LP - Assemblée & Bataille | Lune Rouge - end

« Mais arrête ! C'est... eux... qu'il faut tuer !!! »

Esprit Lent se retourna vivement, dardant d'un regard méprisant le félin qui venait de lui adresser la parole. Dans la précipitation, elle n'avait même pas daigné poser ses yeux sur lui, mais désormais, elle le reconnaissait.

« Je suis Picolo ! Je pourrais te protéger contre toute cette vermine !!! »

Elle leva une babine colérique, grondant et arquant le dos en se mettant lentement face à Picolo. Elle fit un pas en avant, arborant son air le plus menaçant.

« Recule. »

Elle s’approcha du félin, le poussa puissamment au niveau de l’épaule d’une patte sans griffe, feulant pour lui indiquer qu’elle était sérieuse. Esprit Lent sentait qu’elle avait mal agi avec le félin du Clan du Tonnerre, mais elle n’avait pas pu retenir sa colère, qui tenait plus à un sentiment d’injustice qu’une réelle haine envers leurs adversaires. Mais au final, n’avait-elle pas été elle-même injuste en attaquant un félin sans lui laisser voix au chapitre ? Et puis, au fond d’elle, même si elle ne se l’avouait pas, elle ne pouvait pas frapper un félin qu’elle avait apprécié et compris. Il était si rare qu’on ne se moque pas d’elle et qu’on la prenne au sérieux …

« Cette vermine, c’est ma famille. Si tu veux vraiment les tuer, on va devoir se battre … et je ne veux pas me battre avec toi, Picolo. Je dois les protéger, je suis sûre que tu me comprends ? … »

Elle espérait que les Etoiles ne la voyaient pas en ce moment. Ici et maintenant, elle aurait dû l'attaquer, mais tout était trop confus dans sa tête. Elle ne pouvait pas simplement le tuer ! C'était tellement plus facile de s'attaquer à un ennemi qu'on ne connaissait pas …

Spoiler:

Mes crocs se serrèrent un peu plus. Son corps tressauta encore quelque instant avant de se figer complètement. La vie l'avait quitté. Un Lunar Pod était mort ce soir. Mais je ne ressentais rien. Pas de soulagement, aucun sentiment de victoire ou de travail accompli. Seulement un grand vide dans mon coeur. Je le relâchai et fixai ce corps sans vie, le regard vide.

Je pensais à Nuée d'Alcidés, et ma vision se troubla. C'était son corps et non plus celui de Sareth qui était à mes pattes.

Je secouai la tête. Il fallait se reprendre et retourner au combat. A peine tournais-je la tête que je vis une femelle tuer un des notres, encore. Tâche d'If se précipita vers elle. Je grondai et m'élançai à mon tour, telle une furie. Cependant, l'assaillante était souple et rapide, et esquiva la majorité de mon geste. Je feulai.

"Vous êtes tous aussi pourris que vos alliés..."

Museau Bleu avait beau détester, de par sa nature, l'ensorceleuse de mort qui dansait devant elle, elle ne pouvait qu'admirer la féline blanche et grise avec une pointe de respect, non pas pour ses croyances, encore moins ses valeurs, mais tout au moins pour son efficacité et son agilité. La belle assassin était captivante, envoûtante et ça, la vétérane ne pouvait que le reconnaître, observant louvoyer celle-ci comme les plus agiles poissons de la rivière. Bien sûr, cela ne rendait l'ennemie que plus difficile à vaincre, et que plus dangereuse, augmentant la volonté de la riveuse de tenir cette jolie garce à l'écart de ses proches, mais cela provoquait aussi, chez l'aînée, de l'estime. Elle avait trouvé adversaire à sa mesure... Le tourbillon de coups de griffes, de crocs, se poursuivait, la tourmente, le chaos, le sang, les touffes de poils, les herbes coupées, trempées, aplaties, anéanties, les corps qui s'effondraient, les larmes, les sanglots, les reproches, les hurlements, feulements, miaulements, le bruit et le silence, et la lune sanglante qui parait les frondaisons d'une lumière funeste. Toute cette nuit n'était que tableau d'horreur, pour la femelle clanique, dont la fourrure de sable et d'écume se parait de rosé, le sang mêlé à l'eau tachant le gris bleuté et le beige de sa pelisse. Et au milieu de tout ça, de son visage paisible mais concentré, ses yeux vert jade étincelaient d'une conviction et d'une détermination sans faille. Ils allaient y arriver, ils devaient y arriver, et cette magnifique sorcière, dont l'œil émeraude unique scintillait, mauvais, ne pouvait gagner. Pas tant que Museau Bleu se dressait devant elle. Pas tant que Joli Brouillard l'aidait. Juste une fois, qu'importaient les Clans, pour sauver la forêt ? Juste une fois. Juste cette fois. Contre les Lunar Pods, ils étaient alliés.

Du reste, à présent que le mâle des ombres avait attiré, silhouette fine, sombre, aux yeux saphir limpides, l'attention de la féline borgne qu'ils affronteraient ensemble, la fille de la rivière pouvait, elle, reprendre un peu son souffle, rassembler son calme, ses forces et ses pensées, et, malgré le combat qui continuait et les mouvements qu'elle se devait de continuer à faire pour esquiver quelques coups de griffes, elle avait beaucoup moins de pression sur les épaules. Ses blessures avaient cessé de saigner, fines coupures peu profondes, elle était plus composée, plus sereine, aussi, et sa détermination à reprendre sa place n'était que plus forte: elle était reconnaissante à son cadet de l'épauler, contente de se battre pour les claniques et pour leurs proches à ses côtés, mais c'était à elle que revenait la mort de cette chasseresse de la lune. Une vie pour une vie. Elle avait vu tomber une amie, cette nuit, et en avait perdu une autre, il y avait quelques temps déjà - le deuil se mêlait au souvenir doux-amer d'Aigue Marine. Une vie pour une vie. Et le sang pour payer les moqueries. Une nécessité plutôt que l'amour du sang... Éloigner le danger de leurs familles, de leurs petits, de leurs amis. Le sang pour le sang, ça ne résolvait rien, et la guerre non plus, mais cette fois, ils n'avaient pas le choix. On ne pouvait pas raisonner, cette fois, pas avec celle qui se dressait face à eux. Et Museau Bleu n'avait pas le choix, à cet instant. Du reste, elle n'avait pas le temps d'y réfléchir... Profitant d'une ouverture laissée par leur belle adversaire, l'agile riveuse bondit alors, et, toutes griffes sorties, asséna un coup de patte vers le visage de l'ennemie, avant de retomber, légère et silencieuse, et de reculer pour laisser une distance protectrice entre elles.


Eos : 110/200
Museau Bleu : 110/200
Joli Brouillard: 150/200

pour comprendre pourquoi Cyanure arrive seulement:

Lune Rouge

KROV ! Rugissement de rage, de haine au milieux de ses chats déjà mort, où se bataillant encore. Confusion de clan, de sang, de voix. mais la seule que je cherche est hors de vue. Mes griffes plongent dans le sol, mon corps percute les autres sans que je ne m'arrêtes pour autant. J'ai cette image en tête, celle de la seule à avoir jamais compté pour moi, celle a qui je viens de prendre la vie. Et tout ça pour quoi ? pour cette satané lune qui ne me remerciera jamais. je l'ai compris, mais il est trop tard car jamais je ne verrai naître mes chatons, nos chatons. et plus jamais la voix de Taupe ne m’accueillera comme aucune voix n'avait sus le faire. je vais être seul à jamais, perdu dans le néant. A cause de cette misérable chatte. cette soit-disant mère. Alors je hurle de plus belle pour couvrir tout le reste. KROV ! Je vais la trouvée ...

Et la tuée. je vais envoyer ses yeux aveugle goutter le sang, faire rouler sa carcasse au milieux des autres corps, l'enterrer loin de sa précieuse lune maudite. Lui arracher ... Je rugis encore et encore son nom. Elle doit mourir avant l'aube, comme moi, comme je viens de mourir. Parce que je suis mort là bas, près de Taupe alors que la lune m'embrouillait l'esprit de ses mensonges ... Je suis restés là bas, à côté du corps sans vie de celle que j'aime ... Et pourtant, je suis ici, prêt à donner la mort de nouveau, ultime acte de ma vie ...

On ne l'avait toujours pas repéré - ou si on l'avait repéré, on ne l'avait toujours pas pris comme cible ou attaqué. Il avait vu, en trottinant, tous les guérisseurs agglutiner d'un côté, menacés par l'énorme Piquant des Lunar Pods qui s'apprêtait à les tuer. Une stratégie efficace : les clans dépendaient tellement de ceux qui les guérissaient (et qui servaient de facteurs de la Bonne Nouvelle des Étoiles) qu'une telle menace aurait suffi pour forcer les Clans à unir leurs forces et repousser l'envahisseur, non?

Coup de Foudre parcourra son regard sur la bataille. Non. Il ne vit presque personne se sortir les yeux de leur petit couple de bataille ni personne n'oser rentrer les griffes ou prévenir leur adversaire que Hey, il n'y avait pas un peu plus pressant, en ce moment ?

Pauvre guérisseurs, il songea, pressant un peu le pas dans son observation. Ils dédiaient leur vie à distinguer les plantes par leur forme, leurs noms et leurs propriétés et leurs guerriers, ceux qui vouaient leur vie à les protéger, n'étaient même pas assez reconnaissants de leur sacrifice pour venir à leur aide. Il n'en vit qu'une, toute noire sauf son manteau blanc, bariolé de sang, et la rousseur de ses plaques calico se rougissant à la lune du ciel. À elle seule elle avait chassé le gêneur.

Peut-être que Piquant n'était pas une si grande menace que ça, tout compte fait. Et tout compte fait peut-être que personne ne stoppait les hostilités parce-que les Lunar Pods ne le feraient pas. Mais ce n'était pas tout le monde contre les Lunar Pods - c'était tout le monde contre les Lunar Pods ET le Clan du Tonnerre, ces pauvres victimes de la folle ambition d'Étoile de Suie qui, comme une déflagration, avait réussi à consumer tout Cerfblanc de sa vengeance. Mais elle était morte à présent, alors pourquoi rendre les coups? Pour les Étoiles ? Étaient-ce les Étoiles qui avaient ordonné ce que Nuage du Firmament, au campement, avait appelé un "carnage" ?

Et puis il y avait les feulements. On s'envoyait à la tête des bravades et des insultes pour se flatter le dos et le dos de tout son Clan. Pour la Rivière! on disait. Pour l'Ombre ! Mais tous ces individus répandaient le sang et marqueraient à jamais dans l'esprit des plus jeunes les séquelles des griffes de la Guerre. C'était comme si pour eux, il n'y avait pas d'autres façon de survivre. Pour eux, il n'y avait pas d'autres manière de coexister ; seulement le sang.

Enfin les pleurs. Oh, les pleurs. Les pleurs du regret qui accablait chacun de ces êtres qui ne voulaient pas se battre. C'était évident, personne ne voulait se battre ici, mais personne pensait n'avoir d'autre choix. Se battre était inévitable pour eux, alors au lieu de s'arrêter, de respirer, de réfléchir et de voir l'image en grand, ils s'aveuglaient à ne plus regarder que le nez de leur adversaire pour le leur griffer. Et pourtant une chatte pleurait la mort de son adversaire et semblait même prier au salut de son âme - et cette chatte, contre toute attente, faisait partie du Clan du Tonnerre, de son Clan, son Clan terrible responsable de tous les maux.

Coup de Foudre hocha la tête, s'arrêta dans son mouvement et renifla l'air en entrouvrant la bouche. La chatte calico de plus tôt s'était arrachée du sol dans un bond comme un Éclair Tricolore, fondant sur le dos d'une guerrière qu'il reconnut à sa façon de se mouver. Ça ne pouvait être que Vipère Audacieuse - et Vipère Audacieuse et lui étaient associés et s'étaient promis de s'épauler.

