Museau d'argent [avec Lune]

▬ Guerrière

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Elle souffle, inspire, puis souffle encore. Ses poumons libèrent à intervalles régulières la monumentale pression du combat qui faisait rage, il y a une seconde encore.
La tête haute, Luciole des Bois a les yeux fermés. La douleur gravit son cerveau, s'y colle comme un parasite et l'empêche de réfléchir. Ce souffle devient un tortionnaire au fur et à mesure qu'elle réalise que son joli minois s'est fait arraché, mais elle a tant besoin d'air qu'elle ne peut se contenter de son nez. Tout son arrière-train commence à trembler et elle s'use, lentement, à contrôler les spasmes. Il ne faut pas qu'elle puisse les sentir, alors elle s'assoit.

Un claquement de mâchoire active la rotation de ses oreilles vers l'avant ; ses paupières se rouvrent, elle descend vers lui. Si son visage n'était pas figé, une grimace de dégoût se serait emparée de ses traits. Avec toute sa hargne, le museau d'argent arrache une branche à l'arbre sacré, faisant manquer un battement au palpitant de la pieuse guerrière et sortir ses griffes, à nouveau, qui s'accrochent fermement dans l'écorce.
À l'instant même où elle se le demande – ai-je bien fais de prendre la fuite ? N'est-ce pas de la lâcheté, que d'avoir accepté la défaite ? Ne devrais-je pas redescendre, en terminer une bonne fois pour toute ? - la petite chose la surprend à reculer entre ses pattes, contre son poitrail. Lentement, Luciole des Bois baisse sur elle une expression vidée, mais ses yeux sont le reflet de son inquiétude.
Peut-être... elle a sans aucun doute bien fait, de penser à l'enfant. L'honneur d'une guerrière se sème et s'entretient ; une vie, une fois qu'elle est arrachée, on ne peut plus rien en faire.
Entre ses poils immondes elle sent l'enfant s'accrocher en silence, s'emmêler dans les filaments poisseux comme pour s'y perdre, y disparaître. Alors, tout doucement, Luciole tend sa patte pour l'enrouler autours de la petite grise et blanche.

Longuement, elles restent ainsi, sans bouger. En contrebas, la mauvaise augure tourne en rond, piétinant sa frustration. Luciole des Bois serre un peu plus l'enfant, consolant les pleurs qui lui secouent les épaules.
Un soupire échappe à la guerrière, maintenant que son souffle et son cœur se sont enfin calmés. Elle aurait tant voulu échapper à l'affrontement, enfermer l'enfant un peu plus longtemps dans une réalité moins terrifiante que celle-ci. Si seulement...

En douceur, Luciole des Bois baisse sa tête, son corps boursouflé se contorsionne. C'est avec beaucoup de tendresse qu'elle colle sa joue, celle qui est saine, tout contre l'enfant à qui elle demande, couvrant les injures venant du sol :

« - Petite, est-ce que tu peux parler ? »

Son œil à moitié fermé brille dans l'irréel, forme une bulle, dans laquelle elle pourra s'évader.

À nouveau, comme un rideau, la brume se referme et il commence à neiger.

HRP:

○ Aspirante

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C'est une fourrure trop longue pour ressembler à celle de maman. Trop colorée mais bien assez entremêlée pour que Lune puisse se laisser halluciner les tresses puantes de leur maman qui se laisse si peu entretenir le poil. Mais au lieu de sentir tout un cocktail de plantes, elle sent...

Elle pue la peur et le sang.

— Petite, est-ce que tu peux parler ?

Dans la fourrure dans laquelle elle s'est désespérément accrochée, Lune secoue sa tête, s'y cache le nez, renifle bruyamment.

Puis:
— Non!

Ses sourcils se froncent tout contre le poitrail de la chasseuse.

— Je ne suis pas une petite! _*hic* Je suis Lune!

Une patte lui touche le dos, la reserre contre la seule source de chaleur qui lui reste. Elle ne résiste pas.

