|BLIZZARD| gros train de vie → toucan - end

gros train de vie, salut c'est cool

Le blanc, il y trouvait une certaine familiarité. Le blanc du pelage de sa sœur, source de chaleur et de réconfort; le blanc des journées plutôt enluminées parce qu'il fait très soleil ou que le ciel est une épaisse couche de nuages étroitement compactés; le blanc des étoiles, la nuit, qui reflétaient sans doute les âmes des guerriers du Clan des Etoiles. C'était joli le blanc, c'était poétique et confortable. Mais le blanc de la neige, dense et froide et insurmontable, avec ces flocons qui lui fouettaient le visage, il en avait horreur. Pris par surprise dans le blizzard, il avait du lâcher toutes les feuilles qu'il avait récoltées (et qui en plus se faisaient de plus en plus difficile à trouver en cette saison) pour gagner en rapidité et mobilité. Tout ce qu'il voulait c'était trouver un peu de calme, un abri ou même un refuge qui le protégerait de cette abominable substance nivale et gelée. Il ne sentait déjà plus sa queue mordue par le froid.
Et puis cécité absolue. Il avançait sans savoir où aller, surtout parce qu'il ne pouvait pas ouvrir les yeux sans qu'ils soient recouverts de l'atroce semence de Satan, et puis il était complètement déboussolé par la tempête et ne savait pas réellement ou il se trouvait. Panique, quand tu nous tiens. Il avançait donc aveuglément, jurant contre le temps et trottinant de sorte que ses coussinets soient le moins possible en contact avec le sol brûlant.

En plus il avait passé une journée de merde. Entre son mentor visiblement angoissée par l'arrivée du temps désastreux (surprise surprise) et sa soeur pas vraiment là qui ne passait pas autant de temps avec lui qu'il l'aurait voulu, c'était pas vraiment la joie au camp. Alors il avait joyeusement décidé de passer un peu de temps seul avec lui même, quête de fleurs et tout, rien de mieux pour réfléchir. Et puis le Clan des Etoiles avait décidé de lui faire le doigt absolu, le bras d'honneur ultime. Il ne s'en remettait pas.
Alors qu'il se demandait pour la énième fois pourquoi, pourquoi ici, pourquoi maintenant - pourquoi lui, surtout, il trébucha sur (tenez vous bien) une petite montagne de neige qui avait eu le temps de se former et bascula tête la première dans un autre tas de cette substance maléfique, bien grise et bien sale. Il grimaça alors que de la neige s'infiltrait dans sa gueule. Il avait presque envie de pleurer.
Puis subitement, une touche de couleur dans ce tableau monochrome. Une sorte de flou plus foncé qui contrastait drôlement avec l'immense page blanche tout autour du jeune chat. Et qui bougeait. Lueur d'espoir. Nuage d'Alcidés se précipita sur ses pattes, manquant de tomber une seconde fois, pour s'approcher de cette tâche remuante. Elle avançait, elle aussi, luttant contre les bourrasques qui ne cessaient de venir. L'apprenti plissa les yeux, fronçant le nez pour tenter de voir si c'était un chat ou non. Avec autant de vent son museau était incapable de reconnaître d'odeur. Et puis. Lumière. Dieu soit loué.

« Toucan ! » le petit chat tenta un feulement contre l'air tempétueux.

Evidemment, il était impossible pour qui que ce soit de l'entendre, surtout à cette distance et surtout en fait quand le temps s'adonnait déjà à un petit concert de sa propre composition et dont Nuage d'Alcidés n'était franchement pas très fan. C'est pourquoi le jeune apprenti pris son courage à deux mains et fusa en direction de son aîné et un peu son ami. Il ne savait pas à vrai dire. Il manqua de lui rentrer dedans mais dérapa plutôt à quelques moustaches de lui, lui envoyant tout de même un petit coup de queue. Les pattes enfoncées dans la neige et le museau recouvert de blanc, Nuage d'Alcidés, haletant, leva nerveusement les yeux vers Toucan.

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Il détestait l’hiver, de tout son petit corps, de toute son âme tordue. Il le haïssait. Le froid d’abord, une invention de l’enfer, la version de Dante, celle toute de glace et de vent mordant. Le vent d’ailleurs. Il n’aimait pas ça. Il n’avait jamais vraiment aimé ça : en été, bouffe toi de la poussière dans la gueule, en hiver, des aiguilles de froidure te perfore le visage. Oui, le froid, le vent glacé, la torture médiévale, tout dans le même sac pour lui. Et la neige. Très mignon, très poétique, mais de loin. Sous cette pluie blanche et laiteuse, il avait l’impression de se faire ensevelir vivant sous des hectolitres de fluide visqueux – ce que devenaient les flocons sous ses coussinets frigorifié. Ses oreilles étaient à présent engourdies, et il ne bougeait sa queue qu’avec difficulté.

La famine qui le guettait, conséquence du blizzard. La terre devenait stérile – comme lui, sans qu’il le sache. Il n’avait pas mangé hier. Il n’avait pas encore mangé aujourd’hui, et ne trouvait rien à bouffer. La faim lui tordait les entrailles. Pour éviter l’inanition, il s’était mis en route vers le Moulin, pensant s'y abriter de la neige, et peut être trouver une souris maigrelette pour se caler le ventre – son intérieur était si désespérément vide, il s’attendait à sonner creux.

Tandis qu’il peinait à avancer dans l’amas laiteux qui lui collait sournoisement aux pattes, il fut percuté par le coup de queue d’une boule noire et blanche. Nuage d’Alcidés. Alcy. Clan du Vent à ce qu’il croyait – il sentait un peu comme Fleurette, mais ils ne s’étaient pas vraiment présentés de manière conventionnelle – odeur de fleurs fanées, petite gueule d’ange. Très mignon, plutôt sympa, pas chiant, pas arrogant, pas farouche, son partenaire particulier – pour parler uniquement, bien entendu. Il leva ses grands yeux perdus sur Toucan, des petits nuages de vapeur s’échappaient de ses lèvres entrouvertes. Le galet sourit, son visage un masque de glace craquelé, et égraina les mots de sa voix rocailleuse.

« Alors chaton, tu t’es perdu ? Ne réponds pas, d’abord bouge tes petites fesses jusqu’au Moulin. Après je te réchauffe, promis »

Cold daily

Le maigre chat gris le regarda, et lui sourit. Sourire, cela ne semblait jamais être quelque chose de franc chez Toucan. Comme si son visage était toujours figé dans le marbre. L’idée de voir le solitaire figé en statut de glace lui effleura l’esprit, moqueusement. Toucan n’était pas ce qu’on pouvait considérer comme un ami pour l’Alcidé. Le caractère du chat de pierre ne semblait pas coller avec le petit chaton. Pourtant, l’apprenti avait trouvé en ce félin une source d’inspiration. Toucan était comme ses oiseaux qu’il aimait observer. Il pouvait prendre son envol, faire ce qu’il voulait, aller où bon lui semblait. Là où le petit n’oserait certainement jamais se rendre. Et c’était bien ça qu’il admirait chez le solitaire. Sa liberté.


« Alors chaton, tu t’es perdu ? Ne réponds pas, d’abord bouge tes petites fesses jusqu’au Moulin. Après je te réchauffe promis »


L’idée de se retrouver sous un toit chaud parut trop demandée pour le jeune novice qui n’était à la base, que venu cherché des plantes. Mais il faisait bien trop froid, et des boules de neiges compactées entre ses coussinets rendaient chaque mouvement douloureux. Alors il accepta, et suivit le matou dans le grand bloc de bois. Toucan avait quelque chose de rassurant. Nuage d’Alcidés avait facilement peur, et le caractère extravagant du chat errant l’avait d’abord intimidé. Mais lorsqu’il s’était mis à parler de sa vie en solitaire, il avait semblé moins dangereux, l’image du grand méchant loup s’était quelque peu dissipé. Malgré tout ça, l’Alcidé restait prudent. Il ne le connaissait pas réellement. Qui sait ce qu’il pouvait lui arriver ? Toucan semblait vouloir faire ami-ami avec lui pour le moment, mais après ? Quel était l’intérêt du matou de parler avec un apprenti guérisseur ? Ils étaient si différents. Et le côté parano du petit le rappelait sans cesse à l’ordre, avec des scénarios plus tordus que les autres.

Toucan et Nuage d’Alcidés entrèrent dans le Moulin. Une odeur chaude de foin et de bois humide y régnait, accompagné du souffle du vent et des craquements de la demeure. C’était ici que vivant le solitaire ? C’était grand. Il devait se sentir seul parfois se dit le chaton, avant de se rappeler que c’était ça, la vie que le galet avait choisi.


« Comment vas-tu Toucan ? Les temps ne sont pas trop durs pour toi ? »


Sa queue prit un tic nerveux. Il n’était pas à l’aise. Et sa voix tremblait. Il n’avait jamais été très doué dans les relations. Ses seuls amis étaient les Étoiles, sa tante et sa sœur. Alors engager une conversation était toujours une étape compliquée pour le petit bicolore. Ses yeux jaunes rivés sur le sol en bois, il se mit à jouer nerveusement avec un brin de paille, attendant la réponse du solitaire.

GALLINEA

HRP:

L'atmosphère douce du Vieux Moulin le réconforta. Il observa les vieilles planches, la sciures de bois, ouvrant l’œil pour repérer les traces de son combat, il y a plusieurs lunes, avec Alby, à cet endroit même. Quel coïncidence tout de même, de se retrouver ici avec son frère. Le petit bicolore semblait observer la bâtisse avec attention - il n'avait pas dû souvent sortir de son Camp. Il lui parlait en bougeant des brins de paille du sol en bois.

- Comment vas-tu Toucan ? Les temps ne sont pas trop durs pour toi ?
- Oh, tu sais chaton, ne pas avoir de maison ni de nourriture en plein blizzard, c'est ce qu'il le réussit le mieux : t'as vu cette ligne svelte ?

Il s'étira, le regard rieur. La neige tombait un peu de sa fourrure, en petits paquets qui fondaient bien vite sur le plancher. Il se réchauffait un peu, et s'approcha de l'apprenti.

- Je blague chaton. Et toi, dans ton Clan ?

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Cold daily

Le brin de paille divertit un moment l’apprenti guérisseur. Mais il se concentra bien vite sur Toucan. Il avait déjà remarqué que ces os saillaient beaucoup trop pour un félin de sa corpulence, mais ce qu’il n’avait pas vus, c’était les longues estafilades qu’abordait le solitaire. Il s’était battu. On ne pouvait avoir ce genre de cicatrice en se promenant dans un buisson de ronce. Et qui était assez bête pour se promener dans un buisson de ronce ?


« Oh, tu sais chaton, ne pas avoir de maison ni de nourriture en plein blizzard, c’est ce qu’il me réussit le mieux : t’as vu cette ligne svelte ? »


Nuage d’Alcidés plissa les yeux. Toucan s’étira, faisant tomber la neige qui s’était accroché à son pelage. Le petit bicolore avait très bien compris qu’il plaisantait. Et pourtant, ses paroles sonnèrent comme un reproche, une plainte sourde. Sans aucune raison, le guérisseur se sentit coupable. Toucan était son ami, et même s’il était un solitaire, il méritait de recevoir de l’aide, des plantes et un quelconque soutien. Un instant, il pesta intérieurement contre le blizzard, qui l’empêchait de trouver des plantes pour son Clan. Et pour Toucan.


« Je blague chaton. Et toi, dans ton Clan ? »


Le Clan du Vent se portait… Aussi bien qu’il le pouvait. La tempête faisait des ravages, un ancien était déjà mort et ce ne serait sûrement pas le seul. Cœur Fleuri ne dormait presque plus, et Étoile Fauve avait disparu. Le Clan du Vent n’allait pas bien, mais c’était certainement pareil pour les autres Clans. Ils n’étaient pas les seuls chats à souffrir. Et Nuage d’Alcidés remercia le Clan des Étoiles de leur avoir offert un territoire et un camp sûr pour se protéger du froid et des prédateurs.


« Ça va… On fait comme on peut. Cœur Fleuri ne s’arrête jamais de courir dans le camp ou sur le territoire pour trouver des plantes. J’ai l’impression d’être aussi utile qu’une mouche. Toucan, comment tu t’es fait ces cicatrices ? Le froid n’est déjà pas assez dur pour toi ? Je pourrais t’apprendre quelques trucs pour que tu puisses te soigner à l’avenir… »


Le solitaire s’était rapproché, et Nuage d’alcidés ne se sentait pas bien. Il n’était pas très tactile, encore moins avec le solitaire, qui était pourtant son ami. Il s’éloigna alors, observant toujours la structure de cette ancienne maison de bipède.

GALLINEA

HRP:

Visiblement mal à l'aise, le petit apprenti soigneur s'écartait de Toucan à mesure qu'il lui parlait, qu'il lui expliquait la dure vie de son Clan, Fleurette la boule à bout de force et les Anciens qui tombent comme des mouches. Bon, pas à ce point, mais le caillou avec un goût certain pour l'exagération. Les yeux collés sur son corps maigrelet, il finit par lui demander d'où venaient ces codes barres qui décrivaient la dureté de son existence. Bien vu gamin, ça et le froid, ça aide pas...

Alcy, tu n'es pas sensé être au courant que les grands méchants solitaires volent et tuent à tour de bras, et d'autres conneries du genre ? Enfin. En fait c'est tout con hein, c'est juste que j'aime me battre, et que j'ai passé bien des lunes dans les rues, tu sais, dans la Ville grise et froide dans laquelle vous ne foutez jamais les pattes.

Il cessa de s'ébrouer, et s'aplatit au sol, croisant ses fins membres sont son menton.

Enfin, tu m'apprendrai des trucs ? Pas sûr que je retienne ça, c'est pas mon domaine les plantes et autres herbes. Moi, on va dire que je suis plus dans le combat. De toute sorte. Tu te bats jamais toi ?

Timide comme un enfant terrible, le petit avait l'air bien peu ouvert aux suggestions. Dommage, pensait le caillou, il n'était pas contre un peu de chaleur animale pour contrer le Blizzard, ses vents froids et ses flocons qui lui brouillaient la vision, recouvrant le monde d'un épais manteau laiteux, d'une sourdine glacée. Dans ce Moulin, ils étaient seuls au monde, et des sales idées lui montaient à la tête - pas de répit pour son cerveau, il s'échauffe toujours bien vite, même sous le froid mordant.

Ça oui chaton, je t'ai bien regardé... Et puis tu sais, c'est pas la taille qui compte.

Le gris étira ses pattes, exposant son corps gracile mais bien petit, nerveux, sec. Maigre en ce temps glacial, les côtes comme des lames de xylophone.

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HRP: