[BLIZZARD] you're gonna lose your soul // prio trash - end

Il y avait une chose indéniable, à travers ce froid, à travers ses muscles tétanisés par la glace, à travers l'inquiétude de son Clan. Il y avait quelque chose de mystique dans leur façon de se battre pour survivre. Tout le Vent avait déclenché un plan d'urgence. Il n'y avait plus rien à manger. Rien. Le néant. Le blizzard avait prit une telle proportion … Les pillages venant des solitaires et des Clans menaçaient la forêt entière, et c'était avec amertume qu'imaginer le Vent se faire voler torturait l'albinos.

Décidée à ne pas crever de faim, la gamine avait quitté le Clan, tremblante de froid. Elle avait faim. Elle sentait ses côtes prendre le dessus sur sa peau. C'était pas bon. Plus que tout, elle se devait de rester un minimum digne et d'aller chercher du gibier pour son Clan. Pour ça, elle irait sur d'autres Terres. Ils le faisaient, pourquoi pas elle ? C'était contre l'honneur de son Clan d'utiliser de tels procédés, mais la situation était telle que leurs valeurs passaient après. Cerfblanc n'avait plus de valeurs en état d'alerte. Les crocs serrés, elle recherchait la charogne, les cadavres que les blaireaux avaient laissés. Elle était prête à manger de la viande avariée si elle le pouvait. Aucun problème. Nada. Elle dénicha une carcasse de souris dans un coin de pâturages et sourit. Elle allait enfin manger.

Enfin … Manger … Enf...

Un éclair noir passa devant elle, prenant la proie devant ses yeux. L'action se passa au ralenti pour elle, et chaque seconde de cette scène d'une rare violence à ses yeux semblait prendre des siècles. Elle vit l'ombre fondre sur la charogne, la prendre … Elle pouvait presque reconnaître ce corps charnu, fort, puissant … Elle pouvait presque … Le voir … Et avoir son nom sur le bout de sa langue … Sans réfléchir, elle se lança à sa poursuite, comptant sur sa rapidité et son agilité héritée du Vent.

« Eh toi là ! Viens te battre si t'as de l'honneur un peu c'est ma charogne rends la moi ! »

Elle huma l'air. Il empestait le solitaire. Ses pupilles rouges se dilatèrent. Il était noir, grand, imposant, solitaire. Il semblait n'avoir ni foi ni honneur. Est – ce que … Elle savait très bien qu'elle aurait la réponse quand elle le rattraperait. Elle était affaiblie et il avait prit de l'avance. Elle espérait que lui aussi souffre du blizzard.
Vraiment. Vraiment … Vraiment ...

Spoiler:

♪ Healing - in love with a ghost

Le monde est plus qu'un ensemble de blanc qui colle à tout, qui recouvre tout, qui vole partout.
Comme hier, j'avance encore dans le blanc. Je serre les dents, je crispre mes muscles, je rentre la tête.
Putain de connard de temps.
C'est la guerre.
Le blanc contre le noir.
Tout lui contre juste moi.
Le froid du dehors contre ma chaleur.

Je redresse la tête pour voir ce qu'il y a d'autre que cette mer de blanc. Ca sert à rien. Je sens rien, je vois rien, je suis aussi impuissant qu'un foutu gosse.
Manger, manger, manger c'est juste ces mots qui me font continuer.
Je m'ébroue et saute dans la neige prêt à continuer dans l'enfer blanc mais je m'arrête. A cause que je la vois.
Nourriture.

Je me rue dessus comme si elle allait s'envoler et j'ouvre la gueule pour commencer à manger et ..

Eh toi là ! Viens te battre si t'as de l'honneur un peu c'est ma charogne rends la moi !

Je fais quelques sauts dans le neige et puis une volte face. Cette voix criarde je la connais. Je perçois vaguement un chat blanc qui court vers moi à cause qu'il veut me reprendre mon repas.

BEEEH. je dis et je tire la langue. T'AS QU'A VENIR LA CHERCHER CONNARD.

Et je repars en courant dans l'autre direction. ( ça va hein, je fuis pas, je m'en vais juste en courant ).
J'ose plus me retourner à cause que chaque faux pas peut me déséuilibrer. Et tomber c'est subir l'embrassade de la neige qui vous glace jusqu'aux os. Et je veux pas. Putain non.

