Boule de Mousse, Boule de Poils | ft. Patte d'Alpaga -end

Bon, fallait que je me rattrape là. J'avais absolument rien fait de la matinée, au grand étonnement de ma mère et de mes sœurs, qui ne semblaient pas s'inquiéter le moins du monde pour moi. T'façon, personne n'avait remarquer que je foutais rien depuis mon « incident » avec l'imbécile de Petite Braise. A croire que tout le monde s'en fou. Et puis y'avais eu la stupide chatonne qui m'avait dérangé, aussi. Rien de positif depuis au moins deux jours, alors fallait que j'me bouge. Ouais, j'avais presque abandonné les bêtises depuis un quart de lunes. En même temps, avec les superbes matinées que je passais chez l'guerisseur à cause de cette stupide blessure, j'avais l'temps de rien. Après, on me surveillait tout le temps, pour éviter que je m'attire d'autres ennuis... Et ce, même la nuit ! J'allais bientôt être apprenti et ils étaient pas fichus de me faire confiance ! En plus, je n'avais même pas pu voir Nuage de Muguet, pour une raison obscure ou presque: elle était trop occupée avec ses taches d'apprentie. Apparemment elle avait eu des ennuis, aussi. Et puis mes sœurs jouaient toutes les deux en pensant que j'étais malade, et ma mère même si elle était épatée suite à mon comportement inhabituel, n'en était pas moins ravie. Les autres, tous occupés.

Alors je m'étais dis que j'allais enfin rendre visite à Patte d'Alpaga, en évitant les reines qui m'épiaient, comme je disais. Ça faisait un moment que je voulais aller le voir, comme c'était le frère de Petite Orque et qu'elle serait sûrement contente que j'aille le voir. J'savais rien sur lui, p'têtre que c'était un comique comme un gros chieur alors j'irais sans pré-avis. Mais je ne pouvais pas aller le voir, comme ça, en mode « salut je m'ennui alors je viens te voir » et c'est tout, fallait que je me présente, présente comme tout le monde me connaissait : Petit Pin l'emmerdeur qui fait que des âneries. J'adore cette étiquette, elle est tellement parfaite eh ! Et puis, ça me changerait les idées d'aller voir des nouvelles personnes en refaisant quelques petites bêtises, oh rien de bien méchant hein, surtout que c'est le frère de mon amie, alors j'peux pas trop me permettre, et puis il peut pas être si pénible que ça si c'est son frère justement, alors il va bien le prendre. Enfin, j'espère. Pourvu que ça soit pas un deuxième imbécile.

Donc je me dirigeai dans la pouponnière, faisant attention aux reines-gardiennes, et me dirigeai vers le nid de l'imbécile Petite Braise. Il n'était pas là, et c'était parfait. Il ne fallait pas que je me fasse griller, alors je faisais d'autant plus attention, et j'espérais qu'il ne remarquerait pas que c'était moi qui avait fait ça. Parce que j'avais juste mis son nid dans une pagaille sans nom, très soigneusement bien entendu... J'en profitai pour prendre une petite boule de mousse, que je pris le temps de rouler, puis la pris dans ma gueule. J'avais les ingrédients pour réussir la mission, manquait plus que la réaliser.

Je m'approchai du chaton en question : Patte d'Alpaga. Une énorme boule de poils, aux oreilles recourbées. Oui oui, c'était sur, c'était lui. Je l'avais déjà vu, en plus de cela. Je savais pas trop à quoi il était affairé mais... Peu importe, je pausa la boule de mousse au sol, et regardant bien la trajectoire, je l’éjectai dans sa direction. Elle atterrie sur son pelage, et s’emmêla dedans. Parfait, une mission réussite pour Petit Pin, une de plus ! J'avais désormais son attention, alors je l'interpellai :

- Eh toi ! T'es Patte d'Alpaga, hein ?

J'espérais qu'il connaissait ma réputation, sinon, il ne comprendrait sûrement pas pourquoi je lui avais fais ça. De toute façon, je comptais m'arrêter là, je voulais plus faire sa connaissance que l'embêter. Je m'approchai de lui, avec mon air hautain, comme d'hab' avec les inconnus, on a qu'à dire qu'ils le savent hein.

- Moi c'est Petit Pin. J'suis pote avec ta sœur, elle est cool. T'es cool toi aussi ? Lui demandai-je, d'un air plus amusé maintenant.

Patte d'Alpaga ouvrit alors les yeux, l'air tout endormi et fatigué. J'espère qu'il ne va pas piquer une crise... Mais il a l'air tout sauf méchant. Non, il a l'air... sympa, justement. J'étais assez soulagé qu'il ne soit pas une saleté, comme cette enflure d'abru.... on va s'arrêter là, hein ? Mais ce n'était pas si étonnant, sinon, je ne verrai vraiment pas pourquoi Petite Orque se serait attacher à lui. Peut-être avait-il l'air un peu simplet sur les bords. Mais aucunes lueurs de méchanceté dans son regard, non, Patte d'Alpaga était un simple chaton qui ... méritait-il seulement mon attention ? Bon, j'allais pas me barrer comme ça alors que c'était moi qui étais venu le voir, mais peut-être allait-il être classé dans les bas-fonds de la pouponnière. Enfin.. Les demi-fonds, parce que ma complice ne serait pas contente après. Mais il me fallait rester encore un peu plus, pour mieux le connaître, car bon oui j'en ai jugé pas mal sur qu'un coup d’œil, mais là c'était une exception, ok ? On me contredis pas, j'ai dit.

