Hate, revenge or friendship ? | ft. Petite Braise -end

Voilà quelques jours que le combat entre les deux titans avaient eu lieu. Le jeune Petite Braise se retrouvait enfermé dans cette tanière remplit de plantes et de malades. Il n’aimait pas ce lieu, mais sa peine était allégé par la présence d’Esprit Soucieux. Nuage de Pin, fraîchement apprenti et fraîchement balafré à l’oreille, avait fait un rapide passage dans la tanière pour soigner son oreille, alors que le rouquin était obligé de rester là, à ne rien faire. Son visage était couvert de toiles et d’un cataplasme de plantes dégoûtantes. Etait-ce ce que voulait le Clan des Etoiles ? Il avait peur de les avoir déçus en attaquant un camarade. Pourtant, c’était lui qui avait commencer. Il méritait cette blessure, vu la balafre qu’il avait laissé au rouquin. Petite Braise pesta entre ses toiles, geste qui lui arracha une douleur dans la bouche. Il ne pouvait presque pas manger, boire lui faisait mal et parler lui était presque impossible. Les plaies qui décoraient son visage lui brûlaient la chair, comme si le brasier qu’il était se retournait contre lui.

Couché sur sa litière, il ne voyait que très peu entre ses bandages, son œil droit était recouvert de toiles, il avait presque faillit perdre la vue de ce dernier. C’était passé à une queue de souris. L’histoire qu’ils avaient comptés les avaient sauvés, eux deux. Si Nuage de Pin avait osé raconté l’histoire telle qu’elle était vraiment, il se serait fait découper la deuxième oreille. Et Petite Braise n’avait pas besoin de dire la vérité, il était le héro dans cette fable. C’est lui qui avait sauvé son camarade en y perdant le visage. La fierté l’emplissait presque. Commençait-il a croire à leur propre mensonge ? C’était dangereux pour un menteur de croire en ses histoires. Il pourrait raconter son épopée de chaton face à un renard presque cinq fois plus gros qu’eux. Son histoire bercerait les chatons comme celles d’antan avaient pu le bercer. Deviendrait-il Etoile Embrasée ? Le chef qui avait sauvé un camarade au péril de sa vie en n’étant qu’un simple chaton ? Il donnerait espoir et courage aux futurs petits du clan.

Arraché de ses rêveries par un étranger, il descend de son petit nuage. C’est de son seul œil voilé par la douleur qu’il voit l’intrue. C’était Petite Ro- Nuage de Ronce, qui passait sa petite frimousse par l’entrée, décrivant l’antre de son regard. Une chance pour elle, car aucun félin ne se trouve en ces lieux pour porter compagnie au blessé de guerre. C’était la sœur du félin tuxedo, le bourreau qui lui avait refait la face. Cette pensée lui hérissa les poils de l’échine. Elle n’était pas au courant de la vérité, n’est-ce pas ? Respirant une grande bouffée d’air, il fit redescendre ses poils pour paraître le plus calme possible. Il voulait resté passif, dans son état il ne pourrait tenir un affrontement. Pourtant, comment pouvait-il semblé approchable vu sa carrure ? Il était grand, massif et imposant. Ses muscles commençaient déjà à se dessiner sous son poil long et carré. Il était impressionnant, voir effrayant. D’un signe de la tête, il salua sa camarade. Et l’invita à entrer dans l’antre, comme s’il était chez lui.

« - Nuage de Ronce, comment vas-tu ? » dit-il, lentement, avec ces sifflements accompagnés de zozotements.

Les paroles lui faisaient mal, il souffrait rien qu’à user de sa langue meurtrie. Mais il voulait tout de même la saluer. Il ne lui voulait pas de mal et ne lui reprochait rien. Alors il devait avoir l’air amical. Il ne pouvait pas lui en vouloir pour les fautes de son frère, elle n’avait rien à voir avec tout ça. Pour lui prouver qu’il la connaissait, il avait insisté sur son nom, essayant de ne pas l’écorcher de sa voix sifflante. On ne pouvait voir son visage, tellement les toiles recouvraient sa face. Seul son œil apparaissait. Un œil flamboyant, tel que les flammes qui dévorent la forêt en été, tel le feu qui brûle dans les yeux des Monstres du Chemin du Tonnerre. Tel le brasier qui engloutit la vie.

