Douce dernière journée ~ Crocs Nacrés, les filles, puis le clan - end

HRP:

Ça faisait plusieurs jours que j’avais ça en moi. Je savais bien ce qui allait arriver très bientôt. Mes sommeils étaient prolongés de plusieurs heures. Mes repas fuyaient mon corps. Je voyais Patte… Nuage des Vents s’activer, me donner toutes sortes de plantes, me donner de quoi me soulager, me faire tenir. Elles étaient si unique, si belle. Je n’étais plus au courant de ce qu’il se passait dans mon clan. Tout était si lointain, tout tournait et rien ne restait en place. Sauf mes filles. Je savais qu’elles étaient là. Toutes les trois, mes seules merveilles dans ce clan. J’avais compris ce que c’était l’amour d’une mère avec elles. J’avais failli mourir par amour. J’avais compris ma mère. J’étais prête à me sacrifier pour elles. Pourtant rien ne restait en moi. Je n’avais plus la force de bouger. C’était à peine si je réussissais à redresser ma tête. Pourtant j’avais quand même la force d’avoir peur. Pas de mourir, mais du serpent qui prenait petit à petit une grande confiance, il sortait de son nid, même en hiver. Mes filles allaient grandir avec ce malfrat, et c’était pour cette raison que je devais parler à Crocs Nacrés, leur père.

La maladie gagnait du terrain, malgré les nombreux soins de ma fille et de son mentor. Depuis un certain temps je n’avais plus que des petites graines à avaler. Elle aussi se rendait compte de mon état ? Elle aussi voyait que j’allais rejoindre nos ancêtres ? J’essayais régulièrement de faire comme si tout allait bien. Mais mes pattes ne me soulevaient plus, je n’arrivais plus à manger, ni boire. Il n’y avait plus de doute sur l’avenir. Mes filles vont se retrouver seules… C’était bien ce qui me terrifiait le plus. Il fallait vraiment que je parle à Crocs Nacrés. D’une voix faible, coupée par une toux terrifiante, je faisais signe à Patte Venteuse… Non, Nuage des Vents, elle a si vite grandi… Et son visage griffé par cette aberration de l’Ombre de merde. Si j’en avais eu la force je serais aller lui faire comprendre personnellement que toucher à ma fille c’était synonyme de coupage de… Disons qu’il ne serait plus un chat entier si j’étais partie le chercher. Malheureusement j’étais tombée malade à ce moment là. Les étoiles voulaient m’empêcher d’accéder à ce stupide truc qu’on ose appeler un chat, à tous les coups.

« Ton papa…, s’il te p… plait ma ché..rie. »

J’essayais de lui sourire avec un visage à moitié endormi. Je ne voulais pas qu’elle pense mon départ si proche. Je ne voulais pas voir mes filles tristes.

« Ensuite, j’aimerais… Parler à tes sœurs… et à t… toi. »

Je me raclais la gorge du mieux que je pouvais. Le temps qu’elle revienne avec son père, je léchais doucement la boule de mousse pleine d’eau qui était à mes pattes. C’était difficile d’avaler quoi que se soit, mais j’allais devoir parler, alors je devais être compréhensible. Même si la fière me faisait tourner la tête.

Crocs Nacrés arriva alors, semblant désespéré. Doucement Chaton, joue pas la pitié. Il semblait vraiment triste. Est-ce que je l’avais tant marqué que ça ? Lui avais-je vraiment brisé le cœur à ce point… ? J’avais un pincement au cœur. J’ai été mauvaise avec lui. Il est peut-être simplet, mais c’est un brave félin. Il était loin de mériter ce que je lui avais fais. Pour la première fois depuis bien longtemps, mes yeux se mirent à briller. Pas uniquement à cause de la fièvre. Je sentais que les larmes étaient là, prêtes à couler. Je l’aime beaucoup quand même ce Crocs Nacrés, j’ai été trop stupide à jouer le bourreau des cœurs. J’aurais pu tant lui donner, mais c’était trop tard pour regretter, puisque je pars…

« Excuse-moi, Brise Argentée... Je suis... Tu peux pas savoir comment ça me rend dingue... Je suis vraiment désolé. Pour tout...

