Je te déteste comme cette phrase qui dit c'était trop beau pour être vrai [PV FIRMA] - abandon

Deux grands yeux bleus s’ouvrirent sur un ciel pâle qui annonçait le début de la soirée. Vide, sans aucun nuage à l’horizon. Un peu comme à l’intérieur de Nuage de Chance. Elle avait été incapable de faire quelque chose de sa journée, à part peut-être regarder l’horizon avec un regard absent qui ne la quittait déjà plus depuis quelques heures. Dans sa tête repassait le même souvenir frais du matin, encore et encore.

'' Nuage de Chance avait été incapable de réagir, de bouger un cil, de s’exprimer. Elle s’était contentée de regarder droit dans les yeux les deux chats debout devant tous. Son père qui était bien son père et la guérisseuse qui était en réalité sa mère. Malgré le bruit, les cris et les feulements, l’incompréhension générale au sein du Clan, Nuage de Chance prêtait vaguement attention à ceux qui l’entouraient. On lui donnait des coups d’épaule, elle se contentait de tenir l’équilibre sur ses quatre pattes. On lui posait milles questions à la seconde, aucun son ne sortirait de sa gueule.
Elle était juste là, perdue dans sa tête et dans les yeux de son Papa Foudre et de la gentille guérisseuse Firmament. En un instant, toute sa fragile petite vie avait été balayée comme le plus violent des orages. ''

Le hululement proche d’une chouette fit cligner des yeux la jeune apprentie, qui se leva par automatisme. Lentement, ses pattes se mirent en action Elle avait fui l’ambiance lourde qui régnait à présent dans le clan pour se réfugier dans un coin de la forêt avec pour seule compagnie sa propre personne. Et même là, elle avait été incapable de penser, de ressentir le moindre sentiment. Pas de colère, de rage, ni même de chagrin. Son esprit était resté bloqué sur les évènements de la journée.
Mais les questions commençaient doucement à affluer dans sa tête. Des questions sans réponses, auxquelles Nuage de Chance ne pouvait répondre par elle-même. La femelle blanche et café marchait sans but à travers la forêt, ne s’arrêtant que pour éviter les ronces ou les branches tombées au sol. L’herbe sèche craquait sous ses pattes délicates, témoignant du peu de pluie qui s’était écoulé dans le secteur. Concentrée sur les brins qu’elle écrasait sans état d’âme depuis un moment, elle s’arrêta à nouveau non pas pour éviter un énième obstacle, mais pour trouver l’origine d’un potentiel invité qui s’était joint à la fête de celui qui écrasait l’herbe. Nuage de Chance releva la tête et la vision qu’elle eut lui fit comme un déclic dans son esprit.
Secret du Firmament. En plein milieu d’une clairière qu’elle avait commencé à traverser.
Une tempête d’émotion fit rage en elle, à tel point que son corps tout entier se mit à bouger seul. Elle fit un pas, puis un deuxième… et se retrouva à foncer tête baissé vers la guérisseuse qui n’avait pas encore remarquée sa présence. Arrivée à la hauteur de la femelle au poil court, Nuage de Chance se cabra et balança avec l’élan qu’elle avait pris l’une de ses pattes sur le visage de Secret du Firmament. Elle n’utilisa pas les griffes ; même si son acte pouvait être considéré comme impardonnable aux yeux de tous, l’apprentie ne voulait pas blesser celle qui lui avait donné naissance.
Le contact de sa patte contre la tête de Secret du Firmament sembla soulager d’une certaine manière Nuage de Chance. Elle le mérite, elle le mérite… ! se justifiait mentalement la jeune femelle color point, et pourtant, une pointe de remord lui chatouillait l’esprit. Essoufflée, Nuage de Chance leva ses yeux vers Secret du Firmament. Elle ouvrit la gueule pour s’assurer qu’elle soit la première à prendre la parole.

« Pourquoi ? »

Pourquoi. Pourquoi avait-elle fait ça ? Pourquoi avait-elle trahi son devoir envers les étoiles ? Pourquoi lui avait-elle donnée naissance, à elle et sa fratrie ? Pourquoi, pourquoi...?! Tant de questions dont Nuage de Chance attendait une réponse à présent.

