/18+\ Blessures au cœur et ailleurs | pv Roux - end

Blessures au cœur et ailleurs (15)

Je me DÉTESTAIS.

Coincé dans ce corps mal foutu..

Gueule débile de TRAVIOLE, pattes débiles qui restent PETITES.

Les larmes ruissellent le long de mes joues alors que je cours me cacher de honte entre les racines griffues du Grand Sycomore. Je pleure mais pas seulement à cause de mon cœur brisé, de mes espoirs réduits en bouillis. 'avais mal, si mal...

Je m'étais fait mal.

Mon corps déciderait à grandir correctement si je l'y obligeais ? Mais je ne sentais pas plus de changement, juste... Du plaisir à punir ce qui ne voulait pas agir et devenir comme le reste, comme tout le monde. Il suffisait de regarder mes frères, et même ma soeur ! Nous approchions de nos neuf lunes, et ils avaient tous poussés, atteignant une taille normale de guerrier ! Et Papa.. Papa aussi grandissant. Il était énorme. Moi qui pensais le rattraper un jour pour enfin me sentir en sécurité, sauf que NON. Bien sûr que NON. Indéniablement, je restais petit. Les Etoiles se marraient bien là - haut, à venger le règne de cette saloperie d'Etoile de Suie sur son fils qui n'avait rien demandé ? J'aurais bien voulu lui mettre mes griffes dans sa gueule à m'avoir fait comme ça, si elle était encore là. Mais elle ne l'était pas, alors je ne pouvais que me taper. J'étais le responsable suivant sur la liste, en sautant mon père. Quel intérêt de chercher la mort ? Même si là, j'avais bien envie de disparaître pour toujours, je le regretterai. Cependant, juste me faire mal....

Je regardais mes pattes en sang, le même liquide dégoulinant de mon visage. Blessures auto infligées, mes griffes ensanglantées en était la preuve. On aurait pu croire que j'avais fait une mauvaise contraire mais la fourrure brune sous mes griffes montrait la triste vérité. Les membres avant me brûlant, je me repliai tout de même plus sur moi - même, sanglotant. Je le méritais. Enfin, ils le méritaient. Foutu museau, foutus pattes. Si je ne vous avais pas eu, je serais sans doute devenu un guerrier normal qui aura convenu aux dames les plus exigeantes comme Vipère Audacieuse. Sauf que ce n'était pas le cas, alors le rejet me fit comprendre ma pauvre situation.

Handicapé

Un faible pour le clan. C'était un poids pour le reste du Tonnerre. Il était sûr qu'en période plus dur, les bouches inutiles seront les premières à partir. Moi, et la muette. Youpi. J'étais perdu.

Si seulement, si seulement ces membres en sang voulaient bien se rappeler de l'apparence normale qu'il fallait avoir..

Tête plantée entre mes pattes, je préférais m'oublier le temps de cette nuit froide.

Roux était tranquillement allongé dans son nid, tandis qu'il pensait aux futurs entraînements avec Patte Noire ou encore Raton Laveur. Rien qu'en pensant au guerrier au pelage peu commun, Roux se remémora le dernier entrainement qu'il avait fait avec lui. Lorsqu'ils avaient croisé un énorme blaireau aux rochers aux serpents, une première fois aux rochers qui s'était avérée catastrophique. Heureusement les deux n'avaient pas cherché la bête et s'étaient replié, mais une chose était sûre c'était que Roux n'avait franchement pas envie de se retrouver museau à museau avec un blaireau.  Mais une autre chose attira son attention, tandis qu'il essayait de trouver le sommeil. En tournant la tête, Roux découvrit avec surprise que la couchette de son frère, Nuage de Bec, était vide. En plein milieu de la nuit, son frère était dehors ? Bec n'avait jamais l'habitude de trainer tard, et Roux savait que le clan entier dormait à ce moment là. Il était bel et bien dehors, seul, ou accompagné ? Sentant la bêtise, le rouquin se releva doucement avant de quitter la tanière des apprentis. Quelque chose ne tournait pas rond, et il voulait absolument éclaircir les choses. Bec lui cachait-il quelque chose ?

