THE PROPHETIES BEGIN
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Thème X - Terres Inondées
 
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 Colours of the Wind | ft Vent - e n d

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Nuage de Vague
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MessageSujet: Colours of the Wind | ft Vent - e n d   Colours of the Wind | ft Vent - e n d Empty09.09.18 3:47

Note :keur:

L'aube commençait à peine à parer le ciel de couleurs et le soleil à poindre derrière quelques paresseux nuages qui jouaient dans l'alizé de ce matin d'automne, quand la guerrière de sable et d'écume se glissa, sans un mot, hors de la tanière des guerriers; elle avait mentionné, la veille au soir, quelles patrouilles devraient partir aux frontières, à quelles heures, et désormais libre, s'enveloppant d'un manteau de secret, elle s'éloignait, dans la pénombre, de tous ses camarades. Et pourtant, elle était loin de sentir le poids de la solitude: elle sourit à Cœur de Lynx, qui veillait, cette nuit, lui chuchotant doucement qu'elle partait nager. Ce n'était pas rare, une de ses habitudes; elle se sentait bien, princesse de l'eau, fille de la rivière, dans l'onde pure qui chassait ses tracas. Mais cette fois, si elle riait au vent en courant vers le pont, c'était pour une toute autre raison - les couleurs dans son cœur et l'espoir, enfin. Une longue demi-lune venait de s'écouler, emplie de joies, de peines, de petits soucis et d'entraînements pour sa fille... Ce matin-là, c'était un autre enfant qu'elle rejoignait: elle allait pouvoir revoir Nuage du Vent. À la pensée du petit chat roux, Museau Bleu sentit un flot d'allégresse et de tendresse l'envahir, malgré les regrets de ne pouvoir le voir que si peu, reconnaissante pour cette amitié entre contrastes, de laquelle, pourtant, tous deux avaient tant à apprendre. Elle aurait aimé l'expliquer aux autres, leur dire qu'ils étaient plus forts ensemble, que le regard d'un étranger pouvait parer votre vie de magie! Mais les Clans restaient séparés, et eux devaient se retrouver, à l'écart, bravant l'interdit, quittant leur tanière dès la fin de la nuit. C'était... Dommage. Mais le soleil pâle brillait, les feuillages flamboyaient, plus fort encore peut-être, avant de disparaître, et le vent chantait. Elle le retrouverait. Alors, elle souriait.

You think the only people who are people
Are the people who look and think like you
But if you walk the footsteps of a stranger
You'll learn things you never knew you never knew


Et le vent qui soufflait
Et le cœur qui battait
Et les rêves s'envolaient
Au détour de la rivière, ils se reverraient
Juste un moment volé, un regard d'amitié
Parce que ce lien, si pur, si vrai
Elle le savait; rien ne le leur arracherait jamais

« Si seulement ils savaient, Nuage du Vent. » murmura la guerrière.
« Si seulement tout le monde était un peu comme toi. »

Le vent portait leurs rêves, aussi
Des rêves de confiance et d'amour
Des rêves de bonheur, d'infini
Des rêves de tolérance, pour toujours
Des rêves d'ailleurs, de tendresse et de vie
Des rêves de jade et d'ambre, de lune et de soleil
Des rêves au vent, à l'eau, aux étoiles et au ciel
Des rêves par milliers, comme autant de merveilles
Des rêves colorés, au doux parfum de miel

Have you ever heard the wolf cry to the blue corn moon
Or asked the grinning bobcat why he grinned?
Can you sing with all the voices of the mountains?
Can you paint with all the colors of the wind?
Can you paint with all the colors of the wind?

Bientôt, sous les pattes de la guerrière, le sol descendit en pente douce, et elle émergea des roseaux pour se trouver face à l'eau, observant l'éclosion de ce monde qu'elle aimait tellement; l'eau murmurait, glissant entre les galets polis par le temps, en un tableau immuable et pourtant changeant, frangé de lumière, couleurs pastelles, tableau de douceur, de simplicité et de beauté. C'était son royaume, simplement, son petit coin de paradis - et ce qu'elle voulait partager avec lui. Juste un moment, elle voulait retrouver son protégé, et laisser le torrent emporter les désaccords des Clans, ne laissant plus qu'une reine et celui qui était presque son enfant, par le cœur sinon par le sang... Il était prince des sables, elle princesse de l'eau, et ce monde de paix, ce rêve si parfait, elle se le promettait, toujours ils le créeraient. Un petit monde, juste pour eux, un cocon où se trouver à deux, des étoiles filantes en mille vœux, et des rendez-vous secrets, merveilleux. Comme en ce lieu. C'était peu... Mais c'était bien assez. Parce que quand ils étaient ensemble, à discuter, s'amuser, se confier, ils suffisait à leurs regards de se croiser pour s'offrir l'un à l'autre quelques secondes d'éternité. Rien ne durait éternellement, peut-être; mais chaque instant comptait. Dans leur cas plus que jamais. Elle longea un instant la rive, bondit sur le pont; à cet instant, entre terre et ciel, le bleu des nuées rejoignant le bleu de l'onde, rien n'exista plus que ce monde - et celui qu'elle lisait, lumineux, dans les yeux de cet enfant qui venait de se dessiner, de l'autre côté de ces planches de bois flotté. Museau Bleu esquissa un grand sourire.

Il a grandi, remarqua-t-elle, émue.
« Tu es venu. »

Sa voix était douce, affectueuse et rassurée. Le monde ne les avait pas séparés!
Avançant jusqu'à la moitié du pont, elle le laissa pourtant de lui-même approcher.
Bien sûr qu'elle aurait aimé s'approcher, et se presser à ses côtés.
Mais leur drôle d'amitié... Ils devaient l'apprivoiser.
Alors elle se contenta d'un regard vrai, sincère,
Et laissa parler une nouvelle fois ses yeux verts.

Pour les laisser lui dire qu'il lui avait manqué.

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Dernière édition par Museau Bleu le 18.09.18 7:08, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Colours of the Wind | ft Vent - e n d   Colours of the Wind | ft Vent - e n d Empty09.09.18 10:07

Le soleil, doux derrière les pics hérissés, décidait enfin de pointer le bout de son nez après la longue nuit des étoiles. Reprenant peu à peu son trône lui revenant de droit, une douce rougeur sur ses joues apparaissait, et caressait avec douceur l'immense ciel trésorier de ses merveilles. Picotant les nuages d'orangé, de prunes fructueuses et de feuilles abondantes, il n'hésitait pas à donner à profusion plusieurs teintes d'émotions, les distribuant en les balançant avec bonheur dans le voile occupé. Ce spectacle fabuleux ne laissait aucune paire d'yeux sans affection, les misérables mortels ayant l'immense chance d'assister à celui-ci se retrouvant tout de suite accaparé d'une insurmontable effervescence. Ce fut donc le cas du petit Nuage du Vent qui, pèle mêle dans la fourrure de son Nuage D'or, observait du sol la grandeur d'artiste de ce soleil maître de la toile qu'il badigeonnait agréablement. Ému du changement auquel il avait assisté, puisqu'il s'était réveillé en intervalle dans cette nuit, il ne put empêcher sa gueule de laisser passer un soupire soulagé et bien libéré. La nuit avait été belle et claire, et les comètes avaient brillées de mille feux sous le règne de la lune mi-ronde ; aucun nuage n'avait couvert ce spectacle, et aucun n'osait encore se présenter dans ce petit manège de la nature matinale. Le clan des étoiles, dans un sens logique, ne désapprouvait pas complètement les gestes que le novice allait commettre dans les instants suivants. Il avait laissé tout ce temps aux rois anciens pour intervenir, et c'était assez — c'était le temps de faire place à ses envies à lui. Le jeune se délogea donc doucement de son ami, ses poils se gonflant en sentant les petites bourrasques glacer sa peau après une soirée partagée dans un amalgame de poils. Néanmoins, il était prêt.

