Red Right Hand [entrainement #1] - abandon

J'espère que tu es prêt pour attaquer tout de suite !

Déjà les participants à l'Assemblée se dispersaient. Sans perdre un instant, Dernière Danse prit la sortie du camp. Il n'avait ni neigé ni plu depuis deux jours. Le sol était donc relativement sec, et la balade serait moins fatigante que si le sol était mou et boueux. Qu'il était épuisant de lutter contre la gadoue pour mettre une patte devant l'autre !

Qu'allaient-ils voir un priorité ? Inutile de le traumatiser d'entrée de jeu en l'emmenant au chemin du tonnerre ou au charnier. Danse décida de faire au plus simple: ils allaient commencer par visiter les marais. Ils étaient plus près et il était indispensable que Nuage de Pin voit ce qui constituait la majorité du territoire du Clan.

Le sol va devenir boueux à partir de maintenant. Reste bien dans mes pas et fais attention à ne pas t'embourber.

Les sapins se refermaient au dessus de leurs têtes tandis qu'ils s'enfonçaient dans les marécages. Lorsque Dernière Danse jugea qu'il était assez loin, elle s'arrêta.

C'est ici que le territoire est le plus marécageux. Mais c'est un super coin de chasse ! De nombreuses bestioles viennent ici pour boire. Et l'endroit est envahi d'affreux d'insectes en été.

Elle se tourna vers lui et l'incita d'un coup de patte.

Sers-toi de ton nez ! Qu'est-ce que tu sens ?

- J'espère que tu es prêt pour attaquer tout de suite !

Prêt ? J'étais plus que prêt ! Prêt depuis six lunes, on ne pouvait être plus préparé ! En plus, j'étais gâté, avec la lieutenante comme mentor, elle ne pouvait que me faire devenir le meilleur des meilleurs. Je l'a suivie, perché sur mes grandes pattes, jusqu'à la sortie. Ce n'était pas la première fois que je m'y aventurais, mais j'étais tout aussi excité que les précédentes fois. Sans un mot -je m'y efforçais pour ne pas faire mauvaise impression-, je regardais les environs. Quelques pinèdes parsemaient le chemin, le ciel n'était pas trop couvert. Apparemment, il faisait pas trop moche pour la saison, de quoi parfaitement commencer ma vie d'apprenti !

Peut être avais-je pensé trop vite. Le sol devint gadouilleux, donc fallait faire plus attention. Dernière Danse m'avait prévenu juste à temps car un peu plus et je m'enfonçais dans la boue ! Et j'avais beau prendre garde, je ne pus m'empêcher de glisser à plusieurs reprises, bien heureusement rien de bien méchant. Les marécages prenaient le dessus sur la forêt, jusqu'à qu'on finisse par s'y plonger entièrement. Admiratif, je sautillai presque pour scruter chaque pierre, chaque flaque, chaque racines ou chaque brindille pour m’imprégner de l'endroit. Un jour, de la même manière que mon oncle l'avait fait quand j'étais chaton, je connaîtrais les marais par cœur !

- C'est ici que le territoire est le plus marécageux. Mais c'est un super coin de chasse ! De nombreuses bestioles viennent ici pour boire. Et l'endroit est envahi d'affreux d'insectes en été. Tant de connaissances ! J'avais hâte d'en savoir autant qu'elle. Justement, elle repris : Sers-toi de ton nez ! Qu'est-ce que tu sens ?

Un peu honteux de ne pas y avoir penser par moi-même, je m'y mis à l'instant. Mais malheureusement, rien de bien incroyable.

- J'ai bien peur d'être trop nul pour sentir quoi que ce soit. Dus-je admettre. Tout ce que je perçois, c'est ces immenses flaques de boue et l'humidité...

C'était dur de me l'avouer, mais mon odorat n'était pas très développé ici. Enfin, ailleurs non plus, mais plus particulièrement ici. Et puis mes pattes recouvertes de toute cette vase n'arrangeaient rien non plus ! Mais je n'allais pas me décourager si vite, hein ? Moi qui étais pourtant persuader de pouvoir être le meilleur, j'avais bien peur de ne pas pouvoir ramener une proie au camp aujourd'hui si je n'étais même pas capable de sentir plus loin que mes pattes.

— J'ai bien peur d'être trop nul pour sentir quoi que ce soit.
— N o n ! rejeta d'emblée la lieutenante en lui assénant une tape sur la tête.
— Tout ce que je perçois, c'est ces immenses flaques de boue et l'humidité...
— Non et pour deux raisons : ne te dévalorises pas, tu dois bien commencer quelque part. Tu reconnais déjà l'odeur des marais qui est très différente de celle au camp, c'est pas mal !

Peut-être que c'était ça le problème ? L'odeur forte et musquée des marais masquait celle des autres. Dernière Danse, enfant prodige et guerrière surdouée n'avait jamais eu ce problème. Elle replia sa queue sur elle même dans un mouvement désinvolte :

— On va continuer, tu t'exerceras à sentir les odeurs en chemin.

Joignant le geste à la parole, elle quitta les marais puants pour prendre le chemin qui menait aux passiflores. La terre était plus dure, assainie peut-être par les multiples passages des félins et autres animaux de la forêt. Pourquoi se fatiguer à partir en terra incognita débroussailler sa propre voie quand on pouvait tout simplement suivre celles qui existaient déjà ?
Dernière Danse prit le trot. S'ils continuaient à avancer comme des anciens boiteux, ils n'auraient jamais fini avant la nuit.
Nuage de Pin devait déborder d'énergie après tout ce temps passé enfermé à la pouponnière, il devrait réussir à suivre le rythme.

Voici les Passiflores ! déclara t-elle arrivée à destination, en tournant sur elle même.C'est le seul endroit qui vaut le coup et ça les guérisseurs l'ont bien compris. Elle lui adressa un clin d’œil.
Ils s'y rendent souvent pour aller chercher des remèdes et autres.. trucs. conclut-elle avec désinvolture.

Elle s'assit au milieu des fleurs, reprenant doucement son souffle.

Il nous reste deux endroits à voir ensuite : le Cèdre Calciné ou bien le Charnier. La lieutenante pencha la tête sur le côté, réfléchissant : On n'aura pas le temps pour les deux. Lequel tu aimerais voir pour conclure cette première journée d'entrainement ?

-  Non et pour deux raisons : ne te dévalorises pas, tu dois bien commencer quelque part. Tu reconnais déjà l'odeur des marais qui est très différente de celle au camp, c'est pas mal !  Elle reprit : - On va continuer, tu t'exerceras à sentir les odeurs en chemin. 

Sa réponse me laissa perplexe. Peut-être que le talent viendrait avec le temps. Dans tous les cas, je n'avais sûrement pas intérêt à me décourager si vite car je ne pourrais jamais m'améliorer si je continuais comme ça, c'était certain ! Toujours aussi content de cette sortie, je repris mon entrain pour la suivre sur le chemin qu'elle empruntait. Quand j'étais chaton, j'étais impressionné par l'aisance qu'avaient les guerriers à se retrouver sur le territoire, qui à l'époque me paraissait immense. Et même si je suis plus grand maintenant, je suis toujours aussi fasciné. Mais bientôt, je saurais faire ça moi, aussi bien qu'eux !

Voyant que la lieutenante pressait le pas, je fis de même, ravi de pouvoir sentir le vent sur mon ras pelage dans ce nouvel environnement. Bien évidemment que j'en avais déjà eu un avant-goût avec toutes mes sorties nocturnes, mais c'était encore mieux de savoir que j'aurai l'occasion d'y retourner sous peu.

- Voici les Passiflores !  Déclara-t-elle, une fois arrivés. C'est le seul endroit qui vaut le coup et ça les guérisseurs l'ont bien compris. Ils s'y rendent souvent pour aller chercher des remèdes et autres.. trucs. 

Admiratif, je concentrai toute mon attention sur mes sens. Pouah, cette fois-ci je ne pouvais pas rater les plantes qui puaient à plein nez ! Je ne pus m'empêcher de penser à ce pauvre Nuage de Corbeau, qui devait supporter cette puanteur tous les jours. Et surtout qu'est-ce qu'il lui était passé par la tête pour vouloir ça. Peut-être pour savoir qu'est-ce qu'étaient tous ces autres « trucs »...

Tout en continuant de fouiller les environs, qui étaient plutôt jolis on peut l'admettre, mon mentor reprit, tout en réfléchissant :

- Il nous reste deux endroits à voir ensuite : le Cèdre Calciné ou bien le Charnier.  On n'aura pas le temps pour les deux. Lequel tu aimerais voir pour conclure cette première journée d’entraînement ?

Etant donné que je n'avais jamais vu ces deux endroits il ne fallait choisir que par leur réputation. Je savais bien que le charnier n'était qu'un dépotoir insalubre, il n'en était pas moins assez intriguant. Quant au Cèdre Calciné, son nom voulait tout dire.

- Allons au Charnier ! Décidai-je avec entrain.

Nous reprîmes le pas, toujours sur les chemins. Le soleil commençait presque à décliner, mais si elle avait proposé une dernière destination c'est qu'on avait le temps pour y aller. Surtout en trottinant, comme je le faisais, toujours aussi hâtif. Bientôt, une odeur nauséabonde remplit la forêt. C'était sûrement celle des vieilles charognes qui devaient gésir là. J'avais bien envie d'y courir tant j'étais pressé d'y aller, mais il fallait me montrer digne d'être apprenti, et pas faire le fou comme j'en avais l'habitude. Enfin, juste pour aujourd'hui histoire de faire bonne impression ~

—Allons au Charnier !
— Hum ? Elle dressa les oreilles et lui sourit. Un choix dangereux, mais audacieux ~

Elle huma l'air et pivota lestement, comme l'aiguille d'une boussole.

J'imagine que ça va rééquilibrer la balance des odeurs ? De cette odeur de fleur on va passer à une puanteur sans nom.

Elle fronça le nez, rien que d'y penser. N'était-ce pas une idée affreuse d'emmener son apprenti là-bas ? Elle espérait qu'il choisirait la deuxième option. Erreur.
Les jeunes étaient bêtes et écervelés. Ils ne mesuraient pas le danger et s'y jetaient la gueule ouverte. Son dernier apprenti était mort au Charnier, il serait dommage de réitérer l'expérience. Et puis deux chats seuls avaient beaucoup de chances de se faire attaquer par des rats.

Alors que les carcasses d'objets se découpaient dans le ciel et que la puanteur envahissait son odorat, elle décida : le charnier n'était pas une si mauvaise idée.
Elle allait pouvoir tester son apprenti.

Des rats vivent dans ce tas d'ordures. A force de manger les déchets des bipèdes, ils sont devenus aussi cons qu'eux. elle eut un reniflement méprisant. Ils attaquent en groupe. S'ils te mordent, c'est terminé. La blessure va s'infecter et elle fera atrocement mal. T'aurais plus qu'à espérer que les prières et les fleurs de mon frère fonctionnent.

Elle adopta une allure prudente, marchant à pas lents à présents.

On va jusqu'à l'endroit où Nuage du Manchot s'est fait empalé et on rentre.

J'espérais l'avoir ne serait-ce qu'un peu impressionné en choisissant cet endroit. Rien que par sa réputation, je savais que le Charnier était fétide et dangereux : tout le monde savait ça. Et, vu son sourire en coin, elle n'était pas déçue. Tant mieux, c'était au moins ça de réussi !

Mais ce n'était bien sûr qu'en m'y rendant que je me rendis compte du véritable danger. Des multiples babioles de bipèdes aux cadavres nauséabonds, j'avais du mal à trouver de la place pour mes pattes. Et puis, tous ces trucs tranchants qui sortaient des tas et du sol ne me facilitaient pas la tâche. Au moins, en rentrant au camp, je pourrais faire le malin auprès de mes sœurs ! Si j'y rentre...

-Des rats vivent dans ce tas d'ordures. A force de manger les déchets des bipèdes, ils sont devenus aussi cons qu'eux. Ils attaquent en groupe. S'ils te mordent, c'est terminé. La blessure va s'infecter et elle fera atrocement mal. T'aurais plus qu'à espérer que les prières et les fleurs de mon frère fonctionnent. M'expliqua mon mentor, que j'écoutais en frissonnant. J'aimais son honnêteté, mais c'était flippant.

Ah ça me foutait presque les jetons cette affaire ! Comme si tous les objets qui étaient étendus là n'étaient pas suffisant, fallait en plus risquer sa vie avec ces fichus rats. Argh, mais quelle idée ! Lorsqu'elle reprit un pas lent en évoquant son ancien apprenti, j'eus un moment d’hésitation avant de poursuivre. Il ne fallait pas se décourager maintenant, mais c'était pas vraiment encourageant non plus.

J'en avais vaguement entendu parler de sa mort, et ça ne m'avait pour ainsi dire absolument pas affecté. Je ne sais plus bien les circonstances si je les ai sues un jour, mais à part pour découvrir le lieu, qu'est-ce qu'il foutait là ? Enfin bref, je suivis mon mentor prudemment jusqu'à qu'elle s'arrête. Je voyais entre chaque recoin une queue de rat qui dépassait, un petit squik caractéristique, mais je crois que c'était plus mon imagination qui me jouait des tours. Peut-être aurait-il mieux fallut me raconter tout ça après notre « visite »... Là où on s'arrêta n'était pas plus différent du reste. Des tas de débris de bipèdes, des trucs au bout piquant, et c'est à peu près tout. Et nous étions était déjà bien trop avancé pour moi : j'avais qu'une hâte, partir en courant.

- Hmm.. C'est pas que je regrette d'être venue, mais j'imagine qu'il n'y a pas grand-chose d'autres à voir ici ?... Demandai-je, incertain, pour l'encourager à partir au plus vite.