C'est un renouveau ... Feat Mug [END]

je préviens tout de suite, ça va être un pavé:

Lunes 34 à 36

Avec mon amie Perce-Neige, j'ai redécouvert le monde. Je ne la remercierais jamais assez pour cela. Après notre première rencontre avec Rusty, elle se faisait passer pour ma maman et moi son tout petit. Finalement, cela me convenait bien, moi qui n'ait jamais eu de mère. Enfin, j'ai eu ma génitrice, mais elle était génétrice de tellement de petits et la seule attention qu'elle avait daigné m'accorder n'avait été que mépris et dégoût. Alors, Perce Neige devenait ma maman. Elle m'apprenait ce qu'était l'amour. Ce sentiment nouveau, si intense et sincère que j'éprouvais pour elle. C'était comme si on avait de la chaleur qui irradiait tout notre corps à chaque fois que l'être aimé se tournait vers nous, nous considérait. Rusty était un bien gentil garçon, qui nous a beaucoup aidé.

Mais un jour, je n'ai pas réussi à me lever. J'avais de la fièvre, et je me sentais tout tremblant. Et mes blessures me piquaient, brûlaient. Oh, heureusement que Perce-Neige connaissait tout un tas de choses qui me remirent un peu sur pieds. Mais Rusty nous proposa d'aller chez le vétérinaire. Il nous expliqua également qu'existait un Refuge, où les humains à deux pattes qui faisaient un peu peur de loin, bah ils étaient gentils et pourraient s'occuper de moi. Et puis, je sentais sans m'en rendre compte que Perce Neige avait aussi besoin de ... partir. Elle essayait de me poser des questions sur la grande bataille où j'avais pu m'enfuir. Mais je ne me souvenais de rien, alors je la sentais inquiète. De plus, mes séquelles de mon enfance chez les Lunar Pods étaient au-dessus de ses compétences de guérisseuses. Finalement, fut décidé que j'aille là-bas, même si je risquais de jamais la revoir.
Mais pour moi, cela ne sonnait pas comme un adieu. J'allais la revoir, c'était sûr. J'allais juste découvrir d'autres sens à l'amitié et à l'amour. Et puis ce nouveau mot, la curiosité, me titillait. J'avais soif du monde.

Lunes 36 à 37

Chez le vétérinaire, ce n'était pas très facile. J'étais tout le temps dans un petit cage, avec des bandelettes collantes bizarres sur tout le corps. Et un truc autour de ma tête, je ne pouvais même plus faire ma toilette! Mais Rusty m'avait prévenu. Alors je restais sage comme une image, mangeais docilement ce que l'on me donnait. Et j'étudiais les alentours. Ces humains qui s'occupaient de moi étaient tout gentils eux-aussi. Ils avaient une voix toute douce. Par contre, parfois ils approchaient leurs grandes mains. Cela me faisait très peur alors je me réfugiais au fond de ma cagette.
Ma convalescence dura une bonne lune. Mais quand je sortis enfin, une étrange sensation s'émana de moi. Je n'avais plus mal. Je me sentais léger, tout léger. J'avais envie de courir partout! On m'amena au Refuge.

Lunes 37

Mon séjour n'y fut guère long, mais pas très agréable. A peine arrivé, alors que j'étais sur un perchoir, tout content d'avoir réussi à y grimper, un gros matou me feula dessus si fort que j'en perdis l'équilibre. Je tombai lourdement. On me changea de pièce pour me remettre dans une petite cagette là-bas, et à nouveau des bandelettes pour tenir ma patte qui s'était foulée. La douleur était revenue. Je ne me sentais pas très à l'aise. Les autres chats me faisaient peurs et tournaient en rond. Je crois qu'il y en a qui devenaient un peu fous. Mais deux semaines après mon arrivée des gentils humains arrivèrent. Tout de suite, ils s'approchèrent de ma cagette. Je restais un peu au fond, toujours un peu inquiet, mais je les fixais en les regardant. Et je me sentis apaisé.
On me bougea un peu, mis dans un monstre qui grondait. Cela faisait très peur, je me réfugiai au fond fond de ma cagette en tremblant. Enfin, cela se termina. On m'ouvrit la porte, et là, grand blanc. Je ne connaissais rien. Pas d'odeurs familières, rien. Angoissant. Je vis dans un coin une gamelle avec des croquettes. Cela me rappelait Rusty. Cela me rappelait Perce-Neige. Alors je m'y précipitai pour manger. Bien sûr, cela n'avait pas le même goût.

