Effacer notre voyage, c'est aussi le refaire [Coup de Foudre] - End

"Effacer notre voyage, c'est aussi le refaire."

Brisé était fou, fou de joie, de plaisir, mais aussi amèrement fou d'émotions retenus, étouffer. Un trop plein constant entretenait son rythme cardiaque, ses pensées étaient sans cesse parasiter. Il revenait sur ce qu'il savait, ce qu'il avait appris, découvert, sur les mensonges sur ... Et parfois, il avait juste besoin de cette course folle, comme une voiture sous nitro qui ne demande qu'à décoller. Une Étoile s'écrasant à vive allure, filante pour s'épuiser tout à fait - et disparaître. Mais lui ... Il n'était pas prêt à s'éteindre, ça ne marchait pas. Pas avec lui. Il était comme ses braises chaude qui couvent après un feu, n'attendant que l'occasion de repartir. Pyrolyse infernale qui empêchait les autres de le cerner tout à fait. Souvent joyeux, brusque, à la limite du stupide et pourtant. Deux face d'une même goutte d'eau n'affichent pas les mêmes couleurs selon d'où on la regarde.

- Tu deviens lent ! Cria il en réponse à son paternel. Parce qu'il avait besoin de ce challenge, besoin que le bengal le percute. Besoin d'être projeter en quelque sorte. Comme une graine qui attend que le vent la souffle au loin, vers d'autres horizons. Mais la course n'a d'idéale que si le vent vous souffle dans le dos. Et tel un raz de marée soudain en pause, Brisé réalisa que le danger n'était plus. Comme évaporé. Mais comment diable autant d'eau pouvaient disparaître ? Il ne le savait pas, redressant les oreilles, il scrutta derrière lui, autour de lui, ouvert à toute possibilité. Jusqu'à ce qu'un sourire tique sur son museau. Écureuil disait on de son clan hein ? Ses prunelles grise se levèrent alors vers les frondaisons.

— « Tu deviens lent! »

L'écho retentit entre les branches, le vent fit bruisser les feuilles - Coup de Foudre profita du son qui le camouflait pour descendre aisément de deux branches trouvant un entre-deux entre l'hummus et l'herbe au plat et un amas de pierres en escaliers.

Lent, hein?

Coeur Brisé s'était arrêté de courir, s'était amusé à le narguer, mais bien vite vint la réalisation qu'il était seul ou plutôt, bien vite vint la réalisation qu'il était traqué. Enfin la preuve de l'intelligence de son fils qui se cachait derrière son impulsivité : son premier réflexe fut de lever le nez et de scruter l'altitude et les zones d'ombres sous la cime des arbres. Il connaissait son père, il le savait grimpeur, la réaction était appropriée.

Et c'est exactement sur quoi il avait compté car plutôt que de tenter une attaque par le haut, comme originellement prévu, Coup de Foudre jaillit d'un buisson à l'horizontale et percuta Coeur Brisé au flanc de façon perpendiculaire. Il sortit les griffes, ouvrit les bras et les referma dans une étreinte en emportant son fils dans le mouvement. Sa prise de catch les amena plonger tout deux dans la boue qui se colla à sa joue, au coude et à la cuisse d'une puissante éclaboussure. Sans lâcher prise, Coup de Foudre relâcha toutefois son air sur la mélodie d'un rire.

— Pffffff, toi l'cha-_ha-hat!...

Il écrasa sa langue entre les deux yeux de son fils pour débuter une impitoyable toilette de son masque color-point. 2-1, Faveur à Brisé, mais une courte intermission histoire de s'assurer la pleine santé des deux acteurs... athlètes.

"Effacer notre voyage, c'est aussi le refaire."

La forêt était subitement devenu silencieuse, comme si elle aussi retenait son souffle ce qui ne fit qu'augmenter l'envie de Brisé de dénicher son paternel.

Ses yeux se rondirent en premier,
Sa gueule s'ouvrit sur un cri muet,
Les deux corps se rencontrèrent dans un bruit sourd,
Et enfin, son souffle quitta ses poumons tendis qu'il se faisait entrainer par le bengal.

Son poil se retrouva humide, froid, poisseux, mais ce n'était là que de la boue qui recouvrait subitement tout son flanc, sa queue, sa joue et venait même légèrement lui caresser la gueule. Aucun réel dommage et ses yeux gris retrouvèrent très rapidement leurs étincelles. Et les coups de langues qui arrivèrent démarrèrent le moteur dans sa gorge, le tout s'amplifiant dans l'ensemble de son corps, sa gueule s'entrouvrant rendant le ronronnement plus sonore encore. Ses propres pattes vinrent se loger dans le poil paternel, se mouvant comme s'il tentait de tricoter un pull en dedans. Véritablement chaton, la tentation de tétée en moins. Il en profita d'ailleurs pour cogner le cou du géniteur de son front, frottant à en étirer sa babine tout en offrant de la boue - s'en débarrassant lui-même - dans ce câlin improvisé mais bienvenu. Et il était tellement heureux que même son postérieur s'agita ...

Mais Foudre était son père ... Et ... Et quelque part, une voix lui rappela que si Ciel acceptait et bien ... Il souri largement, venant mordiller le poil sous son museau.

- T'es trop fort, P'pa ...mais pas encore assez ...

Et d'une saccade il se redressa, venant plaqué le charcoal en plongeant ses avants dans le flanc offert, ses prunelles grises cherchant un instant les mirettes d'or, avant qu'il ne se dresse tout à fait sur ses arrières pour se reculer de deux pas avant de retomber au sol, s'ébrouant pour jeter un dernier regard malicieux à Coup de Foudre... pour lui envoyer dans la seconde de la boue au visage. Attrape moi maintenant ! Et pourtant de ne pas bouger de la boue où ils étaient, bien décider à profiter du terrain, ses arrières s'enfonçant dans la surface molle sous l'impulsion de petit coups, jusqu'à trouver du solide en dessous.

Platonique, imbécile, c'était une étreinte complètement platonique - pourquoi son corps sautait-il si vite aux conclusions? Question stupide, Coup de Foudre savait très bien la réponse.

Coeur Brisé devait souffrir plus au moins de la même affliction. Ses griffes lui rentraient sous la peau et il la lui boulangeait à chaque lapée - ou n'était-ce plutôt qu'un réflexe de l'enfance perdurant à l'âge adulte? Tout deux ronronnaient trop fort pour que la réflexion fasse vraiment son chemin, et Brisé, contre sa gorge, lui fit fermer les yeux et--

— T'es trop fort, P'pa ... mais pas encore assez ...

Brusquement une patte se plaqua sur lui et le repoussa. Il rentra les griffes en réflexe et se laissa rouler sur le dos, les yeux ronds, embrumés de comfort, clignant, penaud, sous le retour de force de son fils. Retour... Retour aux jeux?

Un tout aussi brusque mouvement lui fit envoyer une vague de boue au visage que Coup de Foudre s'évita le plus gros en repliant le coude et en se couvrant le nez d'une patte. La vague lui tomba dessus quand même, et ses marbrures disparurent au profit d'une peau d'argile et de boue, unifiant ses tons dans la même laideur, mais au moins il avait épargné ses yeux du même sort.

Ils clignèrent par deux fois et il se roula sur le ventre, observant Brisé se jeter sur le flanc et l'attendre, l'appréhension lui faisant vibrer le poil. Coup de Foudre se secoua - peine perdue - et pencha sa tête: Décide-toi, Brisé, c'est que je le suis trop ou je ne le suis pas assez?

Plutôt que de se jeter sur son fils, il se souleva assit, recourbant la queue autour de ses pattes en dernier rempart d'apparences.

"Effacer notre voyage, c'est aussi le refaire."

- Rhaaaa ....

Une fois encore son paternel coupait court à ses idées, mais le gamin, aussi sot qu'il puisse paraître répliqua en tiquant de l'oreille. On peut-être les deux tu crois pas ? Tout dépend ... Des circonstances ? Il avait appris, grandi la dedans et même si souvent nul ne le voyait, il lui arrivait d'avoir ces moments de sagesse ... Qui ne durait jamais bien longtemps. Et le jeune chat se dandina hésitant sur la marche à suivre. Jusqu'à percevoir un mouvement. là, dans la boue, une bête émergeait, comme déranger de son profond sommeil que le froid lui avait imposé. Et la bête à écaille se coula juste assez pour que le jeune guerrier se raidisse en reconnaissant le danger.

- Dit P'pa ... Elles dorment pas en nid, si ?

Son miaulement avait beau se vouloir bas, presque serein à l'origine, il se termina sur le pitoyable couinement qu'on aurait accorder à un chaton. Si il y en avait une, il était en droit de croire qu'il pouvait y en avoir d'autres non ? D'autant plus que la boue semblait en mouvement, et elle l'était en quelque sorte, s'acharnant à reboucher les trous qu'avaient fait les félins, trop humide pour les garder comme preuves de leur passages, trop froide aussi pour que les reptiles l'aiment. Normalement. Mais qu'en était il de celui qui doucement, laissait davantage transparaître ses écailles, guettant l'occasion de s'en prendre à ces sang chaud. La petite langue sortant paresseusement une fois où deux tendis que le typée bengal snow mink agitait nerveusement sa queue, ses prunelles semblable à un ciel de neige à venir attendant justement ce moment où enfin, la décision se prend.

Coup de Foudre battit d'une oreille quant à la question de Coeur Brisé. Si elles dormaient en nid? Il haussa haut les sourcils en dévisageant son fils et ses yeux ronds, ainsi que les petites tapes que donnait le bout de sa queue dans la boue.

— T'essaies de me faire gober quoi, là? Il ricana, à mille lieues de la peur qui semblait habiter son fils.

C'était une distraction, oui, son fils n'était pas si idiot qu'il aimait le faire croire aux autres alors qu'est-ce qui lui disait que ce n'était pas un subterfuge, une manière de détourner sa concentration avant de se mettre à détaler avec trois longueur de queues d'avance sur lui?

Et puis un sifflement perça le silence et son oreille qui tiqua se pivota complètement vers l'arrière. Coup de Foudre ne bougea que la tête, raidissant le cou, baissant les yeux dans la boue qui ondoyait.

— Temps mort-- ses yeux se plantèrent dans ceux du reptile de la même couleur que les siens et Coup de Foudre, le souffle calme autant que le mouvement, passa d'une position assise à accroupie. Ses pupilles frétillèrent avant de se mettre à gonfler, avalant la lumière de la forêt.

Coeur Brisé, écoute-moi.

Vas-y lentement, et contourne-la.

Elle va sauter vers moi — à ce moment, tu bondis dessus et tu l'écrabouilles, compris?

"Effacer notre voyage, c'est aussi le refaire."

Stressé, il l'était. Mais à entendre Foudre réagir en adulte, il se rappela que lui aussi en était un, qu'importe leur jeu, leurs taquinerie, il avait reçu son nom de guerrier de ce même père et par conséquent, il était capable de réagir. Oui mais ... En cet instant, face au danger c'est l'image de la siamoise qui se superpose à celle de son géniteur. Juste un instant. Avait elle eu aussi peur que lui-même craignait en cet instant le reptile ? La voix de Foudre une fois encore lui coupa le luxe de se perdre dans les méandre de son esprit et il hocha doucement de la tête, avec une lenteur toute particulière. Puis, il esquissa un mouvement, étirant son antérieur tel un paresseux pour le poser un peu plus loin et son corps se coula finalement naturellement, tout en douceur, de tel façon que le serpent ne s'en préoccupa pas le moins du monde, rivé comme il l'était sur son bengal de père.

Et quand il fut en place, quand la bête bougea en réaction à Foudre, il frappa, un bond, un coup de patte pour se poser sur les écailles et un coup de dent rapide avant de bondir en arrière, à distance pour observer la cible. C'est que Brisé était loin de vouloir connaître à son tour les crocs de la bête. Mais voilà, il n'était lus chaton, il était guerrier et en cet instant il était prêt à un véritable travail d'équipe. Aussi il chercha du coin de l'oeil à capter le regard dorée de son meneur. La vipère était furieuse mais Coeur Brisé ne comptait plus attendre sans bouger.

- A Toi !

Le jeu du chat et de la souris avait commencer. A quelques différences prêt, nous en étions rendus à deux chats et une vipère. Et le snow mink ne pouvait dire si l'écaillé ne risquait pas de se gagner un point à son tour. Ce qui signerait inévitablement un drame pour les félins. Or, les prunelles grises s'animèrent d'une flamme nouvelle, il avait trop chercher à se rapprocher de Foudre pour tolérer une pareil fin. Le combat ne pouvait, non, ne devait avoir qu'une seule issue. Et celle ci serait favorable aux matous où rien ...