LP - Assemblée & Bataille | Lune Rouge - end

Mais bien sûr, ma petite victoire ne dura pas bien longtemps. Bien vite, le guerrier de la Rivière me fauche, ce qui me faisait tomber à terre, la tête la première. Ça me faisait mal. J’avais mal. Même beaucoup trop mal. Il avait enfoncé ses griffes dans mon flanc qui était à présent à découvert suite à ma chute. Je sentais les larmes qui commençaient à s’échapper lentement de mes yeux, tant c’était douloureux. Mes tremblements ne cessaient pas, j’étais encore plus terrifiée. Si seulement Maman était là… Elle pourrait me défendre. Mais le problème était que Maman était blessée et je crois que je ne l’aurais pas laissée se battre toute seule. Non, non et non. Et puis Moumouche ! Je ne sais pas où il est, ni s’il va bien, et je m’inquiétais beaucoup. Enfin les coups de griffes s’arrêtèrent, me laissant, encore plus terrifiée. Mon pelage, à cet endroit blanc et marron était poisseux et tout rouge. Je serrais les dents en me relevant, il semblait me laisser un peu de répits. Il est vraiment méchant en fait ?

« Allez petite amène toi qu'on en finisse vite, tu retournera dans ton campement en vitesse et tout le monde sera heureux comme ça. »

En fait non. Il est vraiment pas cool et en plus il me fait mal et peur. Pendant qu’il avait dit sa phrase, je m’étais relevée, en douceur. Mais je grognais encore plus ! Il aurait peut-être peur comme ça ? Mon pelage était gonflé à son maximum, de mon point de vue, j’étais terrifiante, mais du sien… Je devais être ridicule. Il léchait sa blessure et se remit en posture pour combattre. D’un « MIAOU » vraiment méchant, je lui sautais sur le dos et je m’agrippais. Je me souvenais de ça, un petit peu du moins. Je plantais mes griffes et le mordait le plus possible ! Peut-être que s’il avait mal il me laisserait tranquille ?

Mais au lieu d’avoir peur, comme j’aurais pu le penser, le guerrier s’accroupit. Il abandonnait ? Vraiment ? Sauf que d’un coup, il se releva et tomba en arrière. J’étais là pour amortir sa chute, évidement. J’étais tellement surprise que je n’ai pas eu le temps de me dégager et tout le poids du guerrier était sur moi. J’avais très mal. Bloquée, j’essayais de bouger mais je ne pouvais pas, mes yeux allaient à droite, à gauche, à droite… J’étais tétanisée. Je le lâchai alors, tremblante comme une feuille. Et puis là, le vilain poisson m’attrape une patte et la mord, selon moi, de toutes ses forces. J’émis un miaulement de douleur et je tentais de le repousser du mieux que je pouvais. Comme en réponse à mes supplications, il me lâcha et tourna autour de moi. J’étais une petite souris face au gros méchant chat.

« Crois moi, j'ai pas envie de t'écraser jusqu'à ce que tu agonises, ta place est pas ici petite, tu vas te faire crever par un félin plus féroce que moi et t'auras pas vécu ta vie, à ta place j'retournerais près de ma famille et je reviendrais quand j'aurais plus d'expérience. C'est votre chef qui a fait souffrir le Clan de la Rivière pas une petite comme toi qui viens de quitter la pouponnière. Va-t'en maintenant ou je serais obligé de continuer jusqu'à ce que ce soit plus grave. »

Finalement le grand guerrier n’était pas si méchant. Il comprenait que moi je n’aimais pas les chats de la Lune ? Je le fixais intensément, avec mes grands yeux de lapin terrifié. Il ne voulait pas me faire plus de mal je crois… Doucement, j’ouvrais la bouche et tentait de dire malgré ma peur.

