//TW flirt// Bonjour très cher~ | ft Fifou - end

Bonjour très cher~(6)


Les rumeurs courraient, courraient plus vite qu'une "bonne" Sentinelle ayant aperçu un étranger ! Et quelles nouvelles elles apportaient, ces rumeurs. Des choses bien curieuses, quand on prenait le temps d'y réfléchir, à la place d'écouter les paroles vides d'intelligence du chef. Apparemment, nos voisins opposés se seraient mélangés avec le clan de la Rivière. N'était - ce pas incroyable ? Un début à l'ouverture des clans sur les autres ? Bien sûr, beaucoup disaient que cela devaient être une énième guerre entre les deux adversaires, mais... J'avais des doutes. Les guerres, ça passait vite, c'était tristement normal. Cependant cette rumeur était fortement ancrée dans la bouche et les oreilles de tous. Ça traînait. Ça s'intensifiait. Ça m'interpellait fortement. Je voulais voir de mes propres yeux, chats des Forêts et chats de l'Eau cohabiter sans problème. Ou alors, le Tonnerre s'était vraiment fait envahir ? Je préférais rester positif. Et au courant. Car si cette dernière idée était vraie, nous étions techniquement les prochains, la cible facile.

Je me dirigeais vers la frontière des Quatre Chênes, trépassant avec plaisir la limite odorante. Officiellement, je dirais que j'avais pourchassé une belle proie. Et un terrain neutre, on pouvait me punir d'avoir mis les pattes dans un terrain neutre pour une belle proie ? Officieusement, cette proie, c'était bien sûr la rumeur. Mais bon, les idiots croiront ce qu'ils voudront. Je passe à travers les énormes arbres, vivant ensemble, proches de leurs congénères sans dispute. Représentaient-ils vraiment les quatre Clans, si on regardait les choses de cette façon ? Bientôt peut-être, bientôt.

Je me rapprochais de l'orée de la forêt. Mes oreilles pétillaient. Que se passait-il de ce côté de la frontière ? Sans la passer, je reniflais pour commencer. Juste pour vérifier les faits. Et effectivement, le bois et la rivière, les odeurs flottaient ensemble, même si celle du Tonnerre restait bien plus importante. Donc pas d'invasion. J'aurais pu le rapporter aux miens, mais bon. Je connaissais le prix des aventures extra-territoriales. Toujours à la frontière, je me tâtais. Je continuais mon observation, ou était-ce suffisant ? Regard à droite, regard à gauche. Personne.. L'occasion était trop belle, mon envie d'aventure et de découverte trop forte. Je piaillais devant la limite odorante. Je risquais une seconde marque si le vent me mettait la patte dessus, mais qu'ils aillent à la Forêt Noire avec Tâche d'If ! J'étais sûr que là bas se trouvait notre futur.

Bon.. je ne voulais pas non plus directement être dégagé par un guerrier du Tonnerre. Ou de la Rivière. Ou de la... Tonnerrive ? Comment faire. De buis en buis ? Mais cela ferait trop de bruit. Et l'autre solution était de... Je levai la tête. Monter aux arbres. Un post idéal d'observation. Si nous en avions plus sur nos terres, j'étais sûr que certaines Sentinelles se les ar-ra-che-raient. Bref. Le plan idéal. Il fallait juste.. grimper. Ça ne devait pas être si compliqué, si ? Si les chats du Tonnerre y arrivaient, nous restions tous des chats ! Alors je me ramassais sur moi-même, prêt à sauter contre le tronc. Je m'envoyais en l'air -pas de cette façon voyons- et m'agrippais contre le tronc dès que j'entrais en contact avec. Et là, tout le poids de la gravité pesa sur mes longues pattes. Taillées pour la course et non pour me hisser en hauteur, il ne fallut pas longtemps avant que..

B O O M.  