« Pourquoi t’as fait ça ?! »

Nuage de Chance déglutit. Elle n’allait pas perdre la face, mais la colère et l’amertume lui serrait le cœur, lui piquait les yeux. Pour l’instant elle retiendrait ses larmes, mais peut-être plus pour longtemps.

Je te déteste comme cette phrase qui dit c'était trop beau pour être vrai.

La siamoise s'était éloigner du camp, des autres, de leurs regards. Elle avait eu besoin d'être seule. Besoin de penser à ses vies chamboulés. La sienne, celle de Coup de Foudre - à peine le concernant - et surtout, celles de ses enfants. Ils étaient déjà mal vu avant, gamin d'une guérisseuse mais cette nouvelle là n'allaient pas améliorer les choses. Et pourtant, jusqu'alors ils s'étaient fait leur place. Ils y arriveraient encore, l'espérait elle. Et puis il y avait son ventre, les nouvelles vie en elle. Elle s'était jurée de ne pas faire deux fois la même erreur. D'être là du début à la fin pour eux. Et elle en était là dans ses pensées quand un coup vint la surprendre. Son poil se gonfla, son corps pris une position arrondis pour protéger son ventre, que sa queue vint cerclé. Ses oreilles se couchèrent sur son crâne et elle ouvrit la gueule sur un feulement. Qui ne sorti pourtant pas de sa gorge quand elle reconnu Nuage de Chance. Ce n'était pas une attaque de guerrier voulant lui faire rendre compte ... Sa fille était seule mais sa colère n'en était pas moins visible et si le poil de la siamoise retomba aussitôt sur son dos, que tout en elle redevint comme calme, son cœur lui se fractura un peu plus.

Oh elle s'était attendu à ça, à cette réaction de colère, mais à ce que l'un de ses jeunes la frappe, non. Pourtant Nuage de Chance avait retenus ses griffes. Malgré tout, l'ancienne guérisseuse ne pouvait tenir compte de ça comme une note d'espoir. Non, elle était trop surprise, pas tant du geste, de la réaction que de la rapidité du tout. Et en réponse, ses yeux s'emplirent de larmes. Pourquoi ? Elle n'avait pas une seule réponse à y apporter. Elle en avait des milliers. Alors elle fixa sa fille. Parce qu'elle s'était juré de ne plus tourner dos, de ne plus mentir. Et alors que son arrière train retomber dans l'herbe et qu'elle ployait l'échine, elle répondis. Sa queue toutefois, restant autour de son ventre, comme si ce seul geste pouvait expliquer ce qu'elle allait dire.

- Par amour ... Par loyauté ... Par stupidité ...

Elle ferma un instant les yeux, le temps qu'une perle solitaire roule sur sa face et tombe au sol, mais de nouveau, elle regardait sa fille.

- Tout ce que j'ai fais ... Je ne l'ai fait que parce qu'à un moment donné ... Je pensais que s'était bien.

Sa gorge se serra. Elle aurait encore à s'expliquer, des milliards de fois, elle le savait. Elle l'avait sus dès qu'elle avait prit sa décision d'avouer tout, de vivre pour elle. La liberté avait pourtant en cet instant un goût amer et elle aurait aimer que Foudre surgisse et l’enlace. Mais elle ne pouvait fuir, ne le voulait pas, alors elle poursuivit, pour que Nuage de Chance est une réponse. Dans l'espoir mince que mère et fille se lie comme il aurait due être le cas.

- J'ai écouter mon cœur quand je me suis rapprochée de votre père. J'ai écouter mon devoir quand vous êtes né et que Nuit Hivernale a décider de prendre sur elle. Parce qu'elle voulait véritablement partir du clan. Je croyais ... Bêtement ... Que je devais assumer le rôle de guérisseur, pour le bien du clan ... Alors que j'aurai du assumer celui de mère. Mais ... Quoi que je te dise ... Nous savons toute deux que ça ne changera pas le passé que ...

Elle se tut, incapable d'ajouter mots, son corps parcouru d'un long tremblement. D'épuisement, de douleur. Elle avait peu dormir au cours des derniers jours, se préparant à affronter ce qui arrivait à présent. le rejet. Et là, face à Nuage de Chance, elle le sentait, elle s'effritait. Ses larmes surgissant, lentement alors que doucement, elle chuchota, à peine capable de plus.

