Un blaireau et une patrouille (PV Nac et Orages] - abandon

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'Attaque Clan' :

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Crocs Nacrés avait beaucoup de défauts, mais peu à peu, avait également développé un certain savoir-faire dont il n'était qu'à-demi conscient. Son flair et son sens de l'orientation le dirigèrent vite vers une empreinte qui correspondait à peu près à ce à quoi il s'attendait. Devinant grâce à elle la direction vers laquelle était partie la bête ainsi que la relative fraîcheur de la piste, il s'étonna. Et durant quelques secondes, il la suivit. L'animal devait être d'une taille comparable à celui qui les avait agressés, lui et Nuage de Crépuscule.

En suivant la piste, quelque peu distrait et focalisé sur ce qu'il sentait, il négligea la surveillance des deux autres membres de sa patrouille, car un problème de taille se posa vite : plusieurs pistes différentes se croisaient. L'animal était passé par ici plusieurs fois, et récemment. C'était là une très désagréable découverte, surtout dans les terres du Clan du Vent. Il releva la tête pour voir son jeune frère et sa cousine. Et surprit, à une vingtaine de mètres, le blaireau qui surgissait pour agresser Nuage d'Orage.

« Aaaaah ! Crocs Nacrés ! Il est làààààààà ! » beugla l'apprenti, qui aurait dû courir. Pourquoi n'avait-il pas couru ?

Crocs Nacrés se précipitait dans leur direction, conscient que le blaireau n'avait qu'un geste facile à faire pour tuer le jeune mâle. Conscient qu'il arriverait trop tard. Impressionné, aussi, car il revoyait le coup, les griffes, la blessure, le Silex qui avait failli mourir sous ses yeux, ainsi que l'animal qui avait creusé pour le cueillir au fond du trou.

Pourquoi ? Pourquoi ce sang ? Pourquoi ne s'est-il pas enfui ?

Il filait comme le vent, mais il imaginait déjà la suite. Lui, survivrait, parce qu'il était lâche. Et de retour au camp, cette fois, on oserait le lui dire.

Tu es lâche. Notre frère, c'est comme si tu l'avais tué. Dégage.

Et l'on apprendrait quelle naissance était la sienne. A quel point il avait abusé de la bienveillance de ce Clan. A quel point il était un traître. Et ses filles l'oublieraient, tout comme son frère, tout comme Caresse du Vent. C'était simple : leur seule chance de trouver la sécurité revenait à cet oubli. Il aurait dû abandonner bien avant, déjà. Pour leur éviter ça. Il aurait dû les préparer tous comme il avait préparé Éclat d'Argent. Les larmes aux yeux, il courait, et pendant qu'il courait, il voyait Aigle Vif arriver sur la bête, mais ne comprenait pas, ne comprenait pas que le Blaireau laisserait peut-être son frère en vie. Si bien qu'arrivé, ce fut presque un choc pour lui de sentir l'Orage haleter.

" Attrape Nuage d'Orage ! On doit rentrer ! "

Il n'entendait rien, mais il tirait quand même, par la peau du cou, pour bouger de là son frère, pour l'éloigner de la bête meurtrière. L'apprenti était lourd, et le tigré s'y prenait mal. Aigle Vif les aida un peu à faire quelques mètres, mais déjà, le blaireau revenait. On l'entendait. Le cœur battant à tout rompre, Crocs Nacrés se doutait un peu des constats terribles qui s'imposaient. La lutte était nécessaire. La lutte contre un animal qui était capable de vous chasser comme vous chassiez les souris.

" On ne sera jamais assez rapide pour le semer, écoute Crocs Nacrés je t'en pris fait moi confiance, je vais courir et attirer le blaireau dans l'autre direction toi dirige toi vers le camp il y a un bouquet de ronce en bas des hautes landes entourés d'arbre je vais le semer là bas et je te rejoins dès que c'est fait il faut soigner au plus vite Nuage d'Orages... "

Il n'écoutait qu'à demi. C'était difficile de se concentrer pendant ces moments d'action, de tension extrême, sur ce vous racontait quelqu'un. Crocs Nacrés en était incapable. Il avait déjà beaucoup trop de choses en tête. La blaireau arrivait. Nuage d'Orage avait une patte très blessée, mais il était surtout bouleversé plus qu'autre chose. A trois pattes, on pouvait encore marcher. On boitait, mais on pouvait toujours marcher.

