Tel père, tel fils, tel frère. | feat Blaze - abandon

Tel père, tel fils, tel frère. (26)


Rutilant, plus confiant que d'habitude, je m'étais dit ce jour là que j'étais motivé à explorer des terres libres. Des terres pas trop dangereuses néanmoins ! Léopapard avait déjà eu la gentillesse (et l'énorme curiosité) de jeter un coup d'œil près des Falaises. J'espérais qu'il n'y tombe pas, vu les rumeurs que j'avais entendues. Des chats y termineraient leur vie. Quels idiots ! Il était déjà assez compliqué de la garder, alors pourquoi se mettre en danger tout seul ? Enfin bref, après confirmation de mon paternel, je n'y mettrais pas trop les pattes. J'avais un autre endroit en tête pour m'occuper, les Quatre Chênes! Apprenti, j'avais voulu y grimper mais je n'aurais pas pu y aller seul, surtout avec une mentor aussi rigide sur les règles que Vipère Audacieuse. Mais là, plus de règles ! Excepté le code du guerrier bien sûr. Donc ce matin là, je parti voir les grands arbres mais d'en haut !

Lorsque je traversais notre forêt, un petit frisson d'inquiétude coula sur ma colonne vertébrale. Qui allais - je rencontrer là - bas, s'il y avait des chats ? N'importe qui pouvait y aller après tout. Je tentais de me rassurer en me disait que les meilleurs grimpeurs étaient au Tonnerre, et que je serais grimper pour me protéger. La peur un peu étouffée, je trottinais jusqu'à ma destination. Quand je reconnus le lieu des Assemblées, mes pattes me conduisirent au Chêne le plus proche. Au pied de l'arbre, je me ratatinais sur moi - même avant de sauter avec force sur le tronc, et puis je m'agrippais à l'écorce jusqu'à la première branche disponible. Là, l'escalade commença. Une branche, deux branches, je fus impressionné par l'épaisseur des branches plus hautes, s'affinant à peine. Les Grands Chênes portaient bien leur nom.

Une fois à une hauteur qui était un bon compromis entre une belle vue et ne pas tomber de trop haut, je me posai sur le bras de l'arbre, ravi. Papa avait raison, c'était différent que de se percher sur le sycomore ou les arbres entourant le camp. On pouvait observer de nouvelles terres d'ici ! Suivre le cours d'eau de la Rivière des yeux, observer les pinèdes de l'Ombre, il y avait aussi les terres étonnamment vide du Vent. PAs d'arbres our grimper ou s'abriter en cas de pluie, cela devait être pénible ! Ma queue moyenne faisait balancier sous la branche. Je trouvais aussi un autre point rassurant à ma hauteur. Pour contrecarrer ma crainte de rencontrer quelqu'un d'hostile, rien de mieux que d'être sur ma branche de guet. Alors mon regard sautait de mouvements en mouvements, des buissons embêtés par le vent en étant souvent la source. Puis, un buisson brun.

Attends, nous n'étions pas en automne, pourquoi il y aurait un buisson brun ? Et surtout, pourquoi il bougeait ? Descendant prudemment d'une ou deux branches plus basses, je plissai les yeux pour mieux identifier le nouvel arrivé. Un chat au pelage fourni, brun, avec des rayures brisées, tachetées.. Je fronçais le museau dans ma réflexion. Je connaissais cette fourrure ! Enfin il me semble. Cela remontait il y avait bientôt dis lunes. Un énorme nid de bipèdes rouge avait été monté ici et j'avais croisé un apprenti du vent, juste plus jeune que moi. Nuage de ... Non c'était plus spécial. Nuage était un adjectif. Nuageux.. Nuageuse Fourrure ? Non, tout brun, il m'avait fait pensé à un rapace de leurs landes ! Nuageux Plumage. Ohohoh, quel animal c'était ! Très fier et capricieux, il avait été un vrai plaisir à taquiner. Enfin, aurait du être. Car à l'époque, je n'étais pas encore d'apparence confiante. Motivé à combler le passé, je me mis en position de descente sur le tronc et glissai jusqu'au sol. Longeant les buissons pour être discret sans trop l'être, j'annonçai mon arrivée d4un ronronnement.