La jeune chatte était tremblante. Ses pas étaient flous, très peu confiants. Cette vision chancelante de l’apprenti arracha un faible sourire carnassier des lèvres déchirées du rouquin. La douleur lui découpa le visage quand sa chair s’étendait. Il secoua la tête, détendant les muscles de ses joues pour effacer ce sourire dérangeant couvert de toiles. Nuage de Ronce n’était pas une proie, et elle ne devait pas être rabaisser à ce rang. Avait-elle peur ? Était-elle déstabilisé par la prestance du matou ? Probablement. Sa longue couronne de fourrure lui donnait cet air massif, semblable à un ours, à un lion. Il était menaçant et il imposait le respect de par son apparence. Il continuait de fixer l’aînée, glissant son œil libre sur la fine corpulence de la chatte, décrivant chaque détail pour ne pas perdre une miette du spectacle. Elle avait une pelisse mi-longue, d’un noir telle que la corneille, ornée de deux billes ambrés, glissantes dans ses orbites ronds. Sa queue était presque aussi longue que son corps, touffue et à l’allure douce. La seule trace qui salissait sa précieuse apparence était cette cicatrice sur son épaule droite, elle glissait en même temps que ses muscles roulaient quand la jeune chatte fit quelques pas.

« - Euh, euh, bien, merci... Même si c'est à toi qu'on devrait poser la question... Enfin, même si c'est évident que tu ne vas pas bien... »

Ces mots arrachèrent un rire grave aux rouquin, il était court, et rapidement rattrapé par une toux grasse. Rire lui faisait mal, tousser aussi. Tout lui faisait mal. Il n’écoutait pas les conseils d’Esprit Soucieux et se rebellait encore, il était là à étirer sa plaie, s’infligeant lui-même sa souffrance. Petite Braise se fichait royalement de savoir si sa plaie saignait ou si les étoiles tombaient du ciel. Le plus important était son interlocutrice. Cygne perdu dans les bois sombres. Elle était d’une beauté délicate, avec son museau fin, sa voix douce et amusante. On ne pouvait ignorer cette touche d’anxiété et de précipitation dans ses paroles. Elle n’était pas à l’aise et Petite Braise le sentait.

« - Tu dois te sentir seul, non ? »

Rapide la petite. C’est vrai qu’elle était plus âgée que le rouquin, mais elle n’attendait pas son reste ! Ces paroles arrachèrent un froncement de sourcil au chaton imposant, qui se demandait ce que voulait dire la noiraude dans tant de précipitations. Il lâcha un nouveau rire, logé dans sa gorge ce coup-ci, moins bruyant et plus rauque que le précédent. Il secoua une oreille, étirant une patte avant puis l’autre, fatigué de rester sur sa litière tout le long de la journée. Il se réinstallait, et invita la jeunette à s’installer face à lui d’un geste de la queue.

« - Je ne suis pas souvent seul, Esprit Soucieux ou Nuage de Corbeau sont souvent présents. Mais je peux te promettre que l’agitation de la pouponnière ne me manque pas ! Et toi, tu ne te sens pas trop seule ? »

Il avait utilisé sa propre question contre elle, mais il pensait aux plusieurs sens qu’elle pouvait tirer. Amicalement ? Familialement ? Amoureusement ? Tout. Est-ce qu’elle se sentait seule ? Était-elle heureuse en tant qu’apprenti ? Petite Braise se découvrit une réelle inquiétude face au bien-être de l’apprentie noire. De l’affection ? De la pitié ? Il ne savait pas, il ne s’y intéressait pas. Ses paroles lui avaient arracher un crissement de douleur. Il sentait sa peau se détendre et s’arracher à chaque lettre qu’il prononçait. La peau neuve et saine qui se formaient sur sa plaie se faisait tirer des deux côtés de la balafre à chaque mouvement. Il secoua sa tête pour effacer la douleur et continuer de glisser son œil sur le corps de sa voisine, décrivant sa beauté.