Musaraigne avait été sur son dos - pas comme ça - toute la matinée. Apparamment ses partenaires de patrouille l'avait passée à se moquer de lui et son arrivée tardive dans la tanière des guerriers. Bien sûr (bien sûr), c'était à Coup de Foudre de régler cette insignifiante dispute. Le bengal ne lui avait pas prêté d'attention - il n'avait pas le temps - le chassant d'un coup de queue sur le nez en se dirigeant vers la pile de proies pour compter les stocks, ce qui ne fit que courroucer davantage le guerrier. Il le suivait à la queue leuleu en feulant. À la queue leuleu lorsqu'il passa par la tanière des guerriers, vérifiant qu'aucun d'entre eux n'avaient le moindre symptômes de maladie. À la queue leuleu lorsqu'il passa vite-fait chez Amour-en-Cage, pour lui demander si d'autres cas ne lui avaient pas été emmenés. À la queue leuleu (et Poil de Musaraigne s'essoufflait) lorsque Coup de Foudre trottina jusqu'aux Rochers du Soleil pour longer la Rivière et saluer Edelweiss Sauvage de l'autre côté. "Ne t'occupe pas de lui, comment va Muguet?" "Et Lavande?" "La pêche est bonne?".

Il n'aurait jamais cru un jour que ce genre de smalltalk puisse être utilisé à des fins stratégiques. La pêche n'était pas si bonne, mais ils pêchaient. Ça signifiait que les poissons revenaient, et la nouvelle apaisa le Lieutenant. Poil de Musaraigne lâcha le morceau lorsqu'il se rendit compte que l'ancien apprenti de son père ne l'aiderait pas. Il lui vociféra, en s'éloignant, le dos rond et le poil dressé, qu'à Coup de Foudre "il n'y avait que le sort des étrangers qui l'intéressait". Qui sait si Coup de Foudre, en souhaitant aurevoir à Édelweiss, l'avait entendu.

Qui sait ce qu'il lui aurait répondu.

Il suivit le cours d'eau de la rivière, la tête pleine d'idées. Que feraient-ils si une guerre se déclarait ici et maintenant? Étoile d'Or et lui avaient convenus que la Rivière et le Tonnerre s'en tiendraient le plus possible à un respect cordial, mais on changeait mal les préconceptions plantées depuis trop longtemps. Les racines étaient longues, et il n'était pas guérisseur - et surtout pas guérisseur de moeurs - se rappelant distinctement de sa dernière fois à tenter de déraciner un prêle. Un sensation fantôme de petits picotements au nez lui fit plisser ce-dernier et agiter les moustaches, réprimant un rire pour lui-même. Qu'en était-il de leurs relations - pas comme ça - avec le Clan de l'Ombre? Et celui du Vent? Valait-il mieux ne rien savoir de plus sur eux et leur ficher la paix? Non - tous les Quatre se rejoignaient aux Chênes, à chaque Pleine Lune, pour échanger.

Enfin, tous les Quatre - exempt de Coup de Foudre. La seule Assemblée à laquelle il avait eu droit d'assister était celle qui avait abreuvé les Chênes de leur sang - après quoi, ni Étoiles de Vautour et de Cendre ne lui avaient autorisés à les rejoindre. Quant à Masquée,...

Un bruissement sortit le bengal de sa promenade - puis on gratta quelque chose, et tous les sens en alerte il se mit en chasse, se hâtant à longues foulées en amblant entre les buissons bourgeonnant des fourrés. Boum - devant lui venait de tomber d'un arbre, un chat tout gris aux rayures mackerel, les quatre fers en l'air. S'il se hâta de s'approcher, il ralentit considérablement son pas après quoi, se décontractant après avoir reniflé l'air et confirmé qu'il ne s'agissait ni de feu son amant ni de -- ... son-- ... leur chef.

— « Recommence! il lança à l'intention de l'autre chat, s'avançant comme si de rien n'était. Tu ne vas quand même pas laisser cet arbre gagner?

Qu'est-ce qu'un chat du Clan du Vent, le Clan le plus reclus qu'il connaisse, faisait aussi loin de chez lui? En vérité Coup de Foudre s'en fichait, car il y avait mieux: qu'est-ce qu'un chat du Clan du Vent, le Clan le plus reclus qu'il connaisse, faisait à tenter de grimper dans un arbre? C'était ça qui l'intéressait, et il ne prit même pas la peine de dissimuler le hoquet dans ses épaules en se moquant (gentiment) de l'étranger.

