Que regarder d'autre ? [LP] (avec Brise Argentée) - end

J’étire longuement mes pattes devant moi, prenant soin d’avoir mon air de provocatrice en chef. Je sens mes os craquer, offrant une belle mélodie pour une danse macabre. C’est drôle, j’imagine un tas d’ossement s’animer et nous offrir un spectacle à la fois sinistre et beau, lugubre et lumineux. Que mon imagination devient folle. Des os dansant… Il n’y aurait que les bipèdes pour penser à ça. Bref, je me lève, laissant cette petite image amusante trottiner dans ma tête. J’avais été désigné pour partir en patrouille avec Nuag… Crocs Nacrés, mes excuses, il est guerrier le bonhomme maintenant, pour surveiller je ne sais quoi. Enfin bref, une patrouille, tout ce qu’il y a de plus classique. J’espère que le petit ne m’en voudra pas si je pique un sprint, ça fait longtemps que je n’ai pas senti le vent plaquer ma fourrure. Brrr, une sensation fantastique.

Enfin, j’avais déjà mangé un bout, donc la faim ne me prenait pas. Je pouvais partir sans problème. Qui sait, pourrais-je m’amuser un peu avec le petit ? Hum… Finalement, je pense que j’ai un petit creux, je vais jouer un peu. Le guerrier s’approche de moi, et dit de la manière la plus plate du monde :

« Salut, Brise Argentée »

Oh vraiment, tu veux jouer à ça ? Très bien mon grand, je vais te décoincer tu vas voir… On va dire, qu’à par de mes ennemis, je n’ai pas peur de grand-chose. J’ose, et je provoque. Peut importe la manière. Juste en sortant du camp, je me presse contre lui, et passe rapidement sous son menton pour aller à sa gauche, laissant ma queue lui caresser le visage. J’aime ce genre de numéro.

« Bonjour mon grand. Crocs Nacrés maintenant, c’est ça ? Joli petit nom, c’est bien trouvé. »

Ronronné-je. Je ne le connais pas trop mais il semble tout timide le pauvre chaton. Je reste bien sûre collée à lui, marchant doucement en lui imposant un rythme lent. J’aimerais avoir le temps de jouer.

« Comment trouves-tu la vie de guerrier ? Elle ressemble à ce que tu espérais chaton ? »

Je le fixais de mon regard provocateur, avec un léger sourire pour le charmer. J’aime avoir le rôle de la joueuse de flûte, jouant ma douce musique macabre à en faire lever les morts pour qu’ils me suivent et tombent sous mon charme.

Réponse bateau… Il est content de son nom mais c’est tout. Mon objectif de cette patrouille n’est pas de surveiller les Hautes Pierres ou autre chose mais de le décoincer. Essayer de le faire oser, je veux qu’il suive mon jeu. Ça peut être amusant avec ce petit bout de chat. Bon petit n’est pas vraiment le bon terme, je ne suis pas la plus grande de nous deux mais bon, là n’est pas le problème. Et lorsque je lui demande si la vie de guerrier lui plait, j’ai encore droit à une réponse basique. Je crois que j’ai beaucoup de travail sur pauvre petit matou qu’est Crocs Nacrés. D’ailleurs, j’obtiens enfin un autre type de réaction. Le surnom que je lui ai donné semble le faire tiquer. Une émotion victoire !

D’un coup, le félin gris lève la tête, bombe le torse pour montrer sa fierté. A quoi il joue… Je le regarde curieusement, sans comprendre. Va-t-il montrer une autre facette qui fait que je l’ai mal jugé ?

« Fais gaffe fais gaffe, j’vais finir par mordre ! » me dit-il d’une manière… Amusé ?

Ce Crocs Nacré m’intriguait pas mal je dois avouer. Pas de grandes émotions et d’un coup j’obtiens quelque chose ? N’empêche qu’il entre dans mon jeu et je le remercie intérieurement. Le jeu va vraiment commencer. Je prends donc une allure gracieuse, commençant à me déplacer sur le bout de mes pattes prenant un air de pimbêche provocatrice, la queue bien haute, se penchant par moment pour flatter le flanc du guerrier. Je m’approche de son oreille et lui susurre :

« J’ai bien envie de voir ça grand guerrier. »

Cette lueur joueuse, pleine de malice malveillante brillait dans mes yeux. Mon intérêt chez ce matou ? L’avoir dans ma poche. Avec les temps qui courent, un malheur arrive bien vite. Et puis, j’aime mêler l’utile à l’agréable. Je compte jouer toutes mes cartes pour l’avoir.

« Attrape-moi si tu peux p’tit, on va voir si tu as l’étoffe d’un vrai guerrier du vent ! »

Et sans prévenir je file dans le vent. Je me mets à courir le plus vite possible. Mon cœur s’accélère en conséquence. Je suis capable d’avoir ma vitesse de pointe très rapidement, en revanche, ce n’est pas pour très longtemps avant que je m’écroule de fatigue. Alors j’essaie de garder ma vitesse le plus possible avant de cracher mes poumons. Ça me rappelle cette belle histoire où je suis sortie de mon territoire pour aller jusqu’au terre de l’Ombre, les bouseux. Seuls les papillons me font un effet renversant. Alors que le p’tit tente de m’attraper, j’suis l’une des plus rapide dans le camp.

C’que c’est bon de sentir le vent plaquer ma fourrure, si légère soit-elle. Je me sens vivre en courant, malheureusement c’est toujours de courte durée. Mais on ne peut pas tout avoir pas vrai ? Courir vite et l’endurance qui va avec. Tant pis. J’en avais presque oublié ma mission du jour. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’aime vivre, je serais tellement malheureuse si j’étais née dans un autre clan. Après, les choses auraient été différente je pense. J’oubliais tout en courant. Mon passé, mon présent, qui je suis, ce que je fais. Je dois avoir mal tourné à un moment mine de rien. Le décès de ma mère à été rude. Ouais… Bref ! Je m’écroule par terre, comme à chaque fois après une course, pour reprendre mon souffle. J’essayais doucement de calmer mon cœur et ma respiration. J’avais l’habitude après une telle vitesse. Un peu de temps après arrive le guerrier gris tout essoufflé aussi. Il s’allonge à côté de moi, bien proche d’ailleurs. Oh ? J’aurais réussi si tôt à le décoincer ? Est-ce mon comportement qui le met dans cet état ? Ah ah…

« T'es forte pour prendre la poudre d'escampette, on dirait ! Mais je pense que ça ne fait pas tout ! »

Il se la pète en plus ! Yes, le guerrier plat et sans émotions sort de ses habitudes. Avant de prendre la parole, je prenais soin de retrouver une respiration normale. Mais j’avoue, je suis forte pour la course et j’en suis très fière. Pour cette raison que je prends mon air légèrement supérieur, pour faire comprendre que celui qui me battra dans ce domaine il n’est pas né.

« Hé bhé alors chéri ! Tu prends tes aises on dirait. C’est bien. »

Je le regarde, toujours l’air provocateur et malicieux. La nouvelle saison qui arrive donne des couleurs, et beaucoup plus de… Malice.

« Par contre, j’ai bien vu que tu ne mordais pas. Je n’ai donc rien à craindre de toi pas vrai ? »

Provocation, je cherche à ce qu’il se montre. Le pauvre petit ne sait même pas qu’il est ma proie. On ne lui a jamais dit de se méfier de l’eau qui dort, du prédateur. Ou dans mon cas, la prédatrice. Je m’approche un peu plus de lui et le met au défi dans un ronron amusé.

« C’est moi qui mord ici. A moins que tu puisses me prouver le contraire ? »

Il entrait dans mon jeu mais toujours aussi gêné. Au moins il fait l’effort j’apprécie. Le fait est que JE suis le prédateur ici. Le gris tente de répéter par un même ton ironique, mais finalement, il se rend compte de qui est la patronne ici. Il me lâche une petit « Mince ». Il en prend conscience ahah ! Mais pas pour très longtemps… Puisque, lorsque je tente de me relever, il pousse mes pattes d’un coup et essaie de me plaquer au sol. Il met tout son poids sur moi et me maintient. Je ne peux rien faire, il est plus grand et plus fort que moi.

« Tu veux que je te morde ? »

C’est qu’il apprend vite ! Il tentait juste de me prouver qu’il était un vrai guerrier, et moi je me retrouvais au sol faible, parce que je n’ai aucune force. Mon seul atout est ma vitesse et rien d’autre. Crocs Nacrés avait le regard très fier, mais quelque chose changea. Il approchait sa gueule de mon flanc pour faire style « oula la je vais te mordre », mon regard insiste, voir s’il en est vraiment capable. Provocation. Qui se traduit par un filet de bave qui coule. Je me mets à rire et lui dit :

« Hé bhé alors ! J’te fais tant d’effet que ça ? »

Il ferme son clapet, probablement trop honteux de ce qu’il venait de se passer. Quant à moi, j’approche mon museau d’une de ses pattes et lui mordille sans vouloir faire du mal, en douceur.

« C’est toujours moi qui mord ici »

Je dis ça mais je reste toujours bloquée sous lui. Mais je ne pouvais m’empêcher de me montrer provocatrice, c’était ma marque de fabrique ! Ou plutôt d’évolution, mes parents ne sont pas comme ça. Je fixe le matou, avec cette même lueur de défi. Je l’ai mordu avant lui.