Et puis je pense. Que peut être j'ai rien vu. C'était tout blanc. Sur du blanc. Rien senti, l'eau masque tout. Rien entendu, le vent hurle derrière moi. Peut-être que c'était mon cerveau du fait que mon corps est épuisé et mon esprit l'est aussi. Alors je dois me retourner. Je dois savoir ce que ..

SLOUTCHH.

Je fais plusieurs roulé boulé dans la poudreuse, sans lâcher la proie mais je la lâche à cause que mon menton heurte durement le sol.
Face contre terre.
Je tourne la tête.
Et je regarde.
La souris maigre pas très fraîche, à moitié mangée, pleine de salive et de viande filandreuse.

Aaaaa.. je regarde la souris. AAAAAATCHOOUM!

Et un gros crachat vole dans les airs et puis il EXPLOSE lorsqu'il atterit de plein fouet sur la souris.

Bon appétit. je dis. Pas fort à cause que j'ai la moitié de la tête dans la neige. ( fermez-là. )

Elle remarquait que le froid lui gelait les pattes et l'endurance. Au bout de quelques minutes, cette course poursuite la fatiguait et elle sentait son cœur s'emballait. Elle avait chaud, tandis qu'elle tremblait. Si elle transpirait, c'était mort, elle allait rentrer au camp avec un terrible rhume. Elle était presque à niveau de l'autre. Elle tendit la patte pour agripper sa queue mais, épuisée, abandonna l'idée. Plus loin, l'autre se cassa la gueule au sol. C'était un mauvais moment. Le combat ne valait pas le coup.

Vraiment pas.

Ils allaient se battre comme des vieilles loques, à s'enrouler les uns et les autres en espérant arracher la fourrure de son adversaire. Le combat n'allait ni être épique, ni quoique ce soit. Pourtant, elle avait bien envie de le démonter, ce chat. Il connaissait Toucan, bordel. Son mentor. Toucan. L'idée que Trash le connaisse la foutait dans le mal, car elle avait décrété qu'il n'y avait qu'elle qui pouvait le connaître un point c'est tout. Fallait – il aimer ses rivaux ? Mauvaise idée, elle n'arriverait pas à lui arracher les yeux ensuite. Trash toussa un gros crachat qui vint se poser sur la souris. Elle soupira. Elle fut partagée entre sa future et potentielle déception de livrer un combat et son envie de violence et de vengeance. L'autre l'avait provoqué. Il fallait trouver un moyen d'humilier Trash.
A croire qu'il ignorait qui elle était. C'est fou.

Elle s'approchait doucement de lui, haletante. Il fallait exercer une petite pression psychologique pour le forcer à lui obéir. Soufflant, elle sortit ses griffes et les colla au dessus de ses yeux, comme à leur première rencontre. Elle n'exerça aucune pression, elle posa sa patte sur ses sourcils, pour qu'il sente le danger, le problème sous-jacent.

« Coucou mon coeur ça va ? T'es un peu dans mon bled là non ? »

La pression exercée commençait à se faire sentir, mais elle prenait encore soin de ne pas blesser le solitaire. Il fallait lui faire croire en sa miséricorde et non en sa flemme de combattre.

« T'as pas l'impression qu'elle me revenait de droit cette souris ? T'assumes pas d'être solitaire en période de blizzard ? Nul. » Elle déglutit pour éclaircir sa voix. « Néanmoins, t'as de la chance, chéri, je suis de bonne humeur aujourd'hui, et je vois que t'es vraiment en sale état. J'aurais presque de la compassion. »

Elle banda ses muscles, prête à sauter si Trash se relevait soudainement. Elle savait que c'était un véritable tank. Si elle se prenait quelques coups, elle allait s'écrouler au sol. Il fallait baser son combat sur l'esquive.

« Viens on fait un pacte. T'es le protégé de Toucan, tu peux pas être un mauvais gars. Tu me trouves une souris et je te laisse partir d'ici sans te casser la gueule si violemment que Toucan aura du mal à te reconnaître. Qui sait, je t'en donnerais peut – être un bout, mon bichon. » Elle sourit. « Je serais toi, j'accepterais, j'ai mes griffes juste au dessus de tes yeux, et un mauvais mouvement c'est vite arrivé … En plus, je suis plus en forme que toi vu que mon Clan chasse mieux que vous. Ça serait dommage de faire couler du sang inutile dans de telles situations, non ? »

Spoiler:

Je ris.
Tout seul.
La tête à moitié dans la neige.
Et puis ce ehehehe devient un putaiiinpasencore à cause qu'elle recommence avec mes yeux comme la dernière fois.
J'ai dit elle. Je me souviens d'elle maintenant.