Puis un infime petit flocon de neige lui pique la peau. Lune défaille, tente de se creuser un nid dans toute cette fourrure--

— Non ! Non ! La neige ! Le soleil va me tuer! Le soleil va me tuer! — coincée dans le cauchemar, elle ne peut que répéter — le soleil va me tuer...!

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HRP:

▬ Guerrière

La jeune chatte met un moment avant de répondre, préférant se cacher dans les poils, dans la respiration et les battements de cœurs de la guerrière. Mais finalement, elle s'exclame, arrachant un sourire attendri à Luciole :

« - Non ! Je ne suis pas une petite ! Elle hoquette. Je suis Lune ! »

Ça, c'est vraiment le nom idéal pour cette petite chatte. Ronde, grise et blanche, comme l'astre lunaire qui surveille les nuits des chats.
Soudain, la peur déborde de son petit corps tremblotant, le rythme des mots s'accélère.

« - Non ! Non ! La neige ! Le soleil va me tuer ! Le soleil va me tuer ! … Le soleil va me tuer... ! »

Doucement, Luciole resserre un peu plus l'étreinte, sa queue vient s'enrouler, malgré la douleur, autours de Lune formant un bouclier la protégeant des vilains flocons.
Elle ne peut pas s'en empêcher, mais elle jette un nouveau regard en contrebas. La bête est encore là, elle attend. Luciole des Bois ne laisse rien paraître, elle se contrôle bien malgré tout, et sa voix n'est que tendresse.

« - Ma chère Lune, je te promets que le soleil ne te fera pas le moindre mal. La neige non plus. Je suis là, il ne t'arrivera plus rien. »

Sa tête rentre plus encore contre son propre corps, elle délivre des secrets à ses oreilles.

« - Je vais avoir besoin que tu te concentres et que tu me répondes le plus clairement possible. Dis-moi, Lune, est-ce que tu as mal quelque part ? C'est très important, il faut que tu me le dises. »

HRP:

○ Aspirante

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La chasseuse des Monstres est blessée. Elle est froide par endroits, chaude par d'autres. Elle l'enveloppe de tout les côtés et Lune n'a pas assez de présence d'esprit pour s'inquiéter du sort de quelqu'un d'autre qu'elle.

— Ma chère Lune, je te promets que le soleil ne te fera pas le moindre mal. La neige non plus. Je suis là, il ne t'arrivera plus rien.

...Comment ça devait être, au Royaume des Brumes, pour se croise capable de chasser régulièrement des monstres aux mâchoires interminables et pour avoir le courage de défier à la fois la Neige et le Soleil? Lune a le souffle coupé. Elle tousse- non, elle sanglotte, bruyamment, quoique ce-dernier s'étouffe sur un hoquet lorsque la froide-chaleur s'accroupit et se glisse tout au creux de son oreille:

— Je vais avoir besoin que tu te concentres et que tu me répondes le plus clairement possible. Malgré le corps gelé de Lune, ses pattes s'enflamment pour une raison qui lui échappe. Dis-moi, Lune, est-ce que tu as mal quelque part ? C'est très important, il faut que tu me le dises.
— Je... sais pas.

Elle renifle, sans prendre la peine de s'excuser à la chasseuse de son excès de mucus qui se retrouve assurément dans les poils dans lesquels elle est blottie.

— J'ai eu mal-- sa voix s'éreinte dans sa gorge, elle tousse, se reprend: Derrière, dans ma nuque, mais... j'ai plus mal...?

Ça ne va pas; tout son corps est engourdi, comme s'il s'endormait sans elle.

— J-je crois... Ses dents cliquètent. Elle les serre, pour se taire.

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▬ Guerrière

Parfois, le corps lui-même ne sait plus vraiment où se mettre, ou sur quelle patte danser. C'est son cas, à cette petite, est-elle sous le choc ?