- Même si ça fait mal ... L'avouer était la seule chose à faire ...

Pour vous, aurait elle voulu avoir la force d'ajouter. Et dans ce vous, elle comprenait chacun de ses enfants déjà naît et encore à naître.

« Par amour ... Par loyauté ... Par stupidité ... »

Secret du Firmament était maintenant assise et faisait face à l’apprentie au poil ébouriffé. Elle regarda en silence une larme lui couler le long de la joue, son cœur commençait à lui serrer dans la poitrine.

« Tout ce que j'ai fait ... Je ne l'ai fait que parce qu'à un moment donné ... Je pensais que s'était bien. »

Nuage de Chance écoutait en silence les paroles de sa mère. Même si elle était furieuse contre elle, la jeune femelle souhaitait entendre ce qu’elle avait à dire.

« J'ai écouté mon cœur quand je me suis rapprochée de votre père. J'ai écouté mon devoir quand vous êtes né et que Nuit Hivernale a décidé de prendre sur elle. Parce qu'elle voulait véritablement partir du clan. Je croyais ... Bêtement ... Que je devais assumer le rôle de guérisseur, pour le bien du clan ... Alors que j'aurai dû assumer celui de mère. Mais ... Quoi que je te dise ... Nous savons toute deux que ça ne changera pas le passé que ... »

Toujours silencieuse, elle dévisageait sa mère et sentait sa gorge se serrer de plus en plus à chaque fois que la siamoise butait sur un mot. Nuage de Chance avait les dents serrées et tentait de calmer les paroles que lui murmurait sa tête et son cœur. Au fond d’elle, la color point se fichait pas mal de savoir si ce qu’elle avait fait était bien ou pas mais l’intensité du moment lors des révélations au camp l’avait un peu chamboulée. Quand Secret du Firmament se tut, Nuage de Chance tenta de délier sa gueule.

« Tu…Merde… »

Pourquoi était-ce si dur de s’exprimer à présent, maintenant qu’elle pouvait parler de tête à tête avec sa vraie mère ? Nuage de Chance jurait rarement, mais la situation dans laquelle elle se trouvait lui faisait perdre ses manières. Elle déglutit lentement pour tenter de soulager sa gorge prise dans un étau de plus en plus fort, mais cela ne fit rien. Elle inspira profondément pour chasser les larmes qui pointaient dans les coins de ses yeux et détourna le regard pour fuir celui de sa mère.

« Alors…Pourquoi t’es restée guérisseuse ? Si tu savais que t’allais faire une connerie ? »

Et d’un coup, de grosses larmes chaudes coulèrent de ses deux yeux et elle n’arriva plus à maîtriser le ton de sa voix qui se brisa et tordit ses paroles en mots étranglés. Ses cordes vocales voulaient garder les mots en elle, pourtant Nuage de Chance voulait à tout prix faire sortir le fond de sa pensée.

« Si tu savais comment…comment j’aurais aimé connaître ma mère... enfin, TE connaître ! Pas dans ces circonstances-là ! Tout le monde nous répétait qu’on n’aurait jamais dû naître, que Nuit Hivernale nous avait abandonné… Même si j’ai gardé la face pour la fratrie, ça m’a profondément blessé ! Et putain, qu’est-ce que je m’en suis posée des questions ! »

Elle ne pouvait plus s’arrêter de parler, de lui crier dessus, malgré sa voix éraillée. Tout comme ses larmes, qu’elle ne pouvait plus du tout arrêter à présent. Et pour couronner le tout, les pleurs commençaient à la faire hoqueter sans interruption.

« Pourquoi elle n’était pas restée pour nous ? Est-ce qu’elle nous détestait ? Est-ce que c’était notre faute, ma faute, parce que je suis née ? Moi aussi je voulais une maman… »

Elle avait longtemps envié les autres chatons de la pouponnière, comme Petit Phoque et Ourse Polaire. Leur nourrice n’avait jamais trop privilégié les contacts avec eux et même si elle aimait beaucoup Petit Phoque, elle l’avait longtemps jalousé. Et maintenant que sa vraie maman était là devant elle, Nuage de Chance ne pouvait s’empêcher de lui en vouloir énormément, de lui mettre tous ses reproches du moment sur les épaules.

Je te déteste comme cette phrase qui dit c'était trop beau pour être vrai.

Les premiers mots de sa fille lui arrachèrent un semblant de sourire, à demi-grimace toutefois car elle comprenait toute cette colère, cette réaction, cette confrontation. Oui, la siamoise avait sus dès le début que ses enfants seraient les premières victimes de son aveu. Ses griffes toutefois s'enfoncèrent dans le sol, symbole de son impuissance face à l'accusation. Et les larmes qui coulèrent des yeux de sa fille la marquèrent comme au fer blanc. La siamoise esquissa un mouvement et se ravisa. Chance accepterait elle seulement ce contact ? Elle avait peur d'un rejet total, aussi était elle elle-même paralyser face à ce presque portrait d'elle qui pleurait, qui lui en voulait. Et qui souffrait. Deux âmes en peine tâchant de s’alléger. Alors Secret du Firmament était là, incapable pour sa part de détourner ses yeux de sa petite, d'ignorer ses mots, si blessant. Terrible preuve de la souffrance qu'elle avait infligée à ses petites étoiles. Et puis d'un coup, elle n'y tint plus.

En un pas, elle était la tête au dessus de celle de la novice pourtant déjà si grande, sa queue s'enroulant non plus autour de son ventre mais autour de sa fille. Et elle lui lécha doucement la tête en un geste d'amour qu'elle aurait aimer refaire il y a bien longtemps déjà. Secret du Firmament ne pleurait plus, elle n'en avait plus la force, au lieu de ça elle répondis d'une voix douce mais rendu cruellement fébrile. Ca n'a jamais été que ma faute a moi Nuage de Chance ... A moi et moi seulement. Elle écarta sa tête pour tenter de croiser les yeux bleus de l'apprentie. De sa fille. Je n'ai aucune excuse valable ... Je ... Elle inspira profondément et ajouta tout doucement. J'étais perdue, terrifiée. Je craignais l'exil, je craignais ... que le clan se désagrège ... J'avais cru ... Non, je voulais croire que le clan était une grande famille ...

Mais ce n'est pas le cas. Toutefois ses mots là moururent dans sa gorge. Elle était désolée mais elle le savait, ça ne suffisait pas d'être désoler. S'était trop peu. Alors elle se figea, observant Nuage de Chance, espérant la rassurer. Espérant pouvoir non pas rattraper le temps perdus mais au moins, bâtir un peu de stabilité dans leurs vies en lambeaux.

Nuage de Chance se raidit lorsqu’elle sentit le doux poil de Secret du Firmament se rapprocher de son museau. Pourtant, elle ne recula pas. La fille acceptait l’étreinte douloureusement accueillante de sa mère. Elle acceptait qu’elle vienne poser sa tête entre les deux oreilles. Elle acceptait aussi le tendre geste que lui offrait la guérisseuse sur un coin de sa tête. Sur le moment, Nuage de Chance ne voulait plus repenser à ce qu’il s’était passé plus tôt dans la journée. Et elle ne voulait plus penser aux obligations, aux lois, au Code : elle voulait juste rester un peu dans le creux de sa mère dont elle avait toujours rêvé depuis ses premières lunes. Sur le moment, elle n’était plus l’apprentie fière et sûre d’elle qu’elle était d’habitude ; Nuage de Chance était redevenue un chaton frêle qui pleurait toutes les larmes de son corps contre l’épaule de sa mère.

Elle n’arrivait plus à parler à présent, seul des hoquets entrecoupés arrivaient à sortir de la bouche de la femelle. Alors elle écoutait en silence les paroles de Secret du Firmament, la tête collée contre sont poitrail maintenant trempé de ses larmes. En l’écoutant, l’image de la guérisseuse forte et sans failles que Nuage de Chance avait d’elle s’effrita dans son esprit : au final, elle n’était pas si différente que les autres chats… Ses larmes commençaient enfin à tarir mais laissaient à la jeune femelle l’impression que ses yeux lui brûlaient terriblement, alors elle ferma les yeux comme pour ne plus voir la cruelle vérité qui se jouait d’eux, pour profiter un peu de l’instant présent. Oh oui, elle était toujours en colère, mais une part d’elle voulait rester encore un peu auprès de Secret du Firmament…

« S’il te plaît…ne p..pars…pas… »

Je te déteste comme cette phrase qui dit c'était trop beau pour être vrai.

Pas de rejet comme avec Nuage de Neige plus tôt et la siamoise se laissa aller à ses gestes tendre. Douce caresse de sa queue sur le dos de sa fille, simple marque d'affection enfin libre de s'exprimer tendis que les deux verser des larmes. Ses propres coups de langue sur le pelage de Nuage de Chance étaient comme un baume sur son cœur meurtris et sans doute, sur celui de la novice aussi. Puisqu'elle avait accepter le contact, accepter cet instant entre une mère brisée qui voulait apprendre à connaître sa fille et une fille justement brisée de n'avoir jusqu'alors pas eu sa mère. Mais la siamoise avait peur aussi que cet instant soit éphémère, que Nuage de Chance se retourne et que sa colère revienne. Neige après tout avait, quelques heures plus tôt seulement, démontrer à Secret du Firmament que jamais elle ne pourrait lui pardonner. Bien que l'ancienne guérisseuse espère du contraire, encore. Mais ce moment là, ce câlin offert et accepter, voilà qui balayait un peu de sa souffrance. Et quand Nuage de Chance miaula, la guerrière esquissa un sourire triste.

- Je suis là, ma petite étoile. Je ne partirai pas. Je ... vous ai abandonner ... une fois, pas deux... Elle ne put retenir son sanglot alors que doucement, elle avançait sa tête pour la loger contre le dos de l'apprentie. oh comme elle avait rêver ce genre d'instant. Moins douloureux, plus joyeux toutefois. D'autres circonstances. Mais ce qui était fait ne pouvait être défait. Et tout en inspirant le parfum de sa princesse, Secret du Firmament ajouta d'une voix douce.

- Je suis fière de vous tu sais ... Je ... Je pourrai pas ... effacer toutes ses lunes mais ... mais je te promet que si tu as besoin de moi ... Je ne serai jamais loin. Un sourire timide. Cette promesse là, elle veillerai à la tenir. Pourtant, comme si le vent pouvait emporter l'instant présent, elle entreprit de faire la toilette de Nuage de Chance. Par crainte que déjà la grâce s'envole et que le chaos fonde sur elles. Ouis, elles deux. Car du chaos, c'est ce que Secret du Firmament avait donné en lieu et place de l'ordre qu'elle avait pourtant tenter d'obtenir ...

Les doux gestes et paroles de Secret du Firmament réconfortèrent Nuage de Chance, qui se laissait autant faire qu’un nouveau-né dans la pouponnière. La toilette offerte par la siamoise la plongea dans les profondeurs de son esprit : elle se voyait là, encore chaton, à attendre désespérément une mère qu’elle ne verrait peut-être jamais. Mais maintenant, elle être en paix. Nuage de Chance avait trouvé ce qui lui avait manqué pendant les lunes. Elle priait pour que cet instant dure indéfiniment, mais l’apprentie savait que toutes les bonnes choses avaient une fin.

« Je suis fière de vous tu sais ... Je ... Je ne pourrai pas ... effacer toutes ces lunes mais ... mais je te promets que si tu as besoin de moi ... Je ne serai jamais loin. »

La color point hocha de la tête. Elle recula légèrement la tête et prit une longue inspiration pour chasser les nouvelles larmes qui menaçaient de tomber de ses yeux bouffis. Elle leva ensuite une patte pour essuyer sa truffe humide et renifla bruyamment. Nuage de Chance tenta de regarder sa mère droit dans les yeux mais elle n’avait pas la force de soutenir son regard aussi bienveillant soit-il. Un peu plus disposée à parler, Nuage de Chance ouvrit la bouche.

« Tu…tu promets ? »

Secret du Firmament se rapprocha d’elle et commença lui lécher le pelage. L’apprentie se figea et soudain, elle ne put pas retenir les nouvelles larmes qui pointaient dans le coin de ses yeux. Elle en avait rêvé, de ce tableau. Où sa mère était là, auprès d’eux. Où elle léchait tendrement le pelage de ses enfants. A l’époque, c’était Nuit Hivernale (du moins la représentation qu’elle avait d’elle aux travers des commérages) qui occupait la place principale de cette image. Et à présent, Nuage de Chance pouvait enfin y mettre un visage connu, celui de sa véritable mère. Nuage de Chance se coucha en sphinx, toujours collée contre Secret du Firmament, et se mit à regarder dans le vide pour apprécier les rassurants coups de langues sur son poil. Toutefois, l’apprentie ne pouvait s’empêcher de penser à la bizarrerie de la situation : au départ venue pour s’expliquer clairement avec sa mère nouvellement déclarée, elle avait perdu tous ses moyens et au final, la voilà blottie contre elle comme un chaton apeuré qu’on tentait de rassurer. Mais Nuage de Chance ne regrettait pas le changement de situation, elle s’en serait sûrement voulu plus tard si elle avait refusé tout contact avec elle…

Je te déteste comme cette phrase qui dit c'était trop beau pour être vrai.

Sa fille et ses réactions lui réchauffait le cœur. Elle avait beau avoir mal fait, très mal agit, sa petite était là, tout prêt a accepter ce qu'elle pouvait encore avoir à donner. Et l'ancienne guérisseuse savait ne pas mériter autant, aussi profiter elle en cet instant du moindre mot, du moindre regard où de la moindre tentatives du moins. Et sa voix, fébrile aussi. Oui, deux chattes se retrouvant enfin, avec la peur que tout s'efface au moindre petit coup de vent. Alors quand Chance désira une promesse, la siamoise ferma doucement les yeux.

- Oui, j'essaierai toujours d'être là maintenant ...

Essayer. Prouver que peut-être quelque chose pouvait réduire sa décision. Mais que pouvait elle faire d'autres dans l'espoir de ne plus décevoir. Un simple oui aurait été beau mais il y avait des "et si" qui s'ajoutait. Oui, peut-être ne serait elle pas assez proche, assez forte, assez ... La vie en clan comportait tellement de danger et Secret du Firmament redoutait de se trouver seule à présent. Bien que son oncle lui avait permis de rester, elle avait perdu le respect et la confiances de tout les autres. Perdus le droit de faire ce qu'elle voulait. N'importe quel guerrier valait mieux qu'elle ... Au moins Coup de Foudre avait il ce talent là. Celui d'envoyer balader les autres d'un haussement d'épaule indifférent. Parce qu'il était plus libre des codes, des lois, des émotions que quiconque. Cassé et pourtant en un sens, dans un meilleur état que tout ceux qui comme elle, s'accrochait à des espoirs. Alors tout en lavant sa fille, la siamoise se remit à pleurer, des larmes chaudes et lente, douce aussi alors qu'elle murmura, aveu offert dans un chuchotis de douceur.

- J'aurai voulu faire ça tout les jours, toutes les heures ... Avant votre baptême aussi ...

Son souffle lui revint au visage et elle ferma les yeux, un peu sereine dans son tourment. S'était sans nul doute beaucoup plus horribles pour vous de ... De ne pas savoir, d'imaginer ... Mais ... Elle esquissa un sourire. Je venais vous observer tout les matins avant l'aube, pendant que le clan entier dormait ... Parce qu'elle ne pouvait rien faire d'autre sans se trahir. Parce que ses instants volées pendants que ses petits dormait bien au chaud était le peu qu'elle pouvait avoir alors. Un léger rire s'échappa de sa gorge, mêlée à cette douleur dans sa voix. Impossible a cachée. Au moins ... vous n'allez plus avoir à changer les litières souillés pour un moment ... Puisque ... c'est le moins que je puisse faire en attendant ... de rejoindre la pouponnière. Oui, les soulagés des tâches ingrates des apprentis. Jusqu'à ce que son ventre soit trop lourd. Et elle le savait déjà, elle attendait davantage de chatons. La lourdeur déjà présente, sa faim, sa fatigue. Tout en était preuve. Mais elle ne voulait pas être un poids. On la haïssait bien assez sans qu'elle n'ajoute trop rapidement la réalité à sa situation de reine en devenir.