Elle a bien changé putain. Ca fait combien de temps ? 6 mois ? Elle est toujours là, en plus grande et en plus bizarre.
C'est vraiment un putain de fantôme à cause que les fantôme ça meurt pas.

J'écoute comme je peux ce qu'elle dit ( j'ai une oreille pleine de neige vous comprenez ? ) et il est question de chéri, Toucan, souris, griffe, Clan..
Ses menaces me font pas peur.
Mais elle veut qu'on chasse et je suis foutrement d'accord.

Je vois ! On va aller chasser ! .. Enlève ta patte de mon visage maintenant enfant de putain. je dis du fait que c'est mon insulte préférée.

Je suis redebout et je m'ébroue pour chasser tout ce blanc de mes poids. Je fais jouer mes muscles tout endoloris du fait de mà chute. J'ai perdu toutes mes réserves de gras. Et mon corps commence à bouffer dans mes muscles. Ça me rend un peu triste de perdre ma force.
Puis mes yeux tombent sur la souris qui reste toute seule dans la neige et la salive.

Tu vas pas la manger finalement ? je dis. T'es con. T'aurais pu le manger si t'avais vraiment faim.

Sur ce je me jette dessus et je la fais disparaître dans des bruits de masticassion.
Je me lèche les babines pour récupérer les derniers morceaux de viande. Je me sens déjà mieux. Plus en forme. Prêt à affronter la neige, le froid et à repartir à la chasse.

Yosh ! C'est parti le Fantôme ! MANGEER !!

J'espère qu'elle suit à cause que je me lance dans des grands bonds dans la neige pour aller plus vite. J'espère que le gibier m'entends pas. Si il est là.

L'enfant de putain aurait pu la faire grimacer si elle aimait sa mère. Nuage d'Albatros était de ces gosses qu'on ne voulait pas avoir. Dans sa famille, elle respectait tout le monde sauf sa mère et son père, par pur défi d'autorité un peu stupide. L'idée de chasser avec Trash ne la dérangeait pas plus que ça. Elle espérait que son Clan comprenait qu'en temps de crise, chasser avec autrui pour en prendre la plus grande part était quelque chose de compréhensible. C'était pas comme si Trash allait rester sur ses terres après. Elle allait le faire dégager proprement, mais sans violence si possible. Elle lui avait promis, après tout. C'était bénéfique pour les deux. Qui sait, il dirait peut – être à Toucan qu'elle l'avait aidé. Qu'elle avait un peu d'honneur, au fond.

Quand il avala la charogne, elle ne put réprimer un haut-de-coeur. L'idée de manger une proie avec du crachat semblait absurde pour la personne superficielle qu'était Nuage d'Albatros. Pour se redonner confiance, elle se lécha la patte avant et se nettoya le haut du crâne en attendant. En vérité, elle voulait surtout détourner les yeux de l'autre solitaire qui mangeait jusqu'aux vers qui se baladaient. Le blizzard les avait – ils tant affaiblis que ça ? C'était tant la merde que ça ? Elle eut un pincement de cœur en regardant Trash qui était beaucoup moins massif que d'habitude. Les solitaires devaient vraiment galérer … Elle secoua la tête. Elle se prenait à avoir des élans d'empathie envers les solitaires. Et puis quoi encore. Ils avaient choisi leur condition, elle n'avait pas de raison de les avoir en pitié. Si Trash était solitaire, c'est que c'était un exilé, un domestique ou un solitaire de naissance. C'est tout. Il faisait parti de la minorité parasite qui volait leurs proies et leur travail, il manquait plus que ça qu'il vienne se plaindre.