Lunes 37 à 42

Il me fallu du temps pour m'habituer. Petit à petit, je me retrouvais dans cette maison. Ce Nid, comme l'appelait Perce-Neige je crois. Les humains étaient très gentils, et ne m'embêtaient pas. Il y avait un humain beaucoup plus petit aussi. Lui, il semblait toujours m'appeler en disant Pelote! Pelote!. Pelote... C'est vrai que c'était plus joli que Déchet. Je crois que c'était les trucs rigolos avec lesquels j'adorais jouer. J'aimais bien pelote. J'aimais bien jouer. J'aimais bien ce petit homme.
Au début, je restais caché sous des meubles, toujours dans la même pièce que les humains mais caché. Petit à petit, je m'approchais. Ils ne tendaient pas leur main vers moi pour me forcer. Parce fois, je la reniflai juste. Puis ils m'envoyaient une pelote et je courais pour la poursuivre.

Lunes 42 à 44

Que de progrès jusqu'à aujourd'hui. Maintenant, je passe ma vie sur leurs genoux, à profiter de leurs caresses. Ce que je préférais, c'était la nuit. Je dormais toujours sur le lit du petit homme, soit à ses pieds soit vers sa tête et je ronronnais jusqu'à ce qu'il s'endorme.
J'étais parfaitement guéri. Bien sûr, mon pelage ne repousserait jamais sur certaines cicatrices trop profondes. Je garderais toujours une marche un peu bizarre, à cause des fractures répétées d'une de mes pattes. Mon visage sera à tout jamais balafré. Mais la douleur était PARTIE. J'étais heureux.
Mais je regardais toujours dehors. J'avais maintenant envie de voir du monde. Ils étaient inquiets je crois, à l'idée de me laisser sortir. Mais un jour, ils s'y résignèrent. Mes sorties étaient très courtes. Je ne connaissais pas le dehors. Alors je prenais le temps, tout mon temps pour m'y habituer. Je rencontrais mes voisins, plus ou moins sympathiques.

Aujourd'hui

J'avais décidé de traverser la route et m'éloigner encore un peu plus. J'étais parti tôt ce matin dans ce but. Je faisais très attention. Mes voisins m'avaient dit qu'il fallait toujours faire attention, alors je les croyais. Mais je vibrais de joie et de bonheur. Rien que ça.

Sauf que.

Cette ombre

Cette silhouette.

Je me pétrifiai. Incapable de bouger. La Douleur, la Peur... la Mort revinrent me hanter. Je fus pris d'une angoisse telle que je perdis l'équilibre. Je tremblais de tout mon corps. Je ne pouvais pas bouger. Je ne pouvais pas m'enfuir! Mes cicatrices me brûlaient comme si... comme si elles n'avaient jamais été soignées.

Cyanure.

C'est horrifié que j'attendais qu'il vienne à moi pour m'achever. Car ce n'était que la mort qui m'attendait pour être parti.

C'est un renouveau ... (25)


Je ne pouvais pas trop fouiller dans l'antre du guérisseur . Le vieux Souc' et Nuage de Corbeau avait du mal à tenir les réserves assez hautes, ou en tout cas acceptables, donc si je prenais toutes leurs feuilles de sauge, j'allais être prise la patte dans le sac. Puis, Nuage Embrasé m'avait déjà remarquée, et même si partager le secret allégeait mon esprit, ce n'était pas rassurant de s'être faite coincée par un jeune apprenti, alors que moi - même approchait d'être guerrière. Je reportais la faute sur mon ventre s’alourdissant. Du coup, vu que j'avais déjà quadrillé la forêt pour trouver cette plante qui m'était si utile, je devais trouver une autre solution. Et une nuit, je la trouvai ! Au fin fond de ma mémoire, lors d'un cours avec Madame Fée, elle me dit en secret quand lors de son passé solitaire, en quête de nouvelles plantes et de nouvelles expériences, elle trouva que les Bipèdes avaient plein de variétés de fleurs, souvent inconnues, qu'ils gardaient jalousement derrière leurs fins murs en bois ! Peut - être avaient - ils de la sauge, ou bien une plante avec un effet identique ? Ma curiosité et mon amour des plantes me criaient de tester les possibilités, mais les êtres dans mon ventre me faisait tout de même un peu raisonner. Non, pas en cette condition.

Mais je réussis tout de même à m'éclipser du camp ! De toutes façons, les chats s'inquiétaient plus lorsque je farfouillais dans les nids que dehors. Je leur foutais la paix là au moins, et c'était réciproque. A une vitesse pas trop fatigante, je me dirigeais vers les maisons qui bordaient la frontière de l'Ombre et du Tonnerre. L'herbe était fraîche de la rosée du matin, et je me dirigeais d'un pas joyeux, pleine de hâte de faire des découvertes, vers les nids de Bipèdes. Je ne savais pas si c'était mon nez ou mon imagination, mais je pensais déjà sentir de nouvelles effluves se glisser dans ma truffe ! Pressant le pas, de plus en plus curieuse, la silhouette d'un chat noir se découpa dans le décor. Il avait un collier de domestique. Il devait connaitre les Bipèdes alors ! Je me dirigeais donc vers lui.