Roux passa en revue les endroits où son frère pouvait bien être. La combe sablonneuse n'avait aucun intérêt sauf pour s'y entraîner, mais il voyait mal son frère le faire au beau milieu de la nuit. Finalement, pour commencer les recherches le rouquin commença par visiter le grand sycomore. Il se dépêcha de sortir du camp en douce pour trouver au plus vite son frère. En arrivant sur les lieux, il n'y avait personne, ou du moins personne de visible. Roux s'approcha un peu plus près du grand arbre pour s'y poser avant de sentir une odeur qu'il connaissait trop bien. Celui de son frère, Nuage de Bec. Roux se dépêcha de s'y rapprocher pour faire une surprise à son frère, avant de se stopper net en voyant le corps de son frère à quelques longueurs de queues. L'odeur de sang lui emplit les narines. « Bec ! » hurla le rouquin tout en courant vers son frère en craignant le pire. En arrivant devant son frère allongé entre les racines de l'arbre, Roux écarquilla les yeux en voyant le sang autour de son frère. « Mon dieu ! »

Finalement, le rouquin s'approcha un peu plus avant de se rendre compte de la réalité des choses. Du sang sur les griffes. Du sang sur les pattes. Des blessures sur son corps. Roux comprit. Certes, trop tard, mais il comprit ce que son frère venait de faire. Il pleurait. Son frère pleurait tandis qu'il baignait dans son propre sang. Roux s'allongea à côté de son frère tandis qu'il serra les crocs pour ne pas partager la douleur que son frère devait endurer en pleurant à son tour. La mutilation. « Bec..  » dit-il doucement pour ne pas le brusquer vu l'état émotionnel dans lequel il devait se trouver. «  Pourquoi fais-tu cela ? Pourquoi.. dis moi, Bec, parles moi. Mais ne fais plus ça. » il posa ses pattes sur celles ensanglantées de son frère pour qu'il les laisse tranquille. Il n'était pas seul, il n'était plus seul.

Blessures au cœur et ailleurs (15)

Des bruits de pas se reprochaient, calmes et posés. Le chat qui venait semblait chercher quelque chose. Qui, quoi ? En tout cas, je ne voulais pas que ça soit pour moi. Tout replié sur moi même, mon coeur se serra quand j'entendis la voix effrayée de Nuage Roux crier mon nom. Non je ne voulais pas qu'on me voit comme ça, pas mon jumeau, mon jumeau le plus proche, si on comptait que Braise était ma seule jumelle donc la plus proche elle aussi. Au fond de moi, très profondément, j'étais si soulagé que ce soit le Rouquin qui s'était mis à ma recherche. Comment expliquer cela à la bengal si joueuse et câline sans la casser un peu ? Et à la vue de ce sang ? Même l'apprenti guerrier fut choqué de mon état pourtant pas assez mauvais à mon goût. Il se rapprocha, je me cachais plus, voyant bien du coin de l'oeil son regard s'éclaircir d'une certaine horreur. Il avait comprit. Je ne voulais pas que les autres s'inquiètent trop pour moi mais raté.

Nuage Roux s'installa près de moi, et je m'attendais à la remontrance, qu'on me traite par tous les noms d'oiseaux pour ma bêtise. Mais la voix de mon frère était posée, un peu étranglée, mais calme. Naturellement, il me demanda pourquoi cet extrême. Je ne pus que renifler mes larmes à cet instant. Il insista un peu et glissant la promesse que je ne fasse plus ça. Il illustra son propos en posant ses pattes noires sur les miennes rouges. Je grimaçais un peu en aspirant de l'air entre mes dents. Les plaies étaient encore à vif. La proximité et cet aura de bienveillance autour de mon jumeau me donnait presque l'obligation de tout déballer. Et ses yeux, ses yeux que, si je voulais voir en face... et bien cela devenait difficile. Même allongé avec la tête bien droite, la différence se voyait déjà. J'étais resté petit... Je serrai les dents à ce constat que j'avais sans doute tenté de cacher dans un coin de ma tête.

" M-mon corps.. " parvins - je à articuler.

" Il est s'i .. petit, minable.inutile. " sifflais - je.

Je reniflai de nouveau avant d'un peu couiner à cause de la larme ayant couler dans la blessure de mon museau. Les yeux mouillés, je n'osais pas les relever vers Nuage Roux.

" Toi, Nuage Ardent, et même Nuage de Brais'e qui était plus petite que moi.. Vous' avez tous' grandi : Et moi ? Je s'uis res'té sur la cas'e "jeune apprenti". Jeune apprenti avec une gueule biz'arre en plus'.. "

Dire cela me serra la gorge, et me revoilà repartit pour quelques pleurs.

" Q-qui voudra d'un guerrier comme moi hein ? *snif* S'i même j'arrive à devenir guerrier. Les' ennemis ne feront qu'une bouchée de moi. *snif*.. "

Ma tête retourna entre mes pattes.

" Vipère Audac'ieus'e ne veut c'ertainement plus de moi comme apprenti. "

Et encore plus pas.

" Et s'urtout pas comme compagnon.. "

Nuage Roux sentait le sang de son frère lui mouiller le pelage. Jamais il n'avait vu son frère dans un tel état, et jamais il n'aurait pensé le voir dans un tel état, jamais. Il ne s'était pas douté un seul instant du mal-être immense qu'il pouvait ressentir. En regardant les blessures que s'étaient auto-infligé Nuage de Bec, Roux s'en voulait énormément sur le coup.Par contre, il ne s'en voulait pas d'être parti le chercher en pleine nuit. Que se serait-il passé s'il n'était pas parti à sa recherche ? Si Nuage de Bec était resté seul toute la nuit à s'auto mutiler, en pleurant ? Cette nuit, le rouquin allait faire son possible pour aider et être présent pour son jumeau. Il avait besoin de lui, et tout lui raconter. Lui confier ses craintes, ses peurs, tout ce qui lui passait par la tête car Roux avait besoin de savoir. C'était son frère, Bec était la personne la plus importante à ses yeux avec Nuage de Braise et Nuage Ardent. Et il ne supportait pas de le voir se détruire ainsi. Lui-même avait tellement mal au cœur. Il pleurait intérieurement, il avait envie de se gifler pour ne rien avoir vu venir.

« M-mon corps.. »

l'apprenti écoutait attentivement, mais il était presque certain de certaines paroles qu'il allait entendre. Mais pourtant il avait encore du mal à y croire.

« Il est s'i .. petit, minable.inutile »

Il avait vu juste. Nuage Roux s'empressa de frotter son museau contre la tête de son frère qui n'osait toujours pas le regarder en face, mais il comprenait. La honte, et certainement le désespoir. Mais Roux ne regrettait pas de l'avoir dérangé en pleine action.
« Ton corps n'est ni petit, ni minable et encore moins inutile. Loin de là, Bec. » dit-il avec toute la douceur du monde.

« Toi, Nuage Ardent, et même Nuage de Brais'e qui était plus petite que moi.. Vous' avez tous' grandi : Et moi ? Je s'uis res'té sur la cas'e "jeune apprenti". Jeune apprenti avec une gueule biz'arre en plus'.. »

Entendre ces paroles lui brisait le cœur. Il ne s'était jamais rendu compte de la différence physique entre ses frères, sa sœur et lui. Pour Roux, ils étaient pareils. Ils étaient sa famille, ce qu'il avait de plus cher au monde. Et Bec était un être formidable.

« Q-qui voudra d'un guerrier comme moi hein ? *snif* S'i même j'arrive à devenir guerrier. Les' ennemis ne feront qu'une bouchée de moi. *snif*.. »

Il s'était mis ça en tête, et maintenant il y croyait dur comme fer alors que la vérité n'était pas celle qu'il pensait. Nuage de Bec posa à nouveau sa tête entre ses pattes, tandis que son frère le laissait parler avant de pouvoir lui répondre.

« Vipère Audac'ieus'e ne veut c'ertainement plus de moi comme apprenti. » Sa voix se faisait de plus en plus basse. « Et s'urtout pas comme compagnon. »

Nuage Roux comprit alors qu'il n'y avait pas que son physique qui le perturbait, ou du moins il y avait autre chose qui était à l'origine de tout ça. Et c'était Vipère Audacieuse. Roux ne la connaissait pas franchement, simplement de loin. Mais à entendre son frère, elle n'était pas qu'une simple femelle du clan. Elle était bien plus, et il était certain que Bec avait été attiré par elle. Mais l'avait-elle recalé ? Était-ce à cause d'elle ? La tristesse faisait maintenant place à incompréhension. Roux avait encore plus besoin de savoir.

« Tu es exceptionnelle, Bec. Ce n'est pas juste parce que tu es mon jumeau que je te dis ça, sache le. Je le pense sincèrement, et je t'interdis de dire que tu es minable. Pour moi, tu es le plus courageux. Tu deviendras guerrier, tu es fort et tu as des capacités, je les vois, nous les voyons mais toi non. » dit-il en regardant son frère les yeux brillants dans le noir. « Pourquoi penses-tu que Vipère Audacieuse ne veut plus de toi comme apprenti ? T'as-t-elle dit quelque chose ? Si c'est le cas, tu dois me le dire, Bec.. Qu'a-t-elle fait ?  »

Blessures au cœur et ailleurs (15)

Renfermé dans ma bulle de tristesse, Nuage Roux la traversait peu à peu à force de gestes rassurants et de paroles réconfortantes. Doucement mes pleurs se calma et je le laissai se caler contre moi. J'osai un regard vers son visage et il n'exprimait que de la compassion. Je reniflai un grand coup et essuyai mon visage des larmes et du sang -en laissant un aïe sortir quand je passai sur mon museau-. L'air compatissant de Roux passa vite au désarroi quand j'ai rajouté Vipère Audacieuse à la malheureuse addition. De son grand port de tête -que je lui enviais-, il me déballait plein de merveilleuses choses qui passaient sur moi comme une langue maternelle rassurante que l'on avait jamais connue. Le réconfort anesthésiait mais les questions plus tranchantes rouvrir les blessures internes de mon coeur. Je fis une moue triste, plaquant les oreilles contre mon crâne.

" Je suis trop collant, trop mignon, trop chaton tu vois ? dis - je en agitant ma petite patte. Je suis amoureux de Vipère Audacieuse, de son aura, de ... toute sa prestance. Je crois que je rêve de devenir comme elle et quand que on serait tous les deux côte à côte, les gens se diraient 'Quel beau couple de guerrier, si impressionnants, je les suivrais et les aiderai, ferai rien de mal envers leur personne, comme...' ... Comme maman qui m'aurait exécuté à la naissance, comme papa qui s'en fout de notre survie, comme tous ceux qui me trouvent imparfaits... Je suis mal foutu Roux, on ne peut pas fermer les yeux dessus.. "

Mais dans toute ma tirade, ne venais - je pas d'ouvrir une porte ? Toute cette peur de l'abandon, de la non acceptation. Etre handicapé dans un camp anciennement eugéniste à sa naissance, c'était pas facile, certains regards étaient habitués à juger. Et ma carapace était encore trop faible face à cela.

Roux faisait tout pour percer l'abcès, faire parler son frère un peu plus pour mieux comprendre. Et le fait que peut-être Vipère Audacieuse soit en partie à l'origine des mutilations de son frère, Nuage Roux avait du mal à garder son calme. Comment avait-elle pu ? Qu'avait-elle dit pour en arriver ce stade ? Bec était sensible mais pas au point de faire quelque chose d'aussi grave pour rien. Elle lui avait fait du mal. Cette sale vipère avait fait du mal à la personne que Roux se devait de protéger. Et il avait lamentablement échoué. Il avait si mal au cœur, il se sentait si coupable pour ne pas avoir su réagir au bon moment. Pour ne rien avoir vu. Pour le laisser seul face à son désarroi. Il avait envie de se frapper à son tour.

«  Je suis trop collant, trop mignon, trop chaton tu vois ? » Il ne comprenait pas. Comment avait-elle osé lui dire ça, cette garce. Elle préférait quelqu'un de violent ? Le sentiment qui envahissait le rouquin était indescriptible. C'était sa faute à lui, mais aussi à cette guerrière. « Je suis amoureux de Vipère Audacieuse, de son aura, de ... toute sa prestance. Je crois que je rêve de devenir comme elle et quand que on serait tous les deux côte à côte, les gens se diraient 'Quel beau couple de guerrier, si impressionnants, je les suivrais et les aiderai, ferai rien de mal envers leur personne, comme...' ... Comme maman qui m'aurait exécuté à la naissance, comme papa qui s'en fout de notre survie, comme tous ceux qui me trouvent imparfaits... Je suis mal foutu Roux, on ne peut pas fermer les yeux dessus. »

Nuage Roux serra les crocs une nouvelle et fouettait l'air de sa queue. Les paroles de son frère lui transperçaient le cœur comme des milliers d'aiguilles que l'on lui enfonçait une à une, de façon si lente.. Son frère était amoureux de Vipère Audacieuse, mais cette dernière l'avait certainement recalé d'une façon bien à elle. Et c'était ce que Roux lui reprochait. A ce moment, il se reprochait tant de chose, il reprochant tant de choses à cette guerrière, à Coup de Foudre, à son espèce de chose qu'il aurait du appelé mère si elle avait été encore vivante, à Nuage de Braise qui n'a rien vu venir non plus, et à Nuage Ardent. Il en voulait à tout le monde, mais également à son propre frère pour ne rien lui avoir dit. Pour lui avoir caché toute sa souffrance, et pour ne pas avoir souhaité la lui partager pour essayer d'arranger les choses.

« Non je ne vois pas. Je ne vois pas comment elle a pu dire ça. Comment elle a pu te faire ça. » dit-il en fixant son frère et en essayant de garder un ton calme. « Si elle ne veut pas de toi, c'est qu'elle ne te mérite pas. Tu es la personne la plus courageuse que je connaisse, et tu trouveras 100 fois mieux, tu trouveras une personne qui t'aimera réellement. Elle, ce n'est qu'une imbécile qui ne sait pas ce qu'elle a loupé. » cracha-t-il en imaginant sa vieille gueule recaler son frère. «  Quant à Coup de Foudre, il n'en a rien à faire de nous, alors on en a rien à foutre de lui. Suie, elle, c'est une personne imparfaite, elle n'est rien et elle est morte. Et tant mieux. Une personne comme ça n'a rien à faire dans notre monde. » miaula-t-il en levant les yeux au ciel comme si c'était possible qu'elle les voit. Comme s'il voulait lui montrer à quel point il la détestait. «  Tu as la mâchoire tordue ? Et alors ? Les gens que ça gêne, c'est qu'ils ne méritent pas ton amitié ou ton amour. Tu as tant de qualité à côté. » Il avait repris un ton calme et ronronna en regardant son frère dont il était si fier. « Mais tu aurais dû m'en parler, Bec.. Tu aurais dû.. tu n'aurais jamais dû rester seul. Moi, Braise et Ardent nous t'aimons. Et nous somme là pour ça. »

Blessures au cœur et ailleurs (15)

L'énervement de mon jumeau se faisait sentir par des légers signes, connus seulement de sa fratrie. Un soubresaut des sourcils, un poil dominé mais voulant se dresser, mais surtout ses yeux, pourtant de la même couleur que ceux de Braise, dans lesquels dansait un autre feu. Au début, je pris cette colère pour moi, mais encore une fois, je connaissais mon frère. Il n'était pas fâché contre moi. Il pouvait être triste, inquiet, heureux, dégoûté ou désespéré quand Braise et moi disions des bêtises, mais jamais fâché. Nous laissâmes nos pattes entremêlées, la douleur n'étant plus que picotements, la chaleur du contact étant plus présente que les blessures qui me brûlaient avant. Encore enfermé dans ma confession, je fixai cet amas de pattes qui faisait plaisir à voir. Non, non je n'étais pas tout seul, et c'était exactement sur ça que Nuage Roux me fit une leçon.

Au fur et à mesure de ses paroles, je voulais me terrer entre mes épaules. Mes peurs étaient justifiées, mais ses raisonnements n'étaient pas incorrects non plus. On- on peut ne pas me mériter ? Un petit chat raté comme moi ? Courageux... il me trouvait courageux ? Au fond, je me remémorais plutôt les moments où je virais de bord pour être plus en sécurité. S'il m'avait vu lors de l'attaque du Clan du Vent, haha.. Les mots continuèrent et "m'aimer réellement" fut un verbe utopiste. Quelqu'un qui m'aimera tout entier, bec compris, pattes comprises ? Défauts compris ? Cela sonnait si bien que cela me donna un frisson. L'apprenti orange énuméra tous les chats qui ne remplissaient pas ce critère de m'aimer et je relevai doucement les oreilles. Là, c'était du courage à ma portée. Du courage pour laisser derrière ceux qui ne m'aideront pas, comme le faisait mon frère là sur le moment. Le courage de dire "Tu m'aimes pas ? J'm'en tamponne !" Une nouvelle étincelle prit vie en moi. Trier les gens étaient si facile ? Depuis chaton, j'essayais plutôt que tout le monde m'apprécie, mais il était vrai qu'à force... ça m'abîmait de bien des manières. Mes pattes brillant de sang miroitaient enfin mon erreur. Qu-quelle idée stupide pour un chat qui voulait vivre ! Et les maladies ? Et les prédateurs alléchés par l'odeur ? Et si j'avais perdu tout mon sang ? Je déglutis difficilement, faisant claquer ma mâchoire tordue que les gens aimeront.. ou pas ! L'ambiance était douce et Nuage Roux ronronna. Lui, Braise et Ardent m'aimaient, et je devais me baser sur ça pour rebondir suite à cette journée.

Des larmes rémergèrent, mais parce que j'étais touché par lui, chamboulé par mon acte, résigné à mieux revivre. C'était ça, ce soir là, je renaîtrai, je ferais plus attention à cette vie que j'ai failli gâchée. Tout ça grâce à Nuage Roux. Les gouttes salées tombèrent dans les commissures de mes lèvres, relevées et reconnaissantes. Je collai mon front contre l'épaule de mon frère et rigolai doucement.

" Hehe, même Ardent m'appréc'ie tu dis ? "

Mes yeux brillaient d'humidité à la surface, mais de vie au plus profond. Je m'éclaircis la gorge et imitait mon autre frère à la mauvaise audition.

" Oh Bec, tu es s'ans aucun doute mon jumeau préféré et du coup je viens t'hurler mon amour fraternel dans les oreiiiiiiiiillless !! Haha ! "

Je rigolai un peu avant de renfoncer ma tête dans la nuque de Nuage Roux.

" Pfff, heureus'ement que t'es là pour nous s'urveiller Rouroux. .. Merc'i. "

Roux aimait son frère, tout comme Braise et Ardent aimaient Bec. Même s'ils ne se le montraient pas entre eux, c'était certain et c'était prouvé. À eux quatre ils fondaient la fratrie la plus soudée, même si en devenant apprentis ils étaient de moins en moins ensemble à cause des entraînements, Roux était là, caché quelque part mais il était bien là pour veiller sur sa sœur et ses frères. Alors il espérait que ses paroles allaient redonner courage à son frère car un frère c'était fait pour ça, pour remonter sa fratrie, pour l'aider à avancer. Bec pouvait compter sur lui, il ne devait pas avoir peur. Roux fixait maintenant son frère d'un regard doux, ampli de compassion et vit des larmes couler le long des joues de Bec. Pourtant son frère semblait plus apaisé, alors cela devait être des larmes positives. Roux était heureux, il détestait voir les siens souffrir. C'est lorsqu'il entendit son frère rire, qu'il comprit qu'il avait gagné la partie. Il lui avait redonné le sourire, par contre il avait l'intention d'enlever le sourire collé à la visage de cette fameuse vipère. Elle avait fait la maligne avec Bec, elle n'aurait pas du.

« Hehe, même Ardent m'appréc'ie tu dis ? 
- Mais bien évidemment qu'il t'apprécie !  Tu es son frère, il t'aime ! » répondit-il.

« Oh Bec, tu es s'ans aucun doute mon jumeau préféré et du coup je viens t'hurler mon amour fraternel dans les oreiiiiiiiiillless !! Haha ! »

Nuage Roux rigola avec l'imitation de Bec, l'ambiance était bien plus détendue et ça faisait du bien de rire. Le rouquin était tellement stressé avec l'entrainement et les histoires de ses frères et de sa sœur qu'il ne cessait de les tenir à l'oeil, du coup il n'avait pas vraiment le temps d'être détendu. Et ses quelques secondes de rires lui firent un bien fou.

« Pfff, heureus'ement que t'es là pour nous s'urveiller Rouroux. .. Merc'i. »
Il n'avait pas à le remercier car pour Roux c'était tout naturel, c'était normal de le faire. Il n'avait pas envie de les perdre.

« Tu ne dois pas me remercier, je suis ton frère et si je veille sur vous c'est parce que je ne veux pas vous perdre. » dit-il en ronronnant. « Je veillerais sur vous autant que je le peux, même en grandissant. Car j'aurais aimé que quelqu'un veille sur moi. Et puis comme ça je me sens utile ! »

Blessures au cœur et ailleurs (15)



Nuage Roux rigola avec moi et ça me fit du bien. Il avait comme par magie lever tout le mal de mon coeur et j'y senti un pincement de ne pas avoir penser à ma famille avant d'en arriver à cette extrême. Ce qui était sûr, c'était que je n'y retournerai pas ! On ronronnait, je reposai ma tête contre lui et profitai de cette petite pause dans cet ascenseur émotionnel. Mon frère déclara qu'il aurait aimé que quelqu'un veille sur lui et je fis une mine penaude. C'était vrai qu'on pensait beaucoup à nous au fond, et lui pensait à nous tous. Je viens coller ma joue contre la sienne.

" Okay, pour bien redémarrer, je propos'e qu'on veille l'un s'ur l'autre ! Dès que ç'a va pas, on vient s'e parler, pour on ira chercher des câlins auprès de Brais'e, ç'a fait toujours du bien. "

Je fis un geste de la tête pour dire que c'était parti, c'était décidé, j'allais aller de l'avant, ensemble. On survit toujours mieux ensemble, c'était ce que nous inculquait le clan après tout. J'inspirai profondément et déplia mes pattes devant moi. Je poussai le sol avec, me décochant des grimaces de douleur et pestant contre moi - même pour ma bêtise. Même grimacer me fit mal. Oh par les Etoiles, pourquoi m'avoir laisser faire ça ? Une leçon ? En tout cas, elle m'aura bien servi. Dans un grognement, je voulu me lever mais j'étais couché à pleurer depuis si longtemps. Je fis un regard à mon jumeau et lui demanda.

" Va falloir rentrer ou les' autres vont s"inquiéter. Un coup de patte s"il - te - plait ? "

Tandis qu'il m'aidait, je pensai justement aux autres, qui voudront des explications face à ce massacre sur mes pattes.

" Oh... va falloir pens'er à une bonne rais'on pour mes bles's'ures. Je ne voudrais pas inquiéter tout le camp. J-je me recons'truirais mieux s'ans leur pitié... "

Roux ne jouait pas au pauvre apprenti cherchait le regard de tous, que l'on veille ou non sur lui lui importait peu, à vrai dire il était suffisamment mature pour être le seul à veiller sur lui. Mais par contre, il était obligé de veiller sur les siens, au moins sur ses frères et sa sœur, il voulait les voir heureux avant que lui le soit. Roux pensait beaucoup aux autres car il n'aimait pas forcément les applaudissements et remerciements, la lumière c'était trop pour lui, il préférait agir dans l'ombre et voir ses frères et sa sœur triompher. Bec vint coller sa joue contre la sienne, et Roux se mit à ronronner. Se sentir de nouveau proche de sa fratrie, c'était ce qu'il voulait par dessus tout.

« Okay, pour bien redémarrer, je propos'e qu'on veille l'un s'ur l'autre ! Dès que ç'a va pas, on vient s'e parler, pour on ira chercher des câlins auprès de Brais'e, ç'a fait toujours du bien. »

Fier des paroles de son frère, Roux acquiesça de la tête, au moins Bec avait compris. Il avait envie d'aller de l'avant, de ne plus regarder en arrière et de ne plus se soucier de ce qu'il venait de faire. C'était une erreur, et chacun faisait des erreurs, Bec allait pouvoir apprendre de la sienne. Et roux aussi se rendit compte qu'il avait encore beaucoup à apprendre pour protéger complètement sa fratrie. Il était encore faible.

« Va falloir rentrer ou les' autres vont s"inquiéter. Un coup de patte s"il - te - plait ? »

Nuage Roux se releva et aida son frère à se relever lui qui était resté allongé à pleurer dans son sang depuis un moment. Plus jamais Roux ne voulait voir son frère dans un tel état. Il sourit pour donner courage à son frère.

« Oh... va falloir pens'er à une bonne rais'on pour mes bles's'ures. Je ne voudrais pas inquiéter tout le camp. J-je me recons'truirais mieux s'ans leur pitié... 
- Tu as trébuché, tu as glissé sur le verglas et tu t'es pris les ronces lors d'un entrainement en solo ou lors d'une balade. » proposa le rouquin. « Quoi que tu dises, les gens ont toujours de la pitié à donner à ceux qui n'en veulent pas ou n'en ont pas besoin. C'est plus chiant qu'autre chose » Roux réprima un grognement vis à vis de ces personnages, elles ne le savaient peut-être pas mais la pitié n'aidait pas les gens à aller mieux, c'était encore pire. «  Ne t'en fait pas, maintenant tout ira mieux Bec. »