« Yosh ! C'est parti le Fantôme ! MANGEER !! »

Le fantôme ? Elle finissait à se faire à ce surnom, après tout. Elle sourit, ça lui allait bien. Blanche, terrifiante, jamais là quand on l'attendait, putain de parasite terrestre et à faire frémir des gosses. Parfait. C'était ce qu'elle allait tenter d'être. Un putain de fantôme. Il part en sautant dans la neige, faisant jaillir de la poudreuse sur son chemin. En ricanant comme une crécelle, Nuage d'Albatros se jette à sa poursuite, sautillant pour éviter, elle, de tomber dans la poudreuse et de rester bloquée. Y avait aussi un peu du fait que sauter réchauffait, et qu'elle avait besoin de chaleur en ce moment. Elle était prête à chiner de la chaleur avec tout le monde. Sa xénophobie s'étalait pour les proies. C'était naturellement qu'elle allait chasser avec Trash pour leurs vies.

« J'espère que t'es habitué à chasser, je refuse d'avoir un boulet avec moi. » Les sens à l'éveil, elle marchait le plus silencieusement possible. « Dans le coin de base y a surtout des oiseaux, mais on sait pas pourquoi, impossible d'en trouver l'hiver. Si on a de la chance, on trouvera des souris qui se baladent, ou des lapins si on a encore plus de chances. Mais bon courage pour les rattraper dans l'état dans lequel on est. »

Baillant aux corneilles avec l'élégance qui lui étant conféré (ahahaha), elle ouvrit d'un air las les yeux pour regarder autour d'eux. Elle avait terriblement la flemme de chasser, mais elle le devait pour leurs survies. Enfin. Pour sa survie. Trash, elle s'en fichait un peu. S'il crevait, elle n'en serait pas plus affectée que ça. Ca lui ferait un obstacle de moins entre la reconnaissance de son mentor et elle.
Néanmoins, fallait – il aimer ses ennemis pour atteindre ses objectifs ? C'était la politique du Vent sous le règne d'Etoile Fauve.

« C'est si galère que ça pour les solitaires ? Je veux dire, le blizzard. Le reste de vos jours, je m'en fiche un peu. »

Elle était incohérente et ses mots ne voulaient pas dire grand chose. Le jour où l'albinos sera logique, vous me ferez signe. Un bruit attira son attention dans les fourrés. Il fallait faire attention et regarder dans les terriers. Elle se mit instinctivement en position de chasse, revoyant en image mentale sa mentor, Etoile de Sable. Doucement, elle s'avança vers le bruit, le cœur battant.

Je lui montre les crocs à cause qu'elle me traite de boulet. De toute façon elle se rendra bien vite compte que Trash passe nulle part inaperçu !

J'écoute ce que dit le Fantôme. Il faut beaucoup de concentrassion pour l'entendre du fait du hurlement du vent qui engloutit sa voix.
J'y crois pas.
Je vois pas comment une souris pourrait se balader là sans être bouffée par la neige. Peut-être que la neige doit manger elle aussi ?
Y'a rien.
Rien que du rien.
Je vois pas d'arbre, pas d'herbe, pas de pentes, pas de rochers juste du blanc partout alors je fixe les poils noirs de mon poitrail pour me donner un point de repère. Ca réchauffe.

C'est si galère que ça pour les solitaires ? Je veux dire, le blizzard. Le reste de vos jours, je m'en fiche un peu.

Alors là j'entends bien. Est-ce que c'est dur pour nous ? Je dois m'arrêter un instant et réfléchir pour me souvenir d'un moment dans ma vie où ça a pas été dur de survivre.

Baaah ouais. Ou non. C'est tout le temps difficile. Ou jamais, tu vois ? je dis.

Depuis tout petit je suis habitué à être le plus fort, à chercher à manger tout seul, à m'occuper de moi tout seul et même à prendre en charge les autres. Alors je suis habitué. Pour moi ça me parait plus dur, même si ça l'est. C'est la banalisation de la galère.

Haaan .. Y'a rien .. Tu veux qu'on continue à faire la conversassion ? je demande.

Puis la la regarde. Elle commence à ramper par terre. Je suis son regard mais je vois rien.
N'empêche que je peux pas m'enpêcher d'espérer.
Même si je sais que l'espoir ça fait putain de mal.
Mais comment avancer si on a pas l'espoir ?

Vas-y le fantôme! je l'encourage mentalement.