" Écoute... " chuchotait-il à l'oreille de son frère dont il avait lâché la peau du cou. " Tu as mal, je sais, mais il faut courir. Tu vois l'arbre, là ? C'est pas loin. Au pied, y'a un buisson. Tu files, tu te mets dedans. C'est clair ? Et surtout pas dans un trou ! Le buisson, au pied de l'arbre ! "

Il connaissait les terres et tous deux faisaient effectivement face à un arbuste à base broussailleuse dont seul le haut dépassait de la pente. Mais ce n'était pas si loin, pas loin du tout. Nuage d'Orage pouvait le faire. Il devait le faire. Parce qu'il n'y avait aucune raison pour que le blaireau soit très coopératif. Il avait faim, et à ses yeux, un chat blessé, c'était sans quelque chose d'appétissant. Un peu comme les chats se délectaient à la seule vue d'un oisillon tombé de son nid.

Il s'était retourné tandis qu'il parlait, pour faire face au danger. Et en effleurant, de sa queue, le flanc et le dos de son frère, il l'incita à se dépêcher. Mais il ne le regardait plus. Il regardait Aigle Vif, qui s'était précipitée sur le dos de la créature assoiffée de sang. Mais elle est folle. s'effara le tigré en s'approchant d'eux silencieusement. Un tel combat ne pouvait pas durer. Chaque seconde multipliait le risque que le blaireau utilise l'une de ses armes redoutables pour prendre un mortel avantage en lui arrachant un bout de patte ou de tête.

Il ne se félicita pas d'avoir pensé à une approche silencieuse, parce qu'il était à moitié mort de trouille (et l'autre moitié, il ne savait pas trop, mais elle n'était probablement pas plus compatible avec une réflexion pleine de lucidité). En tout cas, il vit que le blaireau s'apprêtait à se retourner pour coincer sa cousine. Et il devinait déjà, à sa mâchoire entrouverte, les poignards qui se refermeraient sur la gorge de la minette s'il ne retenait pas l'animal. Voilà pourquoi Crocs Nacrés comprit qu'il devait être le premier à mordre. Et lorsque le blaireau se laissa tomber par terre, il bondit, protégé par un drôle d'effet de surprise.

Il bondit et, tout hérissé, tout gonflé, la queue s'agitant pour signifier sa grande combativité, les crocs dévoilés, il commença par mordre profondément la cuisse de la bête. Cela dut suffire à la créature pour oublier Aigle Vif, car elle gardait la gueule ouverte, d'où elle fit retentir un sifflement assourdissant et très violent. Ce sifflement de douleur et de colère avait quelque chose de glaçant. Mais Crocs Nacrés y sembla tout à fait insensible. Il se mit à feuler, plus fort qu'il n'avait jamais feulé. En fait, par rapport à toutes ses précédentes expériences de tentative d'intimidation, celle-ci semblait être la seule qu'il ait jamais réussie.

Aigle Vif trouva le temps de se dégager et de prendre un peu de recul. Mais désormais les deux yeux jaunes de la bête luisaient d'une résolution meurtrière, et Crocs Nacrés, qui l'avait mordu, ne s'était pas assez éloigné.

Quel idiot. réalisa-t-il au moment où un vif FSHSHSHHSHSH lui fit comprendre, en même temps qu'une douleur aigüe, que les monstrueuses griffes de la bête venaient de teindre de rouge la base de son cou et son poitrail.

Blessure superficielle, mais le sang coulait très fort. Et ça voulait dire quelque chose que son instinct lui fit comprendre aussitôt : il était incapable de semer le blaireau. Cette plaie ne tarderait pas à l’essouffler, et derrière lui, il marquerait de sang le chemin qu'il suivrait. Cela ne pourrait pas tromper un blaireau.

Sa seule chance de survie demeurait donc en sa cousine. Il courut à toute vitesse dans sa direction, sûr que le blaireau le suivait, mais ne lui dit pas un mot. Elle déciderait elle-même de ce qu'il était bon de faire. Après tout, Crocs Nacrés était conscient qu'il se trompait peut-être dans le diagnostic de sa blessure. Le regard externe de sa cousine trancherait bien mieux qu'il n'en était capable.

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#1 'Attaque Clan' :


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#2 'Attaque Autre' :

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'Attaque Clan' :

Crocs Nacrés avait couru, mais n'avait pas rattrapé sa cousine et se demandait si sa dernière heure était venue, car il était tout à fait épuisé, à peine capable désormais de rester debout sur ses quatre pattes. Mauvais coureur de base, il devenait épouvantable lorsqu'il était blessé. Lorsqu'il comprit que sa fuite était finie et qu'il ne pourrait plus courir, il décida de se retourner pour voir approcher le blaireau, sa fin. Et il fut bien surpris de ne surprendre aucune bête féroce suivre la piste sanglante qu'il avait laissée. Bien surpris, mais aussi bien trop fatigué pour réfléchir. Sans trop essayer, donc, et avec difficulté, il se dirigea vers un endroit où un sentiment impossible à analyser le poussait à se rendre. Ses pattes avançaient toutes seules, et dans l'esprit du chat tigré, il ne restait plus rien. Un grand silence, un grand vide au milieu duquel il se trouvait. Blaireau, Aigle Vif, blessure, sang-mêlé... il ne pensait plus à rien. Il se contentait d'avancer, dans un monde qu'il ne sentait plus.

Il ignorerait toujours combien de temps dura son errance. Mais il finit, détail curieux, par s'interrompre. Le même sentiment indéfinissable qui lui avait dicté de marcher lui dictait désormais de s'arrêter. Et il fut ébahi de voir un membre noir se mettre en mouvement. Sa vision était devenue si vague, et son odorat si nul qu'il fut incapable de comprendre de quoi il s'agissait. Un autre piège de la nature ? Crocs Nacrés resta bien dix secondes, ahuri, à contempler cette silhouette vague, avant de reconnaître Nuage d'Orage. Sa voix brisée essaya d'intervenir :

" Nuage d'Orage ? Tu es bien là ? "

Il n'était pas tout à fait sûr d'avoir parlé tellement son ouïe s'était elle aussi dégradée. La fatigue s'était emparée de chaque fragment de son corps en pièces. Finalement il baissa la tête vers le corps étendu, et parvint à distinguer, très confusément, la chaleur et l'odeur propres à son plus jeune frère. La fatigue le désorientait, il ne se souvenait plus tellement de ce qui s'était passé, mais un drôle de soulagement le prit malgré tout. Il eut l'impression que quelque chose de terrible venait d'être évité.

" C'est bien. " murmura-t-il, doucement.

Et en même temps, il se demandait s'il n'allait pas se coucher contre son frère pour dormir lui aussi. Il était atrocement fatigué par sa course et ... il remarqua le sang qu'il avait perdu.

" Je suis un peu sale... " fit-il mine de s'excuser, sans finir sa phrase. Sans quoi j'aurais bien dormi un peu avec toi. " Mais... mais je vais bien quand même. " le rassura-t-il ensuite. Il avait envie de féliciter son frère, mais il ne comprenait pas pourquoi.

Au loin retentit alors un cri perdu dans le vent. Crocs Nacrés se sentait si fatigué qu'il crut d'abord à une hallucination, à quelque chose d'irréel : " Crocs Nacrés ! Au secours !!! "

Cela arrivait souvent, lorsqu'on était fatigué, d'entendre des cris tous droits sortis du monde des rêves. Le guerrier tigré eut envie de plonger dans un sommeil profond, mais son jeune frère réagit, lui rappela qu'ils étaient encore dans la réalité. Qu'Aigle Vif avait dû les appeler.

" Ça... Ça venait d'où ? " demanda alors Crocs Nacrés, qui avait l'impression de ne pas en avoir la moindre idée.

Et péniblement, alors que son frère lui indiquait la direction, il se remit en marche, de plus en plus fatigué à chaque pas. " Je sens plus rien. " grommela-t-il, tout seul en continuant son chemin. Après quoi il demeura tout à fait muet. C'était déjà bien trop difficile de ne pas tomber, alors si en plus, il essayait de parler, il risquait fort d'échouer sur les deux plans.

Il serait bien passé à côté de l'arbre si Aigle Vif ne s'était pas faite à nouveau entendre au moment où il passait dessous. Il l'entendait, mais il ne relevait pas la tête et ne comprenait pas où elle se trouvait. Il ne sentait que vaguement l'odeur d'un blaireau et de sa cousine. " Elle est dans son ventre ? " se demanda-t-il, en devinant qu'une lutte avait eu lieu par ici mais en estimant que sa cousine ne se trouvait plus là. Pas plus d'ailleurs que la bête.

Il finit par comprendre qu'elle se trouvait sur un arbre. " Tu fais quoi, là ? " interrogea-t-il Aigle Vif, toujours aussi incapable de réfléchir, toujours aussi fatigué. " Allez, descend. " l'exhorta-t-il ensuite sans rien comprendre à la délicatesse de la situation.

Spoiler:

Ça, pour descendre, elle descendit. Mais en voyant ce drôle de spectacle, Crocs Nacrés, plutôt que de s'inquiéter comme au moment de leur marche il s'était inquiété en voyant sa cousine tomber, sentit monter en lui un fou rire un peu nerveux. Elle avait le chic pour s'étaler, et... quand on la voyait, épuisée et maladroite comme à cet instant, alors qu'on était soi-même à peu près autant fatigué, sinon plus, ça devenait impossible d'être sérieux et concentré.

" Pfpfpfpfpfffff " essayait-il d'étouffer son rire. Allait-il pouvoir rester debout, s'il se mettait à rire. Finalement, une larme à l’œil, car le rire vous faisait parfois pleurer, il osa un timide " Ça-ça va ? " un peu trop aigu.

Je suis vraiment trop con de rigoler à un moment pareil. songeait-il, sans pour autant arrêter de s'esclaffer. Aigle Vif, elle, n'eut pas besoin de lui pour se relever. Et heureusement, car son équilibre à lui était assez instable, il avait un de ces vertiges qui devenaient ordinaires, à partir d'un certain seuil de sang perdu.

" Où est Nuage d'Orage ? Il faut vite qu'on le ramène au camp.
- Nuage d'Orage ? " répéta-t-il, en pouffant à moitié. Il n'arrivait même plus à comprendre la question. " Il... pfpffpfppfff... je l'ai vu, c'est... c'est bon... "

Il aurait bien voulu faire demi-tour mais craignait un peu que dans la manœuvre, ses éclats de rire le fassent tomber par terre à son tour. Aussi se força-t-il à respirer très fort pour retrouver son calme. Exercice difficile à un moment pareil.

" Je suis désolée. " lança Aigle Vif, douloureusement. Mais le tigré avait temporairement oublié le blaireau et toutes ces histoires. Il la regarda bizarrement, comme s'il ne comprenait pas de quoi elle parlait. Lorsqu'on était fatigué comme là, les évènements s'enchaînaient comme dans un rêve, sans que l'on soit jamais capable de soupçonner la logique qui les liait les uns aux autres. Bientôt sans doute, le tigré retrouverait ses esprits et ses forces, mais... Il faudrait d'abord qu'il se repose un peu.

" Oh t'inquiète, ce sera vite oublié ! " sourit-il, en essayant de se faire gentil. Il avait l'impression que sa cousine n'allait pas bien, mais espérait peut-être qu'en parlant ainsi, son rêve allait changer et la soigner brusquement. " Viens, viens, il est pas très loin ! " invita-t-il sa cousine à le suivre.

Et comme par miracle, il retrouvait l'usage de ses patte ainsi que le chemin qui l'avait conduit jusque là. Parler et marcher en même temps, cela s'avéra par contre impossible. Il arrivait à peine à s'assurer, de temps en temps, qu'Aigle Vif était près de lui, et c'était d'ailleurs involontairement, car au fur et à mesure qu'il avançait, il oubliait ce qu'il faisait là. La vue de sa cousine lui rappelait alors le strict minimum.

Oui... On était avec Nuage d'Orage... Et il faut le faire rentrer... Il est par là. essayait-il de se répéter.

Finalement, l'apprenti au pelage sombre fut retrouvé, toujours étendu dans son buisson.

" Non mais regarde-le ! " s'exclama Crocs Nacrés une fois arrêté, l'air gentiment exaspéré. " Il gagnerait tous les concours de dodo. "

Les concours de dodo ? Pourquoi ai-je parlé de ça ? s'interrompit-il alors. Et de l'extérieur aussi, il eut l'air d'avoir une absence. Les concours de dodo, en fait, avaient été organisés pendant sa plus tendre enfance à lui, alors que le Blizzard sifflait hors de la pouponnière, pour les calmer, lui, son frère, et les autres chatons de la pouponnière. Il y avait même eu Petit Ambre et Patte d'Argent, se souvint-il, bizarrement ému.

Puis quelque chose dut le faire revenir à la surface, car il émergea de sa rêverie.

" Bon allez, va falloir le rentrer ! Je t'avoue que... je dormirais bien, moi aussi ! " lança le tigré, toujours gai, toujours spontané. Réfléchir était devenu impossible.

" Doucement... " chuchota-t-il, comme s'il comprenait vraiment que son frère était blessé. Mais en fait, il ignorait pourquoi il parlait ainsi. En tout cas, très délicatement, le cousin et la cousine parvinrent à hisser sur leur dos un Nuage d'Orage complètement exténué qui se laissait manipuler comme peu de boules de poils.

Le rentrer fut difficile. Déjà parce que l'apprenti était lourd, pour deux adultes aussi fatigués, et ensuite parce que c'était extrêmement technique, de se déplacer à trois de cette façon, lorsqu'il fallait en même temps se repérer dans ces landes qui montaient et descendaient sans fin.

Mais ils parvinrent à portée de vue du camp. Et cette vue sembla plus belle que tout à Crocs Nacrés. Le merisier n'avait pas bougé, et à son pied, une place délicieusement tranquille l'attendait... Il en oubliait presque le reste.