" Hey t- "

Il était pétrifié de peur. Innocemment, je regardais derrière moi, avec la peur secrète d'un autre chat m'ait suivi, ou même qu'une grosse bestiole soit prête à me bondir dessus ! Mais rien. Je baissais les oreilles, faisant vite l'éliminations des différentes possibilités.

Je lui faisais peur.

On m'avait dit que les domestiques étaient des gros patauds tout doux qui craignaient les chats sauvages, mais à ce point ? Je penchai ma tête sur le côté, un poil blessée.

" J'vais pas te manger tu sais. T'es trop gros pour ça. "

Car si l'argument que j'étais immense comptait dans le facteur "effrayant", l'inconnu se débrouillait bien aussi avec ses larges épaules et son corps vachement cicatrisés pour un domestique. Comment pouvait - on faire assez de bagarres pour récolter toutes ces marques, mais avoir peur d'une grande apprentie ? Les Bipèdes leur retournaient le cerveau ou quoi ?

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Merci Nix

Souvenirs et réalité se mélangeaient. Lorsque le félin se retourna, je crus qu'il se saisissait de plantes. D'intenses douleurs à l'estomac me saisirent, plus vraies que nature. Je me mis à gémir. Je ne voulais pas de ça. Je me souvenais de ce jour, où il avait du s'occuper de moi.. Ce jour où moi, je devais frapper. Je devais vaincre le petit chaton en face de moi. Être son cauchemar. Ne l'ayant fait qu'à moitié, j'avais passé un sale quart d'heure. Lorsque la silhouette s'approcha de moi, mes sens se brouillèrent. Les longs poils prirent la couleur du pelage de Cyanure. Ses yeux me transperçaient, mais loin d'apercevoir l'innocence, je ne voyais que deux yeux luisants qui me voulaient du mal.

Seule la voix ne correspondait pas. Elle tintait d'un son clair. Mais le reste l'engloutissait et la noyait dans des tourbillons d'horreur.

"Cya..nu...re...", dis-je presque imperceptiblement. Mes crocs s'entrechoquaient. Je murmurai, levant un regard implorant, bien qu'inutile avec ce bourreau :

"Je ne veux pas mourir..."

Spoiler:

C'est un renouveau ... (25)


Je voulais le rassurer que je n'étais pas si sauvage que les gens de la ville le disaient, mais rien n'y faisait. J'espérais juste qu'il aurait réagi comme ça pour n'importe quel chat. On disait déjà que j'étais un monstre de la Lune au sein de mon clan, alors si en plus ça doit perdurer au delà de nos frontières.. Le chat se recroquevillait, continuant à voir des horreurs passer sous ses yeux. Je fronçais les sourcils. Dorénavant il chuchotait un nom.

" Cya .. nure ? " répétais - je, ignorante.

Qu'est - ce que c'était le cyanure, ou qui était - ce ? Pas moi en tout cas. Je commençais à devenir nerveuse. Je retentais de le raisonner d'une voix plus forte.

" Non non, moi c'est Nuage de Muguet. Mu - guet. "

Sans aucun effet. Ses dents claquaient, il continuait à délirer sur ma personne, lâchai encore de ne pas vouloir mourir. Je tentais, de lui parler, mais rien ne l'atteignait. Sa réaction me donnait l'impression que je grandissais, lui rapetissais, que j'aurais vraiment pu l'écraser, que mes griffes étaient trop grandes pour les ranger, que j'étais un.. un...



" JE NE SUIS PAS UN MONSTRE ! " hurlais - je finalement, comme si je voulais convaincre toute la forêt de Cerf-Blanc.

Mon écho résonna et je me sentis extrêmement mal à l'aise d'avoir crier sur un inconnu, mais le camp me mettait souvent à bout de nerfs sur ce sujet....

" Pardon.. "

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Merci Nix

" JE NE SUIS PAS UN MONSTRE ! "

Si cet hurlement puissant m'effraya en premier lieu, il me ramena aussi les pieds sur terre. Je m'étais mis automatiquement en position de soumission, pure réflexe de lunes passées à subir : queue entre les pattes, tête baissée, recroquevillé vers le bas, comme pour disparaître. Mais ce son résonna en moi.