Trash n'était pas clair. Du coup, c'est ce qu'en pensait Nuage d'Albatros. Fronçant les sourcils, elle tentait de comprendre ce que le solitaire lui disait. Elle dut en arriver à un constat qu'elle détestait : elle ne comprenait vraiment rien. C'était dur, mais pas toujours, mais peut – être jamais. Se foutait – il de sa gueule ? Elle se savait intelligente sur certains points et incroyablement conne sur d'autres (elle se pensait surtout très intelligente, l'idiote), mais là, la logique du solitaire lui échappait totalement. Tentait – il de dissimuler des informations secrètes ? Les solitaires comptaient – ils faire une sorte d'association clanique contre les Claniques ancestraux ? L'idée lui glaçait le sang. Et si Trash était actuellement un infiltré ?

Elle agita la tête. Son ventre la ramenait à la réalité, en lui collant un ferme ta gueule violent. Il fallait chasser, si elle voulait survivre. Soufflant, elle restait les yeux rivés sur le bruit. Elle s'imaginait un gros lapin, bien gros, bien dodu, et l'idée la fit saliver d'avance. Elle ne sut pas se remémorer de la dernière fois qu'elle avait réellement mangé du bon gibier. Elle se contentait de charognes, à condition qu'elle soit saine, sans danger, avec la viande dessus. A condition que la charogne ne soit pas trop une charogne, sinon c'est quand même pas très classe pour la duchesse qu'était Nuage d'Albatros (si elle avait été humaine, elle aurait été une Bovary, pour sûr).
Bruit.
Elle bondit.
Du vent.

Du vent dans les feuilles. Du putain de vent dans les feuilles. Rien. Juste un connard de souffle, qui emporte avec lui l'espoir des deux jeunes qui se retrouvèrent bien cons à déchiqueter le vent. Merci le vent et bravo le vent. **

« Fais chier ! »

Elle frappa rageusement dans un tas de feuilles, tirant une moue plus grande qu'elle. Elle se retourna vers Trash. Son égo démesuré venait d'en prendre un sacré coup, et elle se devait de le défendre devant le solitaire. Il ne manquait plus qu'il pense qu'elle était inutile. Elle était très très forte au contraire. Enfin, elle se trouvait très très forte.

« D'habitude je me rate jamais, c'est cette saloperie de blizzard qui fait ça ! Tu connais quelques coins ici toi ? Sinon, faut attendre devant des terriers, mais on peut tomber sur un renard. Ça m'étonnerait qu'on puisse en tuer un à deux. »

Soudainement, une idée lui vint en tête. Son estomac, plus grand que ses envies et que ses fantasmes les plus fous, se mit à parler, pour venir parasiter les pensées de la gamine. La faim l'empêchait de réfléchir, soudainement. Elle n'était qu'un être désirant manger, survivre. Le blizzard l'affaiblissait, et elle s'étonnait de ne pas tomber sous la neige depuis le début.

« Eh. Trash. Si on rencontre un renard et qu'on le tue, on pourra le manger ! »

Elle n'était pas très très intelligente, et on en avait la preuve ici. Alby était le genre de chaton qui se faisait bouffer tous les ans par des renards et des blaireaux, mais aucun problème elle voulait les défier pour manger leur chair. C'est dire si le blizzard leur frigorifiait pas le cerveau quelque part.

« En tout cas, faut qu'on aille guetter près des terriers, on pourra trouver des trucs. En attendant, on peut parler. La dernière fois, on a pas trop pu, aha. Mais c'était vraiment cool de te taper sur la gueule, tu te bats bien. » Elle ricana. « Pour un solitaire. » ajouta-t-elle.

Pendant un moment, elle se demanda pourquoi Trash n'avait jamais voulu rejoindre de clan. Peut - être qu'il l'avait voulu. Après tout, elle ne voyait pas d'avantages d'être solitaire, si ce n'était que la galère quotidienne. Elle revint rapidement à la réalité : personne ne l'aurait accepté. Un solitaire était un solitaire, qui naît solitaire reste solitaire apparemment.

Spoiler:

T'es nulle le fantôme. je dis à cause qu'elle rate lamentablement la souris.

Mais déjà elle s'énerve et elle commence à accuser le blizzard et à vite changer de sujet pour que j'oublie son incompétence.
Mes oreilles se pointent à anvant à l'évocation du renard.
Le renard c'est pas beaucoup plus grand et gros qu'un chat et ça se comporte comme un chien. J'en ai jamais vu et je me suis jamais battu contre. Alors là tout de suite je vois une bonne opportunité.