« Crocs Nacrés… », dis-je d’une voix si faible que je doutais qu’il entende quoi que se soit

Il s’approchait doucement. Pleure pas mon grand, s’il te plait. Je ne voulais pas le voir pleurer maintenant. Surtout que je me rendais compte, sur mon lit de mort, que j’étais vraiment attachée à lui.

« Tu es quelqu'un de formidable. Tu méritais... Beaucoup mieux... Et sans toi... Sans toi j'ai peur... Je ne sais pas ce qui se passerait si je devais... mettre les petites dans l'embarras... »

Je le fixais, avec de la peine. Lui, il détournait le regard, sanglotant. Les larmes que je m’efforçais de retenir finirent par tomber. Je chuchotais son nom une fois de plus, mais ma toux que rattrapa bien vite, violente et lugubre. Je léchai encore un peu l’eau sur la boule de mousse. J’allais prendre la parole, quand il dit les mots qui me faisaient frémir.

« Reste... Reste avec nous... Ne meurs pas... »

Il était très proche, mais ne semblait pas oser me toucher. J’essayais de tendre la patte pour lui frôler la sienne. Ce n’était pas un geste réfléchi, je l’ai fais parce que j’avais besoin qu’il arrête de pleurer. Je n’avas nullement peur de partir, parce que je ne m’en rendais pas vraiment compte, mais là, son regard, ses larmes, ses mots… ça allait arriver, j’allais quitter… J’allais partir. Mes filles, mon frère, Crocs Nacrés, mes amis, bien qu’ils soient peu nombreux… Mon père. Je les aimais tous en réalité. Je respirais de plus en plus mal, sûrement à cause des pleurs, je tremblais plus encore.

« Promet-moi de pro… téger les filles… Nos filles. Eloigne-les le plus po… ssible de Cobr… a Royal »

J’aurais aimé une dernière étreinte du guerrier. Je fixais Crocs Nacrés, les yeux mouillés, attendant sa promesse… Et une possible étreinte. Maintenant qu’il avait réussi à me faire pleurer, il devrait se faire racheter !

« Trouve une belle âme… qui sauras t’aimer plus que moi. Protège… Protège juste les filles… »

- Elle aimerait vous parler un peu. Courage.

Ces quelques mots raisonnèrent dans la tête de Nuage des Vents comme le tonnerre qui lui avait pris une partie de ses oreilles et avait failli emporter sa mère ce soir là. Aujourd'hui, le temps venait terminer ce qu'il avait commencé.
Elle avait attendu devant son antre sans bouger jusqu'à ce que leur père sorte enfin de là, leur laissant la place. Son regard se tourna vers ses soeurs, Nuage d'Alizé et Nuage de Foehn, silencieux. Elle ne voulait pas les voir pleurer, elle ne voulait pas les voir souffrir.

- Attendez moi là, fit-elle tout simplement, essayant de cacher sa voix tremblante. Je vais lui donner de quoi... aller mieux, et je reviens.

Et elle s'engagea dans son antre.

Voilà plusieurs lunes qu'elle y vivait désormais, dans cette odeur de plante et de maladie, isolée du reste du montre avec Silence d'Hiver. Elle avait mis bien du temps pour s'y accoutumer, pour en faire son chez-soi, pour trouver ce fichu terrier accueillant.
Aujourd'hui, il lui semblait horriblement malveillant. Il était devenu un lieu étrange, hostile et inconnu. Nuage des Vents en avait la nausée.

L'apprentie guérisseuse regarda sa mère, allongée là dans ce nid depuis trop longtemps déjà - et elle ne s'en relèverait jamais. Ses pattes tremblaient, sa gorge de nouait et alors qu'elle voulait pleurer, elle ne pouvait pas. Elle avait quelque part un torrent de sanglots bloqués, entravés par les ronces de la haine qui se plantaient dans son coeur. Ses cicatrices la brûlaient. Elle voulait pleurer, hurler, s'effondrer dans les pattes de sa mère, rester là à tout jamais et supplier les Étoiles que le temps s'arrête, qu'ils lui laissent sa mère - elle leur donnerait tout ce qu'ils désireraient.
Mais Nuage des Vents resta de marbres. Respirer était presque difficile, elle sentait ses poumons se figer chaque fois qu'elle tentait d'inspirer profondément. Elle avait devant ses yeux le visage de son agresseur, de celui qui lui avait empêché de récolter ces plantes qui auraient tant pu aider sa mère.
Il était trop tard.
Tout était sa faute.

Elle prépara sur une feuille fanée un mélange de miel, de quelques gouttes d'eau et de pétales de coquelicots. Ils ne ressemblaient plus à grand chose, ayant perdu leur couleur et s'effritant beaucoup trop facilement au moindre contact. Le miel, lui, était intact. Il ne restait plus grand chose, mais il avait cet avantage de ne jamais pourrir ni geler.
Nuage des Vents le posa près de la gueule de sa mère, calmement.

- Prends ça, l'encouragea-t-elle. Ça devrait t'aider pour leur parler, et avoir l'air moins souffrante.

Avant même que Brise Argentée ne puisse lui répondre quoi que ce soit, même un simple merci, si elle en avait eu l'intention, elle l'arrêta d'un geste de la patte.

- Ne parle pas. Pas maintenant. Garde tes forces pour Nuage d'Alizé et Nuage de Foehn. On aura le temps à la prochaine demi-lune, quand je viendrais te rendre visite. Elles n'auront pas cette chance.

Le temps semblait suspendu, dans cette petite antre perdue, isolée du reste du monde. Elle n'entendait qu'un souffle d'hiver lointain, s'infiltrant dans certains couloirs de la tanière qui leur servait à guérir. Ou à laisser mourir.
Nuage des Vents se leva, prête à repartir. Elle ne voulait pas monopoliser tout ce temps pour elle, ce temps bien trop précieux qui leur manquait et qu'elle pourrait rattraper. Pas ses soeurs.
Elle ne voulait pas non plus être là pour ça. La mort. Le moment où les Étoiles viendraient la chercher. Cette simple pensée lui arracha un haut de coeur impossible à réprimer. Elle voulait fuir, et en même temps rester là, car elle savait qu'elle le regretterait, mais c'était au dessus de ses forces. Nuage des Vents y avait pensé, pourtant! Elle avait ressassé cette idée encore et encore dans sa tête, cherchant tout les moyens pour rester là et ne pas s'en aller, pour ne pas abandonner sa mère et ses soeurs, seules, désemparées alors que Brise Argentée s'en allait.
Mais elle ne pouvait pas.
Reste ! hurlait-elle intérieurement. Reste ! Pour maman, pour tes soeurs !
Ses griffes se plantèrent dans la terre, sa queue fouetta l'air tandis qu'elle serrait les dents, impuissante. Elle ne pouvait pas.

- Tu avais promis de ne plus jamais les faire pleurer. Alors sois forte. Je te pardonne pour cette fois mais... Si tu recommence je...

Elle s'arrêta, grattant son oreille mécaniquement. Les derniers mots étaient importants, essentiels. Ils resteraient gravés dans sa mémoire, ne s'en iraient jamais.
Ce ne seront pas mes derniers, se consola-t-elle.

- Je leur ai promis... que toutes les lunes, je te transmettrai leurs messages, et que je leur dirais à leur tour ce que tu voulais leur dire. Je leur ai dit que... c'était juste un départ. Que tu ne serais plus là mais que tu ne partirais jamais vraiment. Alors... tu as plutôt intérêt à veiller sur elles parce que... si je vois que tu n'as rien fait quand je viendrais te rendre visite alors... tu auras affaire à moi.

Nuage des Vents se leva, se tournant pour prendre la sortie et partir, laissant la place à ses deux soeurs.

- Ce sera ta part du travail. Et moi, je veillerai ici. Je veillerai à ce que ce foutu serpent ne leur fasse rien. Tu ne croyais quand même pas que j'allais te laisser partir sans rien, ahah... Tu es trop jeune pour être mise au repos, sans aucune mission sur les épaules.

Elle se mit à rire doucement. Un rire triste qui se perdit rapidement dans le vent.

- Je t'aime maman. On se revoit très vite.

Sans se retourner, elle retrouva l'air libre. Nuage des Vents n'avait pas passé beaucoup de temps dans cette tanière, mais ses yeux s'étaient déjà accoutumés à la semi obscurité qui y régnait, alors elle dut les plisser pour espérer voir correctement dans cette lumière hivernale, le temps de s'y habituer à nouveau.
Elle se rapprocha de ses soeurs, Nuage d'Alizé et Nuage de Foehn, et les serra contre elle dans une étreinte chaleureuse.

- Vous pouvez y aller. Je vous rejoins tout à l'heure, je vais chercher quelques plantes pour l'apaiser.

L'étreinte pris fin quand elle se recula de quelques pas, les regardant tour à tour dans les yeux. Elles surpasseraient tout ça. Peu importe le temps qu'il faudrait, Nuage des Vents en prendrait autant que nécessaire. Elle leur adressa un sourire triste avant de s'en aller vers les plaines d'une marche lente. Désolée, Nuage d'Alizé, Nuage de Foehn. Elle ne reviendrait pas. Pas avant que le corps de sa mère ne soit déplacé en dehors de l'antre dans laquelle elle vivait.
Elle n'allait pas non plus chercher des plantes pour l'aider - elle lui avait déjà donné tout ce qu'elle pouvait. Elle allait juste cueillir les rares fleurs à l'odeur agréables que l'ont pouvait encore trouver en hiver. Perce-Neiges, hellébores... Tout ce qu'elle pourrait déposer sur son corps pour l'embellir et chasser l'odeur de mort, chez sa mère et dans sa tanière.

D'une patte tremblante, elle coupa la tige d'un hellébore blanc.
La fleur tomba au sol, perdant un pétale au passage.
Puis elle hurla dans de profonds sanglots déchirants, son coeur libérant toute la tristesse et la rage qu'elle avait accumulé.

Spoiler:

C'était le jour tant redouté. Comme leur avait expliqué Nuage des Vents, il n'y avait plus de réels espoirs pour leur mère. Y croire encore ne serait qu'une vaine illusion, qui ferait d'autant plus mal quand elle s'effacerait, écrasée par le poids de la réalité. C'était pour tant à cette vaine pensée que s'était accrochée Nuage d'Alizé. Une vie sans sa mère, lui était tout bonnement impossible à imaginer. Pourtant, elle allait bientôt la vivre. Subir serait sans doute un mot plus approprié. Mais elle ne serait pas la seule à traverser cela, ses sœurs, son père aussi. Un nouveau malheur touchant ses proches... cela ne faisait pas un peu beaucoup pour que cela soit une coïncidence?

Crocs Nacrés sortit de la tanière, et leur glissa quelques mots.

« Elle aimerait vous parler un peu. Courage. »

Courage? Elle n'en avait pas la moindre once en elle. Une part d'elle voulait avoir toujours cette image de la mère en bonne santé, celle qui lui avait montré le ciel de plus prêt en la portant sur son dos. Celle avec qui elles jouaient. Son sourire, son rire.

- Attendez moi là. Je vais lui donner de quoi... aller mieux, et je reviens.

Et elle partit. Nuage d'Alizé ne pouvait même pas lever les yeux, ni regarder Nuage de Foehn. Elle sentait déjà les larmes s’accumulaient, mais elle les retenait du mieux qu'elle le pouvait. Sa mère partait pour le Clan des Etoiles, elle n'avait pas besoin de voir sa fille complètement brisée par sa perte. Elle devait lui offrir une belle vue, une vision qui la réconforterait, lui montrerait qu'elle pourrait faire face.

L'ainée de la portée revint, et les étreignirent. La grise rayée se colla contre elle, cherchant le moindre réconfort. Elle en avait besoin pour garder la face.

- Vous pouvez y aller. Je vous rejoins tout à l'heure, je vais chercher quelques plantes pour l'apaiser.

Elle rentra la première, et se plaça à côté de sa mère. Elle devait être forte comme Nuage des Vents. Ce n'était pas elle qui l'avait vu descendre en enfer tout le long de sa maladie. Mais elle n'était pas comme sa soeur. A peine eut-elle croisé le regard de Brise Argentée, qu'elle fondit en larmes, balayant en claquement de griffes la promesse qu'elle s'était faite. Il y avait tant de choses à dire, des remerciements des mots de tendresse, mais étranglée par ses sanglots, elle n'était capable de ne sortir qu'un gémissement.

"Mamoune..."

« Oui… »

Il chuchotait. Au moins il me le promettait et je sentais bien que ses mots étaient sincères. Ce point me faisait sourire. Elles seraient toutes les trois en sécurité. Sa patte toucha la mienne. Hé bhé mon grand, mon charme me suit jusque dans ma mort !