Monstre

Monstre

Monstre.

Cyanure était un monstre et en était fier.

Cyanure ne crierait pas comme ça.

Quelque chose clochait. Pourquoi ne m'avait-il pas d'ailleurs déjà attrapé?

C'est alors que je clignais des yeux. Les couleurs se brouillèrent à nouveau et étrangement le pelage devint grisâtre et blanc. Je fronçais les sourcils, étudiant ce qui apparaissait alors dans mon champ de vision. Ici, ses pattes. Elles n'étaient pas recouvertes ni de sang, ni vraiment d'herbes bizarres. Je me permis de relever doucement la tête, encore craintif. Quelle ne fut pas ma surprise quand j'aperçus pour la première fois son visage. La beauté et la douceur en émanait. Ses traits étaient plus fins et son regard plus... enfantin?

J'étais complètement perdu, et posais mes yeux encore hagards sur tout son corps, sans me rendre compte qu'un si intense dévisagement pourrait gêner.

Je m'assis.

Et lâchai un long soupir de soulagement.

"Je ... désolé. Tu ... lui ressembles tellement."

C'est un renouveau ... (25)


Alors que mon cri se répétait dans les environs, le domestique releva peu à peu la tête, les yeux embrumés de peur. Les miens étaient tout pareils, de peur aussi peut - être, d'avoir cette identité effrayante que l'Ombre me collait au poil. Je tentais de me calmer et lui clignait des yeux, comme pour enfin évaluer ce qu'il avait devant lui. Je pensais au début qu'il me craignait car j'étais sauvage, mais il y avait définitivement plus. Puis un chat balafré comme lui, qui était le plus sauvage des deux ?

Son expression tourna vite à la surprise, et sans une pointe de gêne ou de culpabilité pour ses précédentes accusations, il étudia la personne que j'étais. Encore sous le choc de ses insinuations, je fus celle qui se replia sur elle - même, malgré que j'étais la plus grande des deux. Ma queue fournie et entremêlée, deux trois plantes coincées dedans comme à mon habitude, me servit de bouclier, levée devant mes pattes en guise de protection. L'étranger visiblement rassuré que je ne sois pas le chat qu'il craignait s'assit après cela. Il soupira, fort, lâchant tout son stress hors de lui. Il s'excusa et je baissai mon regard. Quoique, mes oreilles se redressèrent vite sur la suite de sa phrase. Tu lui ressembles tant.

" Euh, je.. je ressemble à qui ? Enfin... je pense pas avoir fait une tête de méchant, vu ta réaction.. "

J'oubliais les plantes un moment, voulant savoir à quelle effrayante personne je ressemblais.

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Merci Nix

Mes sens se réveillaient peu à peu. La vue avait été la première à se remettre de ses émotions, laissant les formes apparaître, puis, peu à peu, se précisant avec divers détails. La couleur de sa jolie pelisse, bicolore, ces longs poils ressemblant tant à Cyanure. Ce museau plus fin, ces pattes plus... blanches. J'apercevais tout de même des résidus de plantes entremêlés. Cette précision me fit me tenir sur mes gardes... Qui sait, cyanure avait peut être une descendance qui poursuivait les même desseins que lui? Mais l'aura qui se dégageait de la demoiselle me poussait à ne pas y croire. Un étrange parfum flotta jusqu'à mon museau. Quelle odeur particulière! Sans une once de gêne, j'humai l'air, un peu bruyamment, sans aucunement cacher que je la ... reniflais. Puis, il me rappela quelque chose. Ce combat contre... les chats du marécage! Elle avait l'odeur des chats des marécages. Y vivait-elle?

Je secouai la tête, me rappelant soudainement sa question.

"Euh. Cyanure. Euh il tuait les chatons faibles chez les lunar pods. Entre autres."

Je pointais d'un coup de tête les bouts de végétaux dans sa fourrure.

"Avec des plantes. Quand il les utilisait pas pour la torture à la demande de notre..."

Je fronçai les sourcils. Non seulement elle était morte mais ce n'était plus NOTRE ni MON abbesse. L'abbesse.

"à la demande de l'abbesse et des jumelles."

Je lui avais donné ces informations sans aucune émotion. Ce n'était que des faits, terribles peut être, mais, même si j'avais compris que la violence n'était pas forcément la norme de partout, parler en ces mots peut être durs ne me faisait ni chaud ni froid. Ce n'était que la réalité. Juste normal quoi.
Mais elle avait besoin peut être de plus d'explications.

"En fait, t'as exactement sa carrure et sa forme."

C'est un renouveau ... (25)


Le domestique continua son étrange étude. Il se rapprochait encore pour me renifler cette fois. Bon dieu, les domestiques ne connaissaient - ils pas l'espace personnel ? Ma queue resserra encore plus son étau autour de mon corps, comme une protection. Une fois son affaire finie, il répondit à ma question. Mais la réponse donnait froid dans le dos. Un tueur de chatons, des Lunar Pods ? Torturant avec des plantes ? Mon poil se redressait pour répondre à mon frisson. Je ressemblai à ça, moi ? Mon regard descendit sur ma queue emmêlée de plantes. Ah.. je pouvais comprendre qu'il soit mal à l'aise avec ce détail s'il avait connu cela. Après il parla d'abbesse, de jumelles, des termes qui revenaient souvent lorsqu'on parlait de ce groupe qui avait semé le chaos dans la forêt de Cerf-Blanc. Je connaissais déjà un peu l'histoire, rabattue longtemps dans mes oreilles pour rappeler mes origines. Mais.. moi, je vivais dans un clan, il était normal que je sache des choses sur cette secte, mais un domestique ? Mes oreilles tiquèrent.

" Sans indiscrétion, d'où tu connais les Lunar Pods ? "

Mais après, je me rappelais que ce sujet n'était pas ma priorité. J'étais venue fouiller les jardins pour de la sauge, et je n'avais que cette nuit pour en trouver avant de sentir le lait à plusieurs queues de renard. Mes objectifs revenus en tête après ce moment de panique pour nous deux, je tentais de l'interroger sur cet autre sujet.

" Hum pardon, ça me regarde peut - être pas. Tu.. tu connais la sauge ? Ce sont des feuilles toutes douces qui sentent bon dans le fond de la gorge. Je euh, j'en ai besoin. "

Mais l'ombre de la pensée que je ressemble à un monstre des Lunar Pods planait encore dans ma tête. J'avais sa carrure.

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Merci Nix

L'incompréhension pointa dans ses jolies prunelles. Jolies Je ne m'étais jamais fait la réflexion de la beauté chez quelqu'un. Mais, étonnamment, le terme joli me semblait être LE qualificatif pour désigner ses traits délicats.

" Sans indiscrétion, d'où tu connais les Lunar Pods ? "

Je penchai ma tête sur le côté. Pourquoi ne les connaîtrais-je pas? Les différents groupes et leurs coutumes et noms m'étaient totalement étrangers. Certes j'avais un collier et étais logé et nourri par des (gentils) bipèdes, mais je ne me sentais nullement enraciné dans cette case de domestique. Alors, je ne comprenais pas pourquoi cela paraissait saugrenu qu'un chat comme moi puisse les connaitre. Mais je ne savais pas non plus la signification de ce "chat comme moi". Pour moi, nous étions tous des chats point. Et non pas des solitaires, des claniques ou encore des domestiques, mis dans des cases selon leur mode de vie et avec cela toute la mallette des préjugés.
Mais je n'eus le temps que de me faire cette réflexion. La demoiselle reprit soudainement:

" Hum pardon, ça me regarde peut - être pas. (pourquoi cela ne la regarderait-elle pas? J'étais loin de me douter de l'impact possible de nos origines sur une vie...) Tu.. tu connais la sauge ? Ce sont des feuilles toutes douces qui sentent bon dans le fond de la gorge. Je euh, j'en ai besoin. "

Des feuilles toutes douces??? Je fronçai les sourcils, soudain pensif. J'haussai les épaules, et lui fis signe de me suivre.

"Ch'ais pas, mais je peux te montrer les quelques jardins d'à côté si tu veux! Ptêtre qu'il y en aura! Désolé je ne fais pas attention aux plantes... Même si Perce Neige me disait que c'était important d'en connaître pour se soigner..."

Sans vraiment attendre sa réponse, je bondis en avant et me dirigeai clopin-clopant vers la route. Je m'arrêtai peu avant la chaussée. Une voiture approchait. J'arrêtai la femelle d'un signe de la queue, puis m'élançai tranquillement vers mon jardin. Je respirais la sérénité, et ne me doutais pas que la femelle pourrait être stressée de s'aventurer en terre inconnue.

Je sautais sur ma barrière puis dans mon jardin. Je furetais un peu par ci, par là.

"Ah oui je ne t'avais pas répondu! Mais je suis né chez les lunars pods, mon géniteur s'appelait Picolo et ma génitrice euh.. ch'ais plus. " dis-je, dans le plus grand des calmes. "on m'appelait Déchet là-bas. Mais maintenant je suis Pelote et ...LA!!!!!"

Je me stoppai brusquement et bondis vers ma trouvaille.

"c'est ça ce que tu cherches?"