Serpent qui change de peau est toujours serpent - 9 vies de Cobra - End

Serpent qui change de peau est toujours serpent.

Au loin, l'aube pointait à peine, premier rayon. Le presque meneur remua une oreille, comme pour chasser cette chaleur qui venait lui chatouiller l'extrémité de la tête. Il avait encore en tête la voix suave de sa fille et la douceur du mot "chef" sur sa langue. Il ouvrit un œil, sur la fourrure immobile et légèrement givrée de celui qui, la veille encore, portait ce titre. Mais Étoile Tropical n'était plus, ses yeux clos, ses flancs inertes, son corps pétrifié et le fumet âcre de la mort que cachait à peine celui des plantes à présent était comme preuve pour tout ceux qui, comme lui, avait choisi de veiller le défunt. De tous, il été premier à quitter sa place, sous peu, les anciens emmèneraient le corps hors du camp, accompagner peut-être de guerriers pour les aider. Et l'enveloppe de chair vide de vie rejoindrai sa dernière tanière, dissimulée sous la lande.

Lentement, le lieutenant - qui ne le serait bientôt plus - s'écarta de la dépouille pour s'étirer à l'écart, prenant son temps, allongeant ses avants longuement en dressant tout à la fois ses postérieurs avant de faire l'inverse puis de secouer une par une ses pattes pour y faire revenir la chaleur. Ceci fait, il lorgna du côté du tas de gibier mais la coutume voulait qu'il jeûne aussi, s'en détourna il. ses autres camarades aurait de quoi se restauré, lui non. Il n'en avait cure, sa faim été tout à fait différente et sereinement, il se rapprocha de l'antre de celle qui l'accompagnerait dans la marche du jour. Laquelle s'annonçait déjà silencieuse et lourde de tension.

- Vent du Nord ? Il guetta un instant la guérisseuse avant d'ajouter, le ton vide d'émotion. - Nous partons dès que tu le décide. Il se retint de lui consigner qu'elle avait tout intérêt à faire vite. Elle n'avait d'autre choix, il lui ferait savoir si jamais elle tentait ... Il préféra s'éloigner avant qu'elle ne devine le frisson qui parcouru son dos. Imputable, peut-être au froid matinal après tout ...

Et le bicolore ne se hâta guère, à ceci prêt qu'il rejoint Moineau Cendrée dès que celui ci se montra et puisque nombre été réveiller, le félin lui pria de veiller sur le clan en son absence. Une façon à tous d’annoncer que celui dont la marque du traître balafré le museau serait leur futur lieutenant. Tout était fin prêt pour le départ, tout sauf la guérisseuse qui semblait faire traîner le temps. mais Cobra Royal savait qu'il avait bien assez attendu, que ne lui était un peu plus de temps après tout. Le soleil avait beau entreprendre sa montée, le félin était certain qu'ils arriveraient bien assez tôt à la pierre de lune. Et quand enfin Vent du Nord vint le rejoindre, aussi ravi, lui semblait-il, que si on lui demander de manger de la chair à corbeau, il ne dit mot. Comme il ne dirait mot au cours de la longue marche. Un silence valait mille menaces. Et il avait les pattes fourbu quand enfin, le boyau sombre lui fut visible. Et déjà, il sentait son cœur battre plus fortement. Sous peu, il ne serait plus Cobra Royal. On le nommerait Étoile. Seule ombre au tableau, Tâche d'If mais si la chatte avait par le passé été douce et faible, elle avait tant changer en devenant lieutenante puis cheffe que peut-être sa mort pouvait elle être vu comme un bien pour le clan du Vent. Après tout ne menait elle pas le clan à la ruine ? Il avait fini par son convaincre et c'est ainsi qu'il s'avança. Déjà tout prêt à retrouvé ses ancêtres ... Aussi confiant qu'il l'avait toujours été.

Ce n’est pas réel. Rien de tout ça n’est réel. Ce n’est qu’un cauchemar — le fruit des angoisses accumulées au fil des jours, des lunes. Ce n’est pas réel. Tu vas te réveiller et tout ira pour le mieux.

Ce n’est pas réel.

Vent du Nord ouvrit les yeux sur les murs sombres de son antre solitaire. L’odeur de mort sur ses pattes était toujours présente. Elle lui confirma les craintes qui avait accompagné sa nuit : tout était réel. Étoile Tropicale était morte, et maintenant, Cobra Royal prenait sa place. Elle se mit à pleurer. Elle en profita tant qu’elle le pouvait encore, tant que personne n’était encore là pour la voir. La gorge nouée, les mâchoires serrées, et les larmes lourdes qui coulaient sur ses joues. Ce n’était pas du deuil. Ça, Vent du Nord commençait à en prendre l’habitude pour ne plus réagir ainsi. C’était plutôt un mélange de colère, de haine, de peur, de désespoir. Il ne pouvait pas devenir chef. C’était réel, mais ce n’était pas possible.

« Vent du Nord ? »

La guérisseuse se raidit. Elle l’avait entendu, comme un murmure, et c’était déjà trop. Elle lui tournait le dos — il ne pouvait pas la voir, heureusement. Elle ne s’attendait pas à le voir si tôt. Elle aurait préféré ne le voir jamais.

« Nous partons dès que tu le décide. »

Elle ne lui répondit rien. Elle ne bougea pas non plus d’un poil jusqu’à ce qu’il se décide à partir. Au mieux, sa simple présence l’horripilait. Au pire, elle lui donnait la nausée. Aujourd’hui, elle n’en savait trop rien, si ce n’était que ce qu’elle ressentait envers lui était bien pire que toutes les lunes cumulées de son existence réunies. Des milliers de pensées se bousculaient dans sa tête. Pouvait-elle encore faire quelque chose pour sauver son Clan ? Elle pourrait... elle pourrait là, tout de suite, courir sur le promontoire et leur hurler à tous la vérité que Pelage de Boue lui avait révélé avant de mourir. Leur avouer à tous que leur futur chef était un menteur doublé d’un meurtrier. Puis elle repensa à Coeur Fleuri. Non. Les Étoiles sauront quoi faire. Les Étoiles étaient justes, elles trouveraient la solution. Après tout, Pelage de Boue, Brise Argentée et Foehn Nocturne étaient parmi elles !! Elles le refuseraient en tant que chef, c’était la seule issue possible. Elles le renieraient, lui et les neufs vies qui lui étaient dues, et il reviendrait au Clan du Vent presque comme il en était parti : simple mortel, simple guerrier, mais humilié.

Ses larmes sèches, Vent du Nord s’assura en un coup d’œil dans l’une des flaques d’eau que ses yeux n’étaient plus rougis par les pleurs, et s’en alla rejoindre les autres. Elle passa en priorité voir Nuage de Vague. Après tout, il lui avait bien dit que c’était elle qui décidait. Elle écouterait le « futur » chef, pour une fois, prenant ses mots à la lettre et ignorant tout potentiel double sens.

« Nuage de Vague, prends soin de ta mère pour moi aujourd’hui. Dis lui que je pense fort à elle. Apporte lui de quoi bien manger, et diverti la un peu. Je sais que ce ne sont pas des temps faciles mais... s’il te plait. »

Elle ne pouvait pas lui dire elle-même. Doux Alizé était aveugle, mais savait pointer le moindre changement dans la voix de sa soeur, et l’interpréter justement. Si Vent du Nord s’en allait la voir avant son départ, elle ne ferait que l’inquiéter davantage.
Pousser Nuage de Vague à rester auprès de sa mère adoptive était aussi une façon de la protéger, indirectement. En ces temps de changements radicaux qu’étaient le passage d’un chef à un autre, elle ne savait pas comment réagirait son Clan face à la présence de la sang-mêlé. Ils pourraient profiter de l’absence de règles claires, de meneur et d’autorité pour s’en débarrasser définitivement, par exemple. Quelque chose lui disait qu’au milieu des reines et au sein du camp, elle était bien plus en sécurité qu’avec une patrouille, où un malencontreux accident était bien vite arrivé.

Et puis elle s’en alla. Vent du Nord pris la tête de la marche, étant habituée à la route. Il lui arriva de trébucher suite à un manque d’équilibré une ou deux fois, mais elle se rattrapa bien vite. Ses mâchoires, toujours tendues, commençaient à lui faire mal, alors qu’elle s’efforçait en vain d’essayer de penser à autre chose. Mais elle n’avait que Cobra Royal en tête, et les paroles de Pelage de Boue revinrent la hanter, raisonnant aussi fidèlement et douloureusement qu’ils l’avaient fait la première fois. Clan des Étoiles, par pitié.

Le temps lui sembla à la fois terriblement long et beaucoup trop court. Elle se retrouva devant la Pierre de Lune après avoir prié tout le long de la route que quelque chose, n’importe quoi, se produise et les force à faire demi tour. Désormais, elle ne pouvait plus reculer.

Vent du Nord ne regarda pas une seule fois Cobra Royal, mais procéda lentement pour s’assurer qu’il puisse suivre ses gestes. Allongée au bord de la pierre froide, elle tendit le museau pour venir le poser contre sa surface rugueuse.

Et là s’ouvrit le monde des Étoiles.

Dans cœur grondait une rage digne de la plus grande des tempêtes. Mon être n’était fait que de colère et de haine envers un seul et unique félin. Alors j’attendais dans mon costume d’étoile qu’il se présente sous mes yeux. J’attendais qu’il ose se présenter. Qu’il ose quémander son nom d’Etoile et ses vies. Je voulais être celle qui le nommerait, je voulais le maudire. Je voulais que dans tout ce que nous lui transmettrons ce soir, il n’y ai que de la colère. Je ne pouvais pas agir sur les vivants, si j’avais seulement pu abattre ma foudre sur lui, voilà longtemps qu’un autre meneur se présenterait à nous. Mais non, je n’avais pas ce pouvoir. J’avais laissé mes filles avec ce dégénéré. Je n’avais pas cessé de veiller sur elle, et pourtant, Foehn m’avait retrouvé. J’aurais aimé qu’elle vive plus longtemps auprès de sa fratrie, mais quelque part… J’étais rassurée de l’avoir avec moi. Rassurée qu’elle soit loin de ce serpent. Je l’avais observée, je savais que Vent du Nord – quel magnifique nom d’ailleurs – serait là ce soir. Je craignais sa pensée au fait que j’allais donner une « vie » à ce… Je n’avais même pas de mot pour le qualifier. Je te promet ma chérie, la vie qu’il va recevoir de moi sera maudite, et ne lui causera que du malheur. Il préfèrerait ne pas l’avoir, j’en suis sûre.

Je me tenais droite, et fière, avec pourtant les yeux brillant de colère. Ils étaient là. Je voyais les beaux yeux vairons de ma fille. Mon cœur avait un trop plein d’amour en la voyant. Je lui accordais un regard chaleureux et doux. Je voulais lui dire que je l’aimais, mais pas ce soir. Je reviendrais la voir plus tard dans ses songes. Et puis, celui que je haïssais tant arriva. Mes yeux n’étaient plus les mêmes. Froid. Mauvais. Sournois. L’air digne, je me levai et m’approchait d’eux.

« Bonsoir Cobra Royal. J’espère que tu es prêt à recevoir tes vies, elles risquent d’être douloureuses. »

Je marquais une pause. Je regardais de haut le matou. Il ne méritait rien. Juste la déchéance. Oh je maudis ton règne pour tout ce que tu as fais au clan, pour ce que tu as fais à ma famille, pour ce que tu as fais à mes filles. Ma haine pour toi ne s’arrêtera que lorsque tu seras mort. Je lui souhaitais de payer pour le meurtre. Hé oui, je voyais tout à présent.

« Avec cette vie, je te donne la loyauté. Reste fidèle à tes ancêtres, reste fidèle à ton clan, à chacun de ses membres. »

Je posais mon museau sur sa tête, et lui donnait cette vie douloureuse. Dedans, il y avait la force de ma haine, il y avait l’amour pour mes filles et mon clan. Il y avait tout ce que j’étais prête à sacrifier pour mes enfants. Il y avait ma loyauté et mon amour. Et je la ressentais douloureuse et puissante. Avec cette vie, je maudis ta loyauté – si tenté qu’elle existe – et que ton clan se retourne contre toi. Je retirais mon museau, je tournais la tête vers ma fille, qui regardait le spectacle. Je clignais des yeux, avec un air doux. Bon courage ma chérie. Et je retournais dans le rang, avec les autres. Souhaitant que toutes ses autres vies soient maudites.

Couleur de Brise Argentée : #380B61

Serpent qui change de peau est toujours serpent.

Le félin suivit les gestes de la guérisseuse, en silence. Pas besoin de mot. Elle ne lui en accorderait que le minima, il le savait. Aujourd'hui comme durant son règne à venir. En conflit, depuis toujours sans que jamais il n'en sache la raison. Foehn aussi l'avait éviter au possible, rester Alizée. La seule qui savait aussi. Et si par ce seul fait elle pouvait être un danger pour lui, d'un autre côté, il voulait veiller sur elle comme un véritable grand-père le ferait, sans trop comprendre lui-même d'où lui venait cette faiblesse là. En permettant à Araignée Tordu d'être souvent là pour elle, au camp, en permettant peut-être à l'avenir à l'aveugle de participer à sa manière. Qu'elle sache au moins se défendre et défendre les petits. S'était ce qu'il lui devait en quelque sorte. Promesse tacite entre eux.
Lentement, le mâle s'allongea contre la pierre glacée, osant un dernier regard sur son autre petite fille, déjà assoupie avant de poser a son tour son museau contra la surface lisse au parfum minéral. Et il ferma les yeux, faisant un instant taire les doutes qui surgissait de nul part.

Pour les rouvrir aussitôt, lui sembla il. Et devant lui, d'autres félins, encore flou aux pelages nimbés d'étoiles. Et celle qui s'avança n'était pas vraiment celle dont il attendait un accueil chaleureux. Or pour une fois, le fier et arrogant Cobra Royal esquissa de la patte un geste de recul. Lui refuserait-on Tout. Le statut de chef, ses vies ? Brise Argentée et sa froide haine était elle là pour lui interdire ce qu'il désirait, avec Vent du Nord pour témoin ? Un instant, le doute fut visible chez le nouveau chef mais cet instant fugace s'effaça bien vite et déjà, le bicolore reprenait contenance, ses yeux n'exprimant rien d'autre qu'une sorte de froide arrogance. Il avait attendu cet instant, avait fait en sorte de réussir. Il refusait qu'on lui interdise tout ça. A cause de quoi d'ailleurs ? De ses enfants cachées ? D'autres en avait, pis, avec des chats d'autres clans. Rester Tâche d'If. Il ne l'avait jamais aimer certes ... Et dès le début, il avait tenter de la manipuler elle aussi. Sans réussir. Mais s'était elle et non lui qui avait tournée dos aux étoiles. Elle qui menait une politique si extrême qu'elle aurait pu faire disparaître le clan du vent. Et ... Il croyait savoir que s'était la fille de l'ex tyran calico qui été en cause de la dernière guerre avec le clan de l'Ombre. Devait il blâmer la fille de ressembler à la mère ? Le temps passant, il estimait que Soleil avait été puni, et qu'il lui valait mieux simplement l'ignorer. Retenu par le clan de l'Ombre, elle été revenue amaigri, faible. Et elle avait finalement quitter le clan du Vent. Pour le bien du clan tout compte fait.