Bonjour très cher~(6)


" Recommence ! "

A peine remis du choc qui traversait tout mon dos, que mon cœur en subit un de suite. Par réflexe, mes pattes se plièrent devant mon museau, le protégeant d'une nouvelle marque. Rien qu'un léger traumatisme. Je ne pensais pas directement être trouvé. Quoique, avec une telle chute, c'était fort logique en fait. Je plissai les yeux, tentant une mise au point sur le museau se rapprochant de moi. De loin, à l'odeur, c'était un pur du Tonnerre. Et à la voix, pas agressif. Je m'en serais réjoui sur mon dos n'était pas dans le même état qu'une galerie de lapin qui s'effondrait. Il parla de ne pas laisser l'arbre gagner. Je me retournai comme un gros ver de terre pour douloureusement me remettre sur pattes et longuement m'étirer -pourquoi se presser vu que je n'étais pas explicitement chassé ?- Je laissais s'échapper des petits "ouille ouille ouille" avant de prendre enfin la peine de comprendre qui se dressait devant moi.

Massif, grand, une bonne oreille en plus que le petit Moineau que j'étais, un fier Bengal se trouvait devant moi. Et à ses couleurs, ses cicatrices et son air très séduisant, il ne fallut pas longtemps pour que mon cerveau se remette de la chute et me trouve le nom. Coup de Foudre. Le Coup de Foudre. J'ai du apercevoir son pelage il y a trente lunes de cela, lors de l'attaque de la Lune Rouge, ou bien quelques lunes après, lorsque Tâche d'If nous avait conduit dans leur camp pour les "punir". Ce chat plein de mystère et de dramas. Magnifique. Les seules fois où j'aurais pu le rencontrer, ça aurait été lors d'un échange de coups de griffes. Mais j'étais bien plus intéressant par un échange de pensées et paroles ! Plus si affinités. Je fus si content d'avoir fait une telle trouvaille que j'en oubliai presque l'arbre qui gagnait ! Je m'ébrouai une dernière fois pour mettre toutes mes vertèbres en place.

" Ohoh, gagner, perdre... Il faut être en compétition pour cela ! Je pensais plus à... de l'entraide. Mais bon, vu qu'on m'a trouvé, j'imagine qu'il n'a pas rempli sa part du marché ! " ronronnais - je légèrement rouillé par la douleur qui s'amenuisait. Je relevai la tête vers la cime du feuillu.

" Impressionnant, on en rencontre peu dans mon clan. "

Je me retournai vers le charcoal qui m'avait cueilli, sourire aux babines.

" Que ce soit de tels arbres, ou des chats qui n'arrachent pas les oreilles des intrus. " déclamais - je. Voir de leurs camarades, lorsque je repensais à Pas de Loup, ou à note vénérable chef.

Il ne doutait de rien, ce gris-là, à prendre son temps à se rouler sur le ventre. La pensée lui arracha un sourire. Elle lui rappela, au mot près, la voix d'une certaine "Pie Voleuse" le cycle dernier. Il observa l'autre chat se remettre à l'endroit, et d'yeux bleus lui firent face.

D'yeux bleus momentanément confus, qui s'arrondirent, faisant se hausser les arcades de ses sourcils et pointer ses oreilles droites sur un port minutieusement entretenu. Coup de Foudre pencha la tête en feignant comme si, interrogeant l'étranger avec les yeux plutôt que des mots. À se faire scruter de la sorte, il ne put s'empêcher de joliment courber la nuque, faisant mine de le contourner en roulant l'épaule, hissant à peine un avant-main de l'herbe. Il aimait ce qu'il voyait? Ça en avait tout l'air.

Il se permit de le scruter en retour - c'aurait été mentir de dire que les couloirs de rayures minces ne lui donnaient pas envie de se perdre dedans, mais quelque chose, plus que sa carrure (car l'étranger s'ébroua, puis, se hissa sur ses quatre pattes) finement taillée, digne des meilleurs coureurs des landes, attira son attention. Quelque chose, à son visage, qui le laidifiait.

Comme le faisait la cicatrice séparant ses deux visages à Raton-Laveur, celle descendant l'oreille de feu son amant Graine de Tournesol, celles qu'on avaient creusées dans le faciès de "Nuage de Lapin"... Mais Coup de Foudre avait plus de tact que de laisser ses yeux suivre les deux marques se croisant en X au bord de la bouche de l'étranger, plongeant plutôt son regard dans le sien, moqueur et froid à la fois.

— « Ohoh, gagner, perdre... Il faut être en compétition pour cela ! Je pensais plus à... de l'entraide. À ne pas s'y méprendre, le bengal ne se réchauffa pas tout de suite, répondant plutôt en penchant sa tête de l'autre côté. Mais bon, vu qu'on m'a trouvé, j'imagine qu'il n'a pas rempli sa part du marché !
— "Il" ?

Désignait-il l'arbre?

Coup de Foudre ne sut dire s'il avait détourné le sujet ou s'il poursuivait son idée:

— Impressionnant, on en rencontre peu dans mon clan.

Il suivit la direction de son attention - un orme dont les feuilles éclosaient plus vite que les autres. Ce n'était pas leur Sycamore (et ce n'était pas l'un des Quatre Chênes) mais l'étranger du Vent lui avait dit qu'il n'y avait pas beaucoup d'arbres, chez lui.

— Mm hm?
— Que ce soit de tels arbres, ou des chats qui n'arrachent pas les oreilles des intrus.

Qu'est-ce que... c'était que ce ton?... Coup de Foudre le releva prudemment dans un coin de son esprit, baissant ses yeux de l'orme pour regarder, placide, le chat gris. Et puis il lui sourit.

— Sauf si on me le demande gentiment. ♡

Il ferma les paupières, le contournant d'une allonge qui se termina d'un chassé de la queue. Arrivé au pied de l'orme il se ramassa sur lui-même et bondit sur le tronc, sortant les griffes, griffant l'écorce, tirant dans la force de ses avant-mains pour se tracter à la verticale jusqu'à une branche où il se hissa sans le moindre mal. Il s'y assied. Non - il s'y coucha, profitant de la hauteur pour observer d'un autre angle l'étranger. Maintenant qu'il avait vu la technique, tenterait-il de l'y rejoindre? À voir.

— C'est pareil pour nous, on en rencontre peu, des chats du Vent venus essayer de grimper les arbres. Il porta une patte à ses babines pour la lécher, et se la passer sur la joue. J'ai entendu dire que les oiseaux dans la Lande sont dangereux. Que vous en faites la proie. C'est pour ça que tu es ici? Ha hah, c'est un entraînement pour atteindre leurs nids?

L'un des avantages du smalltalk était d'ouvrir la parole à l'autre et lui faire baisser sa garde - consciemment ou non.

Bonjour très cher~(6)


L'échange fut particulier. Enfin, intelligent. A la place de se lancer des coups de pattes griffues, nous avions préféré les œillades. Nos regards respectifs suivirent les mouvements de nos rayures respectives elles aussi. Une manière beaucoup plus agréable de se rencontrer, plutôt que de se cracher dans les oreilles. Nous regardâmes cet arbre qui m'avait laissé tomber avant qu'il réponde à la fin de ma phrase. Si on lui demandait ?

" Aha, non merci mais c'est gentil de proposer ! "

J'avais assez de cicatrices comme ça. Puis je vis que le bengal aussi était orné de quelques marques. Pattes, oreilles, bassin, ... et une spéciale sur le cœur. Des punitions visibles se faisaient aussi au Tonnerre ? J'en aurais entendu parler si oui. Puis les chefs actuels avaient plutôt... nonchalants. Bref, étrange cicatrice. De toutes façons, je n'ai pas pu la regarder longtemps. Le guerrier du Tonnerre passa rapidement devant moi. En une foulée, le voilà dans l'arbre que l'on regardait, flexion et.. !! Quel saut ! Ses membres tendus et musclés démontraient bien l'entrainement particulier qu'avait son clan ! Il savait monter aux arbres et ça se voyait. Fièrement, le chat - écureuil se coucha sur une branche, plutôt épaisse. Perchoir bien mérité.

Coup de Foudre me renvoya l'observation. Les chats du Vent qui grimpaient aux arbres, ça ne courrait pas dans le coin. Je rigolai sincèrement, les yeux feignant l'innocence. Le chat perché restait bien renseigné. Vu qu'il devait avoir mon âge, ce serait triste qu'il ne sache rien sur les autres clans. Il connaissant nos parfois-prédateurs, parfois-proies qu'étaient les grands rapaces. Un entrainement pour les chasse de leurs nids. Ça aurait été une bonne excuse ! Mais si l'autre chat était assez expert en la matière..

" En effet, ce serait un bon entrainement ! Mais il me faudra plutôt des arbres en pierre. Ces sales Aigles aiment bien nicher sur les flancs des Hautes Pierres, plutôt que les arbres ! " miaulais je la tête levée vers mon hôte.

