i believe it is time to go || pv. Nuage de Nacre - end

I BELIEVE IT IS TIME TO GO

ft. Nuage de Nacre

Elle s'était recroquevillée; attendant le coup d'une guillotine, mais il lui offrit une caresse du plus délicat qu'il le pouvait. Il n'avait jamais connu la tendresse durant son apprentissage, et le peu qu'il avait reçu était de Crocs de Ronce; avant que cette dernière ne parte au bras de Dents de Sabre et lui ponde trois gosses. Il les méprisait, ces pauvres enfants qui n'avaient rien demandés. Mais lui aussi n'avait rien demandé, il n'avait pas voulu perdre celle qu'il aimait. Crocs Féroce ressemblait tellement à son père, si bien qu'il le détestait autant qu'il l'appréciait.

Dents de Sabre avait été presque un frère pour lui; il avait vécu les mêmes repressions, il avait vécu la même horreur des Chuchoteurs, il avait même été là pour l'épauler lorsque Brasier Caniculaire avait abattu son père en plein procès. Comment avait-il pu lui faire ça? Comment avait-il pu mourir avant même qu'il ne puisse s'expliquer avec lui? Que devait-il ressentir? De la peine d'avoir perdu son ami, ou de la colère de l'avoir vu voler sa compagne, voler sa vie de famille, ses possibles enfants, son futur?

Finalement, Nuage de Nacre avait détalée à la seconde où il lui avait fait de la place. Elle repartait à l'attaque, mais le roux ne pouvait ignorer le fait que la jeune clopinait. Elle s'était fait mal, et il s'attendait déjà aux reproches de ses camarades sur le fait qu'il cassait tout ce qu'il approchait. Soupirant, il étudia quand même les mouvements de la blanche; elle était précise et douée, et son échec était sûrement dû à de la malchance. Elle revenait déjà, avec sa prise entre les crocs. Une nouvelle souris, similaire à celle qu'elle avait loupée, qu'elle déposait déjà à côté de la dépouille de la chauve-souris. Il lui offrit un signe de tête, en signe de remerciements mais aussi en preuve qu'il était convaincu; elle avait réussie.

La jeune lui lâcha quelques mots, qu'il prit un instant à comprendre. Elle lui demandait pourquoi il était comme ça avec elle, et au début il ne savait pas réellement de quoi elle parlait. Nuage de Nacre enchaîna en développant sa pensée; il ne lui parlait presque pas et finissait par agir bizarrement. Il avait fermé les yeux, lâchant un court soupir en laissant retomber ses épaules. Redressant son regard en évitant de le poser sur la novice, il lorgnait les alentours.

« - C'pas toi. » lâcha-t-il simplement, toujours cette note sifflante sur ses mots.

Et c'était la réalité, ce n'était pas du tout contre elle. Il ne savait simplement plus comment faire. Mite Blanche l'avait grandement influencé, si bien que sa vie avait changée à sa mort. Il ne savait plus comment communiquer, comment s'entendre avec ses camarades, comment vivre dans une société qu'il ne comprenait finalement pas. Aujourd'hui, il ne savait plus s'il devait s'y prendre avec force et violence comme le lui avait apprit Étoile Feulante; ou y aller avec plus de délicatesse, comme il l'avait fait avec Mite Blanche. Il avait toujours été brute, et très maladroit dans ses gestes et paroles, alors il ne savait simplement plus comment sociabiliser avec les siens. Il se sentait étranger, encore plus que quand il avait apprit la vérité sur ses origines.

« - Ta patte, ça va aller? » dit-il en pointant cette dernière d'un signe de museau, changeant de sujet en raccrochant son regard sur elle.

D'après lui, ce n'était pas elle le problème. Mais pourtant, la jeune chatte était certaine que c'était bien avec elle qu'il avait un soucis, qu'il ne voulait juste pas le dire. Cependant, elle n'allait pas essayer de creuser plus que cela. Elle ne voulait pas se prendre un nouveau mur dans la figure, elle était déjà suffisamment ébranlée comme ça pour aujourd'hui. Ce dont elle aurait besoin, c'est d'un bon câlin là tout de suite. Mais elle n'y aurait pas droit, pas avant de rentrer pour le partage. En espérant que ça arrive vite.

Brasier Caniculaire la questionna sur sa patte qu'elle regarda tout de suite. En effet ça faisait mal et elle saignait un peu. Sa griffe était cassée un peu trop loin. Mais ce n'était pas bien grave, elle repousserait, il ne fallait juste pas que ça s'infecte.

