Talk to me [PV Curieuse Pénombre] - abandon

Le guerrier était parti pour son tour de chasse. Je l’attendais patiemment à ma place sans faire le moindre mouvement. Ce serait dommage qu’il loupe sa proie par ma faute ! J’attendais, accroupie, la queue enroulée autour de mes pattes. Je fermais les yeux, et gardait les oreilles droites pour rester à l’affut du moindre bruit. Mais je n’étais tout de même pas très attentive. Graine de Tournesol s’était montré très gentil envers moi. Acceptant de m’entendre parler, me permettant d’évacuer la douleur. Je suis contente que tu l’ai connu Maman, c’est un brave chasseur. Jalais je ne l’aurais jugé sur ses origines. Tout chat est capable de montrer de quoi il est capable après tout. Bien sûr, certains pourraient venir et profiter du clan, mais ils étaient rares, ils seraient bannis bien vite après. Lui, il avait fait ses preuves. Ses origines de chat domestique n’étaient rien. Du moins pour moi. Il méritait le même respect que les autres.

Puis le chasseur revient vers moi, la gueule vide et couvert de ronce. Je ne pus m’empêcher d’émettre un ronron rieur. De son sourire désolé, il se justifia :

« Un problème de ronces, ma grive s’est envolée, désolé. »

Il avait l’air de s’être roulé dans les ronces et en plus il revenait bredouille. C’était une histoire bien amusante. Tout le monde pouvait rater une proie, mais d’une telle splendeur s’était du jamais vu !

« Hé bien, tu t’es dis qu’après un bain de ronce la grive aurait eu pitié de toi et se serait jetée dans tes griffes ? »

Je lui souriais, le regard malicieux. Je le taquinais et j’espérais qu’il le prenne à la rigolade. Ce n’était pas méchant. Je m’approchais doucement de lui, l’air toujours amusé par sa position.

« Tu as besoin d’aide pour enlever toutes ces épines ? Il ne faudrait pas que tu te blesses ! »

Je commençais à essayer de fouiller dans son pelage pour tenter de retirer une épine ou deux. Mais un bruit devant moi que fit tressaillir les oreilles. Je levais la tête, les yeux ronds, fixant l’endroit bruyant. Un sifflement. Je fis un bond au dessus du guerrier, dans sa posture il ne pouvait pas se défendre ! Je devais le prévenir. C’était un serpent.

« Graine de Tournesol ! Il y a une vipère et elle n’a pas l’air contente. »

J’étais inquiète. Je gonflais mon pelage et crachait sur la bête pour tenter de l’intimider. Le reptile se repliait sur lui-même, sifflant de plus bel, comme si mon poil dressé ne lui faisait nullement peur.

Je fixais la bête. Elle me terrifiait, pourtant, la voix de Graine de Tournesol me surpris.

« RECULE, CURIEUSE PÉNOMBRE ! »

Je n’arrivais pas à réfléchir si j’avais fais quelque chose de mal. L’animal attaqua. Je l’esquivais, de peu. Elle aurait pu me tuer ! La peur me prenait aux trippes, j’arrêtais alors mon regard menaçant et mes miaulements sourds, je reculais doucement, les pattes tremblantes. Le guerrier me fit cependant un signe. Il me désigna l’arbre à côté de nous. Parfait. Une fois que le mâle ai grimpé dedans, tout en gardant dans mon visuel la vipère, je reculais jusqu’à toucher le tronc de l’arbre de ma patte. Elle sifflait si fort que toutes les proies de la forêt avaient du fuir ! Une fois prête, je bondis sur la même branche que le guerrier. Je laissais mon poil redescendre tranquillement. Je me léchais compulsivement les flancs tout en gardant mon équilibre. Graine de Tournesol, lui, semblait dans une colère noir…

« Ton mentor ou Mirage de Désert ne t’ont jamais appris qu’on ne provoque pas une vipère et que son venin était fulgurant ? Attendons qu’elle se calme, de toute façon, les vipères ne mangent pas les chats, donc elle a aucun intérêt à nous poursuivre. Une fois qu’elle repartira, on la suivra jusqu’à son nid pour le condamner. Elle est trop proche du camp, un apprenti pourrait se faire mordre. »

Légèrement honteuse, je me souvenais à présent des mises en garde de maman et de Busard Cendré.

« Je… Je suis désolée Graine de Tournesol. J’ai eu peur, alors j’ai tout oublié, je me suis juste dis que le plus important était de te défendre alors que tu avais des épines dans le pelage. J’ai pas réfléchis. »

Je n’étais pas une réelle combattante. J’avais peur de la guerre. Pas de ma forêt ! Mais comment je pouvais seulement me prétendre chasseuse alors que j’oubliais mes enseignements ? J’étais minable. Je tournais la tête vers le matou, l’air désolé. En même temps, je repérais, au niveau de son cou, une dernière petite épine.

« Attends, il te reste une épine. »

Délicatement, avec mes crocs, je lui retirais la petite vicieuse avant de la recracher par terre. J’essayais de jeter un œil par moment, pour surveiller la vipère.

Le guerrier venait de me faire la morale. Je baissais les oreilles l’air misérable. Je ne voulais pas, j’ai seulement pris peur. C’était une bête erreur de ma part. Une erreur qui aurait pu nous couter la vie. J’en frissonnais rien qu’en y pensant. Je regardais toujours du coin de l’œil le reptile qui cherchait à nous avoir. Brrr j’en avais froid dans le dos. Mais alors que je ne cessais de m’en vouloir pour ma bêtise, Graine de Tournesol attira mon regard en me tapotant avec sa queue.

« Suivons-la. Elle nous mènera à son terrier. »

Je dressais les oreilles, la bête partait dans les broussailles. Parfait ! On pourrait reboucher son terrier pour qu’elle trouve un autre endroit, et pas sur notre territoire. J’attendais que le matou descende pour le suivre. Je me glissais contre l’arbre pour préparer mon saut, et c’est avec plein de grâce que je posais mes pattes au sol. Je secouais rapidement la tête pour bien me mettre les idées en place. Je serais prudente cette fois.

« Elle est passée par là, suis-moi. »

On s’engageait tous les deux dans les fourrées suivant la piste de l’animal. Je regardais partout autour de moi dans le doute. J’étais tellement inquiète concernant l’animal maintenant ! Il s’agissait à présent de ne plus faire une seule erreur. Et puis après quelques minutes de marche furtive, on trouva un petit creux dans le sol.

« C’est son terrier tu crois ? On devrait le reboucher non ? Histoire d’éviter d’autres problèmes ? »

J’étais angoissée après l’attaque de tout à l’heure, mais la présence du guerrier me rassurait. Heureusement qu’il était là !