i believe it is time to go || pv. Nuage de Nacre - end

I BELIEVE IT IS TIME TO GO

ft. Nuage de Nacre

Il s'était réveillé à l'aurore ce matin, comme chaque jour depuis des saisons; est-ce qu'il trouvait ça apaisant de voir le soleil se lever? Ou était-ce de voir la lune disparaître dans le blanc d'un ciel d'Hiver? Était-ce peut-être car ça le rassurait de savoir qu'il vivait un jour de plus? Ou n'était-ce pas l'inverse, la fatalité de ne pas être mort dans la nuit? Il ne savait plus; voulait-il survivre ou en finir? Est-ce que son instinct le poussait à combattre son esprit? C'était une torture, mais n'y avait-il pas prit goût au final?

Et Mite Blanche? Une réflexion qui lui venait quotidiennement; est-ce que l'apprenti aurait aimé survivre? Ou était-il plus paisible dans la mort? Comment savoir si l'autre côté est plus agréable que celui-ci, comment avoir le courage de passer le pas? Il avait bien trop peur de ce qui l'attendait dans l'autre rive. Est-ce que le Clan des Étoiles, aussi bon soit-il, lui pardonnerait le sang qui tâche ses pattes? Ou finirait-il dans la Forêt Sombre, à errer sans jamais savoir si Mite Blanche était en paix, sans jamais lui-même trouver la paix? Aujourd'hui, c'était dans le territoire qu'il errait; on l'avait assigné à une partie de chasse, et son tandem était Nuage de Nacre. Fille de Pelage d'Épines et de Fleur de Framboisier, une apprenti déterminée, reconnue pour son assiduité et sa loyauté. Petite Fourmi en faisait une future guerrière satisfaisante; et Brasier Caniculaire espérait que le mentor avait transmit son art de la chasse à sa jeune protégée.

Le roux ne faisait pas la discussion; il était perdu dans ses pensées. Parfois, il s'étonnait à croire que c'était Mite Blanche qui l'accompagnait; méprenant la pélisse blanche de Nuage de Nacre pour celle presque livide de Mite Blanche. Il avait même l'impression que c'était l'esprit de son apprenti qui foulait la Terre à ses côtés, ce qui lui retournait le ventre. Est-ce que le jeune sourd le hantait? Était-il réellement accompagné de quelqu'un de physique, de vivant?

Ils étaient entrain de dépasser le Cèdre Calciné, par la gauche de ce dernier. Ce n'était pas nécessaire de chercher à y chasser entre ses racines, la zone était ratissée quotidiennement par les chasseurs du clan, surtout en cette saison. Le roux se surprit à regarder Nuage de Nacre avec insistance, s'immobilisant, avant de taper le sol avec sa patte à deux reprises distinctes. Mais rapidement, la réalité le rattrape, et il se rend compte que ce n'est toujours pas Nuage de Mite qui l'accompagne, mais bien une apprentie qui n'a rien à voir avec lui. A quoi ça servait d'utiliser le dialect propre à son défunt apprenti, si sa voisine n'était pas lui? Son coeur se serra encore un peu plus, alors qu'il baissait son regard sur le sol, blessé, mais principalement déçu. Déçu de ne plus profiter d'un même instant avec Mite Blanche? Ou déçu de lui-même, de n'avoir été là pour lui quand il en avait le plus besoin?

« - Attend, t'es comment en chasse? » fini-t-il par soupirer entre ses crocs, comme si c'était une souffrance de devoir parler pour se faire comprendre.

On pouvait toujours entendre un léger sifflement sur certaines de ses syllabes, vestiges de ses difficultés à réapprendre à parler avec sa langue fendue. Bien qu'il avait eu des lunes et des lunes pour une rééducation, il lui restait toujours quelques tics de langage, légers, mais présents. Il avait pas l'habitude de traîner avec ses camarades de clan; et faisait principalement ce qu'on lui demandait sans discuter, comme de simples besognes. Alors, traîner avec les apprentis, et encore plus savoir leur niveau, c'était pas vraiment son rayon. Au lieu de voir sur le tas, et potentiellement foirer une chasse en pleine saison des neiges, autant tâter le terrain au préalable.

