Rencontre du troisième type. -end

Feulement Nuageux avait fraîchement été nommé apprenti. Dans un bordel sans nom causé par sa propre personne, certes, mais peu lui importait. Vraiment. Les règles, le code du guerrier, les ancêtres, les cérémonies, les rituels lui passaient par-dessus la tête. C'était triste à dire mais, le jeune mâle, bien que de sang pur, était étranger aux clans.

Alors oui, un chat de son rang était censé demander l'autorisation avant de sortir mais lui n'avait pas consulté son mentor avant de franchir la sortie du camp. Il ne savait juste pas qu'il devait le faire. Et même s'il le savait? L'aurait-il fait? A débattre.

Le demi-sauvage s'était aventuré dans la pinède de l'ombre, tous ses sens en alerte. Tant et si bien qu'il en aurait presque frôlé la paranoïa. Le moindre bruit, la moindre ombre, la moindre branche cassée était un potentiel danger. Il se faisait plus ou moins discret bien que la furtivité n'était pas son atout principal.

Mais plus qu'une promenade de santé sa petite escapade était surtout une partie de chasse. Il mettait en application les quelques conseils de son mentor, bien qu'il le méprisait, dans l'optique de ramener quelque chose au camp ce soir. Plus pour lui que pour ses camarades de clan d'ailleurs. L'esprit d'équipe ne faisait pas partis de son registre et honnêtement Feulement comptait bien dévorer sur-le-champ ce qu'il arriverait à capturer. S'il arrivait à capturer quelque chose.

A force d'errer et de chercher le gamin avait même fini par franchir la frontière de son territoire. Pénétrant les terres neutres sans vraiment y faire attention. Oh il avait conscience qu'il n'était pas chez lui, mais il n'était pas chez quelqu'un d'autre non plus hm?

La brise était fraîche, le soir venait doucement et le vent apportait avec lui de nombreuses effluves. Feulement Nuageux n'était pas un chasseur expérimenté. Bien au contraire. Il n'avait pratiqué cette activité qu'une seule fois dans sa vie. En compagnie de Douces Caresses. Il y a un jour ou deux. C'est donc avec légèrement de confusion et beaucoup de prudence qu'il s'avança dans ces lieux qu'il ne connaissait pas bien. Encore moins que les terrains boueux de sa tribu.

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Le chemin du tonnerre, ou la route comme l'appelaient simplement les Lunar Pod, Cette longue rayure grise divisant la végétation qui venait de lui apparaître au détour d'un buisson ne lui était pas totalement inconnue. A force de vivre dehors et d'être trimbalé d'un endroit à un autre, forcement, il connaissait déjà certains trucs que des chats de son âge n'avaient peu-être jamais eu l'occasion de voir.

C'est au bord du bitume qu'une grosse masse noire attira son attention. Un volatile sombre était penché au-dessus de ce qui semblait être le maigre et misérable cadavre d'un lézard écrasé encore collé au goudron.

L'oiseau était immense et imposant. Mais toute son attention était absorbée par le corps aplatit dont il tirait la queue.

Feulement Nuageux n'était pas le genre de chat à avoir froid aux yeux. Alors il s'approcha, doucement, se rapprochant du sol comme s'il souhaitait fusionné avec lui. Ses pupilles s'étaient dilatés, ses oreilles aplatit et son postérieur remuait légèrement de droite à gauche alors qu'il se préparait à bondir.

Puis il se figea.

Il se figea lorsque le corbeau sauta sur le côté avec son butin, effrayé par une voiture qui était passée un peu trop près.

L'ombreux aussi avait dû s'empêcher de bondir face au bruit assourdissant de ces créatures de fer. Mais il l'avait bien compris suite aux quelques fois où il les avait aperçus. Elles restaient toujours sur leurs chemins artificielles.

Alors lorsqu'à nouveau le fruit convoité à plume continua de picorer curieusement le reptile en oubliant complètement son entourage le fils de Serpentaire jugea que le moment attendu venait de se présenter à lui. Et il jugea bien. Car lorsqu'il bondit en l'air le gros piaf n'eut pas le temps de tourner sa grosse tête avant que l'apprenti ne lui tombe dessus toutes griffes dehors.

Ses techniques de misent à mort n'étaient pas du vraiment au point alors c'est plutôt hasardeusement qu'il planta ses crocs là où il put tandis que la créature sombre se débattait en poussant des cris de rage et de terreur. Et bientôt, ses mouvements cessèrent.

Feulement Nuageux se redressa avec fierté au-dessus de sa prise, entourés des plumes qui avaient parsemés le sol dans le chaos qui avait précédé la mort de la bête. Le clan de l'Ombre pouvait cracher sur son attitude sauvage autant qu'ils le voulaient mais, s'il ramenait ce putain de corbac au clan ils ne pourraient que se la fermer.

Rat --- é

Enfin, pas rat, puisque c'était une souris, mais ce n'en était pas une car la voilà partie. Si Trash l'avait vu, il se serait bien moqué de lui : la souris avait été immobile, sur la chaussée, et il s'était caché (avec Ollie) dans la dépression qui séparait la bande du rebord de l'autoroute des hautes herbes de la Lande et l'angle avait été parfait pour une chasse sans pitié mais sitôt son bond entamé qu'il s'était épris de regret. Cette pauvre souris - que ferait sa famille si elle ne rentrait jamais à son nid? Et le regret lui avait fait courber la patte et pivoté sa queue d'un tour de trop et l'avait déséquilibré dans son bond et elle était partie. Rusty ré-atterit au sol sans misères, redressant la tête après coup, rabaissant sa queue et balayant la chaussée d'un mouvement avant de pousser un soupir de dérision. Oui, Trash se serait bien moqué de lui de s'en faire autant pour des proies. Il n'avait plus le loisir de manger des croquettes à la ville et s'il avait l'intention de remplir sa gamelle (il l'avait amenée avec lui (et Ollie!) dans la "construxion" du Verger où il vivait désormais) il devait le faire à la dure.

Il se dit que la Fée des Étoiles devait lui rendre la vie dure pour l'endurcir, aussi il ne laissa pas son échec le décourager. Il aurait une autre chance, suffisait d'un peu de patience! En tournant les talons, sortant la croupe et s'abaissant dans la dépression où il avait caché Ollie, Rusty le saisit par ses côtés pour bander les muscles de son dos et ceux de son avant-main et le tirer à la force de ses dents. Une fois à plat sur la bande de l'autoroute il s'ébroua et monta le skate, et un coup de patte par-terre le propulsa vers l'avant -- brusquement ses yeux s'écarquillèrent en voyant non pas un mais deux corbeaux (?) surgir du bourbier - mais l'un d'eux, beaucoup plus gros et massif l'étreignit entre ses ailes pour lui couper les airs ; l'oiseau chuta sous le premier et c'est dans la lumière que l'abyssin put déceler dans la face de l'adversaire non pas un bec mais des crocs acérés qui se plantèrent dans la gorge - l'oiseau se débattit en croassant - dans le dos - l'oiseau battit fervemment des ailes - et enfin sous son œil où on l’abattit pour de bon.

Le faux-corbeau eut un mouvement vers le haut en se redressant, avec en gueule son butin, et l'abyssin freina aussitôt la folle cavalcade de son skate qui se cabra comme un fier destrier devant l'étranger. Ollie piqua du nez et retomba bruyamment sur ses roues d'avant, dévoilant au monstre en poils et plumes l'abyssin cannelle qui se trouvait dessus, les yeux ronds, la position rassemblée autant pour s'équilibrer sur son rouli-roulant que pour éviter la mauvaise surprise d'être attaqué.

Le crissement des roues sur le bitume, envoyant voler de petites pierres sur son passage lorsque la planche de Rusty s'arrêta brutalement, détourna l'attention du chasseur. Passant de sa grosse proie au chat roux-brun qui se tenait devant lui.

Ce sont donc deux regards écarquillés qui se croisèrent. Deux chats autant stupéfait l'un que l'autre.

Non pas que voir le joli mâle de l'autre côté de la barrière végétale qui se formait entre la route et le reste de la forêt le choquait. Mais c'était bien son étrange destrier qui le surpris, pire, l'apeura. L'apprenti fit le dos rond face à l'étrange créature colorée que montait l'inconnu face à lui. Il n'aimait pas ce qu'il ne comprenait pas. Toujours signe de malheur ces conneries. Regardez la lune et les étoiles par exemple. Si ça s'trouve, cette bestiole était aussi la source de superstitions pour son cavalier. Peu-être que lui aussi allait l'agresser au nom de...De ce truc.

Le gamin fit un pas en avant, comme pour protéger son butin, tout ébouriffé. Pas près de se le laisser piqué par l'étrange énergumène.

"C'est quoi ça?!"

Feula t-il.

"Écarte ça de moi!"

Bien que le domestique se tenait à une distance raisonnable de lui.

C'était à n'y rien comprendre. Rusty tentait tant bien que mal de lire la scène et l'énergumène devant lui mais il n'arrivait pas à distinguer qui était au chat et qui était au corbeau - et les plumes dans la fourrure du fauve n'aidaient en rien son analyse! II plissa les paupières et ses grandes oreilles s'abaissèrent en même temps que sa tête et tandis qu'il ne se gênait absolument pas pour dévisager l'animal ce-dernier s'adressa soudain à lui :

— « C'est quoi ça?!
— --MII !
— Écarte ça de moi! »

À l'instar de son interlocuteur il fit le dos rond, reculant vivement la tête les yeux ronds comme des ballons. Sa queue s'était gonflée au même titre que sa gorge s'était contrainte au point d'y bloquer son souffle, et pour peu, sa vision se troubla et il sentit la réalité lui échapper entre les griffes. Un tic! le sortit de sa torpeur, il baissa vite les yeux pour se rendre compte que ses griffes s'étaient en effet rétractées aussi il s'empressa de les remonter. Il expira son air, à mi-chemin entre la prudence et le soulagement, avant de se rendre compte que sa peur avait été plus instinctive que raisonnée... C'était que lui et l'autre se trouvaient à bien plus qu'une longueur de queue de différence...

Rusty toutefois n'appréciait pas qu'on traite de tel ce qui était pour lui un membre de sa famille.

— Ce n'est pas « ça », c'est Ollie! Et Ollie est inoffensif tant qu'il est contrôlé, rassur-- tiens c'était... c'était un chaton ou un adulte? Il tenta de sauver la face -- rrreeez vous, monsieur?... Il pointa une oreille devant et en tordit une derrière, avec la vilaine impression de vouloir lui aussi s'échapper comme la souris qu'il avait ratée tantôt.

Quel étrange spectacle. Deux chats se faisant le dos rond, l'un sur un skateboard et l'autre protégeant un gros corbeau mort, tout cela sur le bord de la route. Imaginez ça, de quoi faire le buzz sur le web à l'aide d'une vidéo tremblante et incroyablement mal filmée.

Feulement Nuageux releva une patte griffu comme pour avertir le chat en face de lui qu'il n'avait pas peur de lui faire retomber sur le visage, bien que vu la distance qui les séparait, ce ne serait pas quelque chose de particulièrement faisable sans avoir à faire quelques pas en avant.

" Ce n'est pas « ça », c'est Ollie! Et Ollie est inoffensif tant qu'il est contrôlé, rassur-- "

Petite hésitation.

" -- rrreeez vous, monsieur?... "

C'était la première fois qu'on l'appelait ainsi, ajoutant à la confusion de l’apprenti.

" Ouais bah j'aime pas ton au lit! C'est quoi comme animal, il est chelou, j'veux pas qu'il m'approche. "

Il cracha.

" C'est venimeux en plus j'suis sur! "

Avec toute ces couleurs, obliger, que la chose était toxique.

L'adulte (??), sans doute clanique, guerrier de surcroît, leva une patte et sortit des griffes nettement plus longues et tranchantes que ses petits petons limés et l'abyssin entendit sa respiration s'accélérer dans sa bouche en même temps que sa vision s'embrouillait dans ses yeux. Peu à peu ses pupilles se dilataient au point d'envahir sa vision de lumière signe qu'il allait bientôt céder à ses instincts primitifs mais

— Ouais bah j'aime pas ton au lit! L'étranger rétorqua. C'est quoi comme animal, il est chelou, j'veux pas qu'il m'approche.
Les pupilles cafardeuses de l'abyssin peinaient à se contracter, sa tête s'abaissait et rentrait peu à peu entre ses épaules et il fléchissait les coudes en s'abaissant sur le plat de son skate, sa queue oscillant derrière en dernier avertissement.
— « Ce n'est pas un animal, c'est--
— « C'est venimeux en plus j'suis sur!

Alors là c'en fut trop, les yeux fixés sur les griffes du clanique mais les oreilles griffées par son accusation, c'est pourtant la raison qui fit se redresser Rusty comme un ressort, ses pupilles se formant en deux fentes bien nettes en même temps que sa bouche s'ouvrit toute grande:

— « --ALORS LÀ VOUS ME RENTREZ CES GRIFFES, MONSIEUR, VOUS VOYEZ BIEN QUE JE NE VOUS VEUX AUCUN MAL ?!

Il expia son air d'un bruyant ronflement de nez, sentant son poil redescendre, sentant sa queue, montée en serpe, se ramollir derrière comme ses oreilles et ses épaules qui s'étaient raidies à la levée de son ton. Mais il s'était trop de fois tu par le passé pour se permettre d'en faire de même désormais:

— Ollie est un SKATE, il n'est PAS venimeux, j'en ai ASSEZ de me taire et de laisser les situations s'escalader pour des raisons, vous me pardonnez, mais complètement stupides !

Pour un sac de croquettes! Il s'hurla lui-même dans les oreilles de ses pensées, et il les rabattit sur sa tête, et il consentit à se calmer, juste un peu, en hochant la tête d'un mouvement entendu en espérant s'être bien fait comprendre. --Du calme. Du calme.

— « Huff.     Je suis désolé d'avoir haussé le ton, il dit, d'une voix qui n'était pas désolée du tout, ou plutôt avec une telle intensité à s'excuser qu'on aurait dit qu'il le faisait par vengeance - ce qui, somme toute, n'était pas tout à fait faux...

HRP:

Et le domestique s'affolait, et le clanique s'énervait. La scène était incongrue à souhait, le genre de truc que raconte le cousin un peu étrange de la famille à table et que personne ne croit.

Le rouquin haussa soudainement le ton, protestant avec rage:

"ALORS LÀ VOUS ME RENTREZ CES GRIFFES, MONSIEUR, VOUS VOYEZ BIEN QUE JE NE VOUS VEUX AUCUN MAL ?!
- MAIS TU VA TE CALMER TOUT DE SUITE?!"

Le cavalier souffla, son poil s’aplatissant doucement.
D'une nature brutale et violente la seule chose qui empêchait l'apprenti de ne pas se jeter comme un idiot sur le félin inconnu était bien la présence menaçante du Skate.

"Ollie est un SKATE, il n'est PAS venimeux, j'en ai ASSEZ de me taire et de laisser les situations s'escalader pour des raisons, vous me pardonnez, mais complètement stupides !"

Un skate? Jamais entendu parler de cette merde.

"Huff. Je suis désolé d'avoir haussé le ton ."

Toujours méfiant, Feulement Nuageux ne bougea pas de son poste. La tête haute il fixa son "adversaire" d'un regard colérique et méprisant, sa queue fouettant l'air dans son agacement. Eh, oh, pour qui il se prenait l'autre à lui parler de la sorte?

"Ouais bah excuse toi ouais j'préfère."

Cracha t-il désagréablement.

"T'arrête de me raconter ta vie, j'suis pas ton pote. Alors tu prends ton SKATE avec toi et tu DÉGAGES hein, avant que je t'en mette une, parce que ton truc j'lui fais PAS confiance."

ParceQUE exCUSez mOI MAis uN TRUc qui GLIssE SUR LE CHEMin du tONERrE ET QUI AIme se faIRE MONTer paR DEs chaTS c'eST PAS Net OK????