« Merci. Je… je les aime pas les… les ch… chats de la Lune. »

Il devait le savoir, je me suis battue contre lui seulement parce qu’il m’avait provoqué alors que je cherchais mon frère. Il est peut-être rentré d’ailleurs. Mon corps rasant le sol, j’avançais doucement hors de la bataille en boitant, tout en gardant le guerrier dans mon champ de vision. Je voulais voir Maman. Alors que je m’éloignais de plus en plus, une fois assez loin, je me retournai et parti le plus vite possible. J’avais très très mal et je n’allais pas très vite… Mais je ne devais pas m’arrêter tant que je n’étais pas rentée. J’entendais encore derrière moi les cris et hurlements féroces des autres. Ils me glaçaient le sang.

||Out pour Pépé du coup, merci pour le combat <3||

+:

Il sentait la brise froide de la nuit s'infiltrer dans sa fourrure tandis que ses pattes frappaient le sol bruyamment. Nuage de Saumon courrait comme un fou, le pelage hirsute, les yeux emplis d'un sombre mélange de haine et de rage. Comment pouvaient-ils seulement garder l'envie de respirer ? Comment ces chiens se regardaient-ils dans la rivière chaque matin, en sachant que de l'autre côté, un Clan pleurait un chaton par leur faute ? Qu'une mère avait été tué ? Qu'un second lieutenant l'avait suivi ? Comment était-ce concevable pour les vétérans, pour les guérisseurs ? Le Clan des Étoiles n'avait-il jamais soutenu le Clan du Tonnerre par le passé ?!

Saumon n'avait jamais souhaité de bains de sang jusqu'alors, et quelques lunes plus tôt il pleurait aux Rochers du Soleil à l'idée de blesser une autre novice, pourtant ennemie. Il avait toujours été un lâche, un moins-que-rien dans l'art de faire du mal. Pourtant, ce soir Nuage de Saumon ne pleurait pas, il ne tremblait plus. Nuage de Saumon était mort. Il s'était volatilisé à l'instant même où les guerriers du Tonnerre avaient participé à l'enlèvement des chatons. Qu'un adulte meurt, il le concevait, mais qu'on viole le Code du Guerrier, qu'on abatte Petite Améthyste, ça il ne le pardonnerait jamais à ces rats.

Lorsqu'il s'approcha des Quatre Chênes, il entendit les feulements comme l'avait indiqué le messager. L'odeur du sang polluait l'air. Saumon marqua un arrêt, comme soudain incertain. Au diable Nuage de Saumon, il était mort. Aussi mort que ses frères de Clan tués par les tonnerreux. Il sortit ses griffes, la queue fouettant l'air. Il cligna des yeux, et enterra définitivement le novice craintif qu'il avait été. Aujourd'hui, il renaissait.

Le matou sable s'élança parmi les mêlées de félins bruyants et amochés. On l'avait préparé à cette bataille pendant ce qui lui avait parut être une éternité. Il ignora les miaulements plaintifs, les plaies ruisselantes, et les cadavres déjà gisants. Les sourcils froncés, le museau froissé, il lançait un regard circulaire, à l'affût d'une occasion. Il ne mit pas beaucoup de temps à repérer un allié en difficulté qu'il reconnut grâce à sa fourrure atypique. Nuage de Manchot était écrasé par une féline balafré et subissait ses attaques de plein fouet. Il libéra sa colère, sa haine, sa rage contenue depuis plus d'une lune en un feulement alors qu'il bondissait sur la femelle.

Le mâle haut-sur-patte déséquilibra alors la Lunar Pod par surprise, et finit par l'écraser à son tour, dans une position bien moins confortable. Sans pitié cependant, il ne lui laissa aucun répit et profita de l'effet de surprise jusqu'au bout; il décocha un violent coup de griffe en ciblant directement une vieille plaie située sur le front de la femelle. Que le sang lui coule dans les yeux; il s'en fichait.

« Ta sale race ne mérite pas de pitié, assassins de chaton ! Tout ça, c'est de votre faute ! » hurlait-il alors qu'il s'apprêtait à asséner un second coup à la féline qui n'était pas beaucoup plus vieille que lui.