Dreams cannot compare
To see you standing there in front of me
It’s crazy how much I found
That love for you to stick around
And to stay with me


L'apprenti avait tout prévu. Il avait prévenu, hier soir, son mentor de sa sortie matinale qui allait se dérouler dans la journée suivante, prétextant de vouloir se faire pardonner du passé... Pour ce qu'il allait en vérité commettre dans le futur. Il se glissa donc sans remords vers la sortie, puis agita sa queue dans un salut respectueux en direction du guerrier qui la surveillait d'un air fatigué. Son plan était en marche ! S'arrêtant un instant pour embraser le tout d'un regard enflammé, il prit le temps de savourer le goût de sa victoire avant de se remettre à esquisser ses longues foulées.

et alors qu'il courrait, vivement,
ses pattes foulant la terre du vent
son allégeance, ses pensées,
suivaient la trace des étoiles
de ces promesses qui avaient percées
et de ses jamais ô combien espérés

J'arrive

chuchota-t-il pour lui
mais, il devait bien se l'avouer
aussi pour elle, sa princesse des eaux

et pour les étoiles filantes qu'ils
regarderaient ensemble, une nuit, un soir
pour les paroles qu'ils s'échangeraient, un jour

pour le chant des grillons d'une discussion
où ils ne seraient plus séparés par le temps
où le vent et l'eau ne ferait qu'un, nouveau printemps

Le bruit d'une chute, le bruissement d'une rivière attira soudain l'attention du petit mâle et, comme un petit garçon excité, sans vraiment réfléchir, il s'approcha de la source de l'éclat - comme une fissure dans la terre où du bleu en germait, il découvrit - c'était beau, clair, vivant, rapide, et des ombres joyeuses serpentaient dans cette abracadabrante danse - c'était beau, familier, et ça sentait l'enfance de celle qui avait changé la sienne. Il trempa avec curiosité sa petite patte dedans, parce que personne ne lui avait jamais laissé faire ça. Le courant se mélangeait avec une étrange appétence autour du bout de lui, et semblait vouloir s'enrouler, s'accrocher avec légèreté à ses petites griffes sorties. Pourquoi n'était-il pas née dans ce clan, où la rivière semblait si gentille comparée aux bourrasques qui grondaient ? Il la ressortit du froid, heureux, puis regarda autour, et aperçut ledit pont, ledit pont qui résonnait encore dans son esprit après tout ce temps, tout ce temps ressasser à imaginer la nouvelle rencontre qui allait éclore avec eux. Investigateur, il s'approche de cette bizarre structure et la poussa doucement avec son museau, aspirant les charmants effluves de bois mouillés et de forêts qui s'élevaient ce cette construction. Fureteur, il continua d'observer un peu les alentours, puis,

un parfait
sourire

Tu es venu.
il voyait des étoiles filantes, une caresse du vent sur sa joue
un câlin de gros cailloux. et il se demanda si tout ceci,
n'était qu'un rêve un peu flou. et pendant un instant,
il ne sut point, point s'il n'était pas endormis, éternité
mais aucun rêve ne pouvait avoir cette effluve si particulière
et aucun rêve ne pouvait être si parfait.
alors il s'approcha d'un pas un peu hésitant, comme s'il pouvait
briser quelque chose, faire exploser un moment, il ne savait pas
mais tout fut clair quand les prunelles se rencontrèrent
il ne pourrait jamais rien briser entre eux.

Tu es venu
répéta-t-il,
parce qu'il comprenait tout
et absolument rien
dans le même temps
et après tout, il s'en foutait
tant qu'elle était avec lui

Puis il plongea son regard dans le sien, observant avec affection le vert de ses iris puissants. Dans ceux-ci vivaient des vrais sentiments que seuls les deux pouvaient comprendre, et il adorait s'y pencher pour essayer de décortiquer les paroles oubliées entre les deux âmes. Mais il ne pouvait pas les voir. Tout ce qu'il pouvait apercevoir, c'était le vert des arbres en été, le turquoise de la belle rivière en contre bas, et les pierres précieuses de fleurs qui poussaient entre les rochers de son clan, qui sentaient si bon ; tout ce qu'il pouvait apercevoir, c'était les sentiments. Et ceux-ci lui donnait envie de poser son museau sur l'épaule de la femelle, et d'inspirer en douceur la bienveillance de son esprit.

Comment vas-tu ?

déclara-t-il en un sourire qui pouvait sembler bénin,
comme la question ; mais les deux, si on y cherchait bien
démontrait tout son inclination, son attachement,
son amour.

comment vas-tu, maman ?

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MessageSujet: Re: Colours of the Wind | ft Vent - e n d   Colours of the Wind | ft Vent - e n d Empty09.09.18 16:24

À cet instant, sur le pont de bois qui enjambait la rivière cristalline, le temps aurait pu s'arrêter, prunelles de jade et perles ambrées, sans que les deux félins, face à face, tout en retenue et pourtant emplis d'une affection infinie ne demandant qu'à s'exprimer, ne paraissent le remarquer. Rien d'autre ne comptait que cette rencontre suspendue dans le temps, discrète, jolie, lumineuse de poésie simple à la fois dans le lieu et dans leurs actes, leurs paroles. Ce royaume d'eau et de ciel, de roseaux et de galets, de petites fleurs et de doux rayons de soleil, ces deux silhouettes, princesse de la rivière et petit prince des sables, ces mots emplis d'espoir, reprenant leur chant de la dernière fois, sous le vieil érable, dans la brise du matin cette fois. Tout était parfait, pur, et tout paraissait pourtant si fragile ! Pourtant, quand Museau Bleu entendit la voix de l'enfant, son sourire s'illumina encore: elle savait que rien ne pourrait jamais les séparer. Même morte, je continuerai d'arpenter ce monde à tes côtés...

« Tu es venue »


Trois mots
Qui voulaient dire
Tellement plus que cela
Une infinité de rêves
De sentiments
Élan de vie

À pas lents, gracieuse danseuse sur les fines planches de bois, la guerrière avança, encore un peu, jusqu'à ce que leurs pas les rapprochent à nouveau, encore davantage, encore plus près, que leurs cœurs se retrouvent. Tout allait bien, tout irait bien. Dans les yeux de soleil de Nuage du Vent, il y avait encore un enthousiasme d'enfant - elle remarqua, amusée, qu'il avait une patte mouillée - et aussi un tourbillon d'amour, bouleversant, qui devait trouver un écho au moins aussi puissant dans les prunelles vertes de sa mère de cœur... La seule présence du petit semblait ajouter au monde de la lumière.

