Amour de Fratrie ▬ Petite Orque. -end

La petite pipelette dormait encore profondément, enveloppée par la chaleur corporelle de Tache de Vache. Maintenant, le froid commençait à s'installer petit à petit et Petite Orque n'aimait pas franchement ça. Le froid et elle n'étaient pas encore bons amis, comment pouvait-elle se faire tout un tas d'amis si elle n'arrêtait pas de frissonner et d'éternuer à toute heure de la journée ? La mauvaise saison était vraiment contre elle, en tout cas la petite en était p-e-r-s-u-a-d-é-e. Mais, rira bien qui rira le dernier, elle allait prouver à cette mauvaise saison qu'elle pouvait tout de même se faire connaître, et même qu'elle finirait par devenir meneuse du clan. C'était écrit, de toute façon..

« - Eh … On joue à la bagarre ? Tu m’apprends comment tu fais pour toujours gagner ? Je suis si nul ... »

Petite Orque remua les moustaches en entendant la douce voix de son frère la sortir de son sommeil. Lui au moins n'avait pas de soucis à se faire, vu la fourrure dont il avait hérité. Franchement, les parents avaient vraiment mal fait leur job sur ce coup là. Mais bon, étant très proche de son frère la petite ne pouvait rien lui refuser. Et puis, il était largement l'heure de se lever, une future meneuse ne devait jamais trainer au lit. Petite Orque ouvrit les deux yeux et se redressa tout en baillant, avant de fixer son frère de ses yeux pétillants d'enthousiasme.

« Bien sûr, Alpagou ! Et arrête de dire que tu es nul ou je t'en colle une ! » Son frère n'était plus un secret pour elle, et lui,comparé à elle, manquait cruellement de confiance en lui. C'était son devoir de le rendre meilleur. «  Sortons sans faire de bruit, sinon c'est nous deux qui allons nous en prendre une.. » Dit-elle en murmurant tout en décochant un regard à sa mère. Ni une ni deux, elle s'empressa de sortir, son frère à ses côtés.

Son frère avait la tête totalement baissée une fois dehors, les yeux certainement rivés vers le sol, Petite Orque faisait pourtant tout son possible pour rendre son frère un peu plus sur de lui et fier chaque jour. Mais visiblement, plus le temps passait et plus il semblait dépité. Chose la petite ne tolérait absolument pas. Peu importe à quoi pensait son frère, il devait se sortir les pattes du derrière et arrêter de se sentir médiocre. Sinon, Petite Orque allait passer la deuxième pour changer son frère.

« - Merci Orquou ! Je ne veux pas de claque … Je suis juste sincère et je dis uniquement la vérité ! »

La petite gonfla ses joues pour paraître énervée, même si en vérité il n'en était rien. Elle était simplement agacée d'entendre toujours la même rengaine, son frère disait à chaque fois la même sur lui, à un moment il fallait cesser !

« Tu veux la vraie vérité ? T'es pas nul mais tu veux te prouver le contraire en n'arrêtant pas de répéter ''je suis nul'' alors stop. » dit-elle compatissante. «  Qu'est ce qui te fait croire que t'es nul, hein ? Vas y, ose me le dire en me regardant droit dans les yeux. »

Patte d'Alpaga ne voyait donc pas à quel point sa grande sœur se démenait pour lui changer les idées, pour lui prouver à quel point le chaton avait du potentiel mais qu'il ne cessait de se voiler la face. Elle était la première à toujours vouloir l'emmener dans ses bêtises vu qu'il ne prenait jamais d'initiative ou presque. Il était coincé, mais ne voyait pas l'amour que lui portait toute sa famille. Pourtant, ce n'était pas comme si Petite Orque en était à sa première tentative.

« - Je ne sais pas pourquoi je suis nul … Mais tu es plus forte et ça sera toujours comme cela. Il y a un fort et un faible dans une fratrie. Tu es la forte et je suis ... »

Petite Orque laisse échapper un grognement aigu avant de secouer sa tête dans tous les sens. Elle se demandait vraiment où est-ce qu'il pouvait aller chercher toutes ces imbécilités. C'était navrant de voir comment il avait réussi à se mettre de telles idées en tête, et maintenant il était persuadé de ce qu'il racontait. Voilà le plus gros problème de son frère.