« Je ferai de mon mieux. »

Je savais très bien qu’il s’en sortirait. Même s’il pouvait être un peu simplet, ce n’était pas le dernier des crétins. Ma tête recommençait à me tourner, me montrant un monde instable. J’avais presque des étoiles dans les yeux. A croire que mes ancêtres venaient déjà me chercher. De toute manière ça n’allait pas tarder. Je voulais seulement voir mes enfants avant la fin. Je voulais avoir une dernière réelle étreinte d’elles. Mes pauvres enfants…

« Essaye de les voir, de leur parler. »

Pas la peine de répondre. Je hochais la tête et lançait un dernier véritable regard sur le guerrier. C’était la dernière fois que je le verrais de mon vivant. Ça me faisait, en vérité, un véritable choc. En plus de mes douleurs aux poumons, je sentais une boule au ventre. La peur. La peur de mourir.

« Prends ça. Ça devrait t'aider pour leur parler, et avoir l'air moins souffrante. »

Je ne prenais pas le temps de regarder ce qu’elle me donnait, j’avalais tout. Elle sait depuis bien longtemps qu’il n’y a pas d’espoir. J’allais ouvrir la gueule pour lui parler mais bien vite elle me cloua le bec.

« Ne parle pas. Pas maintenant. Garde tes forces pour Nuage d'Alizé et Nuage de Foehn. On aura le temps à la prochaine demi-lune, quand je viendrais te rendre visite. Elles n'auront pas cette chance. »

Je me taisais alors. Elle était tendue. Son corps pris d’une tristesse intérieur terrible. Je ne savais pas vraiment si la voir dans cet état était plus douloureux. Je me faisais la promesse de la voir, je voulais être présente lorsqu’elle obtiendra son nom de guérisseuse. A chacune de tes visites je serais là pour te voir. Je pars mais je ne t’abandonnerais plus jamais.

« Je leur ai promis... que toutes les lunes, je te transmettrai leurs messages, et que je leur dirais à leur tour ce que tu voulais leur dire. Je leur ai dit que... c'était juste un départ. Que tu ne serais plus là mais que tu ne partirais jamais vraiment. Alors... tu as plutôt intérêt à veiller sur elles parce que... si je vois que tu n'as rien fait quand je viendrais te rendre visite alors... tu auras affaire à moi. »

Elle continua pendant que je gardais le silence. Même mes larmes, étaient silencieuses.

« Ce sera ta part du travail. Et moi, je veillerai ici. Je veillerai à ce que ce foutu serpent ne leur fasse rien. Tu ne croyais quand même pas que j'allais te laisser partir sans rien, ahah... Tu es trop jeune pour être mise au repos, sans aucune mission sur les épaules. »

Crois-moi que s’il touche à un seul de vos poils, jamais je ne lui donnerais de vie. Je refuse de le voir meneur. Je ne les quitterais jamais des yeux, je resterais près d’elles, sans jamais les abandonner.

« Je t'aime maman. On se revoit très vite.

- Je te le promets, je serais toujours là… Je t’aime ma chérie. »

Et elle s’en est allée. Je ne la reverrais qu’à travers des voiles étoilés. Ce qu’elle m’avait donné me faisait du bien, au moins, je partirais dans une douleur moindre. Ma respiration était toujours douloureuse, et ma tête me pesait de plus en plus. Je n’avais qu’une envie, dormir. Mais je devais tenir jusqu’à ce que mes deux petites arrivent, parce que si le sommeil me prenait, la vie me quitterait en même temps. J’essayais de m’installer confortablement, allongée sur le côté, la joue presque collée au sol. Et j’attendais que Nuage d’Alizée et Nuage de Foehn arrivent.

« Mamoune... »

Nuage d’Alizé était arrivé en pleurant. Je ne supportais pas la voir comme ça… Je tendais les pattes vers elle pour essayer de la réconforter. Je me sentais partir malheureusement, le sommeil venait me prendre petit à petit…

« Vous savez, je serais toujours là ? Je veillerais toujours sur vous, quoi qu’il arrive. »

Phrase trop longue égale quinte de toux. Evidement. Je regardais mes deux petites avec fierté, même si mes yeux commençaient à se fermer. Elles avaient donné un véritable sens à ma vie. Les étoiles descendaient vers moi, je sentais l’odeur de ma propre mère venir au dessus de moi.