- Brise Argentée ... Il laissa un instant les mots flotter avant de baisser un tant sois peu tête, répliquant avec un sourire en coin qui trahissait autant son sarcasme que finalement, une pointe de doute, à nouveau. Je n'en attends pas moins ...

La douceur. Il fallait être sot pour croire la vie douce. Et son égoïsme le préservait au moins de souffrir pour d'autres. Et la vie arriva. La loyauté disait elle. Pour le félin, se fut comme un plongeon soudain dans un lac de glace. L'air lui manqua, ses pattes flageolèrent sous lui. Il ressenti en un instant la haine viscérale que lui vouait l'étoile et ses poumons lui semblèrent comme s'embraser. Il ouvrit la gueule sur un cri silencieux, surpris de la virulence du tout, de cette sensation brûlante de froid total. Mais la sensation changea, fut plus douce et il lui sembla un bref instant être chaton contre le ventre protecteur de sa mère. Brise Argentée s'était écarter et il secoua légèrement les oreilles pour reprendre contenance. Mais si la douceur ressenti à la fin lui permettait de se remettre correctement sur patte, la sensation de sombrer sous une eau de glace rester, lui rendant comme difficile de simplement respirer. Et il le savait déjà, par cette vie, Brise Argentée venait de faire que cette sensation effrayante ne le quitte plus jamais ... Il attendis donc la suite, une angoisse sourde naissant dans ses entrailles à mesures qu'il reconnaissait ça et là différent défunt.

Coeur d'Orage avait rejoint le Clan des Etoiles il y a très peu de temps. Malheureusement pour lui, le mal vert avait eut raison de lui. Parti à un très jeune âge, il était évident qu'il rejoigne les rangs de ses ancêtres. Aujourd'hui, il avait été choisis pour donner l'une des 9 vies au nouveau meneur de son ancien clan : Cobra Royal. Evidemment qu'il n'en avait pas envie comme presque chacun des guerriers alignés à ses côtés. Brise Argentée a décidé de s'avancer en première pour léguer une vie au chef.

En suite logique, le fils adoptif de Brise Argentée s'avance pour donner la deuxième vie au perfide guerrier. La fourrure de Coeur d'Orage frôle celle de l'ancienne reine. Pendant une période, le jeune guerrier avait admiré Cobra Royal pensant que c'était sa mère qui avait perdu la tête mais assez vite, il avait compris les agissements de son aîné. C'est donc avec très peu d'envie et beaucoup de haine que le tâcheté s'approche, la haine guidant ses pas.

« - C'est mon tour. Avec cette vie, je transmet le bon sens. Forme les jeunes selon les règles pour ne pas sombrer dans le chaos. Tâche d'en faire bon usage. »

Termine le matou d'un ton sec. Il ne s'éternise pas et pose brièvement son museau sur le front du nouveau meneur. Donner cette vie coûte beaucoup à Coeur d'Orage qui aurait préféré que Cobra Royal rejoigne au plus vite la Forêt Sombre. Il pousse un long soupir et tourne les talons pour venir se replacer aux côtés de Brise Argentée.

Coeur d'Orage:

Étoile de Sable.

C'était à son tour à présent. Prenant une inspiration silencieuse avant de relever un peu plus la tête, l'ancienne Meneuse laissa couler un regard tendre sur le Guerrier qui venait de faire le don d'une vie. Comme chacun de ses camarades, elle avait vu les agissements de celui qui s'apprêtait à devenir le leader du Clan du Vent. Et comme beaucoup d'entre eux, elle doutait pleinement de sa capacité à assumer ce rôle. Si elle-même n'avait pas été un enfant de cœur, elle n'avait jamais prémédité la fin d'un de ses camarades, pas même à ses rivaux. Espéraient-ils tous que les choses changeraient avec l'accord de ses neuf vies ? Ou faisaient-ils simplement un pari risqué ? Effaçant toute trace de doute de sa personne, balayant le flot de questionnements qu'elle pouvait bien avoir à son encontre, elle se leva à son tour. Si sa décadence n'avait rien eu de glorieux, si son Clan ne gardait probablement pas un souvenir net de son court passage dans la cour des grands, elle continuerait à veiller sur eux jusqu'à ce qu'on lui enlève cette possibilité. Plantant un regard dur et froid sur Cobra Royal, elle appuya chacun des pas qui la rapprocha de lui. Aucune salutation amicale ne fusa, aucun signe visant à détendre l'atmosphère électrique des deux derniers passages, aucune compassion ne s'échappait de son être et de son attitude. S'ils en avaient eu le pouvoir, ses yeux auraient foudroyés sur place ce chat. Il avait tout intérêt à rester dans le droit chemin. L'écrasant de toute sa hauteur, sa langue se délia lorsque ses pas se stoppèrent. Nul besoin de cérémonie.

« Avec cette vie, je te donne la Noblesse. Puisses-tu te plier au Code du Guerrier et t'en montrer digne. Il est le fondement même du Clan, ne l'oublie jamais. »

Ses mots tranchants, sa voix glaciale, ne laissèrent la place à aucun doute ou sentiment. Sans ciller, elle posa son museau sur le front noir du chat. Laissant apparaître un rictus sournois au moment où la vie lui fut accordée, Étoile de Sable laissa une lueur railleuse éclairer son regard. Elle espérait que cette cervelle de lapin retrouverait la raison à la fin de la cérémonie. Il le fallait. Pour le bien du Clan. Il fallait qu'il ouvre les yeux. Après tout ça, il devrait prendre la mesure de ses faits et gestes et apprendre à faire bon usage des vies et des qualités transmises. Ne lui offrant pas plus de cérémonie qu'à son arrivée, la femelle au pelage de sable ne lui transmis aucune compassion, ni encouragement aucun. Juste avant d'aller regagner sa place, elle lui souffla une dernière mise en garde qu'il serait adroit de prendre au sérieux.

« Prends garde à toi ou tu le regretteras. »

Foehn Nocturne

J'étais en paix parmi les étoiles. Toutes ces lunes à me sentir mal dans ma peau étaient révolues, et ce, depuis que je m'étais assoupie pour toujours en bas. Bien sûr, nous étions toujours un peu triste de quitter notre vie mortelle, et nous regrettions toujours bon nombre de nos actions... Mais finalement, il fallait réussir à faire la paix avec soi-même.

Toutefois, certaines rancœurs étaient difficiles à oublier. La dite-paix que je ressentais était finalement bien fragile. Il suffisait que l'on me réveille pour qu'elle soit ébranlée. Le serpent venait parmi nous pour obtenir notre bénédiction. Cela me dégoûtait. J'avais observé le trajet de ma sœur, pour venir vers nous. Ma chère sœur... Même si, loin du monde des rêves, elle ne pouvait pas me voir ni me sentir, j'avais parcouru cette lande qui fut jadis mienne à ses côtés, comprenant sa douleur, sa colère... tout en sachant parfaitement ce qu'elle voudrait (un refus) et ce qui se passerait (une bénédiction).

Après tout, les arguments des membres des étoiles étaient compréhensibles et logiques. Cobra Royal avait ses défauts, avait commis des fautes. N'était guère honnête... mais après tout, ne souhaitait pas de guerre. Il avait certes une grande ambition, mais le parti pris des étoiles était que Cobra Royal serait capable de diriger le clan avec discernement, pour son bien. Puisqu'il manipulait, il était capable de ne pas se lancer dans des guerres inutiles... Et il était très malin, et stratège.

Bref, il avait ses défauts, ses ennemis, et le clan des étoiles pensait qu'il pourrait accomplir de bonnes choses malgré ce qu'il était. Quant à moi... je n'étais guère convaincue. Je n'étais pas très optimiste de base alors, je ne croyais pas que le cobra puisse mettre son clan avant ses propres désirs. Toutefois j'avais insisté pour pouvoir lui donner une vie. (Qui d'autres que celle qui lui ressemble comme deux gouttes d'eau? Celle qui lui a causé bien des réflexions et du tourment, alors qu'elle n'était qu'un petit chaton...) J'espérais que Vent du Nord nous ferait assez confiance pour ne pas contester notre choix...

Ma mère s'approcha de la vile créature. Il se tordit de douleur. Il sentait dorénavant toute la haine qu'il avait pu semer par ses actions. Chaque action, chaque mensonge avait ses conséquences. Je m'étais tenue en arrière, cachée parmi les autres étoiles. Cœur d'Orage s'avança ensuite. Puis Etoile de Sable.

Quand elle eut fini, je bondis en avant. Dans la lumière, visible aux yeux de tous. Je fermais un instant les yeux pour respirer, prenant mon temps. Quand je les ouvris, je plongeais mon regard dans le sien. Ce n'était guère un plongeon doux et agréable. Il s'agissait plutôt d'une intrusion. Je voulais qu'il sache que nous pouvions lire de manière limpide en lui. Je voulais qu'il ressente une profonde honte de ses exactions. Je n'avais pas assez foi en sa nature pour croire qu'il changerait pouf d'un coup avec son statut de chef. Alors, cette cérémonie devait être une épreuve pour lui, pour qu'il comprenne quel poids il avait dorénavant sur les épaules. Qu'il souffre pour se souvenir.

La colère était représentée telle une flamme qui dansait dans mes prunelles, qui ne demandait qu'à sortir pour embraser le pelage noir du guerrier. Je m'avançais vers lui, cloîtrée dans mon mutisme. Je savais au fond de moi que si je voulais, la parole me reviendrait. Mais je crois bien que la parole ne me reviendrait que pour ma sœur, Doux Alizé. De toute façon, je n'avais pas besoin de mots pour transmettre ce que j'avais à transmettre.

J'étais maintenant à sa hauteur. Je levais une patte brusquement, mimant une baffe, mais la posais simplement sur sa joue. Mes prunelles brillaient toujours de colère. Supporte ces souvenirs, et je te donnerai cette vie, pensais-je.

Lui et moi partîmes, seuls, pendant quelques secondes du point de vue des étoiles et de la guérisseuse, mais bien plus du notre. Mon message n'était pas des paroles, mais des images. Des couleurs, des souvenirs, des émotions. La vie que je lui donnais était celle du devoir. Qu'il sache placer ses devoirs avant ses propres désirs. Alors là, peut être pourrait-il être un bon chef.

Un tourbillon de souvenirs nous tombèrent dessus. Je dis nous, parce que, j'étais là moi aussi. Finalement, qu'il se souvienne que le clan des étoiles étaient toujours là. Un certain Cobra était là, en train de discuter avec des enfants. Il était littéralement en train de mentir pour protéger sa petite personne, de faire peur à des chatons... de planter en leur cœur la peur, le doute. Les images défilèrent ensuite encore plus vite, montrèrent différentes choses, les actes dont il pouvait avoir honte. Plusieurs fois, nous eûmes l'impression de ne plus pouvoir respirer... puis de ressentir un froid intense, et dans la seconde d'après avoir l'impression que le feu mordait notre chair pour la détruire.

Et enfin, je voulais finir sur une note d'espoir. Une clairière apparut. Vierge. Nous n'étions que tous les deux. Je me contentais de le fixer. Je voulais qu'il comprenne que je comptais sur mon grand père pour ce nouveau rôle qui allait être le sien.

Puis, nous étions de retour. Je me reculai, puis tournai les talons pour me rassoir auprès de ma mère. Ceci fait, je lançais un regard transi d'amour à ma sœur, pour ensuite le rabattre sur le Cobra, et ne plus jamais arrêter de le fixer jusqu'à la fin de la cérémonie.

Spoiler:

Serpent qui change de peau est toujours serpent.

De tous, il ne s'attendait guère à l'approche de Cœur d'Orage, après tout, il n'avait jamais eu aucun véritable lien avec le jeune félin, au contraire de Blizzard Blanc, frère de ce dernier. Le bon sens pour former les jeunes ... Si le serpent n'avait pas redouté que cette vie soit au moins autant agréable que la précédente, il en aurait rit. Mais la situation en s'y prêter guère et l’appréhension s'était faite place dans les yeux bleu du bicolore. Et quand le contact se fit, la fourrure du nouveau chef se hérissa de son échine à la pointe de sa queue, suivant un courant électrique imaginaire. Pourtant, la sensation est fugace et si douleur il y à, le Cobra encaisse crocs serrer en silence. a quoi bon répondre qu'il fera de son mieux. Il à déjà eu des apprentis. Museau Pâle et Blizzard Blanc. Et le félin est pourtant surprit e ne point voir trace de l'albinos dans les rangs que Cœur d'Orage rejoint. Mais peu lui importe car la suivante, il la connait. Étoile de Sable. Ancienne meneuse morte peu après qu'il est lui-même reçu son nom de guerrier. Mais comme les précédent, il sembla au matou qu'elle ne venait pas lui faire don avec un plaisir évident. Soit, il encaisserait, là encore. Il avait attendu cet instant toute sa vie quasiment. Peu lui importait qu'on lui donne ses vies avec réticence.

Le silence. Sa propre fourrure était retombé sur son dos, plate et lisse alors qu'il s'asseyait pour attendre la suite, l'approche de la défunte se faisant lente, comme un message silencieux, une menace non dite. Aucune des étoiles présente ne lui faisait grâce des neufs vies qu'il allait recevoir. Toute se défiait de lui. Toutes savait pour Tâche d'If. Mais il avait fini par se persuadés que s'il n'avait agit le premier, ce serait elle qui aurait fini par l'éliminer. Car jamais il n'aurait accepter de se faire exilé. Et pourtant, il chassa la femelle de son esprit, elle n'était pas là. Devait il y voir signe que la toison argenté n'avait voulu d'elle ? Quand lui en revanche était bien là ? De quoi lui offrir un peu de son assurance habituelle alors qu'enfin, la chatte sable se figeait, sa langue crachant tel une une tempête de sable en plein désert. Et quand elle posa son museau sur sa tête, il se retrouva comme réellement en plein désert, un instant entièrement aveugle, avec la sensation de sable fouettant son corps. Pas agréable certes, mais supportable au regard de la première vie reçu. Le code du guerrier, il le connaissait par cœur. Avant lui d'autres ne l'avait suivit. Son seul écart valable était la mort de l'ancienne meneuse. Et un geste de sa propre queue, lui sembla il, le fit revenir aux milieux des étoiles, loin de ce désert aveuglant qui l'espace d'un instant, avait laisser dans sa gueule un goût fade de cendre ...

Il réalisa alors que la femelle s'était écarter. Non sans lui offrir quelques autres mots qu'il balaya d'un bref mouvement d'oreille. C'est son double qui s'approcha alors Foehn Nocturne et le bicolore ploya légèrement la nuque. Sa petite fille, morte trop tôt comme d'autres. Mais avait il eu vraiment choix jadis de révélé aux jeunes chattes leurs origines. oui, il le savait. mais il aurait perdu Œil de Biche. Et sans doute bien plus encore ... Oh non pas qu'il s'était attacher sa compagne particulièrement, mais elle savait lui réchauffer la fourrure à la saison froide et, si elle n'était la meilleure des mères, au moins était elle là pour ses petits. et pourtant, l'approche silencieuse de Foehn l'obligea à baisser regard, à réfléchir un instant. Et le contact vint, tel une gifle qui commença pour se poser en caresse et l’entraîner dans un tourbillon qui le suffoqua. Pas de froid où de chaleur d'abord. Juste les ténèbres. Puis des images, comme autant de souvenirs. Que n'aurait il voulu alors envoyée à Foehn les images du jour où il avait retrouvée Alizée. Le jour où, dans la neige, il l'avait sauver et ... Lui avait fait part de la vérité, comme une épée de Damoclès sur sa propre tête. Et tout à la fois, la reine ne dirait mot. Elle ne l'avait pas fait, il espérait presque qu'elle ne le fasse jamais. Cela n'y changerait plus rien ... S'était du ...

Le souffle lui manquait quand il ne fut plus qu'avec sa petite fille, Foehn était là, le regard dur et pourtant. Pourtant, malgré le souffle qui lui manquait à présent, malgré l’impression que son corps ne pouvait le soutenir, il plongea son propre regard dans celui de l'étoile. Des secrets, il en avait depuis longtemps et en garderait avec lui plus longtemps encore. Mais elle plus que les précédent, lui semblait il, attendait de lui qu'il veille sur le clan. Et le regard bleu de son double défunt rivé dans le sien venait d'ébranler quelque chose. Sans qu'il sut dire quoi, il eu la sensation terrible d'être redevenu chaton quand elle s'éloigna rejoindre les autres. Il était là, haletant, l'esprit perclus de ses souvenirs d'autrefois. Et pour la première fois, il s'était vu à la place des autres. Assez longtemps pour crée un malaise. Assez longtemps pour que, quand il réalisa qu'un autre allait approcher, il est perdu contenance. Derrière, sans doute, Vent du Nord se demandait elle ce que Foehn venait de faire. Et pour la première fois, peut-être, il aurait voulu dire à la guérisseuse qu'il était fière d'elle. Fière qu'elle reste forte malgré ... Il la chassa de ses pensées. Sa prochaine vies arrivait et avec elle, il le pressentait, un tourment de plus qu'il n'était pas prêt à accepter. Aussi le Cobra se décida il à se fermer aux réflexion. Tout en pressentant qu'il n'y parviendrait sans doute plus jamais ...

Et alors c'est Courage de l'Ours qui s'avance. Il fait face à son fils en maintenant un air neutre. Il n'est ni fier ni complètement honteux de lui, bien qu'il connaisse ses nombreux méfaits. Ses yeux plongent dans le bleu d'habitude glacial du prochain meneur. Aujourd'hui, ils semblent fantomatiques. Il y lit la douleur des premières vies. Il s'apprête à y ajouter la sienne. Le vétéran disparu commence de sa voix rauque et portante :

« Fils. Avec cette vie je t'offre le respect. » Il se redresse, toisant presque le bicolore. Ce mot n'est pas anodin entre eux, il le sait. Devant son fils presque ingrat, il développe. « Donne à tous tes camarades la considération qu'ils méritent; du nouveau-né à l'ancien, de l'agité au sage, du partisan au sceptique. »

Son museau atteint le front de la future étoile. Alors, leur propre relation défile devant les yeux du père. Il revoit son premier fils, encore fragile dans la litière de la pouponnière, ses premiers mots le concernant « C'est un guerrier comme son père ! », ses premières lunes, comme il l'a entraîné avant son apprentissage, leurs longues séances de jeux, son fils qui lui échappe devenu Nuage, qui l'évite, qui l'ignore, qui ne lui accorde pas même un regard lorsque Petite Rose vient au monde et qu'il lui rend visite, quand il devient guerrier, quand il n'aperçoit pas l'émotion de son père car ce n'est pas lui qu'il cherche dans la foule...
Et puis lui. Vieux, fatigué, qui lance parfois un regard triste vers son fils qui ne le voit même plus. Ses sourires quand il se rappelle Petit Cobra.

Son manque de respect, de considération, son ingratitude ont blessé son père, autrefois.

Il s'écarte d'un pas en arrière, impassible lorsque le transfert se termine. Ses yeux retrouvent ceux de sa progéniture. Il n'a plus mal comme il l'avait de son vivant. Il n'est pas fier, il n'est pas honteux non plus. Il est déçu. Il sait que Cobra n'est pas devenu le fier guerrier qu'il avait espéré élever. Et maintenant il est trop tard pour eux, pour leur relation puisqu'il est mort. Mais son fils, lui est toujours vivant, lui peut espérer une rédemption. Qu'il le comprenne.

Il n'ajoute rien et tourne le dos au matou dans un volte-face symbolique.
Rejoignant les rangs de leurs ancêtres, Courage de l'Ours se sent libéré. Il vient d'offrir à son fils une dernière leçon : son devoir a été accompli.

personnage joué: Tache de Neige

Les terres de chasse éternelle. J'avoue que je n'étais pas vraiment sure de leur existence, puisque, après tout, ma mère s'en était défiée. J'ai pensé que ce n'était qu'un conte pour chatons et pourtant non. Elles existent bien et j'en fais désormais partie, à part entière. Bête mort que de tomber des falaises, surtout quand la raison est juste de s'être emmêlée les pattes. Je savais bien que ma maladresse me jouerait des tours et ça a été le cas, jusqu'à la fin. Mais aujourd'hui est un jour spécial. Etoile Tropicale, l'ancien Lieutenant de ma mère, nous a rejoint et c'est ainsi que devant neuf d'entre nous, se tient Cobra Royal. Le choix d'Etoile Tropicale, le futur Meneur de mon Clan. Je devrais dire ancien Clan, mais à mes yeux j'étais et je serais toujours une fille du Vent. J'accorde à peine un regard à la Guérisseuse qui l'accompagne. Vent du Nord a beau être ce que beaucoup appelle une sœur de lait, à mes yeux elle n'est pas grand chose. Je ne la considère pas comme ma sœur, tout comme Brise Argentée n'est rien d'autre qu'une nourrice et non une mère, même de substitution.

La voilà d'ailleurs qui s'avance, la première d'entre nous. Elle l'accueille, même si c'est avec froideur et colère, puis lui offre sa première vie en même temps que la loyauté. Elle pose son museau sur le matou bicolore et ce dernier se mit à trembler. Depuis que je sais que les étoiles sont une réalité, je me suis toujours demandé ce que ça fait de recevoir ainsi la vie d'un autre. Apparemment ça a l'air plus douloureux qu'autre chose. Puis s'avance le deuxième. Mon frère, Cœur d'Orage. C'est bien triste qu'il nous ait rejoint si tôt. La maladie ne l'avait pas épargné. C'est avec la même joie que Brise Argentée qu'il s'avance pour lui donner sa vie et le bon sens. Même impression venant du receveur, j'avoue que vu à quel point ça a l'air douloureux, je l'admire un peu d'encaisser ainsi. La suivante vient d'Etoile de Sable, que n'ai jamais connue. Elle lui donne sa troisième vie ainsi que la Noblesse. Vint ensuite Foehn Nocturne et son silence. Elle est la sœur de l'autre Guérisseuse et de fait ma "sœur de lait", je ne ressens aucun attachement à elle non plus. Elle n'était qu'un membre de mon Clan, c'est tout. Puis s'avance un autre matou qui lui offre sa cinquième vie ainsi que le respect. Lorsque ce dernier se recule, je m'avance et observe Cobra Royal.

Je le fixe de toute ma hauteur. Je devrais le haïr, lui qui a assassiné ma chère mère, celle qui brillait le plus à mes yeux. Elle a toujours été un modèle pour moi et aujourd'hui encore je l'admire. Néanmoins, plus que ma mère, plus que tout ce qui a déjà été fait, le Clan passe avant tout, il passe en premier, peu importe les sacrifices à faire, peu importe le sang versé, les complots orchestrés, car le Clan doit être fort. Et pour qu'un Clan soit fort, cela commence par un Meneur capable de faire briller le Clan et de l'emmener loin. Certes le félin en face de moi n'a pas le meilleur des caractères, la plus belle des philosophies et des manières de parvenir à ses fins, et c'est peu dire, pourtant je le crois capable de s'élever et de faire prospérer le Clan. Il est fort, il est ambitieux et c'est des qualités que j'approuve chez lui. A mes yeux il fera un bon Meneur. Pas aussi bon que Tache d'If, bien sûr, mais bon malgré tout. Alors c'est sans dégoût, sans colère que je parle. Non c'est d'une voix assez douce, toujours aussi grave que je m'exprime.

"Je suis sure que tu seras un bon Meneur qui emmènera le Clan plus haut et le fera devenir meilleur. Avec cette vie, je t'offre la fierté. Elle te rendra fier de ton Clan, heureux des exploits de chacun de ses membres, du plus jeune et petit des chatons, au plus vieux des Anciens. Tu ne baisseras jamais la tête par honte ou par abandon. Ce que tu fais, c'est pour le Clan. Le Clan avant tout!"

Et je pose mon museau sur son front et ma vie défile. Courte, sans vraiment de moment frappant, passant par la mort de ma mère, la disparition, le retour et le départ de ma sœur pour finir sur cette malheureuse patte sur mon chemin, qui pourtant m'appartenait, et cette chute semblant sans fin dans les gorges du Vent. Néanmoins, toujours présent et en force, cette joie farouche d'appartenir au Vent, d'être l'enfant de ce Clan, le meilleur de tous, le plus fort. Les souvenirs et les sensations s'éteignent et je m'éloigne.