Discutons [feat. Dame de Coeurs] - end

Ils avaient quitté le soleil et le brouaha des chats restés derrière au campement.

Ils avaient beaucoup de reines, mais la pouponnière ne débordait pas pour autant de chatons, surtout depuis que les siens avaient rejoint la tanière des apprentis. Il y avait beaucoup de guerriers, mais aucune guerre à combattre, et quand ils le voyaient passer, plusieurs hésitaient à lui barrer la route ou s'enquir quant à l'organisation des patrouilles d'aujourd'hui. Les patrouilles? Vraiment? Croyaient-il qu'il avait le temps de penser à ce genre de foutaises alors qu'il jonglait les conséquences de leur xénophobie en tentant le mieux possible de maintenir une relation cordiale, avec leurs voisins? Et Coup de Foudre ne déléguait personne, alors, plus souvent que peu, les guerriers se retrouvaient à construire eux-mêmes les patrouilles, et plus souvent que peu, à se quereller entre eux.

Mais il les avait menés loin de là - de tout ça. Les arbres étaient denses et ils n'entendaient plus que les bruissement des bourgeons et des feuilles qui éclosaient. Le coulis de la neige qui fondait. Le clapotis de l'herbe gorgée d'eau sous leurs pattes. Il faisait frisquet et un sourire lui échappa en tournant sa tête pour jeter un coup d'oeil à la siamoise derrière lui, masquée par les ombres du plafond des branches:

« ...Tu sais, à ta place, je me serais méfié d'accompagner un ennemi où il n'y a personne pour t'entendre.   Mais bon! »

Et il haussa les épaules, et fit un bond entre les racines de deux troncs tordus, et soudain il n'y avait plus rien. Passé le Sycomore et quelques arbrisseaux qui poussaient autour, le sol était inégal et des branches séchées, cassées, sortaient des tas de neige, mais s'étendaient devant eux une zone presqu'entièrement délestée d'arbres. Coup de Foudre huma l'air - sa mémoire motrice réveilla aussitôt la carte sensorielle d'à quoi les lieux ressemblaient avant d'être rasés par l'incendie.

Il devança sa charge en pressant le pas, décrivit une volte en la ponctuant d'une ondulation de la queue, et termina face à Dame de Coeurs, s'asseyant sans plus de cérémonie. Et sans plus de cérémonie, il la relança du menton:

— « Discutons.

Sans la pression sociale du bien-paraître, Coup de Foudre laissa immédiatement tomber son masque, portant sur la siamoise un regard froid comme l'était l'objectif d'une caméra. Non, pas froid. Neutre, impartial, complètement impersonnel.

Il n'était pas rare que Dame de Cœurs se propose pour effectuer de nombreuses patrouilles ces temps-ci. Pas qu'elle n'en faisait moins avant, mais que leur récurrence avait presque doublé ou bien même jusqu'à dire triplé. Ce n'était pas un secret qu'avec la présence des étrangers dans le camp, si elle n'était pas en train de leur lancer des grossièretés, elle préférait les éviter comme la peste. Quoi de mieux que de participer aux patrouilles, qui lui fournissaient une raison totalement justifiée et idéale de s'éloigner du campement. Seulement, ce serait mentir que de dire que son partenaire pour la patrouille lui convenaient. Ce serait aussi mentir que de dire qu'elle n'avait pas été surprise d'apercevoir Coup de Foudre se diriger vers elle pour lui indiquer qu'ils partaient justement en patrouille. Le dégoût. L'expression sur son visage ne pouvait que trahir ses pensées alors qu'elle se contenta d'un claquement de langue malcommode en emboîtant le pas de son supérieur - mot qu'elle avait encore à ce jour de la difficulté à avaler sans blasphémer en y pensant -.

Au fur et à mesure que les deux félins s'enfonçaient dans la forêt, Dame de Cœurs perdaient peu à peu les repères qu'elle s'était faite lors de patrouilles. Certes, elle avait tout de même une bonne connaissance de la forêt mais celle-ci était vaste et donc, il lui restait - elle le savait bien - probablement une panoplie d'autres lieux à découvrir et à apprivoiser. Les branches par endroit dénudées de leurs feuilles s'entremêlaient avec celles de leur voisin, c'était à peine si quelques maigres faisceaux de lumière perçaient la carapace qu'ils avaient formé. Les ombres semblaient danser sur le sol alors que le bruissement des rares feuilles qui étaient toujours accrochés à leur géniteur semblait être la principale source de communication qu'elles avaient trouvés pour leurs sœurs qui jonchaient le sol sous la neige fondante. Bien que les temps étaient plus chauds, l'air demeurait tout de même frais et le vent parvint à se faufiler entre les arbres pour ainsi caresser le pelage de la siamoise d'une brise rafraîchissante. Le lieutenant du Tonnerre se permit un coup d’œil vers sa camarade alors qu'il lui adressa un sourire :

- ... Tu sais, à ta place, je me serais méfié d'accompagner un ennemi où il n'y a personne pour t'entendre. Mais bon !

