Les ânes sont gris (avec Pluie Battante) - end

" Nuage d’Émeraude est un peu trop jeune pour te former. Il faut qu’elle finisse sa formation. Ensuite, Nuage de Nuit, oui, elle pourrait effectivement être mentor. Elle ne devrait plus tarder à passer guerrière. Après tout, je n’avais rien à lui apprendre, Matin Ebrasé avait bien fait son travail. Pour Museau Bleu, elle est très occupée avec la formation de Nuage de Méduse tu sais ? Quant à Hibou Nocturne… " remarqua Pluie Battante tandis que le mioches, à ses pattes, continuait de le suivre, en sautillant presque, ce qui n'était pas pour économiser son énergie. Finalement, il dut reprendre son souffle et passa son museau contre la patte de son parrain pour l'inciter à s'arrêter. A cet instant, même s'il ne pouvait pas voir la tête du guerrier, il sentit quelque chose de la vague de tristesse qui s'abattait sur lui. Il eut l'air de subir, quelques secondes, un poids énorme contre lequel il était incapable de résister, avant de retrouver son calme. C'était pour Patte Grise un phénomène incompréhensible, indescriptible, et pourtant, il s'en sentait tout bouleversé.

Sa queue effleura la patte de son parrain alors que ce dernier reprenait, inchangé dans ses intonations :

" Il faut pas être trop brusque avec Hibou Nocturne. Il est terriblement malade, tu sais ? Et hormis Patte de Loutre, il n’a plus aucune famille. Ils sont tous montés aux Étoiles avec Matin Embrasé et je crois qu’il attend juste le moment pour les rejoindre. Alors soit gentil avec Hibou Nocturne. Il a perdu ses petites sœurs et son frère, tu sais ? Tu essayes de t’imaginer sans Boule Orangée, Petit Renard et Petit Goujon ? Tu serais triste, pas vrai ?
- Bah oui mais bon il ferait quand même un mentor rigolo ! "

Le mioche ne comprenait toujours pas pourquoi les malades étaient obligés de fuir et de disparaître sans raison alors qu'on les aimait, mais en tout cas, il voyait bien comment son père avait cessé de les visiter, et se doutait que c'était le même horrible sentiment qui animait désormais Hibou Nocturne. Peut-être avait-il ressemblé à son papa, avant d'être "malade".

" On attrape le déjeuner de Maman et je te montrerais quelque chose, d’accord ?
- Supeeeeeer ! " s'exclama le mioche en réponse. En effet ils s'approchaient de la Rivière, désormais !

Alors que Pluie Battante essayait de pêcher, lui, il se mit un peu plus bas pour boire, histoire de profiter un peu d'être là. Quelques lapées d'eau fraîche au matin qui lui permettraient de ne pas avoir besoin d'accompagner sa mère lorsqu'elle emmènerait Boule Orangée et les autres boire ! Patte Grise était trop jeune pour planifier sa journée au-delà de sa promenade avec Pluie Battante (puisse-t-elle ne jamais prendre fin), mais il se doutait que boire à chaque fois qu'il le pouvait été un bon réflexe.

" On va reéssayer, d’accord ? fit son parrain après avoir loupé un poisson.
- Si tu veux ! Allez plonge et attrape PLEIN DE POISSONS ! " l'encouragea le môme, en reculant un peu pour sa part, car il comprenait vaguement que sa présence auprès des flots perturbait la pêche, ayant déjà vécu plusieurs fois cette scène avec sa mère.

Tapi dans l'herbe, il regardait attentivement faire le guerrier, et même s'il ne comprenait pas tellement pourquoi il s'y prenait de cette façon-ci et pas d'une autre, il trouvait tout de même ce spectacle intéressant, car il savait que d'un instant à l'autre, comme par magie, il verrait sûrement un poisson apparaître comme par miracle entre les griffes du guerrier pour revenir à terre, frétillant.

Patte Grise en plein d’entrain, c’est rigolo à voir. Le jeune mâle me fait rire. Il est mignon à essayer de m’encourager, ce gamin, mais en hurlant comme il l’a fait. Il a pas mal fait fuir le poisson. Bon, on va user de la technique de lâche ultime pour pêcher. J’aime pas réellement faire ça, en prime.

Frissonnant légèrement, parce qu’elle est glaciale en ce début de matinée, je mets les pattes dans l’eau. L’avantage d’être grand, c’est que je touche bien le fond là. En même temps, j’ai pas pris un endroit où l’eau était particulièrement profonde, au cas où Patte Grise tomberait à l’eau. Et oui, je suis prévoyant. Du coup, l’eau m’arrive un peu en-dessous du coude. Je me mets à gratter énergiquement le fond de la rivière pour remuer la vase, salir l’eau au possible pour que les poissons ne puissent plus traverser. Et je m’assure d’avoir bien remuer le fond de l’eau avant de remonter.

J’invite, d’un geste de la queue, mon filleul à s’approcher de l’eau pour lui montrer l’eau boueuse au-dessus desquelles les poissons sautaient pour aller dans une eau plus saine.

- T’as vu l’eau comme je l’ai remuée ? C’est pour obliger les poissons à passer par-dessus et ainsi en attraper un plus facilement. C’est Aigue-Marine qui m’a montré cette techniquement de pêche. Tu sais c’est qui ?

[C'ets un peu court, sincèrement désolée]

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'Chasse Rivière' :

Le chaton eut un rire ravi lorsque son parrain pénétra dans l'eau : " Haha tu vas être tout mouillé maintenant ! Allez un poisson ! Un poisson ! Tiens là regarde y'a un gros gros gros gros gros gros gros gros gros poisson ! " inventait-il, en se répétant, et en faisant semblant de repérer une proie, ce qui, de là où il était, était parfaitement impossible.

Mais il ne s'approcha pas davantage, pour ne pas fâcher son parrain. Toujours, les grands s'affolaient quand il s'approchait de l'eau. Mais cette fois-ci, étonnamment, ce fut le contraire, Pluie Battante en sortit et l'invita à venir voir de plus prêt. Patte Grise vit d'abord qu'il sortait sans poisson et songea que c'était bizarre. Prudent, il se dandina donc jusque vers la berge, et regarda l'eau boueuse qui s'y trouvait.

" T’as vu l’eau comme je l’ai remuée ?
- C'est tout sale ! C'est que de la gadoue !
- C’est pour obliger les poissons à passer par-dessus et ainsi en attraper un plus facilement. C’est Aigue-Marine qui m’a montré cette techniquement de pêche. Tu sais c’est qui ?
- Non connais pas. Mais ma maman elle s'appelle Perche Farouche ! "

Ça ressemblait à "pêche". Il regarda son parrain d'un air fier de lui, comme si le fait qu'il connaisse le nom de sa maman signifiait évidemment que lui aussi il était très savant.

" Et donc et donc il va y avoir plein de poissons ? " demanda-t-il, un peu naïf. Il ne comprenait pas trop ce que lui avait expliqué son parrain, mais il avait hâte de voir la proie ramenée sur terre. Ses petits yeux gris se perdirent sur les flots. Il essayait d'en voir un.

" Regarde là ! Là !!!!!! " s'exclama le mioche, surexcité, qui avait vu quelque chose flotter sur l'eau.

Une vieille branche. " C'est moi qu'ai vu le premier !!!!!! T'as vu comme il est grand ? " se venta-t-il ensuite, en ne quittant plus son "poisson" des yeux. Il n'oserait jamais plonger pour aller le chercher, et il devinait que la cible était trop loin pour qu'on l'intercepte.

Mais quand même, c'était un poisson !

- Non connais pas. Mais ma maman elle s'appelle Perche Farouche ! "

Ce petit me fait rire et je ne cache pas mon ricanement. Mes épaules sont secouées de soubresauts car c’est dur pour moi de retenir mon fou-rire devant l’air fier du bambin, content qu’il était de connaître le nom de sa mère. Au final, c’est trop dur de me retenir plus longtemps et j’explose de rire, en tremblant. Il faut que je me calme, je ne veux pas le faire bouder. J’arrive enfin à me calme après plusieurs secondes à rire.

- Ma Maman s’appelait Fleur de l’Aube. Mais Aigue-Marine, c’était la première lieutenante d’Étoile de Pierre. Elle était aussi sa compagne et la mère de Petit Amethyste, Nuage d’Emeraude, Nuage de Jaspe, Nuage d’Opale et Nuage de Quartz. Et elle était ma mentor, aussi.

J’ai pas envie de partir dans des explications compliquées pour une petite tête comme lui, alors je préfère simplifier : Aigue-Marine a été mon mentor. J’ai aussi eût Papillon Blanc et Bruine Pluvieuse, mais ça, il n’est pas obligé de le savoir.

" Et donc et donc il va y avoir plein de poissons ? "

Je hoche la tête, mon regard posé sur le petit lorsqu’il se met à beugler qu’il a vu un énorme poisson qu’il pointe de la patte. Je suis son regard qui se pose sur une branche. Une grosse branche, mai sune branche quand même. Il y a encore pas mal de travail à faire, mais je suis sûr qu’il fera un aussi bon guerrier que son père. Pour l’heure, j’agite la queue d’amusement.