" Nuageux Plumaaaage !~ C'a fait atroc'ement longtemps depuis notre rencontre ! Le nid de Bipède a même eu le temps de s"en aller, héhé ! Quoi de neuf pour toi ? Toujours apprenti ? Car maintenant, tu fais fac'e à un guerrier du Tonnerre, eeeeeeeeeet oui très ch'er ! " dis - je avenant et vantard comme il l'avait été cette nuit là.

En cet après-midi d'été, Nuage d'Épervier est enfin relayé par un camarade à son poste de sentinelle. Bien qu'il ne soit encore qu'un vieil apprenti, il semble que l'équipe lui fait suffisamment confiance pour le laisser maintenir un poste seul. Ça, et puis aussi le fait que la plupart des effectifs se trouve près de la frontière avec le Clan de l'Ombre, tandis que le brun se retrouve non loin des Quatre Chênes. Lorsque Tache de Neige arrive à sa hauteur, il la salue d'un geste de la queue et lui fait comprendre qu'il va chasser un peu et se détendre à l'ombre des grands chênes. Le soleil ne tape pas si fort que ça, mais au bout de quelques heures, il est toujours préférable de s'abriter un peu.

Alors, comme prévu l'apprenti s'élance en trottinant en direction des énormes arbres, la truffe en l'air pour humer les alentours. Mais ce n'est pas son odorat qui l'informe en premier de la présence du lapin qu'il s'apprête à chasser : c'est sa vue. Le terrain dégagé lui permet de repérer plusieurs touffes de poils sombre au loin. Ainsi, il se tapit à même le sol, sa fourrure brune se mariant correctement avec les quelques rochers avoisinant. Progressant à pas feutrés, il n'est guère confiant : c'est que d'ordinaire, Nuage d'Épervier est un piètre chasseur et il n'y a qu'en chasse en duo qu'il peut s'avérer utile. Mais aujourd'hui est un jour de chance, puisque le mâle parvient à bondir au bon moment, et se retrouve à plaquer un jeune lapin contre le sol quelque peu sablonneux, lui infligeant la blessure fatale qui le laisse inerte. Satisfait, il adresse quelques mots au Clan des Étoiles sans grande conviction et poursuit son chemin vers l'ombre des Quatre Chênes, son butin à la gueule.

A peine est-il arrivé sur les lieux qu'un matou apparaît à sa gauche. Ne montrant aucun signe d'agressivité, la bête tigrée de dire :

« Nuageux Plumaaaage !~ C'a fait atroc'ement longtemps depuis notre rencontre ! » L'intéressé de se tourner vers l'inconnu, la mine surprise. « Le nid de Bipède a même eu le temps de s"en aller, héhé ! Quoi de neuf pour toi ? Toujours apprenti ? Car maintenant, tu fais fac'e à un guerrier du Tonnerre, eeeeeeeeeet oui très ch'er ! »

Wow. Beaucoup d'informations d'un coup. Il le dévisage d'abord. Puis, inspectant l'animal de haut en bas il confirme sa première impression : c'est un inconnu. Dans un troisième temps, il songe à son frère qui ne lui a même pas parlé de cet étranger, ni de cette maison de Bipèdes. Il tique. Bipèdes = Danger. Finalement, amusé par le quiproquo, il rétablit la vérité :

« Alors euh... » commence-t-il en déposant son lapin. « Ravi pour ton baptême, et félicitations. Maiiis moi, ce n'est pas Nuageux Plumage. Ça, c'est mon frère ha ha ! » Petit rire gêné.

Ses yeux se perdent un instant sur l'inconnu; sans même qu'il ne le réalise, il est en pleine séance de relookage. Mais il poursuit rapidement.

« Mais... enchanté ! ... Tu t'appelles, donc ? »

HRP:

Tel père, tel fils, tel frère. (26)


L'apprenti -l'était - il encore ?- du Vent avait un beau lapin dans sa gueule. Ouh, il était bon chasseur ! Enfin je ne pouvais qu'imaginer la difficulté d'attraper cet animal, ils ne trainaient pas trop dans notre forêt, mais il paraissait qu'ils étaient bien rapides ! Mon interlocuteur avait d'ailleurs un air de lapin, avec ses grandes oreilles bien dressées sur son crâne et ses yeux tout surpris. N'avait - il pas prévu de me revoir un jour ? Me pensait - il mort ? Ou m'avait - il simplement oublié ? J'espérais pour lui que c'était la première option, sinon j'allais être blessé. Hésitant, le chat aux yeux jaunes -Plumage les avait jaunes ? Je ne savais plus- posa son lapin tandis que je me rapprochais et.. vit qu'il me dépassait légèrement. Triste histoire de ma vie, toujours dépassé en taille par ceux qui était plus jeune que moi -car je me souviens bien que cet apprenti était plus jeune que moi à notre rencontre dans le nid de Bipède rouge !- Il complimenta mon baptême, ce qui me fit ronronner. Un peu de reconnaissance me faisait toujours du bien !