Une voix était venue la tirer de son sommeil alors qu'elle était en plein rêve. Aujourd'hui, elle devrait faire équipe avec un autre chat que son mentor. Pourquoi ? La jeune chatte s'étira et entama une brève toilette en retirant les morceaux de mousse de sa fourrure. Elle aurait aimé rester lovée avec les autres apprentis, au chaud ... La saison des feuilles mortes était vraiment la pire ! Après un soupire et s'être tapoté les joues, elle sortit.

Déjà les troupes s'organisaient et si elle avait roupillé jusqu'ici, il était clair que le clan ne l'avait pas attendu pour se mettre en marche. Elle rejoint le groupe de guerriers et apprentis que l'on mettait en équipe et appris qu'elle serait en tandem avec Brasier Caniculaire. Nuage de Nacre regarda le grand guerrier. Il était discret, maussade même parfois. L'un des vieux selon les standards de la jeune femelle.

Elle lui sourit et le salua poliment. Elle n'était jamais contraire, ça serait peut-être juste moins amusant qu'avec Petite Fourmi. De toute façon, personne ne pourrait faire mieux que lui. C'était presque un père pour elle.

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Alors qu'ils passèrent à coté de Cèdre calciné, le matou finit enfin par briser le silence que Nuage de Nacre avait peur de casser.

" Je me débrouille. C'est pas encore parfait, je ramène souvent des trucs mais parfois je rate encore. "

Modeste et dur envers elle-même. Si il y avait bien une matière dans laquelle elle excellait, c'était bien la chasse. Surtout en cette période avec son pelage clair.

" C'est la bonne saison pour moi, les proies me voient difficilement venir. Reste le bruit et l'odeur. "

Elle n'était pas infaillible du tout, elle savait qu'il ne fallait pas se reposer sur un avantage et au contraire faire doublement attention à tout le reste. Le rouquin allait-il lui demander de faire ses preuves ? Est-ce qu'il s'agissait d'une sorte de pré examen ? D'un coup elle sentit une vague de stress monter. Elle n'était pas prête encore!

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ft. Nuage de Nacre

En réalité, il aurait préféré être partout ailleurs qu'ici. On l'avait embrigadé car c'était trop la merde; la saison des neiges réduisait la présence des proies, et le tas de gibier s'amaigrissait de jours en jours. Les chasseurs les plus expérimentés étaient épuisés, et ils passaient leurs journées à ratisser le territoire de long en large. C'était pour ça qu'on lui avait refilé Nuage de Nacre; Petite Fourmi avait été déployé au plus tôt ce matin, et il ne rentrerait certainement pas avant que le soleil ne commence à se coucher. Le mentor était un de leurs meilleurs chasseurs, et il le savait. Ce qui était étonnant en voyant son apprentie.

Pour un matou autant imbu de lui-même, son élève semblait très peu certaine de ses capacités, un contraste des plus surprenants. C'était sûrement pour cela que leur duo fonctionnait bien. Ca lui faisait encore plus regretter son propre apprenti; ça marchait bien, entre lui et Mite Blanche. Pourquoi avait-il fallut que la fatalité s'abatte sur lui? Il se souvenait; la pelisse d'un blanc similaire à la neige qu'il foulait aujourd'hui, un corps distordu par les multiples spasmes qui l'avait parcouru, des yeux révulsés et de l'écume aux lèvres; seules témoins de sa souffrance, c'était les deux petites piqûres que l'on avait retrouvé sur son corps. Une morsure de vipère, violente et fulgurante. Il n'avait eu aucune chance, que ce soit ce jour là, ou dans sa vie en général.

Brasier Caniculaire se surprit à fixer le sol de nouveau; il avait l'impression que les larmes lui montait, mais que ses yeux étaient aussi secs qu'un jour de canicule. Comment pouvait-il s'assurer que Mite Blanche allait bien? Du moins, comment pouvait-il s'assurer qu'il ne souffrait plus? Y avait-il un moyen plus rapide, que d'attendre que la mort ne l'emporte aussi? Et même après ça, leur retrouvaille se jouerait à pile ou face, au bon vouloir de leurs ancêtres, et à la grandeur de la rédemption qu'ils pouvaient accorder. C'était grisant.

