Jamais assez de preuves [PV Coup de Foudre] - end

Nuage du Ciel arrêta sa toilette. Elle était assise, elle écoutait son père lui parler, elle le voyait rayonner. Comme il n’avait jamais rayonné auparavant. Si bien qu’elle se demanda si elle avait affaire à son père ou pas.

Elle le regarda se comporter normalement. Elle l’écouta rire aux éclats. Elle le regarda mimer une position de chasse, comme si un souvenir lui revenait. Il lui raconta la chance de sa mère à la traque et pendant quelques instant, la jeune chatte imaginait ses parents, plus jeunes, bien que sa mère portait un visage flou, elle lui imagina un visage ressemblant vaguement à Vipère Audacieuse. Elle imagina sa mère chasser ses souris et son père la regarder, de plus en plus surpris et choqué à la fois. La jeune chatte avait du mal à visualisé correctement la scène, mais elle y arriva un peu, et pendant un instant, son cœur s’allégea. Et la réalité la frappa en plein visage. Elle ne rencontrerait jamais sa mère, elle ne verrait jamais le visage de son père s’éclaircir comme il l’était à présent.

L’instant magique cessa définitivement lorsque le visage de son père s’éteint et avec lui, l’entrain de la jeune chatte disparu. Là, elle ne voulait pas s’entraîner. C’était la dernière chose qu’elle avait en tête. Elle voulait voir son père vivre, elle voulait qu’on lui parle de sa mère. Elle voulait sa mère, elle voulait mettre un visage sur le chat qu’elle imaginait dans ses rêves. Elle voulait ressentir l’amour dont elle manquait tant, tout simplement. Elle voulait être aimée pour ce qu’elle était réellement. Mais comment savoir qui on est vraiment quand toute sa vie n’est basée que sur les faux-semblants et les apparences ?

— « ... Elle aussi, refusait la voie facile. »

Les oreilles de la novice se dressèrent de surprise. La voie facile. Elle ne comprenait pas exactement ce que son père voulait dire par là. Qu’est-ce que c’était ? Voulait-il dire qu’ils évitaient la facilité ? Nuage du Ciel savait très bien que chaque action, chaque parole avaient des conséquences. Tout avait une conséquence, même le plus petit battement de queue. Tout, absolument tout. Et si ses conséquences pouvaient être salvatrices, elles étaient souvent dévastatrices. Comme sa fausse rumeur l’avait été sur Petit Rossignol. C’était peut-être ça. Mais, la femelle ne comprenait pas pourquoi il fallait agir ainsi.

- Ça veut dire quoi, refuser la voie facile ? Que vous refusez la facilité ? Pourquoi vous refusez la facilité ? C’est pas plus simple pour vivre ? Maman serait peut-être encore en vie si elle avait choisi de vivre plus simplement, non ? Elle aurait peut-être put être là pour nous…

La chatte tricolore gratta le sable du bout de la patte, la plongea dans le sol, la remonta et observa les grain s’échapper entre ses coussinets puis ses doigts. Elle ne contrôlait pas le sable, pas plus qu’elle ne contrôlait sa vie. Elle ne pourrait pas changer son passé, elle ne pourrait jamais revenir en arrière. Ses actions n’avaient d’incidence que sur son présent et celui des autres. Et pour son bonheur personnel, la jeune chatte briserait bien une personne ou deux. Tant que d’autres souffraient comme elle. Tant qu'elle pourrait combler ce trou dans sa poitrine.

— « Ça veut dire quoi, refuser la voie facile ?

À peine plus d'une oreille du bengal se pivota vers l'apprentie. Il en avait perdu l'envie de parler, mais pas d'écouter. Les salves de questions reprirent, mais Ciel eut la réserve d'en poser beaucoup moins:

— Que vous refusez la facilité ? Pourquoi vous refusez la facilité ? C’est pas plus simple pour vivre ? Maman serait peut-être encore en vie si elle avait choisi de vivre plus simplement, non ? Elle aurait peut-être put être là pour nous…

Il y eut un silence suivant sa réflexion à voix haute. Il ne savait pas tout de sa vie, et ne s'y intéressait pas autant que ses enfants le voudraient - c'était l'un des principaux reproches que lui faisaient Nuage Brisé. Il n'avait que faire des querelles adolescentes entre les apprentis. Des "un-tel m'a dit ça" et "un-tel m'a fait ça", "une-telle est enceinte à cause de moi" - il l'observa mettre la patte dans la sable, observant méticuleusement les sédiments se coller aux endroits qu'elle avait léché pour sa toilette, s'échappant de ceux que sa langue n'avait pas touché. Si Secret du Firmament avait choisi de vivre une vie plus simple, s'accordant à leurs Codes, elle aurait été là pour eux?