Puis le petit eut un mouvement de recule que je ne compris pas. Il avait l'air soudain un peu... comme méfiant. Bizarre. Puis il se radoucit tout aussi soudainement lorsqu'il entendit le nom de sa sœur. Et il lâcha un ronron. Non mais, il a cru j'étais si méchant que ça et que j'allais le manger ? Le pire qui pouvait arriver à ce chaton venant de ma part était que je l'ignore, mais il avait piqué mon attention, alors j'allais bien évidemment rester. Peut être qu'il était intéressant. Je change beaucoup d'avis, mais hein, euh... Voilà.

« - C’est bien moi. Ça veut dire quoi ”cool” ? Je suis gentil et j’aime bien m’amuser. Je n’aime pas les bêtises ni Petite Braise. »

Ahah, il était comique lui. Il le faisait exprès, hein, rassurez-moi, de ne pas savoir ce que voulait dire cool ? Et puis, s'autoqualifier de gentil, c'est bien marrant ça. Oh et puis mince, mais comment on peut aimer s'amuser sans faire de bêtises, c'est contradictoire, ça ! Il conclut en disant qu'il n'aimait pas l'affreux imbécile et je souris aussitôt. Ouais, il va bien me changer les idées ce ptit.

- Eh, eh...! Tu le fais exprès de pas savoir, hein ? T'es drôle, toi. T'as l'air cool, si tu veux savoir. Je lui rendis un léger ronronnement, qui s'arrêta bien vite. Il fallait pas qu'il prenne trop la confiance non plus, mais j'le sentais bien. Enfin, il avait l'air sympa quoi ! T'aimes pas les bêtises ? On va remédier à ça. Et si tu n'aimes pas l'affreux Petite Braise, on va bien s'entendre toi et moi. C'est lui qui ma laisser ce sale truc sur la face. lui annonçai-je en ricanant, même si ce truc était pour moi loin d'être drôle.

Et puis je repensai à la boule de mousse qui était encore coincée dans son pelage. Il ne semblait pas vouloir l'enlever, pourtant avoir un bout du nid de l'imbécile dans les poils ça doit être vraiment pas agréable. J'allais pas le laisser comme ça, si ? Enfin, il savait se toiletter aussi, il était pas stupide non plus, mais il avait l'air d'en avoir rien à faire. Alors je pointais la petite masse verte avec ma patte, lâchant un ronron amusé :

- Tu veux qu'on enlève ça, p'têtre ?

hrp:

Le chaton me sourit à son tour. Il semblait satisfait, maintenant. Ou content peut-être. Enfin, simplement de bonne humeur, on a qu'à dire. Puis il ronronna. Voilà, j'avais raison, il était content. Il ne semblait pas aimer l'imbécile , tout comme moi, et il l'avait dit de toute manière, donc c'était sûr. C'était probablement un des seuls qui me comprenait dans l'immédiat. Mes sœurs s'en fichaient un peu, à vrai dire. Enfin, c'était l'impression qu'elles donnaient. Et c'était plutôt étrange d'ailleurs, que ce soit ce chaton que je connaissais à peine qui me laissait le plus l'impression de me comprendre sur ce sujet.

Il se plia ensuite pour essayer d'enlever les brins de mousses coincés suite à ma remarque. Et cette scène s’avéra être plutôt comique. Le gros chaton chocolat avait du mal à atteindre la mousse vu sa carrure, et il y renonça alors tout en me disant :

« - Oups ! Je l’avais oublié. Et oui je veux bien ! … Euh … Je veux bien que tu m’aide parce que j’arrive pas à l’atteindre ... »

Je lâchai un petit soupir amusé. Il était assez massif, en même temps, donc atteindre son flanc devait être compliquer. Mais bon, voilà, c'était drôle de voir un petit maladroit essayer de se plier ainsi sans y parvenir, si mes sœurs avaient été là, on serait sûrement pliés en quatre à force de rire, nous.

- Eh, attend j'arrive, bouge pas. Lui dis-je, toujours en ricanant. Je pris la petite boule de mousse qui lui causait tant de soucis entre mes crocs, pour la jeter assez loin dans un grand coup de tête. Et voilà, on en parle plus.

Je m'écartai légèrement de lui, décochant un sourire. Mais la mousse venant du nid de l'imbécile avait été marqué par son odeur forte que le petit devait avoir sur lui maintenant, mais dans tous les cas, moi, elle m'était resté coincée dans la gorge. Une odeur insoutenable. Et justement, elle me donna une idée...

- Bon, apprenti Alpaga, nous voilà parti pour votre première mission de bêtises ! Objectif simple : tester vos capacités à embêter vos congénères dans le plus grand secret, à commencer par l'imbécile de Petite Braise ! Ne soyez pas réticent, voyons.

En me remémorant les soirées que je passais avec Petite Orque, j'eus l'idée d'intégrer son frère à notre jeu. Lui, il serait apprenti, car il était encore entrain d'apprendre à faire des bêtises, et je me chargerais de son apprentissage justement, j'allais faire de lui un semi-pro des âneries -parce que je suis le pro- et il partirait peut être un jour avec Orque et Moi embêter les autres, quand il sera fort. Enfin... Avais-je raison d'espérer si loin ? Peu importe, j'allais m'amuser là, hors de question de se prendre la tête maintenant.

- Une idée, apprenti Alpaga ? Lâchai-je finalement, tout blagueur.