... J'aurais pu sauver ma mère moi aussi, si j'étais arriver un peu plus tôt... Mais quand je suis arriver, il était... trop tard. Ses blessures étaient mortelle et elle agonisait dans son sang... J'ai dut la tuer pour qu'elle ne souffre plus. Et sous les yeux de mon demi-frère Patte Féroce... On me juge ainsi, car personnes dans le clan à essayer une seule fois de me connaître mieux. Depuis ma naissance, je suis un... paria... mais je n'ais jamais su pourquoi... Et je commence à me dire, qu'ils ont peut etre pas tort. Ou étais-je alors que ma fille se... noyais ?

Sa voix se brisa, submergée par l'ampleur de sa peine. Il détourna le regard, incapable de soutenir plus longtemps le regard compatissant de Grassette. Comment pouvait-il lui faire face, alors qu'il était si vulnérable, si déchiré par la douleur ? Ses yeux cherchèrent quelques choses d'invisible sur le sol terreux. Peut-être, avec elle à ses côtés, pourrait-il trouver la force de surmonter cette épreuve, de guérir les blessures béantes qui déchiraient son âme ?