Perdu moi ? Nan, pas du tout [Pv Nuage Hivernal] - end

Je m'étais réveillé au aurore, un mauvais rêve, rien de bien méchant, m'avait obligé à ouvrir les yeux. Je m'étais donc levé de ma litière pour me promener dans notre territoire, dans notre camp dans un premier temps avant d'en sortir. J'avais besoin d'un peu d'air, et je n'avais pas non plus envie de rameter tout le monde à cause d'un pauvre cauchemar. J'avais bien fait attention à ne pas réveiller mes deux voisines, Skye et Caity. Ni Andy qui se trouvait endormi derrière moi. Seul Chérif était réveillé et faisait son sport matinal. Je le saluais avec une certaine honte avant mon départ.

Tout en me promenant, je laissais mon esprit vaguait ici et là, n'ayant pas de penser fixe. J'avais simplement l'envie de marcher de bon matin. Sans vraiment m'en rendre compte, d'ailleurs, je me retrouvais en terre clanique. En premier lieu, les terres libres des clans, propice au rencontre. Chance ou malchance, je ne croisais personne. Mes pattes me guidaient, en ce second lieu sur les terres du Tonnerre. Le seul moment où je m'en étais rendu compte c'était en sentant une forte odeur. Ce qui m'indiquait la présence de la frontière. Je l'avais longé un moment avant de me décider à passer le pas. D'un bond peu gracieux, j'avais sauté cette frontière invisible. Je marchais donc en terre Tonneuse, impunément.

J'étais assez nerveux de me trouver en terre rivale. Et pourtant, je ne faisais rien de mal. En principe, les solitaires ne prennent pas en compte les frontières claniques mais moi si.. Pour la chasse en tout cas. Il fallait bien qu'on puisse marcher en toute liberté ? C'est la philosophie des solitaires après tout. Je n'allais pas m'amuser à faire un détour d'une demi-journée de marche juste pour les beaux yeux des claniques. Pourquoi prendre une matinée quand on peut prendre une demi heure ou une heure ? Voilà.. On est d'accord.

Je continuais donc de progresser, la boule au ventre. J'avais juste à traverser ces terres au plus vite. Une fois la frontière passée, je me sentirais revivre et je pourrais grignoter quelques choses. Ou bien me remettre de mes émotions. Je marchais de plus en plus rapidement, espérant atteindre l'autre versant du Tonnerre avant la fin de l'heure. Manque de peau pour moi.. Un félin s'affichait devant moi, me crachant dessus. Dans un mouvement de recul, je l'entendais miauler avec colère :

"-Hé toi ! Que fais-tu sur le Clan du Tonnerre ? Tu as plus que dépassé les frontières je te ferai remarquer. Si tu étais tombé sur une patrouille, il ne resterait sûrement rien de toi !"

Tout en reculant, j'avais fermé les yeux si bien que je n'avais pas pu voir l'attitude du félin qui se trouvait être une féline. J'ouvrais donc les yeux avec lenteur. Ses crocs et ses yeux me montraient qu'elle ne semblait pas très heureuse de me voir sur ses terres. Mon corps se crispait, laissant mes pattes et mon cou figeaient. Je prenais une bonne goulée d'air avant de miauler, d'un ton aussi calme que possible :

"-Eh bien.. Je traverse ton territoire pour rejoindre l'autre côté.. J'ai besoin d'aller à l'autre bout de la frontière. C'est tout. Après on dit que c'est les solitaires qui sont sans foi ni loi.."

Je n'aurais peut être pas dû lâcher mes dernières paroles même si je les pensais fortement.. Cela allait peut être engagée un combat à mon insu. Je me mordillais les lèvres, nerveux, me sentant stupide d'avoir lâcher ce petit pic d'agressivité.. Je me grondais après, mentalement bien évidemment avant de prier pour que la féline se calme d'elle même, évitant un affrontement inutile entre deux félins pour une histoire de terres.. Je ne serais dire si mes prières avaient été entendu par une quelconque force supérieure ou est ce simplement le côté raisonnable de la minette qui faisait surface.. Mais la féline du Tonnerre laissait ses muscles se détendre. Elle soupirait, miaulant par la suite :

"-Tu sais, je ne fais qu'appliquer les règles. Mais si tu n'es pas une menace, il n'y a aucune raison que je t'attaque. Et puis, à mon rang, on va dire que la seule chose qui m'est possible de faire, c'est intimider les autres. Donc tu n'as pas à t'en faire honnêtement. Je vais juste m'assurer que tu n'essaies pas de manger à ta faim sur un territoire qui n'est pas le tien."

J'hochais poliment la tête. Je n'étais pas une 'menace'.. Dit de cette manière on aurait dit que j'étais un chaton pour elle. Je laissais simplement un grognement léger sortir de ma gorge sans pour autant relever la phrase. Je n'allais pas lui montrer que je pouvais en être une. Je voulais simplement passer ses terres, rien de plus.. Mais de là à dire que je n'étais rien de plus qu'un 'faible' matou se traînant sur ses terres.. La jeunette se rapprochait par la suite, me fixant avec curiosité avant de reprendre :

"-Pourrais-tu juste me raconter la vie des Solitaires ? J'en ai toujours entendu parler via mes parents. Mais j'aimerai tellement savoir ce qu'il en est ! Certains m'ont dit que vous viviez sous la pluie dans d'affreuses conditions et surtout, que vous vous nourrissiez en volant du gibier. Est-ce vrai ? Raconte !"

Après qu'elle se soit approchée vers moi, je m'étais reculé d'un pas, assez surprit avant de rester immobile. Je la regardais en deux fois, trouvant le changement entre la froideur et la curiosité assez troublant avant de finir par répondre :

"-Eh bien.. Je dirais que ça dépend des solitaires. Et cette 'rumeur' qu'on est tous des voleurs de gibier et faux. C'est plutôt certains solitaires ou chats de gouttière sans foi ni loi.. Mais on est un peu comme vous, les chats de clans, on a en quelques sortes un côte. Sinon on ne pourrait pas vivre ainsi.. On a tous des conditions de vie différente. Pour ma part, je vis avec ma famille comme certains de mes amis. Sinon, il y a certains domestique qui vivent comme des solitaires. Il y a aussi des petits 'groupe' de chats qui vivent ensemble. Ou simplement des solitaires qui vivent seul ou à deux."

J'avais l'impression de faire une leçon à un jeune félin en quête de connaissance.. Je me sentais comme un professeur devant son élève, ou bien, un père devant son enfant. C'était une sensation assez étrange, surtout que je ne connaissais pas vraiment ce genre de lien. Mon père nous avait abandonné et ma mère profitait de ses dernières lunes en voyageant. Ma tante était proche de nous mais ce n'était pas comme une mère ou un père.. C'était un peu différent. Après m'avoir écouté avec attention la féline du Tonnerre finissait par répondre :

"-Vous êtes des chats libres alors ! Mais n'y a-t-il pas de guerres entre vous ? Et les territoires, comment faites vous ? Je présume qu'il est difficile de créer des frontières strictes. Chez nous, elles sont et doivent rester respectées quoiqu'il advienne. Sauf bien sûr, dans certaines conditions où là, il est naturellement logique que les frontières soient oubliées."

Elle se levait ensuite, m'invitant à la suivre. J'haussais les épaules, me disant qu'il n'y avait rien de bien méchant à bouger.. Surtout qu'on se trouvait en plein milieu de ses terres. Deux félins mouvants étaient mieux que deux fixes. Je m'avançais à ces côtés, comme si nous étions deux amis.. C'était assez étrange au début, mais après une bonne minute je dirais, je m'en étais accommodé. Il faut s'adapter pour survivre comme on dit. Je la laissais mener la danse. Je ne connaissais pas aussi bien son territoire qu'elle. Je n'étais qu'un visiteur occasionnel. Après un moment de silence, je finissais par lui répondre :

"-Oui.. On est libre. On a beau ne pas être clanique, on a des guerres même si je dirais qu'elles sont en général moins violentes ou nombreuses. Ma famille et moi avons un territoire avec des frontières. Je pense que les solitaires qui sont installé depuis un moment ont des frontières.. Même si elles sont petites. Part exemple, mon territoire s'arrête près du chemin du tonnerre abandonné dans un coin reculé de la ville. Et celui d'un ami, c'est la barrière des bipèdes. Pour certains domestiques, c'est leurs maisons.. Pour les 'voyageurs', ils n'ont pas de lieu fixe.. Et donc n'ont pas besoin de frontière."

Il y avait tellement à dire sur le statut de solitaire.. Et je ne savais pas trop pourquoi je parlais autant de cela avec l'apprentie guérisseuse. Peut être qu'elle était si intéresser et moi si heureux d'en parler que cela venait naturellement. J'avais presque l'impression d'être l'un de ses mentors claniques qui font une leçon à leur apprenti. Je connaissais un peu leur coutume et je pouvais ainsi comparer avec les nôtres, celles des solitaires. Nous marchions toujours, la jeunette menant la danse. Elle finissait, après un moment, par s'arrêter et prendre une grande inspiration. Elle allait sans doute s'exprimer. Elle finissait par miauler, comme attendu :

"-La vie de solitaire est alléchante pour quelqu'un comme moi. Mais, la vie est parfois cruelle, et fait de certains de nous des êtres à l'incapacité de vivre ce genre d'aventure. Je suis destinée à rester cloîtrée dans l'antre du guérisseur. Mais après tout, c'est mon choix, et je le respecterai jusqu'à ma mort..."

J'hochais poliment la tête, trouvant ses paroles un peu triste mais respectueuse. C'était un peu dur à croire.. Sa destinée cloîtrée dans son antre ? Tout les guérisseurs claniques n'étaient pas comme ça. Si ? J'avais l'impression qu'ils étaient un peu, les électrons libres des clans. Non pas qu'ils puissent faire ce qu'ils veulent mais plutôt qu'ils sont au dessus des conflits claniques de base. Ils ont même un laisser passer pour traverser les territoires de leurs rivaux. J'haussais par la suite les épaules, ne cherchant pas plus loin avant de répondre :

"-La vie est cruelle. C'est sur. Et nous allons tous vivre notre vie de manière différente. Même deux guerriers n'auront pas la même vision du monde tu sais. Ca vaut aussi pour les solitaires. Nous sommes tous différents. Les claniques aussi. Et pourtant, ça ne vous empêche pas de former un clan. C'est la communauté qui prime. Je pense que tu n'es pas destinée à rester cloîtrée seule dans ton antre. Tu peux vivre sur tes terres, faire de nouvelles rencontres. Certes, moins nombreuses que les solitaires vagabonds.. Mais je suis sûr que ton destin n'est pas figé comme ça."