« - Je... sais pas, qu'elle renifle. J'ai eu mal- »

Luciole des Bois plisse les yeux, écoute avec attention, tandis qu'elle tousse et se reprend :

« - Derrière, dans ma nuque, mais... j'ai plus mal... ? … J-je crois... »

Quelque chose ne va pas. Au fur et à mesure qu'elle s'en rend compte, l'expression de Luciole des Bois se referme, son sourire ensanglanté se crispe. Les dents de Lune claquent avec ferveur et, comme fiévreuse, sa température corporelle semble alterner entre le froid et le chaud.
Luciole ne connaît aucun geste de guérisseurs, mais elle ne va certainement pas laisser l'enfant ainsi. Elle a déjà vu des reines de son Clan s'affairer à calmer des petits alors, sans laisser le choix à Lune, elle commence à la stimuler, craignant un évanouissement dû au choc. Vigoureusement, pendant plusieurs minutes, la guerrière lèche le corps de l'enfant ; le visage, les joues, le dos, mais surtout le poitrail pour faire pulser les veines. Pour ne pas qu'elle s'oublie.
D'un coup du museau, elle relève sa tête vers la sienne et la regarde, leur deux visages se faisant face. De sa voix douce elle demande :

« - Et là ? Comment tu te sens ? »

En contrebas, elle entend un claquement sec. Une branche à nouveau ? Elle ne détourne pas son attention, mais voile la vision de Lune avec sa queue, quel élégant rideau. Ainsi, elle ne pourra pas voir le renard, qui pleure entre les racines, son repas qui lui échappe.

○ Aspirante

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P'têtre qu'elle habite ici maintenant. Ici, entre les branches de cet arbre, en hauteur, emmitoufflée dans la brouillard et une fourrure qu'elle s'apprend très vite à connaître. En se penchant, la chasseuse aplatit sa langue sur son corps, et Lune, comme quand les dents étaient dans sa nuque, s'immobilise complètement. Elle ferme les yeux à nouveau, se laisse porter par des souvenirs de jours plus chauds, entourée de ses frères et soeurs de portée, près de leur mère et tous ses camarades de leur tribu. Son coeur s'est ralenti. Il ne coure plus, se traînant plutôt les pattes, la tête basse, haletante, brûlant de s'arrêter et s'asseoir en sécurité dans un arbre, lui aussi. Mais le mouvement est nécessaire à un coeur, et par conséquent, Lune n'a pas le choix de respirer, d'aller au sens du toilettage, de rouvrir les yeux et de faire face à sa nouvelle réalité malgré tout son désir de la nier et la traiter d'anormale.

— Et là ? Comment tu te sens ?

Le museau d'argent, au pied du tronc, grogne et gratte et grogne encore. Lune reconnaît ses dents qui claquent l'air, et se remémore son haleine, brûlante, lui chauffer les poils du dos, plus tôt. Un frisson la saisit, son poil se gonfle et la chaleur se coince dans l'espace.

— J-je, Je...

Lune relève le nez. Ses yeux perdent toute couleur d'arrogance et de confiance en elle. La membrane aqueuse reluit comme sur la rosée d'une fleur.

Sa troisième paupière se referme, incapable de retenir aux nouvelles larmes de couler.

— Le monstre, il... est-ce qu'il a croqué toute la tribu...? Vous... Elle ne peut pas rester là à pleurer, elle a besoin de réponses, elle a besoin de comprendre-- Vous êtes sa chasseuse, non? Du Royaume des Brumes? Alors c'est que vous devez le savoir, non??

La panique la tient. Elle repousse la chasseuse mais pas pour s'éloigner: Lune retombe sur quatre pattes afin de faire face aux conséquences de son ignorance. La belle chasseuse n'est plus aussi belle: une plaie lui ouvre la joue et la cuisse. Sa robe n'est plus faon, elle est fauve.

— Est-ce que vous avez vu ceux qu'il a croqué? Est-ce qu'il y en avait une qui était toute blanche _*hic* avec presque pas d'oreilles et le contour des yeux noirs et aussi avec des pattes foncées, comme moi?

Est-ce qu'elle avait vu sa maman?

— Ou est-ce que vous avez vu une face sombre et un ventre blanc, ou bien une face blanche et un dos rayé? Est-ce que vous avez vu une fourrure blanche? D'yeux pâles? Est-que vous avez vu un gros chaton gris avec des marques près des yeux, est-ce _que--

Faites que non, faites que non, faites que--

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HRP:

▬ Guerrière

Le froid voudrait l'endormir elle aussi.

« - J-je, Je... »

Mais Lune parle, alors Luciole des Bois se force à maintenir ses paupières ouvertes. Le plus possible. C'est étrange, de ne ressentir qu'après coup, l'intensité de la douleur.
Oui c'est vrai, elle a perdu beaucoup de sang.

« - Le monstre, il... est-ce qu'il a croqué toute la Tribu... ? Vous... »

La Tribu, donc. C'était donc ça. Comment a-t-elle fait pour se retrouver aussi loin de chez elle ? Comment va-t-elle faire pour la ramener ? Et lui, va-t-il rester là encore longtemps ?
L'espace d'un instant elle se demande. Oui, que se serait-il passé, si elle n'avait pas senti l'odeur du museau d'argent sur son territoire, si malgré ses doutes elle n'était pas venue ici et maintenant ? Elle n'aurait jamais su, qu'une petite Lune toute ronde se serait faite dévorer, sans aucun doute.
Ses yeux se ferment, sa tête est lourde. Un bourdonnement. Son visage ; il sourit encore. C'est tout.

« - Vous êtes sa chasseuse, non ? Du Royaume des Brumes ? Alors c'est que vous devez le savoir, non ?? »

Si elle le pouvait, elle pousserait sans aucun doute un petit rire, mais seul un sifflement, léger, imperceptible, traverse ses narines. Au final, la petite y a cru à sa belle histoire. Et elle pleure, elle pleure et ça lui arrache le cœur. Luciole, quand elle était petite, avec Nuit Lumineuse... qu'est-ce qu'elle aimait, ces histoires qu'elles se racontaient. Ça circulait, comme des secrets.
Lune, source de chaleur, s'éloigne. Luciole des Bois rouvre sur elle ses yeux vidés, mais dans lesquels elle force à laisser briller, cette lueur. Sinon elle pourrait avoir peur. Malheureusement, elle ne peut cacher son nouveau visage.

« - Est-ce que vous avez vu ceux qu'il a croqué ? Est-ce qu'il y en avait une qui était toute blanche avec presque pas d'oreilles et le contour des yeux noirs et aussi avec des pattes foncées, comme moi ? Ou est-ce que vous avez vu une face sombre et un ventre blanc, ou bien une face blanche et un dos rayé ? Est-ce que vous avez vu une fourrure blanche ? D'yeux pâles ? Est-que vous avez vu un gros chaton gris avec des marques près des yeux, est-ce que- »

La guerrière peine à suivre tout les mots de Lune qui s'enchaînent, forment une file, les uns après les autres.
Un temps, elle cligne des paupières.
Réveille-toi.

« - Mise à part moi, respiration sifflante, il n'a croqué personne. Je te le jure. Les membres de ta Tribu sont tous à l'abri, paupières qui se ferment encore, chez eux. »

Réveille-toi encore.

« - Ici nous sommes aux Quatre Chênes, ma petite, une longue pause, Lune. Ton territoire est- »

Maintiens le contact, maintiens le contact, qu'elle voudrait se hurler dans les oreilles.
Mais elle se stoppe.
Doucement, la guerrière s'allonge, sa tête à côté du petit corps qu'elle a si vaillamment protégé.
Elle rouvre les yeux, les laisse s'accrocher dans les siens.

« - Il est... un peu plus loin. Je vais te ramener là-bas. »

Sifflement.

« - D'accord Lune ? »

Si Cormoran était là, il la secouerait tellement fort que plus jamais elle ne pourrait s'endormir.

