(lp) KILL YOUR FRIENDS // cyanure, déchet, éther, feulement - end

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Spleen des petits, Stupeflip

Krov appela sa disciple d'un geste discret de la queue. Éther la suivit, curieuse de ce qu'elle allait lui demander, un petit en bouche. L'abbesse jeta l'enfant au sol, et cela semblait être l'enfant étranger, Petit Feulement. Voilà quelque chose qui risquait d'être intéressant. Puis, Krov lui somma d'aller chercher Cyanure et Déchet. La grise obtempéra sans broncher, bien qu'elle soupira intérieurement à l'idée de devoir passer du temps avec un autre de ces insectes, qui avait, paraît-il, eu le mauvais goût de se moquer ouvertement d’Éos. Il lui payerait tôt ou tard. Pour l'heure, Krov avait besoin de lui, et Éther devait mettre son ressentiment de côté.

« Cyanure, viens. Krov nous appelle. »

Puis, la femelle se dirigea vers le repère à l'odeur de lait. Un silence se fit parmi toutes ces pitoyables poules pondeuses, qui retenaient leur souffle. Qu'allait-elle faire ? Exécuter l'une d'elle ? En choisir une en sacrifice pour un rite de passage ? Ou bien un de leurs petits ? Qu’Éther ou Éos se déplacent jusqu'ici était forcément mauvais signe, et la disciple appréciait toujours l'odeur de peur qu'elle sentait en s'approchant des corps des mères glacées par l'effroi. Sans se presser, elle articula :

« Krov a besoin de Déchet. »

Ensuite, sans attendre de résistance, elle attrapa le petit par le cou, et l'amena à l'abbesse. Elle le déposa devant elle, puis attendit la suite des événements.

« Déchet. Avance. Aujourd'hui jour où tu peux arrêter souffrir. Regarde, petit du Marais. Tu vas lui faire des trous, dans les oreilles. Propre, rapide, ça fait mal mais pas trop cassé encore. Fais le, tes souffrances dans le Clan arrêteront. Tu pourrais même devenir guerrier. »

Des étincelles d'excitation parcouraient le corps d’Éther.

« Échoue, et tu reçois les plaies que tu devais donner. Petit du Marais peut faire pareil, avec petit corps. »

Elle se retint de sourire, et se contenta de voir ce que Krov attendait d'elle.

« Éther, occupe toi de étranger, Cyanure, de Déchet. Si pas assez actifs, tapez. »

La grise aurait préféré s'occuper de Déchet, mais soit. Elle souffrirait la présence du petit étranger.

« Viens avec moi, mon tout petit. On va se mettre un peu à l'écart pour discuter, d'accord ? »

Elle l'invita gentiment à s'écarter en le poussant doucement de la patte. Elle n'avait pas pour habitude d'être si délicate avec les chatons, mais elle lisait dans l'esprit de son abbesse comme dans un livre ouvert : elle devait user de ses talents de persuasion pour retourner le cerveau de l'enfant. Ça allait être si amusant !

« Tu vois, le garçon en face ? Il s'appelle Déchet. C'est un nom qu'on lui a donné parce qu'il est faible, et, comme a dit Krov, on aimerait qu'il devienne fort. Sauf qu'on pense aussi que toi tu peux devenir fort. Tu pourrais même devenir plus fort encore que Krov ou Éos ! Mais pour ça ... Il faut que tu attaque avant qu'on t'attaque. Tu comprends, Petit Feulement ? Si tu nous montres que tu es plus fort que lui, tu n'auras pas à souffrir. Et puis, ça ne lui fera presque pas mal ... ça ne lui fait presque plus rien, parce qu'il est faible et qu'il a l'habitude que les forts le lui fassent comprendre. »

Suggérer plutôt que supposer : voilà une bonne manière de faire rentrer des concepts dans la tête des enfants. Éther espérait que son discours soit convaincant, elle n'avait pas envie de débattre du bien et du mal pendant trois heures avec le petit. Et puis, ça lui ferait plaisir de voir deux enfants se battre à mort pour leurs beaux yeux ...

KILL YOUR FRIENDS

Je regarde Éther qui approche, je la fixe, mes yeux vert se baissant un instant vers ses pattes, histoire qu'elle m'emmerde pas avec son respect où je ne sais quoi. Krov nous appel ? Bien. Je la suis en silence, si l'abbesse à besoin de moi, je ne peux décemment la faire attendre. Ce serait folie. Pourquoi aller à la pouponnière avec la femelle, habituellement Krov m'y envoie seul ? Je me fige un instant, toutes les autres ont peur et je sais que ce n'est pas moi qui les effraies le plus en cet instant, dommage. Je soupir faiblement lorsque l'ombre de l'abbesse appel Déchet, ce petit ne sert à rien. J'étire une sourire mauvais, suivant la chatte sans un mot. Pas besoin de parler, juste besoin de voir et d'entendre.

J'écoute abbesse et je souri de plus en plus. Je me penche doucement vers Déchet histoire qu'il voit bien mes dents. Je souffle doucement dans son dos et je me redresse. Si lui peut pas abimé le petit chat-poisson alors je me chargerai avec plaisir d'en croquer un bout. Même si c'est un déchet, il a du sang comme tout les autres et ses os feront un joli "crac" aussi. Mais pas trop, juste un petit peu. La queue par exemple. Il a pas besoin du peu qu'il lui reste de toute façon. Éther s'éloigne avec le petit et je décide de parler à Déchet. Soit t'fais couler son sang, soit j'te fais avaler plante. Simple nan ? Et crois moi, ton sang t'vas le vomir, t'voudras mourir, mais ça n'arrivera pas.

J'ai pas besoin de lui expliquer plus, il sait. L'autre jour petit sourd a vomit beaucoup après avoir manger fleur qui sent bon. Odeur ignoble mais spectacle amusant. Je me met assis. Il en sait assez, à lui de se bouger le cul si il veux pas manger pétale de fleur blanche. Toute petite mais violente. Je gronde doucement, c'est comme ronronner mais c'est promesse de douleur. Et puis j'attends, soit il se bouge vite, très vite soit je lui caresserait le dos avec les dents. Juste un petit peu, pour faire peur. J'ai hâte, vraiment.

Yeux mi-clôts, le gamin patientait. Des railleries fusaient. dans ce qu'il leur servait de pouponnière, mais le petit restait de marbre. Lorsqu'il fut bousculé, piétiné, il ne gémit pas. Il tremble. Des larmes coulent. Mais ne pipe pas mot. Il restait là, allongé, plein de poussières, le poil hirsute, négligé, poisseux de boue et de sang, les paupières fermées. Etait-ce un moyen de s'évader de ce monde cruel, de ne plus ressentir cette douleur continuelle que lui infligeait les plus forts? Ou était-ce seulement une marque de soumission comme Déchet le laissait entendre. Les plus forts avaient tous les droits sur les faibles comme lui, c'est ce qu'on lui avait toujours dit. Pourquoi Déchet était-il faible? Il réfléchissait trop sans doute... ou pas assez. Dans sa minuscule caboche les questions et interrogations fusaient, mais lui, demeurait dans un mutisme profond. Cela les arrangeait bien, eux. Déchet ne se plaignait pas. On pouvait lui faire faire plein de petites choses rigolotes qu'il allait accepter sans broncher. Mais il restait un chaton alors parfois... la goutte d'eau faisait déborder le vase.

Faire du mal à un autre, lui? Déchet était un faible par définition! Pourtant, c'était l'abbesse Krov en personne qui lui avait ordonné de telle chose. Déchet savait que elle, elle c'était l'incarnation du pouvoir en personne. La Lune réincarnée sur Terre pour guider les forts. Elle, lui proposer de devenir fort? Son visage s'était décomposé en comprenant ce qu'on lui demandait.Il savait ce que c'était, tous les jours. L'idée même que cela puisse changer était alléchante mais... cela demandait de répandre le mal. Cela demandait d'infliger ce que lui subissait à autrui.

Soit t'fais couler son sang, soit j'te fais avaler plante. Simple nan ? Et crois moi, ton sang t'vas le vomir, t'voudras mourir, mais ça n'arrivera pas.

Plante? Déchet devint livide en se remmémorant. Il secoua la tête, recula d'un pas, puis se rappela de son rang, et réavança, tête baissée. Il n'avait pas le droit de bouger. Aujourd'hui, on lui proposait de se libérer de ses chaînes en infligeant ce que lui subissait tous les jours sur un autre. Déchet prit une inspiration, et se dirigea vers le petit. Il se surprit à imiter les forts quand ceux-ci viennent l'embêter : torse bombé, queue haute. Il se plaça face à l'autre.

Des images lui remontèrent. Ce jour où une maman avait du stopper des forts qui lui tapaient dessus tellement ils avaient dépassé les bornes. Ce jour où Déchet s'était fait tabassé comme jamais. Il ne voulait pas que ce jour se reproduise. Il leva la patte. Mais ne souhaitait pas devenir comme eux. Il posa sa patte. Et baissa la tête.

Spoiler:

Il était terrifié. Recroquevillé depuis qu'il était arrivé dans ces lieux inconnus le gamin chouinait, rêvant du visage de sa mère et de la douceur de sa fourrure. Un mélange de colère et de peur l'animait, révolté et terrorisé. Il souhaitait se battre comme il souhaitait fuir, frapper comme se cacher. Il se demandait où était passé ce clan des étoiles dont on lui avait tant parlé. Ces ancêtres qui étaient censés veiller sur lui. Allait-il mourir ici?

Le monstre nue s'approcha de lui, elle saisit la peau de sa nuque entre ses dents et le secoua légèrement. Le chaton de l'ombre piailla, ses miaulements formant un son étrange, mélange curieux entre feulement et pleure.

PAF. Le contacte avec le sol fut violent. Le chaton du se retenir de ne pas lâcher un petit cri de douleur. Tremblant, il se força à se dresser sur ses pattes.

"Déchet. Avance. Aujourd'hui jour où tu peux arrêter souffrir. Regarde, petit du Marais. Tu vas lui faire des trous, dans les oreilles. Propre, rapide, ça fait mal mais pas trop cassé encore. Fais le, tes souffrances dans le Clan arrêteront. Tu pourrais même devenir guerrier."

Les yeux du gros chaton s'écarquillèrent, son pelage s'ébouriffa. Il avait peur. Il ne voulait pas, il ne voulait pas qu'on lui fasse de mal. Il ne voulait pas mourir, il ne voulait pas mourir.

"Échoue, et tu reçois les plaies que tu devais donner. Petit du Marais peut faire pareil, avec petit corps. Éther, occupe toi de étranger, Cyanure, de Déchet. Si pas assez actifs, tapez."

Le chaton releva la tête, un nouvel espoir grandis en lui. Peu-être pouvait-il s'en sortir. S'il pouvait rendre les coups alors peu-être...Qu'il pourrait garder la vie. L'angoisse faisait monter en lui un instinct primitif qui le poussait à se battre pour sa survie. C'était la peur qui faisait de lui une boule de rage prête à exploser.

"Viens avec moi, mon tout petit. On va se mettre un peu à l'écart pour discuter, d'accord ?"

L'enfant se fit légèrement poussé par la chatte de pierre. Il avança, obéissant par crainte de recevoir un coup.

"Tu vois, le garçon en face ? Il s'appelle Déchet. C'est un nom qu'on lui a donné parce qu'il est faible, et, comme a dit Krov, on aimerait qu'il devienne fort. Sauf qu'on pense aussi que toi tu peux devenir fort. Tu pourrais même devenir plus fort encore que Krov ou Éos ! Mais pour ça ... Il faut que tu attaque avant qu'on t'attaque. Tu comprends, Petit Feulement ? Si tu nous montres que tu es plus fort que lui, tu n'auras pas à souffrir. Et puis, ça ne lui fera presque pas mal ... ça ne lui fait presque plus rien, parce qu'il est faible et qu'il a l'habitude que les forts le lui fassent comprendre."

Que ça puisse lui faire mal, Petit Feulement s'en fichait bien. Dans le bac à sable il n'avait jamais hésité à avoir recours à la violence pour s'imposer. Comme cette fois là où il avait baffer à plusieurs reprises Patte Gelée parce qu'il avait osé lui tenir tête. Le gamin dodu était un dur à cuir, bien qu'il soit actuellement réduit à l'état de misérable microbe pétrifié. Cette angoisse qui lui tordait les tripes, elle le rendait fou. Pas littéralement non, mais sa peur faisait place à l'agressivité.

Le dénommé Déchet s'avança. Lui aussi on lui indiqua de faire de même. Son adversaire semblait marqués de coups, son pelage était dans un état pitoyable, pourtant il bombait le torse et prenait un air menaçant. Petit Feulement l'imita et cracha, faisant le dos rond tandis que son sang se figeait dans ses veines et que ses muscles se contractèrent sous l'effet de l'appréhension. La patte du petit de la lune se dressa et dans un premier temps le fils de Serpentaire se recroquevilla, feulant. Mais le garçon face à lui finit par annuler son geste, baissant la tête comme vaincu. Les paroles d'Ether raisonnèrent au fond du crâne du chaton de l'ombre comme des ordres: Il faut que tu attaque avant qu'on t'attaque.

Toute la peur, toute la haine qu'il avait en-magasiné jusqu'ici explosa. N'écoutant plus que son instinct l'imposant, pour son âge, mâle sombre se jeta sur Déchet toutes griffes dehors. Il n'essayait même plus particulièrement de viser les oreilles, il voulait survivre. Il voulait survivre. Il voulait survivre. Même si cela voulait dire arracher les yeux du pauvre gamin d'en face. Il pouvait bien s'en foutre qu'il soit aussi misérable et terrifié que lui.

Ses griffes rencontrèrent la chair du garçon, coupant lacérant et plongeant dans cette dernière tandis que les deux petits roulèrent dans un torrent de crocs et de griffes.

HRP::

La douleur ne se fit pas attendre. L'étranger n'y allait pas de main morte. Toute sa haine et sa peur se déversait contre Déchet. Déchet, cet animal blessé qui ne savait qu'encaisser les coups sans les rendre. Mais la cruauté dont faisait preuve le bébé clanique était d'une profonde injustice. Déchet ne voulait pas lui rendre la vie plus horrible qu'elle ne l'était. Mais lui, le mâle noir, n'en avait que faire.

N'était-ce pas ce que faisaient les forts ? Ne pas se soucier du sort des faibles... Ce feulement devait faire parti des forts dans ce cas... Et par conséquent, en tant que faible enfant, Déchet devait accepter son sort. Voilà son utilité. Déchet servait de tremplin social. Puisque ce Feulement n'avait aucun remord à l'attaquer, il obtiendrait une place chez les Lunar Pod tandis que lui, Déchet, resterait en bas, à survivre.

C'est ainsi que Déchet se contenta d'esquiver et d'encaisser, sans la moindre once d'aggressivité ou de regret. Mais cela se sentait que Feulement n'avait pas l'habitude de tabasser. Déchet finit par éviter la majorité de ses coups. Ce n'était pas mesquin pour faire rager son adversaire. C'était une réaction innocente, des réflexes que son instinct de survie avait mis en place.

Spoiler:

KILL YOUR FRIENDS

J'ai un bref espoir quand je vois Déchet avancer, mais ce petit con le brise rapidement et finalement, c'est l'autre qui lui fout une raclée. De toute façon je m'attendais pas vraiment à grand chose mais quand même. est ce dont la toute la peur que j'inspire à ce morveux pour qu'il fasse sa mauviette ? J'ai tout intérêt à lui rappeler que si il ne saigne pas au peu l'autre môme, c'est moi qui le lui ferait regretter. Et tout ça commence par un sifflement réprobateur et un coup de temps pour déloger une vieille herbe flétri d'un nœud près de mon coude. Comme quoi un poil long et emmêler, c'est utile pour avoir toujours des réserves. Même si je sais pas exactement l'effet de cette plante la, mais qu'importe, le petiot le sait pas, lui. Krov le rappel à l'ordre et je remue les oreilles, me grattant d'ailleurs la droite de la patte arrière avant de m’avancer pour que mon ombre domine le déchet sans intérêt qu'est le chaton.

- Regarde l'herbe derrière moi morveux, soit tu sors tes putains de griffes et tu lui refait le portrait, soit c'est moi qui te fais bouffer ça jusqu'à ce que t'arrête de glapir comme une merde.

Oui, ça a rien de doux et délicat mes mots. C'est même pas du tout ça, loin de là mais je sais ce que je fais. Déchet a besoin d'avoir plus peur de moi et de ce qui pourrait lui arriver si il se bouge pas que ça. Et je vais lui apprendre moi, ce que c'est que la peur. Je me retourne, je ramasse l'herbe d'un geste délicat, quasi maternel avant de tourner juste la tête pour que mes yeux vert se plongent dans ceux du marmot. Là, tu la vois l'herbe petit ? Je souris légèrement tout en imprimant à mon corps un lent demi tour afin de lui faire de nouveau face.

- J'me contencherais pas de ça, tu l'chais ...

Pas évident de parler la gueule pleine mais je suis certain que Déchet va comprendre. Je lui laisse une chance, une misérable chance de devenir un chat qu'on respectera et surtout, de me craindre moi et pas ce bébé clanique qui pue la vase et le charnier.

Éther sourit tendrement en voyant Petit Feulement se décider à attaquer. La peur de devenir la cible était plus forte que les remords et l'empathie. Il se tissait déjà un cocon de violence, en réaction à cet environnement terrifiant dans lequel on l'avait jeté sans ménagement. S'il survivait assez longtemps, la grise songea qu'elle aimerait le prendre sous son aile. Il avait quelque chose que les autres n'avaient pas, et la femelle avait hâte d'en savoir plus. Enfin, du moins, s'il ne la décevait pas d'ici là, sans quoi elle l'exécuterait sans émotion s'il le fallait.

Un murmure doucereux glissa de la bouche d’Éther, qui s'était penchée comme l'ombre d'un démon sans le dos du petit :

« Continue ... Mais ne l'abîme pas trop, on aura peut-être besoin de lui pour une toute autre tâche ... tu sauras laquelle si tu continues à bien faire ton travail. Pour l'instant, je suis très fière de toi. »

Éther faisait référencer aux rites de passage, dont le petit des marais n'avait sans doute pas entendu parler, du moins pas entièrement. A moins que certains membres des Lunar Pod, comme Cyanure, n'aient eu la plaisante idée de le terrifier à l'aide de leurs plus sordides histoires. Enfin, de là à ce qu'un enfant comprenne un tel sous-entendu, il y avait un fossé ...

Un léger sifflement, réprobateur, me rappela la présence de Cyanure. Je blêmis, et tournai la tête vers le monstre. Cet instant d’inattention me valut un coup violent au visage, qui me fit tituber. Je me repris rapidement et esquiva le déluge de griffes et de crocs qui s'abattit sur moi.

Déchet. Attaque un peu.

Je déglutis. Pourquoi??? Jamais on m'avait demandé pareille chose... Je reculai vivement, évitant de justesse un coup à la tête. Le ton de l'abbesse me faisait froid dans le dos. Je la craignais plus que tout... Encore plus que Cyanure. Lui savait faire mal... mais lui n'avait pas tous les pouvoirs, pas comme Krov, qui ordonnait ce qu'elle voulait. J’encaissai sans faillir une morsure à l'épaule, m'arrachant touffe de poils, faisant jaillir du sang, ce liquide poisseux, visqueux.
Mais Krov plus Cyanure. C'était mauvais, très mauvais. La peur me prit aux tripes. Tel un boa, elle s'était enroulée autour de mes boyaux et chercher maintenant à les écraser de toute sa force, pour me faire vomir tout le contenu de mes maigres pitances de la matinée, pour me faire regretter d'être rester en vie... Regret d'être venu au monde... Mais peur d'en partir.

- Regarde l'herbe derrière moi morveux, soit tu sors tes putains de griffes et tu lui refait le portrait, soit c'est moi qui te fais bouffer ça jusqu'à ce que t'arrête de glapir comme une merde.

Morsure au flanc. Je lâche un cri de douleur, foudroie le gosse du regard. Mais ce n'était pas lui le centre de mon attention. Apeuré, je reculai, quitte à recevoir davantage de blessure de la part du chaton. Cette plante qui me pendait au nez... D'habitude, on ne me demande pas mon avis. Si je n'étais pas réellement capable de surmonter cette épreuve, on ne m'aurait pas donné une chance. On me l'aurait fait bouffé.

- J'me contencherais pas de ça, tu l'chais ...

Je tournai ma tête vers Krov. Elle semblait... s'impatienter. Les faibles devaient obéir aux forts. Krov, Cyanure, Ether... peut être le petit... Ils étaient des forts... Alors si leur nouvelle distraction était de m'obliger à me battre... J'avais à l'accepter... Ce n'était pas moi qui le voulait... Mais je sentais que ma vie était réellement en danger. La souffrance, c'est ce qu'on aimait m'infliger. Là, je sentais qu'un échec vaudrait ma mort. Des perles salées se formèrent au creux de mes yeux...Je murmurai "désolé..."

Esquive, et contre attaque surprise. Une unique frappe, qui laissa un sillon de sang rouge sur le torse du petit...Je n'étais plus rien. Mes yeux étaient vides. Car ma vie était aussi vide que ces orbites contenant ces ronds globuleux. Vide de sens. Vide d'espoir. Vide... A chaque fois que je devais lancer une offensive, j'avais l'impression de sauter dans un trou noir. Démesurément noir. Démesurément grand. Je ripostai cependant peu, de manière plus ou moins précise, mais assez pour lui faire du mal comme le souhaitait nos spectateurs...