LP - Assemblée & Bataille | Lune Rouge - end

Il ne voulait pas tant que cela en venir à là. C’est vrai, se battre, cela n’amenait généralement pas à grand-chose… Du moins, de son point de vue de matou lâche et arrogant. Il y avait bien mieux à faire que de s’infliger des coups de griffe et de crocs pour prouver une quelconque supériorité… Pourtant, la Guerrière de l’Ombre ne lui en laissait pas franchement le choix. Il aurait beau lutter, à en voir la lueur débile qui trônait dans son regard, elle n’en démordrait pas. Il faut croire qu’il y a des matous butés partout. L’intelligence se limite parfois à quelques frontières. Et elle n’avait visiblement pas franchi celle du crâne de celle qu’il affrontait. Tant pis pour elle, claironna finalement une voix dans sa tête, reprenant mot pour mot ce qu’il lui avait craché. Il l’avait sommé de faire machine arrière. Il lui avait clairement expliqué qu’elle se trompait de cible. Qu’est-ce qu’il pouvait bien faire de plus ? Il n’allait quand même pas, lui, rebrousser chemin. Pas devant ses camarades… Pas devant les Clans rivaux… Pas non plus devant les Lunar Pods… Pas lorsque tous les regards pouvaient se braquer sur lui à tout instant… Non. Il y avait bel et bien des fois où la dérobade était permise, lors des entraînements d’Étoile de Suie par exemple, mais parfois, lorsque les circonstances l’exigeaient, sur le champ de bataille par exemple, un peu comme à l’heure actuelle, il ne pouvait en être autrement. Il ne pouvait faire autre chose que de défendre les maigres valeurs qui restaient encore debout au sein de son Clan. Il ne pouvait faire autrement que de défendre les quelques camarades en lesquels il plaçait encore de la loyauté, de la fidélité et un poil de compassion. Il avait beau rabrouer chacun de ses camarades de son temps libre, il n’en gardait pas moins un attachement certain envers son Clan. Et ça, il le défendrait coûte que coûte.

Son coup, bien que peu sûr de lui sur l’instant, porta finalement ses fruits. La femelle s’écroula, soulevant un nuage de poussière dans sa chute. Rien d’extraordinaire. Rien qui ne vaille franchement de vives félicitations. Mais un coup suffisamment fructueux pour permettre au matou de prendre l’avantage un temps. Et c’est ce qu’il fit sans tarder. Profitant de l’occasion offerte, le matou quasiment blanc se défend d’un nouveau coup de patte, toutes griffes sorties. Il vise le ventre de la Guerrière, ne prenant pas pour partie d’agir comme un être des plus vicieux, mais plutôt comme un stratège qu’il n’était pas franchement. S’il souhaitait plus que tout se défendre et défendre son Clan, ou du moins ce qu’il en restait, il ne souhaitait pas avoir un mauvais coup sur la conscience ou pire encore. Il s’en cantonnerait donc à des coups mineurs, ne mettant pas franchement en danger la survie de l’autre. Et ce malgré toute la hargne de l’autre. Et ce malgré toutes ses tentatives de le faire entrer dans une case à laquelle il se refusait. Sentant un semblant de colère monter dans le camp adverse, Patte Noire tenta quant à lui de garder son sang-froid. Il ne le perdait que rarement lorsqu’il joutait verbalement, autant en faire de même lorsque le physique entrait en ligne de mire. Après tout, il n’était pas franchement en difficulté depuis le début de l’accrochage. Et ce même si l’Ombreuse avait porté le premier coup. Elle avait eu droit à l’effet de surprise et elle s’était lamentablement manger. Lui, si ses coups n’étaient pas toujours très francs, il avait au moins eu l’adresse de toujours les mener à bien. N’ayant pas pour objectif réel de maintenir la Guerrière clouée au sol, le Guerrier se laissa déloger un poil trop facilement. Reprenant immédiatement de l’aplomb, la femelle tigrée ne lui laissa pas de répit, flânant comme un chaton idiot à peine son coup de griffe lancé à la dérobade. Un discret grognement monta dans la gorge du matou dont la patience commençait à saturer. Décidément, le Clan de l’Ombre n’était qu’un ramassis de charognards et de sans-cervelle. Il ne perdrait plus son temps en parole. La prévention avait assez duré, pesta-t-il pour lui-même en son fort intérieur avant de se jeter au cou de la Guerrière.

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