Coup de Foudre ferma les yeux et les rouvrit, en secouant sa tête.

— Non. Il souriait, mais il souriait à un reflet du passé qui n'existait plus. Si nous nous étions pliés aux lois arbitraires de nos Codes respectifs, ni toi, ni tes frères et soeurs ne seriez en vie aujourd'hui.

Ta mère est une guérisseuse, Nuage de Ciel.

... Je ne sais pas ce qui lui a pris, ce matin-là. L'instinct de la chasse? Si elle avait eu des forces pour grimper un arbre, ou si elle avait eu des chats avec elle ... m'enfin. »

"M'enfin".

Comme Mistigris. Il l'avait aimée et elle était morte, le temps ne les attendait pas, et à défaut de pouvoir guérir sa défunte amie, il pouvait prévenir une pareille situation en armant de griffes la nouvelle génération.

— « Tu as dit que Flocon d'Amour ne t'a pas enseigné à te battre, c'est ça?

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La réponse de son père lui parut un peu sec. La femelle s’assit, un peu brusquement. Elle semblait un peu confuse. Le Coup de Foudre rayonnant et joyeux n’avait-il été qu’une illusion causé par son cerveau ? C’était vraiment deux chats différents. Et comme elle, il ne comprenait pas ce qui avait pris à Secret du Firmament ce matin-là. Mais peut-être que la femelle n’aurait pas imaginé les répercussions de sa disparition.

Mais Coup de Foudre mit fin à la discussion. Peut-être qu’il en avait marre. En tout cas, Nuage du Ciel n’était pas satisfaite, elle en voulait plus. Elle voulait en savoir plus. La femelle tapa un petit instant sa queue au sol, démontrant de son agacement, avant de se reprendre. Coup avait implicitement ordonné que la discussion soit close. Alors, la jeune tricolore ne relancerait pas le sujet.

— « Tu as dit que Flocon d'Amour ne t'a pas enseigné à te battre, c'est ça?
- Elle, non. Par contre, elle a demandé à Cœur de Puma d’enseigner le combat à Ciel. Et il l’a fait.

Nuage du Ciel retint un soupir. Son père aurait dut le savoir. Voilà des mois qu’elle était novice et qu’elle s’était trouver sous la tutelle de Flocon d’Amour. Voilà des mois qu’elle s’absentait une après-midi de temps à autre en compagnie de Cœur de Puma pour qu’il lui enseigne le combat.

La femelle tricolore hérissa le poil, amère. Coup de Foudre aurait dut le savoir ou au moins le remarqué. Mais comme il ne faisait pas attention à elle, il n’avait pas pris la peine de s’intéresser à ce qu’elle faisait. Jalouse à en crever, la chatte sortit ses griffes et les plongea dans le sable. Qu’est-ce qui accaparait autant son père pour qu’il l’exclue ainsi de sa vie ? Ou bien est-ce qu’il la détestait trop ? Au final, elle posa juste ses yeux d’amandes dans ceux dorés de son père.

- Du coup, le programme ?

— Elle, non. Par contre, elle a demandé à Cœur de Puma d’enseigner le combat à Ciel. Et il l’a fait.

Ça c'était nouveau. Coup de Foudre pivota une oreille vers l'arrière, interdit, avant avant de rouler les yeux.
— Ugh. Intuile de lui cacher son dédain.  D'entre tous les--  elle a choisi Puma?

Non, c'était logique: Flocon d'Amour devait être proche de Puma (qui ne l'était pas, dans ce foutu Clan) et si Puma n'avait pas le moindre tact, il ne pouvait toutefois pas nier qu'il avait toutes les compétences d'un vétéran. Coup de Foudre zieuta vers les pattes de sa fille - elle semblait prête à se battre, à en juger par les griffes qu'elle faisait nerveusement sortir dans le sable.

— Du coup, le programme ?
— Évaluation de combat, lui répondit-il, laconique.

Ça commence maintenant.

Le sable collait à ses pattes alors aucun nuage ne le trahit en détalant d'un ressort vers son adversaire, les yeux noircis par ses pupilles qui s'étaient dilatées dedans. En se cabrant sur les postérieurs il visa sa tête d'un jab, toutes griffes dehors, mais ce furent les coussinets de l'autre patte qui firent contact au poitrail de la tricolore. L'élan de la feinte jointe au coup fit retomber le bengal vers l'avant - il étira ses deux antérieurs pour tenter d'écraser Ciel dessous.

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'Attaque - Clan' :

Le mouvement de dédain n’échappa pas à Nuage du Ciel qui plissa les yeux. Son père ne semblait pas apprécier Cœur de Puma ? Ou bien c’était autre chose ? Peu importe dans le fond. Dans un haussement d’épaule, la novice tricolore démontra tout son désintérêt pour l’inimité du guerrier fauve et du bengal. Elle préféra plutôt donner une explication.

- En fait, Cœur de Puma était le mentor de Flocon d’Amour. C’est juste pour ça.

Ni plus, ni moins. Et Ciel se fichait bien de qui la formait, tant qu’il le faisait bien. Et qu’il était expérimenté. Elle méritait un mentor expérimenté, pas d’être un cobaye pour jeune guerrier. Enfin, Flocon d’Amour était loin de son esprit à présent. Elle n’aurait plus à faire semblant de bien l’aimer.

La novice demanda à son père le programme. Et ce dernier répondit qu’il évaluait ses capacités de combat. Mais la jeune chatte n’eût pas le temps de se mettre en position que son père chargeait. Elle réagit trop tard, son mentor était déjà sur ses pattes arrières, visant sa tête. Elle voulut s’écarter, mais une patte lui toucha le poitrail, lui coupant le souffle. Pourtant, elle n’avait pas le temps de penser, son père tentait de l’écraser. Alors, elle se tapit, comme en position de chasse, la tête rentrée dans les épaules et recula vivement pour simplement esquiver les pattes qui s’abattirent sur ses épaules, la faisant dangereusement chanceler. Jouant des épaules et d’un peu de force brute, la femelle s’écarta du mâle et se tint à bonne distance pour l’observer.

Elle ne l’aurait pas par la force brute et elle le savait. Parce qu’il était plus grand et plus musclé qu’elle. Elle devrait se montrer rusée et garder la tête froide. C’était le seul moyen de l’avoir.

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'Parade - Clan' :

Ciel n'était plus aussi petite et menue qu'à l'époque où il pouvait encore s'asseoir dessus - si l'effet de surprise lui coupa le souffle, elle se hâta de retomber sur ses pattes en solidifiant ses appuis dans le sable. Aussi il n'abattit pas les pattes dans son dos mais sur ses épaules, puisqu'elle se recula en même temps, arrachant un ou deux poils de sa patte aux griffes sorties. Pas de feulements, pas de grognements ; Ciel tendit ses antérieurs pour repousser toute la masse du bengal qui fit le reste du recul par lui-même en se rassemblement.

Il souffla du nez en chassant le reste de la tension d'un mouvement sec de la queue, son échine se tendant comme un fil, parfaitement horizontale.

Il jeta à l'apprentie un regard en chien de faïence.

Il la voyait calculer sa prochaine attaque.

Brisé aurait aussitôt riposté. Il aurait trébuché dans le sable et il aurait projeté ses pattes toutes griffes dehors sur son corps pour que l'élan ne l'aide à le faucher au sol ; Brisé aurait tenté de le mordre, mais Ciel était comme lui, elle avait la tête froide, et Coup de Foudre pencha la sienne car à l'instar de sa fille, il calculait aussi.

Décision : il télégraphia sa prochaine attaque en se donnant l'élan d'une foulée, mais là où il lui donna l'impression qu'il allait l'emporter avec lui en ouvrant grand ses bras il jongla soudain d'antérieur, trépida sur place et lui envoya des coups successifs au poitrail (il voulait qu'elle l'anticipe, cette fois, qu'elle tente de se défendre), visant tout de suite ensuite son coude pour tenter de le lui faire fléchir et la déséquilibrer.

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'Attaque - Clan' :

Coup de Foudre regarda sa fille en chien de faïence, et cette dernière lui renvoya son regard. Toujours à bonne distance, la femelle observait son père. Elle essayait de deviner sa prochaine action grâce à ses mimiques. Elle donnait l’impression de le détailler, son échine droite, le geste de sa queue, les détails ne lui échappait pas.

Puis, son père chargea et cette fois-ci, elle eût le temps de le voir venir. Le pelage gonflé, elle cracha, et fit un petit pas de côté. Le dos rond, les épaules rentrées, elle essaya d’esquiver les coups, sans succès. Puis, quand son père lui frappa le coude, la faisant chanceler à nouveau. Pourtant, la femelle avait une ouverture. Plus petite et plus agile, elle poussa sur ses pattes arrières se propulsa en avant et mis un coup de tête dans le ventre de se père, avant de battre de nouveau en retraite, l’observant encore de loin.

Sa stratégie n’était pas encore au point. Tout en gardant un œil sur son père, la chatte tricolore réfléchit. Qu’est-ce qui pourrait lui assurer la victoire ? C’est que la défaite ne faisait pas partit de son vocabulaire. Elle gagnera, à coup sur.