Rapidement, je me dis que je ne pourrais pas tenir toute une conversation seul, là, en bas. Alors j'allais devoir réitérer l'expérience. Au pied de l'arbre, je me repliai une nouvelle fois sur moi-même avant de sauter le plus haut possible. Mais là n'était pas le plus dur. C'était de se hisser. Et cet arbre avec des branches plutôt hautes. Une fois que j'étais sûr d'être bien accroché, je me mis à grimper avec grande attention. Histoire de ne pas tomber à nouveau.

" Mais disons que je ne serais pas venu si loin juste pour grimper à un arbre ! Je me serais contenté du verger. Moins loin. Moins... punissable. "

Et encore... Mais juste me déconcentrer un instant sur l'esprit trop stricte de mon clan me fit louper une prise et je glissai d'une longueur de queue sur le tronc. Je miaulais de surprise, mais mes griffes tinrent le coup. Ma grimpette continua. Je visais la branche la plus accessible.

" Ce qui m'amène ici.. C'est de voir si les chats de la Rivière sont d'aussi piètres grimpeurs que les chats du clan du Vent !~ "

Et pour illustrer mes propos, pas intentionnellement pourtant, je me jetai sur cette précieuse branche avant de pédaler des pattes postérieurs dans le vide. Un coup latéral sur le tronc, et voilà la force nécessaire pour me hisser finalement sur la branche. Nom d'un lapin, qu'est ce que c'était épuisant... Je repris ma respiration avant de lécher mes pattes, assis maladroitement sur le bras de l'arbre. Vérifiant mes griffes au passage.

— « En effet, ce serait un bon entrainement ! Mais il me faudra plutôt des arbres en pierre. Ces sales Aigles aiment bien nicher sur les flancs des Hautes Pierres, plutôt que les arbres !
— Mieux vaut apprendre à grimper l'écorce avant de grimper la pierre, non? »

Ne serait-ce que pour s'entraîner les griffes, et entraîner le corps à porter son poids. Le bengal poursuivit sa toilette, laissant l'un de ses postérieurs pendre de sa branche en prenant ses aises dessus. Il fit descendre sa queue d'un côté, recourbant le bout en hameçon - et l'hameçon fonctionna. L'étranger, qui semblait avoir la langue bien pendue - pas comme ça - voulu poursuivre la conversation à terrain égal.

Il écouta sa demande : il recommença, se repliant sur lui-même en se calquant à la technique du bengal pour enserrer ce qu'il pouvait du tronc entre ses fines pattes. Coup de Foudre lui jeta un coup d'oeil en biais, faisant mine de s'en désintéresser, l'aguichant de cette mine de rien en se trahissant toutefois d'une oreille qu'il pivota vers l'extérieur, attentif aux sons. Définiraient-ils une victoire, ou un échec? Un ronronnement lui prit au ventre - il le tut aussitôt.

... Ni une victoire, ni un échec: après la deuxième tractée des avant-mains, il entendit une patte de l'étranger peiner à trouver son appui (c'est que ses postérieurs étaient développés pour la propulsion), mais tenir bon, tout en tenant le fil de leur conversation.

— « Mais disons que je ne serais pas venu si loin juste pour grimper à un arbre ! Je me serais contenté du verger. Le verger - un voile d'ombre couvrit momentanément les yeux du Bengal, qui ne dit mot. Moins loin. Moins... punissable.
— « Punissable.

La lumière revint - et le ton aussi.

Il fit tiquer son oreille au bengal qui pour jeta un autre coup d'oeil au grimpeur en herbe. Qui glissa. Coup de Foudre haussa un sourcil en entendant l'écorce crisser sous la maladresse et le miaulement qui échappa à l'étranger, et il se garda bien de lui faire entendre tout rire de sa part. Aucun encouragement non plus, bien qu'il se permit de bouger un peu sur sa branche pour se tourner en constatant que son interlocuteur n'avait pas abandonné l'ascencion.

— « Ce qui m'amène ici.. C'est de voir si les chats de la Rivière sont d'aussi piètres grimpeurs que les chats du clan du Vent !~
— Mm, j'en doute. Ce n'est qu'un orme, et j'ai enseigné à une amie du Clan de la Rivière à monter l'un des Quatre Chênes avec moi. »

Soudain l'étranger bondit - il se campa sur ses postérieurs pour se jeter de tout son long vers la branche du bengal - qui se hâta de se lever sur quatre pattes et de s'écarter d'un pas-de-chassé afin d'offrir plus d'espace de manoeuvre à l'autre, qui avait réussi à s'agripper (Coup de Foudre ponctua sa réussite d'un sifflement impressioné), mais qui en revanche peinait à se hisser.

— « Ha ha hah! Tu y es presque! ♫

Est-ce qu'il aurait pu pencher sa tête pour lui attraper la nuque et le soulever avec lui? Certainement. Est-ce qu'il prit la peine de le faire? Certainement pas! La branche se mit à descendre de bas en haut en arrachant un autre gloussement au bengal qui ouvrit la bouche sur de véritables esclaffées à la vue de ses pattes qui battaient frénétiquement le vide. En se balançant, il parvint à donner un coup latéral au tronc et la force de l'impact, joint aux noeuds dorsaux qui firent danser les petites mouchetures de son pelage, lui firent monter à la hauteur du bengal qui terminait la pointe de son rire en l'étouffant sous cape.

Ce petit jeu d'effort avait légèrement défait la toilette du guerrier, et Coup de Foudre inspira l'air de la hauteur en s'approchant, tandis que l'autre s'occupait à vérifier ses griffes. Coup de Foudre soutira vite-fait à l'autre mâle une lapée de la joue à son oreille. Puis, il fit mine de remuer l'arrière-train, mais c'était pour bondir sur le tronc, lui taquiner le nez d'un coup de queue dessus et se percher une branche plus haut.

— « Pas mal.   Tu es satisfait? Sa queue, recourbée en hameçon, oscillait au nez du chat du Vent sur la branche en dessous.

Bonjour très cher~(6)


Mon ascension fut surveillée d'un œil rieur. D'habitude, c'était moi qui m'amusait avec les autres. Enfin, je riais avec eux, à un moment, avant qu'on ne me marque. Je n'étais pas vexé des rires étouffés. Ça me faisait plaisir de retrouver un peu de cette simplicité. Et encore plus plaisir une fois que je fus assis sur la branche plus-ou-moins en sécurité ! Coup de Foudre lança des fleurs à ses voisins. Je mimai l'indignation ! J'étais si mauvais ? Je portais une patte à mon poitrail.

" Et bien, si on m'emmenait grimper avec un beau professeur aux Quatre Chênes, j'apprendrais plus vite moi aussi !" ronronnais - je.

Et devant mon poil décoiffé par l'effort, je fus félicité d'une lèche sur la joue, remettant tout en place. Mon ronronnement s'interrompit un court moment, par agréable surprise ! Je fus souriant et tout contant, mais le bengal me fuit une nouvelle fois, profitant de ses capacités. Il sauta sur une branche plus haute. Je fis claquer mes oreilles, un peu déçu, mais je le suivis du regard. Sa queue sur ma truffe, je tapai joueusement de la patte dedans. Comme un chaton avec sa mère. Je la soulevai pour pouvoir regarder le chat des arbres dans les yeux. Satisfait ? Mmm...

" De l'escalade ? Je suis content d'y être arrivé mais la course me plait beaucoup plus. Et de ma visite ? Pas encore non. Pourquoi quitter une compagnie agréable si rapidement. "

Je m'orientais vers le mâle grimpeur, posais mes pattes arrières convenablement pour pouvoir lancer mes pattes contre le tronc. Griffes sorties, je les limais sur l'arbre, avec un air entre insolent et aguicheur. Pour une fois que je pouvais m'amuser. Sans retenue. Tout en laissant glisser mes griffes, je continuais mes petites recherches.

" Donc tu as donné cours à une chatte "ennemie" ? Ça va mieux entre vos clans ? De mémoire, Tonnerre et Rivière sont plutôt habitués à s'entredéchirer. "

Un nouveau gloussement lui échappa au coup de patte sur sa queue, se penchant légèrement sur sa branche pour gentiment dévisager d'au-dessus l'étranger, qui tardait à le rejoindre. Était-il satisfait?

— De l'escalade ? Je suis content d'y être arrivé mais la course me plait beaucoup plus. Coup de Foudre, lui, se plut à imaginer tenter de le doubler à la course, avant d'être taclé dans l'herbe et de rouler-bouler avec lui. Ses paupières se plissèrent. Et de ma visite ? Pas encore non. Pourquoi quitter une compagnie agréable si rapidement.

Ce n'était pas le ton qui l'interpella, cette fois. Voilà plus d'une fois que le chat gris à rayures ne se gênait pas pour le flatter. D'abord en se rinçant l'oeil, en silence, puis plus explicitement, le désignant de "beau professeur", et maintenant, de "compagnie agréable". Coup de Foudre était indéniablement attiré - physiquement?

Vous déconnez?

C'est un chat mâle, gris, avec des RAYURES, un joli museau crochu, avec un coeur de rebelle - l'audace de ce chat réveillait de vieilles braises sous ses coussinets qui s'étaient éteintes après la mort de son amie. Qui s'étaient éteintes après tout ces pas qu'il avait marché à travers tout le territoire du Tonnerre pour les patrouilles, pour surveiller les frontières, pour s'assurer de la santé de leurs voisins. Qui s'étaient éteinte après qu'il ait prêté sa renardière -- mais Coup de Foudre n'était pas dupe. L'autre chat l'avait reconnu et qui sait quelles rumeurs il avait entendu à son sujet? Qui sait s'il n'avait pas été envoyé pour le distraire - de la même façon que Nuage du Lapin s'était servi de lui pour distraire le Clan de l'Ombre.

Il succédait les hypothèses jusqu'à ce que le mâle ne se lève sur deux pattes - s'était-il enfin décidé à le rejoindre? - n'enfonce ses griffes dans le tronc - pas trop tôt - et se les lime d'une looongue traction. Un geste insignifiant, vous me direz, mais pas aux yeux du bengal, trahit par ses pupilles qui se dilatèrent considérablement dans ses yeux. Rayures et mouchetures suivirent la langueur du mouvement et ce fut à Coup de Foudre de se rincer impunément l'oeil.

— Donc tu as donné cours à une chatte "ennemie" ? Ça va mieux entre vos clans ? De mémoire, Tonnerre et Rivière sont plutôt habitués à s'entredéchirer. "
— -- Pff--

Pffha ha ^HA HA ^HA HA HAAAAH,  ha ha ha hah !!

La branche au-dessus se mit à descendre de bas en haut en faisant bruisser les feuilles sur leurs tiges, suivant le ballant dans le ventre du bengal. Il secoua sa tête, tentant de retenir ses esclaffées, mais elles se vengeaient en faisant sursauter ses épaules. Elles s'échappaient entre ses dents fortement serrées dans un sourire cuspide, carnassier:

— J'halluci-_hi-HIne!  il l'accusa d'yeux rieurs. Vous êtes tous pareils au Clan du Vent ou quoi!?

Bonjour très cher~(6)


Sa peau tiquait, sursautait, ondulait face à mes petites piques lancées. Mais le guerrier se retenait. Mais c'était mieux ainsi. Les proies faciles à attraper étaient trop vite gobées. Savourer était de loin plus plaisant. Cœur de Marbre par exemple, quel plaisir d'avoir réussi à briser sa carapace, quelle récompense s'y cachait en dessus ! Et le monde était rempli de petite perle comme cela. Moi même j'en étais une si on me brossait dans le sens du poil. Cette fois-ci, le Bengal s'abstint de répondre à chacune de mes phrases. Trop perdu dans les courbes de mon dos peut-être ? Si la langue ne parlait pas, les yeux laissaient parfois passer un message. Je plissais les miens, sondeurs.

Mais ma dernière question, celles qui portaient sur les clans avoisinant les Rochers du Soleil, le décoinça. Un rire. Quel rire ! A vous en donner des frissons dans toute la colonne vertébrale ! Mais quel genre de frisson, je ne pourrais pas encore trop le déterminer. Adrénaline, joie, peur, surprise ? Un savant mélange de tout cela ? Je ne savais le dire, trop fixé sur le grand chat dont les babines s'étiraient pour laisser les canines se révéler, dont les épaules secouaient tout l'arbre. Je réprimais une pensée de comment ces épaules pouvaient me secouer. J'ouvris grands les yeux à sa remarque, mi piqué et mi rigoleur. Je détachai mes pattes du tronc, et debout sur mes quatre membres, me fit le plus grand possible vers le chat perché.

" Ça dépend à quel chat du Vent tu me compares, mon cher ! Choisis le bien ou je risque de me vexer. "

Je passai ma langue sur ma patte pour qu'elle aille coiffer l'autre joue dont le charcoal ne s'était pas occupé. Je fermais les yeux et m'assis.

" Par pareil, tu sous-entends quoi ? Bavard ? Curieux ? Mal-poli ? Trop familier ? Désolé si je t'ai vexé, mais tu m'as tout de suite fait sentir à l'aise ! "

Je coulai un regard vers là où la lande se situait, ma truffe ne me trompait pas.

" Par pareil... Donc tu en as vu d'autres ? On est donc plusieurs à vouloir voir des museaux plus joyeux que ceux du camp ? A s'éloigner des frontières si bien gardées ? "

Un long sourire orna mon museau.

" Intéressant, chers petits camarades. "

L'accusation foudroya de toutes parts le pauvre gris sur le fait. Surpris, rieur, vexé, il enleva ses pattes du tronc - Coup de Foudre ne bougea pas d'un iota - et se hissa de toute sa finesse sur la branche dessous la sienne et ce, sans baisser les yeux.

— « Ça dépend à quel chat du Vent tu me compares, mon cher ! Choisis le bien ou je risque de me vexer.
Craignant de perdre contenance, l'étranger se chargea d'une toilette rapide, remontant la direction des poils de son autre joue, s'asseyant ensuite. Par pareil, tu sous-entends quoi ? Bavard ? Oh ça pour être bavard il l'était, mais ce n'était pas une caractéristique qui lui déplaisait. Curieux ? Ça non plus. Mal-poli ? Et encore moins... Trop familier ? Pitié...

— Désolé si je t'ai vexé, mais tu m'as tout de suite fait sentir à l'aise !
— Hm ~

Son interlocuteur regarda ailleurs. Inutile de se tourner pour voir par où - c'était les Quatre Chênes, par là-bas. Et au delà? la direction des Landes.

— Par pareil... Donc tu en as vu d'autres ? On est donc plusieurs à vouloir voir des museaux plus joyeux que ceux du camp ? À s'éloigner des frontières si bien gardées ?
— Que penses-tu de quatre?
— Intéressant, chers petits camarades.
— Ah - encore ce ton.

Très bien - la branche de Coup de Foudre remua, puis celle de son pour le moins curieux interlocuteur, en se laissant tomber dessus. Coup de Foudre aussi, était curieux, alors sitôt devant il se grandit face à lui, s'avançant pour le forcer à se reculer vers le tronc. Et il ne lâchait pas ses yeux des siens, balançant sa queue à droite et à gauche à la cadence de ses pas.

— « Sans compter toutes les avances que des mâles du Vent m'ont faites, il releva, et il pesa son regard dans le sien pour lui faire savoir qu'il était loin d'être déplu, j'en ai rencontré quatre, et les quatre démontrent des signes de détester leurs "petits camarades".

Pas la Lande, remarque. Leur Clan.

Alors,

Lorsqu'il vit la croupe de Moineau toucher le tronc il s'avança encore, montant une patte sur le torse du mâle pour plutôt l'aider à s'asseoir.

le Clan du Vent est plutôt... malpoli avec le reste d'entre nous. Et avec toi aussi, si je ne m'abuse.

Ils t'ont puni, Bourrasque? Tu leur en veux?

Inutile de le retenir - un gras ronron d'amusement lui prenait au ventre devant l'opportunité qu'on lui tendait sous les moustaches. Il coula ses yeux sur les minces rayures descendant la nuque du guerrier - non, pas du guerrier.

— « "Petit Serpent" a des cicatrices partout, "Lapin", au visage et aux pattes, mais toi... Il versa sa tête sur le côté de la curieuse marque à la babine du félin, son ronron prenant de l'expansion. Je ne connais pas beaucoup d'animaux qui font des marques aussi propres.  Enfin,...

il ne termina pas sa pensée, écartant babines et moustaches de la bulle personnelle du ce-n'était-peut-être-pas-un-guerrier, pour plutôt lever sa patte, la gauche, faisant mine de s'apprêter à la lécher pour un autre brin de toilette, cillant avec insistance sur "l'oeil crevé" que Secret du Firmament lui avait marqué, c'est à dire deux marques propres, se croisant en X.

Voyons s'il était différent des trois autres.