« T'es pénible. » dit-elle pour finir la phrase de son frère. « Tu me répètes une dernière fois que tu es nul et je t'arrache les poils. » elle s'assit par terre. « En plus tu ne sais même pas pourquoi t'es nul, alors tu vois tu ne l'es pas. Et dans une fratrie il n'y a pas de nul et de fort, qui c'est qui t'a mit ça dans le crâne ? C'est n'imp. Moi je fais tout mon possible que tu ais plus confiance en toi, et tu ne le remarques même pas. C'est moi qui devrais me sentir nulle, et est-ce que je le suis ? Ce sont les avis des autres qui te font penser ça ? »

Son frère était-il victime de brimades par les autres chatons, ou était-il critiqué par les plus grands comme les apprentis ? Si tel était le cas, il y allait y avoir de la casse dans le camp d'ici très peu de temps. Une claque pour tout le monde.

Attendant avec impatience la réponse de son frère, la petite regardait autour d'elle si certains osaient regarder son frère d'un mauvais œil. Heureusement il était encore tôt, mais si jamais Petite Orque tombait sur quelqu'un de mal intentionné avec son frère et qui venait à se moquer de lui, la grande sœur n'allait certainement pas le laisser faire. Patte d'Alpaga était le chaton le plus adorable du clan, et il ne ferait pas de mal à une mouche, alors pourquoi se faisait-il tant de soucis pour la suite ? Pourquoi se faisait-il toujours passer pour la victime ? N'était-il pas heureux d'avoir une sœur et des parents sur qui compter ? Elle ne comprenait pas où était le problème autre que le regard des autres. Son frère se rapproche pour finalement lui donner un coup de museau. Sauf que des deux chatons, c'était bien Alpaga qui avait besoin d'aide et non sa sœur. Elle, elle pouvait rester seule, elle finirait par trouver une brindille à qui papoter.

« - Ce n’est pas de ta faute Orquou. Je ne sais pas comment m’exprimer ni même comment m’y prendre pour dire ce que je pense … Quand je suis pas avec toi je me sens perdu. Je t’aime très fort et je n’ai pas envie de devenir apprenti pour le moment parce que je veux pas que l’on soit séparé. »

Son manque de confiance était vraiment source de soucis, ainsi il n'arrivait jamais à aller vers les autres pour leur parler. Alors que pourtant, chaque chaton de la pouponnière attendait avec impatience de nouveaux amis à qui parler. Les deux avaient clairement un souci de solitude, même si Orque n'en avait encore jamais parlé. Son frère en revanche était tellement collé à sa sœur, qu'il était trop habitué à sa présence. Sauf qu'une fois devenu apprentis, ils n'allaient pas continuer à dormir coller l'un à l'autre. Ils allaient grandir.

« Nous avons encore le temps avant de devenir apprentis ! » lança-t-il pour rassurer son frère. « Saches que quoi qu'il arrive nous ne serons jamais séparés. Même si on devient apprenti, nous nous retrouverons après l'entrainement ! Il est temps de t'ouvrir aux autres, de te faire des amis sur qui tu pourras aussi toujours compter. Je serais toujours là pour toi, mais tu ne dois pas oublier les autres. Tu n'es pas perdu, tu n'as juste pas l'habitude de parler avec la foule. » Elle se redressa d'un bond. « Comment tu feras quand tu trouveras une jolie fille, hein ? Il faut que tu t’entraînes ! »

Bien que le sujet de l'amour n'était pas un sujet que le frère et la sœur abordaient souvent, Petite Orque appréciait taquiner son frère là-dessus. Certes ils étaient encore jeunes, mais orque, elle, semblait très impatiente de devenir plus grande pour en apprendre davantage sur ce mot qu'elle connaissait si peu. Enfin si, elle ne connaissait que l'amour maternel, paternel et fraternel, mais sinon elle pouvait donner une définition au véritable amour qu'elle avait très hâte de rencontrer. Patte d'Alpaga fut si surpris qu'il gonfla sa fourrure avant de se jeter sur sa sœur, griffes rentrées avant de la chatouiller.

« - C’est une discussion de grand ça ! J’ai pas envie d’avoir une amoureuse ! »

Petite Orque tentait de répondre mais elle ne cessait de se tortiller sous les chatouilles. Son frère était bien trop gênée sur ce sujet.

« Tu es gêné ! Tu ne vas pas rester vieux garçon !? » dit-elle en se moquant et en lui tirant la langue avant son tour. Elle roula sur le côté telle une grosse boule pour se débarrasser de son frère avant de se révéler la fourrure en bataille. « Et après tu me dis que tu es plus faible que moi au combat, tu as qu'à faire comme avec moi mais avec les autres. »