Le rouquin se rend compte que sa camarade est tendue, elle a les poils qui se dressent au fur et à mesure que le chaton glisse son regard sur elle. Pourtant, quand le matou se blesse en riant, son regard semble éprouver de la compassion. Il avait été le bourreau du frère de la femelle, deux fois précisément, mais ils n’avaient connaissances que de la faute commise en temps que chaton. S’ils savaient, si tout le clan savait. Quand le matou reprit la parole, la femelle sursauta, et il pouvait entendre son coeur battre la chamade. Avait-elle peur ? Elle était tendue, presque effrayée. Ses sous-entendus semblèrent claires aux oreilles de la chatte, qui hésita avant de répondre. Nuage de Ronce ne sait pas quoi faire, et elle semble être mal à l’aise.

« - Euh... Oui, enfin non… »

Oui ou non ? Il faut savoir. Elle ne semble pas sûre d’elle, et après une longue respiration, elle décide finalement de sortir de son mensonge pour être honnête. C’était une ouverture que voyait-là le petit rouquin ? Elle faisait preuve de faiblesse, mais Petite Braise était une personne de confiance, malgré ce qu’on peut dire de lui.

« - Enfin... Parfois, ma mère et ma fratrie me manquent un peu... Depuis mon baptême, j'ai rencontré pleins de personnes, et appris beaucoup de choses, mais je ne passe plus autant de temps avec eux… »

Le rouquin ne pouvait pas comprendre son point de vue, sa mère lui est inconnue et sa sœur est presque invisible, trop peu présente pour lui. Il n’avait pas de figure familiale, il n’avait qu’Esprit Soucieux en semblant de paternel. La jeune noiraude baisse les yeux, c’était une révélation et un aveux difficile et douloureux pour elle, et ça le rouquin ne le comprenait pas. Il ne pouvait que compatir face à sa tristesse, mais il ne pouvait la conseiller sur ce problème, il n’avait aucune expérience sur ce plan social là. Avec une gène attristée, la femelle abandonne des mots suite à sa vérité devenue encore plus réelle une fois dite.

« - Je... Je devrais peut-être te laisser... Si... Si tu n'as pas besoin de compagnie… »

Le rouquin soupire lentement, sa blessure lui brûlant le visage comme un brasier ardent. Il fait glissé sa queue sur le sol, avec lenteur et calme. Il arbore un visage plus amical, plus chaleureux et plus détendu. Petite Braise veut la mettre à l’aise, qu’elle puisse s’ouvrir à quelqu’un et se débarrasser de ce fardeau qu’elle porte, ou au moins en partager la charge.

« - Tu peux rester là si tu veux, j’apprécie ta compagnie et tu sembles en avoir besoin aussi. »

Ils étaient tout à fait différents, et pourtant les opposés semblent s’attirer. Il appréciait vraiment sa présence, et espérait pouvoir tisser une amitié avec elle alors qu’il tissait une haine avec son frère. Petite Braise ne savait comment interagir avec ses camarades, et c’était encore bancal lorsqu’il tentait de discuter avec eux. Il n’a connu que la solitude et la colère, il ne savait pas comment réagir face à l’amitié et l’affection.

« - Je ne peux pas t’aider avec ta famille, tu dois bien le savoir.. Je n’ai jamais connu une vraie famille et j’ai eu quelques.. différents avec ton frère comme tu le sais bien. »

Il s’en était pris plein la gueule pour ça, justement. Que ce soit par Feuille de Houx, Fine Terre ou même les autres membres du clan. L’animal était de sorti et plusieurs membres craignaient qu’il ne devienne violent comme avait pu l’être Feulement. S’ils savaient qu’il deviendrait son mentor, ils auraient demandés à faire disparaître les deux matous. C’est comme lancer une grenade dans une usine de dynamites. C’était du suicide.

LLa jeune chatte semblait tenter de le détailler, de comprendre ce qu’il ressentait, de lire en lui. Pourtant, c’était un combat perdu d’avance. Pourtant, elle semblait voir ce que même le rouquin ne voyait pas, cette faiblesse de coeur, cette crainte impardonnable de ne pas être à sa place. Mais Nuage de Ronce ne semblait pas avoir pitié, elle semblait rester lucide, comprendre qu’un chat reste un chat même au-delà de lui-même. Elle semble aussi comprendre que Petite Braise se protège juste, des autres et de lui-même. Le rouquin savait très bien que sa camarade était tiraillée entre son affection envers le rouquin, et son envie de vengeance pour son frère. Si elle savait que les deux matous s’étaient déjà vengés à leurs manières. Alors qu’il l’invite à rester avec lui, la jeune chatte se recouche lourdement au sol, avec une sorte de bêtise sur le visage qui la rend ahuri.

« - Ah... Ah bon... »

Si elle savait, c’était sûrement la seule femelle que le matou connaissait, depuis que sa sœur vivait sa propre vie loin de lui. Ils avaient perdus contact lors de l’accident, était-elle seulement au courant qu’il était encore en vie ? La noiraude répondu avec hâte, pourtant sa voix tremblante trahissait sa fébrilité.

« - Je suis désolée, j'aurais dû faire attention à ce que j'ai dit... Je ne peux pas faire grand chose, mais je-... Je ne peux pas dire que je comprends, pardon... Quand à mon frère... Eh bien, je ne sais plus trop quoi en penser... Je veux dire, je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre vous, mais.. »

Alors qu’elle se coupe en plein milieu de sa phrase, elle plonge ses prunelles jaunes dans les yeux embrasés du matou, elle semblait réfléchis, reprenant patte sur ses émotions pour se calmer et rendre ses paroles lucides. Elle tentait encore de lire au travers du matou, qui restait de marbre, l’écoutant.

« - Je t'en veux pour ce que tu lui as fait. Les Étoiles t'ont puni, alors je considère que c'est du passé, même si c'est difficile de pardonner ce genre de choses. Cependant… Honnêtement, je ne sais pas quoi penser de toi, au milieu de tout ça. Tu... Tu n'as pas l'air d'être vraiment méchant, et... »

Elle avait lentement baisser les yeux, semblant se tordre intérieurement face à cette épreuve qu’était de s’ouvrir à un autre. Petite Braise n’avait jamais réussi cette épreuve, il vivait dans le mensonge depuis sa naissance, et l’entretenait encore aujourd’hui en mentant sur son accident. Nuage de Ronce redresse la tête, observant le matou, laissant sa phrase en suspens. Il lâcha un faible soupir. Tout le monde le voyait comme un monstre, et pourtant, alors qu’elle lui faisait un semblant de compliment, il ne pouvait que retenir cette information. La haine qui avait brillé dans les yeux de Feuille de Houx, le dégoût qui avait distordu le visage de Fine Terre, et cette rage qui avait foudroyé Nuage de Pin, était tout ce qu’avait connu Petite Braise. Il n’avait jamais vu cette lueur de fierté dans les yeux de son père, ni même cette affection dans les prunelles de sa mère. Il avait été seul depuis le début, et était forcé de vivre seul. « Tu n’as pas l’air d’être vraiment méchant... » Cette phrase résonnait lentement dans sa tête, il baissa celle-ci, avant de soupirer de nouveau et de rapprocher sa queue à lui.

« - Les Etoiles m’ont puni alors que j’essayais de me racheter. J’accepte ce que l’on me reproche, et je dois maintenant vivre avec cette faute sur le visage. J’ai essayé de protéger ton frère, et j’ai payé le prix de mes actes. »

Il soupira de nouveau, de fatigue ou d’essoufflement ? Ou seulement de détresse ? Il avait peur de mal agir, et d’être mal vu auprès du Clan des Etoiles, il voulait sa place là-bas, et ferait tout pour être bon aux yeux de ses ancêtres. Il n’était pas méchant, personne ne naît naturellement mauvais. Il avait été sali, souillé par la sauvagerie qui l’avait bercé. Il n’avait pas connu les limites qu’une famille pose, l’éducation qu’elle enseigne et l’enfance qu’elle offre. Il était seul, et aujourd’hui encore, il était désarmé face à sa solitude, blessé, meurtri.

« - Je n’ai jamais cherché à être méchant. Je suis ce que je suis, je vis dans un monde qui ne m’a pas façonné, je n’ai jamais eu de directives pour me guider. Ce monde me méprise. »

Il ne cherchait qu’à.. survivre. Il ne pouvait vivre dans un monde qui ne l’acceptait pas, il était naît sans avoir été voulu, il ne devrait même pas être ici, auprès d’un père qui ne veut pas de lui, auprès d’un clan qui ne l’a jamais accepté. Est-ce que cette mère qu’il ne connaît pas le voulait ? Est-ce qu’il aurait vécu comme les autres chatons auprès de sa génitrice ? Ou était-ce elle qui l’avait abandonné aux griffes de Faucon Fugueur ? Au cœur des ronces du Clan de l’Ombre ? Qui était-elle, si elle n’était pas Coeur de Tournesol ? Etait-ce une chatte de clan ? Une solitaire ? Ou encore pire, une domestique. Cette pensée lui offrit un frisson, de dégoût. Il ne pouvait accepter d’être un sang impur. Un domestique ? Quel horreur.

Le jeune rouquin voyait bien que la jeunette le regardait avec cette pointe d’admiration qui le rendait presque fier. Pourtant, elle semblait encore douteuse. Tout le monde doutait de cette histoire. Quelle mouche aurait piqué le rouquin pour qu’il menace sa vie pour sauver celle de son rival, Nuage de Pin ? Lui-même trouvait ce point de l’histoire plus que fragile. Ils auraient dû trouver autre chose, de plus stable, de plus réaliste. Le fait que sa voisine doute de son honnêteté le secoue un peu, et le fait se demander si il ne devrait pas lui dire la vérité. Toute la vérité. Impossible, c’est comme une claque mentale qu’il s’administre lui-même, tordant le bout de sa queue. Le mensonge devait resté tel quel, ils devaient l’emporter dans leurs tombes.

Les deux félidés étaient incroyablement proches, et Petite Braise appréciait sentir cette chaleur lointaine s’échapper du corps élégant de la chatte noire. Il avait ce désir charnel, naturel, cette envie de faire d’elle la sienne. Pourtant, son instinct de chasseur était contradictoire aux lois de leur société. Ce n’était pas bien vu, c’était mal. Nuage de Ronce semble avoir un sursaut, se rendant elle aussi compte qu’ils étaient bien proches. Même si ce n’était pas aussi proche que le rouquin le souhaitait. Elle se trouvait au bord de son nid de fortune, très peu agréable, presque piquant. Et pourtant, il semblait être dans un confort presque mystique en présence de la chatte.

Suite à ses paroles qu’il pense dénuées de sans, la jeune apprentie semble choquée, et empathique. Il n’appréciait pas ça, il n’aimait pas attirer les grâces des autres, il ne voulait pas qu’on le prenne de pitié. Et pourtant, c’était un semblant de tristesse qui se dessinait sur le visage fin de Nuage de Ronce, si fin et si délicat, qu’on pourrait croire à une poupée de cire taillée à la main, avec une précision presque impossible. Les reflets de la lumière filtrée faisaient comme des petits éclats sur son pelage, presque similaire à de la poudre d’étoiles. Et le chaton se surprit à encore perdre son regard et ses pensées sur l’allure de sa camarade, elle lui faisait tourner la tête, c’était sûr.

« - Pardon... »

Ces mots assaisonnés d’une pointe de tristesse secouent le rouquin, le forçant à revenir sur terre. Nuage de Ronce serrait les crocs, et il n’était pas difficile à savoir qu’un sanglot lui coupait la gorge. Elle semblait perdue, elle aussi. Et ses magnifiques prunelles dorées étaient brillantes, elle retenait ses larmes.

Le rouquin abandonne ses barrières, il quitte cette armure de pierre qu’il s’était taillé, et d’un geste lent et silencieux, se rapproche de la jeune chatte. Il se couche juste à côté d’elle, collant sa fourrure lustrée et douce à la sienne, laissant leurs pelisses s’embrasser. Il donne un délicat coup de museau dans le cou de sa camarade, ignorant la douleur que ce geste insignifiant lui offrit. Il plonge ses prunelles dans les siennes.

«  - Ne t’excuses pas. Tu n’y es pour rien. Les Étoiles en ont décidées ainsi, alors c’est forcément juste. Je sais que j’ai ma place, quelque part. Je la trouverai, même si je dois passé ma vie à la chercher. »

Il fixe le mur de l’antre, son regard perdu dans le lointain. Il se sentait agréablement bien près de l’apprentie, était-ce donc ici, sa place ? Lui qui pensait la trouver en retrouvant sa mère, en prouvant qu’il était un digne membre du clan de l’Ombre, en devenant lieutenant ou chef, en rencontrant le clan des Étoiles. Et pourtant, non, c’était une vague de paix qui le caressait, près de Nuage de Ronce. Était-ce partagé ?