Eléphant à plumes (libre) - END

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Le jour se levait sur le Clan de la Rivière et réveilla un rouquin qui avait le sentiment confus de ne pas avoir quitté sa place depuis longtemps, déjà. Mat était resté pathétiquement caché entre les roseaux de la tanière des guerriers un jour et une nuit. Il avait plu, et une flaque d'eau boueuse s'était formée tout autour de son corps affaibli. Aucune nourriture ne passait plus dans sa gueule en feu, et s'il ne ressentait plus aucun réconfort à rester avec la mâchoire baissée dans l'eau, il avait conservé cette habitude.

La douleur ne s'éteindrait jamais, ses crocs ne repousseraient pas plus que son ignoble plaie puante ne se refermerait. C'était évident ; mais jusqu'à ce jour-là, Mat ne s'était jamais résolu à renoncer à supporter cette torture.

Sale, maigre, dénué de force, il était devenu en l'espace d'une semaine de plus en plus renfrogné et désagréable. Une colère sourde s'était emparée de sa cervelle depuis qu'il avait vu Petit Goujon le regarder avec effroi, depuis que Perche Farouche lui avait interdit de se montrer à nouveau devant leurs petits tant qu'il ne serait pas guéri. Il avait fait semblant de comprendre, d'admettre qu'il ne vaudrait mieux pas les rendre malades, eux aussi, mais dès qu'il passait un instant seul, sa rage revenait.

L'idée ne serait jamais venue à Perche Farouche de seulement essayer de lui mâcher sa nourriture, ou de lui donner le courage de ne pas mourir. Et pourtant, elle avait bien failli nourrir un étranger mourant, une fois. Le jour où elle avait daigné le regarder à nouveau. Elle avait paru pleine de bonté, ce jour-là, alors qu'elle n'avait rien fait d'autre que de se moquer de lui une fois de plus. Plus cruellement que jamais. Mat avait l'impression d'avoir toujours été humilié.

Perche Farouche n'était pas la seule cible de sa rage. Mat en voulait à ses amis, à sa famille, aux morts, au Clan de la Rivière tout entier. Il ne faisait plus beaucoup la différence entre les instants où il était seul et le reste du temps. Ses dernières heures arrivaient, et tout défilait si vite, ou si lentement, qu'il ne s'y retrouvait plus.

" Dégage, toi, tu sais bien que t'as pas le droit d'être là. " aboya-t-il, agressivement, en reconnaissant l'odeur de Patte Grise. Le môme eut un petit cri, comme s'il s'était fait marcher dessus, et Mat l'entendit s'éloigner sans pour autant vraiment l'écouter. Son regard restait dirigé vers cette flaque d'eau boueuse dans laquelle il baignait encore à moitié, comme si elle méritait plus d'attention que tous les ingrats qui composaient le monde.

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Eléphant à plumes

Nuage de Nuit feat. Matin Embrasé

La petite n'avait plus d’entrainement et Mat' ne semblait plus en état de le faire. Elle avait assistée tristement à son écartement envers ses chatons par Perche Farouche, elle se sentait mal par son mentor qui soudain semblait rebuté par la plupart du campement mais en tout cas elle ne se gênait pas pour l'approcher.

-Dégage, toi, tu sais bien que t'as pas le droit d'être là.

Elle haussa les sourcils, qui pouvait bien être la victime de ce grincheux aujourd'hui ? Elle pénétra dans la tanière devant laquelle elle s'était arrêtée en rêvassant, elle passa la tête par l’embouchure et son pelage ébène se voyait à peine dans la sombre tanière, seuls ses yeux verts étaient visibles. Elle décela l'odeur de chaton, sans doute Patte Grise avait-il encore voulu voir son papa, priver ses chatons de leur père c'était vraiment cruel de la part de Perche mais elle comprenait la peur de la mère face à ce Mat' malade qu'elle ne reconnaissait plus.

- Bah alors le vioch' c'est comme ça qu'on accueille son apprentie préférée ? Tu pourrais être un peu plus aimable parce que j'ai quand même le courage de venir te voir ronchonner !