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○ Aspirante

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Vent du Nord,

Nuage de Pie,

Nuage d'Araignée,

Nuage Silencieux,

Nuage de Silex--

— Mise à part moi, peine à lui dire la chasseuse, blessée, la plaie à sa joue lui ouvrant un deuxième sourire qui n'a rien de rassurant, il n'a croqué personne. Je te le jure. Les membres de ta Tribu sont tous à l'abri... ... chez eux.

La chasseuse ne fera pas long feu. Lune le voit bien à sa posture. Elle fronce les sourcils. Malgré les larmes, elle sautille sur ses pattes, comme si attirer son attention d'un mouvement brusque pouvait la tenir réveillée.

Chez eux lui a-t-elle dit.

Chez eux, qui n'est pas ici.

— Ici nous sommes aux Quatre Chênes, ma petite... ... ... Lune. Ton territoire est ... ... ...

Elle peine à rester assise. La chasseuse se couche et Lune sursaute à nouveau, sautillant sur ses pattes, s'empressant le front contre celui de la grande chatte qui n'arrive plus à voir au clair. Elle s'est trompée alors. Elle s'est trompée, seulement si la chasseuse ne lui a pas menti. Parce-que c'est ce qu'ils font les adultes des fois, aux enfants. Ils ne disent pas tout tout le temps. Ils craignent la vérité.

— Il est... un peu plus loin. Je vais te ramener là-bas.

Le chagrin de Lune se gonfle dans sa gorge comme le coâ d'un crapaud.
— Mais Madame --
— D'accord Lune ?

Lune renifle bruyamment. Elle se couche à son tour, se blottit contre le museau et la joue de la blessée, qu'elle tente d'aider à petits coups de langue.

— ...D'accord...

Ses petites oreilles s'abaissent. Toutes les émotions fortes d'aujourd'hui l'ont bousculée de tout les côtés, et elle a du mal à se remettre sur ses pattes. La chasseuse aussi, d'ailleurs. Lune ronfle du nez, et le plisse, feignant de se renfrogner.

— J'me suis trompée, vous êtes pas comme Nuage de Pie...

Lune gromelle un peu plus fort entre les branches.

...Ou alors c'est qu'elle tente de ronronner.

— Je sais pas comment vous êtes, Madame.

Bizarre.
Anormale.
Incomparable.

Lune fronce les sourcils.

— ........ Madame?

L'écoute-t-elle encore?

S'est-elle endormie?

(A-t-elle rejoint le Crépuscule de la vie?...)

— C'est comment, le Royaume des Brumes?...

Lune s'est habituée à la tempête de dents qui rage au pied du pas-pommier. Elle s'est habituée à ses glapissements, ses soupirs, son halètement. Elle s'habitue même à ne plus l'entendre, supposant que le Monstre s'est ou bien désintéressé, ou bien, suivant leur exemple, s'est couché dans la neige en attendant qu'elles redescendent -- vont-elles seulement redescendre? Lune n'en sait rien.

Lune... s'en fiche un peu.

Toute sa volonté est accrochée à l'instant présent, partageant ce moment privilégié avec cette Chasseuse de Monstres sortie d'on-ne-sait-où, et qui l'a protégée au péril de sa propre beauté.

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HRP:

▬ Guerrière

« - … D'accord... »

« Magnifique », qu'elle voudrait lui répondre. Mais cette fois-ci, et pendant un peu trop longtemps, Luciole des Bois a laissé ses paupières la plonger dans le noir. Ses muscles sont tendus, les coups reçus la lancent, sa joue la brûle, sa cuisse tire, tout le réseau électrique de son corps renvoie des signaux en tout sens ; elle tend sa patte, la laisse se reposer dans le vide. Le sang coule par la plaie grande ouverte, descend le long de cette cuisse, jusqu'au bas de la patte, à la pointe de ce doigt. Et tombe, régulièrement, en gouttes lentes et silencieuses. C'est tout ce qu'il pourra se mettre sous la dent.
Les battements de son cœur sont tous ce qu'elle entend. L'organe frappe tellement fort, à un rythme parfaitement régulier, preuve qu'elle est toujours là, au fond. Mais la pièce sombre dans laquelle elle se trouve... elle ne la connaît pas.