- Eh. Trash. Si on rencontre un renard et qu'on le tue, on pourra le manger !

- J'ai jamais gôuté de renard !! je hurle en réponse.

J'ai envie d'être concentré sur la recherche d'un terrier mais bizarrement là elle a envie de parler. En plus faut se concentrer quand on cherche les terriers à cause que la neige masque les odeur et on pourait tomber sur un terrier de blaireau.
.. Encore mieux !

T'imagine si on rencontre un terrier de blaireau ? Je me demande quel goût ça a..

J'essuie ma bave et je tourne la tête de tous côtés du fait que d'un coup je là vois plus. Mais non elle est là, plus blanche la neige plus transparente qu'un fantôme.

Pourquoi t'es toute blanche comme ça d'ailleurs ? T'as l'air malade. Tu vas mourir bientôt ?

Trash évoqua l'idée de rencontrer un blaireau et soudainement, Nuage d'Albatros sentit son échine se dresser. Elle n'aimait pas les blaireaux. Apparemment, ils étaient réputés pour être cruels et tuer les chats d'un coup de patte. L'albinos savait pertinemment qu'un coup de patte d'un chat lambda l'envoyait valser beaucoup plus violemment que n'importe quel chat. L'idée de combattre un blaireau lui parut absurde, tant qu'elle était désormais rongée par la lâcheté. Néanmoins, le solitaire avait raison sur une chose : le blaireau, ça paraissait vraiment bon.
Bon sang, elle sentait qu'elle n'arrivait plus à réfléchir convenablement. Elle était prête à dévorer un autre chat, et combattre un blaireau lui paraissait suffisamment dangereux pour mériter une prise du tonnerre.

« Mais ça a l'air dangereux de chasser un blaireau non ? Tu en as déjà mangé hein ? »

C'était l'occasion pour Trash de lui faire gober des couleuvres. Nuage d'Albatros était épuisée, et son degré de naïveté était décuplé. Elle vit le solitaire s'agiter, et continua à le fixer avec ses yeux rouges. Elle haussa un sourcil, le sourire en planche de bois. Il était étrange. Elle se savait pas si c'était le fait qu'il soit solitaire ou quoi, mais il avait cette manière d'agir très enfantine, très impulsive.

« Pourquoi t'es toute blanche comme ça d'ailleurs ? T'as l'air malade. Tu vas mourir bientôt ? »

Son étonnement redoubla. C'était pas très gentil, ça. En temps normal, elle lui aurait sauté dessus pour lui arracher la fourrure, lui prouvant qu'elle n'allait pas mourir bientôt car la mort, c'était pour les faibles et les méchants, et elle n'était pas de ces classes là. Elle esquissa un rictus faussement amusé, et laissa quelques rires gênés. Aha. Il était drôle, ce Trash … Si elle avait pu, elle serait rouge de honte et de gêne. C'était pour la première fois qu'elle voyait son albinisme comme une bénédiction pour ça. C'était dire.

« Il y a bien des chats tout blancs non ? Toi par exemple, tu es tout noir, et je ne dis pas que ton sang est tellement pourri qu'il suinte le malheur de l'extérieur tu vois. »

Elle se mit à grelotter. Elle avait froid. Elle crevait de froid. Elle en pouvait plus. Tremblante, elle tenta de se mouvoir mais le manque d'action venait de lui engourdir les muscles. Doucement, elle se sentit tomber au sol, claquant des crocs.

« Comment vous faites pour rester dehors dans le froid, sans aucune chaleur d'autrui, sans crever putain ? Vous êtes déjà morts de l'intérieur c'est ça ? »

Elle tenta de se lever mais se ramassa au sol, mangeant de la neige à nouveau. Elle ferma les yeux pour éviter de se les brûler avec la fraîcheur du sol, et elle fit une petite pause.