Certes, il n'était pas faux que la situation n'était pas à son avantage. Elle ne pouvait pas non plus dire que la situation avantageait Coup de Foudre, les deux félins étaient à risque si l'un décidait de s'en prendre à l'autre.

- Tu sais autant que moi que tu ne bénéficies pas non plus de cette situation, comme tu dis, personne ne peut nous entendre ici. Quiconque pourrait en tirer profit. Elle se permit un petit clin d’œil en direction de son lieutenant alors que son regard bifurqua sur la forêt - ou bien ce qu'il en restait - qui se dévoilai sous ses yeux. C'était une chose de voir l'épais nuage de fumées s'élever dans le ciel, mais d'être sur les lieux lui procuraient un sentiment complètement.. différent. Inexplicable. Son estomac se tourna alors qu'elle se remémora les temps durs qu'avaient été la canicule. Alors qu'elle posa son regard sur Coup de Foudre qui s'était posé, sa gueule se déforma pour laisser échapper un mot :

- Discutons. Le regard était fixe, complètement dépourvu d'expression. Dame de Cœurs en comprit qu'ici, loin du jugement ainsi que du regard des autres, il ne voyait pas la nécessité de maintenir une bonne réputation avec un sourire « charmeur ». Elle tira la langue et ses sourcils se froncèrent à la même occasion.

- Discuter ? questionna-t-elle avec un air dégoûté. Je connais tes manières de régler les choses. Les mots. Aaaah, les belles paroles hein. Ses paroles furent ponctuées d'un roulement d'yeux prolongé. Si tu crois que tes belles paroles vont m'amadouer, sache que tes paroles tombent dans l'oreille d'un sourd mais je t'en prie, essaie. Peut-être que ce sera une bonne distraction.

Ainsi, elle débuta une toilette nonchalante alors qu'elle porta sa patte à sa gueule pour y donner un coup de langue. Ses oreilles étaient tournées en direction du félin en face d'elle cependant, elle était prête à écouter ce qu'il avait à dire tout de même. La siamoise voulait bien voir ce qu'il allait trouver à lui sortir maintenant que le masque de son congénère était tombé. Qui était réellement le bengal ? Et quelles étaient ses intentions, qui l'avaient menées à l'emmener ici ?

— « Discuter ?

La voix, moqueuse, se perdit sur quelques longueurs de queue autour d'eux, car elle n'avait nul-part où ricocher. Le bengal hocha sobrement de la tête.

— Je connais tes manières de régler les choses. Les mots. Aaaah, les belles paroles hein. Elle roula les yeux; il ne baissa pas les siens. Si tu crois que tes belles paroles vont m'amadouer, elle grinça, sache que tes paroles tombent dans l'oreille d'un sourd mais je t'en prie, essaie. Peut-être que ce sera une bonne distraction.

Et elle s'assied. Elle s'assied, pour renvoyer à Coup de Foudre le même manège que ce jour-là, avec Muguet, en se toilettant avec cette mine de rien, ce désabusement, ce désintérêt feint comme quoi elle avait pour l'instant tout ses moyens. Le bengal ne s'abaissa pas à de tels simagrés. Il pencha à peine sa tête d'un côté:

— Très bien, je n'utiliserai pas "mes belles paroles". Si tel était son voeu.

Utilises-donc les tiennes: dis-moi ce que tu penses du Clan. Dis-moi ce que tu penses de moi. Dis-moi tout, Coeurs. Tu as de bonnes idées, non? Tu es une bien meilleure guerrière que moi, tu dois savoir comment gérer le Clan?

Je t'écoute.

Il occulta tout le reste : ni le vent qui soufflait, ni le paysage, ni les nuages dans le ciel ou ni la neige parsemmant le sol par endroits n'avaient d'importance en ce moment. Juste la siamoise. Juste les mots de la siamoise, et (ses pupilles se dilatèrent dans ses yeux lorsqu'il hallucina la forêt avant d'être rasée, se juxtaposant au terrain vague laissé derrière) tous les tics dans son corps. Voyons quel genre de profit chacun pouvait tirer de l'autre.

Le vent s'était levé entre-temps. Effectivement, le terrain était rasé, il n'y restait quasiment plus rien, à peine quelques petits arbustes rabougris. Ainsi, il avait beaucoup plus de facilité à parvenir à eux, les arbres ne lui barraient pas le chemin et il pouvait ainsi cheminer comme bon lui semblait. Une bourrasque secoua le pelage de la siamoise, décoiffant les poils auxquels elle venait d’asséner un coup de langue, histoire de les remettre en place. Jugeant inutile de poursuivre sa toilette, elle se permit un dernier coup de langue avant de poser son regard glacial sur Coup de Foudre, toujours impartial. Au moment moment, il lui adressa la parole.

- Très bien, je n'utiliserai pas mes belles paroles. Un sourire moqueur s'étira sur le visage de la féline alors que ses yeux se réduisirent à deux fentes. Utilises-donc les tiennes : dis-moi ce que tu penses du Clan. Dis-moi ce que tu penses de moi. Dis-moi tout, Coeurs. Tu as de bonnes idées, non ? Tu es une bien meilleure guerrière que moi, tu dois savoir comment gérer le Clan ? Elle devina une once d'amertume dans la voix de son lieutenant, il poursuivit ensuite : Je t'écoute.

Le regard ambré de Coup de Foudre était braqué sur elle, et il ne semblait pas près de bouger. Si ce n'était que des clignements d'yeux inévitables, il ne la perdait pas un instant du regard. Comme la peste au grand ego qu'elle était soutint son regard en abordant toujours le tout avec sa même nonchalance, qui pouvait d'ailleurs se montrer plutôt irritante à ses heures. Évidemment, Dame de Cœurs n'était pas assez stupide pour laisser passer une telle opportunité, il était rare qu'on lui demande son opinion sur quoi que ce soit, bien qu'elle le donne tout le temps sans gêne. Ainsi, cela prit à peine quelques secondes avant qu'on puisse observer le visage de la siamoise se déformer dans un sourire baveux. Elle prit ensuite la parole, laissant sa queue traîner de gauche à droite tranquillement :

- Voilà qui me plait. Elle se lécha les babines, satisfaite. Tu me demandes ce que je pense du Tonnerre ? Je vais te donner la réalité de notre clan. Je ne crois pas que ce soit un secret que tu n’es pas le lieutenant… comment dire… le plus apprécié ? Effectivement, je m’appréhende que ton règne sera plutôt controversé, surtout si nous venons à faire face à une guerre. Tes airs de grand diplomate en déplaisent plus qu'un, moi incluse. Elle marqua une pause pour s’étirer de la queue jusqu’à la tête avant de porter son ventre au sol pour s’y laisser choir. Écoutes, les gens ont non seulement besoin d’un bon parleur, mais d’un supérieur qui les mettra en confiance, qui prouvera être digne de son poste autant par sa force physique que par sa force mentale. Son regard bifurqua vers la plaine qui brillait autrefois d’éclairs ambre, rappel des iris de Coup de Foudre. Le Tonnerre a besoin d’un – éventuel - meneur, éloquent certes, mais à la fois rassembleur, qui se préoccupe de la bonne organisation du clan en organisant des patrouilles par exemple. Si ça continue comme ça, je suis presque sûre que dans peu de temps, ce sera le chaos au Tonnerre, surtout avec les étrangères qui occupent nos terres. Le temps est compté, et la tension n'a pas fini de monter. Parole de Dame.

Elle haussa un sourcil pour ponctuer sa dernière phrase, queue ondulante.

- Alors, qu'est-ce que tu comptes faire, mon cher ? ~♪

— « Voilà qui me plait.
À n'en point douter. Tout flatteur dépend de ceux qui sont flattés.

Tu me demandes ce que je pense du Tonnerre ? Je vais te donner la réalité de notre clan. Je ne crois pas que ce soit un secret que tu n’es pas le lieutenant… comment dire… le plus apprécié ?

« Tu séduis pas les foules à ce que raconte les ragots. »

Effectivement, je m’appréhende que ton règne sera plutôt controversé, surtout si nous venons à faire face à une guerre. Tes airs de grand diplomate en déplaisent plus qu'un, moi incluse.

"Airs de grand diplomate", lui avait-elle dit. Préféraient-ils le Coup de Foudre d'avant alors? Le jouet d'Étoile de Suie, le séducteur que n'importe qui aurait pu cueillir le temps d'une nuit? Dame de Coeurs s'étira - il fut tenté d'en faire de même, par mimétisme, mais tout ce qu'il s'autorisa à faire fut de suivre des yeux les courbes de son corps avant qu'elle ne mette son ventre à terre pour se coucher, lasse, mais dénuée de mauvaise foi. C'était une siamoise - au même titre que l'était feue sa meilleure amie, au même titre que l'était la vieille Vipère Audacieuse.

— Écoutes, les gens ont non seulement besoin d’un bon parleur, mais d’un supérieur qui les mettra en confiance, qui prouvera être digne de son poste autant par sa force physique que par sa force mentale.

Une belle idylle - même Étoile d'Or se sentait écrasée par les attentes de son Clan. Enfin, dans le cas de Coup de Foudre, ce n'était pas vraiment une sensation d'écrasement, plutôt... de révolte. Son clan - Le Clan du Tonnerre entier le révoltait, et ce de toutes les façons possible.

— Le Tonnerre a besoin d’un – éventuel - meneur, éloquent certes, mais à la fois rassembleur, qui se préoccupe de la bonne organisation du clan en organisant des patrouilles par exemple. Si ça continue comme ça, je suis presque sûre que dans peu de temps, ce sera le chaos au Tonnerre, surtout avec les étrangères qui occupent nos terres. Le temps est compté, et la tension n'a pas fini de monter. Parole de Dame.
— Parole de Dame, répéta le bengal en sentant un sourire poindre à ses babines.

Et pour peut-être la toute première fois depuis leurs interactions, lui comme elle étaient sur la même longueur d'ondes, à plat dans le terrain vague, à l'abri des regards et des oreilles indiscrètes, à l'écoute de cette réalité que sa tête cassée lui épargnait. Il n'en ressentait pas les contrecoups mais même Coup de Foudre ne pouvait nier la distance qui se creusait entre "lui" et "les autres chats du Tonnerre". Elle y était toujours été, seulement son ascencion dans le Clan la rendait visible aux yeux de tous, comme de grosses griffures au museau - passons.

— « Alors, qu'est-ce que tu comptes faire, mon cher ? ~♪

Sa queue ondula, la sienne aussi, et il se revit des cycles plus tôt où c'était lui qui avait l'âge de Dame de Coeurs, et Vipère qui avait le sien. La surface de la glace réfléchit le soleil, l'image s'embrouilla, et sa vision revint dans la réalité.

— Mn, aucune idée.

Telle était la réalité. Il haussa les épaules, se laissant porter par la légèreté d'une brise:

— Débusquer et tuer les dissidents prouverait ma force mais me remettrait au même niveau qu'Étoile de Suie ; tenir par la queue les mauvaises langues dans la Rivière laverait certes leur poil, mais pas leurs cerveaux.

Sans parler qu'il s'agirait d'un effroyable gaspillage. »

Ce fut à lui de regarder la plaine. La clarté de son dégagé se muait aux ombres du feuillage dont il se rappelait. L'illusion était presque palpable: où il s'était assied était autrefois l'espace d'un tronc arbre. Autour d'eux, des bosquets, mais il n'en restait plus que des branches, et qui sait si ils avaient semés quelques graines derrière. Il était cette plaine mais le Clan y voyait encore les arbres.

Coup de Foudre fronça les sourcils, plus ennuyé qu'autre chose, mais fit mine de les hausser à nouveau en remettant son attention sur la siamoise, la relaçant du menton.

— « Continue.

La siamoise était couchée nonchalamment sur le sol, les yeux rivés sur le bengal. En toute honnêteté, elle ne savait absolument pas ce qu'elle aurait fait à sa place - le mâle avoua lui aussi la même chose, cependant, à voix haute. Il poursuivit :

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ « Débusquer et tuer les dissidents prouverait ma force mais me remettrait au même niveau qu'Étoile de Suie ; tenir par la queue les mauvaises langues dans la Rivière laverait certes leur poil, mais pas leurs cerveaux. Elle se contenta d'hocher la tête, ce n'était pas une surprise de l'entendre dire telle chose. Sans parler qu'il s'agirait d'un effroyable gaspillage. La siamoise restait silencieuse alors qu'elle détaillait les traits du visage du chat marbré alors que sa queue balayait le sol calmement. Elle en profita pour se passer un coup de langue à la patte, pour la glisser à proximité de son oreille, replaçant ainsi ses poils.

Coup de Foudre prit le temps de regarder la plaine brièvement avant de reporter son attention sur la femelle. Il en profita pour hausser ses sourcils à l'occasion, démontrant ainsi une nouvelle fois de l'intérêt à son intention. Il lui pria de continuer, ce qu'elle ne se priva certainement pas de faire :

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ « Oooh, parce que ce serait mal de ramener une politique semblable à celle d'Étoile de Suie ? Elle ne se priva pas d'un sourire moqueur à son intention, elle était curieuse de voir la réaction du bengal, peut-être en apprendrait-elle ainsi davantage à son sujet. Sa tête s'inclina sur le côté curieusement. Personne n'osait contredire - publiquement - ses décisions, elle. Elle avait réussi à obtenir le respect du Clan en passant par la peur, comme on le ferait avec des chatons, non ? Elle marqua une pause pour passer un coup de langue sur ses babines avant de renverser le poids de sa tête sur l'autre côté, démontrant ainsi un intérêt particulier, ses oreilles s'agitèrent avec amusement alors qu'elle continua : Après tout, c'est plus dur de manquer de respect à quelqu'un que l'on craint, tu ne crois pas ? ~♡

Elle était affamée de réponses, et elle espérait bien que le chat marbré arriverait à attiser sa faim. Alors qu'elle attendait, sa queue ondulait en balayant le sol - son regard détailla le bengal un bref moment pour guetter une réaction de sa part. Elle aimait bien faire réagir ses camarades, c'était une bonne façon d'apprendre à mieux les connaître, enfin, selon Dame de Cœurs.

— Oooh, parce que ce serait mal de ramener une politique semblable à celle d'Étoile de Suie ?

Oui. Sans hésiter. Faire marcher le Clan dans le népotisme - une pratique qui avait été encouragée par les Frères Vautour la succédant - se bouffir d'orgueil, dominer tout Cerfblanc et "écraser l'envahisseur" ne se rapprochait pas vraiment de ses idéaux à lui. À ne pas s'y méprendre toutefois, car son ambition incendiaire était capable de ravager, seulement il espérait rendre la terre fertile de nouvelles idées plutôt que de n'y laisser que des cendres.

Son oreille guérie, celle poinçonnée de deux trous, se tordit vers l'arrière à la question de la siamoise, comme elle inclinait la tête, piquée de la même curiosité qu'il avait envers elle. Les deux trous lui firent mal - il sentit Ses dents la lui percer à nouveau, et une douleur fantôme lui prit les coussinets en montant d'une décharge jusqu'à son dos, descendant jusqu'à sa queue qui se recourba au bout.

— Personne n'osait contredire ses décisions, elle. Étais-ce le cas? Sa mémoire était floue. Elle avait réussi à obtenir le respect du Clan en passant par la peur, comme on le ferait avec des chatons, non ?
— --Est-ce que tu viens de dire que tu fais peur aux chatons?

Par mimétisme, Dame de Coeurs pencha sa tête de l'autre côté. Elle aussi, semblait le jauger des yeux. Elle aussi, semblait boire ses paroles, et chercher au travers de ses mots toute faiblesse, toute vulnérabilité, tout tic capable de lui mettre la puce à l'oreille de quel genre de chat leur lieutenant était vraiment. Elle était jeune - plus jeune que lui. Et elle était dans une position qu'il avait toujours rêvé d'avoir: celle d'être écoutée.

Peu importe le venin dans ses mots où les épines à ses piques, Coup de Foudre aurait tout donné pour avoir ne serait-ce qu'un poil d'attention comme il en donnait à Dame de Coeurs et ses propos. De la part d'Étoile de Suie il n'en avait eu que lorsqu'il lui avait donné ce qu'elle voulait; de la part des frères Vautours, rien du tout. Pas même des miettes; pas même un seul bravo lorsque lui et Vipère Audacieuse avaient souligné avoir enlevé une vie à feue Étoile Vaillante à l'honneur du Clan.

Bel honneur.

Quel honneur.

Là, au beau milieu d'un terrain vague où sa mémoire visuelle et sensorielle luttait d'arrache-patte avec la réalité, il ne pouvait s'empêcher de constater,

qu'elle était comme lui.

— Le respect, hein? De la notoriété, peut-être. Il savait de quoi il parlait.

...C'est vraiment ce qu'il vous faut, au Tonnerre? Une démonstration de force? Une deuxième Étoile de Suie?

Il tiqua de la langue, l'imita en se couchant sur le ventre, mais tout de suite moins amène, car il applatit sa patte dans sa joue, poussant un lourd soupir ennuyé.

— *Huuffff *, Continue.

Elle ne lui apprenait rien.

Elle était comme lui - elle remâchait les mêmes pensées qu'il s'était ressassées encore et encore pendant des cycles et des cycles, avec Tournesol, au début, puis avec Fifi, et constater que même la nouvelle génération s'huilait aux mêmes croyances fossiles l'aurait désespéré si sa tête n'avait pas été cassée. D'accord il était prêt à changer, à apprendre, à pousser les choses, à guider les autres et à leur faire voir la vie par ses yeux, mais si personne ne s'y prêtait volontaire, si tout le monde préférait les yeux d'une morte, d'un cadavre, d'une dépouille en décomposition et dont les yeux se faisaient arracher par un regrouppement de corbeaux qui s'étaient agglutinés autour de la terre souillée par le sang, qu'est-ce qu'il pouvait faire? Ou n'est-ce pas ses yeux que les corbeaux arracheraient?

Un frisson lui aurait prit au dos s'il avait pu expérimenter autre chose que la placide contemplation de l'abstraction de ses pensées. Les horreurs qu'il se peignait était son quotidien, et comme toujours, il les chassa d'un battement d'oreille, de cil, puisant dans tout ce qui lui restait d'espoir vain pour écouter la siamoise continuer sa lancée.

La siamoise était curieuse, quasi impatiente d'entre la réponse du bengal. Comment allait-il réagir, qu'allait-il dire ? La féline semblait se nourrir de toutes les réactions qu'elle pouvait bien obtenir de la part de son lieutenant, après tout, ce n'était pas tous les jours qu'on lui demandait de faire la conversation. Dame de Cœurs était habituellement considérée de compagnie.. désagréable ? Bref, on préférait se passer de parler avec elle, et surtout d'entendre ses plaintes et ses insultes - ou pis encore, les subir. Pour l'instant, elle ne réservait à Coup de Foudre qu'un interrogatoire, elle préférait palper le terrain sur lequel elle s'aventurait, inconnu, possible dangereux ? Elle ne connaissait que très peu le bengal, bien qu'il était son lieutenant. Elle n'avait qu'entendu trop de rumeurs à son sujet, et lorsqu'on ne possède rien pour les questionner, elles nous montent bien vite à la tête, et elles y restent. La siamoise découvrait une nouvelle face de Coup de Foudre, possiblement une face qui n'alimentait pas les rumeurs, inconnue aux yeux des autres. Sa curiosité ne fit qu'augmenter lorsqu'il répondit enfin :

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ « Le respect hein ? De la notoriété, peut-être. Une fois de plus, elle se contenta d'hocher la tête. Elle ne préférait pas ouvrir la gueule, sous peine de couper court le discours du félin marbré, il était rare qu'elle écoute réellement quelqu'un et considère ses paroles. ... C'est vraiment ce qu'il vous faut, au Tonnerre ? Une démonstration de force ? Une deuxième Étoile de Suie ? Elle plissa les yeux alors qu'elle examinait toujours son congénère, il ne tarda pas de la rejoindre, désormais au même niveau, lui comme elle, couchés sur le ventre. Il en profita pour rejoindre son visage avec sa patte, s'y accotant avec ennui. Un sourire en coin s'étira sur le visage de la siamoise.
‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ Oh non, au contraire. Je craigne que personne ne veule le retour d'un règne semblable à celui d'Étoile de Suie. Elle marqua une pause alors qu'elle bascula son poids sur l'une de ses hanches, désormais couchée en biais par rapport à son interlocuteur. Les coups ne seront pas nécessaires. Les paroles sont aussi une bonne arme. Et heureusement, tu les maîtrises plutôt bien. Dis-moi que tu te souviens de la bonne leçon d'histoire que tu nous as tous fait, allons ! Nouveau sourire. Tu sais, autant que moi, le pouvoir que tes paroles ont sur les autres. Certes, la force physique est importante, mais la meilleure façon de déstabiliser un adversaire est par la parole, non ? Ses yeux se plissèrent alors que ses postérieurs se croisèrent contre le sol et sa queue s'enroula autour de ses antérieurs. Je te dis que le Clan du Tonnerre a besoin d'être bien secoué. Ramené à sa place. Remis à l'ordre. Elle prit un moment pour juger la situation. Certes, plus tôt, elle avait affirmé que les gestes étaient plus efficaces que les paroles, mais uniquement à court terme. Ici, on parlait bien de long terme. De l'avenir du Tonnerre. De ce qu'il allait bien pouvoir devenir lorsque le bengal viendrait à prendre le pouvoir.

Elle serra la mâchoire. Pour une fois, la siamoise n'avait rien à ajouter. Elle ne savait plus quoi dire, elle ne savait pas comment, rassurer ? aider ? Elle ne savait pas vraiment ce que le bengal ferait vraiment de leur conversation présente. Serait-elle utile ? Prendrait-il compte de ses paroles, ou parlait-elle uniquement dans le vide. Elle ne savait plus quoi penser, quoi suggérer. Elle devait avouer que la situation était corsée, et bien que, Coup de Foudre ne fut pas son être favori, elle préférait que le Clan ne tombe pas entre de mauvaises mains. Le Tonnerre avait assez souffert comme cela. Et il avait assez taché sa réputation. Il était bien conscient que les autres clans surveillaient ses moindres faits et gestes, la confiance était facile à perdre, mais dure à gagner. Un autre faux pas, et qui sait, peut-être serait-ce la fin pour le Tonnerre ? Il ne pourrait rivaliser contre les trois autres clans. Il serait achevé, comme Étoile de Suie le soir de la Lune Rouge, par les trois autres meneurs, sous les regards impuissants des guerriers du Tonnerre.

Alors pour l'instant, son seul espoir reposait sur le bengal. Bien qu'elle fut mécontente de l'avouer.

Le bengal se roula sur le flanc à son tour, étirant loin derrière un postérieur, exhibant toute la pâleur du sous-poil à son ventre.

‏‏

‎— Oh non, au contraire. Je crains que personne ne veule le retour d'un règne semblable à celui d'Étoile de Suie. La siamoise l'imita. Ils s'évachirent en biais de l'autre, formant un cercle au beau milieu de ce nul-part dévasté. Les coups ne seront pas nécessaires, elle lui dit. Les paroles sont aussi une bonne arme. Et heureusement, tu les maîtrises plutôt bien.

Il rêvait ou c'était un compliment? Son menton se leva juste un peu de sur sa patte, histoire d'écraser juste un peu moins sa joue dessus, intrigué par ce curieux changement.

‏‏

‎— Dis-moi que tu te souviens de la bonne leçon d'histoire que tu nous as tous fait, allons !
‏‏‎Le bengal ronfla du nez, ne pouvant empêcher à ses commissures de se crisper. C'était un sourire, mais pointu, suffisant et acerbe en même temps:
‏‏‎— Mm, il fit, plat. Et quel triomphe. »

Quel triomphe d'avoir vu sa propre fille se renfrogner dans ses préjugés. Quel triuomphe d'avoir certes fait fuir l'instigatrice du conflit (Dame de Coeurs ici présente), mais en avait-elle vraiment tirée une leçon? Et qu'en était-il des autres guerriers? Sa réputation? Quoique pour celle-ci inutile de s'en faire, à être le chat qui avait séduit deux fois la même guérisseuse pour lui soutirer deux portées était suffisant pour qu'on lui crache dessus.

— « Tu sais, autant que moi, le pouvoir que tes paroles ont sur les autres. Certes, la force physique est importante, mais la meilleure façon de déstabiliser un adversaire est par la parole, non ?
Il grimaça.
— Bof, tu sais, un bon coup de patte à la tête suffit, parfois. Quelques souvenirs remontèrent les branches de sa mémoire et lui rendirent un petit sourire goguenard, et un bourgeon d'éclat, même fugace, d'espièglerie dans les yeux. En tendant l'oreille on aurait presque pu l'entendre ronronner.

— Je te dis que le Clan du Tonnerre a besoin d'être bien secoué. Ramené à sa place. Remis à l'ordre.
— Ramené à sa place... »

Mais qu'elle était la place du Clan du Tonnerre? Et surtout, qu'elle était la sienne dedans? Le bengal s'était tu. Il avait perdu tout de sa carrure sans défaut, tout de sa froide impartialité. Il était ennuyé. Profondément blasé, et il semblait que la guerrière partageait le sentiment. Mais contre toute attente il vit ses moustaches rebondir, il la vit consciemment fermer la bouche, et il l'interrogea d'un regard, veillant même à la relancer du menton sans prendre la peine d'utiliser les mots, cette fois.

Seulement cette fois, Dame de Coeurs, des mots, elle n'en avait plus : elle faisait face au dilemme du bengal comme si c'eut été le sien. Ses oreilles tiquaient, elle lisait l'air à la recherche d'une solution ou d'une pique à lancer mais elle semblait, pendant cet échange, s'être radoucie. Elle avait rentré les griffes et elle réfléchissait au futur, comme lui, et avec lui. Et la frustration qui lui fit serrer les dents, il la ressentit dans les siennes. La frustration de ne pas savoir quoi faire. De se sentir piégé. De se faire forcer au sommeil par une poignée de chats à demi-oubliés dans un après-monde qui les gavait de pouvoirs sur le leur. De chats qui détestaient les questions. De chats qui détestaient s'interroger, et qui détestaient ceux qui s'interrogeaient. Même plus de chats tout court car ne fallait-il pas être vivant pour être chat?

Le mutisme de Dame de Coeurs le pesa et celle-ci s'en rendit compte, et si elle baissa les yeux, momentanément vaincue, impuissante autant que lui, lorsqu'elle les remonta elle s'accrocha à son regard en y fouillant désespérément une réponse. En miroitant à Coup de Foudre tout ce qui lui restait, à elle, d'espoir vain. Le bengal tordit une oreille vers l'arrière, penaud, reculant légèrement la tête devant toute cette attention qu'on lui renvoyait. Il mit quelques secondes avant d'entrouvrir la bouche:

— « Oh.

La moquerie qu'il lui lança était plus douce, empreinte de lassitude: C'est maintenant que tu veux mes belles paroles?... ~

Et le rire qui fit à peine rebondir ses épaules fut aussi faible. Il pencha sa patte de l'autre côté - de son appui dans les coussinets il le fit ensuite dans le poignet, couvrant la marque de "l'oeil crevé" de son motif en anneau dessus. Il baissa les yeux dessus, et il ressentit Fifi chirurgicalement y planter les griffes.

— C'est de la peur, c'est ça? Vous - enfin, le Clan du Tonnerre - vous craignez la venue d'une nouvelle guerre, vous craignez que je ne sache pas quoi faire si on attaque encore le campement.
Il regarda ailleurs, pensif.

— C'est la même chose pour les patrouilles? Je m'en battais les couilles parce-que je croyais que vous faire confiance de vous organiser sans moi vous rendrait indépendants, mais je suppose qu'on n'efface pas des cycles d'obéissance aveugle...

...Et ma relation avec les Étoiles ne doit plaire à personne, haha ♡

Le regard glacial de la siamoise s’était réchauffé des braises du regard de Coup de Foudre mais ces braises, elles semblaient si… fatiguées ? Comme si elles étaient proche de leur dernier souffle et c’est alors qu’elle fut frappée. Le bengal avait l’air terriblement fatigué. Pourquoi le remarquer maintenant ? Alors que son sourire s’éteignait, lui aussi, alors qu’une confusion mélangée à une frustration immense semblait l’habiter. Le masque était tombé, plus besoin de feigner les sourires, la confiance. Elle se retrouvait nez-à-nez contre le dilemme du félin et tous deux semblaient observer ce mur comme s’il était infranchissable. Un vrai bourbier. Et alors, les flammes, bien que faibles, se rallumèrent dans le regard du bengal. Les braises vibrèrent et elle crut même apercevoir quelques rares étincelles.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ « Oh. Il était venu son tour de se moquer et elle ne put lui reprocher, il faut croire que ses mauvaises habitudes commençaient déjà à déteindre sur son camarade. C’est maintenant que tu veux mes belles paroles ?...

Elle ne se contenta que d’un claquement de langue, chose habituelle pour éprouver son mécontentement. Sauf que, cette fois, son regard brilla d’un air taquin alors qu’elle envoya ses yeux rejoindre les nuages. Un rire détonna dans les alentours, il fit écho et elle ne put s’empêcher de jeter un regard à la lande déserte, aux maigres arbres – ou bien ce qu’il pouvait bien en rester -, la nature semblait peu à peu reprendre le contrôle de ses biens, on put apercevoir quelques fleurs jaillir par-ci par-là. Était-ce un signe qu’il était temps pour le tonnerre de se rétablir ? Était-il temps de nous reprendre en main ? Elle craignait le retour des malheurs, un incendie, une épidémie – les membres de la Rivière aurait bien pu leur en coûter une – ou pire encore, une guerre.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ « C’est de la peur, c’est ça ? Vous – enfin, le Clan du Tonnerre – vous craignez la venue d’une nouvelle guerre, vous craignez que je ne sache pas quoi faire si on attaque encore le campement. Il sembla avoir lu dans ses pensées lorsqu’elle vit les lèvres du bengal se déformer pour prononcer le mot guerre. Elle grimaça. Il regarda ailleurs. Ils devaient en venir à la vérité, le Tonnerre avait peur. Et elle n’était pas excusée.

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ C’est la même chose pour les patrouilles ? Je m’en battais les couilles parce-que je croyais que vous faire confiance de vous organiser sans moi vous rendrait indépendants, mais je suppose qu’on n’efface pas des cycles d’obéissance aveugle… Et ma relation avec les Étoiles ne doit plaire à personne, haha. ♡

‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎‏‏‎ ‎━ Ah ! Nous faire confiance, hein ? Elle est bien bonne celle-là. Alors que le Clan du Tonnerre tombe en morceaux. Alors que le Clan du Tonnerre tourne au chaos par la simple présence des membres de la Rivière. Alors que le Clan du Tonnerre ne ressemble plus vraiment à un clan. Ta confiance, la confiance des autres. Qu’est-ce qu’on n’en a rien à foutre. Chacun veut sauver sa peau. On ne se serre plus les coudes, la tension monte, le nombre de dispute ne va qu’en grandissant. L’ordre, le calme, tout est brisé. On n’est plus rien qu’un clan défaillant, si tu veux mon avis. Et la disparition d’Étoile Masquée n’aide surtout pas la cause. Elle guettait une réaction du bengal alors qu’un sourire curieux s’étira le long de son visage. Elle s’attendait à une réaction, un commentaire. Elle n’était pas dupe : les nombreuses et fréquentes « absences » du meneur ne la trompait pas. Elle se doutait bien qu’il se tramait quelque chose, et elle avait bien envie de le découvrir.