Coup de Foudre en oublia ses réflexions une seconde, centralisant son attention sur la sauvagerie qui animait l'éclair tricolore sur le dos de la Vipère, celle-ci honorant son nom en se tordant à terre avec grâce pour éviter les plus gros coups avant de se libérer de la force des dents dans son cou. Les deux chattes se firent face, Coup de Foudre agita sa queue, et bien que l'opportunité s'ouvrit pour sauter dans le dos de la Calico, il attendit.

Il s'assied.

Il les regarda se sauter dessus, lutter dans la terre et se débattre et se mordre et se griffer, emportées par leur rage de vaincre.

Et il pencha sa tête, trop émoussé pour partager comment elles se sentaient. Comment ils se sentaient tous.

« C'est une Assemblée ! » cria l'écho d'une voix étouffée par les sons de la mêlée. Et l'écho retentit, et insista, et supplia. « C'est une Assemblée ! C'est une Assemblée ! »

C'était une Assemblée. Coup de Foudre avait pivoté son oreille vers l'arrière pour écouter la voix, seule voix de la raison noyée dans cette mer de sang. Il n'avait toutefois pas perdu le combat de Vipère des yeux : lorsque s'ajouta cette fois une chatte à la robe fauve rayée mackerel il s'accroupit et dilata ses pupilles. Selon leur entente, il ne pouvait pas laisser Vipère Audacieuse se débrouiller toute seule.

Et s'il devait faire comme tout le monde, lui aussi se laisserait succomber par ses pulsions. Inutile de les insulter, inutile de s'évertuer ou de perdre son souffle à tenter de justifier son acte.

Il savait très bien que toute cette guerre était, selon leur standard, immorale.

Il se lécha la patte, sortit les griffes, s'arracha de son masque et inspira son air pour gonfler ses poumons. Il calibra son corps d'un tout petit frétillement de la croupe, et comme l'Éclair Tricolore, il passa à l'attaque.

Une ombre s'abattit de plein fouet dans le dos de la meneuse du Vent - un premier temps pour lui couper le souffle. Deuxième temps, ses crocs se plongèrent dans la nuque tigrée, il les serra, tordit sa tête pour en faire de même sa peau sous ses poils et après lui avoir saisi ses épaules suantes entre les griffes, il l'envoya au tapis avec lui.

HRP:

Elle n'arrêtait pas. Un coup de griffe sur l'épaule, ses crocs qui me frôlent, ses griffes à nouveau sur les flancs, tout cela en une danse des plus funestes. Elle avait apparemment décidé de se focaliser sur moi et je ressentais la brûlure de ses attaques sur moi. L'après bataille serait dur, il me faudra du temps pour me remettre, mais rien n'importe car il faut déjà pouvoir sortir vivant de cette bataille. Je me focalisai sur la femelle errante, jetant de rapides coups d'oeil, l'espace d'un instant à ma partenaire du moment. Tant que l'ennemie se concentrait sur moi, elle avait le temps de se reprendre et de se remettre. Je n'étais pas en danger immédiat, et ainsi elle serait d'attaque. Je n'arrivai pas à toucher mon adversaire, elle esquivait tout, peu importe ce que je tentai. Et cela m'exaspérait, mais je me forçai à garder mon calme. S'énerver ne ferait que la renforcer, me faire faire plus d'erreurs, et je n'y avais pas le droit. Je tentai un coup de griffes vers son visage, en vain, elle esquivait toujours. La Riveuse attaqua enfin, visant le visage de l'ennemie, pendant qu'elle m'observait. Un joli coup. Et les yeux meurtriers se posèrent sur l'autre femelle. Je profitai de ce moment où elle se tournait vers la massive Guerrière, ou du moins ce que j'espérai être un moment d'inattention à mon égard pour louvoyer dans son dos et bondir sur ses flancs, toutes griffes dehors. Enfin nous arrivions à l'atteindre, enfin, nous faisions couler son sang. Il n'était pas trop tôt. Mes griffes se teintèrent de rouge pour la première fois en ce jour. Un rouge macabre. Je jetai un oeil à la Guerrière tout en reculant au plus vite. Si nous continuions ainsi, attaque après attaque, qu'importe ce que l'on dirait de nous, de notre lâcheté, nous pouvions vaincre.