- C’est une branche, Patte Grise. Mais c’est bien essayé. La prochaine fois, sers-toi de ta truffe, mon petit. Elle est là pour t’aider aussi.

Juste après que j’ai fini de parler quelques poissons se mettent à sauter hors de l’eau pour traverser la boue remuée. Sans aucune hésitation, je lance ma patte et celle-ci vient frapper un poisson de plein fouet et l’entraîne sur la rive. Quelques secondes plus tard, je suis dessus et je l’achève, tenant fièrement le corps d’une perche entre mes crocs.

- Alors, qu’en dis-tu ? Pas mal, hein, cette perche ? Ta mère sera contente, tu crois ?

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'Chasse Rivière' :

Il y avait des fois où Nuage Gris ne faisait pas exprès d'être ridicule, et ces fois-là, ça l'énervait toujours un peu de voir des guerriers rire sans comprendre pourquoi ils riaient, surtout quand il leur faisait confiance. Ça devait être des pathétiques trucs de grands, mais il voulait quand même savoir. Et Pluie Battante, au lieu de la blague, se contenta de lui parler d'autres mamans qu'il ne connaissait pas.

Après quoi il ne s'emballa pas outre mesure par son poisson.

" C’est une branche, Patte Grise. Mais c’est bien essayé. La prochaine fois, sers-toi de ta truffe, mon petit. Elle est là pour t’aider aussi.
- Mais... pfff... mais non je parle pas de la branche je parle du poisson, là ! " rétorqua le mioche, qui, un peu vexé, feignait maintenant de fixer un point pas très loin de la branche, avec un rien de mauvaise foi.

Pluie Battante, qu'il sentait toujours hilare, se laissa vite, heureusement pour Patte Grise, absorber par la Rivière. Ce dernier ne remarqua pas du tout les mouvements qui avaient attiré l'attention du guerrier, aussi fut-il très surpris de le voir brusquement éjecter hors de l'eau un poisson frétillant.

" Han-j'ai-pas-compris-comment-t'as-fait-c'est-quoi-j'peux-l'tuer-dis-j'peux-l'tu... " scouitch

Trop tard pour le tuer, mais ça ne calma pas le moins du monde l'enthousiasme du gamin qui continuait de regarder le poisson entre les crocs de son parrain comme s'il attendait qu'il le pose pour pouvoir l'étudier de plus près comme les chatons insouciants savaient le faire.

" Alors, qu’en dis-tu ? Pas mal, hein, cette perche ? Ta mère sera contente, tu crois ? " articula Pluie Battante, sans lâcher sa proie.

" Bof je sais pas... " soupirait le gamin, évacuant la question de sa mère qu'il n'avait pas tellement envie de revoir, mais qui fixait toujours "le poisson" avec des yeux brillants : " Mais il est beau, hein, le poisson ? Mais bon celui que j'avais vu eh bah il est plus gros. "

Il le disait moins pour se venter que parce qu'il n'avait pas tellement envie que son parrain se mette en tête de le raccompagner jusqu'au camp. Ce serait tellement bien qu'ils puissent rester ensemble, tous les deux, ici toute la journée, même plus...

Sans faire exprès le chaton toucha son parrain de la tête, et aussitôt, il s'exclama :

" T'es tout-mouillé-tout-craspouille ! Tu vas chopper la mort ! "

Comme si c'était un scandale ! Comme si par conséquent c'était impossible de rentrer ! Il reprenait sans en être conscient le ton agacé de sa mère lorsqu'elle les voyait, lui et son frère, après un de leurs jeux dans une flaque d'eau.

" Bof je sais pas... Mais il est beau, hein, le poisson ? Mais bon celui que j'avais vu eh bah il est plus gros. "
- Ha ha ha ! Sacré phénomène, ce Patte Grise. Tu veux essayer de l’attraper alors ton « gros poisson » ?

Je ricane, toujours sans aucune méchanceté alors que je pose ma perche morte au sol. C’est au même moment que Patte Grise me touche de la tête avant de s’exclamer que je suis tout sale et tout mouillé. Ouais, c’est vrai. Mon pelage dégouline d’eau. Je lève donc une patte pour la laver, soigneusement, observant Patte Grise du coin de l’œil. Je répète la même opération avec mes trois autres pattes, me dépêchant de les laver.

- Bon, mon grand, tu veux rentrer maintenant ou pas ? Je me doute que non, hein ? Je crois avoir promis à un jeune chaton quelque chose à montrer, hein ? Allez, suis-moi !

D’un geste de la queue, j’invite le petit à me suivre, me calant toujours sur son pas, la perche en gueule. Je l’emmène au bassin des chutes d’eau. L’endroit est bien pour un plongeon matinal, même si ce n’est pas ce que je préfère. Je m’arrête quelques secondes près d’un petit monticule de terre retournée le temps d’adresse une prière à Nuage de Taupe et, mon poisson en gueule, je retourne auprès de Patte Grise.