" Oui. J'irai voir Jolie Rafflésie en rentrant, c'est pas grave. "

Elle renifla à cause du froid mais aussi des larmes qu'elle avait ravalé plus tôt.

" On enterre les proies pour en chercher d'autres ou alors on les ramènes déjà ? "

Enfin enterrer c'était un bien grand mot... Avec le froid, gratter la terre c'était peine perdue. Les dissimuler sous la neige et les épines de pins ça par contre, c'était possible.

I BELIEVE IT IS TIME TO GO

ft. Nuage de Nacre

Il fallait qu'il arrête d'en attendre tant de ses camarades. Il était trop sévère, trop dur avec les autres et avec lui-même. Nuage de Nacre n'était pas son apprentie, elle n'était pas Mite Blanche et il ne pouvait se permettre de la forcer à le devenir. Il n'avait aucun droit sur elle, aucun devoir envers elle. Ce n'était qu'une novice. Mais ce n'était pas la sienne.

Quand Brasier Caniculaire lui demanda si ça allait, la jeune regarda cette dernière, et le roux prit le temps de l'étudier aussi. Elle saignait; abandonnant des gouttes carmins sur la neige de l'Hiver. Ce n'était pas très grave, mais il savait bien que cela devait lui faire mal, et que ça devait la gêner pour chasser. Pourtant, Nuage de Nacre ne se laissait pas abattre: elle se montrait robuste et refusait d'admettre sa souffrance. Devait-il continuer de la pousser dans ses retranchements?

Le reniflement de la jeune le fit prendre sa décision: non. Il ne la pousserait pas encore plus loin. Quand la jeune demanda s'ils devaient continuer ou s'arrêter là, il lui fit un signe de tête, visant sa patte blessée.

« - On va rentrer, j'préfère pas qu'tu perdes une patte si ça s'infecte. Ca s'rait dommage qu'une bonne chasseresse comme toi finisse guérisseuse maint'nant. » Dit-il, alors que son sifflement se faisait bien plus prononcé sur certains mots.

S'il avait pu sourire, il l'aurait fait, mais son visage semblait coincé dans cette expression d'un froid hivernale. Mais le mouvement de ses deux oreilles meurtries soulignaient la bienveillance que pouvait cacher ses mots; une blague bien bancale, dira-t-on. Mais il ne comprenait toujours rien à l'humour, et s'y essayait de temps à autre, bien qu'en soit, il ne rigolait pas tant que ça au fond. Il était sincère, et cela se voyait dans ses yeux, ce serait une énorme perte que de voir l'apprentissage de Nuage de Nacre prendre fin maintenant.

« - T'as gérer, aujourd'hui. »

Se voulait-il rassurant? Se voulait-il agréable? Il envoyait des signaux contraires les uns aux autres, et c'était difficile de comprendre ce qu'il voulait dire en réalité. Même lui ne savait plus comment se comprendre. D'un geste de la queue, il l'invita à faire demi-tour pour reprendre la route du camp: il prit l'une des proies, lui laissant la deuxième. Une fois Nuage de Nacre raccompagnée au camp, il reprendrait la route du territoire pour chasser à son tour. Le plus important, c'était qu'elle soit auscultée rapidement.

Il était inutile d'enterrer les proies, ils allaient rentrer. Et selon lui, il serait bête qu'une apprentie comme elle finisse guérisseuse. Elle pencha la tête sur le coté. Guérisseuse ? Ah ça non de une et ensuite ce n'était qu'une petite blessure. Et puis même handicapée elle se serait démenée pour continuer sa vie de guerrière. Des chats à trois pattes ça existait et ils arrivaient à s'en sortir après tout.

Elle prit les proie qu'elle avait attrapé dans sa gueule. C'était là qu'elle constatait qu'elle avait bien grandit depuis le début de son apprentissage car elle parvenait à les prendre toutes les deux sans peiner. Elle commença à avancer vers le camp avec Brasier Caniculaire qui la gratifia d'un mot gentil. C'était le premier depuis le début de la journée. La gueule pleine, elle ne put pas lui répondre mais elle remua les oreilles et sa queue se dressa un peu.

En arrivant au camp, elle déposa son butin sur la pile de gibier et se retourna vers Brasier Caniculaire avant qu'il ne retourne vaquer à ses occupations.

" Merci. "

Lui dit-elle avec un sourire. Puis elle clopina jusqu'à l'entre des guérisseurs pour demander des soins. Cette blessure serait vite oubliée.