« I Care. » | W/ Nuage Hivernal - end

N.B.: Ce RP fait suite à « Chasse Gardée », en compagnie de Fleur Noire.

Recroquevillé dans un buisson, Cœur de Coyote n'en menait pas large. Il respirait doucement, tenu éveillé par la peur d'attirer un prédateur qu'il ne pourrai repousser et par la douleur qui émanait de ses plaies à vif. Le sang avait un peu coagulé. Cœur de Coyote se sentait sale et honteux. Il fallait qu'il rentre pour expliquer son absence mais il en était purement et simplement incapable. C'est comme si ses pattes refusaient de le porter. La tête lui tournait à cause de la faim et de la soif. Combien de temps était-il resté là ? Il leva la tête, autant qu'il le pu et pu apercevoir la lune dans le ciel, à travers les branchages. Comment vais-je justifier mon absence ? Et ces plaies ? Encore faut-il que je me sorte de là...

Le mâle essaya de se dépêtrer du buisson, en vain. Il ne faisait que faire suinter un peu plus le sang de sa joue. Avec prudence, il écarta le sang sec autours de son œil droit et pu apercevoir les alentours. Etoile de Suie va me détruire si elle apprend que je me suis fait battre à plate couture par une féline du Clan de l'Ombre... Inconcevable, pour le félin, d'accepter sa défaite. Il comptait bien se venger. Mais en même temps, il n'osait pas faire trop d'effort pour rentrer au campement. Quelle honte, se faire battre par une femelle... Qui plus est d'un autre Clan ! Le grisâtre ne pouvait pas en revenir. Il laissa choir sa tête contre le sol et se mit à observer la lune, pensif. Après de longues minutes, une perle de rosée vint s'écraser entre ses deux yeux. Cœur de Coyote battit des paupières, frigorifié. Il n'avait pas bougé depuis des heures et le froid avait pénétré ses os. Il faut que je bouge, ou je vais crever aussi sec ici. Sa plaie à la joue le picotait fortement. Sa chute l'avait certainement remplie de boue mais il était trop amorphe pour la nettoyer. Il ne pouvait pas non plus risquer d'appeler à l'aide. Si un solitaire l'entendait... Pire, si un renard entendait son cri plein de peur et sentait l'odeur du sang... Les coyotes sont pas bouffés par les renards, pensa le mâle. Il se contenta donc de regrouper ses membres avec une infinie lenteur, pour que ceux-ci lui tiennent chaud.

Le soleil n'allait pas tarder à se lever. Déjà, le ciel se faisait plus clair. Quelqu'un va bien me trouver et me sortir de ce pétrin !Ça me laisse le temps de... d'observer la nature et de réfléchir sur mon sort, pensa ironiquement le guerrier gris. Jadis, son mentor lui répétait souvent que réfléchir à ses actes était bénéfique. Voilà une parfaite manière de mettre tout ça en pratique, je suppose...

N.B.: Ce RP fait suite à « Chasse Gardée », en compagnie de Fleur Noire.

Alors que l'air sur son museau se faisait moins sentir, Cœur de Coyote se sentit soudain extrêmement fatigué. Il avait envie de s'endormir, mais on lui avait souvent dit qu'il ne fallait pas dormir quand on était blessé. Ne dors pas, ne dors pas, ne dors pas, se força à penser le mâle. Penses plutôt à autre chose, les entraînements de Nuage d'Ortie par exemple... Il luttait contre la torpeur et les bras accueillants du sommeil lorsqu'une voix se fit entendre. Je ne vais pas mourir, quand même ! La voix était réelle, ce qui soulagea le félin tigré. Il ne reconnu pas l'odeur du chat qui approchait. L'odeur de son propre sang et de la boue était trop forte. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il vit une petite féline approcher ! Il cru d'abord que son ennemie était de retour, ce qui lui glaça les sangs. Puis, son cerveau embrouillé reconnut Nuage Hivernal, l'apprentie guérisseuse du Clan du Tonnerre. Elle semblait paniquée.

- ...Coyote ! Reste avec moi ! Je suis là, c'est moi, Nuage Hivernal ! Je vais te sortir de...

Le félin la regardait en soupirant, un œil encore barré par le filet de sang qui s'écoulait tout doucement de son arcade sourcilière. Malgré l'espèce de tentative de toilette qu'il avait entreprit, les plaies ouvertes avaient déversées leur flot rougeâtre sur son pelage d'habitude si propre et bien ordonné. Il poussa un gémissement lorsque Nuage Hivernal tenta en vain de le soulever. Elle ne fit que le sortir quelque peu du buisson. Reprenant un peu ses esprits en heurtant à nouveau le sol, Cœur de Coyote gronda. L'apprentie s'éloignait un peu, il poussa un feulement, avec toute l'énergie qui semblait l'animer.

- Reviens ici. Je ne veux pas que quiconque me voit... Dans cet état... Ça n'est pas... je ne suis pas si blessé que ça en à l'air... C'est juste...

Il réfléchissait à toute vitesse. Personne ne devait savoir qu'il s'était fait battre à plate couture. Il reprit une respiration.

- Écoutes... Tu ne vas chercher personne, je t'assures que ça va aller... Si quelqu'un te demandes, dis juste qu'un renard m'a pris en traître... Ramène tes fleurs, je crois que ma patte en a besoin, je ne sent plus mes coussinets, fit-il dans un souffle.

Heureusement, la nuit passée dans les buissons, la rosée, la boue et le sang camouflaient un peu l'odeur du Clan du l'Ombre et du Chemin du Tonnerre. Il espérait que le museau expert de l'apprentie guérisseuse ne décèle rien de tout ça. Il tourna la tête vers sa patte arrière que la garce de l'Ombre avait mordue. Cette plaie et celle à la joue étaient les deux plus importantes. Il sentait également que son ventre le brûlait, mais de façon moins forte, plus diffuse. Il n’oubliait pas les coups de griffes sur le front, qui saignaient beaucoup mais étaient certainement des plaies bénignes. Une coupure sur le museau le tiraillait un peu. Quelques balafres éparses, souvenirs des roulades endiablées des deux félins lui piquaient partout sur son corps gris. Cœur de Coyote soupira, à la fois soulagé de voir que tout cela était fini et soulagé que Nuage Hivernal l'ait trouvé. Si Etoile de Suie l'avait fait, elle m'aurai privé de tout ce que j'ai et de tout ce que je n'ai pas, pensa le félin avec horreur. Tout va bien, personne ne saura jamais rien. Il jeta un coup d’œil à ses griffes. Elles étaient couvertes de sang mais pas de poils. Sa course les avaient retirés et il en fut soulagé.

N.B.: Ce RP fait suite à « Chasse Gardée », en compagnie de Fleur Noire.

L'apprentie se plia à sa demande. Dans un laps de temps qui lui paru une éternité, Cœur de Coyote continua d'attendre dans le buisson. Misérable... Misérable, misérable, misérable. Bien vite, elle revint sans personne d'autre. Ils étaient seuls, dans le silence. Elle s'affaira à soigner son corps meurtri sans poser une seule question. Sans même lui adresser la parole, ou un regard insistant. Après de longues minutes, elle vint se coller à lui, pour lui tenir chaud. Le matou n'avait jamais eu auprès de lui présence aussi proche, aussi fut-il d'abord réticent et failli l'envoyer paître. Il était cependant trop épuisé pour râler. Et la chaleur n'avait rien de désagréable. Nuage Hivernal semblait inquiète pour lui, mais à ce moment précis, le tigré n'avait d'autre envie que de s'enterrer vif dans un trou, ou de filer loin d'ici. Là où personne ne pourrai voir sa honte. L'apprentie, experte des blessures en tous genre, avait certainement flairé le mensonge. Aussi devait-il la vérité à la femelle, parce qu’elle était son sauveur et parce qu'il la savait fidèle.

- Ce... c'était... un renard. Un renard qui... qui venait de l'autre côté du chemin du Tonnerre, lâcha-t-il avec une difficulté non dissimulée. Un renard de l'Ombre.

Ensuite, il se tut. Le regard fixe sur un point visible de lui seul. Il se trouvait ridicule. Ridicule et minable. Ridiculement minable.

- Je suis minable, marmonna-t-il entre ses crocs, si bien que ces paroles ne furent certainement comprises que de lui même.

Soudain, il s’aperçut de l'énormité de son acte. Il venait de s'ouvrir à la faiblesse, pour la seconde fois de sa vie. Il avait divulgué des choses à Nuage Hivernal. Après ses doutes sur son ascendances, sur ses rêves, le voilà maintenant entrain d'avouer qu'il venait de prendre une raclée. Il gronda sourdement et s'adressa à Nuage Hivernal sans tourner la tête d'une voix froide qu'on lui connaissait habituellement :

- Personne ne doit savoir.