- J’aime bien venir ici. Le bruit des chutes est un peu reposant et le bassin est bien pour faire un petit plongeon. L’eau n’est pas profonde. Alors, qu’est-ce que t’en dit ? Tu voudras venir ici avec moi plus souvent ?

(Sincèrement désolée pour le retard ! :c)

Spoiler:

" Ha ha ha ! Sacré phénomène, ce Patte Grise. Tu veux essayer de l’attraper alors ton « gros poisson » ?
- Ah non hein ! Je suis tout sec ! " protesta, scandalisé, qui avait trouvé l'excuse parfaite pour ne pas révéler qu'au fond il avait peur de plonger.

Et tandis que Pluie Battante se séchait à son tour, Patte Gris se mit derrière un arbre, à distance raisonnable de lui. Pour être sûr de ne pas se laisser mouiller par quelque plaisanterie du guerrier, et pour jouer, aussi, à se cacher.

" Bon, mon grand, tu veux rentrer maintenant ou pas ? Je me doute que non, hein ? Je crois avoir promis à un jeune chaton quelque chose à montrer, hein ? Allez, suis-moi ! " lâcha malgré tout le guerrier une fois propre. Il avait l'air, et ça rendait le petit aussi admiratif qu'intrigué, d'avoir tout à fait compris où il se trouvait et de ne pas être le moins du monde surpris de ne pas le voir. Du coup il renonça à sa cachette et se dandina pour rejoindre son parrain, joyeux d'entendre qu'on ne le laisserait pas trop vite. Et il le suivit à toute allure, tandis que le grand tenait le poisson entre ses crocs.

Ils se dirigeaient, le chaton ne tarda pas à le comprendre, vers un endroit où tonnait un bruit énorme, impressionnant et surtout, inhabituel pour un petit comme lui. Ce n'était pas le bruit de la Rivière, c'était beaucoup plus violent, si grave que tout le sol en tremblait et que Patte Grise se demandait presque s'il s'agissait à l'origine d'un vacarme puissant et étourdissant ou des vibrations bruyantes que produisait non loin un monstre gigantesque. Il se tenait tout près de son parrain, bien à l'abri contre sa patte, et nullement à l'aise.

Ce dernier lâcha son poisson. Il avait l'air tout tranquille.

" J’aime bien venir ici. Le bruit des chutes est un peu reposant et le bassin est bien pour faire un petit plongeon. L’eau n’est pas profonde. Alors, qu’est-ce que t’en dit ? Tu voudras venir ici avec moi plus souvent ? " faisait sa voix, en haut.

Et le petit, lui, il osait à peine regarder l'eau et le torrent redoutable qui se perdait dans le vide. Il trouvait que tout ceci avait des allures de fin du monde et enfouit un peu plus encore sa tête dans la patte de son parrain.
" Avec toi c'est... c'est très bien... " parvint-il à chuchoter en se voulant brave malgré sa frayeur. Mais il gardait les yeux fermés, et peut-être aurait-il aussi aimé fermer ses oreilles pour les tenir à l'abri de tout ces bruits nouveaux.

" Je comprends pas... " reprit-il ensuite, d'une voix si faible que ça se perdait peut-être dans la mélodie de l'eau. " C'est quoi qui fait ça ? "

Moi, j’ai l’habitude de venir ici, mais pas Patte Grise qui sort à peine du camp. Je me suis rendu compte de mon erreur après, quand le petit cache sa tête dans mes pattes. Mais ça me fait malgré tout sourire, et je pose ma queue touffue sur son dos, dans un geste qui se veut rassurant.

- Ce bruit ? C’est l’eau de la cascade qui vient dans le bassin. Mais ce n’est pas dangereux. Regarde.

Je m’avance à petit pas vers le bassin, laissant le poisson vers la berge, qui irait me le voler, et mettant mes pattes dans l’eau. Je ne dirais pas que je pourrais plonger vraiment la tête sous l’eau, mais au moins, j’accepte d’avoir de l’eau jusqu’au coude. C’est un très gros effort et je suis plutôt fier de moi.

Je me tourne vers mon filleul, je lui fait un sourire d’encouragement avant de l’inciter à me rejoindre d’un geste de la queue.

- Approche-toi, n’aie pas peur, tu ne crains rien, tu verras. Même moi je peux le faire. Viens, Pattes Grise. Je suis là en cas de problème, de toute façon.

J’attends patiemment que le chaton me rejoigne, s’il en a envie, souriant d’une façon encourageante.

[Désolée, c'est assez court]