Elle le regardait de haut de son regard de peste mais elle ne pouvait cacher la tendresse qu'elle avait pour le guerrier roux, il était sans doute le père qu'elle n'avait jamais eue et elle n'était pas assez bête pour comprendre que plus aucun entrainement n'aurait lieu, il devenait trop faible pour assurer son rôle de mentor mais Nuit ne voulait personne d'autres que lui et elle savait d'avance que le remplaçant n'aurait pas la chance d'avoir sa bonne humeur en prime. Le rouquin n'y ressemblait plus, maigre et sale baignant dans une flaque de boue il faisait peine à voir. La petite sentait les larmes monter mais elle les retint, pour lui. Elle lui fit son plus beau sourire de garce parce qu'elle savait qu'un simple sourire ne ferait pas l'affaire, il était beaucoup trop fort pour déceler ses émotions.

- Bon, c'est sans doute la dernière fois que je serrais aussi serviable, j'tai apporté de l'eau le vioch' si t'en veux tu me demande, sinon j'peux toujours mâcher une souris si ca te dégoute pas trop de bouffer c'qui vient d'ma bouche. Ca me dérangerais pas non plus de faire ta toilette, j'reconnais plus mon roux préféré avec ce pelage, d'ailleurs bouge toi un peu que je puisse nettoyer cette horrible flaque de boue, tu sais très bien que j'aime pas la saleté.

En premier lieu, elle amena la boule de mousse qu'elle venait fraichement d'imbiber d'eau de la rivière, elle avait fait l'aller-retour en quatrième vitesse pour éviter la chaleur. Elle faisait partie des félins qui détestait se salir les pattes mais pour lui elle serrait prête à tout. Alors qu'elle s'asseyait pour attendre un quelconque ordre du guerrier, elle tourna la tête pour laisser échapper une larme qu'elle effaça aussitôt.

- Allez vieux pervers, j'veux t'entendre me houspiller comme un ancien parce j'veux pas bouger mon cul et ils sont ou tes surnoms tout pourris, j'suis plus assez mignonne pour toi c'est ça ? J'en était suuure maintenant que j'ai grandie tu vas vouloir me tromper avec Émeraude ou Opale pauvre de moiiii

Elle posa sa patte sur son front mimant une féline s'évanouissant, elle ne savait s'il avait encore la force de rire mais elle voulait obtenir au moins une dernière fois ce sourire de bienveillance qu'il avait avec elle, elle donnerait tout pour le voir encore joyeux. Une toute dernière fois. Elle ne savait pas ce qu'il allait advenir de son mentor adoré et cela lui donnait envie de pleurer.

codage par LaxBilly.

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La peur de Patte Grise n'avait pas encore tout à fait quitté l'air lorsque l'odeur de Nuage de Nuit se rapprochait de Mat. Il sentit le regard vert de son apprentie se poser sur son pelage qu'il ne pouvait plus lécher. Ça lui transperçait les poils et la peau jusqu'à l'os, mais peut-être les os étaient-ils déjà presque nus. Toujours la tête baissée en direction de l'eau, il fit semblant de ne pas l'avoir remarquée. Peut-être qu'elle comprenait bien que dans l'état où il se trouvait, il n'aimait plus le poids du regard des autres. Peut-être qu'elle devinait pourquoi il avait essayé de se cacher.

" Bah alors le vioch' c'est comme ça qu'on accueille son apprentie préférée ? Tu pourrais être un peu plus aimable parce que j'ai quand même le courage de venir te voir ronchonner ! " fit-elle, et Mat comprit sans peine qu'elle jouait aux offusquées. Nuage de Nuit était la championne pour se donner ce genre de petits airs insolents.

" Vaut mieux pas te plaindre, c'est pas moi qui t'ai traînée jusqu'ici. " grogna Mat en réponse, sombre, sec. Il comprenait la plaisanterie mais il n'y rentrait même plus. Le monde des clowns s'était fermé à lui.

" Bon, c'est sans doute la dernière fois que je serrais aussi serviable, j'tai apporté de l'eau le vioch' si t'en veux tu me demande, sinon j'peux toujours mâcher une souris si ca te dégoute pas trop de bouffer c'qui vient d'ma bouche. Ca me dérangerais pas non plus de faire ta toilette, j'reconnais plus mon roux préféré avec ce pelage, d'ailleurs bouge toi un peu que je puisse nettoyer cette horrible flaque de boue, tu sais très bien que j'aime pas la saleté. "

Cette fois, Mat lui jeta un regard noir qui voulait dire "tais-toi". Franchement, comme si lui pouvait prendre le moindre plaisir à rester là, à se voir croupir comme l'eau dans laquelle il baignait. Comme s'il allait vraiment en venir à donner des tâches aussi ingrates et inutiles à une gamine comme elle qui ne devrait même plus se soucier de lui à l'heure qu'il était.