« Vraiment ? Tu es sûre ? »

Son souffle froid s'étale devant elle, comme givré, il forme des nuages de brume. Petits et envahissants.
L'air stagnant est étrangement difficile à inspirer, puis à expirer par ici. Et Luciole ne peut pas bouger ses pattes. Alors elle reste là, la gueule entrouverte, à regarder autours d'elle le vide immense ; miroir de son propre cœur.
Il faisait froid, et maintenant il fait chaud. C'est brûlant, pourtant le souffle sortant de sa gueule est toujours aussi gelé. Cet endroit est sans dessus-dessous.
Soudain, la pièce sombre s'illumine. Ça commence par le sol : des éclats bleutés se mettent à vibrer, partout, jusqu'au fond de l'horizon. Puis, autours d'elle, de petites lumières dansantes se mettent à voltiger, arborant de jolies couleurs.
Luciole ne peut qu'admirer, la beauté de cet endroit mystique. Et lorsque ses yeux redescendent, ils s'écarquillent en tombant sur elle :

« Nuit Lumineuse ? »

« - J'me suis trompée, vous êtes pas comme Nuage de Pie... »

Il faut se réveiller.
Luciole des Bois peut sentir qu'elle revient à elle. Son oreille pivote, elle a entendu la petite Lune. Mais elle n'avait même pas perçu, perdue trop loin dans son rêve, qu'elle se tenait maintenant tout contre son visage.

« - Je sais pas comment vous êtes, Madame. »

« Madame » ; c'est une étrange façon de la nommer. Ça sonne bien trop élégant, alors c'est plutôt amusant. Luciole aurait presque envie de rire. Mais elle voudrait surtout remercier cette enfant qui, sans s'en rendre compte, la maintient à la surface.

« - ........ Madame ? »

Son oreille tique encore, elle reprend enfin le contrôle de son corps qui se croyait encore coincé dans le rêve.
Enfin, elle ouvre les yeux et son regard tombe sur la petite chatte blanche et grise.

« - C'est comment, le Royaume des Brumes ? ... »

D'un geste, un peu raide, Luciole des Bois vient entourer Lune de sa patte la gardant ainsi contre elle et s'assurant qu'elle ne pourra pas tomber. Car là, tout de suite, elle n'aurait jamais les réflexes nécessaires pour la rattraper si ça arrivait.
Son sourire, doux mais déformé, revient sur ses lèvres.

« - Haha, essaie-t-elle de rire, finalement, tu en veux bien, de mon histoire... »

La guerrière prend quelques secondes pour réfléchir. Puis elle commence à raconter, parlant lentement, faisant des pauses, pour ne pas s'épuiser plus encore :

« - C'est un endroit très secret, qui se trouve à la limite entre le rêve et la réalité. C'est très difficile d'y entrer ou d'en sortir, c'est sans doute pour ça que tu n'en as jamais entendu parlé jusqu'à maintenant ! Parce que personne ne connaît cet endroit.
« Le Royaume des Brumes est un endroit où il fait bon vivre. La météo y est capricieuse, c'est vrai, mais les températures sont toujours chaudes et on s'y sent bien. On y mange à notre faim, on peut faire de longues ballades sans être dérangé... On peut s'allonger sur des rochers immenses, qui brillent au soleil, pour faire la sieste seul, ou accompagné. Les jours de pluie ou de brume, les habitants du Royaume sortent moins et préfèrent se conter des histoires en se serrant les uns contre les autres, pour se réchauffer. Chacun leur tour, ils en racontent une et ils essaient de la rendre plus grandiose encore que la précédente.
« Là-bas, les chats sont heureux et s'entendent très bien en général. Mais ce sont aussi de grands farceurs ! Ils font souvent des bêtises. Comme des chatons, comme si ils avaient oublié de grandir. Alors parfois, il faut les recadrer un peu, mais ce n'est rien de bien méchant.
« Moi, je suis la gardienne de cet endroit. Je ne suis pas la seule, du moins je ne crois pas. Je n'ai encore jamais rencontré de camarades protégeant ce Royaume, peut-être que ça arrivera un jour ? Qu'est-ce que tu en penses toi, ma petite Lune ? »

HRP:

○ Aspirante

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La dame tend sa patte, s'agrippe à elle, autant que Lune s'agrippe à la dame. Compagnes d'armes et de soeurs de peur, leur coeur bat à l'unisson et elles grelottent, à deux, entre le craquement des branches sous la neige et le vent.