Mais le ronronnement s'arrêta net quand il dit ne pas être Nuageux Plumage. Je lui fis des yeux tout rond. Crotte de Souris ! Je ne connaissais pas ce chat ! Automatiquement, je fis un pas en arrière. Chat inconnu égal réactions inconnues. Et je ne voulais vraiment pas que l'on me fasse la peau. Il précisa ensuite que c'était son frère -oh ?- et rigola même légèrement. Je me détendis un peu, il n'était pas strict et coincé au moins. Un instant se passa dans le silence, où nous nous étudions l'un l'autre. Mince, ils n'étaient vraiment pas différent pourtant ! Le même pelage pourvu d'un dégradé de brun, les pattes blanches... Mais, ce frère semblait avoir le poil moins long. Je me souvenais toujours très bien du volume de fourrure des autres, mesurant mon envie de plonger dedans. L'analyse termina sur son "enchanté" qui me fit redresser la tête vers lui, et je souris. Un chat enchanté ne devait pas être méchant ! A moins que ce soit une tactique vicieuse ? Hmmm. Je restai debout, au cas où.

" Je s'uis Bec Crois'é ! Ench'anté également ! Et donc Pas Plumage, tu dois aus's'i avoir un nom je prés'ume ? " Je le reregardais de la tête aux pattes. " Mais woah, vous vous res's'emblez terriblement ! Encore dés'olé aha ! "

Les portées que je connaissais était plutôt.. diversifiées. La mienne déjà, nous n'étions que deux tigrés, et pas de la même couleur ! Oh, Vipère Audacieuse et Secret du Firmament se ressemblaient fort aussi. Sauf que là, ma confusion aurait pu me coûter une baffe ou quelque chose du genre ! Heureusement qu'elle a eu pitié du chaton que j'étais. Mais en ce moment, pas de chatons, pas de pitié. Plus qu'à croiser les pattes que ce chat était réellement aimable.

« Je s'uis Bec Crois'é ! Ench'anté également ! » répond l'autre.

Nuage d'Épervier tique un peu. Bec Croisé, pour un esquinté de la mâchoire... Ils n'ont aucune empathie dans le Clan du Tonnerre ? Il n'est pas franchement sûr qu'il aurait aimé qu'on lui donne un nom lui rappelant son physique atypique voire... vraiment handicapant toute sa vie durant. L'idée lui traverse la tête mais il ne dit rien à ce sujet et se contente de prêter une oreille attentive aux paroles du jeune inconnu. Enfin inconnu... bientôt plus, non ?

« Et donc Pas Plumage, tu dois aus's'i avoir un nom je prés'ume ? »

Oh non. Quelle situation embarrassante. Quel idiot. Il sourit, gêné.
C'est que Nuage d'Épervier ne donne pas son nom aux étrangers. Avec la politique de son Clan, il ne le sait que trop bien; sympathiser avec de potentiels ennemis est passible de la marque du traître, d'un rejet du Clan tout entier... Il ne peut s'exposer gratuitement à un parfait inconnu qui a déjà l'identité de son frère, en plus !

« Mais woah, vous vous res's'emblez terriblement ! Encore dés'olé aha !
- Vraiment, pas de souci ha ha. Et puis vu le temps que mon frère passe à se lustrer le poil au lieu de s'entraîner, je vais finir par prendre ça comme un compliment ! » fait-il en ronronnant.

Quelques secondes s'écoulent. Elles doivent sembler une éternité pour ce fameux Bec Croisé et pourtant elles sont infimes pour le venteux, qui cherche ses mots. Il plonge alors ses yeux dorés dans ceux du mâle qui lui fait face et commence :

« Écoute euh... Ça va te paraître idiot, je sais enfin... » Rire embarrassé. « Je ne veux pas avoir l'air impoli maiiiis... Je ne peux pas me permettre de te donner mon nom, tu vois ? J-J'ai cru comprendre que tu étais plutôt un ami pour Nuageux Plumage mais s'il te plaît, ne dis pas à d'autres guerriers du Clan du Vent que tu l'as fréquenté... C'est que... c'est mal vu chez nous de parler à des étrangers. Ça pourrait lui porter préjudice. » Il s'interrompt, et reprend avec un ton bien moins solennel. « Mais voyons voir... »

Comment m'appelle Tête de Grive, déjà ?
Soudain, il avance son lapin d'une patte en direction du guerrier adverse, et poursuit :

« Nuage de Lapin ! » s'écrie-t-il, fin fou. « En dehors des landes, mes amis m'appellent Nuage de Lapin. » reprend-t-il, plus lucide. « Et pour me faire pardonner de ce pseudonyme... Je te propose de partager ! De toute façon, je n'aurais pas pu l'engloutir seul. »

Et puis, ils pourront faire connaissance comme ça, non ?

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Comme tous les chats extérieurs du clan du Tonnerre, il tiqua à mon nom. Oui, pas très sympa de souligner ma sale gueule, mais je levai la tête, feintant un semblant de fierté. Je n'aimais pas la pitié, et grâce aux mots de Léopapard et Roux, j'essayais de paraître confiant et sûr de moi. Même si c'était faux, au fond. Il sourit quand je parlai de leur ressemblance. C'était vrai que, quand je me creusai les méninges pour me souvenir de son frère, ce dernier n'avait pas l'air d'un chat qui se roule dans la boue. Un beau pelage, le chasseur du vent ronronna en me remerciant pour le compliment. Ah ! Enfin autre chose qu'une brute ! Je laissai mes babines sourirent de traviole et ronronnai pour l'accompagner. Je ne m'approchai pas encore trop, je restai un peu parano par rapport aux étrangers. Surtout que ce silence me tendit. Il manigançait quelque chose ? Une patte levée au cas où, je plissai les yeux et.. il semblait gêné. Il rigola, visiblement pas à l'aise; Il y avait un problème ?

Ce que j'avais craint pour de la manigance à un moment était juste de la précaution de sa part également. Si je jouissais d'un clan plutôt ouvert, qui va jusqu'à créer le rang des Chanteurs, le Vent était encore renfermé. J'agitai mes oreilles. A crier le nom de Nuageux Plumage, j'aurais pu lui apporter des ennuis ? Je fis une moue désolée.

" Vach'e, c"est dur ch'ez vous. Mais d'accord, je tiendrais ma langue dans ma bouch'e. Ou dehors ! C'a march'e aus's'i ! "

Je la sortis par le décalage de ma mâchoire, impossible de trop parler de cette manière là ! Puis, si ça pouvait le détendre de ses manières solennelles.. Il me rappelait Panda Roux, de cette manière. Je souris un peu, tout ce qui me rappelait mes êtres chers me faisaient un peu fondre, secrètement. Puis, le lapin bougea. Directement je le regardai. Il était vivant ? Il allait me sauter dessus ? Ah non, c'était juste le frère du Venteux qui l'avait poussé. Quelle cervelle de souris je faisais.

" Pffahah ! Nuage de Lapin ! C''est aus's'i original que Bec Crois'é tient ! "

Et en guise de pardon, de garder son identité secrète, il me proposa un dîner. Mes moustaches bouclées par mes soins sursautèrent. Et quel dîner ! Je n'avais jamais goûté un lapin. Je m'avançai alors enfin, ma confiance percée malgré le mystère de sa vraie identité. Si on partageait le repas, c'était qu'il n'y avait rien de dangereux. Je m'assis donc de l'autre côté du gros rongeur.

" Oooh c''est s'uper gentil, merc'i ! Fais gaffe hein, s'i je deviens fan de lapin, tu vas devoir m'empêch'er d'en ch'erch'er ch'ez vous ! "

Petit coup de patte sur ma bouche car la suite de "ch" me fit baver. Puis je rigolai légèrement jusqu'à ce que je me souvienne de "on n'aime pas trop les étrangers chez nous". Je me ratatinai sur moi - même.

" ... Ou p'têt pas, eheh.. "

Pas du genre à risquer ma peau.

L'autre brun du Tonnerre n'intervint que lorsque Nuage d'Épervier eut fini de parler. Ce dernier était gêné de devoir taire son nom mais il ne pouvait pas se permettre de prendre le moindre risque, déjà que Nuageux Plumage avait été suffisamment sot pour donner son identité... Pour dire vrai, ça n'étonnait guère son frère qui avait l'habitude de la négligence du petit prince de la famille.

« Vach'e, c"est dur ch'ez vous.
- Ouais...
- Mais d'accord, je tiendrais ma langue dans ma bouch'e. Ou dehors ! C'a march'e aus's'i ! » conclut l'étranger en laissant justement ladite langue dépasser de sa gueule.

Ce qui fit couler un rire léger chez Nuage d'Épervier. Il ne voulait pas blesser son homologue des bois, mais si ce dernier était porté d'auto-dérision alors il n'y avait pas de raison d'être gêné, n'est-ce pas ? Et puis, il avait un certain charme lorsqu'il rigolait de lui-même. En tous cas, il avait l'air assez sûr de lui pour le faire.

Et le balafré de surenchérir lorsque le venteux lui révéla son pseudonyme ! Il arracha à nouveau un sourire au chasseur de lapins, qui se détendait au fur et à mesure. Bec Croisé n'était pas une menace, ou en tous cas il n'en avait pas l'air. Après tout, c'était l'ami de Nuageux Plumage, il n'avait aucun intérêt à chercher des ennuis sur la lande !

« Oooh c''est s'uper gentil, merc'i ! Fais gaffe hein, s'i je deviens fan de lapin, tu vas devoir m'empêch'er d'en ch'erch'er ch'ez vous ! » s'écriait le tonnerreux lorsque Nuage d'Épervier lui proposa de partager son lapin. Il reprit, après s'être essuyé la gueule : « ... Ou p'têt pas, eheh... »

L'apprenti-sentinelle rit de bon cœur, non sans remarquer qu'il avait effrayé son nouvel ami avec ces histoires de xénophobie.

« Goûte, tu m'en diras des nouvelles ! Mais je ne m'inquiète pas trop pour nos lapins, sans technique alors bonne chance pour les attraper ha ha ! Ces bestioles détalent à toute allure aux moindres bruits. »

Il se souvenait très bien de ses premières séances de chasse. En y repensant... quel désastre ! Il courait comme un idiot derrière les lagomorphes qui le distançaient en un rien de temps. Il ne voulait pas sous-estimer le guerrier adverse mais il n'était pas déraisonnable de l'imaginer courir en vain comme lui autrefois.
Nuage d'Épervier prit une première bouchée, encourageant son camarade à l'imiter.

« Alors du coup... Au Tonnerre vous mangez plutôt des oiseaux, c'est ça ? »

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L'autodérision, cela marchait toujours pour faire rire les autres. Et puis, c'était moins blessant lorsque je décidais de les faire rire, et non quand ils se moquaient de moi, ou faisait des remarques piquantes sans s'en rendre compte. On rit sur ma langue, on rit sur son faux nom, on rit sur mon courage boiteux, qui s'effondra vite après souvenir de l'amour qu'avaient les autres guerriers du Vent envers le reste des clans. Le frère était beaucoup plus serein et agréable que Nuageux Plumage, très sûr de lui et condescendant. Il avait autant soupiré que Nuage de Lapin avait rigolé. Jumeaux, pareils en pelage, mais différents en caractère. Pas étonnant, j'avais une jumelle pareille en caractère mais super différente en pelage ! Le monde était comique quand il n'était pas cruel.

Et là, le monde fut galant. Enfin, le novice du Vent le fut. Il me poussa le lapin pour que j'y puisse y goûter. Je me léchais les babines rien que devant son fumet. Une odeur... très... lande justement ? Qui sentait le soleil, les herbes, c'était bien une proie spécifique aux chats du Vent. Et exclusive aussi, à ces coureurs ! Car comme me dit l'apprenti brun, outre le danger de traverser une frontière, il me faudra aussi courser le lapin. Et vu mes courtes pattes, plus dodues que longues, cela devait m'être impossible. Le chasseur mordit dans sa proie, et je l'imitais peu après. Allez Bec, mâche avec attention. Ne te bave pas dessus devant une nouvelle connaissance ! Et dès que je mordis dans la chair généreuse du lapin, je me mis à ronronner. Super bon ! Cela changeait du goût plus boisé de nos proies ! Meilleur ? Aucune idée. Le gibier de la forêt était avec ce quoi j'avais grandi. Le félin aux yeux jaunes, plus dorés et chauds que les miens, jaune canari, me parla justement d'oiseaux.

" Oh oui ! S'i les' arbres leur offre milles cach'ettes, ils nous' en donnent pas mal aus's'i ! Une vraie mine d'or. Et là, c'e s'erait toi qui aurait du mal. J'aimerais bien voir si tu s'ais grimper comme c'ela.. "

Je me redressais sur mes quatre pattes, bien décidé à montrer mes talents -car ils étaient rares-. En plus, grimper aux arbres, c'était si utile pour se mettre à l'abri ! De loin mon activité préférée. Je trottinai vers un des Chênes, celui sur lequel j'étais perché quand je l'ai vu arriver. Je me ramassai sur moi-même et.. Hop ! Mes pattes dodues mais musclées me hissèrent sans difficulté le long du tronc du grand arbre. La démonstration devant un autre chat me fit pousser des ailes et j'osai même monter plus haut que ma première escalade. Je devais être à dix chats de hauteur !

" Voilà ! Un jeu de chaton pour un chat du Tonnerre.~ "

Lorsque le tigré prit sa première bouchée de lapin, il libéra un ronronnement ravi, arrachant à Nuage d'Épervier un petit sourire satisfait. Quoi de plus normal que de se satisfaire du plaisir d'offrir ? Si Bec Croisé appréciait son lapin, il était comblé aussi !

« Oh oui ! » s'enquit de répondre son nouvel ami. « S'i les' arbres leur offre milles cach'ettes, ils nous' en donnent pas mal aus's'i ! Une vraie mine d'or. Et là, c'e s'erait toi qui aurait du mal. J'aimerais bien voir si tu s'ais grimper comme c'ela.. »

Là-dessus, le guerrier du Tonnerre se dressa sur ses quatre membres, et se mit à trottiner vers l'un des grands arbres qui dominaient les lieux. Sous l’œil curieux de l'apprenti, Bec Croisé se ramassa sur lui-même avant de bondir contre le tronc, s'agrippant à celui-ci grâce à ses griffes expertes. Ses petites pattes bien musclées le hissèrent aisément, laissant Nuage d'Épervier bouche bée face au spectacle. Comme ça, l'escalade semblait si simple ! Il délaissa les restes du lapin pour profiter pleinement de la scène. Le matou tigré avait peut-être des membres plus courts mais ils étaient nettement plus musclés ou en tous cas ses muscles étaient plus larges, délivrant une force explosive. Une fois perché bien haut, le balafré lui lança un simple :

« Voilà ! Un jeu de chaton pour un chat du Tonnerre. ~ »

Ridiculement petit de là où il observait sa nouvelle rencontre, Nuage d'Épervier ne sut dissimuler son admiration plus longtemps.

« Waw, ça a l'air si simple quand on te regarde faire ! » dit-il, ou plutôt cria-t-il pour s'assurer que l'autre mâle l'entendait. Puis, se rapprochant à son tour du tronc, il lui lança avec enthousiasme : « J'arrive ! »

Nuage d'Épervier était riche de ses entraînements au combat; il connaissait son corps; ses atouts et ses faiblesses. Aussi, avait-il l’œil observateur, et il avait pris l'habitude d'imiter pour apprendre et répéter encore et encore les mêmes mouvements pour les perfectionner. Et aujourd'hui, il comptait bien mettre ses enseignements à profit !

Il se ratatina sur lui-même, piétinant nerveusement alors que son regard était porté vers la hauteur du tronc : viser. Il hésita quelques secondes, soudain peu assuré mais repris courage en se sachant observé. Il bondit alors, s'étendant tout du long, les antérieures allant chercher bien haut. Mais, il n'avait pas la même puissance que Bec Croisé, et si ses griffes trouvèrent une prise dans l'écorce du chêne, ce fut bien plus bas que prévu !
Mais bon. Il était là, contre le tronc, ses muscles bandés pour tenir et ses griffes suffisamment enfoncées pour qu'il ne glisse pas. Mais ça, c'était la partie la plus facile.
Il resta dans cette position assez longtemps pour qu'elle devienne inconfortable. Nuage d'Épervier se concentra, tentant de se souvenir comment son prédécesseur s'était hissé si haut. Mais il n'était pas aussi fort, ses muscles n'étaient pas habitués à supporter son poids ainsi, et encore moins à le propulser en hauteur. Tout son corps était sculpté pour la vitesse, de son museau à sa queue, il était le guépard des landes de Cerfblanc, pas le léopard des bois. Mais à nouveau, il s'essaya quand même, poussant de toutes ses forces sur ses postérieurs, et envoyant ses antérieurs le plus haut possible il parvint à grimper de quelques centimètres. Il répéta jusqu'à être à bientôt deux mètres mais déjà ses pattes se tétanisèrent. Il accorda un regard mi-désolé, mi-désespéré à son observateur lorsqu'il lâcha prise, et regagna la terre ferme.

Essuyant sa défaite contre la gravité, et un peu blessé dans son ego, le fils des landes ne pouvait pourtant se résoudre à se montrer impoli. Il avait proposé à Bec Croisé de goûter le lapin, il ne pouvait pas refuser d'essayer l'escalade !

« C'est dur ton truc, pas étonnant qu'aucune autre bête dans Cerfblanc ne viennent vous chercher là-haut ! »

Il eut un petit sourire en songeant que Bec Croisé portait bien son nom, perché là-haut comme un oiseau. Lui en revanche, ne faisait guère honneur à son rapace éponyme, planté sur la terre ferme comme un idiot !

Il s'assit, étudiant le tronc et surtout récupérant un peu après cet effort inhabituel. Il n'était pas encore prêt à abandonner l'idée de rejoindre le petit tigré là-haut !

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C'était plutôt grisant d'être si haut par rapport à un autre chat. On était en sécurité, à l'aguet d'ennemis supplémentaires et je n'avais pas si peur de tomber. A mes débuts, c'était autre chose mais comme je savais que mon seul ennemi ici haut était la gravité, je pouvais totalement me concentrer à ne pas la laisser gagner.

Je roucoulais sur ma branche à la vue de Nuage de Lapin qui voulu tenter de me rejoindre. L'intention était bonne mais grimper à un tel arbre du premier coup, il fallait avoir un don inné pour y arriver ! Donc le scénario le plus plausible se passa : le chat des landes s'agrippa à l'écorce et y resta coincé un moment avant de déloger ses griffes et retourner à la terre ferme. Je me relevai à quatre pattes sur ma branche. Mon acolyte d'apprentissage souligna exactement ce que j'aimais. Aucune autre bête pouvait venir me chercher.

"Il faut bien que ç'a vaille le ris'que de s'e cas's'er une patte ! Mais t'as pas commenc'é avec l'arbre le plus fac'ile. Tronc épais, branches dis'parates, s'eul un guerrier qui es'calade depuis qu'il est né peut y arriver fac'ilement. "

Je léchai mes babines de ce discours qui me faisait sosoter. Puis je sautai sur la branche qui était sous moi, celle qui m'avait portée avant l'arrivée de Nuage de Lapin, et puis encore deux branches plus bas. Désormais, une hauteur de cinq chats me séparait du sol. Je pouvais désormais courir le long du tronc la tête en bas pour rejoindre le sol avec l'apprenti du Vent. Je m'ébrouai vite fait pour dégourdir mes muscles, un peu transis par le choc de la descente. Une fois aux côtés de l'autre chat, je me tiens bien droit sur mes petites pattes mais rien n'y fait.

" Oh, je préférais être là-haut, j'étais plus grand que toi ! "

Complexe, complexe, quand tu nous tiens. Enfin bref, le but n'était pas de trouver un chat plus petit que moi, mais un arbre que je pourrais faire grimper à mon "novice". J'avançais dans la zone de paix, jugeant les plantes de mes yeux jaunes. Et quand je trouvai un arbre bon pour s'entrainer, je bondis joyeusement en invitant Nuage de Lapin à me suivre d'un geste de la queue. Un jeune châtaigner. Pas aussi imposant que les Quatre Chênes, mais déjà assez robuste pour tenir le poids de deux chats. Le vent l'avait aussi déranger durant sa croissance -toi aussi mon ami ?- et il était légèrement penché, de quoi rendre l'escalade plus facile.

" Voilà, es's'aie d'atteindre la première branch'e ! Contrairement à la cours'e où s'eules tes pattes arrières te pous's'ent, ic'i, tes pattes avants doivent aus's'i te tirer. Mets'-y toutes tes forc'es ! "

Je me mis derrière lui.

" Je s'uis jus'te derrière s'i tu tombes~ ! "

l'arbre de gauche est pris en exemple~: