Coeurs en deuil - end

Cœurs en deuil.

Depuis qu'elle avait complètement disparu de sa vie, de leur vies à tous, Patte Lunaire sentait les regards sur elle et son frère, ses yeux presque compatissant où ... Soulagés ? L'albinos n'aurait sus le dire, pourtant, elle gardait un souvenir vif et, douloureux de sa mère, cette chatte qui lui parlait lune sans arrêt dans le peu de temps qu'elles avaient pu avoir en commun. Mais voilà, ne restait que les étoiles, la nuit, au dessus de leurs têtes. Après s'être étirée, lentement, elle coula un regard sur les chatons de la pouponnière, lieu devenu trop petit à son goût, et trop bruyant aussi. Pour une fois, Patte Tordu n'était d'ailleurs pas déjà en train de brailler sa joie en faisant des bonds en tout sens et un instant, la petite peste pensa à en remercier le clan des étoiles, avant de ronchonner que ça ne servirait à rien. Elle se secoua alors, entamant sa toilette puis, avisant que sa nourrice ouvrait un oeil, elle lui miaula sur son habituel ton froid qu'elle sortait se cherchait quelque chose à manger. et pour une fois, Accroche Coeur ne sembla rien avoir à redire.

Sauf que voilà, la petite albinos n'avait pas une faim énorme et pas plus envie de mettre le museau dehors où le soleil, cet ennemi vicieux, viendrait agresser ses yeux vermeil, l'obligeant à attendre ce qui lui paraissait sans cesse être une éternité avant qu'elle ne puisse avancer dans le camp, forcée là encore de chercher les lieux d'ombre tant elle sentait ses oreilles chauffés dès lors que les rayons de l'astre du jour venait la caresser un peu. Oh oui, n'importe qui en ayant sa vie à elle, son pelage immaculée, aurait du pouvoir comprendre pourquoi elle était sans cesse désagréable. Sauf que voilà, personne en dehors de sa tante et d'un apprenti n'avait la chance d'avoir cette tare, cet albinisme. Et ses deux là n'avaient pas eu comme génitrice Cœur Givré. Malgré tout, elle se risqua à sortir de la pouponnière rapidement, fort agréablement surprise par la zone d'ombre, quoi que minime, qui en couvrait l'entrée, lui permettant de s'asseoir et d'attendre un peu que sa vue s'habitue. Ce qui lui prit moins de temps que lorsque le soleil lui faisait face. Et la désagréable créature n'en avait guère fini car, après avoir relever la tête, adoptant sa sempiternelle tête des mauvais jours, elle se força à aller vers le tas de gibier, où le rouquin qui changeait les litières était déjà, l'air visiblement encore endormi. Du moins s'était làà l'avis de la chatonne.

- T'attend quoi ?

On aurait pu s'attendre à une question innocente, sauf que voilà, il s'agissait de Patte Lunaire et le ton froid et désagréable qui allait avec démontrait en un instant que l'albinos n'était pas dans un de ses bons jours. A supposer que la petite chatte en est eu un un jour depuis sa venue au monde. Elle s'avança pourtant vers le tas de gibier, à présent qu'elle était là ... Autant manger, estimait elle, plutôt que de voir quelqu'un lui piquer cette petite souris dodue. Elle attrapa donc la pièce de gibier, qu'elle traîna plus qu'elle ne la porta pour se reculer un peu à l'ombre du maigre buisson qui protéger leurs prises. Elle en avait bien plus avec le gibier choisis qu'elle n'avait faim, aussi, un peu radoucit - être à l'abris du soleil aidant - elle miaula, pas plus agréable où presque pour autant.

- Viens manger. Oui très clairement, comme invitation à un repas, on connaissait mieux...

Cœurs en deuil.

Le sursaut de son camarade passa inaperçu aux yeux de l'albinos qui ne le regardait déjà plus, trop occupée qu'elle était à se trouver un repas. Et puis elle le savait, le novice roux était l'un de ceux qui venaient changer les nids, et chaque fois, Accroche Cœur se montrait particulièrement gentille avec lui. Et agaçante aussi, puisqu'elle leur demandait, à elle et à son frère, de rester tranquille en attendant, où de jouer dehors, au soleil. Sous ce satané soleil que la chatte avait appris à haïr. Patte Lunaire leva les yeux au ciel, très brièvement en voyant que Nuage de Mousse semblait ne pas oser l'approcher et elle le fit de nouveau lorsqu'il la questionna. Ce à quoi elle répondis sèchement.

- Je suis en pleine forme, tu crois quoi ? Le soleil me brûle la peau, ma mère est morte ... Non vraiment, c'est la joie. Puis la petite se souvint qu'Accroche Cœur lui avait expliquer que le jeune chat aussi, avait perdu sa mère, aussi, elle se radoucit un peu avant d'ajouter. Mais tu connais ça aussi, perdre sa mère. Lentement, la femelle arracha une part de viande qu'elle avala avant de pousser sa proie vers son camarade, comme sa nourrice tentait de le lui expliquer depuis un moment déjà. Le partage, voilà ce que cela signifiait, s'était un geste banale à ses yeux, et pas forcément utile, mais elle ne se sentait pas d'humeur à cracher sur l'apprenti davantage. Et puis, ils avaient ça en commun, la mort de celle qui leur avait donné vie. S'était pour l'heure suffisant à ce qu'elle se radoucisse un peu avec lui. Les paroles de Patte Venteuse lui revenant en tête. Oui, peut-être n'était elle pas forcé d'être toujours méchante après tout ... Mais s'était quoi au fond, être méchant ?

Cœurs en deuil.

La grimace de Nuage de Mousse lui confirma ce qu'elle pensait, une fois encore, on allait lui dire qu'elle était méchante, une peste, alors qu'elle ne faisait que répondre la vérité pure, tout simplement, sans fioritures ni tact. Malgré tout, elle rabaissa ses oreilles d'un air pataude, comme si ce simple geste pouvait la faire pardonner. Pas qu'elle en est réellement quelques choses à faire des états d'âme du rouquin mais elle en avait assez qu'on lui crache à la gueule sa cruauté verbale, son manque de ... Enfin, elle en avait assez simplement et voulait pour une fois autre chose qu'éveiller la colère de ses camarades de clan. Oui, la petite chatte de nature susceptible voulait s'éviter un ennemi de plus. Histoire de faire taire les mauvaises langue, par fierté tout simplement, l'envie de clouer des becs en désignant l'apprenti comme un ami. Ce serait un véritable changement et surtout, ça lui permettrait enfin de faire taire une bonne fois pour toute cette satanée Patte Venteuse se ses leçons de morales. Et que l'autre partage à son tour sa proie, quoi qu'il n'y est pas touché était finalement une preuve encourageante qu'elle pouvait réussir à ne pas faire fuir tout son entourage, même si au fin fond, être seule lui allait très bien.

Et quand l'autre miaula de plus belle, l'albinos se retint d'agir, de lever les yeux au ciel, de paraître froide. S'était la première fois qu'elle s’essayait ainsi à paraître gentille. Non pas que pour être, le concept de gentil et méchant est de l'importance. Elle ne voyait aucune différence si ce n'est que l'un vous faisait être apprécier et l'autre détourner de vous vos plus proches compagnons. Mais le second lui allait habituellement fort bien, lui permettant une vie calme, loin des autres et de leurs jeux, de leurs rêves. Devenir apprentis, être le meilleurs, tout ça présentait pour elle un ennui profond. Quel intérêt y avait il à vouloir tout donner quand le simple fait du temps qui passe vous faisait arriver un beau jour à avoir votre nom de guerrier malgré tout ? N'avait on jamais entendu parler d'un félin restant apprenti toute sa vie ? Chaque clan se voulait le meilleur - même si à ce jeu là, le sien était indéniablement au dessus des autres - et pour cette simple raison, les chefs n'accepteraient jamais que l'un des leurs couvrent leurs clans de honte en restant un simple novice à vie. Mais revenant à l'apprenti devant elle, elle fini par miauler, presque sincère.

- Tu la reverras bien un jour. Quand toi aussi tu seras mort.

Et pour une fois, sa voix n'était pas froide, juste neutre. Un grand bond en avant rendu possible car elle n'écoutait pas vraiment son compagnon, ne ressentait pas sa douleur et surtout, parce qu'elle se souvenait un tant sois peu de ce que son père pouvait lui dire sur le clan des étoiles. Oui, il mourait bien un jour, s'était dans l'ordre des choses. Alors pourquoi pleurer aujourd'hui quand il suffisait d'attendre que ce fameux clan de chats décédés décident de vous appelez à eux, pour l'éternité. Enfin, jusqu'à ce qu'on vous oublie. Ce qui ne mettait peut-être finalement pas si longtemps que ça. Mais il y avait bien assez de mort bien assez fréquemment pour que le "grand" clan des ancêtres, cette toison argenté, ne disparaissent jamais. Lentement, la jeune chatte repris une bouchée du mulot, savourant la viande plus que la compagnie de l'apprentie, surveillant pourtant ce dernier avec le maigre espoir là encore qu'il resterait et ferait ainsi taire ceux qui disait à Patte Lunaire qu'elle ne pourrait jamais tenir une vrai conversation sans faire fuir son interlocuteur.

Cœurs en deuil.

Lorsque le félin se mit à la dévisager, Patte Lunaire se mordit la langue, comprenant qu'une fois encore, elle avait été trop direct. De toute façon, elle en prenait l'habitude, presque à chaque fois qu'elle ouvrait la gueule, on la regarder soit avec cet air surpris, ahuris où alors avec une colère sourde dans les yeux. Et souvent cela terminer mal. S'était ça, la vie. Un ver se trémousse au sol pour trouver a manger, il se fait tuer par un oiseau, lequel fini bien souvent au fin fond du gosier d'un prédateur ... On ne vivait que peu de temps au final. Eux au moins avait la chance d'être sur le haut de la chaîne mais cela ne signifiait pas pour autant que les chats vivaient vieux. Après tout, les batailles, les renards et les blaireaux ainsi que les aigles s'amusaient bien de tout ça, si la maladie ne frapper pas avant. La réaction de l'apprenti la fit desserrer les mâchoires et elle baissa la tête, avant de la relever, détournant le regard.

- Pourquoi faire ?

Oui, pourquoi sourire sans cesse comme le faisait si bien Tordue puisqu'un jour, ce même sourire, une mort vous l'arrachez du visage pour vous jeter des larmes salée en pleine face à la place. Négative à souhait, elle se redressa un tant sois peu, espérant ainsi paraître ... Elle ne savait trop quoi. Son oncle avait été assassiner, son arrière grand-mère était morte, sa propre mère avait périt. La suite la surpris a son tour et c'est avec une réelle curiosité qu'elle approcha du rouquin pour le fixer par en dessous, tentant de capter son regard.

- Echo dit que seuls ceux qui ont vraiment beaucoup de mal ne vont pas aux étoiles et ... Et t'as pas une tête à faire mal à un moucheron. Un petit sourire était née sur ses lèvres, de nouveau sarcastique. Ironique peut-être même. Elle se recula, espérant arracher enfin un sourire à son étrange camarade. Pas qu'elle n'y soit jamais parvenu, son imbécile de jumeau souriait pour un rien, au contraire de leur aîné à vraiment y penser. Mais ce serait pour elle une petite victoire. Finalement, elle ajouta doucement. Alors, tu t'expliques ? De nouveau le froid, me^me si elle faisait tout pour paraître plus douce. Mais les vieilles habitudes ont la vie dure et comme l'adage le dit si bien "chassez le naturel et il revient au galop".

Cœurs en deuil.

Nuage de Mousse lui semblait presque mal d'avoir prononcer peu avant qu'il n'était pas certain de mériter les étoiles et l'albinos avait beau tenter de ne pas se montrer trop dure, trop sèche, trop elle-même, elle sentait bien qu'elle n'y parvenait pas. Cependant, le rouquin était toujours là sans cri, sans effusion, presque calme. Elle se retint pourtant de siffler un "forcément que je sais pas puisque tu dis rien" qui raisonna malgré tout avec force dans son esprit et transparaissait sans nul doute dans son regard. Mais elle se contenait, préférant attendre qu'il parle. Si jamais il l'ouvrait pour s'expliquer. Le presque sourire qu'il échangèrent la fit reculer un peu, s'ébrouant pour toiser de plus belle son camarade plus vieux. Elle voulait vraiment comprendre comment un chat comme lui, pas plus dérangeant qu'un papillon qui ne fait que passer, avait bien pu faire quoi que ce soit qui pourrait être mal vu des étoiles. Pas qu'elle pensait vraiment rejoindre les étoiles un jour pour sa part, sauf si Echo Lointain avait dit vrai à ce sujet. De reste que sa mère elle préférée lui parler de la lune. Et maintenant que Cœur Givré n'était plus, Patte Lunaire ne ressentait qu'un vide, un pincement léger, mais pas tout à fait un manque. Pas un vrai. Elle était là, toujours et si on ne se foutait pas d'elle, alors elle retrouverait bien sa mère un jour, là haut, que ce soit dans les étoiles où avec la lune. Et comme de toutes façons les deux ne se montrer que la nuit et souvent ensemble ...

Et quand enfin Nuage de Mousse tenta de lui expliquer la situation, Patte Lunaire se montra attentive. Quoi que dès le début, elle eu la certitude de valoir mieux que le rouquin. Ne pas suivre le code du guerrier, sur ça encore, s'était un peu flou pour elle, mais parler à quelqu'un qu'on ne doit pas, hormis à un étranger, rien ne pouv... Elle se coupa dans ses propres pensées pour poser un regard dédaigneux sur son camarade. Il avait osé adresser la parole à un chat galeux étranger au clan ! Voilà pourquoi il pensait que les étoiles ne voudraient pas de lui. Malgré tout, les félins ne se retrouvaient ils pas à chaque pleine lune, lors de l'assemblée ? De plus en plus troublée, la féline bailla, décidant de ne pas trop y réfléchir. Finalement, la suite la laissa davantage perplexe et elle demanda, un ton trop haut et sec à la fois.

- T'es en train de me dire que t'as discuter avec un chat d'un autre clan et qu'ensuite, toi et Mamie Vaillante, vous avez chasser ce même étrangers ? Elle souffla, comme pour remettre de l'ordre dans ses pensées avant d'ajouter. Tu pouvais pas le chasser tout seul, c'est ça ? Elle ne comprenait pas tout, en revanche, ce qu'elle comprenait, c'est que Nuage de Mousse semblait fort mal à l'aise. Finalement, elle ajouta. T'es nul quoi ... Et réalisant qu'elle aller blesser sans doute son vis à vis, elle se corrigea, de mauvaise grâce, mais tout de même. Enfin t'es pas encore un guerrier alors ... C'est pour ça, non ? A son tour de ne plus trop savoir où se mettre, elle gratta la terre de sa patte, regardant le sol comme si en un instant, il était devenu plus intéressant que tout autre chose. Et à vrai dire, elle ne savait que trop penser, sentant ses oreilles lui chauffer. Étrange sensation qui faisait échos à ses pensées.