Bonheur
Gratitude
Amour

« Comment vas-tu ? »

Une question qui aurait pu paraître banale
Un sourire plus brillant que toutes les étoiles
Et une affection muette, douce, parfaite
Qui exprimait tout ce qu'ils savaient
Tout ce qu'ils rêvaient, espéraient

Un dernier pas suffit à Museau Bleu pour enfouir son museau dans la fourrure rousse et crème, et elle inspira le doux parfum tendre et réconfortant de celui qui, dans son cœur, était un peu son enfant, ravie de le sentir se blottir contre elle, lui aussi. Il n'y avait plus que les battements de leurs cœurs, à présent, à l'unisson, en une réponse déjà bien assez éloquente. Leurs pulsations de vie en harmonie, il n'y avait plus qu'eux sous l'infini du ciel, plus qu'un murmure quand elle lui répondit, d'une voix ténue par l'émotion mais sans le moindre doute :

« Maintenant, tout va bien. »

C'était leur royaume
De bonheur, de vie
Leur pays de merveilles
Leur monde d'harmonie

Come run the hidden pine trails of the forest
Come taste the sunsweet berries of the Earth
Come roll in all the riches all around you
And for once, never wonder what they're worth

Elle recula, lentement, se retirant de l'étreinte avec une infinie douceur et une tendresse impossible, avant de chuchoter, complice et passionnée, douce et vive, aimante, amicale et tellement plus que cela, quelques mots qui tisseraient la trame d'une nouvelle aventure. La mélodie du vent avait veillé sur leur première rencontre... Cette fois, elle voulait apprendre à son fils le joli chant de l'eau. Pureté. Équilibre. Trop souvent les Clans opposaient leurs deux mondes, alors qu'il aurait été si facile de les faire se côtoyer ! Aux yeux de Museau Bleu, et en ce lieu, à la frontière de tout, dans une bulle d'amour loin des flots de colère, ces mondes différents pouvaient être partagés. Elle lui sourit, et proposa:

« Tu viens nager avec moi ? »

The rainstorm and the river are my brothers
The heron and the otter are my friends
And we are all connected to each other
In a circle, in a hoop that never ends

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MessageSujet: Re: Colours of the Wind | ft Vent - e n d   Colours of the Wind | ft Vent - e n d Empty10.09.18 8:51

Dans ce territoire abritant des rêves, des soupirs, des idylles et des peurs, tout le monde regrettait. Ils regrettaient au détour d'une rivière, laissant leurs larmes salées se mélanger avec l'eau claire ; ils regrettaient au bord d'un arbre fendu, puis parcouraient la fissure en imaginant leurs cœurs brisés — ils dormaient, et leurs regrets venaient se ficher dans leurs cauchemars habités d'abjects pensées. Mais on regrettait toujours pour rien, étant donné qu'on ne pouvait regretter qu'après. Ce fut cette jolie tirade qui roula dans le crâne du mâle, celui-ci habité de splendides couleurs serpentant autour de la jolie affirmation qui le rassurait en silence. La fourrure sécurisante de sa princesse des eaux se mélangeait avec la sienne, et dans ce mouvement si attendu, il n'avait pas le moindre ombre d'une amertume désolée dans ses sentiments.

I linger on all the things that you've said to me
Always wanna be your flower
I wanna make you feel real easy
I wanna hear you talk for hours


Maintenant, tout va bien.

tout allait bien
ici-bas, sur cette terre
dans le cœur de ces deux chats
et le clan des étoiles, eux
pouvait bien sermonner
crier, fulminer, hurler
l'amour allait continuer
de se disperser

car maintenant, tout allait bien

Quelques pas vers l'arrière la fit quitter l'étreinte apaisante, et d'un sourire pur, brillant, rayonnant, évaporant les nuages du ciel de sa beauté, elle le gratifia généreusement. Il aurait voulu la paix sans victoire, le repos sans combat, le monde à l'envers d'un pas. De cette rencontre, le novice pouvait avoir cela, et bien plus encore ; il avait la capacité d'aimer sans limite, de courir dans les landes et la rivière de la même foulée, et de fouler celle-ci doté de grandes ailes qui s'élançaient vivement sur ses minces flancs. Avec Museau Bleu, il pouvait tout. Et, puisque personne ne pouvait se quitter lui-même, puisque personne ne pouvait fuir, il embrassait avec une féroce envie tout ce qui se présentait à lui dans cette journée s'annonçant d'un brillant avenir. Aurait-il eu une masse de chats hostiles autour d'eux, que l'idée de se retirer n'aurait même pas effleuré ses tempes en compagnie de cette combattante, cette amie, cette mère.

Tu viens nager avec moi ?

un sourire dans ses yeux

dans sa tête

dans son cœur

elle était la première

à lui demander cette question

et elle sonnait drôlement bien

Un rire cristallin s'éleva du petit chaton, comme si les lunes qui l'avaient fait grandir s'évaporaient doucement pour laisser, enfin, s'élever l'opaque voile — sombre et gris, dur et violent, du fait de croître dans un monde où il n'y avait pas le prince des sables et la princesse de la rivière pour s'aimer. Sitôt les artifices soufflés d'une seule parole flambante, il retrouvait son enfance, laissant celle-ci s'engouffrer dans les reliefs escarpés d'un cœur quelconque ; bien vivant. Sans dire un mot de plus, un ronron grandit dans sa gorge et il poussa avec amusement la plus grande de son museau, sa queue débarquant en dernier de ce tableau magnifique pour disparaître dans celui abritant l'autre coup de théâtre. Bondissant, esquissant des foulées désordonnées et joyeuses, riant, il couru pour se retrouver à la surface de la rive aux herbes moelleuses, puis plongea un regard curieux dans la basse eau pour se décider si, oui ou non, il allait y plonger lui aussi.

et il sauta dans la couleur turquoise
le cœur gonflé d'un plaisir
alors qu'il s'écriait, joyeux

Regarde-moi ! Je nage !

bien que ses pattes touchaient encore le sol
et que l'eau ne pourléchait que le début de celles-ci
mais qu'importe
il était heureux,
et il nageait
(presque un peu)

Pataugeant dans cet élément doux, mais d'une température qui n'était point celle des chauds jours d'été dans la lande, il poussa un grand sourire en envoyant son regard à la jolie guerrière. La rivière s'infiltrait dans sa mince pelisse, et, dans ce début d'émotion un peu naïf, enfantin et joyeux, il observait avec les yeux d'un tout petit ce nouvel apprentissage qui, sans mensonge ingrat, l'impressionnait bien plus que de viles techniques de chasses. D'où venait ce si beau ronron tout bas, passant sans demander la permission à personne autour des corps immobiles qui se dressaient en lui ? Des montagnes, des plaines, d'une ancienne ville perdue dans les grands pics inébranlables ? Le petit prince était si impressionné, et suivait du bout du museau ce courant étrange, plongeant dans celui-ci le minuscule endroit de son corps lui permettant d'inspirer les effluves — créant des petites bulles sous la surface, s'écriant dans un rire pur ;

Haha ! Elle est tellement belle ! Tu y vas chaque jour, la rencontrer ? Tu sais d'où elle vient, et où elle va, tu sais ses rêves et ses plus humbles pensées, dis ? Tu la parcours beaucoup, est-ce que tu rentres ta tête et tu ouvres tes yeux pour observer les poissons, hein ? Tu nages dans le courant ? Est-ce que tu vas m'apprendre à la connaitre ?

un ton d'enfant
des yeux brillants
un cœur battant
il était heureux

'Cause when the moon comes up at night
I'm just thinking of you
And when the stars shine this damn bright
All I think of is you


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MessageSujet: Re: Colours of the Wind | ft Vent - e n d   Colours of the Wind | ft Vent - e n d Empty11.09.18 0:43

Le soleil brillait, malgré l'heure matinale, dans le ciel, sur l'eau et dans les yeux des deux chats qui, seuls face à l'absolu de ce monde qui leur était réservée, merveille de poésie et de simplicité, partageaient un moment en une famille volée. Tout ceci était interdit, mais l'espace d'un instant, la lieutenante aurait voulu pouvoir abolir toutes les frontières, malgré celles instaurées, droites, fières et beaucoup trop sévères, par le Clan du Vent - et l'espace d'un instant, auprès de la rivière qui chantait et suivait toujours son cours, quoiqu'il arrive, en toutes saisons, courageuse et libre, ils pouvaient y croire, ensemble. La princesse de l'eau et le prince des sables... Ce dernier, du reste, sautillait comme un chaton, rappelant une nouvelle fois à la reine que Nuage du Vent n'était encore un enfant, et elle eut un pincement au cœur en le voyant si souriant. Son rayon de soleil... Son Clan le voyait-il ainsi ? Etait-il écouté, protégé, aimé ? Elle n'en savait rien; et pourtant, leur première rencontre l'avait inquiétée. S'il se perdait si facilement près du Chemin du Tonnerre, c'était sans doute par solitude; et si elle n'avait pas été là pour l'aider ? Tout le monde ne l'aurait pas fait.