« Je vous aime, toutes les trois. Soyez forte, je serais toujours là… Venez contre moi. »

Ma respiration se faisait lente, mon cœur ralentissait. J’étais triste de les quitter mais… J’étais apaisée de les avoir à mes côtés. Je pensais tout de même à Nuage des Vents, elle se montrait forte, mais je savais qu’intérieurement elle souffrait, elle ne voulait juste pas le montrer. Ma tête tombait avec lenteur sur le sol. Je voyais de plus en plus trouble, seuls des points lumineux se dressaient devant moi. L’odeur de ma mère m’envahi, et je croyais même distinguer ses traits. Elle venait me chercher. C’était l’heure ? Je ne pouvais pas passer plus de temps encore avec mes filles ? A l’entrée de la tanière je voyais deux formes, assez floues, mais qui m’était familière. Mon père et mon frère. Tous les deux peinés. Je croyais même voir des larmes couler de leur visage. Alors même eux étaient tristes ? La douce voix de ma mère me chuchota de ne plus résister et de la suivre jusqu’au chemin des étoiles. Je n’hésitais pas, et je fermais les yeux. Je sombrais alors dans un sommeil duquel je ne me réveillerais jamais. J’allais devenir une étoile maintenant.

Nuage d’Alizé, regarde le ciel ce soir et montre le à tes sœurs comme je te l’avais fais. Cherche la nouvelle étoile, et vous me trouverez, veillant sur vous, vous protégeant de tout depuis l'astre.

hrp:

It's alright ~ Mother Mother

Brise Argentée tendit les pattes vers elle. En pleurs, alors qu'elle s'était promis d'être forte. Elle voulait tomber entre elles, se presser contre sa mère, une dernière fois. Elle n'arrivait plus à respirer, elle n'entendait qu'à moitié ce qu'on lui disait.

« Vous savez, je serais toujours là ? Je veillerais toujours sur vous, quoi qu’il arrive. »


Si seulement. Si seulement. Nuage d'Alizé, encore, n'était qu'une chatonne. L'immatériel ne l'atteignait pas. Se dire qu'une personne restait dans son cœur, elle y pensait, pour panser sa peine, mais ça ne marchait pas vraiment. Assez ironique, quand on y pensait, car elle avait servi ce discours à Caresse du Vent, le jour où il lui avait dit qu'il avait perdu sa fausse mère. Alors, ça faisait ça, de perdre une mère. Elle ne pouvait que comprendre son état à présent. C'était pire que ce qu'elle imaginait. Certes, Nuage des Vents leur transmettrait ses messages, mais rien ne serait plus jamais pareil.

« Je vous aime, toutes les trois. Soyez forte, je serais toujours là… Venez contre moi. »

"Je t'aime, Mamoune, si fort...

Elle se pressa contre elle, comme elle l'avait espéré auparavant. Une ultime fois, un câlin d'adieu. Reste! Reste, je t'en supplie! Elle n'était pas forte. Elle n'était pas Foehn, elle n'était pas Vents. Elle sentit le cœur battre de moins en mois fort, se fatiguait tandis qu'elle s'accrochait de plus en plus à elle, pour la retenir. Sa supplication intérieure était devenu un cri puissant, désespéré.

Et puis, plus rien. Sa mère n'était plus là. Elle se releva, ses yeux remplis d'horreur. Elle secoua Brise Argentée, pour la réveiller.

Mais il n'y avait plus rien à faire. Elle sortit, en pleurs, bousculant son oncle et son grand-père au passage. Elle crut qu'on l'appela, mais elle ignora. Elle alla dans sa tanière, remarqua qu'elle était vide. Elle se rua sur son lit de mousse, pleurant, bavant sur elle, en tentant d'étouffer ses sanglots. Elle n'était plus là. Une horrible absence, de lourds remords l'écrasaient.

Elle finit par cesser ses larmes, par épuisement. Et elle réfléchit. Longtemps. Et elle comprit. En retard, comme toujours. Elle s'était assez voilée la face.

Il était temps d'agir.

HRP:

HRP :

HRP: