become a cloud | ft. Ronce -end

Une belle nuit fraîche du début de la saison des neiges, comme pour annoncer un baptême aussi positif que la météo de ce soir là. Rester plus que ça soit
vrai ! En effet, le moment tant attendu arrivait demain. Ça allait être vraiment cool, et j'étais prêt à laisser cette .... de pouponnière derrière moi, et à enfin abandonner ces longues journées ennuyeuse. J'étais prêt à rejoindre la tanière des apprentis, là où je retrouverai Nuage de Muguet ma super grande sœur trop méga sympa en espérant continuer nos petites bêtises ensemble, à laisser pourrir dans le coin des chatons l'imbécile, et même si j'étais un peu triste que Petite Orque ne me suive pas je savais qu'elle m'y retrouverait un jour ou l'autre. Sans oublier que mes sœurs seraient toujours avec moi, j'avais hâte de pouvoir leur partager tous mes progrès et d'écouter les leurs. On c'était toujours entraîner ensemble, avec les techniques qu'on copiait à droite à gauche aux guerriers, on c'était perfectionner avec l'aide de certains mais enfin j'allais pouvoir apprendre le vrai art du combat, ainsi que la chasse. Parce que chasser des fourmis ça allait bien deux minutes !

Encore allongé dans mon nid, notre mère nous avait à chacun fait la toilette comme pour nous laisser un dernier bon souvenir de ce passage ici avant de dormir. C'est raté, mais je tacherais de ne pas oublier d'aller la revoir, même en tant qu'apprenti, pour la remercier d'avoir toujours été là. Mais.. Comme d'habitude, je n'arrivais pas à dormir, et encore plus aujourd'hui sachant que demain était le grand jour. J'avais beau me tourner et me rata-tourner je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Il n'y avait plus qu'une seule chose à faire : aller prendre l'air, profiter de ma dernière sortie nocturne en solitaire. Je pris le soin de ne faire aucuns bruits, et sorti juste à l'entrée de la pouponnière. Le ciel était dégagé, laissant place aux étoiles d'une façon que j'avais peu eu l'occasion d'observer auparavant. J'étais né à la saison des feuilles vertes, saison la plus propice pour voir ce genre de chose, mais j'étais encore trop jeune pour en avoir l'idée. Alors je m'assis, en appréciant le spectacle tout en réfléchissant à une dernière bêtise, la scène finale, le clou du spectacle. Mais rien ne me venait, comme si mon imagination était épuisée, à bout. Tant pis, je savais qu'elle reviendrait, de toute manière ce n'est pas parce que j'allais être apprenti que j'allais arrêter de rigoler ! Quand soudain, derrière moi, j'entendis les bruits de pas discret d'une de mes sœurs... Petite Ronce ? L'avais-je réveillée ?

- Toi aussi tu ne dors pas ? Lui chuchotai-je.

Dans la nuit, on ne la distinguait à peine. Son pelage noir comme le jais lui permettait de se camoufler comme une cheffe, mais ses yeux ambrés la trahissait si on y faisait bien attention. Et puis, qui d'autre pourrait me regarder avec cette air si farouche et une lueur de bêtises brillant dans les yeux, de toutes manières ?

- Alors, prête à devenir un Nuage ? Lâchai-je enfin, en ricanant.

Je me ravivai lorsque le visage de ma sœur se dévoila en entier. Dans un haussement d'épaule, elle me répondit d'une voix un peu lasse :

- Ouais... Mais elle se ressaisit lorsqu'elle entendit ma seconde question, Bien sûr ! Et toi ?

Moi ? Bien sûr que je l'étais ! Je n'avais rêver que de ça depuis le début de ma vie ! J'étais entraîner, physiquement comme mentalement, je ne doutais plus de rien ! En guise de réponse, je me relevai, la queue dressée, les oreilles en avant, le sourire au museau. Mais maintenant qu'elle était là, pleins d'idées me venaient en tête. Décidément, je n'étais pas faire pour vivre en solo ! A vrai dire, depuis ma naissance j'ai toujours été aux côtés de mes sœurs et de mes amies, et très peu tout seul. Car oui maintenant que j'y réfléchissais je n'avais pas d'ami de mon âge. Enfin, pas de vrais amis. Mais quel était le problème, si les mâles sont tous des idiots qu'est-ce que j'y peux moi ?

L'excitation brillant dans mes yeux, je lui dis fièrement :

- Que dirais-tu d'une dernière bêtise, rien que nous deux pour clôturer le spectacle ?

Aussitôt, je lui sautai dessus prêt à jouer. J'allais gagner cette dernière chamaillerie contre elle ! Féroce et vif, ayant l'avantage de l'effet de surprise, je l'a mis sur le dos et l'entraîna en roulé-boulé. En même temps, je lui flanquai plusieurs coups de pattes sans sortir les griffes. Je savais pas si ce que je faisais ressemblait à quelque chose, mais j'adorais faire ça parce que c'était le technique que je connaissais le mieux. Enfin, je fis un grand bond en m'éloignant pour la laisser respirer et lui annoncer officiellement la bataille.

- Bats toi ! lui lâchai-je, toujours dans la bonne humeur et la gaminerie. Je bandai mes muscles, prêt à me battre et réceptionner ses coups. Je gardai également une oreille attentive, au cas où on ferait trop de bruit et réveillerai les autres.

Aussitôt, elle fonce sur moi, si rapidement que je ne l'avais même pas vu venir ! Elle m’asséna ensuite quelques coups de pattes au flan pour se retirer immédiatement. Sa technique préférée. Elle l'utilisais tellement souvent que pour le coup, elle ne me surprenait pas plus que ça. Avant qu'elle n'ose revenir sur moi, je pris le temps de réfléchir. Elle fonça une seconde fois. Mais ... Je passai en dessous d'elle à sa grande surprise, pour finir à ses côtés. J'entrepris de la renverser au sol. Elle vacilla, mais je n'étais pas assez fort et précis pour pouvoir la faire chavirer. Je me retire alors, essoufflé mais satisfait.

- Je ne l'a connais que trop bien, cette technique ! Bon, et si on faisait autre chose ? J'ai une super idée ! On a qu'à préparer une mixture bizarre qu'on pourra réutiliser sur les autres. Un truc pas dangereux, mais juste bien dégoûtant eheh ! Ça te dit ?

Oops, peut être un peu trop parler. Mais j'étais trop excité à l'idée de jouer avec elle, rien qu'avec elle. Je frétille d'impatience, la fixant avec mes grands yeux qui se sont élargis suite au combat. Ses yeux ambrés semblent tout aussi pétillant que les miens. Elle était douée, elle aussi. C'était sûr maintenant, on était les plus fort apprentis avant même de l'être !

Cette fois ci, j'attendis son avis. On pourrait utiliser tous pleins de plantes au gout écœurant, ou des chenilles, des fourmis, ou bien même du gibier pas très goûtu. On signerai avec une branche de pin et une ronce ! A force de réflexion, j'avais tellement d'idées que j'avais bien peur de ne pas pouvoir toutes les réaliser ce soir.

Soudainement, l'énorme lune gibbeuse disparut. Les quelques étoiles qui brillaient dans le ciel noir aussi. Les étoiles n'étaient pas contente ? Sûrement pas contre nous en tout cas, on ne faisait que jouer. Que se passait-il, à l'autre bout de la forêt pour que le temps s'assombrisse si brusquement ? Puis la pluie vint, et bientôt, les quelques poils ras qui formaient mon pelage devinrent tout mouillés. Oh, mais pourquoi le soir où on avait prévu tant de jeux fallait-il qu'il pleuve ? D'un mouvement de queue, je dis à ma sœur de me rejoindre au pied d'un buisson touffu.

- Bon, changement de programme ! Et si on se racontait des histoires, plutôt ?

Au pied du buisson, l'air était étouffant et l'humidité dérangeante. De toute évidence, je n'allais pas passer la soirée ici ! Tant pis, on trouvera quelque chose à faire sous la pluie, ou bien on ira ailleurs pour attendre.

- Tu te souviens, quand on avait on avait été boire au marécage, les grimaces de tonton Gelé ? Il ne sait vraiment pas en faire ! plaisanta-t-elle.

Oui, je m'en souvenais très bien. Je me souvenais aussi de tout l'ennui qui en avait découlé. Par la suite, tellement l'extérieur me manquait, on avait organisé une sortie avec toutes mes sœurs dans l'étrange nid de bipède. Malgré ça, je gardais un bon souvenir de mes oncles et de leurs blagues en tout genre.

- Qui ne s'en souviendrais pas ? Répondis-je en hochant la tête, ne laissant pas paraître mon désarroi. Mais laisse moi te raconter une histoire que tu ne connais pas... Je lui souris, tout content de l'idée que je venais d'avoir. C'était il y a une lune. J'étais avec Petite Orque, mon amie. Nous étions parti en dehors du camp, pas très loin, là où les pins nous abritent encore. On se promenait, quand soudainement... Je marquai une pause. Je mis ma tête entre mes pattes, car ça devenait difficile de s'empêcher de rire. Après une grande inspiration, je repris : Un énorme renard et ses bébés sont venus, ils allaient nous dévorer ! Mais au même moment, un bébé blaireau vint à notre secours et nous dit de s'enfuir : sans réfléchir, nous sommes repartis aussi vite que le vent au camp, et on a jamais dis ça à personne au risque de se faire gronder.

Je pausa ma tête sur mes pattes pour éviter qu'elle voit mon visage, parce que j'étais à deux coussinets d'exploser de rire. Ça m'étonnerait qu'elle gobe une telle histoire, mais en tout cas moi ça m'amusait bien !

Aha... Ahaha... Ah... Non mais tu pensais vraiment que j'allais te croire ?

Je baisse la tête, un peu penaud. Elle était bien, mon histoire, nan ? Et vachement crédible, de plus. Si ma sœur ne me croit même pas, comment je ferais pour convaincre mes futurs -ou pas- ennemis ?

- À moi ! Une fois, je suis sortie toute seule du coup - la nuit. Il y avait pleins de trucs qui faisaient du bruit dans le noir, j'arrivais pas à dormir. Tout à coup, j'ai vu un truc bouger près de moi... Je me suis retournée très vite, le machin m'avais frôlée et j'avais eu super peur ! Enfin, pas tant que ça, hein, mais bon, c'était flippant quand même. Et il a continué à me frôler jusqu'à ce que je revienne à la pouponnière à toute vitesse. Et le lendemain, j'ai compris ce que c'était...

J'écoute son histoire avec attention. Ou presque. J'ai failli lâcher un bâillement. Parce que mes histoires sont mieux, et les siennes... Nulles. Ou alors je suis de mauvaise foi et je veux pas avouer qu'elle les raconte mieux que moi ? Non, j'suis le meilleur. Mais je me prête au jeu.

- C'était juste un nuage tout nul qui voilait la Lune, et toi, comme une idiote, t'y a cru !

Pouffai-je. Moi j'étais drôle au moins ! A force de se raconter des bêtises, je n'avais même pas remarquer que la pluie s'était arrêtée. De la même manière que la fois précédente, je dis à ma sœur de se relever de là pour aller jouer. La pluie, bien que forte, avait à peine eut le temps de rendre la terre gadouilleuse, d'autant plus que les aiguilles de pin couvrait le sol. Parfait, j'aurais détesté que mon baptême de demain soit souillé par le temps.. Mon baptême ! Comment avais-je pu laisser ça ne pas occuper mon esprit ne serait-ce un instant...

-Psst, t'aimerais que ça soit qui ton mentor, toi ? Soufflais-je à ma sœur cadette.