Plus vite elle l'oublierait, mieux elle se porterait. Et de toute façon, y avait-il vraiment quelque chose de leur histoire qui méritait qu'on s'en souvienne ? Il était un guerrier grotesque qui avait toujours fait semblant d'être épatant, et le grotesque avait fini, après de multiples tentatives infructueuses, par reprendre enfin le dessus sur les faux-semblants qu'il avait progressivement générés.

Nuage de Nuit l'avait connu bien peu de temps, et surtout en faux-semblants. Elle ne comprenait pas grand-chose, elle ignorait tout. On lui trouverait quelqu'un d'autre, de mieux, pour lui enseigner.

" Allez vieux pervers, j'veux t'entendre me houspiller comme un ancien parce j'veux pas bouger mon cul et ils sont ou tes surnoms tout pourris, j'suis plus assez mignonne pour toi c'est ça ? J'en était suuure maintenant que j'ai grandie tu vas vouloir me tromper avec Émeraude ou Opale pauvre de moiiii
- Pwahaha " aboya-t-il dans ce qui pouvait ressembler à un rire ironique ou à une quinte de toux. " Garde ta souris pour ceux qu'ont faim, gamine. J'ai des gamins qui seront pas aidés par leur père, s'ils veulent grandir. Et apprendre à chasser, un jour. "

Il y eut quelques secondes de silence où Mat, toujours la tête penchée sur la flaque d'eau, songeait à chacun d'entre eux, et à cette fausse veuve qui resterait à côté d'eux. Il n'y aurait pas même une seule larme de crocodile, il en jurerait.

" Ils risquent pas d'être très aidés par leur mère non plus, je crois. Il a jamais été très malin, le vieux Mat. "

Il cracha dans l'eau, dégoûté, et ouvrit les yeux avec un peu plus de vivacité. Brusquement il eut envie de parler, de s'assurer que la gamine ne le respecterait jamais plus qu'elle ne le devrait. De lui montrer comment un guerrier pouvait vraiment être. Ce serait un peu une dernière leçon.

" Tu sais, chérie, rêve pas, dans le Clan, le guerrier, s'il est con, c'est tant pis pour sa gueule, on va pas aller le sauver. Et s'il en fait trop, s'il se tue pour le Clan, c'est pareil, c'est tant pis pour sa gueule. T'as l'impression que t'es là que pour nous rendre service, mais en fait, les jeunes, ils ont le Clan à leurs pieds. Les jeunes, s'ils sont cons, s'ils en font trop, s'ils seraient prêts à mourir pour rien, tout le monde est là pour eux. "

C'était normal, en quelque sorte, si le monde était si ingrat autour de lui. On n'avait plus rien à espérer d'un vieux con.

" T'as intérêt de faire mieux que moi, sinon, mes petits, j'crois que y'aura pas grand-monde dans le Clan qui sera là pour eux. " conclut-il, sévère.

Il lui confiait en quelque sorte ses seuls et uniques espoirs. Ou peut-être plutôt ses pires craintes.

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Eléphant à plumes

Nuage de Nuit feat. Matin Embrasé

-T'as intérêt de faire mieux que moi, sinon, mes petits, j'crois que y'aura pas grand-monde dans le Clan qui sera là pour eux.

Nuit avait encaissé lourdement les paroles de son mentor, cette fois elle était bien sûr qu'elle ne pouvait plus rien faire pour lui, c'était désolant, douloureux mais ce n'était que la vérité. Mais le caractère de la femelle ne laissait pas passer ses paroles, la boule de mousse jaillit sur la tête du mâle sans qu'elle n'est put retenir quoi que ce soit.

- Crétin. Tu fais le comédien depuis toujours mais t'es même pas foutu de voir à quel point tu es entouré. J'en ai rien à faire d'avoir le Clan à mes pieds, ce que j'vois aujourd'hui c'est celui qui m'a tout enseigné et sans qui je serrais une guerrière banale, en devant novice j'étais même pas foutu de me retenir avant de foncer dans le tas.

Elle se détourna lentement, elle ne supportait pas plus les paroles du félin que son apparence désormais dépourvue de toute beauté. Il était tombé bien bas et elle voulait sortir au plus vite de cette tanière surement pas pur égoïste et pour se rappeler seulement du mentor formidable qu'elle avait eue et non pas de ce stupide félin qui gisait dans une flaque répugnante.

- De toute façon y'auras aucun mentor pour te remplacer à mes yeux.

Tandis qu'elle s'arrêtait sur le seuil de la tanière, la petite novice se retourna pour regarder une dernière fois celui qui lui avait enseigné tout l'art de la comédie.

- T'inquiète pas pour tes gosses, je serais encore là pour leur rappeler quel guerrier formidable tu étais, je suis sûr qu'ils apprendront vite comment être le parfait comédien, après tout ils descendent de toi alors regarde moi bien parce que je compte bien devenir une guerrière formidable pour que tout le monde se dise "Elle c'était l'apprentie de Matin Embrasé". Même si t'es con tu vas me manquer le roux, je serrais là pour tes petits.

Quand elle quitta la tanière, tous ses souvenirs avec ce vioch' lui parcoururent l'esprit, sans doute avaient-elle pleurée mais elle ne saurait le dire, c'était ici la fin du duo improbable qu'elle avait formée avec son mentor, à présent l'élève devait dépasser le maître.

codage par LaxBilly.

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La balle de mousse fut projetée sur sa tête, qu'elle mouilla un peu plus, avant de retomber dans la flaque d'eau pour l'éclabousser davantage. Mat n'en avait cure, il était déjà tout sale, et quelques gouttes de plus dans son pelage n'allaient pas le faire réagir, lui qui restait impassible alors que ses crocs et ses gencives se faisaient ronger peu à peu.

" Crétin. Tu fais le comédien depuis toujours mais t'es même pas foutu de voir à quel point tu es entouré. J'en ai rien à faire d'avoir le Clan à mes pieds, ce que j'vois aujourd'hui c'est celui qui m'a tout enseigné et sans qui je serrais une guerrière banale, en devant novice j'étais même pas foutu de me retenir avant de foncer dans le tas. "

Ce que tu ne vois pas, c'est qu'une guerrière banale est beaucoup plus heureuse qu'un oiseau blessé. rétorqua-t-il intérieurement. Puis il reprit à voix haute : " Ce sont des chats, autour de nous. "

Elle tourna la tête et marmonna. Il la sentait émue, mais ça passerait. Elle en avait déjà vu d'autres, et elle en verrait de pires. Il avait survécu à Nuage de Rosée et aux refus de Perche Farouche, alors elle lui survivrait bien, elle.

" T'inquiète pas pour tes gosses, je serais encore là pour leur rappeler quel guerrier formidable tu étais, je suis sûr qu'ils apprendront vite comment être le parfait comédien, après tout ils descendent de toi alors regarde moi bien parce que je compte bien devenir une guerrière formidable pour que tout le monde se dise "Elle c'était l'apprentie de Matin Embrasé". Même si t'es con tu vas me manquer le roux, je serrais là pour tes petits.
- C'est ça. " fit-il, ironique et vaguement amusé. La petite apprendrait à l'oublier, comme les autres. Elle essayait d'être gentille, sûrement, mais elle était dans l'excès.

" Eh bien bon vent, et bon courage parce que t'es à la bourre, chérie. " ricana-t-il ensuite. Sa façon à lui de s'excuser et de dire au revoir sans se rabaisser.

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■ Guérisseuse

J’ai fait une bêtise. Une grosse. J’ai mis en danger la vie d’un camarade qui m’est cher. Depuis notre rencontre avec le renard, et la plaie qu’il a reçu à la gueule, l’état de Matin Embrassé s’est dégradé de jour en jour. Je m’en veux tellement. Je n’ai pas désinfecter et je n’ai pas suffisamment insister auprès de lui pour qu’il reçoive les soins de Nuage des Ruisseaux. Et maintenant, j'ai peur qu'il ne soit trop tard pour lui. Je m'en veux tellement... J'aurais dût faire quelque chose.

Comme pratiquement tous les jours ces derniers temps, je vais m'enquérir de l'état de mon ami bicolore. Je vais à la tanière des guerriers, mais je vois qu'il est en pleine discussion avec son apprentie, Nuage de Nuit. Alors, j'attends patiemment dehors qu'ils aient fini, me focalisant sur l'activité régnant au sein du camp. J'ai l'impression que l'état de Matin Embrasé ne touche pas grand monde. Est-ce que ce sera la même chose pour moi quand je monterais au ciel ? Tout le monde s'en fichera ? C'est... Triste, non ? De se dire que ta mort n'affecte personne. Que le monde s'en fiche et qu'il continuera à tourner, même sans toi. Que tu ne posera pas ta marque dans ce monde et que tu ne manquera à personne. C'est... Effrayant, la mort...

Nuage de Nuit sort de la tanière et je la salue d'un signe de tête poli et respectueux, pour une chatonne de son rang, lorsqu'elle passe devant moi avant de m'engouffrer dans la tanière des guerriers. L'état de Matin Embrasé me glace le sang et je suis pris d'un frisson d’effrois. Il est si maigre ! Si sale ! Pourquoi est-il dans cette flaque de boue ! Il va prendre froid ! Il ne peut pas rester ainsi ! Aucun chat ne mérite de finir sa vie au fond d'une flaque de boue ! Je m'approche du mâle roux et à chaque pas que je fais le remords agrippe mes épaules pour s'infiltrer en moi et me serrer le coeur avec force au point de me le faire éclater en mille morceaux. Quand j'arrive au niveau du guerrier roux, mon visage est trempé de larmes et j'ai beaucoup de mal à articuler correctement.

- Ma-Mat-Matin Emb-Embra-Embrasé... Mon ami... Je suis t-térriblem-ment dés-solé ! C-C'est ma f-fau-faute ! J'au-j'aurais dût faire p-plus atten-tention à ta b-blessure ! Je... Je te d-demande p-pardon !

C'est de ma faute ! Tout ça parce qu'il a voulu me protéger d'un renard ! C'est moi que le canidé aurait dût emporté... Comment un guerrier borgne à la mémoire défaillante peut servir correctement son Clan ? Matin Embrasé à toujours servit le Clan efficacement lui. N'hésitant pas un instant, je vais me coucher dans la boue près du mâle pour enfouir ma truffe dans son flanc, où je sens ses côtes creusées par la faim et son affaiblissement généralisé.

- Pardon... C'est de ma faute... C'est moi... Que le renard aurait dût blesser... C'est moi... Qui devrais être dans ton état... Pardon, Matin Embrasé...

HRP:

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Merci à Runa pour la ref de Rafflésie

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Mat rabaissait son museau sans accorder davantage d'attention à Nuage de Nuit qui partait. Il ne voulait plus la voir, il ne voulait plus qu'elle le voie. Il ne voulait plus qu'on le voie tout court. Il comprit qu'il lui faudrait bientôt se lever et partir, c'était la seule fin possible. Un gros engourdissement dans ses pattes l'en dissuadait pourtant. Se lever serait très pénible.

Le rouquin grogna en sentant une nouvelle odeur se rapprocher, et décida de remettre cet effort à plus tard. A un moment où personne ne serait là à le regarder. Ronchon, il ne regarda même pas Pluie Battante bégayer et gardait la tête baissée vers l'eau sale, tandis que l'autre se mettait contre lui :

" Ma-Mat-Matin Emb-Embra-Embrasé... Mon ami... Je suis t-térriblem-ment dés-solé ! C-C'est ma f-fau-faute ! J'au-j'aurais dût faire p-plus atten-tention à ta b-blessure ! Je... Je te d-demande p-pardon ! Pardon... C'est de ma faute... C'est moi... Que le renard aurait dût blesser... C'est moi... Qui devrais être dans ton état... Pardon, Matin Embrasé... "
- Tais-toi donc ! " tempêta le rouquin, excédé. " J'ai pas besoin de vous voir pleurnicher, franchement, c'est insupportable ! C'est quand même pas toi qui va te plaindre, si ? "

Il lança un regard furieux au jeune guerrier, mais prit soin à ne pas trop approcher sa tronche malade de celle, saine, de son ami.

" Avec ce que je vais te laisser, si t'en as déjà marre, mon pauvre, t'es dans le pétrin. Perche Farouche n'est qu'une grognasse mais elle déteste les rabat-joies. Et c'est pas grâce à moi que les gamins vont avoir la vie joyeuse. "

Mat laissa Pluie savourer, en quelques instants de silence, la portée de ces mots, moins parce qu'il aimait le théâtre que parce qu'il se battait contre une brusque envie de tousser et de cracher aux pieds de Pluie Battante.

" Que ça reste entre nous, mais je suis sûr que Papille sera déjà assez inconsolable, sans moi, alors essaye de pas chopper ma crève. " parvint-il à coasser, plus malicieux, mais toujours un peu froid.

■ Guérisseuse

- Tais-toi donc ! J'ai pas besoin de vous voir pleurnicher, franchement, c'est insupportable ! C'est quand même pas toi qui va te plaindre, si ? "

Je suis surpris et je hoquète. Depuis quand Matin Embrasé est-il aussi exécrable ? Non, où sont passées sa bonne humeur et son optimiste ? Où est passé le Matin Embrasé que je connais et que j’apprécie tant ? Qu’es-tu devenu ? Les larmes continuent de couler sur mes joues, je n’arrive pas à les arrêter.

- Mais, c’est ma faute si t’es malade ! J’aurais dût te soigner ! A quoi ça sert, d’aider Nuage des Ruisseaux si c’est pour être un poids qui cause plus de mal que de bien ?

Mais quand même, par respect pour mon ami qui ne veut pas me voir pleurer et qui n’en a surement pas besoin, je me redresse et me ressuie les yeux de mes pattes. Puis, je me campe bien sur mes quatre pattes et j’attrape mon camarade de Clan par la peau du dos et je le traîne jusqu’à un nid où il pourra reposer tranquillement.

" Avec ce que je vais te laisser, si t'en as déjà marre, mon pauvre, t'es dans le pétrin. Perche Farouche n'est qu'une grognasse mais elle déteste les rabat-joies. Et c'est pas grâce à moi que les gamins vont avoir la vie joyeuse. "
- Attends…. Quoi ? Que comptes-tu me laisser ? Tu ne peux pas partir ! Tes petits ont besoin de toi !

Je le vois son regard furieux et je ne vais pas mentir, il me fait un peu peur, en réalité. Mais peu importe ses protestation ou qu’il ne soit pas content, un malade ça ne proteste pas. Puis Matin Embrasé fait encore le malin en me disant que « Papille » sera inconsolable sans lui et je secoue la tête guerre d’humeur à plaisanter.

- Papillon Blanc ne sera pas inconsolable car tu ne vas pas disparaître ! J’y crois ! Tu dois vivre pour tes petits ! Ils ont besoin de toi ! J’ai vu Patte Grise en venant ici ! Je crois qu’il s’inquiète beaucoup pour toi !

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" Papillon Blanc ne sera pas inconsolable car tu ne vas pas disparaître ! J’y crois !
- Ah beh au moins t'es drôle quand tu veux *kof kof* Tout n'est pas perdu ! " ironisa Mat, qui dut tout de même cracher au milieu de sa phrase pour extirper une chose répugnante de sa bouche.

Il disparaîtrait le soir même, il se sentait presque prêt pour ça. Il fallait juste espérer que ses pauvres pattes le lui permettent. Mais pour cette cause-là, elles arriveraient bien à rassembler leurs dernières forces, quand même ! Elles n'étaient pas si empotées !

" Tu dois vivre pour tes petits ! Ils ont besoin de toi ! J’ai vu Patte Grise en venant ici ! Je crois qu’il s’inquiète beaucoup pour toi !
- Il s'inquièterait moins sans un vieux malade inutile pour lui tousser dessus et lui montrer le mauvais exemple. Sa mère est pas si folle de lui interdire de me voir, tout compte fait. Y a ptêt une chance qu'il passe pas sa vie à attendre comme un benêt, lui. "

Plein d'amertume et de rancœur, le rouquin songeait au désespoir qui l'avait habité, depuis ses vingt lunes. A cette espèce de solitude pesante qui s'était toujours un peu abattue sur lui, aux entractes de ses numéros de clown. Il s'était toujours fui, mais maintenant, il ne pouvait plus rien fuir. La mort venait, et il fallait un peu tout voir. Le temps et les apparences devenaient choses absurdes, insignifiantes. Là vers où il se rendait, il ne pourrait berner personne.

Mat voulait être vraiment honnête.

" Je m'en vais ce soir, ça sera plus facile pour tout le monde. Et que tu sois d'accord ou pas je m'en fous. J'ai bien le droit de décider ça, quand même. Tu tiens pas à ce qu'on m'enferme avec tous ces vieux ingrats qui m'ont jamais dit merci pour ce que je leur rapportais à manger, si ? "

Mat ne détestait pas vraiment les anciens, mais au fond, c'était du Clan tout entier qu'il parlait. De ce Clan qu'il ne consoliderait plus jamais comme il avait su le consolider avant. Il n'était plus bon qu'à se plaindre des autres, alors autant qu'il se sépare d'eux pour les laisser tranquilles et pour être tranquille.

" Bon allez, zou, laisse-moi me préparer. " ordonna-t-il en relevant impérieusement la tête. Il se donnait les airs de quelqu'un de si occupé qu'il n'avait plus de temps à perdre pour plus d'au revoir.

De toute façon, Pluie Battante aussi finirait bien par mourir.

Spoiler:

♪ Apprentie

Ce matin-là, le soleil brillait, l'eau murmurait, les oiseaux chantaient et les feuilles vertes bruissaient dans la brise fraîche qui jouait, malicieuse, dans les fourrures bigarrées du clan de la Rivière; tous se remettaient de leurs blessures, le gibier attendait sur la pile, quelques guerriers ajoutant des proies, une reine et une guerrière partageant ça et là... Tout semblait rassemblé, aux yeux de Museau Bleu, pour une belle journée. La vétérane à la fourrure beige et grise bleutée, sable et écume, se sentait elle-même apaisée, avec le retour de Nuage de Blaireau, l'entraînement de sa propre apprentie qui se déroulait bien, et le groupe qui prospérait, selon la princesse de l'eau. Sauf que tout semblait morose, et qu'une pointe d'inquiétude mêlée de tristesse lui titillait le cœur. Une pointe sombre, parée de regrets, qui avait un jour été une lumière, flamme ardente dans sa vie, phare dans la tempête, étoile dans la nuit. Il manquait le gentil bouffon, son ami, son camarade de discussions et de sous-entendus, aussi; il manquait Matin Embrasé, simplement, pelisse rousse et prunelles dorées. Mais le matou flamboyant ne semblait plus, ces temps-ci, que l'ombre de lui-même...

Rassemblant son courage, la guerrière ravala ses plaintes et ses larmes, croisant en chemin une Nuage de Nuit bien remontée - ce qui était fort peu étonnant vu les caractères du mentor et de l'apprentie - puis entendit un peu plus loin la voix d'un Pluie Battante éploré et, comprenant vite qu'elle avait raison et que la scène ne pouvait venir que de cela, se dirigea, d'un pas lent, posé, autant que possible, vers son ami. Dramatiser ne servirait à rien. Bien sûr qu'il lui manquerait ! Mais il détesterait qu'on s'apitoie sur son sort, et elle avait envie de le secouer un peu, de rire, aussi, si elle le pouvait, de lui arracher un sourire, quelques mots, de lui faire des promesses. Par de grandes phrases ou en silence. Des serments du cœur, qui voulaient juste dire « Je serai là ». Pas grand-chose. De toute façon, ce n'était que l'affaire de quelques lunes... Un jour, il y aurait les Étoiles, et elle espérait bien qu'il l'accueille en riant d'elle, avant qu'elle n'aille saluer, gentiment, Étoile du Corbeau - même du haut du ciel, elle n'aurait sans doute pas sa place à ses côtés... Mais ceux qu'on aime ne nous quittent jamais vraiment, et si la peine restait présente, Museau Bleu avait aussi la foi. La foi en des jours meilleurs. L'espoir d'un renouveau, de retrouvailles. Alors elle inspira profondément et avança, droit vers les deux mâles. Elle était droite, malgré le poids des multiples pertes qu'elle portait déjà; elle ne s'effondrerait pas. Même si le torrent d'émotions grondait...

Qu'importe que le vent hurle. La montagne jamais ne ploie devant lui.

« Bon allez, zou, laisse-moi me préparer. » disait Matin Embrasé.

L'introduction parfaite pour une pique malicieuse.
À cet instant précis, elle s'arrêtait devant lui.
Avec une parodie de révérence, la féline miaula :

« Sa majesté le prince du ciel a-t-il une minute à accorder à une pauvresse ? Ou croit-il que sa Muse abandonne le poète ? »

Ses yeux verts brillaient de malice autant que d'affection - leur vieux code. Personne ne comprendrait mais... C'était bien comme ça.

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Eléphant à plumes (libre) - END Vague_11

Eléphant à plumes (libre) - END Vague_13

La référence de Vague :

Merci Lou d'avoir immortalisé ma jolie muse :

Autre Mumuse :

Cuuuuute :

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» Plumes et écailles ft. Moino & Cobra - abandon
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