Une gerbe d'éclaboussures
Un rire en mille gouttelettes
Pluie d'innocence et de douceur
La caresse du vent
Le murmure de la rivière
Et une voix enthousiaste
Une voix d'enfant
De son enfant

« Regarde-moi ! Je nage ! »

Il avait à peine de l'eau jusqu'aux pattes, et cela fit rire Museau Bleu, mais elle ne lui fit pas remarquer et, grimpant agilement sur la balustrade de bois du pont, ronronna avant de plonger au milieu du torrent, là où c'était le plus profond: une fois de plus, elle laissa son amie l'entourer, comme une étreinte, la retrouvant pour mieux l'apprivoiser, et y jouer, ressortant la fourrure trempée et des perles cristallines accrochées à la tête, mais le visage lumineux d'un immense sourire et les yeux jade brillant de bonheur intense. En remontant la pente de douce de sable et de roches décorées d'écume qui la menait à la rive, elle pouvait observer le petit mâle roux, qui, de son côté, découvrait pour la première fois ce monde tout mouillé... Elle, fourrure beige et bleutée, se confondant avec certaines des pierres et avec le flot de l'eau, ses yeux verts comme les feuilles des plantes qui poussaient, là, tout près, elle souriait, amusée par l'attitude enfantine de cette étincelle ardente, petit feu follet et âme toute étoilée qui, elle en était sûre, à présent, s'était trompée de Clan! Aucune peur de l'eau, juste l'enthousiasme et l'audace des enfants. Et maman, elle, veillait, et l'écoutait.

« Haha ! Elle est tellement belle ! Tu y vas chaque jour, la rencontrer ? Tu sais d'où elle vient, et où elle va, tu sais ses rêves et ses plus humbles pensées, dis ? Tu la parcours beaucoup, est-ce que tu rentres ta tête et tu ouvres tes yeux pour observer les poissons, hein ? Tu nages dans le courant ? Est-ce que tu vas m'apprendre à la connaitre ? »

Une pluie de questions
Un ciel sans nuages
Un petit garçon soleil
Et toutes les couleurs d'arc-en-ciel
Une discussion dans l'onde pure
Loin des tourments des chutes
Du vent qui hurlait
Et des cris sous la lune
Loin du sang et des monstres
De métal ou de poil
Loin des griffes et des roches
Mais tout près des étoiles

C'était comme se retrouver déjà sur la voûte céleste, là où les Quatre Clans arpentaient, tous ensemble, la Toison Argentée. C'était comme ça, mais cette fois encore, ils étaient bien vivants pour pouvoir s'amuser. Et la guerrière, contente, de s'approcher, de se lancer dans l'eau et de souffler, joueuse, répondant aux questions et se laissant bercer, le courant venant doucement la soulever :

« Je viens voir la rivière dès que je peux, le jour, la nuit, et à moi elle se confie ! Elle est une amie, quand on apprend à jouer avec elle, et elle révèle toutes ses merveilles ! Des poissons, bien sûr, des roches polies, des plantes, aussi ! Et si tu rentres la tête tu l'entends gronder: je crois qu'elle non plus ne veut pas renoncer, elle aussi elle aime sa liberté. On peut se laisser flotter, nager... Ici, le courant n'est pas dangereux, alors oui, je m'y glisse souvent. »

Et ses pattes de retrouver le fond
Du sable, tout doux, tout fin
Aussi doux que le regard d'ambre
Aussi doux que la fourrure rousse
Aussi doux que le sourire de la Muse
Aussi doux que sa voix enchantée
Et la musique, sérieuse mais enjouée

« Il y a des endroits où la rivière ne te fera pas de cadeaux, Nuage du Vent. Les Chutes sont dangereuses, bien trop pour nous, parce qu'elles gardent les secrets du torrent... Mais ici, oui, si tu en as envie, je t'apprendrai. A la comprendre, à lui parler. Et tu auras les clés de ce monde qu'on aura partagé. »

Elle l'interrogea du regard, malicieuse, s'éloignant de lui en quelques mouvements de pattes puissants mais intentionnellement lents, traversant le cours d'eau pour s'immobiliser sur la pente opposée en miaulant, amusée:

« Viens me rejoindre, petit prince, allez ! »

Il n'y avait que peu à nager
Mais elle voulait le tester
Voir sa traversée
Parce qu'elle en était persuadée
Son fils pouvait y arriver

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MessageSujet: Re: Colours of the Wind | ft Vent - e n d   Colours of the Wind | ft Vent - e n d Empty12.09.18 4:18

Il était lui, et il était heureux. Dans chaque petite particule de cette galaxie, dans chaque trémolo de la rivière, en chaque soubresaut d'arbres nerveux caressés par les coups de vents, dans chaque miaulement d'un chant divin ; il se sentait rempli, et rien n'allait pouvoir lui enlever cette impression immensément sublime. Tout était si céleste, baignant dans une lumière absolue ; depuis combien de jours ne s'était-il pas senti comme ça, à rire aux éclats comme si ce bruit résonnant à ses oreilles était d'une banalité incroyable ? Oui, il était heureux — jusque dans les petits poissons qui serpentaient autour du corps de sa museau bleu, au fin fond des cailloux qui raclaient le sol sablonneux, dans le pelage humide et gonflé d'eau des deux compatriote, il l'était. La cause ? Il n'y avait pas de doute, pensa-t-il alors que son regard se perdait dans les yeux lumineux de celles qui lui souriait.

Je viens voir la rivière dès que je peux, le jour, la nuit, et à moi elle se confie ! Elle est une amie, quand on apprend à jouer avec elle, et elle révèle toutes ses merveilles ! Des poissons, bien sûr, des roches polies, des plantes, aussi ! Et si tu rentres la tête tu l'entends gronder: je crois qu'elle non plus ne veut pas renoncer, elle aussi elle aime sa liberté. On peut se laisser flotter, nager... Ici, le courant n'est pas dangereux, alors oui, je m'y glisse souvent.

ébahi, épaté, yeux agrandis
les réponses lui donnaient l'impression d'être grandis
fort comme un arbre, au milieu de cette étendue
puissant comme une rivière inattendue
mais sa plus grande force en cet instant
était le sourire de celle qui l'aimait, serpentant
dans l'eau, son sourire des étoiles
et son cœur musical

J'aurais été avec toi, dans mes rêves les plus fous, dans cette deuxième vie parallèle que le destin nous aurait fait concevoir, qu'on aurait mis sous nos pattes comme un cadeau — et le plus merveilleux de ceux-ci, sensationnel émotion que même une étrenne n'aurait pût m'apporter. Depuis tout petit, je serais habitué à courir avec toi, et le clan de la rivière serait parcouru des éclats de nos rires enfantins ; tu imagines ?! Dans les chaleurs d'étés, nos pas nous mèneraient à cette rivière, et on chasserait des poissons jusqu'à ce que la course du soleil et de la lune cède la place au gagnant nocturne. Alors là, et seulement là, nous nous serions couchés sous un arbre, et, humant la douce odeur des fragrances agréables, enchantées, je t'aurais posé milles questions sur les étoiles, caché dans ton pelage ébouriffé.

tu nous imagines, maman ? j'aurais été ton fils

Il y a des endroits où la rivière ne te fera pas de cadeaux, Nuage du Vent. Les Chutes sont dangereuses, bien trop pour nous, parce qu'elles gardent les secrets du torrent... Mais ici, oui, si tu en as envie, je t'apprendrai. A la comprendre, à lui parler. Et tu auras les clés de ce monde qu'on aura partagé.

