Au début d'une chaude journée... [Ft. Les chatons] - abandon

Vous savez ce qui est plus surprenant qu'un chaton?

Deux chatons.

Jamais en cent cycles Coup de Foudre aurait pu s'attendre à la suite: un frisson lui prit au dos, il pivota une oreille vers l'arrière mais trop tard on enfonçait déjà des griffes dans son échine et il se raidit aussitôt qu'elles commencèrent à monter. Un autre souvenir de petite Source monta avec elles et lorsqu'il sentit le poids de quelque chose lui peser dans la nuque, il abaissa légèrement sa tête vers l'avant.

Une petite tête se pendit à l'envers devant la sienne:

— Tu nous as piégé pas vrai? piailla le deuxième chaton. T'as du nous entendre parler tout à l'heure de notre plan diabolique !
Outre pour tiquer de l'oreille car sa petite patte la lui taquinait, Coup de Foudre demeura immobile, retrouvant toute sa (fausse) insouciance:

— « Alors il y a un plan diabolique, hm? ♡
Et le premier chaton, qui s'était rapproché (elles devaient être soeurs?) renchérit:

— C'est vrai ça, papy ! Tu nous as piégé, c'est sûr !
— C'est sûr. »

En réalité, il n'avait aucune idée de ce que ces chatons racontaient, mais heureusement pour lui, ils étaient bavards, et pas besoin d'être un génie pour faire un et un et mettre un contexte sur toute la situation. Le chaton sur sa tête le pris de court avec un coup de langue au front (mais que--) enchaînant tout de suite ensuite:

— « Tu es trop fort papy ! Dit, tu continues de jouer avec nous ? Celui par terre, qui s'était rapproché, les attentes pétillant dans ses yeux:
— Allez, dis oui papy ! »

Et puis vint un tierce chaton et Coup de Foudre tourna la tête, sans se trahir (sans se trahir) en abaissant les oreilles. Elles demeurèrent droites et rigides et si son ventre avait pris un coup de froid personne ne le saurait. Trottinant au seuil de l'antre du chef se trouvait Étoile de Suie - pas Étoile de Suie. Elle était morte - ses yeux lui jouaient des tours - il cilla et l'illusion se dissipa en laissant derrière une toute petite figure avec rien de plus qu'un pelage tricolore dillué Rien de plus. Ses yeux accrochèrent un défaut d'apparence, ou plutôt le défaut d'apparence.

Il se trouve que la troisième enfant avait la truffe comme scindée en deux, les dents d'avant sorties sur cette malformation qui relevait l'avant de ses babines, lui formant un petit sourire.

Quant à sa voix:

— « S'alut'at'ion Papy d'e Foud're, t'u pass'ss'es une bonne j'ournée ?

Coup d'oeil sur chacun des chatons - le zozotement, les rayures mackerel, le pelage réminescent à Étoile de Suie...

C'était les filles de Bec.

Et tout le froid dans son ventre fondit en mélasse.

Bec était père.

— « ... Je suppose que oui, il répondit à la troisième. Sa queue alla battre le sol, il poussa un soupir et, sans prévenir celle qui lui avait grimpé dessus, alla se laisser choir sur le côté. Une petite pause ne fera de mal à personne!... »

Bec était père - il ronronnait très fort, et si un sourire soulevait ses babines un peu moins hermétiquement que d'habitude, il choisit d'en faire fi, autant qu'il choisit de faire fi du rapport vers lequel il se dirigeait avant l'interruption. Tant pis! Le rapport attendrait.

AU DEBUT D'UNE CHAUDE JOURNEE - LUNE 69 - AGE 2 L.


Alors que ma queue s'agitait derrière moi, inquiète que je puisse embêter le grand mâle, Petite Loutre quitta Petite Serre pour se coller contre moi. Je n'étais pas la plus sociale des quatre soeurs, mais quand elles étaient à mes côtés, je me sentais déjà plus courageuse ! Un coup de langue sur ma joue et me voila déjà bien mieux. Mes yeux quittèrent le visage du guerrier, finalement distrait par les mouvements incessants de Petite Serre qui se battait avec des oreilles qui pouvaient faire la taille de sa tête. Plus du tout attentive à finalement le plus gros chat de nous quatre à cause de mes soeurs, sa chute me surprit fortement ! Quand Papy de Foudre se laissa tomber sur le côté, je sursautai en réponse, souligné d'un petit " Hiip ! "

Il s'était fait mal ? Petite Serre avait finalement et surprenament gagné ? Non, il ronronnait, donc je me mis à ronronner par imitation. Mais ma soeur tomba aussi de cette chute et lâcha un vilain, vilain mot !!

" P"ti'te Ss'erre ! Mama F'lof'lo n'aime p'as qu'on dis'e ç'a ! F'aut d'ire Ss'ouris ! " Je passais ma langue sur mes babines après parler.

Cependant, Serre n'avait pas le temps d'écouter les remarques que je lui disais. Elle avait bien plus important à faire. Des nouveaux plans ! Elle était toujours impulsive et c'était l'amusement assuré à chaque fois. Il fallait donc capturer notre Papy pour l'amener à Papa.

" Oh b'onne id'ée, P'ap'a ss'era cont'ent de v'oir P'ap'y !!"

Les mouvements hasardeux de la petite rayée et les autres criés à Petite Loutre me prit toute ma tête et ma queue était droite comme une branche, prise par l'excitation du jeu. Je me jetais sur une chose qui attira mon oeil de chaton : le bout blanc de la longue queue foncée du charcoal. Une proie de luxe !

" Rends t'oi, t'u n'as aucune ch'anc'e cont're les t'rois meilleures guerrières d'u T'onnerre !! "

Petit Sourire
#cb9c00

Autour de lui, les trois petites piaillaient. De quoi? Aucune idée, Coup de Foudre avait cessé de les écouter. Petit un, ce n'était pas ses filles, il n'était donc pas nécessaire de les écouter. Petit deux, bien que les chatons avaient toujours cette façon... colorée de s'exprimer, en toute franchise il se fichait complètement de leur prétendu "plan diabolique".

L'une d'entre elle jura et une autre la rattrapa; l'une d'entre elle proposa de faire quelque chose et les deux autres acquiescèrent et ce avec enthousiasme. Il capta vaguement quelque chose par rapport à "Papa" (et pour une fois, "papa", ce n'était pas lui, car lui, maintenant, pour elles, il était "papy") et se faire marcher sur le corps lui permis de savoir où elles étaient par rapport à lui mais sentir des petites griffes se planter dans le bout de sa queue lui arracha tout de même le réflexe de la battre par terre avec force.

— « Rends t'oi, t'u n'as aucune ch'anc'e cont're les t'rois meilleures guerrières d'u T'onnerre !!

Oh, jouaient-ils à la guerre, maintenant? Il reconnut les syllabes aspirées de la troisième au bec de lièvre - inutile d'ouvrir les yeux pour ça.

— Ohhhh nooon, je n'ai aucune chance, de lâcher le bengal sans faire le moindre effort de donner une inflexion à son ton.

Des dents dans ses poils lui arrachèrent un autre réflexe: celui d'une ruade spontanée de la patte arrière. Heureusement il ne sentit aucun contact signifiant un impact prématuré ("Bec, tiens, quelle coïncidence, tes filles ont décidé de m'escalader et l'une d'elle m'a tellement prise par surprise que je l'ai bottée au visage. Aucune inquiétude, je suis sûr qu'Amour-en-cage saura lui réparer son cou cassé.") le repliant au sol en ronflant du nez.

Une autre miaula à nouveau, sentant ses minuscules coussinets et griffes chercher à se stabiliser non seulement dans son poil ras, mais dans la pente que prenant son flanc dans cette position.

— « Alors, est ce que tu te rends maintenant ? Il faut avouer que tu n'as aucune chance !
— « Me rendre?  en sentant ses comissures s'étirer, il s'empressa de contrôler son sourire grandissant. Vous croyez qu'il m'en reste la force? Non, votre assaut m'a tué, mes chères. »

Il haussa les épaules, même à terre (même mis à terre) et tout en gardant les yeux fermés, tout en gardant le sourire aux babines, et tout en levant très haut les sourcils, désabusé, il lâcha:

— « Que c'est horriiiiible, je me vide de mon sang. Et maintenant, je meurs! Mais qu'aveeez-vous fait, (il remua un antérieur, tournant le poignet, échauffant le muscle) etcetera, etcetera. »

Coup de Foudre ronfla du nez à nouveau, prit ses aises à terre et dans cette antre dans laquelle il ne dormait jamais il roula des épaules, battit par réflexe d'une patte arrière et s'efforça à se faire plus lourd, plus flasque, retenant même à sa queue de bouger.

Et voilà! Elles l'avaient tué.

Le Maudit Coup de Foudre était mort, aux dents de trois petits chatons effarouchés, et ce, au début d'une chaude journée.

[HRP]:

AU DEBUT D'UNE CHAUDE JOURNEE - Lune 69 - Age 36 L.


Le soleil était déjà bien haut dans le ciel. J'avais participé à une patrouille de chasse le matin-même, m'investissant à fond pour que les deux reines et les quatre chatonnes aient toujours de quoi manger. J'étais responsable de leurs conditions après tout, et peu importe le grabuge que cette double portée ait fait au camp, j'en étais le premier surpris et chamboulé. De plus, le grabuge était désormais perpétué par les petites qui savaient se déplacer et explorer un peu partout. Donc j'allais souvent vérifier si Belle Chataigne et Flocon d'Amour avait les enfants sous la patte mais... pas cette fois-ci. Alors que les deux mères dormaient dans leurs nids côte à côté, une seule petite dormait avec elles. Il en manquait trois. C'était aussi alarmant que rassurant. De un, car TROIS enfants étaient en vadrouille et couraient des dangers, de deux, TROIS ENFANTS étaient en vadrouille, ça faisait du bruit et je pourrais facilement les retrouver avec le réveil de leurs mères. Ca évitera l'inquiétude de Flocon d'Amour et l'énervement de Belle Chataigne.

Je commençais mes recherches, d'abord au coin des besoins, endroit le plus proche de la pouponnière. Peut-être voulaient-elles se débrouiller comme des grandes ? Mais pas de petites ici. Je glissais un pardon au guerrier qui pensait pouvoir être tranquille. Ensuite, la pile de gibier. Toujours dans l'optique "on est grandes maintenant", sans doute sont-elles aller chasser une proie morte. Mais je m'arrêtais à mi-chemin, je revenais de la chasse et avait déposé une belle grive. Je les aurais croisées. J'agitais mes moustaches, de plus en plus embêté. Où étaient-elles ? Il me restait "juste" à faire le tour du camp et des tanières avant de réellement paniquer à l'idée qu'elles soient carrément SORTIES du camp.

Et alors que je longeais les bords de nos barrières pour avoir une vue de partout, j'entendis enfin des rires d'enfants. Bizarrement, cela venait d'un endroit plus haut que moi. D'abord rassuré de les savoir dans le camp, je compris vite à mon endroit situé dans le camp qu'au dessus de moi, c'était la tanière inoccupée de l'ancien chef. Les chatons étaient toujours curieux de voir l'antre du chat le plus haut placé du camp, et c'était souvent avec un peu d'amusement qu'on les récupérait, chassé par le chef. Mais là, nous n'avions pas de chef dans cette tanière, personne pour leur dire de retourner à la pouponnière en descendant prudemment.. Ou même pire, et si pendant ces lunes d'inoccupation, un rat avait élu domicile au fond de cette antre et que les premières à le trouver seraient... mes bébés !

Repris de panique, je fonçais escalader les pierres qui permettaient d'atteindre la tanière du meneur, et je vis une grosse fourrure sombre attaquée par trois petites boules brunes. Haletant, je me stoppais devant la scène que je ne m'étais pas imaginé une seconde. Coup de Foudre, écrasé par Petite Loutre, la queue chassée par Petit Sourire et servant de nid douillet à Petite Serre qui avait décidé de subitement faire sa sieste. Partagé entre soulagement de les savoir avec leur grand-père, et gêne connaissant son désintérêt total pour les chatons -en espérant que ce ne soit pas devenu une irritation-, je rejoins le charcoal. Je fus accueilli par le piaillement sifflant de Petit Sourire.

" P'ap'a ! P'ap'a !! Regarde on t''a at't'rap'é P'ap'y de F'oudre ! "

La légèreté avec laquelle elle me parla, pas du tout consciente qu'elle et ses soeurs étaient en situation de "bêtise" aurait pu me faire fondre, mais je me ressaisi. Elles avaient filé sans surveillance.

" Les filles, qu'est-c'e que vous faites loin de la pouponnière ? Vous' avez de la chanc'e que vos mamans dorment s'inon elles s'eraient déjà en train de vous tirer les' oreilles ! "

La chose étant plus vraie pour Châ-teigne que la douce Flocon. J'allais prendre délicatement Petite Serre par la peau du cou. Autant de pas la déranger si elle dormait déjà. Au passage, j'observais mon père jouer... jouer ?.. au mort avec les deux éveillées. Donc avant de prendre ma fille endormie, je le reniflais, comme si j'avais réellement trouvé un cadavre. Je pris un faux air inquiet face à Petite Loutre et Petit Sourire.

" Oh non... les filles, vous' avez tué notre lieutenant ? Mais que va devenir le clan du Tonnerre ? "

Tandis que j'avais porté Petite Serre plus loin pour qu'elle dorme en paix, Petite Sourire donna un regard soudain coupable à sa soeur Petite Loutre, et un plus apeuré au corps "mort" du bengal. Le regard humide, elle lâcha la queue et questionna sa soeur.

" On- on n'a p'as t'ué P'ap'y, hein L-lout're ? "

_{Bec Croisé}
#663300
Présentation-Carnet


Merci Couleuvre ! *Q*

En faudrait-il vraiment autant?

Ne pouvait-on pas mourir de n'importe quoi? D'une maladresse de manipulation de plantes, d'un claquage de muscles qui nous laissait impuissant sous la charge d'un renard, d'un coeur qui trébuche, même, parfois, de la vie? Coup de Foudre n'ouvrit pas les yeux, poussant la plaisanterie quitte à la surir, faisant goûter à ses petits filles non plus la possibilité qu'elles allaient mourir (elles étaient trop jeunes pour ce genre de leçon) mais plutôt que tout ce qui était autour d'eux, même ce qui avait l'air infaillible, était fragile.

Même leur mère, même leur père, et même leur Meneur-en-devenir à "qu'il faudrait au moins vingt fois plus de chatons pour l'étouffer".

...Tout de même, la question l'agaçait. Qu'allait devenir le Clan du Tonnerre sans lui?