— Haha, et dire qu'elle revoie encore la dame quand elle avait toute son energie, quand elle la faisait sursauter, quand elle soulevait hautes ses pattes... finalement, tu en veux bien, de mon histoire...
— C'est juste que, commence Lune, mais un gros sanglot lui noue la gorge et lui prend le reste de ses mots. Elle a froid, mais moins: elles sont blotties l'une contre l'autre comme si c'était encore le buis en été.

— C'est un endroit très secret, commence la dame, qui se trouve à la limite entre le rêve et la réalité.

La réalité, Lune n'en veut pas. Lune n'en veut plus. Elle se fait bercer par le rêve et le mensonge et en fermant les yeux la dame lui peint cet outremont anormal où tout ce qu'elle sait ne sert plus à rien.

— C'est très difficile d'y entrer ou d'en sortir, c'est sans doute pour ça que tu n'en as jamais entendu parlé jusqu'à maintenant !

Oui, que Lune se dit. Sans doute pour ça...

— Parce que personne ne connaît cet endroit.

Personne sauf la Chasseuse du Royaume des Brumes...

— Le Royaume des Brumes est un endroit où il fait bon vivre. La météo y est capricieuse, c'est vrai, mais les températures sont toujours chaudes et on s'y sent bien. On y mange à notre faim, on peut faire de longues ballades sans être dérangé... On peut s'allonger sur des rochers immenses, qui brillent au soleil, pour faire la sieste seul, ou accompagné.

C'est là qu'elles sont. Sur ces rochers, à se faire dorer le poil, loin de la neige et de la brume et de leurs monstres. Même que le soleil lui donne de nouvelles taches, et qu'elles ressemblent à celle d'Araignée, ou celles de Pie - Silence aussi, est là, même s'il n'arrête pas de regarder le soleil même s'il se repose.

— Les jours de pluie ou de brume, les habitants du Royaume sortent moins et préfèrent se conter des histoires en se serrant les uns contre les autres, pour se réchauffer. Chacun leur tour, ils en racontent une et ils essaient de la rendre plus grandiose encore que la précédente.

Nuage de Pie adorerait ça, se dit Lune, ses babines se soulevant sur le sourire meurtri de l'enfant qui a grandi.

— Là-bas, les chats sont heureux et s'entendent très bien en général. Mais ce sont aussi de grands farceurs ! Ils font souvent des bêtises. Comme des chatons, comme si ils avaient oublié de grandir. Alors parfois, il faut les recadrer un peu, mais ce n'est rien de bien méchant.

Ce qu'elle donnerait pour une farce, en ce moment....

— Moi, je suis la gardienne de cet endroit. Je ne suis pas la seule, du moins je ne crois pas. Je n'ai encore jamais rencontré de camarades protégeant ce Royaume, peut-être que ça arrivera un jour ? Qu'est-ce que tu en penses toi, ma petite Lune ?
— Est-ce que...

L'engourdissement la rattrape, mais elle se dit qu'au moins, elle n'est pas tout seule...

— Est-ce que vous savez s'il neige, au Royaume des Brumes...?

Est-ce qu'elle savait si Lune y serait la bienvenue?...

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HRP:

» Monde de brutes (avec Museau Bleu) - end
» Le Vent effacera tout (avec Museau Pâle) -abandon
» Guet-apens that does happen (avec Museau Bleu) -abandon
» La lune est avec toi - Solo
» [LP] La Lune aux forts (avec Taupe et Cyanure) - end