Un sourire, caché dans un coup de vent, souffla sur son visage en lui administrant la risette qui ne s'enlèverait qu'après un long temps passé sans la compagnie de la riveraine. Avec elle, il voulait qu'on lui donne plus que tout, qu'on lui explique les moindres secrets de la vie cachée des murmures, il souhaitait tout savoir ! Qu'on lui donne ces clés du monde partagé, qu'il les mérite de n'importe quelle façon qui la rendrait possessive d'un immense sentiment de fierté ! Le petit prince des sables, le cœur empli de sentiments ardus de définition — mais l'un était clair, l'amour, — aspirait à ce que sa princesse trône son faciès d'un sentiment de joie, sa queue se balançait de droit à gauche au rythme de son organe vital.

Viens me rejoindre, petit prince, allez !

petit prince n'avait jamais nagé
jamais espéré
mais une rencontre pouvait
tout changer
et aujourd'hui, il était prêt
à essayer
à cause de celle qui l'encourageait
il réussirait

Trempant doucement le bout de sa patte dans la rivière plus creuse, il étudia avec attention les remous et les pensées de cette eau si vive, puis s'intéressa aux abscons arcanes qu'elle lui susurrait. Il devait demander une permission silencieuse à celle-ci avant de pénétrer corps et âme en son sein, le novice considérant cette force de la nature comme une vraie âme ; c'est donc ce qu'il fit, penché avec un respect évident vers elle, tendant ses petites oreilles vers le bruit que procréait la bleuté source. Puis, lorsqu'il fut évident pour lui-même qu'il pouvait s'y essayer, il avança avec lenteur, cherchant le sable mou sous ses pattes à mesure qu'il diminuait. Bien vite, celui-ci se fit remplacer par des galets, et la rondeur glissante l'alloua d'un glissement tel un novice lors de sa première chasse. Cette action le fit donc déraper, et il se retrouva ni plus ni moins en plein milieu du cours d'eau, une peur nouant le milieu de son ventre en remarquant que, maintenant, rien ne se trouvait sous lui. À peine ses pensées effleurèrent-elles son esprit qu'il, agitant ses pattes un peu n'importe comment, se fit amener avec une douceur gênée vers le creux du doux torrent. Embarrassé, la rivière l'avait capté.

l'eau dans la bouche, le cœur oppressé
il ne put que penser aux paroles
que la princesse des lieux lui avaient dites
apprivoiser, jouer, connaitre
et il allait y arriver

Après quelques secondes qui lui parût comme une éternité au fond de l'affluent, il finit par comprendre de quoi il en revenait et, battant plus vivement des pattes, plus clairement, pointa le bout de son museau, puis son corps, hors de ce tumulte. Sa tête hors des remous virulents, une énorme goulée d'air vint s'engouffrer dans sa gueule, et des crachats vaporeux s'évaporent par le même trou ; néanmoins, il était vivant, et éternellement reconnaissant de ce cadeau. Un peu désorienté dans ce nouvel environnement et n'ayant pas tout à fait bien appris à se déplacer dans la demoiselle féroce et libre, le petit prince finit par se hisser près de la lieutenante, son pelage imbibé de la substance qu'il venait de quitter. Fatigué, mais réjoui, il leva sa tête pour croiser ses yeux dans un ronron épuisé.

- Elle est superbe ! Je voudrais tellement apprendre ses secrets et rester dans ses pattes toute la journée ! Le sentiment doit être superbe, celui de nager quand on veut et où on veut dans ce courant, avec son laissez passer, comme un poisson. Tu vas m'apprendre à nager comme toi, dis ? Je crois que j'étais plutôt nul, comme nageur.. Pensif, il ne le resta point longtemps et s'ébroua avec une classe exagérée, envoyant des gouttelettes vers la combattante, la douce guerrière, la mère des riverains, sa mère. Mais toi !! Je n'ai jamais vu quelqu'un nager comme ça, c'est exceptionnel ! On dirait que tu flottes sur un courant de liberté.. Comme si toi et elle ne faisiez qu'un.

Un air impressionné était déjà bien en place sur toutes les parties de son corps, des oreilles jusqu'à la queue, mais, derrière son dévouement évident pour le talent de Museau Bleu, une déception sans goût et sans nom se cachait.

J'aurais aimé naître ici.

petit prince aurait aussi aimé
être ton fils, mère de la rivière
petit prince aurait aussi aimé
être celui que tu regardes jour et nuit
petit prince aurait aussi aimé
courir sous les étoiles, avec toi
petit prince aurait aussi aimé
être ton fils


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MessageSujet: Re: Colours of the Wind | ft Vent - e n d   Colours of the Wind | ft Vent - e n d Empty12.09.18 6:02

La chanson sur laquelle j'ai écrit le rp :keur:

Petit prince n'avait jamais nagé
Et sa princesse cessé d'espérer
Mais dans ces flots irisés
Baignés d'une lumière dorée
Les rêves se réalisaient
Elle y croyait

Le vent pouvait hurler
Les chutes pouvaient gronder
Le ciel pouvait se voiler
Il y aurait toujours
Cette douceur d'innocence
Ces caresses de la brise
Ce murmure de l'eau
Et les yeux pleins d'étoiles
Le monde pouvait se déchaîner
Les Clans se déchirer
Mais le calme reviendrait...

Quatre saisons
Quatre Clans
Un cycle
Infini
Beauté
Sincérité
Pureté

L'été, l'automne et l'hiver passeraient... Puis le printemps reviendrait. Museau Bleu sourit, avec une sorte de nostalgie, tout en observant Nuage du Vent tendre le visage vers l'eau; l'espace d'un instant, elle avait pu entendre son ancien mentor lui souffler, un sourire aux lèvres et le regard empli de malice, de sagesse et d'encouragements: le printemps refleurira, tu verras. Il aimait bien cette toute petite phrase, et il avait fallu bien du temps à la jeune apprentie de jadis pour comprendre quels trésors de gentillesse et de bonté se cachaient dans ces mots, quel cœur d'or lui avait montré le chemin, à elle, même si elle était une fille. Douée, pleine de bonne volonté, mais sous-estimée; un peu comme ce petit qu'elle avait pris sous son aile... Elle s'y était attachée, sincèrement, et par moments, il lui rappelait celle qu'elle avait été. À présent, les places avaient été échangées: c'était à elle de promettre tout ça, au milieu des ombres, transmettant cet enseignement acquis après une perte et un chagrin - le printemps refleurira, tu verras. Dans le creux de son cœur, la guerrière aux yeux verts cachait à présent une floraison d'amour, pour un petit chat roux, comme une minuscule flamme, qui dansait près de l'eau, un doux matin d'automne. Son fils.

J'aurais été avec toi, dans mes rêves les plus fous, pour une deuxième chance de tout réinventer, une merveille de vie qu'on aurait pu créer - un monde en mots, comme un cadeau. J'aurais été avec toi, dans tes peines, dans tes joies, et tu aurais toujours une place dans mes bras. J'aurais fait de mes yeux de mère le plus apaisant des repères, et tes rires, mille clochettes, auraient donné à ma vie une nouvelle féerie. Je t'aurais appris à nager, à pêcher, à écouter le chant des oiseaux et le murmure de l'eau, à attraper des truites, avant qu'elles ne prennent la fuite. Je t'aurais cueilli les premières fleurs, ramené quelques framboises, t'aurais pris sur mon dos pour fendre doucement les flots, et t'aurais emmené contempler l'automne dans les plus beaux endroits, tous mes lieux préférés. L'hiver, enfin, on aurait fabriqué mille parures glacées. Et le soir, sous la voûte céleste, je t'aurais appris à nommer chacun de ces petits points argentés, en sachant que, tant que tu vivrais, tu serais mon bébé. Tu imagines ? Si les choses avaient été différentes... Dans un autre monde... J'aurais été ta mère.

Le jeune novice s'était lancé, mince silhouette, étincelle embrasé, et la lieutenante de sable et d'écume, princesse de la rivière sur son territoire, avait reposé son regard sur lui pour ne plus le quitter, attendant patiemment qu'il la rejoigne, mais prête à intervenir si les circonstances le réclamaient. Il jouait dans les flots, un peu maladroitement, se faisant à son tour le jouet du courant; c'était comme les plumes sous les pattes d'un chaton, ou une feuille morte dans les tourbillons. Museau Bleu comptait les secondes - elle savait précisément où arrêter tout ça, s'il le fallait. Mais elle lui laissait sa chance, de comprendre, d'écouter, d'expérimenter. Et, à la surface, réapparut la tête de son protégé. Elle lui sourit encore, le laissant s'approcher, se hisser auprès d'elle et lui rendre son regard, heureux mais épuisé. Et soudain... Elle songea que, oui, il était son fils, et elle était sa mère. Peut-être pas par le sang, peut-être pas dans son Clan; mais une famille, c'était bien plus que cela - c'était tout simplement un choix. Un regard qui veillait, quelqu'un qui enseignait, des trésors de douceur, et des étoiles de bonheur; un mélange de courage, de fermeté, de tendresse et de sincérité, une loyauté infinie, qui durerait toujours... Et une source inépuisable d'amour. Amour-guide, amour-refuge, amour-aide, amour-protecteur. Elle ne l'abandonnerait jamais... Et au fond, ça suffisait.

La voix du petit prince des sables la tira de ses pensées.

« Elle est superbe ! Je voudrais tellement apprendre ses secrets et rester dans ses pattes toute la journée !
Le sentiment doit être superbe, celui de nager quand on veut et où on veut dans ce courant, avec son laissez passer, comme un poisson.
Tu vas m'apprendre à nager comme toi, dis ? Je crois que j'étais plutôt nul, comme nageur..
»

Il s'ébroua, les décorant tous deux de bijoux-gouttelettes.
Elle riait, le laissant faire, attendant qu'il termine ses phrases.
Et là, au bord de l'eau... Le compliment du petit chat la toucha.

« Mais toi !! Je n'ai jamais vu quelqu'un nager comme ça, c'est exceptionnel !
On dirait que tu flottes sur un courant de liberté.. Comme si toi et elle ne faisiez qu'un.
»

Droit dans le cœur. C'était tout à fait ça... Elle était la fille de l'eau, la camarade de la rivière, toutes deux unies en quête de liberté... C'était peut-être le fait qu'il s'en soit rendu compte, qui l'avait émue elle. En tout cas, elle en était heureuse, et une autre rivière, de sentiments celle-là, coulait librement dans son cœur, doucement. Elle avait confié à Nuage du Vent une part d'elle, de ses secrets, plus qu'elle ne le faisait jamais. Et... Il l'appréciait. Droit dans le cœur. Comme la suite des paroles de son enfant soleil, plus déçues, plus peinées, cette fois. Museau Bleu, bouleversée, eut soudain très froid. Puis la tempête se calma. Et, en écoutant le doux bruit de l'eau, elle chercha ses mots.

« J'aurais aimé naître ici. »
« Moi aussi. » chuchota-t-elle.

Elle s'approcha de lui, laissant leurs fourrures trempées s'effleurer, leurs silhouettes se frôler, cœurs harmonisés et formes entrelacées. Laissa le silence flotter un instant, le temps d'une étreinte aussi douce qu'un rêve, et délicate comme les dessins dans les nuages, parfois. La suite, elle la lui chuchota à l'oreille, comme un précieux secret, qui ne serait qu'à eux.

« Mais tu es ici chez toi, mon petit prince des sables. Cet endroit est un royaume qui n'était qu'à moi... Plus aujourd'hui. Il est aussi à toi. Et que tu sois né ailleurs n'y change rien. Je suis là, pour toi, avec toi. Pour toujours. Je t'apprendrai la rivière et ses mystères. Tu sauras l'apprivoiser, recevoir et confier des secrets. Et un jour, peut-être, tu l'apprendras à ton tour. Et où que je sois, je serai avec toi. La famille, ce n'est pas le sang, Nuage du Vent. »

Tu es chez toi, mon fils
Le fleuve t'a mené ici
Et le fleuve voulait qu'ici
Tu sois chez toi...

Glissant à nouveau les pattes dans le courant et un sourire dans ses prunelles de jade, elle souffla, ballerine dans l'onde pure, magicienne et princesse, un souffle d'émotion en filigrane de sa voix face à celui qui était à ses yeux la plus belle des pierres précieuses:

« Tu viens ? Je vais t'apprendre à nager. »
Et je t'apprendrai tout ce que je sais.

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MessageSujet: Re: Colours of the Wind | ft Vent - e n d   Colours of the Wind | ft Vent - e n d Empty12.09.18 7:53

them song
moi aussi

Certains savaient, plus vite que le vent, dévaler des collines plus massives que des montages ; d'autres, nageant dans une rivière au crépuscule, pouvaient combattre maints démons grinçants de leur esprits d'un simple coup de patte. Des félins des arbres bondissaient avec une agilité sans pareil dans la sombre forêt de songes, et ceux des ombres l'habitaient en se tapissant dans les plus infames coins, néanmoins ornés d'un sourire surprenant. Ils étaient tous dotés de capacités qui dépassaient la normal, couronnés de griffes coulantes ou de paroles dégoulinantes, de muscles saillants et de crocs glissants. Bataille. Sang. Cris. Hurlements. Une armée d'automate dans ce monde de fou, où les carillons sonnaient la mort à chaque macabre minute qui se déroulait, comme une longue langue de feu sur un atroce tapis d'ossements. Et des taches sur cet abject vestibule, des ronds aux pointes rouges, rouge comme le feu brûlant dans les yeux des plus féroces combattants de la pièce.

mais au centre se trouvait deux points
lumineux, brillant, déchirant la noirceur du lointain
dans un bruit de cristal, une sensation de vent et de rivière
celle de sang n'était plus, leurs yeux de brillantes pierres
créant un éclat divin, comme deux étoiles aux ciels
mais qui étaient-ils, ces deux immatériels ?

un petit au pelage de feu
une grande au pelage d'eau
qui, finalement, dans cette haine
n'avait rien de vraiment spécial
qu'autre les sentiments à leurs égards
amour, amitié, paix, sagesse

et dans l'opaque voile d'encre, ébène sur matous de feux
s'avancèrent à deux comme s'ils savaient déjà le chemin
et ils le savaient, car c'était celui de leur cœur
car c'était une mère et son petit
lié par quelque chose bien de plus fort que le sang
les sentiments

Il enfouit avec tendresse son museau dans la fourrure mouillée de la femelle, laissant une larme se glisser parmi les autres perles cristallines. Elle était identique aux autres, opaline dans les milliards de taches qui picotaient son pelage - mais, comme les étoiles dans le ciel, unique à sa propre valeur. Et cette larme, cette larme représentait tout l'amour qu'il lui portait, glissant comme une goutte de pluie sur sa pelisse, comme si elle voulait s'imprégner du ressentiment, de ce qu'éprouvait la princesse de l'eau. Parce que si cette goutte partait du prince des sables, du prince du vent, elle touchait, ne se formait qu'en la présence de celle qui le complétait vraiment, sa maman. Bien des années plus tard, sur le bord de la rivière où les deux se trouvaient, ne faisant qu'un malgré l'interdiction haineuse de cent mille chats, pousserait une fleur. Elle pousserait à l'endroit délicat où la larme avait choisie de mourir, où elle avait choisie de terminer sa course des sentiments. Et personne, en regardant cette délicate forme de vie si magnifique, ne saurait qu'elle avait poussé à cause d'un amour si profond, si profond qu'il aurait pût renverser des montagnes.

mais elle serait bien là
cette fleur
et comme les étoiles,
qui brillaient éternellement
elle se tiendrait, là, forte, fière
belle
puissante
lumineuse

Mais tu es ici chez toi, mon petit prince des sables. Cet endroit est un royaume qui n'était qu'à moi... Plus aujourd'hui. Il est aussi à toi. Et que tu sois né ailleurs n'y change rien. Je suis là, pour toi, avec toi. Pour toujours. Je t'apprendrai la rivière et ses mystères. Tu sauras l'apprivoiser, recevoir et confier des secrets. Et un jour, peut-être, tu l'apprendras à ton tour. Et où que je sois, je serai avec toi. La famille, ce n'est pas le sang, Nuage du Vent.

Et comme la fleur du future, celle du présent germa dans son cœur, nourrie par la lumière des ses infiniment belles paroles. Elle serait toujours là, il serait toujours là, ils seraient toujours là. Ensemble, même mort, ils gambaderaient dans la voûte céleste, faisant briller les étoiles de leurs passages amusés.. Comme des étoiles filantes. La lumière. L'amour. L'amitié. Sa mère. La famille, ce n'était pas le sang ; il y croyait tellement fort. Séchant sa seule fleur de larme et se séparant à contre cœur de cette étreinte, le jeune novice poussa un petit sourire qui se voulait rassurant. Rassurant pour elle, mais surtout pour lui, et pour toujours se souvenir de cet instant dans son petit cœur meurtri, qui ne l'était plus sous les yeux verts de sa princesse de l'eau. Ce secret était bien enfoui, et il comptait le préserver jusqu'à ce que mort s'en suive ; les mots, gravés dans les lignes de son organe, suivaient avec douceur les courbes, s'imprégnaient à jamais.

Tu viens ? Je vais t'apprendre à nager.

Une risette, le corps de museau bleu qui se glissait dans la rivière, les doux remous de celle-ci qui ondoyait en douceur. Puis, comme ceci, il s'avança vers son étoile, acceptant et rentrant dans le cours d'eau qui avait formé ses meilleurs souvenirs. Un petit son cristallin s'éleva de sa bouche lorsqu'il quitta le sol, se laissant emporter pour venir rejoindre en coups de pattes maladroits celle qui valsait avec la liberté.

Merci de me partager ton royaume, Museau Bleu.. C'est le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait. Glissa-t-il avec une infinie douceur, respectueux envers ce nouveau domaine qu'elle lui avait offert. J'essayerai d'apprendre bien, et je veux bien commencer m - une bulle d'eau s'engouffra dans sa gorge - blbl maintenant.

et il en avait, à apprendre
mais à deux cœurs
deux esprits
deux âmes
un amour
tout semblait possible

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MessageSujet: Re: Colours of the Wind | ft Vent - e n d   Colours of the Wind | ft Vent - e n d Empty12.09.18 21:45


Certaines choses ne s'arrêtaient jamais; la valse des saisons, le chant de la rivière. Certaines choses n'étaient pas faites pour se figer, être mises en suspens, et continuaient leur chemin, impétueuses, vives, infiniment belles, avec cette certitude immuable que leur donnait l'univers. Les étoiles suivaient des chemins connus d'elles seules, sur cette voûte céleste, au fur et à mesure qu'elles se déplaçaient, pour former des constellations éphémères de beauté, encore et encore, jusqu'au jour où elles cessaient de briller; et l'univers lui-même, lumières naissantes et autres mourantes, ne s'arrêtait jamais. Mouvements éternels, intenses, à donner le tournis à n'importe qui... Certaines personnes pouvaient avoir besoin de repères fixes, pour continuer: la princesse de la rivière, elle, aimait son royaume changeant, subtil, sensible, au fil des saisons, en un courant qui l'entraînait - sa vie à elle aussi changeait. Et elle préférait ça. Parce que rien ne durait éternellement... Et s'opposer à certains changements était aussi futile qu'inutile. Son amie la rivière lui donnait un exemple, joli et poétique: continuer à avancer, toujours. Et ça pouvait sembler étrange aux yeux des gens mais... C'était ce torrent en constante transformation, son repère, son refuge à elle. Toujours.

La fraîcheur de l'eau
Contre sa peau
Un rire d'enfant cristallin
Pour guérir son cœur
Les lueurs du matin
Sur leurs visages rieurs
Et un joli renouveau
Pour faire de leurs vies
Quelque chose de plus beau


Puis elle observa Nuage de Vent, cet apprenti si attachant qu'elle appelait son enfant, et sentit une fois de plus son cœur s'emplir d'amour, quand le courant souleva la petite flamme pour l'emmener doucement près de sa mère. Elle ronronna, d'amusement, aussi, tandis qu'il tentait de parler au fil de ce voyage - ce qui, pour un débutant, n'était peut-être pas la meilleure des idées.

« Merci de me partager ton royaume, Museau Bleu.. C'est le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait. »

Force lumineuse et bienveillante
Gratitude infinie pour celui qui guide
Respect

« J'essayerai d'apprendre bien, et je veux bien commencer m - une bulle d'eau s'engouffra dans sa gorge - blbl maintenant. »

Elle le réceptionna sans peine, étendant la tête pour l'attraper par la peau du cou, puis le maintint entre ses pattes puissantes sans la moindre difficulté, le laissant flotter pour qu'il ressente un peu le courant sans se faire emporter. Elle utilisait son corps comme un appui, un des rochers qui faisait corps, sable et écume, avec le lit de la rivière qui leur offrait un monde enchanteur - le plus beau des cadeaux, puisqu'il veillait sans peine sur l'éclosion nouvelle des fleurs du bonheur -, afin de pouvoir miauler, attentionnée, calme mais espiègle:

« Première leçon : on n'ouvre pas la gueule dans l'eau. »

Maman et enseignante tout à la fois, la lieutenante renferma précieusement la rose de leur amitié dans son cœur, puis, desserrant délicatement sa prise sur le petit à la fourrure enflammée - comme les renards - mais aussi douce qu'une aile d'oiseau, laissa l'onde venir le taquiner, jouer. Elle le retenait toujours un peu, s'assurant que sa tête reste hors de l'eau, de ne pas noyer le soleil... Elle riait gentiment, poursuivant le cours avec une infinie affection, patiente mais déterminée.

« Pour l'instant, ne mets pas la tête sous la surface: je veux que tu sentes les courants. Ici, ils sont plutôt doux, même s'il y a parfois des tourbillons, là où le flot est le plus rapide. L'idée, c'est de savoir les reconnaître, les ressentir - si tu sais les utiliser, ils peuvent t'emmener où tu le veux sans que tu n'aies besoin de nager, et tu n'as qu'à donner des petits coups de patte pour te stabiliser. Ça peut aussi te donner plus de vitesse... Quand tu cherches à donner des coups de patte, fais comme si tu courais dans la lande, et lève la tête bien haut, si tu veux la garder hors de l'eau. »

Elle le lâcha doucement, souffla encore quelques mots avant de reculer pour le laisser jouer.
Quelques dernières instructions, avant de le laisser expérimenter, découvrir, et surtout s'amuser.

« Si elle t'emmène vers le fond, ne lutte pas: parfois, l'eau veut elle aussi une étreinte. C'est peu profond, ici: attends de toucher le sable, et pousse bien fort sur tes pattes pour remonter à la surface. Autrement, à te battre contre la rivière, tu ne ferais que t'épuiser sans succès. Ne gâche pas tes forces... Fais-t'en une amie. »

Et Museau Bleu recula, doucement
Laissant la place à son enfant
Pour comprendre l'invisible
Et disparaître l'impossible.
Ils étaient capable de cette magie...
Comme de faire éclore la rose de la vie.

« Allez, petit prince des sables. Montre moi ce que tu sais faire. »

L'amitié est un repère, une ligne d'horizon.
Une lumière et une porte secrète vers les émotions.
Elle nous aide par temps durs, elle fait rire, elle rassure.
Elle ne juge pas, elle accepte, elle est là... Tantôt près,
Tantôt loin, mais toujours à distance de cœurs, notre amitié
c'est du bonheur. Notre amitié, c'est une plante que je cultive
avec grands soins, le trésor de mon petit jardin. Une pierre
précieuse qui m'éclaire dans le noir, et quelqu'un qui connaît
toute mon histoire... J'avance sur mon chemin, tu avances sur
le tien. L'horizon devant nous est infini, tout comme notre amitié.
Merci.
~ Denis Meunier, L'Amitié.

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MessageSujet: Re: Colours of the Wind | ft Vent - e n d   Colours of the Wind | ft Vent - e n d Empty14.09.18 1:52

Telle une mère qui portait son petit, ses crocs vinrent délicatement se ficher dans la peau de son cou, laissant le petit prince des sables les épaules dégagées d'une immense pression. Plus libre, le novice se sentait comme un petit poisson qui commençait tout juste à nager, pataugeant dans la rivière qui poussait des rires cristallins avec lui. Dans une autre situation, une autre galaxie, il aurait pu être embarrassé d'un tel contact alors qu'il frôlait les douze lunes — mais avec elle, sa mère, sa lumière polaire, une telle idée ne frôla même pas sens pensées joyeuses, le petit trop occupé à s'émerveiller des nouvelles choses qui s'ouvraient à lui. Là ! quelque chose lui avait glissé sur la patte, et là — ! une roche qui brillait dans les rayons floutés du soleil, qui tendait ses petits bras durs vers les doux parements de l'astre lumineux ! Tout était tellement beau qu'il ne pouvait qu'écarquiller ses yeux dans l'espoir d'apercevoir la complète scène.

Première leçon : on n'ouvre pas la gueule dans l'eau. Un rire, délicat, s'étira hors de sa gueule lorsqu'elle lui donna le premier conseil. Il aurait bien voulu lui répondre, mais cette action n'aurait pas été le contraire de ce qu'elle lui avait énoncé ? Il était donc en train de barbotter dans le cours d'eau quand la voix repris ; Pour l'instant, ne mets pas la tête sous la surface: je veux que tu sentes les courants. Ici, ils sont plutôt doux, même s'il y a parfois des tourbillons, là où le flot est le plus rapide. L'idée, c'est de savoir les reconnaître, les ressentir - si tu sais les utiliser, ils peuvent t'emmener où tu le veux sans que tu n'aies besoin de nager, et tu n'as qu'à donner des petits coups de patte pour te stabiliser. Ça peut aussi te donner plus de vitesse... Quand tu cherches à donner des coups de patte, fais comme si tu courais dans la lande, et lève la tête bien haut, si tu veux la garder hors de l'eau.

le petit soleil, plongé dans l'eau
chuchota à la rivière, au royaume
à l'envers, princesse de l'eau, reine des profondeurs
veux-tu bien m'accepter en ton sein

et de sentir, doucement, les remous autour de lui
le cœur de la rivière qui battait en épousant ses formes
et derrière lui, le retenant comme son enfant
sa mère, et le battement rassurant
de son cœur

Comme une grande amie, il écouta ce qu'elle avait à lui dire ; des roulements puissants, des douces caresses, l'odeur mélodieuse qui s'engouffrait à chaque respiration, mais surtout, les paroles. Nuage du Vent, Nuage de la Rivière, fils des landes et de l'eau, comment te sens-tu ? Les barreaux de ta cage te laisseront-ils un jour respirer comme tu l'espères dans tes rêves, ceux-ci se baignant d'un silence ébène et étouffant, ce voile opaque de mensonge et de regret ? Tu te réveilles car la noirceur s'infiltre dans ton museau, dans tes oreilles, dans ta bouche, et que tu t'ouvres à la réalité dans un crachat apeuré, un feulement solitaire, une boule dans la gorge. Tu es seul, seul, seul, si seul, enfant sang-mêlé, est-ce que tu vas bien ? Chuchote moi tes secrets les plus sombres, tes peurs les plus angoissantes, et je t'aiderais à les surmonter dans que tu seras dans mes bras. Et puis, les bourrasques renouant avec ton pelage, tu penseras à moi, mon fils.. Et à ta mère qui se trouve derrière toi.

Si elle t'emmène vers le fond, ne lutte pas: parfois, l'eau veut elle aussi une étreinte. C'est peu profond, ici: attends de toucher le sable, et pousse bien fort sur tes pattes pour remonter à la surface. Autrement, à te battre contre la rivière, tu ne ferais que t'épuiser sans succès. Ne gâche pas tes forces... Fais-t'en une amie.

fais de moi et une amie
et de ta mère celle qui te guidera
vient en mes bras, petit prince
et laisse moi te guider

Le novice, se sentant prêt à comprendre toutes ces merveilles, tourna une fraction de seconde son regard brillant vers celui de museau bleu. Comme si elle lisait dans ses pensées, comme si elle avait compris que la rivière lui avait parlé, elle le lâcha délicatement, le laissa renouer avec celle qui ne pardonnait qu'une fois.

Allez, petit prince des sables. Montre moi ce que tu sais faire.

Puis la rivière l'emporta dans une valse grandiose. Un peu dérouté au début, se faisant malmener pendant la première minute par la grande expertise de cette danse désarçonnante, il en oublia les conseils judicieux de celle qui lui enseignait avec grâce. Puis, doucement, comme un chuchotement de la part de la lieutenante et du torrent, les conseils sifflèrent dans ses oreilles comme une mélodie enchantée ; et alors là, juste à ce moment, il comprit. Il se laissa aller, sans rien dire de plus, il se laissa aller. Prenant la patte de cet affluant, jonglant avec les courants, il esquissait de mince coups de pattes, se stabilisant dans les rayons frappant le petit océan. Il tournoyait, valsait, dansait, comprenait ! Des grands éclats de rires se manifestèrent autour de lui, et il fut surprit de les voir sortir de son petit corps ; la joie l'hantait, et il ne s'en rendait même pas compte !

- Regarde, je nage ! Je suis capable, je suis capable Museau Bleu ! Tu es fière de moi ?!

lui, était fier
d'avoir réussi
ce petit exploit
car, dans son cœur
il voulait un sourire
un royaume
une rivière
une mère
fière

- Tu viens me rejoindre, me montrer comment est-ce que tu nages avec la liberté ? S'écria-t-il avec bonheur, voulant savoir le goût d'une valse avec sa presque mère. un rire de la rivière. nuage du vent, ce n'est pas ta presque mère, et tu le sais très bien.


Deux routes parallèles,
Jamais ne se touchent,
Un chœur si fusionnel,
Qui jamais ne s’abouche.

Deux vies nouvelles,
Parfois s’entremêlent,
Un fossé, une bretelle,
Un lien, une passerelle.

Deux rails, une échelle,
À l’assaut du temps, filent,
Deux esprits, une étincelle,
À l’assaut du vent, graciles.

Deux forces, aussi belles,
Amies et complices réelles
Deux êtres, aussi rebelles,
Là, sous la même ombrelle..

- Nashmia Noormohamed

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