« Rattraper le temps perdu... » || PV. Serres d'Épervier. - end.

▬ Guerrière

« Rattraper le temps perdu... »

PV. Serres d'Épervier

Hier. Tout était rentré dans l'ordre hier. Une libération. Un renouveau. Un retour. La fin d'une épopée. Le début d'une nouvelle. Mamba Noir avait enfin réintégré son Clan. Elle était enfin de nouveau parmi les siens. Enfin, elle pouvait de nouveau côtoyer ceux qu'elle avait promis de protéger au péril de sa propre existence. Elle en avait tant rêvé. Elle avait tant attendu ce moment. Elle s'était faite tant de soucis pour ce jour qui n'avait que trop tardé. Personne ne devrait être ainsi séparé de sa famille. Personne ne devrait avoir à subir une telle absence. Personne ne devrait être ainsi mis à l'épreuve par je ne sait quelle force belliqueuse. Ces quinze lunes avaient été longues, pénibles et douloureuses à vivre. Perdre tout ce que l'on connaît. Se retrouver du jour au lendemain atrocement seule. Ne plus avoir les repères sur lesquels toute votre vie a été bâtie. Imaginez-vous. Si elle regrettait cette longue disparition, cet éloignement qui n'avait que trop duré, si elle avait eu la possibilité de tout recommencer, elle aurait certainement refait les mêmes choix. Elle aurait de nouveau poursuivi cet Apprenti pour l'éconduire là où était sa place. Elle aurait de nouveau fait le choix de protéger les siens en éloignant cette gueule écumante de rage et de crocs du Camp, même si cela signifiait aussi s'éloigner irrémédiablement des siens. Elle avait été invisible de tant de nouveautés au sein du Clan du Vent, des naissances, des baptêmes, des départs vers le Clan des Étoiles, des nominations et tout un tas d'événements plus marquant. Beaucoup de choses semblaient avoir changé depuis son départ. Le contraire serait impossible. Plus d'un an. Plus d'un cycle des saisons sans qu'elle ne revoit ces visages familiers. Sans qu'elle ne foule de ses pattes ces terres qu'elle appréciait tant. Sans qu'elle ne chasse pour nourrir les siens. Sans qu'elle ne puisse prendre part à une patrouille pour surveiller les frontières. Quinze lunes sans qu'elle ne soit véritablement digne de porter le titre de Guerrière.

Roulée en boule dans une litière qu'elle avait pris plaisir à garnir hier, la femelle tricolore avait profité d'une bonne nuit d'un sommeil profondément réparateur. Épuisée par son voyage, mais plus que jamais heureuse d'avoir retrouvé sa place, il avait été bien difficile de s'endormir. Être revenue lui avait donné un second souffle. Des ailes lui avaient presque poussé dans le dos, lui offrant le loisir de parcourir l'immensité des Landes alors que son corps était au bord de la tétanie. Le goût âcre du sang avait rempli sa gueule, coulant le long de sa gorge, se répandant comme un amer venin dans tout son être. Pour autant, son cœur avait trouvé la meilleure barrière qui soit, la plus grande force qu'elle n'aurait jamais. Il lui sembla que n'importe quel obstacle aurait pu se dresser devant elle, qu'elle l'aurait surmonté d'un simple bond. L'aurore finissait de s'évanouir quand les paupières de ses yeux devinrent sensibles à la lumière des rayons solaires. Venant jouer avec leur patience, les reflets et les ombres eurent finalement raison de son somme. Entrouvrant l'un, pour l'autre de ses yeux vert d'eau, la Guerrière laissa un large sourire se dessiner sur son visage. Quittant une nuit sans rêve pour retrouver ce qu'elle avait tant quémander ces derniers temps, Mamba Noir ne pouvait se lever que de bon poil. Prenant le temps de s'étirer consciencieusement avant de se redresser, la femelle tricolore rabattit ses pattes sous son corps avant de se lever grâce. Laissant un léger bâillement mettre un véritable point final à cette nuit parfaite, elle s'extirpa avec douceur de sa couchette, prenant toutes les précautions possibles pour ne pas réveiller les Guerriers qui dormaient encore. Se trouvant un coin tranquille dans le Camp, à l'écart des autres, elle prit quelques minutes pour faire une toilette minutieuse de son pelage. Le barrant de grands coups de langue, elle se prit au jeu de débarrasser son poil des herbes et poussières récoltées la nuit.

waize

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♯ Sentinelle

La veille, sa vie avait basculé. Ce matin encore lorsqu'il s'était réveillé dans sa litière; litière parmi tant d'autres, Serres d'Épervier avait ressenti ce besoin de vérifier, de chercher le pelage si familier et étranger à la fois de sa sœur disparue. Ou plutôt, sa sœur retrouvée. Il l'avait trouvé, roulée en boule dans sa propre litière, la féline à la fourrure tricolore semblait dormir paisiblement, assurément épuisée par les émotions fortes du soir.

Et alors il était parti. Il l'avait laissé derrière lui alors même que son corps réclamait tout à fait l'inverse : rester auprès d'elle, la couvrir d'affection, la protéger. Mais sa tête avait besoin d'autre chose; lorsque ses yeux se posaient sur elle, il ne pouvait plus réfléchir. Dans un élan de lucidité, la sentinelle au visage couturé de cicatrices quitta le Camp de bonne heure.

Il avait pris le chemin des Falaises, où il pensait pouvoir méditer en toute sérénité. C'était sans compter sur cette apprentie du Clan de l'Ombre qu'il avait rencontré dans les hauteurs.

Il revint vers midi. Alors il la vit là, discrètement assise dans un coin qui se toilettait. Personne n'était encore venu vers elle. Son cœur se serra par la simple idée qu'on l'avait laissé seule, encore. Il marcha jusqu'à elle, essayant d'oublier sa peine.

« ... » Il ne savait quoi dire. « ... » Il aurait voulu savoir quoi dire.

Il oublia que sa sœur ~~dispar-~~ retrouvée n'avait jamais vu son visage balafré.

« Je suis désolé. » sortit tout seul lorsqu'il s'assit à ses côtés.

HRP:

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▬ Guerrière

« Rattraper le temps perdu... »

PV. Serres d'Épervier

Elle était là. C'était tout ce qui comptait à ses yeux. Elle ne s'était jamais vraiment posé la question d'un autre futur. Elle n'avait jamais entrevu autre chose que son retour. Pas même lorsqu'elle était au bord du désespoir. Pas même lorsque ces humains la torturaient de leurs aiguilles, de leurs grands gestes effrayants et menaçants et de leurs outils de contention. Elle avait parfois perdu patte. Elle ne l'avouerait probablement pas au premier curieux venu, mais à elle-même, elle pouvait le faire. Il lui était arrivé d'avoir des idées noires durant cette incarcération. Il lui était arrivé de penser à trouver le moyen d'en finir, de se libérer d'une autre façon, de retourner auprès des siens par l'esprit seulement. Parfois, certains jours ou certaines nuits, elle avait prié pour les rejoindre. Elle avait demandé pardon. Elle avait demandé à être accueilli là-haut, comme on le ferait pour n'importe quel être dévoué à son Clan. Durant toute cette mise à l'écart, qui sonnait également comme une mise à l'épreuve aux yeux de la Guerrière, elle n'avait jamais reçu le moindre signe de ses ancêtres. Elle n'avait jamais reçu le moindre songe, la moindre preuve qu'ils veillaient encore sur elle. Combien aurait abandonné leur croyance ? Combien aurait délaissé ceux qui étaient supposés la protéger et qui ne semblaient guère s'intéresser à son sort ? Elle avait bien songé une ou deux fois au fait d'être devenue un rébus de leurs ailes. À vrai dire, elle avait eu le temps d'étudier un bon nombre de pistes de réflexions durant tout ce temps. Après tout, elle n'avait pas grand chose d'autre à faire. Elle tuait ainsi le temps, pour le peu qu'il veuille bien s'écouler à un rythme classique. Alors qu'une vague évocation de sa peine lui revint dans un instant d'égarement de pensées, Mamba Noir flanqua à terre cette idée, balançant l'image des barreaux qui se dessinait juste sous ses yeux devenues troubles le plus loin possible de son esprit d'un simple semblant de volonté. Inutile de remuer les crocs dans la plaie.

Un coup de langue, puis un autre. Bientôt, le pelage de la femelle retrouva de sa superbe. Débarrassant la moindre trace de poussière, remettant de l'ordre dans son pelage et lui offrant une brillance temporaire, elle ne s'arrêta que lorsqu'elle fut satisfaite de son œuvre. Si elle n'était pas la plus coquette des Guerrières, elle prenait le temps d'être présentable. Seule, dans son coin, à l'écart des quelques âmes qui jonchaient à présent le Camp, elle tenta de trouver le moyen de revenir vers les autres. Si elle savait que le temps ferait certainement le plus gros du travail, elle souhaitait se réintégrer au mieux, pouvoir de nouveau connaître tous les membres de son Clan, retrouver une forme de complicité avec certains, découvrir les nouveaux et tisser des liens plus ou moins solides. Elle n'était pas faite pour la solitude et l'isolement. Elle en avait tant souffert durant ces dernières lunes. Elle avait parfois tenté d'échanger avec les autres prisonniers lorsqu'ils étaient de la même espèce, mais cela n'avait jamais mené à grand chose. Soit parce qu'ils ne perdaient pas de temps à lui répondre, soit parce qu'elle ne prenait pas cette peine ou parce que les discussions tournaient souvent autour des origines divergentes et des raisons qui font qu'elle était là. Tous ne réagissaient pas de la même façon à leur présence en ces lieux, certains embaumaient l'endroit de leur peur, d'autres au contraire était à l'aise avec ces bipèdes qu'ils considéraient avec beaucoup d'estime. Les ronronnements des uns contre les feulements apeurés des autres. Laissant un soupir discret s'échapper de ses babines, la Guerrière envoya de nouveau valser ses pensées, se recentrant sur le présent et l'actuel. Jetant un dernier coup d’œil à l'image qu'elle renvoyait, elle ferma les yeux un court instant, prit une grande inspiration comme pour se donner du courage et relâcha une certaine forme de pression avait tendu un à un tous ses muscles. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, un chat s'était matérialisé juste sous son museau, découvrant une cicatrice sur un visage qui avait été longtemps familier et percevant le souffle d'une tentative d'excuse. Offrant immédiatement un sourire honnête, les yeux emplis d'une compassion qui ne l'avait jamais quitté, Mamba Noir laissa une voix douce sortir de sa gueule alors qu'elle pressa son museau contre la joue de son frère :