Finalement, ce fut la voix fluette de Nuage de Nacre qui le sortit de ses pensées; il en aurait presque sursauté, si son corps n'était pas autant engourdi par la fatigue. En réalité, il avait totalement oublier l'existence de la féline blanche, et ce n'était pas la première fois depuis leur départ. Son regard se planta sur sa voisine, alors qu'il la fixait sans réellement la voir, comme s'il pouvait deviner le paysage à travers elle.

« - Ok. » Finit-il par lâcher.

Il la fixa de longues minutes, comme s'il avait oublié ce pourquoi ils étaient là, ou même ce qu'il attendait d'elle. Le silence s'étendait, devenant lourd, et il continuait de soutenir son regard. Brasier Caniculaire gardait son visage de marbre; pas une expression, pas un pli de peau, pas une lueur. Ca devenait presque dérangeant. Pourtant, même s'il ne décrochait ses yeux de la jeune, il n'avait même pas remarqué que le stress commençait à grimper pour la néophyte. Inconsciemment, il tentait de lui faire comprendre qu'il attendait la suite, mais encore une fois, ce n'était pas Mite Blanche, ce n'était pas sa langue. Il attendait; pour rien. Remarquant finalement que c'était en vain, il se râcla la gorge, comme pour retrouver ses esprits.

« - Montre. » dit-il, lançant un geste de la tête vers l'avant, l'invitant à prendre la tête du tandem.

Le matou roux n'avait vraiment pas l'air d'être présent avec elle. Sans cesse dans ses pensés, il avait le regard dans le vide, mettait du temps à réagir et il était peu bavard. Ca mettait la jeune femelle mal à l'aise. Quelque chose le tracassait ... C'était peut-être la faim ? Tous les chats du clan étaient minces voir maigres dans certains cas. Et à vrai dire, c'était le même tarif pour tous les clans. A part pour les têtes de poisson qui aimait se pavaner avec leurs poils brillant et leurs bedaines rebondies, évidement. Qu'est-ce qu'elle les détestait en ce moment !

Brasier Caniculaire lui demanda de lui montrer ce qu'elle savait faire. Elle répondit par un hochement de la tête et se tapis dans la neige pour se déplacer en mode fantôme. Les proies étaient rares. Les grenouilles étaient congelées sous la glace, inaccessibles, les chauves-souris hibernaient en se cachant hors d'atteinte, les souris étaient timides, les lézards se terraient. Bref, c'était hyper compliqué.

Mais une odeur vint lui chatouiller le nez. Justement une chauve-souris. Depuis le début de la saison, elle n'en avait pas vu une seule et elles avaient désertés le tas de gibiers. Une chance en or, l'animal était endormi profondément. Encore fallait-il la trouver et surtout, arriver à l'atteindre. Elle suivit la piste à pattes de velours. Nuage de Nacre s'arrêta sous un arbre dont elle fit le tour pour constater un trou dans celui-ci. Ok c'était là. Elle examina le terrain. Si elle avait été une chatte du clan du tonnerre, elle n'aurait pas dû réfléchir plus que cela. Mais elle n'avait pas l'habitude de grimper.

Dans son malheur, elle avait quand même de la chance. En sautant de branches en branches venant de différents arbres, elle arriverait pas loin. Concentration. La chatte escalada avec légèreté les branches. Son petit gabarit lui permettait de compter sur des appuis que certains chats du clan auraient préféré éviter. Et elle arriva sous le trou. C'était l'instant crucial car si la chauve-souris se réveillait, il fallait pouvoir l'attraper en sortie du trou mais en plus ne pas tomber. Alors elle se glissa sans bruit le coeur battant contre le tronc et s'allongea pour passer sa tête dans le trou. La bête était là, ronflant. La chatte prit son élan et sauta dans le trou, y disparaissant presque entièrement un instant. Des bruissements et sons stridents en sortirent puis plus rien.

Sa tête sortit du tronc, le cadavre de la bête volante dans la gueule. Elle redescendit soigneusement et revint fière de sa performance vers son aîné. D'habitude elle était dure avec elle-même mais aujourd'hui elle avait été brillante même à ses propres yeux.

" Quelle chance qu'elle ne se soit pas réveillé ! "

Lui-t-elle la queue haute et le regard brillant.

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ft. Nuage de Nacre

Il fut presque déçu que sa voisine ne réagisse pas à ses gestes; est-ce qu'au fond, il avait espéré qu'elle puisse comprendre? Qu'elle puisse être comme Mite Blanche? Qu'elle puisse.. devenir Mite Blanche? Il avait secoué la tête pour se faire violence, sortant ces idées saugrenues de son esprit; ce n'était pas son apprenti, ce n'était pas Mite Blanche, et jamais elle ne pourrait le devenir ou le remplacer. Son travail n'était pas de s'en occupé. Lui, il n'était pas Petite Fourmi.

Alors qu'il se reprenait à sa manière, Nuage de Nacre l'abandonna sur place, alors qu'elle portait sa truffe dans tout les sens possibles. Brasier Caniculaire fini par s'asseoir, épiant la jeunette, avec un regard aussi tranchant que celui d'un huissier. La blanche savait y faire, et il n'en avait pas douté, en connaissant les qualités de chasseur de son professeur. L'apprentie trouva rapidement la trace d'une victime pour ses crocs; elle grimpa à un arbre avec maladresse, avant de disparaître dans un gouffre entre les écorces. Quelques longues secondes passèrent, et finalement Nuage de Nacre ressortit vainqueur; elle portait la dépouille d'une chauve-souris entre ses crocs.

Bien; mais pas assez. Ce n'était qu'un coup de chance. Et en plus de ça, il n'avait pas réellement eu le temps de l'observer. Il y avait quelque chose de prometteur, en tout cas. Mais ce n'était pas une chasse, elle venait de débusquer une proie des plus faciles, et ce qui étonnait le roux c'est que la chauve-souris ne l'ait pas entendue, elles qui avaient une ouïe des plus sensibles dans le règne animal.

Finalement, Nuage de Nacre le rejoignit, portant sa proie comme un trophée, avec un air de fierté gravé dans les yeux. Et il s'imagina Mite Blanche à sa place. Ce même regard luisant de joie, rempli d'une fierté envers lui-même, ce sourire étirant ses babines, cette innocence juvénile. Ce rire cristallin, cette légèreté, cette facilité. Cette faiblesse. Les yeux du roux s'ouvrirent un peu plus, d'une surprise tragique, comme s'il avait vu la chatte se faire faucher par un monstre à l'instant. Ses prunelles devenaient humides, et il pouvait sentir les larmes lui monter.

« - Recommence. » dit-il en détournant le regard, comme pour fuir sa propre faiblesse.

Il ne laissait rien paraître. Pas un mot d'encouragement, pas une parole bienveillante. Il voulait éviter qu'on le remarque dans cet instant de faiblesse extrême. Le bout de sa queue s'agitait, alors que le reste de cette dernière suivait le mouvement en roulant sur le sol comme un serpent qui venait de perdre sa tête. Détournant la sienne, son visage se déformait lentement dans ce qui devenait de la colère, son museau se serrait, ses babines se retroussaient légèrement. Il faisait en sorte que Nuage de Nacre ne le remarque pas, espérant qu'elle ait déjà détalée pour lui attraper autre chose. Même après tout ce temps, il ne s'était pas pardonné, et il ne se pardonnerait pas. Quel con..

Nuage de Nacre fut assez choquée par l'attitude du matou. Elle s'attendait au moins à un sourire, mais rien. Il ne prononça pas le moindre mot gentil, pas la moindre critique sur sa prise. Un simple et froid " recommence " qui glaça la femelle. Elle baissa les oreilles, ébranlée et déposa sa prise aux pattes du guerrier qui restait immobile et avait les yeux humides. C'était à ne rien y comprend, qu'est-ce qu'il se passait dans sa tête ?

En tout cas elle savait ce qui se passait dans la sienne, elle était perturbée. Depuis toujours, elle avait du mal à gérer le rejet des autres. Et là, c'était très froid. En réalité, c'était surement pire que si quelqu'un lui avait dit frontalement " je ne t'aime pas ". Là ce qu'elle en tirait c'était un " tu m'as déçu, ce n'est pas assez, recommence ". Et c'était vraiment dur. Surtout que c'était une bonne chasseuse et qu'elle rapportait souvent des prises à son clan, même en pleine saison des feuilles mortes.

Mais voilà, à force d'avoir un torrent dans son coeur et sa tête, on finit par se viander. La chatte venait de repérer une souris mais elle ne vérifia pas le sens du vent. Elle n'avait pas fait la moitié du chemin jusqu'au rongeur que celui-ci releva la tête et fila se cacher entre les racines d'un arbre. De frustration, Nuage de Nacre donna un coup de griffe dans la neige. Elle se fit mal en tapant sur le sol gelé et des larmes lui montèrent aux yeux. Il ne fallait pas qu'elle pleure, elle devait rester forte, on ne craque pas pour si peu, on ne craque pas devant Brasier Caniculaire, ça ne peut pas arriver.

Elle renifla discrètement, ravala ses larmes et se remit à chercher, pas le choix elle devait trouver autre chose, elle ne pouvait pas s'arrêter sur cet échec.

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ft. Nuage de Nacre

Elle n'avait pas remarqué son moment de faiblesse, si bien que quand elle s'éloigna les oreilles basses, le rouquin se passa la patte sur le visage pour en détendre les traits. Soupirant profondément, comme s'il étouffait lentement, il ferma les yeux quelques instants, avant de se reprendre et de réouvrir un regard inquisiteur sur la novice. Nuage de Nacre repartait à la charge, elle semblait, aux premiers abords, ne pas se laisser déconstruire par la réaction de son ainé. Ce qui était prometteur, ce qui était bien. Mais il pouvait sentir que ce sang-froid était faux; l'air était rempli d'une tension invisible, d'une pression qui semblait écraser les alentours.

Il ne doutait pas des capacités de la blanche, mais il voulait qu'elle doute de ses propres capacités. Pour évoluer, il fallait se remettre en question. La jeune était connue pour prendre les choses très à cœur, que ce soit par rapport à elle-même ou envers les autres; elle attendait beaucoup de tout un chacun, alors il attendait beaucoup d'elle. Il voulait jouer sur ça, tendre la corde jusqu'à ce qu'elle soit à deux doigts de craquer. Ca avait marcher avec Mite Blanche, ça avait fonctionner presque à la perfection, mais il avait été trop loin, et la corde avait lâchée sans qu'il ne puisse le prévoir. Voulait-il réellement le reproduire, avec un chat qui n'était même pas sous sa protection?

Secouant l'une de ses oreilles, il doutait de ce qu'il faisait. Et si cela avait été rare lors de sa jeunesse, c'était beaucoup trop récurrent ces derniers temps, si bien que ça lui déplaisait grandement. Étoile Feulante n'avait pas éduqué une pleureuse, Brasier Caniculaire était connu pour être la parfaite copie de son mentor, alors pourquoi est-ce qu'il laissait cette image s'écrouler?

Et voilà le résultat de sa sévérité; Nuage de Nacre s'était ratée. Elle avait laissée fuir une souris, et durant cette période, c'était presque un crime. Le rouquin se releva, avant de s'approcher de l'apprentie avec une langueur de grand fauve. Une fois à sa hauteur, il s'arrêta, plantant son regard dans le sien. On pouvait y lire le froid qui contrastait tellement avec la couleur de ses prunelles. Ses traits étaient fermés, intransigeants, durs. Mais il ne voulait pas reproduire la même erreur, pas avec quelqu'un qui ne l'avait pas demander.

Il leva sa patte lourde, comme s'il allait l'abattre sur la féline dans un coup violent. Mais au final, il la déposa sur son crâne avec une douceur inespérée, avant de la frotter lentement pour caresser le haut de la tête de Nuage de Nacre. Elle s'était sûrement faite mal, vu le bruit sourd qui avait résonné quand elle s'était écrasée sur le sol. Retirant sa patte, il ne lui lâcha pourtant pas un sourire, pas un regard chaleureux; mais il n'était plus aussi inexorable, presque agréable dans son exigence.

« - Recommence. » miaula-t-il une nouvelle fois.

Pourtant, sa voix n'était plus aussi grave, mais restait ferme. Agitant les oreilles, il l'invitait presque à réessayer, à retenter sa chance pour ne pas rester sur un échec. Était-ce bienveillant? Ou simplement un compromis qu'il s'obligeait à faire? Lui-même ne savait pas ce qu'il tentait d'accomplir; voulait-il briser cette apprentie, et la rendre encore plus incertaine, ou voulait-il la pousser vers le haut, en lui faisant un peu violence?

S'écartant d'un pas, il laissa libre-champ à la jeune, lui laissant le choix de continuer, ou de se reposer encore un instant. Il ne pouvait se permettre de refaire la même erreur qu'avec Mite Blanche; il devait avancer, oublier ses échecs, et laisser le passé au passé.

Elle était proche du point de rupture. La douleur, la frustration de la chasse, le froid et l'attitude de son binôme du jour la mettait hors d'elle. Quand elle entendit le matou arriver vers elle et lever la patte au ciel, elle enfonça tout de suite sa tête dans ses épaules, prête à essuyer un coup terrible. Nuage de Nacre s'imaginait déjà aller se plaindre à son mentor, lui expliquer à quel point Brasier avait été odieux avec elle et que c'était injuste. Mais ce qu'elle reçu, ce fut une caresse. Elle releva la tête et regarda le visage du rouquin et répéta la même phrase, encore : " recommence ".

Sans se faire prier, elle dégagea de là par l'ouverture que lui avait laissé le mâle. C'était quoi ce plan ? Elle était perdue. C'était sensé être un encouragement ? A priori oui, parce que même si il n'avait pas dit de mots gentils ou quoi, il avait quand même caressé sa tête et il n'avait pas l'attitude d'un méchant en colère. Cette fois, il ne fallait pas se louper.

Elle boitait un peu à cause de sa patte, à l'évidence, elle avait une griffe retournée ... Elle devrait aller voir Nuage de Rafflésie et Grande Digitale pour la soigner. Mais pour l'heure, il fallait qu'elle se reconcentre. La chatte y voyait un peu plus clair dans le jeu de Brasier Caniculaire, elle pouvait donc libérer un peu son esprit pour ne penser qu'à la chasse.

Ses oreilles pivotèrent et elle se figea lorsqu'elle entendit de petits tap tap sur la neige. Rapidement, elle remarqua une nouvelle souris. Peut-être le compagnon de celle qu'elle avait raté qui venait aux nouvelles. Cette fois elle se mit correctement pour ne pas que le vent la trahisse. Invisible dans la neige, elle dupa le rongeur qu'elle attrapa et tua d'un coup de crocs. Elle vint la déposer près de sa précédente prise et attendit qu'il la rejoigne.

" Pourquoi t'es comme ça avec moi ? "

Demanda-t-elle sans même le regarder.

" Depuis ce matin tu ne m'adresse presque pas la parole puis après tu agis bizarrement, qu'est-ce que je t'ai fais ? "

Elle avait vraiment du mal à saisir. Nuage de Nacre savait que Brasier Caniculaire ce n'était pas le plus bavard du clan, qu'il était un peu taciturne, mais elle n'avait pas souvenir de l'avoir vu agir comme ça avec les autres chats de l'ombre. Et c'était injuste parce qu'elle n'avait rien fait de mal. Elle n'avait pas été l'enquiquiner quand elle était petite, elle n'avait pas souvenir de lui avoir volé une proie sur le tas de gibiers ... Alors pourquoi ?