Nuit Sans Lune [Mort de Luny] - end

Nuit Sans Lune

La noirceur du ciel était totale. Le soleil s'était couché et elle avait ouvert les yeux dès que l'air plus frais s'était engouffrée dans l'antre, jusqu'à elle et sa peau si fragile. De plus en plus fragile. Elle dormait mal. A chaque nuit, elle revivait les flammes, elle revivait le feu. Car depuis, il lui semblait que la fourrure de son ventre, de chaque zone fragile de son corps s'enfuyait. Comme elle aurait voulu fuir bien plus tôt quand le feu avait surgit ... Et puis, elle voyait ce qui, au début n'était qu'une myriade de petits points sur son ventre, qu'elle avait premièrement senti en faisant sa toilette, très jeune déjà, oui. Maintenant, elle les voyait ses points, se répandre en petites plaques. Et partout où ses plaques grandissaient, sa peau devenait visible, fragile aussi. Le seul contact de sa langue était comme la piqûre d'une guêpe où ... Pis. Et surtout, par moment, ce seul contact était comme une croûte qu'on arrache trop tôt et quelques gouttelettes de sang apparaissaient.

Elle leva la tête vers un coin de ciel, obscure. Les étoiles se faisaient rare et la lune... Il n'y aurait pas de lune cette nuit. Elle tourna la tête vers le corps d'un lapin qu'on avait laisser là pour elle, si près du nid le plus douillet qu'il soit. Un nid qu'elle occupait sans pratiquement bouger. Mais elle n'avait pas faim. Oui, elle le sentait, elle ne pouvait rien avaler d'autre que cet air froid qui calmait, un tant sois peu, le feu de sa peau. Même l'eau qu'elle avait avaler depuis la veille ne parvenait à adoucir sa gorge sèche.

Et pourtant, il n'y avait guère plus de trace du feu qui avait manquer de l'avaler, elle et les autres, sur son corps. Oui, son être s'était remis de cela. Sa patte même était assez solide pour qu'elle se lève et la cicatrice laissée était belle, aux dires de son amie. Mais Vent du Nord n'avait encore rien trouver qui soulagea vraiment l'albinos. Et cette nuit, Reflet Lunaire le savait. Il n'était plus temps de lutter. Elle avait mis du temps à trouver sa camarade, à lui dévoiler ses plaques, à avouer sa faiblesse naissante. Elle n'avait pas eu d'autre choix pourtant que de les lui montrer, quand elles avaient commencer à croître. En peu de temps, elle s'étaient élargie. Et la faim avait quitter la guerrière. Rester la douleur. Et avec elle, un vague souvenir. Celui de sa défunte mère. Cœur Givré avait elle connu cela aussi ?

La femelle quitta le nid, oubliant le gibier. Ses derniers jours, elle avait cachés les autres proies et fait croire à un repas nocturne. Mais ce soir, elle ne cacherait pas le lapin sans y avoir touchée, elle n'en avait plus la force, ni l'envie. Elle tremblait sous le seul effort de se tenir debout. Plus faible que jamais. La lutte, voilà sept longues nuits qu'elle avait choisi de l'abandonner. Parce que sa peau était comme la terre craquelé de cet été brûlant. L'eau ne parvenait à lui rendre sa souplesse. Elle avalait bien ça et là quelques gorgée, parfois des morceaux de viandes. Enfin, jusqu'à il y a deux nuits. La viande, elle l'avait enterrer, décider à ne plus y toucher. Et cette nuit, elle sentait dans l'air froid comme un appel. Quelque part, on l'attendait. Elle voulait y croire. Alors elle puisât dans ce qui lui rester pour approcher de Vent du Nord, s'asseyant face à la guérisseuse qui devait être épuisée de veillée si souvent sur elle et sur les autres. Reflet lunaire n'était presque plus qu'une ombre de chat, à la voix cassée par la soif, au corps maigre et dépourvu par endroit de fourrure. Malgré tout, elle poussa son amie de la patte, parce que ce serait la dernière fois, elle le savait. En quelques lunes, elle était devenue une ombre pâle, un fantôme de la guerrière frustrée, froide et à présent, la mort qu'elle avait repoussée venait.

- Vent... du Nord ...

Reflet Lunaire avait commencé à maigrir lorsque la chaleur du soleil était devenu insupportable et depuis, elle était chaque jour devenu un peu plus un reflet du passée. Plus désagréable de jour en jour. Plus ... Et même si le feu était arriver plusieurs lunes plus tôt, elle ne s'était jamais véritablement relever. Au contraire. Mais elle le sentait, il était temps qu'elle s'abandonne tout à fait. Et pourtant, elle ne voulait pas partir seule. Car seule, elle s'était assez efforcer de l'être toute sa vie durant. une vie pourtant courte, pourrait dires les autres. Mais il était temps. Car la douleur, elle ne la supporter plus.