« Bonjour Serres d'Épervier. Désolé pourquoi ? »

waize

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L'océan calme de ses yeux. Mamba Noir lui offrit un doux regard, dénué de tout ce qu'il craignait d'y trouver auparavant. Aucune peine, aucune douleur, aucune haine, aucune rancœur à son encontre. Sa sœur semblait couler des jours parfaits. Et pourtant le mâle balafré ne pouvait chasser les remords qui lui rongeaient le cœur. Comment oublier ces lunes de culpabilité ? Pas si vite, pas maintenant il ne pouvait pas s'y arracher. Ce serait une autre blessure que d'accepter brutalement que tout allait bien.

« Bonjour Serres d'Épervier. Désolé pourquoi ? » ronronna-t-elle presque en collant son museau contre la joue du mâle.

Elle le dit avec tant de légèreté, tant de facilité que la sentinelle eut du mal à ne pas perdre pied. C'était comme si rien ne s'était passé. Il y eut un petit moment de silence, juste assez long pour se faire sentir avant qu'il ne craque et laisse sa vérité se déverser, chaude et poisseuse, pus s'échappant d'une vilaine plaie :

« Mamba. » C'était Mamba avant d'être Mamba Noir. « Je-enfin... j'aurais du être là ce soir-là, je-... » Était-il à cours de souffle, si vite ? « j'aurais du te venir en aide, être là pour toi... » Sa voix se brisait-elle déjà ? « tu le sais, et je le sais, je suis ton frère Mamba, et j'aurais... » Ses yeux embués de larmes, presque paniqués fondèrent dans le bleu serein de Mamba lorsqu'il souffla, aussi fébrile qu'une proie que l'on achève. « J'aurais du te protéger. » Et lui de marteler comme sa dernière volonté. « Je suis désolé. »

Le fils du lieutenant s'effondra, sa tête fendant le pelage soigné de sa sœur pour s'y perdre et alors ses quelques larmes glissèrent contre le flanc de la femelle retrouvée. Ses pattes n'obéissaient plus : elles étaient ankylosées, comme si le poids traîné durant des mois -plus d'une année- venait tout juste de se faire sentir. Il craquait, implorant sa propre sœur de pardonner sa faute.

Était-il encore digne d'elle ?

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PV. Serres d'Épervier

Un geste tendre, un moment d'égarement. Quelque chose d'anodin pour bien des êtres, signe d'une familiarité et d'une proximité jugée comme normale et peut-être même de circonstance. Après tout, n'étaient-ils pas supposés former une famille ? N'étaient-ils pas frère et sœur ? Être nés dans la même fratrie ne les libéraient-ils pas de toute gêne face à ces démonstrations-là ? Pour lui peut-être. Pour beaucoup d'autres également. Mais pour la tricolore, rien de tout cela ne revêtait avec le naturel. Non. Elle avait beau s'être faite mille fois des scènes de retrouvailles, avoir mille et une fois imploré le ciel et les étoiles de lui donner cette chance, elle n'avait pas pensé une seule fois à laisser poindre une part d'affect. Agir comme si rien ne s'était passé. Agir comme si elle n'était partie qu'une minute ou deux. Oser se comporter comme si une poignée de secondes s'était écoulée alors que l'eau avait tant coulées. Des lunes et des saisons entières s'étaient passées depuis sa disparition. Un temps précieux, une horloge qui continuerait encore de tourner, qu'elle soit proche ou loin de son Clan. Un geste simple et pourtant, un renoncement et un effort pour elle. Elle n'était pas l'un de ses chats friands de gestes tendres, elle n'y avait pas été habituée. Et pourtant, elle n'avait pu s'empêcher d'enfouir son museau dans la douce fourrure de son frère, humant au passage son parfum, son odeur, l'enregistrant de nouveau comme sienne, comme si elle avait pu l'oublier durant son incarcération. Après quinze lunes sans pouvoir le voir, le sentir, le toucher, ne pouvait-elle pas se le permettre ? Ce n'était rien de plus qu'un moment de flottement comme beaucoup pouvait y prétendre... Un geste fraternel comme il était coutume et usage au sein de beaucoup de familles. Mais pas vraiment dans la sienne... Cobra Royal n'avait jamais fait dans la démonstration d'affection profonde, mais il rehaussait au moins l'inexistence côté maternel.

L'espace d'une seconde, Mamba Noir laissa les souvenirs lui remonter. S'abandonnant à des images d'enfance, où tous les cinq étaient encore réunis. Une grande fratrie dans laquelle tous semblaient avoir trouvé une place. Si elle était née la plus chétive et la plus timide de tous, son apprentissage au côté de son mentor, et surtout sa dévotion à devenir comme son père, lui avait donné une force de caractère étonnante. Si elle avait toujours mis un point d'honneur à protéger sa famille, elle n'avait pas été la plus présente pour ses frères et sa sœur. Elle avait parfois fait le choix de l'ambition à défaut de sa portée. Pourtant, après tout ce temps passé loin des siens, l'image de son frère juste sous ses yeux lui procurait un réconfort détonant. Au moins, quelqu'un l'attendait. Au moins, quelqu'un semblait s'être fait du souci pour elle. Au moins, quelqu'un avait songé à elle durant tout ce temps. Aussi futilement qu'elle l'avait pausé là, son museau se décrocha de Serres d'Épervier. Reprenant une certaine forme de contenance, elle le couva néanmoins d'un regard presque doux. Elle avait dû lui en causer des soucis. Elle avait dû lui en faire voir de toutes les couleurs, le faire passer par tous les stades émotionnels. Si seulement elle avait pu le rassurer, lui couler un mot pour lui dire que tout allait bien, qu'elle allait s'en sortir et revenir. Le jour où les simples Guerriers connaîtraient les épreuves qui les attendent, le Clan des Étoiles sera devenu fou, songea la tricolore en se sortant cette idée de la tête. S'il n'avait été de sa famille et de son Clan, elle aurait certainement trouvé pitoyable cet étalement de faiblesse et de sentiment. Si elle fit mine de rien, les larmes et les tremblements qui émanèrent du brun touchèrent sa corde sensible. Les mots qui sortirent de sa gueule étaient tranchants, nets, comme mûrement réfléchis pendant des lunes, tentant de balayer violemment toute culpabilité ou apparition quelconque de remords chez son frère. Elle ne lui en voulait pas. Il n'avait pas à s'excuser. Il ne lui devait rien. Elle avait fait elle-même ses choix. Sa voix posée appuyait avec une force inestimable le sens qu'elle donna à ses mots, les articulant en bonne oratrice :

« Serres d'Épervier, relèves donc la tête. Cesses de t'excuser pour un fait dont tu n'es pas responsable. Je vais bien. Je suis là. Tout est fini, maintenant. »

waize

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Bientôt, le museau réconfortant de sa sœur s'envola, comme elle s'était envolée quinze lunes plus tôt : sans rien dire. Et il se trouva seul, dans une démonstration d'affection qu'il n'avait jamais faite. Il aimait ses frères et ses sœurs et tenaient à eux comme à la prunelle de ses yeux -plus qu'il ne tenait à son père- mais Épervier n'avait jamais laissé sa fratrie apercevoir cet amour infini, et intarissable qui coulait en lui pour eux. Il avait joué au maman, Petit. C'est lui, en l'absence de Cobra Royal, qui imposait la discipline à sa fratrie, ou plutôt qui essayait. C'est lui, qui avait dit à Joli Plumage, le jour de son baptême comme il était fier de lui. Œil de Biche s'était contenté de les mettre au monde et de les allaiter. Il avait toujours veillé sur chacun d'entre eux, tant et si bien qu'il avait appris leur faille, leur don, et il les avait tous aimé autant, et différemment.
Myosotis, et son masque de princesse qui dissimulait sa crainte de décevoir leur père.
Plumage, sa fainéantise et ses grands airs princiers qui lui assuraient de ne pas échouer, puisqu'il ne donnait jamais tout.
Renard, le protecteur de Mamba qui pensait se donner du courage en feignant d'être un chevalier.
Mamba, qui avait jeté sa fragilité pour suivre son unique modèle : Cobra Royal dès qu'elle fut Nuage.

Ils étaient tous différents, et tous adorables pour lui. Nés le même jour, Petit Épervier avait néanmoins tout de suite pris la place du grand frère, ce qui l'avait parfois éloigné d'eux. Myosotis et Plumage avaient été ravis de trouver un sujet dévoué à leurs caprices, quand Renard et Mamba avaient rapidement formé un duo fonctionnel.

Puis Myosotis avait disparu dans les serres d'un rapace et Renard avait succombé à ses blessures après la bataille contre l'Ombre et enfin, Mamba qui avait tout bonnement disparue après cette même bataille.
Il ne lui avait resté que son frère, Joli Plumage. Et pour être honnête, ce n'est pas sur lui qu'Épervier aurait parié à la base ! Il était anéanti. Dès la mort de Myosotis, il avait changé. Plus collant, plus radical, plus angoissé. La Mort les chassait; ses précieux frères et ses précieuses sœurs, happés par Elle, volés à lui. Le retour de Mamba n'effaçait pas la culpabilité qu'il ressentait pour Renard et Myosotis, mais au moins le soulageait-il d'un poids. Elle allait bien, elle était là. Mais elle n'avait plus besoin de lui.

« Serres d'Épervier, relèves donc la tête. Cesses de t'excuser pour un fait dont tu n'es pas responsable. Je vais bien. Je suis là. Tout est fini, maintenant. »

Il s'arracha à elle. Elle avait changé. Mamba avait grandi, comme toute sa fratrie. Peut-être plus brutalement que Joli Plumage. Il se redressa, renfermé. Avait-il encore le droit d'être leur grand frère ? Mamba n'avait jamais été dépendante de son affection à lui; elle l'appelait Serres d'Épervier, pas Épervier, pas Époupou. Elle aimait Cobra sans doute plus que sa propre portée.

« Mamba. » Il n'allait pas bien du tout. « Tu es morte pendant quinze lunes. » Il releva ses yeux vers elle, et il lui exposa la pointe de colère qui s'y était glissé. « J'ai veillé sur vous tous comme Œil de Biche ne l'a jamais fait. Depuis toujours. Depuis qu'on est Petits. » C'était trop injuste. « Mon cœur s'est brisé quand j'ai appris pour Myosotis. J'ai cru que je mourrais avec elle. Et j'ai fait des cauchemars pendant des lunes. Avec cet aigle. Énorme, qui... » Il ne pouvait pas tout dire. « nous l'a enlevé. » Petite pause. « J'ai pleuré toutes les larmes de mon corps pour Renard. Sa mort me rend si triste que je n'ai même pas de place pour la haine. Tous les jours de ma vie, je pense à eux et comme il me manques, de ce qu'ils auraient pu devenir, de qui ils seraient tombés amoureux et qui les aurait détesté pour leurs défauts. » Il cligna des yeux, comme pour mieux les planter dans ceux de sa sœur. « J'ai versé plus de larmes pour vous que Cobra et Œil de Biche réunis. » Je vous aime plus qu'eux. « Alors non, ce n'est pas fini. Ce ne sera fini que lorsque je partirai à mon tour, Mamba. Et laisse-moi pleurer de joie, laisse-moi parce que c'est la première fois que les larmes qui coulent le long de mes joues ne sont pas polluées de tristesse et d'idées noires. C'est la première fois depuis que Myosotis est morte que je pleure et que ça me fait du bien. »

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PV. Serres d'Épervier

Pourquoi ? Pourquoi ressentir ce sentiment de culpabilité ? Pourquoi s'accabler de fait dont on est pas responsable ? Pourquoi tenter de remuer une griffe dans une plaie inexistante ? Mamba Noir peinait à trouver une quelconque logique à la réflexion qui semblait germer dans l'esprit de son frère. Quel intérêt pouvait-il trouver à se miner ainsi l'esprit ? Pensait-il que prendre le poids des vies perdues sur ses épaules lui rendait un quelconque service ? Croyait-il que quelqu'un devait le faire ? Dans la seule logique que la Guerrière prenait pour acquise, elle ne trouvait aucune cohérence à tenir de telles pensées. Il est vrai que leur schéma familial ne répondait pas franchement à une quelconque convention collective ou norme. Dire qu'il s'en éloignait drastiquement n'était qu'un doux euphémisme. Mal aimé, voir pas du tout, par leur mère, partiellement considérer par leur père, leur enfance n'en avait pour autant pas été catastrophique. Cinq chatons en santé, cinq chatons égaux devant Mère Nature elle-même et ses aléas. Comme beaucoup de familles de sang clanique, le Clan des Étoiles avaient appelés certaines vies à le rejoindre, tôt, trop tôt. Mais que pouvaient-ils y faire ? Ceux qui restaient devaient-ils porter le fardeau de l'infamie ? Non. En tout cas, elle ne le percevait pas ainsi. Elle n'était pas responsable de la non-sentimentalité de sa mère à leur égard. Elle n'était pas non plus celle à blâmer dans la mort de Nuage de Myosotis. Et encore moins dans la disparition de Nuage du Renard. Elle se dédouanait de toute accusation infondée. Et il devrait en faire de même. Elle n'avait pas poussé Œil de Biche à devenir Reine. Lui non plus. Elle n'avait pas fait le choix d'attirer cet oiseau de proie sur sa sœur. Lui non plus. Elle n'était pas non plus la commanditaire de l'assassinat de Nuage du Renard au front. Et lui non plus. Alors pourquoi vouloir porter un tel fardeau ? Pourquoi vouloir s'affliger pareille besogne ? N'y avait-il pas mieux à faire ? Elle avait disparu, oui. Mais elle était de retour, en vie et en bonne santé. Cela ne suffisait pas ?

À ses oreilles et à son esprit, ses mots sonnaient comme un encouragement. Si elle ne partageait pas sa façon de penser, elle avait tout de même voulu aller en son sens, essayant de le libérer d'un poids qu'elle ne voyait même pas apparaître. Inutile de pleurnicher sur son sort. Inutile de se faire un sang d'encre pour ce qui était à présent le passé. Mamba Noir avait appris à avancer et elle aurait souhaité qu'il en fasse de même. Les remords, les regrets, le chagrin, rien de tout cela n'était sains. Aucune de ses émotions, aucun de ses ressentis, n'avait jamais permis à quiconque d'avancer sereinement. La tricolore avait appris à s'en défaire. Elle avait appris à laisser les choses pour ce qu'elles étaient, ni plus ni moins. Si elle gardait une corde sensible qui vibrait dès qu'elle en avait l'occasion, elle avait compris par elle-même que se morfondre dans la tristesse et la souffrance n'amenait rien de bon. Et tout comme elle avait rompu le contact de sa truffe avec la joue de son frère quelques secondes auparavant, Serres d'Épervier échappa tout contact avec elle, creusant une distance. En moins de temps qu'il en faut pour le dire, elle vit un fossé se creuser entre eux. N'ayant pas eu l'effet escompté, les mots l'avaient visiblement heurté d'une autre façon, lui donnant un air renfrogné et froid que la tricolore ne lui connaissait pas. Et sans le vouloir, elle avait actionné une mauvaise corde. Sous ses yeux vide de toute émotion, elle le vit monter dans les tours puis s'effondrer lamentablement, tentant de lui faire avaler une leçon de morale et de famille. Mettant le museau en plein dans le passé, laissant transparaître colère, jugement et tristesse, le Guerrier venait de semer une graine de surprise dans l'esprit de sa sœur. Qu'était-il devenu ? Était-ce l'émotion qui parlait ? La bêtise ? Immobile, stoïque, décontenancée, la tricolore ouvrit une première fois la gueule avant de la refermer. Elle la rouvrit après avoir logé un regard mêlant douceur et incompréhension dans celui de son frère :

« Tu as changé. Tu sais, je ne réécrirai pas le passé. Et toi non plus. Je ne le renie pas. Pas plus que je ne renie ton attention pendant toutes ces lunes. Tout ne gravite pas autour de toi, tu sais. Je veux dire, s'ils ne sont plus là aujourd'hui, ce n'est pas de ta faute. Tu ne peux pas prendre tout ce poids sur tes épaules parce que tu te crois responsable de nous. »

Elle marqua une courte pause, le regard brillant d'une lueur qui se voulait persuasive.

« Dis-moi, que t'est-il arrivé pendant ces quinze lunes ? »

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♯ Sentinelle

Et bientôt, les mots de Mamba Noir glissaient jusqu'à ses oreilles.

« Tu as changé. »

Il ne put retenir son soufflement amusé, comme une reine attendrie par les bêtises d'un chaton. Mamba Noir se trompait; il n'avait jamais changé, au moins sur ça. C'est elle qui avait grandi loin d'eux, qui avait brutalement changé de personnalité une fois apprentie. Lui, était toujours resté le même matou débordant d'amour pour les siens. Lui, avait toujours pleuré Myosotis et Renard. Lui, s'était toujours auto-flagellé mentalement à chacune de ses erreurs, et même à celle de sa fratrie. Épervier avait toujours été comme ça. Il ne lui avait simplement jamais montré.

« Tu sais, je ne réécrirai pas le passé. Et toi non plus. Je ne le renie pas. Pas plus que je ne renie ton attention pendant toutes ces lunes. Tout ne gravite pas autour de toi, tu sais. »

Eh bien ? Il leva les yeux au ciel, comme un adolescent qu'on sermonne face à ce discours emprunt de suffisance. Comme s'il s'était placé au milieu de l'équation. Comme s'il s'était déjà plaint de ses nuits mouvementées, de ses petits bobos, du mouron qu'il se faisait pour eux quotidiennement. C'était la première fois qu'il s'ouvrait à Mamba, et déjà c'était trop pour elle. Il ne recommencerait pas de si tôt. Avait-il créé des guerriers égoïstes et apathiques, à force de les protéger de son propre mal être ?

« Je veux dire, s'ils ne sont plus là aujourd'hui, ce n'est pas de ta faute. Tu ne peux pas prendre tout ce poids sur tes épaules parce que tu te crois responsable de nous. »

Il finit par couler un regard paternel à la féline, malgré l'agacement que son incompréhension provoquait en lui. Il ne pouvait pas faire autrement; il aimait sa sœur avec ses défauts aussi. Sans doute en sentant la tension, la tricolore bifurqua :

« Dis-moi, que t'est-il arrivé pendant ces quinze lunes ? »

Ses yeux chassèrent le long de l'horizon un instant. Puis un sourire malin vint déformer sa gueule lorsqu'il répondit simplement :

« Tout ne gravite pas autour de moi, tu sais. »

Facile. Ses yeux moqueurs et taquins plongèrent dans ceux de la retrouvée. Fini les confessions auprès de Mamba Noir. Elle ne lui apportait aucun soutien.

« Je crois que tu ne comprendras qu'en ayant des petits. Ou en élevant ceux d'une autre, peut-être. » Le sérieux. Petite pause. « Mais en attendant, si tu cherches une sentinelle pour te refaire la visite du propriétaire, compte sur moi. » La complicité. « J'ai hâte de voir si tu t'es engourdie après toutes ces lunes à ne plus courir le lapin, ha ha ! »

Les disputes ne duraient jamais longtemps avec lui. Jamais quand il s'agissait de sa propre sœur.

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« Rattraper le temps perdu... »

PV. Serres d'Épervier

Tu as changé. Elle avait particulièrement appuyé ses mots, les pensant sincèrement. Comment aurait-elle pu le croire ? Comment aurait-elle pu croire que lui aussi évolue à ce point ? Choquée de l'entendre se prononcer comme il l'avait fait, elle n'arrivait pas à passer à autre chose. Les mots qu'il avait prononcés, le ton qu'il avait pris, tout se répétait inlassablement dans son esprit devenu embué. Voilà comment on gâche des retrouvailles Mamba Noir, piailla une voix dans son crâne. Comme si elle était la seule responsable de ce fiasco. Comme si elle était la seule à blâmer dans toute cette histoire. Peut-être y verrait-elle plus claire en prenant un peu de recul. Peut-être est-ce qu'elle percevrait les choses sous un tout autre angle, une trajectoire bien différente. Pourtant, pour l'heure, elle en était incapable. Incapable de voir plus loin que le bout de sa truffe, incapable de réfléchir davantage tant le côté sensible et émotif prenait le dessus. Aussi loin qu'elle s'en souvienne, elle avait toujours eu ce côté-là. Elle avait eu beau lutter comme elle le pouvait, elle n'avait jamais réussi à l'effacer totalement. Petite, elle courrait pleurnicher dans les pattes de Patte du Renard dès qu'on venait heurter cette corde-là. Son frère savait toujours comment la réconforter, il avait toujours été là pour l'accueillir, essuyer ses larmes et trouver les mots justes pour effacer la peine et la colère. Naturellement et spontanément, elle avait toujours été vers le rouquin pour se protéger et pour se consoler, du moins tant qu'elle en avait eu besoin. Petit Épervier veillait sur elle dans l'ombre de son frère, elle n'en avait que rarement eu conscience à l'époque, mais elle avait toujours su qu'elle aurait pu s'appuyer sur lui aussi, si le besoin s'était fait ressentir. En grandissant, elle s'était éloignée de tout cela. En évoluant, elle s'était forgé une carapace solide, une coquille que peut pouvait véritablement percée, mais qui se démontait immédiatement quand les personnes qu'elle portait dans son être tentaient de s'y frayer un chemin. Aujourd'hui encore, c'est ce qui se produisait. Et malgré l'entaille fraîche, malgré la douleur qui lui bombardait la poitrine, sa voix s'était immédiatement radoucit, avait été moins investigatrice et plus curieuse alors que le reste avait coulé de sa gueule. Elle était sincère, elle voulait comprendre.

Et malgré toute cette compréhension qu'elle tentait d'ancrer dans son esprit, la suite ne lui donna aucune satisfaction, aucune chance de le faire de manière lucide. Un soupir amusé, un regard au ciel, un pseudo-regard protecteur et finalement un sourire malingre s'accrochant à ses babines après avoir fait un tour d'horizon du regard. Et comme si cela ne semblait lui suffire, il continua sous les yeux vides de la femelle tricolore. Des mots qui sortent de sa gueule, reprenant l'expression qu'elle avait, elle, employé avec un élan de bienveillance, et qui ouvre un peu plus la brèche de la première écorchure. Que cherchait-il réellement ? Était-il vraiment conscient de ce qu'il faisait ? De ce qu'il disait ? De l'impact de ses mots ? Si ces questions tourmentaient l'esprit de la Guerrière, la chargeant d'une souffrance vive, pas une seule fois l'idée de la réciprocité ne lui vint. Elle ne le comprenait pas. Qu'avait-elle fait pour mériter cela ? Est-ce qu'il lui en voulait de s'être absenté tant de lunes ? Avait-elle réellement fait ce choix en âme et conscience ? Pouvait-on le lui reprocher ? Un goût amer en gueule, la fille du serpent regretta un instant ce moment. Sur le vif, elle en vint même à regretter cette marque d'affection qu'elle lui avait porté une poignée de seconde avant. Et s'il pensait peut-être arranger les choses en reprenant la parole pour lui faire un semblant de leçon, tout eut l'effet inverse. Des petits ? Vraiment ? Pensait-il réellement être la figure paternelle de la fratrie ? Pensait-il un seul instant avoir pris ce rôle aux yeux de ses frères et sœurs ? Elle ne l'avait jamais entrevue comme tel. Et elle ne le verrait jamais ainsi. Il n'était pas son père. Il ne remplacerait pas son père. Elle avait un père. Cobra Royal était celui qui lui avait en parti donné la vie. Bloquée dans cette optique, dans cette vision centrée sur sa propre sensibilité, elle ne vit sa tentative de changer de sujet et de détourner l'attention que comme une moquerie de plus, une tentative de l'endormir après l'avoir affligé d'un mal qu'elle n'avait pas ressentit depuis bien longtemps. Mécaniquement, inconsciemment, elle se leva pour mettre de la distance avec son frère, effectuant de la même manière une tentative de manœuvre d'éloignement mental, une mine profondément neutre, des babines relâchées donnant l'impression de n'avoir jamais souris et finalement une voix aux allures froides qui sortir d'entre elles :

« Assez. Je n'ai pas besoin de toi, ni de ton aide. »

waize

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Merci milles fois Top ! :keur:

Mamba Noir siffle en #4368a5

Cadeau ♥:

♯ Sentinelle

Mais Mamba Noir fut vraisemblablement blessée par toutes ses remarques. Elles étaient pourtant empruntes de vérité pour lui. Il avait porté dans la pouponnière beaucoup plus de choses que ses frères et sœurs. Il avait été témoin de l'indifférence stricte de leur mère, et même une nuit il l'avait surprise à dormir dans la tanière des guerriers au lieu de s'assoupir dans la pouponnière avec ses petits. Tout cela l'avait rendu plus fort, et il avait accepté que leur mère n'était rien de plus qu'une génitrice. Comme toute sa portée, il s'était alors rapproché de leur père, plus présent malgré ses responsabilités de sentinelle, puis de lieutenant.

Il avait veillé sur Petit Myosotis, Petit Renard, Petit Plumage et Petit Mamba avec la même attention qu'une mère. Il n'en demeurait pas moins un chaton, et restait donc incapable de les éduquer. Mais les aimer, et craindre le moindre danger, oui. C'est pour cela qu'il était devenu sentinelle, contrairement à ce qui se disait dans le Clan. Il ne voulait pas particulièrement suivre les traces de Cobra Royal, mais être armé pour protéger ceux qu'il aime.

« Assez. » répondit alors froidement la tricolore en se redressant. Elle partait. « Je n'ai pas besoin de toi, ni de ton aide. »

Il eut un sourire triste alors que son cœur venait d'être malmené, encore. Mais il ne la retint pas.

« Non, tu n'as besoin de personne. »

Et il était fier de le dire. Quoi qu'elle put en penser, sa sœur pouvait toujours compter sur lui. Tout cela n'était qu'une vulgaire brimade à ses yeux, et puisqu'elle était froissée, il lui fallait la laisser filer.

Elle venait de réintégrer le Clan, et Mamba Noir avait toujours eu de sacrés problèmes d'ego de toute façon. L'idée d'être dépendante de qui que ce soit devait sans doute la dégoûter après toutes ces lunes de solitude...

Ses yeux s'arrachèrent à la silhouette de sa sœur avec difficulté. Elle venait de réapparaître et elle le quittait déjà. Mais il finit par se lever à son tour et se dirigea de bon cœur vers la pile de gibiers afin d'en apporter aux anciens. La journée n'était pas finie.

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Serres d'Épervier s'exprime en #f6e122.

« Rattraper le temps perdu... » || PV. Serres d'Épervier. - end. Epervi10

Merci à mon Secret Santa 2021 : P'tit Lu ! :keur:

Illustration par Nmirah:

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