« Je vais crever, je fais une petite pause, attends. Dis moi que t'as déjà tué un blaireau, ou un renard, ou quoique ce soit. J'ai tellement faim que je pourrais bouffer un serpent, c'est dire. On va crever, Trash. Je suis blanche parce qu'apparemment j'ai le sang pourri, les gênes démontés, c'est pour ça que j'ai les yeux rouges aussi. On m'a toujours dit que lors d'une tempête pareille, j'allais crever immédiatement et je commence à le croire. Mais ne t'en fais pas, y a pas que moi qui vais crever dans les quelques heures, y a toi aussi, car on est tous dans la même galère, on est tous morts de faim, toi à la différence que t'es plus habitué que nous. »

Roulée en boule, elle réfléchit soudainement sur son état de conscience. Allait – t – elle aller au Clan des Etoiles ? Elle avait été amie avec des solitaires, jamais de la vie. Le Clan des Etoiles allait la détester pour ça, et son Clan la déshonorer. C'était affreux, elle avait bien envie d'aller les voir, ces putain d'étoiles. Au lieu de ça, elle allait croupir dans la Forêt Sombre. C'était affreux. Son corps blanc était plus joli en étoile.
Elle avait pas envie de crever, vraiment.

« Trash, aide moi, vraiment. Tu connais pas un coin sûr avec des proies ? Vous avez pas un garde proie avec Toucan ? J'en suis sûre, vous pouvez pas être vivants encore sans en avoir un. En échange, je ferais n'importe quoi, tu pourras me casser la gueule pour te venger de la dernière fois si tu veux, ça me dérange pas. Tant que tu me files à manger, je ferais n'importe quoi. Je te laisserais gambader un peu dans les landes si tu veux, je te dirais que t'es mon ami, je te dirais que t'es joli et que je t'aime bien, je te dirais que les solitaires au fond c'est des gens sympas, je te dirais que j'ai plus faim, je te dirais de me frapper plus fort que jamais, je te laisserais me briser le crâne, je te laisserais me considérer comme une égale, je te donnerais des droits spéciaux, des droits de clémence. Mais fais un truc, on va crever. »

_ Il y a bien des chats tout blancs non ? Toi par exemple, tu es tout noir, et je ne dis pas que ton sang est tellement pourri qu'il suinte le malheur de l'extérieur tu vois.
_ J'en ai jamais vu des tout blancs. je dis.

Je suis déçu par sa non-explication. Et je passe en revue tous les chats que j'ai vu dans ma vie. Noir noir noir, noir et blanc, gris et gris tigré.

Et puis fantôme se met à convulser de froid, dans la neige. La voir claquer des crocs ça me rappelle qu'il fait froid et je claque moi aussi.
Mais moi j'ai une épaisse fourrure noire repeinte en blanc et je suis pas en position foetale dans la neige et même qu'elle ferme les yeux et qu'on dirait qu'elle est morte.

Allez debout le Fantôme.

Je la tate avec ma patte et son corps et tout froid mais sa peau toute rose est toute molle.
Dans la neige.

Mais juste elle continue de parler, comme si son cerveau était plus en forme que son corps, juste ses petites lèvres remue et elle souffle des mots. Elle me demande de l'aider.
Je me couche près d'elle à cause que je suis pas sûre de bien l'entendre et que je veux lui transmettre ma chaleur et ma force.
Et puis je suis un peu triste.
Le froid mord mon ventre.
Et on va pas manger de renard.

.. Je voulais qu'on mange du renard ..

_ Trash, aide moi, vraiment. [...]

J'écoute sa longue longue tirade où elle parle de ce que j'aurais si je fais et qu'elle pense qu'elle va mourir et que moi aussi si je fais rien et je suis putain de pas d'accord, moi je vais pas crever ici certainement pas et elle non plus pas avec toutes ses belles idées sur la force.

Ca sert à quoi de péter la gueule à des solitaires si t'es même pas capable de tenir debout face à la neige ? Hein ?? Tu peux pas crever si tu penses que t'es la plus forte ! OÏÏÏÏÏÏÏÏ ! Lève-toi fantôme ! On va chez moi !

Et là j'ai plus froid à cause que je brûle d'un feu intérieur. Je viens du ghetto, j'ai toujours vécu en me battant contre tout le monde et là on me dis que je vais crever alors non pas moyen je créverai pas et elle crèvera pas non plus.

Je fais comme avec Toucan, je la bascule sur mon dos et direction le Verger.
Y'a rien à manger, mais y'a une cabane avec pas de rats et il fait chaud là dedans. Alors c'est là qu'on va.

**
élipse temporelle de fifou

T'es pas morte. je dis.

Je la tâte encore de la patte maintenant qu'elle est dans la cabane en bois qui grince et qui est décidément pas un garde manger.

T'es dans ma cabane et t'es pas morte.

Spoiler: