Une écharde dans la patte [PV Louve des Bois] - abandon

La veille, Louve des Bois a passé une bonne partie de la journée à réparer la barrière de la pouponnière du Clan du Tonnerre. Agacée d'avoir perdu l'équivalent d'une journée pour améliorer ses compétences, elle décide de partir à l'aube faire le tour du territoire. Elle commence par longer le chemin du tonnerre. Toujours aussi nauséabond ce côté là pense-t-elle en ayant un relent. Beurk ! Elle continue sa promenade matinale en passant l'Arbre aux Chouettes. L'odeur de quelques proies viennent chatouiller ses narines mais la guerrière se refuse à chasser en Terre Libre.

Sa balade la mène ensuite aux Rochers du Soleil. Une odeur assez fraîche du Clan de la Rivière lui prend le coeur. Cachée dans les fourrées, elle voit un guerrier borgne en compagnie d'un autre. Elle feule une seconde, les yeux plissés pour tenter d'entendre ce qu'il se dit. N'entendant rien, la guerrière décide de se sortir des buissons et s'assied sur un des rochers, observant la scène de loin. Très vite, le matou adverse se retourne en sa direction et demande :

« - Hé, Coup de Foudre ! J’ai un apprenti qui s’est perdu sur ton territoire, je peux le récupérer, s’il te plait ? »

La tête de la guerrière recule et elle hausse les sourcils, surprise. C'est bien la première fois qu'on la confond avec son propre père. Elle n'est pas vexée mais ne comprend pas comment un guerrier peut faire une telle erreur. Encore une preuve que le Clan de la Rivière ne vaut peut être pas grand chose. Bien décidé à se jouer de la situation, elle répond en prenant une fausse voix rauque très peu crédible :

« - Hey. Pas de probl… elle tousse, problème. Viens, je vais t'escorter. Sache que je n'ai repéré aucune odeur en venant. Il doit être parti par là. »

Dit-elle en pointant les bois. Il ne peut pas venir de l'autre côté, j'aurai reconnu son odeur de poisson de très loin.

Louve des Bois est entrain de se mettre dans un sacré pétrin. Elle se fait passer pour son père auprès d’un vétéran ennemi. Si cela se sait, elle risque d’avoir de gros, de très gros ennuis. Tant pis, maintenant que c’est fait, autant foncer. Le matou ennemi se plonge dans la rivière et traverse à la nage. Cette action arrache un frisson à Louve des Bois qui n’imagine pas un seul instant que l’eau puisse toucher sa fourrure. Je ne connais pas son identité. Louve des Bois se doit de faire semblant car si elle se fait coincer, le vent va tourner. Une fois le vétéran à sa hauteur, il s’ébroue et plisse son unique œil comme pour vérifier l’identité de son interlocuteur. Le sang de Louve des Bois ne fait qu’un tour et on échine s’hérisse avant d’entendre de la bouche du guerrier de la rivière :

« - Merci, Coup de Foudre. T’es sûr que c’est bien toi ? Tu sembles… différent. Hum. Bref, j’ai pas le temps. Vers les bois, tu dis ? »

Elle déglutit avant de simplement inviter le matou à la suivre dans le sous-bois du Clan du Tonnerre. Avec son flair, la jeune guerrière zigzague lentement entre les arbres en suivant le léger fumet laissé par l’apprenti ennemi. Le silence est lourd et la marche est longue. La guerrière ralenti l’allure pour permettre au matou de suivre convenablement sans le mettre en difficulté.

« - Tu es déjà venu sur le territoire du Clan du Tonnerre ? Tu n’as pas l’air d’être mal à l’aise d’être ici. »

Sa demande n’avait aucun sous-entendu. Elle voulait simplement savoir si le vétéran était déjà venu sur le territoire. Peut être qu’il prendra ça comme une menace ou autre chose, la guerrière n’y a même pas songé un instant.

Le guerrier ennemi n'a toujours pas compris le stratagème de la guerrière. Il ne semble pas comprendre sa véritable identité. La situation qui - au départ - amusait la guerrière, commence à lourdement lui peser et la gêne. Jusqu'où allons nous nous enfoncer dans le territoire. Si l'on croise un de mes camarades, il risque de révéler mon identité. J'ignore quel sera la réaction du matou quand il comprendra que je l'ai roulé dans la mousse. Quoique ... Je pense que je pourrai avoir le dessus.

« - Je suis l'aide de Feuille de Saule. Donc on se balade souvent ici et là. Et puis, j'ai pas mal roulé ma bosse. On dirait qu’il a pris par là. Je trouve ça fou qu’il ait réussi à suivre un oiseau jusque là. »

Un blanc s'installe. Louve des Bois ne sait pas quoi répondre au vétéran ennemi. Il commence à angoisser à l'idée que son apprenti chasse un oiseau aussi profondémment dans les terres du Clan du Tonnerre. En effet, s'il vient à capturer quelque chose ici ... Il risque de s'attirer des ennuis. Comprenant que le novice commence à être dans une facheuse posture, la guerrière accélère le pas.

« - Sais-tu quand dois passer la prochaine patrouille ? J’aimerais savoir qui va tomber en premier sur l’apprenti. »

La guerrière lève les yeux au ciel pour s'assurer que la patrouille n'arrive pas. Celui-ci arrivant à son zénith, l'angoisse de la guerrière continue de monter : La patrouille ne va pas tarder. Il faut agir vite.

« - Nous n'avons plus beaucoup de temps. Il faut vite intervenir sinon votre apprenti risque d'avoir de sérieux soucis. Pas tout le clan fait preuve d'autant d'ouverture d'esprit que moi. Il faut se dépêcher ! »

Toujours dans la peau de son père, Louve des Bois ne croit pas un mot de ce qu'elle explique, cependant, elle n'est pas sensée être elle. Elle accelère le bas et s'enfonce plus profondément dans le territoire du Clan du Tonnerre avec le guerrier ennemi. Si j'avais su ... Je n'aurai pas proposé mon aide. Cela risque d'être très compliqué.

L'ordre de Pluie Battante était sans équivoque. Le gros dos et la queue battant comme un roseau sous le vent, il n'eut d'autre choix que d'obéir à son aîné en se saisissant de ce qu'il pouvait du tronc de l'arbre le plus près. Il y planta les griffes, se sentit glisser, se battit contre le courant de la gravité avec la même ferveur qu'il le faisait en nageant. C'était impossible! Il s'affolait - en bas, près de Coup de Foudre et du Guerrier, se mouvait l'anguille (?) de terre qui avait fait fuir son oiseau.

La peur lui donna des ailes, il gratta l'écorce en se sentant déraper jusqu'à ce qu'il ne sente quelque chose se fermer et lui poinçonner la nuque.

Il n'eut pas le temps de glapir - immédiatement tout ses membres se rammolirent, et il se sentit tracté vers le haut, impuissant, confus, son coeur réduit à courir en en boucle dans sa poitrine en cherchant une issue.

— « C'était moins une, il entendit dans son oreille, et lorsqu'il repris possession de ses moyens l'apprenti envoya une patte griffue vers l'ombre qui le surplombait. Pfft- Ha hah! Du calme. »

Le revers d'une patte le stoppa dans son mouvement et Nuage d'Échardes, sans considération pour son propre corps, se trémoussa sur le dos pour se retourner vivement sur les pattes (et faire honneur à son nom!) que quelque chose de lourd s'abattit entre ses omoplates, le forçant à fléchir les coudes. Il grimaça en sentant les petits copeaux de bois s'enfoncer dans sa peau.

— « Shhh, détends-toi, admire le spectacle.

Nuage d'Échardes, la tête basse, regarda Pluie Battante et Coup de Foudre aux prises avec l'anguille. Il se hâta de lever les yeux et de dévisager son sauveur/assaillant et encore une fois sa voix s'étrangla au fond de sa gorge.

Mais?

Mais??

— « Tu es--...
La patte sur son dos le lui tapota avec insistance, et Nuage d'Échardes choisit de se taire.

— Ne gâche pas la surprise, tu veux? ♡ »

Le sombre chat aussi, s'accroupit, dandinant sa croupe derrière lui pour prendre ses aises sur la branche. Il semblait captivé par la scène, ses pupilles étaient définitivement trop grosses dans ses yeux, mais Nuage d'Échardes supposa que ce devait être dû au feuillage des arbres.

HRP: